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Pour
commencer la journée: "Safari archéologique" pour
atteindre le site de Kaludiya Pokuna,
...trois quarts d'heure de trajet
en camionnette 4x4 débâchée...
...prestation de la même entreprise que celle qui a assuré la promenade à dos d'éléphant de la veille.
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Site charmant de Kaludiya
Pokuna, perdu dans la forêt tropicale d'où fusent les
chants d'oiseaux exotiques, dans une vallée entourée de pics boisés.
C'est un ancien monastère fondé au VIIIe s., aujourd'hui abandonné,
dit des "bassins aux eaux noires". Le site de 60 ha incomplètement
fouillé est gardé et restauré par les services archéologiques
depuis 1961.
Dans le passé, il a été pillé (le dagoba fut éventré pour accéder au reliquaire qui servait aussi de cache pour les trésors du monastère). Jusqu'au classement du site, le pillage était devenu plus scientifique (étude des archives, emploi de la dynamite).
En effet, le monastère qui avait accueilli quelque 500 moines bénéficiait de généreuses donations comme le relatent les inscriptions sur les parois des grottes (on en compte 69 me souvient-il, dispersées tout autour du site, du fond de la vallée jusqu'au pic qui la surmonte).
On
y découvre les vestiges d'un dagoba fait de brique, élevé
sur une plate-forme à laquelle on accède par un escalier précédé
des deux gardiens traditionnels.
Ce monastère n'avait pas de statue de Bouddha mais vénérait une pierre portant les empreintes des pieds de Bouddha (peu visibles).
Non loin de là, des robustes colonnes carrées en pierre, au milieu desquelles poussent maintenant les arbres, sont les vestiges de ce qui était le réfectoire. Une pierre sculptée montre un gardien protégé par 9 cobras (toujours le nombre impair mais anormalement élevé ici).
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En parcourant le site (et sans que ce soit aussi visible qu'à Angkor), on se rend compte à quel point les immenses et puissants arbres de la forêt tropicale peuvent détruire les monuments humains à l'aide de leurs puissances racines (même si on peut avoir l'illusion qu'ils les soutiennent!). Celles des fromagers sont particulièrement impressionnantes.
La
visite se poursuit par la visite de quelques "grottes", en fait comme
à Ségigiya, il s'agit d'abris aménagés sous les surplombs
de gros rochers granitiques. Dans la partie supérieure, un larmier y était
creusé pour empêcher le ruissellement, des entailles dans la roche
révèlent que l'on y encastrait des éléments de charpente
et le devant de la "cellule" était élevé en maçonnerie
de brique. Les parois de certaines grottes portent des inscriptions en langue
cinghalaise médiévale témoignant des dons reçus par
le monastère.
La visite se poursuit vers un des bassins (pokuna)
en partie rempli de limon et se termine au niveau du lit d'un ruisseau où
l'on peut voir d'anciennes caches de trésor ménagées dans
des gros blocs de pierre (les trous étaient obstrués par un morceau
de pierre bien ajustée et fixée à l'aide d'une puissante
colle végétale)...
Retour à Ségiriya pour reprendre
l'autocar...
Départ de Sigiriya pour Matale (60 km environ).
Magnifiques paysages de forêts tropicales et de plantations d'épices.
Banalité
des barrages anti-terroristes ! et scènes de la vie courante...
Des
guirlandes de banderoles blanches le long des routes signalent un décès
et l'on voit ces mêmes signes autour des tombes fraîchement établies.
Sina attire aussi notre attention sur les notices nécrologiques affichées
aux environs sur les poteaux et sur les murs (photocopies en noir et blanc avec
photo du défunt). Cf. encart ci-contre.
Le paysage se fait peu
à peu plus montagneux.
A mi-parcours, au centre géométrique de l'île, arrêt non loin de Nalanda, au jardin d'épices "Paramount", à Kawdupelella .
L'ayurveda du sanskrit ayur (vie) et veda (science, connaissance) est une technique apparue en Inde il y a 5000 ans qui permet d'être en bonne santé physique et mentale et donc d'être heureux. Son origine mythique la ferait remonter à Brama (dieu créateur de l'univers). Elle fut transmise au travers de textes sacrés écrits sur des feuilles de palmier et sur du cuir et figure aujourd'hui dans trois recueils.
Cette technique est surtout pratiquée dans le sud de l'Inde, (au Kerala où se trouvent 5 des 7 écoles (elle est également pratiquée ailleurs comme à Bénarès) mais aussi dans l'île voisine, le Sri Lanka.
Les soins sont précédés par un entretien avec un médecin et durent de 1h30 à 2h et reposent sur divers types de massages avec des huiles essentielles.La pharmacopée ayurvédique fait appel à 2600 plantes (dont on utilise tantôt les feuilles, les tiges, les racines ou les fruits) et des poudres minérales et des métaux. Les vederala sont les praticiens de cette médecine traditionnelle. Il existe même des hôpitaux ayurvédiques (gratuits pour les pauvres).
Présentation des plantes tropicales qui poussent dans cette région
humide entre 300 et 600 m d'altitude: caféiers, cacaoyers (originaires
d'Amérique tropicale), vanillier (c'est
une orchidée d'origine américaine! il faut 9 mois après la
fécondation de la fleur pour que la graine soit à maturité
et cette fécondation doit être effectuée manuellement car
l'insecte mexicain
pollinisateur fait défaut ici), poivriers, cannelle
(écorce douce et sucrée), piments (originaires d'Amérique
tropicale), gingembre, giroflier, coriandre, curcuma (ou faux safran car ici c'est
une poudre faite avec les racines qui est un des éléments de base
des poudres des curries et non avec les stigmates d'une sorte de crocus), cardamome
(en fleur), noix de muscade, cocotier (avec démonstration de cueillette
et de diverses utilisations du fruit), ananas rose (originaire d'Amérique
tropicale)...
L'ananas
met deux années avant d'arriver au stade de la production. Tous les six
mois pendant les deux années suivantes, il produit des fruits sur les rejets
qui partent de la souche (un peu comme le bananier).
Les mangues arrivent à
maturité en mai et en décembre. Quant aux oranges locales, même
mures elles restent vertes.
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A partir
du XIVe s. les épices, d'abord utilisées pour leurs vertus
médicinales, enflamment les Palais et les palais (buccaux) en Occident.
Les puissances européennes se font la guerre pour le contrôle de
leur commerce par "la route maritime des Epices". Puis Portugais,
Hollandais et enfin Anglais en développèrent la culture à
grande échelle dans leurs possessions de l'Océan Indien.
Ici, dans ce jardin d'épices, plus que dans une utilisation culinaire
(condimentaire), les épices entrent dans la composition de nombreux traitements
médicaux ayurvédiques, notamment dans des huiles de massage, lotions
et baumes divers (baume d'éléphant et non du tigre!).
Après cette visite du jardin, une bonne partie de notre groupe bénéficie d'ailleurs d'une séance de massages.
Cette remise en forme nous a ouvert l'appétit mais auparavant,
passage par la boutique pour acheter épices (poudres de curries et épices
simples) et produits de médecine ayurvédique...
Une trentaine
de produits nous sont présentés...
contre:
le rhumatisme ("huile rouge"), l'excès de poids, les coups de
soleil, l'acné, l'eczéma, le psoriasis, l'astme, les maux de tête,
la toux, le cholestérol, les varices, le ronflement, le diabète,
l'insomnie, la gastrite, les maux de vente...
pour:
les cheveux,
la circulation, la libido, la mémoire, les reins, le foie...
Bien
sûr, tout ce qui provient du jardin d'épices a le label "organic"
(autrement dit est bio).
Au restaurant de ce jardin, nous allons déguster ce qui, à mon goût,
sont les meilleurs mets du voyage.
Dosage parfait des épices en évitant
l'excès de piment qui masque toutes les nuances.
Délicieux curries
(ou sautés) largement végétariens et surtout un sublime
sauté de fleurs de bananier...
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Repartis
vers Matale, nous progressons dans un paysage plus montagneux (cimenteries artisanales
utilisant une roche calcaire, la dolomite) et les rizières qui se cantonnent
habituellement aux fonds de vallées grimpent timidement sur les bas versants
par quelques niveaux de terrasses.
La présence policière se
fait moins pesante.
MATALE
Entourée de montagnes, cette ville s'est développée
à partir d'un fort anglais.
C'est
non loin de là que des moines bouddhistes du Ier siècle av. J - C
procédèrent à la transcription complète de préceptes
bouddhiques connue sous le nom de tripitaka ("les trois corbeilles"):
les enseignements (sutta) du Bouddha et l'ensemble de règles et
des interprétations qui auparavant se transmettaient seulement oralement.
Gravés en langue pâlie sur des feuilles de palmier, ces textes furent
conservés dans des paniers, d'où leur nom.
Le
batik (du javanais, "peinture à la cire" mais ici on nous
dit que le mot est d'origine japonaise!), est une technique de teinture sur tissu
dorigine indonésienne, pratiquée par application préalable
de cire sur létoffe dans les endroits où l'on ne veut pas
que prenne la teinture. La
technique du batik, connue dès lAntiquité chez les Sumériens,
a été développée de manière très élaborée
à Java et au Sri Lanka.
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Visite de la maison de batik
"Baba & Island", technique d'impression où
les motifs sont tracés à la cire sur une étoffe, avant qu'elle
ne soit plongée dans une teinture, afin qu'ils ressortent plus clairs.
C'est en quelque sorte l'inverse de la technique du pochoir.
Les motifs et
les couleurs se complexifient en renouvelant le procédé (cf. encadré).
Cette technique est appliquée essentiellement sur du coton (la soie
plus fragile ne supporte que deux bains de teinture).
Dans l'atelier, près
de la belle demeure du maître, les femmes travaillent dans des conditions
particulièrement difficiles, en particulier celles qui sont à la
teinture (de plus en plus chimique) et celles qui ébouillantent les tissus
pour enlever la cire. Ne parlons pas de la pollution du ruisseau voisin...
Présentation et démonstration
vestimentaire au magasin de la fabrique.
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Dans
cette grosse bourgade musulmane, nous visitons l'extérieur d'un assez grand
temple hindou (entrée payante) dédié à la déesse
de la santé, Muthumariamman, avatar de Parvati (épouse de
Shiva).
Son gopuram (tour pyramidale surmontant un portique d'entrée),
quoique de plus petites dimensions, rappelle ceux des temples d'Inde du sud.
Nous
pouvons également voir sous leur remise plusieurs énormes chars
de processions utilisés lors des fêtes (recul insuffisant pour les
photos). Nous n'en avions pas vu d'aussi imposants en Inde du sud...
En grimpant toujours un peu, continuation
vers Kandy (30 km
environ).
Nous passons à proximité d'une première manufacture de thé
(Shakthi), la Kandyan Hills.
KANDY ***, maha nuwera, "la grande ville"
(voir les visites de monuments un peu plus loin),
appelée aussi "la capitale des montagnes" (en sankrit, kanda
signifie "montagne") bien que l'on soit encore à peine à
500 m d'altitude.
La ville de 100 000 habitants, enchâssée
dans son écrin de collines, est la capitale des derniers rois cingalais.
Bâtie au bord du lac Kiri Muhuda, elle est réputée pour la
douceur de son agréable climat. C'est une ville typiquement coloniale.
Le
site de Kandy est inscrit au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1988.
Du fait
de sa situation entre des montagnes et autour d'un lac, la circulation motorisée
s'y effectue difficilement.
Kandy clôt l'histoire des monarchies bouddhistes de Lanka. Elle fut la dernière capitale de 1597 à 1815, de toutes la plus retirée, située dans le coeur montagneux du pays, dans une province qui compte 2,5 millions d'habitants. Cette région est habitée par de nombreux descendants de l'ancienne noblesse.
Donc
du fait de sa conquête par les Britanniques en 1815,
la capitale du dernier royaume cinghalais qui exista sur l'île, tout comme
le reste du pays, porte l'empreinte des colonisateurs. Parmi les legs coloniaux,
le cricket sport très populaire (le pays fut champion du monde jusqu'en
1996), l'usage de grands parapluies qui font aussi fonction d'ombrelles et, bien
sûr, le goût pour le thé...
De son ancien statut de
capitale, la ville a gardé une importante université (6500 étudiants).
Les
plus anciens monuments de la ville datent du règne de Vimaladharmasuriya
qui en fit sa capitale à la fin du XVIe s. et fit bâtir le Temple
de la Dent Sacrée, laquelle dent aboutit ici au terme de nombreuses pérégrinations.
C'est un grand centre
de pèlerinage et le siège du haut clergé bouddhique. Au mois
de juillet ou août, en fonction de la pleine lune, se déroule la
Grande Esala Perehara.
C'est la manifestation la plus spectaculaire du Sri Lanka et dont la réputation
s'étend à toute l'Asie car la relique conservée ici, la plus
vénérée du bouddhisme paraît-il, est sortie lors de
cette occasion. Cette fête est donnée en l'honneur de la Dent Sacrée
de Bouddha recueillie dans le Delada Maligawa, autrement dit le Temple
de la Dent. La relique aurait aussi le pouvoir d'attirer la pluie et a été
utilisée également à cette fin.
On reparlera de la
relique et du temple un peu plus loin...
L'après-midi
étant déjà avancé, on nous dépose au centre
de la ville, près du Queen's Hotel.
Afin de se rendre au
théâtre où se donne le spectacle de danses, nous contournons
le parc situé devant l'ancien palais royal (devenu musée),
sévèrement gardé et
devant le Temple de la Dent (un attentat avec un camion bourré
d'explosifs avait eu lieu devant le temple en 1981). Puis nous longeons le lac
en passant près de l'élégant pavillon des Bains de la Reine
(poste de police!).
Spectacle de danses
kandyennes, à l'origine danses d'exorcisme et danses paysannes présenté
au Kandyan Arts Association Hall.
Beaucoup de bruit, celui des
différents tambours, frappés sur une face ou sur les deux, avec
les mains ou avec une baguette ou celui de sorte de flûtes dont le son strident
et nasillard fait penser à celui des bombardes bretonnes. Succession de
huit danses féminines et masculines tantôt plus ou moins artistiques
(cobra, masques, paon) et tantôt plus acrobatiques voire numéros
de cirques (sauts, jongleries avec des assiettes).
Le groupe de
danseurs termine le spectacle par l'interprétation de l'hymne national avant de
céder la place à deux fakirs mangeurs de feu ("gini sisila")
qui marchent dans les flammes et sur les braises... IMPRESSIONNANT !!!
La Marche du Feu est une danse pratiquée par les fidèles du dieu
Skanda de la religion hindoue. L'ambiance invite les fidèles à entrer en transe
avant de marcher sur les braises sans en être physiquement affecté, signe de
très grande piété.
L'origine de la marche du feu remonte à l'époque de la légende de Rama et Sita.
Ravana (roi-démon de Lanka) avait enlevé Sita et celle-ci revenue à Rama
marcha dans le feu pieds nus sans blessure ni douleur, pour lui prouver sa
virginité préservée durant son séjour forcé avec Ravana. Les fideles invoquent
la bénédiction du dieu Kataragama et de la déesse Pattini avant d'accomplir la
marche du feu.
Pour gagner
l'hôtel Hill Top, à flanc de colline, on doit nous transférer
par petits groupes en minibus...
Dîner et découverte de la "Three coins", la bière
de Kandy. Dans cet hôtel comme dans les deux suivants, il est possible d'accèder
à l'internet, moyennnant finances (40 à 60 Roupies de l'heure).
Nuit à l'hôtel.
Malgré (ou du fait) de la situation en hauteur, on y entend nettement les
bruits de circulation, les klaxons et les appels du muezzin qui viennent s'ajouter
aux croassement d'une armée de corbeaux. On se prend à regretter
le cadre bucolique du parc de Segiriya...
On se réveille comme l'on s'est endormi la veille avec les bruits de circulation,
les klaxons et les appels du muezzin auxquels s'ajoutent, bien entendu, les croassement
des corbeaux. Coup d'oeil extérieur pour voir une armée de macaques qui gambadent
sur les toits et dans les arbres où ils sautent de branche en branche. On comprend
l'avertissement de l'hötel demandant de ne pas laisser les fenêtres ouvertes et,
pour ma part, je comprends mieux les petits bruits perçus sur le balcon la veille
au soir...
Petit déjeuner.
Route
vers Pinnawala (50 km
environ).
Profitant du soleil, les habitants ont disposé
des graines à sécher sur le bord de la route ou sur les étroits
trottoirs. Curieux arbre aux drôles de fruits! Frisson, car en fait ce sont
des chiroptères diurnes, de grandes chauve-souris (genre "roussettes")
qui s'y suspendent. Plus gracieuse, la Fierté de Birmanie, arbre aux branches
duquel pendent des grappes rouges...
PINNAWALA
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LES ELEPHANTS DU SRI LANKA
Au début de la colonisation britannique, l'île abritait quelque 20000 éléphants sauvages. Un siècle plus tard, ils étaient dix fois moins nombreux, décimés par la folie des chasseurs qui se faisaient un point d'honneur d'avoir le plus grand nombre possible de trophées à leur palmarès (250 et plus!). Ils sont protégés totalement depuis 1970 et il n'est plus permis de les capturer. La mécanisation fait que leur utilisation comme animal de trait et de débardage n'est plus d'actualité (il pouvait tirer une charge de 2 tonnes).
Actuellement, les troupeaux d'éléphants sauvages comptent de 3000 à 3500 individus au Sri Lanka.
Venant de l'Inde, les éléphants comme d'autres animaux (cerfs axis ou chitals, singes langurs, léopards... mais ici les tigres sont absents) se sont installés sur l'île en passant par le "Pont d'Adam" séparant le golfe de Mannar du détroit de Palk lors d'épisode géologiques au cours desquels l'île se rapprochait de la péninsule. Ces éléphants d'Asie (espèce Elephas maximus) se sont adaptés à leur environnement sri lankais et forment la sous-espèce Elephas maximus maximus. Non seulement les femelles sont dépourvues de défenses mais c'est aussi le cas d'un grand nombre de mâles. Ils ont aussi la particularité de se nourrir non seulement de feuillages et tiges dans un environnement forestier naturel mais aussi de venir paître à la fin de la saison sèche l'herbe qui a poussé au fond des lacs-réservoirs en partie asséchés. Au bord du lac Parakrama Samudra, ils sont ainsi des centaines à se rassembler, fait unique en Asie.
Visite de l'orphelinat d'éléphants, institution
créée par le gouvernement en 1976 (un autre orphelinat a été
créé dans le sud-est de l'île). Au départ, il n'y avait
que 6 ou 7 pensionnaires alors que l'effectif actuel est d'une soixantaine.
On
y accueille des animaux victimes d'accidents (notamment du fait des mines antipersonnel
posées par les Tamouls dans le nord) ou des braconniers d'ivoire (heureusement
qu' à la différence de leurs cousins africains, 4% seulement des
éléphants d'Asie sont pourvus de défenses).
On voit d'ailleurs
des adultes amputés d'une patte et d'autres qui ont l'air triste (ils se
dandinent comme des autistes). On peut observer des différences morphologiques
car les animaux proviennent de différentes régions (l'échine
de certains jeunes est pourvue de grosses touffes de poils, les éléphants
originaires des zones marécageuses ont de plus longues pattes et les pieds
plus larges).
Les
mahouts s'occupent des animaux et les commandent à l'aide d'une
quarantaine de mots (mono ou bisyllabiques) et de diverses pressions. En raison
de la longévité de ces animaux (80 ans), deux personnes de générations
différentes en ont la responsabilité car il faut savoir qu'ils n'obéissent
qu'à leurs maîtres.
L'objectif, c'est de pouvoir relâcher dans la nature des petits groupes d'animaux en bonne santé (un animal seul serait incapable de s'adapter et ne serait pas accepté par les groupes d'animaux sauvages).
Il
faut une vingtaine de gros biberons distribués 5 fois par jour (35 litres
par jour) pour rassasier un éléphanteau qui les engloutit en quelques
secondes. Nous assistons au biberonnage de 9h15. Des
reproductions ont eu lieu à l'orphelinat et ces éléphanteaux
là n'ont pas besoin que l'on s'occupe ainsi d'eux.
Il
est plaisant également de les voir en semi-liberté dans un vaste
espace où on leur apporte du fourrage.
Devenu adulte vers 12-13
ans seulement, un éléphant d'Asie, bien que plus petit (2,5 à
3 m de hauteur) que son cousin d'Afrique n'en pèse pas moins de 3
à 5 tonnes. Pour nourrir une telle carcasse, il passe 18 heures par jour
à "récolter" les quelque 160 à 200 kg de nourriture
qui lui sont nécessaires et il boit au moins 70 litres d'eau.
C'est
ce que nous constatons lors du premier bain quotidien des éléphants
qui se déroule entre 10 H et midi dans la Maha Oya, après que
la procession des pachydermes eut traversé le village. Les jeunes se placent
au centre du troupeau, encadrés et protégés par les adultes.
On
peut observer la capacité innée de ces animaux à se servir
de leur trompe à lèvre unique pour saisir des petits objets ou,
au contraire, pour déplacer des choses lourdes et volumineuses (tronc d'arbre
flottant dans la rivière).
Retour
à Kandy.
Pour le folklore qu'attendent les touristes que nous sommes,
il est prévu dans notre programme que nous fassions un petit trajet
en tuck-tuck ou auto-riskshaw. Quelques kilomètres avant Kandy, nous
sommes donc transférés dans ces engins diaboliques (dangereux, bruyants
et polluants et qu,i dans leur forme actuelle, seront interdits à l'importation
à partir de 2010).
Séquence émotion, du moins avec notre
jeune et intrépide chauffeur qui fait la course avec ses collègues
et pour cela s'ingénie à doubler par la droite ou en double file
entre deux bus, un venant en face! Il n'y a que la route en forte pente conduisant
à l'hôtel qui réussi à briser son allure.
Déjeuner. Une réception de mariage est
donnée dans la salle voisine.
Route vers Peradenya (10 km
environ). Le temps semble se dégrader...
PERADENIYA **
Visite des jardins de Pendilla ou Jardins des Plaisirs Royaux** conçus
en 1371 pour le plaisir d'un roi et qui furent transformés en jardins botaniques
en 1821 ("Royal Botanic Garden"). Ils s'étendent sur 60
hectares et ils occupent quelque 300 botanistes.
Profitant
d'une température qui varie peu autour de 20°, ce jardin est l'un des
plus beaux du monde, au bord d'un lac artificiel sur le Mahaweli, à 500 m
d'altitude. Il est agrémenté de plantes tropicales, orchidées,
lotus roses et bleus, plantes à épices, fougères géantes,
cocotiers de mer ou "cocos fesses", tamariniers,
jasmins, magnolias, arequiers, palmiers (dont le tallipot
sur les feuilles duquel sont inscrits les anciens textes sacrés écrit
en pâli), bambous (sur les pentes de la vallée, ils peuvent atteindre
30 m vers 8 ans puis ils ne grandissent plus guère jusqu'à
leur mort qui survient au bout de 60 ans, il est vrai qu'au début ils poussent
de 30 cm par jour)... Certains de ces arbres produisent des fleurs étranges
(Napoléon, boulet de canon).
Aux bosquets d'ornement (crottons, kentias)
succèdent des espèces gigantiformes tel le fameux Ficus Benjamina,
vieux de 145 ans et s'étendant sur 2400 m² (contre 1850 m²
en 1998) ou des plates-bandes de diverses sortes de gazons.
Il y aurait ici plus de 4000 espèces tropicales poussant sous toutes
les longitudes et de nombreux arbres centenaires...
Malgré un temps
menaçant, une scène de film est en cours de tournage non loin de
la serre d'orchidées qui en présente quelque 150 variétés.
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Avant de se rendre à la cérémonie au Temple
de la Dent, visite d'un magasin de saris, quelques dames se laisseront bien tenter...
...mais auparavant, intéressante démonstration des diverses façons de draper le sari traditionnel:
Egalement démonstration du "sari rapide" des hôtesse de l'air de la compagnie Srilankan. Ils comporte trois pièces (3ème à partir de la gauche), l'écharpe est indépendante et la jupette est cousue avec la partie jupe du vêtement.
Les
femmes d'origine tamoule portent également des saris, généralement
de couleur plus foncée. Elles ont d'autres signes distinctifs plus explicites
du fait qu'elles sont hindouistes, tels le tikka (marque rouge sur le front
pour les femmes mariées et noire pour les célibataires) ou les boucles
de nez.
Visite du célèbre temple de la Dent Sacrée** (dalada
maligawa) de Bouddha.
La construction du temple
date de 1592 mais il fut largement remanié, restauré et aggrandi
aux XVII-XVIIIe s..
Les
bâtiments qui entourent le temple se rattachaient à l'ancien palais
royal (hall des audiences).
Ce temple
abrite l'une des reliques les plus sacrées du bouddhisme, une molaire (d'autres
évoquent très précisément une canine supérieure
gauche! de 2,5 cm de large!!!) de Bouddha (Siddharta dans sa vie laïque)
récupérée dans les cendres de son bûcher funéraire
et apportée à Lanka dissimulée dans le chevelure d'une princesse.
Puis elle suivit les pérégrinations des princes de cee pays en leurs
capitales successives, échappant à la destruction par les Portugais
(ils broyèrent la dent ...mais c'était une copie!) jusqu'à
arriver en ce lieu-ci. Les Britanniques, pour leur part, la "confisquèrent"
de 1817 à 1853, puis ils la restituèrent, l'ancien royaume ne risquant
plus alors de renaître...
La relique est enfermée dans un
tabernacle formé de 7 cassettes dorées en forme de dagobas. Ce reliquaire
est visibleà certains moments de la journée signalés par
des battements de tambours. La relique est placée dans un étui d'argent
lors des processions.
Le site est curieusement
placé sous la protection de divers dieux dont Vishnu!
Pendant dix jours lors de la Grande Esala Perehara, au mois de juillet-août, en fonction de la pleine lune, de longues processions (200 000 personnes) se déroulent alors sous la conduite d'une foule de danseurs et de musiciens battant des milliers de tambours tandis que d'autres portent des bannières colorées. Autre attraction de ces festivités, les éléphants parés de tentures de soie brodées de fils d'or. Ces animaux autrefois importants dans la vie quotidienne sont ainsi associés et en même temps célébrés.
En fin d'après-midi (18h),
nous nous rendons à la troisième et dernière des cérémonies
quotidiennes d'offrande au son des tambours. Tenue correcte exigée. Il
faut se déchausser et subir une double fouille. Droits à payer pour
photographier (1€) et pour filmer (2€).
Le temple de la Dent
se situe entre l'ancien Palais Royal (bâtiments transformés en musées,
au nord) et le lac.
Après
avoir franchi le porche et alors que retentissent déjà les tambours,
flûtes et autres conques ainsi que les oraisons des prêtres, on se
trouve dans une cour au centre de laquelle s'élève le pavillon reliquaire.
De nombreux fidèles se déplacent et prient dans ce haut lieu de
pèlerinage du bouddhisme qui attire de nombreux pratiquants étrangers.
On peut même observer qu'il y a des Hindous parmi eux... mais ce qui n'est
pas aussi étrange qu'il y paraît compte tenu de l'imbrication des
pratiques religieuses (et superstitions) dans ce pays.
Les musiciens se tiennent
face à un reposoir encadré de défenses d'éléphants
et dont le fond est masqué par une tenture. Au fond de la cour, dans une
salle de prière moderne, on peut voir un Bouddha doré et surtout
21 panneaux illustrant l'histoire de la Dent.
Revenus au pavillon reliquaire,
nous mêlons à la foule des fidèles, laïcs et moines,
et accédons à la galerie, ce qui nous permet de défiler rapidement
(un service d'ordre y veille) devant le tabernacle et d'apercevoir fugitivement
le reliquaire doré.
Dans
une salle voisine est exposé un Bouddha de cristal offert par les Birmans
au XVIIIe s. Tout près de là, une tour octogonale bâtie
il y a deux siècles et que les Anglais transformèrent en prison,
sert de bibliothèque religieuse dans la mesure où des textes sacrés
y sont écrits sur des lanières en feuilles de tallipot (variété
de palmier). C'est de sa tribune que chaque président de la République
nouvellement élu fait son premier discours.
Curieusement, une
partie de l'esplanade située devant le temple de la Dent et le Palais Royal
est occupée par trois temples hindous (un autre n'en est guère éloigné)
et par une église... Il faut sans doute trouver là un témoignage
du métissage et du subtil jeu des habiles alliances matrimoniales autrefois
conclues par les souverains de ce pays et qui lui assuraient alors une certaine
paix civile.
Dîner.
Nuit à l'hôtel.