MATALE (*),
KANDY (*) et (*),

PINNAWALA (*),
PERADENIYA (*)
.
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AUTOUR DE LA FAMILLE

ET DU MARIAGE...

L'influence de l'hindouisme est très perceptible dans une société pourtant très majoritairement bouddhiste.

Qu'il y ait des castes chez les Tamouls hindouistes est normal. Leur haute caste est celle des Vellala (propriétaires terriens). Chez les Cinghalais, on compte une demi-douzaine de castes: Govigama (propriétaires terriens), Karava (pêcheurs), Slagama, Durava, Vishvakula et Radala. En revanche, il n'y en a pas chez les Moors ou Malais (musulmans). Les castes cinghalaises ne sont pas comparables à celle des hindous en ce sens qu'elles sont moins rigoureuses, moins organisées selon une hiérarchie pyramidale. D'ailleurs la caste des paysans est la plus élevée et la plus nombreuse aussi.

Avec les castes, on retrouve, un peu comme en Inde, les mariages arrangés par les familles, avec prise en compte de l'astrologie et le système de la dot...
Le mariage est l'un des trois événements fondamentaux de la vie sociale (avec la naissance et la mort).

Avant l'indépendance (en 1948, rappelons-le), il n'y avait de formalisme civil du mariage. Le couple arrangé de longue date (dès l'enfance) par les parents cohabitait dès lors que les personnes étaient sexuellement matures et l'alliance n'était vraiment concrétisée que par la venue de l'enfant.
Autrefois, les professions se transmettaient de père en fils (voire de mère en fille), ce qui constituait une organisation sociale rappelant un peu le système des castes hindoues (ainsi les blanchisseurs et lavandières étaient au bas de la hiérarchie sociale mais les machines à laver le linge ont fait disparaître cette catégorie !).
Dans les zones montagneuses, le mariage faisait encore l'objet de pratiques différentes. On pouvait y rencontrer aussi bien la polygamie que la polyandrie (une femme épousant plusieurs frères par exemple) parfois pour des considération de préservation de possessions foncières.


La moitié des mariages sont encore arrangés même si aujourd'hui les jeunes ont pu se rencontrer avant le mariage, en outre, il intervient plus tardivement (autonomie économique du nouveau ménage). Restant en partie fidèles à la tradition, dans le recherche de la fiancée idéale, on fait encore appel à l'astrologue (qui est aussi guérisseur et peut jouer l'entremetteur) afin de faire correspondre un maximum de critères (il y en a 20) de l'horoscope indien.
En effet,
comme en Inde et comme dans le reste de l'Asie orientale, l'astrologie joue aussi un grand rôle dans les actes importants de la vie, en particulier pour le mariage. L'astrologue doit valider la compatibilité des signes astraux des futurs époux et il détermine la date la plus favorable aux épousailles et, s'il faut un peu se concilier les astres, il prescrit le port à même la peau de gemmes appropriées (pierres précieuses ou semi-précieuses).

Un mariage est une grande dépense pour les familles. Les festivités s'étalent sur plusieurs jours et les invités sont nombreux. Couramment, le budget équivaut à 2000 ou 3000€uros.
Lors des cocktails et réceptions, il n'y a pas de bal ce qui n'empêche pas les hommes rapidement pris d'ivresse de danser entre eux.

Le premier jour de cérémonie la mariée est en sari blanc ou jaune tandis que le marié porte un costume brodé (on a vu des photos dans des vitrines de photographes, notamment à Dambulla). Le deuxième jour, la mariée est vêtue d'un sari rouge tandis que le marié porte une chemise blanche et un sarong également blanc.


ET LA PROTECTION SOCIALE...

Selon Sina, c'est un pays où l'on ne connaît pas le stress. On n'y dénombrerait qu'une vingtaine de psychiatres !
Heureusement, car il n'y pas de système de Sécurité Sociale! Cependant les indigents peuvent être soignés gratuitement dans le hôpitaux. Par ailleurs les médicaments ayurvédiques sont gratuits.

Il n'y a pas de salaire minimum. En moyenne un ouvrier gagne 5 €uros par jour (pour 8 heures de travail). Le seuil d'imposition est fixé à un revenu de 300 000 Roupies par an . Ainsi, 86% des habitants ne payent pas l'impôt sur le revenu. En revanche, la fiscalité indirecte par la consommation est lourde avec un taux de TVA à 20% sauf pour les produits alimentaires de base (quant aux produits d'importation, ils sont lourdement taxés).

Pauvres mais quand même propriétaires de leur maison dans la proportion de 80%. Moins de 40% des habitations sont pourvues de l'eau courante (on voit de nombreux puits peu profonds ou plutôt des citernes aux abords des hameaux) et 20% sont encore des petites maisons traditionnelles en pisé.

Il n' y a de vrai système de retraite sauf pour les fonctionnaires qui perçoivent 85% de leur traitement antérieur et qui en bénéficient dès 55 ans (75% en France où désormais ils ne peuvent espérer la ''toucher'' qu'après 60 ans).
Dans le privé, à 60 ans le salarié touche un capital pour solde de tout compte, en fonction des cotisations versées (10% à la charge du salarié et 15% à la charge de l'employeur).
Les parents âgés qui n'ont pas (ou plus) de moyens de subsistance ou qui ont perdu leur autonomie sont pris en charge au domicile même des enfants. Ce qui fait qu'il est fréquent de voir cohabiter trois générations sous le même toit.

Les salariés bénéficient d'une vingtaine de jours de vacances.

Sans doute témoignant des problèmes sociaux que connaît le pays, on a pu voir la forte présence d'ONG (japonaises à Dambulla et à Colombo, Unicef à Nuwara Eliya, Nations-Unies à Kandy)...

 


LA MORT.

La mort est un évènement social important mais les choses se passent différemment dans les villes qui s'occidentalisent et où l'on fait appel aux pompes funèbres et où l'on recourt à l'incinération dans 95% des cas, pratique tout à l'opposé de la tradition particulière dans ce pays bouddhiste (pour leur part, les musulmans sont enterrés comme le veut leur tradition).

On voit très souvent aux abords des villages touchés par un deuil, des guirlandes de bandelettes blanches, des drapeaux de prière, qui jalonnent les routes. Des notices nécrologiques avec photo sont placardées sur les murs et poteaux. Dans la culture du pays, la mort est un drame accompagné de larmes et de cris. Des veillées avec chants sont organisées tandis que la famille endeuillée est prise en charge (repas) par le voisinage. Les moines peuvent être invités à s'associer au deuil et ils sont conviés à un repas commémoratif à différentes dates : 7 jours après les obsèques puis 3 mois plus tard puis à chaque anniversaire. Le corps embaumé est conservé 2 ou 3 jours dans la maison familiale. Se conformant à l'astrologie d'origine indienne, les enterrements n'ont jamais lieu le mardi (jour le plus chaud) ou le vendredi (jour le plus froid).
L'enterrement a lieu vers 4 ou 5 heures de l'après-midi et les personnes qui y participent doivent se baigner auparavant. Les inhumations doivent désormais se faire dans des cimetières. Environ 95% des ruraux se font enterrer.

Curieusement, dans ce pays à majorité bouddhiste, l'incinération est réservée aux seuls moines (leurs cendres sont placées sous un dagoba).


 

Pour commencer la journée: "Safari archéologique"  pour atteindre le site de Kaludiya Pokuna,
...trois quarts d'heure de trajet en camionnette 4x4 débâchée...

...prestation de la même entreprise que celle qui a assuré la promenade à dos d'éléphant de la veille.

Site charmant de Kaludiya Pokuna, perdu dans la forêt tropicale d'où fusent les chants d'oiseaux exotiques, dans une vallée entourée de pics boisés. C'est un ancien monastère fondé au VIIIe s., aujourd'hui abandonné, dit des "bassins aux eaux noires". Le site de 60 ha incomplètement fouillé est gardé et restauré par les services archéologiques depuis 1961.

Dans le passé, il a été pillé (le dagoba fut éventré pour accéder au reliquaire qui servait aussi de cache pour les trésors du monastère). Jusqu'au classement du site, le pillage était devenu plus scientifique (étude des archives, emploi de la dynamite).

En effet, le monastère qui avait accueilli quelque 500 moines bénéficiait de généreuses donations comme le relatent les inscriptions sur les parois des grottes (on en compte 69 me souvient-il, dispersées tout autour du site, du fond de la vallée jusqu'au pic qui la surmonte).

On y découvre les vestiges d'un dagoba fait de brique, élevé sur une plate-forme à laquelle on accède par un escalier précédé des deux gardiens traditionnels.

  Racine de fromager

Ce monastère n'avait pas de statue de Bouddha mais vénérait une pierre portant les empreintes des pieds de Bouddha (peu visibles).

 

Non loin de là, des robustes colonnes carrées en pierre, au milieu desquelles poussent maintenant les arbres, sont les vestiges de ce qui était le réfectoire. Une pierre sculptée montre un gardien protégé par 9 cobras (toujours le nombre impair mais anormalement élevé ici).

En parcourant le site (et sans que ce soit aussi visible qu'à Angkor), on se rend compte à quel point les immenses et puissants arbres de la forêt tropicale peuvent détruire les monuments humains à l'aide de leurs puissances racines (même si on peut avoir l'illusion qu'ils les soutiennent!). Celles des fromagers sont particulièrement impressionnantes.

La visite se poursuit par la visite de quelques "grottes", en fait comme à Ségigiya, il s'agit d'abris aménagés sous les surplombs de gros rochers granitiques. Dans la partie supérieure, un larmier y était creusé pour empêcher le ruissellement, des entailles dans la roche révèlent que l'on y encastrait des éléments de charpente et le devant de la "cellule" était élevé en maçonnerie de brique. Les parois de certaines grottes portent des inscriptions en langue cinghalaise médiévale témoignant des dons reçus par le monastère.
La visite se poursuit vers un des bassins (pokuna) en partie rempli de limon et se termine au niveau du lit d'un ruisseau où l'on peut voir d'anciennes caches de trésor ménagées dans des gros blocs de pierre (les trous étaient obstrués par un morceau de pierre bien ajustée et fixée à l'aide d'une puissante colle végétale)...

Retour à Ségiriya pour reprendre l'autocar...




Banalité des barrages anti-terroristes ! et scènes de la vie courante...

Des guirlandes de banderoles blanches le long des routes signalent un décès et l'on voit ces mêmes signes autour des tombes fraîchement établies. Sina attire aussi notre attention sur les notices nécrologiques affichées aux environs sur les poteaux et sur les murs (photocopies en noir et blanc avec photo du défunt). Cf. encart ci-contre.

Le paysage se fait peu à peu plus montagneux.

A mi-parcours, au centre géométrique de l'île, arrêt non loin de Nalanda, au jardin d'épices "Paramount", à Kawdupelella .


L'ayurveda du sanskrit ayur (vie) et veda (science, connaissance) est une technique apparue en Inde il y a 5000 ans qui permet d'être en bonne santé physique et mentale et donc d'être heureux. Son origine mythique la ferait remonter à Brama (dieu créateur de l'univers). Elle fut transmise au travers de textes sacrés écrits sur des feuilles de palmier et sur du cuir et figure aujourd'hui dans trois recueils.
Cette technique est surtout pratiquée dans le sud de l'Inde, (au Kerala où se trouvent 5 des 7 écoles (elle est également pratiquée ailleurs comme à Bénarès) mais aussi dans l'île voisine, le Sri Lanka.

Les soins sont précédés par un entretien avec un médecin et durent de 1h30 à 2h et reposent sur divers types de massages avec des huiles essentielles.


La pharmacopée ayurvédique fait appel à 2600 plantes (dont on utilise tantôt les feuilles, les tiges, les racines ou les fruits) et des poudres minérales et des métaux. Les vederala sont les praticiens de cette médecine traditionnelle. Il existe même des hôpitaux ayurvédiques (gratuits pour les pauvres).

 

Présentation des plantes tropicales qui poussent dans cette région humide entre 300 et 600 m d'altitude: caféiers, cacaoyers (originaires d'Amérique tropicale), vanillier (c'est une orchidée d'origine américaine! il faut 9 mois après la fécondation de la fleur pour que la graine soit à maturité et cette fécondation doit être effectuée manuellement car l'insecte mexicain pollinisateur fait défaut ici), poivriers, cannelle (écorce douce et sucrée), piments (originaires d'Amérique tropicale), gingembre, giroflier, coriandre, curcuma (ou faux safran car ici c'est une poudre faite avec les racines qui est un des éléments de base des poudres des curries et non avec les stigmates d'une sorte de crocus), cardamome (en fleur), noix de muscade, cocotier (avec démonstration de cueillette et de diverses utilisations du fruit), ananas rose (originaire d'Amérique tropicale)...

L'ananas met deux années avant d'arriver au stade de la production. Tous les six mois pendant les deux années suivantes, il produit des fruits sur les rejets qui partent de la souche (un peu comme le bananier).
Les mangues arrivent à maturité en mai et en décembre. Quant aux oranges locales, même mures elles restent vertes.


A partir du XIVe s. les épices, d'abord utilisées pour leurs vertus médicinales, enflamment les Palais et les palais (buccaux) en Occident. Les puissances européennes se font la guerre pour le contrôle de leur commerce par "la route maritime des Epices". Puis Portugais, Hollandais et enfin Anglais en développèrent la culture à grande échelle dans leurs possessions de l'Océan Indien.

Ici, dans ce jardin d'épices, plus que dans une utilisation culinaire (condimentaire), les épices entrent dans la composition de nombreux traitements médicaux ayurvédiques, notamment dans des huiles de massage, lotions et baumes divers (baume d'éléphant et non du tigre!).

 

Après cette visite du jardin, une bonne partie de notre groupe bénéficie d'ailleurs d'une séance de massages.

Cette remise en forme nous a ouvert l'appétit mais auparavant, passage par la boutique pour acheter épices (poudres de curries et épices simples) et produits de médecine ayurvédique...

Une trentaine de produits nous sont présentés...
contre:
le rhumatisme ("huile rouge"), l'excès de poids, les coups de soleil, l'acné, l'eczéma, le psoriasis, l'astme, les maux de tête, la toux, le cholestérol, les varices, le ronflement, le diabète, l'insomnie, la gastrite, les maux de vente...
pour:
les cheveux, la circulation, la libido, la mémoire, les reins, le foie...

Bien sûr, tout ce qui provient du jardin d'épices a le label "organic" (autrement dit est bio).

Au restaurant de ce jardin, nous allons déguster ce qui, à mon goût, sont les meilleurs mets du voyage.
Dosage parfait des épices en évitant l'excès de piment qui masque toutes les nuances.
Délicieux curries (ou sautés) largement végétariens et surtout un sublime sauté de fleurs de bananier...

 

 

Repartis vers Matale, nous progressons dans un paysage plus montagneux (cimenteries artisanales utilisant une roche calcaire, la dolomite) et les rizières qui se cantonnent habituellement aux fonds de vallées grimpent timidement sur les bas versants par quelques niveaux de terrasses.
La présence policière se fait moins pesante.

 

 







MATALE

Entourée de montagnes, cette ville s'est développée à partir d'un fort anglais.

C'est non loin de là que des moines bouddhistes du Ier siècle av. J - C procédèrent à la transcription complète de préceptes bouddhiques connue sous le nom de tripitaka ("les trois corbeilles"): les enseignements (sutta) du Bouddha et l'ensemble de règles et des interprétations qui auparavant se transmettaient seulement oralement. Gravés en langue pâlie sur des feuilles de palmier, ces textes furent conservés dans des paniers, d'où leur nom.

Technique du batik...

Le batik (du javanais, "peinture à la cire" mais ici on nous dit que le mot est d'origine japonaise!), est une technique de teinture sur tissu d’origine indonésienne, pratiquée par application préalable de cire sur l’étoffe dans les endroits où l'on ne veut pas que prenne la teinture. La technique du batik, connue dès l’Antiquité chez les Sumériens, a été développée de manière très élaborée à Java et au Sri Lanka.

Les motifs sont d’abord dessinés à la cire fondue sur les deux faces du tissu.
À l’origine, la cire était appliquée à l’aide d’un morceau de bambou, mais à partir du XVIIe siècle, on la versera avec un pot en cuivre à plusieurs becs.

Le tissu est ensuite plongé dans une teinture qui est absorbée par les parties non recouvertes et qui laisse intactes les parties enduites de cire, créant ainsi un motif clair sur le fond plus sombre. Cela nécessite une grande maîtrise dans l'élaboration et l'utilisation de bons fixateurs.
Les premiers dessins ressortaient en blanc sur le fond teint à l'indigo.


Après retrait de la cire (par ébullition ou dissolution), le procédé peut être répété de nombreuses fois pour parvenir à un dessin complexe et à des couleurs variées (divers bains de teinture sur les mêmes zones non recouvertes de cire produisent des nouvelles couleurs par combinaisons).
Certains motifs multicolores datent du XVIIIe s. Ils ont été rendus possibles par les nouveaux procédés de teinture introduits par les Indiens musulmans.

 




Visite de la maison de batik "Baba & Island", technique d'impression où les motifs sont tracés à la cire sur une étoffe, avant qu'elle ne soit plongée dans une teinture, afin qu'ils ressortent plus clairs. C'est en quelque sorte l'inverse de la technique du pochoir.
Les motifs et les couleurs se complexifient en renouvelant le procédé (cf. encadré).
Cette technique est appliquée essentiellement sur du coton (la soie plus fragile ne supporte que deux bains de teinture).

Dans l'atelier, près de la belle demeure du maître, les femmes travaillent dans des conditions particulièrement difficiles, en particulier celles qui sont à la teinture (de plus en plus chimique) et celles qui ébouillantent les tissus pour enlever la cire. Ne parlons pas de la pollution du ruisseau voisin...

Présentation et démonstration vestimentaire au magasin de la fabrique.

 

 

Dans cette grosse bourgade musulmane, nous visitons l'extérieur d'un assez grand temple hindou (entrée payante) dédié à la déesse de la santé, Muthumariamman, avatar de Parvati (épouse de Shiva).
Son gopuram (tour pyramidale surmontant un portique d'entrée), quoique de plus petites dimensions, rappelle ceux des temples d'Inde du sud.


Nous pouvons également voir sous leur remise plusieurs énormes chars de processions utilisés lors des fêtes (recul insuffisant pour les photos). Nous n'en avions pas vu d'aussi imposants en Inde du sud...



En grimpant toujours un peu, continuation vers Kandy (30 km environ). Nous passons à proximité d'une première manufacture de thé (Shakthi), la Kandyan Hills.




KANDY ***, maha nuwera, "la grande ville" (voir les visites de monuments un peu plus loin), appelée aussi "la capitale des montagnes" (en sankrit, kanda signifie "montagne") bien que l'on soit encore à peine à 500 m d'altitude.

La ville de 100 000 habitants, enchâssée dans son écrin de collines, est la capitale des derniers rois cingalais.
Bâtie au bord du lac Kiri Muhuda, elle est réputée pour la douceur de son agréable climat. C'est une ville typiquement coloniale.
Le site de Kandy est inscrit au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1988.

Du fait de sa situation entre des montagnes et autour d'un lac, la circulation motorisée s'y effectue difficilement.

Kandy clôt l'histoire des monarchies bouddhistes de Lanka. Elle fut la dernière capitale de 1597 à 1815, de toutes la plus retirée, située dans le coeur montagneux du pays, dans une province qui compte 2,5 millions d'habitants. Cette région est habitée par de nombreux descendants de l'ancienne noblesse.

Donc du fait de sa conquête par les Britanniques en 1815, la capitale du dernier royaume cinghalais qui exista sur l'île, tout comme le reste du pays, porte l'empreinte des colonisateurs. Parmi les legs coloniaux, le cricket sport très populaire (le pays fut champion du monde jusqu'en 1996), l'usage de grands parapluies qui font aussi fonction d'ombrelles et, bien sûr, le goût pour le thé...

De son ancien statut de capitale, la ville a gardé une importante université (6500 étudiants).

Les plus anciens monuments de la ville datent du règne de Vimaladharmasuriya qui en fit sa capitale à la fin du XVIe s. et fit bâtir le Temple de la Dent Sacrée, laquelle dent aboutit ici au terme de nombreuses pérégrinations.

C'est un grand centre de pèlerinage et le siège du haut clergé bouddhique. Au mois de juillet ou août, en fonction de la pleine lune, se déroule la
Grande Esala Perehara. C'est la manifestation la plus spectaculaire du Sri Lanka et dont la réputation s'étend à toute l'Asie car la relique conservée ici, la plus vénérée du bouddhisme paraît-il, est sortie lors de cette occasion. Cette fête est donnée en l'honneur de la Dent Sacrée de Bouddha recueillie dans le Delada Maligawa, autrement dit le Temple de la Dent. La relique aurait aussi le pouvoir d'attirer la pluie et a été utilisée également à cette fin.

On reparlera de la relique et du temple un peu plus loin...


L'après-midi étant déjà avancé, on nous dépose au centre de la ville, près du Queen's Hotel.

Afin de se rendre au théâtre où se donne le spectacle de danses, nous contournons le parc situé devant l'ancien palais royal (devenu musée), sévèrement gardé et devant le Temple de la Dent (un attentat avec un camion bourré d'explosifs avait eu lieu devant le temple en 1981). Puis nous longeons le lac en passant près de l'élégant pavillon des Bains de la Reine (poste de police!).

Kandy - Queen's Hotel  Kandy - pavillon des Bains de la Reine


Spectacle de danses kandyennes, à l'origine danses d'exorcisme et danses paysannes présenté au Kandyan Arts Association Hall.

Beaucoup de bruit, celui des différents tambours, frappés sur une face ou sur les deux, avec les mains ou avec une baguette ou celui de sorte de flûtes dont le son strident et nasillard fait penser à celui des bombardes bretonnes. Succession de huit danses féminines et masculines tantôt plus ou moins artistiques (cobra, masques, paon) et tantôt plus acrobatiques voire numéros de cirques (sauts, jongleries avec des assiettes).

 

Le groupe de danseurs termine le spectacle par l'interprétation de l'hymne national avant de céder la place à deux fakirs mangeurs de feu ("gini sisila") qui marchent dans les flammes et sur les braises... IMPRESSIONNANT !!!
La Marche du Feu  est  une danse pratiquée par les fidèles du dieu Skanda de la religion hindoue. L'ambiance invite les fidèles à entrer en transe avant de marcher sur les braises sans en être physiquement affecté, signe de très grande piété.
L'origine de la marche du feu remonte à l'époque de la légende de Rama et Sita. Ravana (roi-démon de Lanka) avait enlevé Sita et celle-ci revenue à  Rama marcha dans le feu pieds nus sans blessure ni douleur, pour lui prouver sa virginité préservée durant son séjour forcé avec Ravana. Les fideles invoquent la bénédiction du dieu Kataragama et de la déesse Pattini avant d'accomplir la marche du feu.

   
 

Pour gagner l'hôtel Hill Top, à flanc de colline, on doit nous transférer par petits groupes en minibus...

Dîner et découverte de la "Three coins", la bière de Kandy. Dans cet hôtel comme dans les deux suivants, il est possible d'accèder à l'internet, moyennnant finances (40 à 60 Roupies de l'heure).
Nuit à l'hôtel. Malgré (ou du fait) de la situation en hauteur, on y entend nettement les bruits de circulation, les klaxons et les appels du muezzin qui viennent s'ajouter aux croassement d'une armée de corbeaux. On se prend à regretter le cadre bucolique du parc de Segiriya...




On se réveille comme l'on s'est endormi la veille avec les bruits de circulation, les klaxons et les appels du muezzin auxquels s'ajoutent, bien entendu, les croassement des corbeaux. Coup d'oeil extérieur pour voir une armée de macaques qui gambadent sur les toits et dans les arbres où ils sautent de branche en branche. On comprend l'avertissement de l'hötel demandant de ne pas laisser les fenêtres ouvertes et, pour ma part, je comprends mieux les petits bruits perçus sur le balcon la veille au soir...

Petit déjeuner.

Route vers Pinnawala (50 km environ).
Profitant du soleil, les habitants ont disposé des graines à sécher sur le bord de la route ou sur les étroits trottoirs. Curieux arbre aux drôles de fruits! Frisson, car en fait ce sont des chiroptères diurnes, de grandes chauve-souris (genre "roussettes") qui s'y suspendent. Plus gracieuse, la Fierté de Birmanie, arbre aux branches duquel pendent des grappes rouges...



PINNAWALA *

LES ELEPHANTS DU SRI LANKA

Au début de la colonisation britannique, l'île abritait quelque 20000 éléphants sauvages. Un siècle plus tard, ils étaient dix fois moins nombreux, décimés par la folie des chasseurs qui se faisaient un point d'honneur d'avoir le plus grand nombre possible de trophées à leur palmarès (250 et plus!). Ils sont protégés totalement depuis 1970 et il n'est plus permis de les capturer. La mécanisation fait que leur utilisation comme animal de trait et de débardage n'est plus d'actualité (il pouvait tirer une charge de 2 tonnes).
Actuellement, les troupeaux d'éléphants sauvages comptent de 3000 à 3500 individus au Sri Lanka.
Venant de l'Inde, les éléphants comme d'autres animaux (cerfs axis ou chitals, singes langurs, léopards... mais ici les tigres sont absents)  se sont installés sur l'île en passant par le "Pont d'Adam" séparant le golfe de Mannar du détroit de Palk lors d'épisode géologiques au cours desquels l'île se rapprochait de la péninsule. Ces éléphants d'Asie (espèce Elephas maximus) se sont adaptés à leur environnement sri lankais et forment la sous-espèce Elephas maximus maximus. Non seulement les femelles sont dépourvues de défenses mais c'est aussi le cas d'un grand nombre de mâles. Ils ont aussi la particularité de se nourrir non seulement de feuillages et tiges dans un environnement forestier naturel mais aussi de venir paître à la fin de la saison sèche l'herbe qui a poussé au fond des lacs-réservoirs en partie asséchés. Au bord du lac Parakrama Samudra, ils sont ainsi des centaines à se rassembler, fait unique en Asie.

 

Visite de l'orphelinat d'éléphants, institution créée par le gouvernement en 1976 (un autre orphelinat a été créé dans le sud-est de l'île). Au départ, il n'y avait que 6 ou 7 pensionnaires alors que l'effectif actuel est d'une soixantaine.

On y accueille des animaux victimes d'accidents (notamment du fait des mines antipersonnel posées par les Tamouls dans le nord) ou des braconniers d'ivoire (heureusement qu' à la différence de leurs cousins africains, 4% seulement des éléphants d'Asie sont pourvus de défenses).
On voit d'ailleurs des adultes amputés d'une patte et d'autres qui ont l'air triste (ils se dandinent comme des autistes). On peut observer des différences morphologiques car les animaux proviennent de différentes régions (l'échine de certains jeunes est pourvue de grosses touffes de poils, les éléphants originaires des zones marécageuses ont de plus longues pattes et les pieds plus larges).

Les mahouts s'occupent des animaux et les commandent à l'aide d'une quarantaine de mots (mono ou bisyllabiques) et de diverses pressions. En raison de la longévité de ces animaux (80 ans), deux personnes de générations différentes en ont la responsabilité car il faut savoir qu'ils n'obéissent qu'à leurs maîtres.

L'objectif, c'est de pouvoir relâcher dans la nature des petits groupes d'animaux en bonne santé (un animal seul serait incapable de s'adapter et ne serait pas accepté par les groupes d'animaux sauvages).


Il faut une vingtaine de gros biberons distribués 5 fois par jour (35 litres par jour) pour rassasier un éléphanteau qui les engloutit en quelques secondes. Nous assistons au biberonnage de 9h15. Des reproductions ont eu lieu à l'orphelinat et ces éléphanteaux là n'ont pas besoin que l'on s'occupe ainsi d'eux.

Il est plaisant également de les voir en semi-liberté dans un vaste espace où on leur apporte du fourrage.

Devenu adulte vers 12-13 ans seulement, un éléphant d'Asie, bien que plus petit (2,5 à 3 m de hauteur) que son cousin d'Afrique n'en pèse pas moins de 3 à 5 tonnes. Pour nourrir une telle carcasse, il passe 18 heures par jour à "récolter" les quelque 160 à 200 kg de nourriture qui lui sont nécessaires et il boit au moins 70 litres d'eau.
C'est ce que nous constatons lors du premier bain quotidien des éléphants qui se déroule entre 10 H et midi dans la Maha Oya, après que la procession des pachydermes eut traversé le village. Les jeunes se placent au centre du troupeau, encadrés et protégés par les adultes.
On peut observer la capacité innée de ces animaux à se servir de leur trompe à lèvre unique pour saisir des petits objets ou, au contraire, pour déplacer des choses lourdes et volumineuses (tronc d'arbre flottant dans la rivière).

 



Retour à Kandy.

Pour le folklore qu'attendent les touristes que nous sommes, il est prévu dans notre programme que nous fassions un petit trajet en tuck-tuck ou auto-riskshaw. Quelques kilomètres avant Kandy, nous sommes donc transférés dans ces engins diaboliques (dangereux, bruyants et polluants et qu,i dans leur forme actuelle, seront interdits à l'importation à partir de 2010).
Séquence émotion, du moins avec notre jeune et intrépide chauffeur qui fait la course avec ses collègues et pour cela s'ingénie à doubler par la droite ou en double file entre deux bus, un venant en face! Il n'y a que la route en forte pente conduisant à l'hôtel qui réussi à briser son allure.

Déjeuner. Une réception de mariage est donnée dans la salle voisine.



Route vers Peradenya (10 km environ). Le temps semble se dégrader...


PERADENIYA **

Visite des jardins de Pendilla ou Jardins des Plaisirs Royaux** conçus en 1371 pour le plaisir d'un roi et qui furent transformés en jardins botaniques en 1821 ("Royal Botanic Garden"). Ils s'étendent sur 60 hectares et ils occupent quelque 300 botanistes.

Profitant d'une température qui varie peu autour de 20°, ce jardin est l'un des plus beaux du monde, au bord d'un lac artificiel sur le Mahaweli, à 500 m d'altitude. Il est agrémenté de plantes tropicales, orchidées, lotus roses et bleus, plantes à épices, fougères géantes, cocotiers de mer ou "cocos fesses", tamariniers, jasmins, magnolias, arequiers, palmiers (dont le tallipot sur les feuilles duquel sont inscrits les anciens textes sacrés écrit en pâli), bambous (sur les pentes de la vallée, ils peuvent atteindre 30 m vers 8 ans puis ils ne grandissent plus guère jusqu'à leur mort qui survient au bout de 60 ans, il est vrai qu'au début ils poussent de 30 cm par jour)... Certains de ces arbres produisent des fleurs étranges (Napoléon, boulet de canon).
Aux bosquets d'ornement (crottons, kentias) succèdent des espèces gigantiformes tel le fameux Ficus Benjamina, vieux de 145 ans et s'étendant sur 2400 m² (contre
1850 m² en 1998) ou des plates-bandes de diverses sortes de gazons.
Il y aurait ici plus de 4000 espèces tropicales poussant sous toutes les longitudes et de nombreux arbres centenaires...
Malgré un temps menaçant, une scène de film est en cours de tournage non loin de la serre d'orchidées qui en présente quelque 150 variétés.

    

Retour à Kandy.



KANDY ***

Avant de se rendre à la cérémonie au Temple de la Dent, visite d'un magasin de saris, quelques dames se laisseront bien tenter...

...mais auparavant, intéressante démonstration des diverses façons de draper le sari traditionnel:

Egalement démonstration du "sari rapide" des hôtesse de l'air de la compagnie Srilankan. Ils comporte trois pièces (3ème à partir de la gauche), l'écharpe est indépendante et la jupette est cousue avec la partie jupe du vêtement.

Les femmes d'origine tamoule portent également des saris, généralement de couleur plus foncée. Elles ont d'autres signes distinctifs plus explicites du fait qu'elles sont hindouistes, tels le tikka (marque rouge sur le front pour les femmes mariées et noire pour les célibataires) ou les boucles de nez.



Visite du célèbre temple de la Dent Sacrée** (dalada maligawa) de Bouddha.

La construction du temple date de 1592 mais il fut largement remanié, restauré et aggrandi aux XVII-XVIIIe s..
Les bâtiments qui entourent le temple se rattachaient à l'ancien palais royal (hall des audiences).

Ce temple abrite l'une des reliques les plus sacrées du bouddhisme, une molaire (d'autres évoquent très précisément une canine supérieure gauche! de 2,5 cm de large!!!) de Bouddha (Siddharta dans sa vie laïque) récupérée dans les cendres de son bûcher funéraire et apportée à Lanka dissimulée dans le chevelure d'une princesse. Puis elle suivit les pérégrinations des princes de cee pays en leurs capitales successives, échappant à la destruction par les Portugais (ils broyèrent la dent ...mais c'était une copie!) jusqu'à arriver en ce lieu-ci. Les Britanniques, pour leur part, la "confisquèrent" de 1817 à 1853, puis ils la restituèrent, l'ancien royaume ne risquant plus alors de renaître...

La relique est enfermée dans un tabernacle formé de 7 cassettes dorées en forme de dagobas. Ce reliquaire est visibleà certains moments de la journée signalés par des battements de tambours. La relique est placée dans un étui d'argent lors des processions.

Le site est curieusement placé sous la protection de divers dieux dont Vishnu!

Pendant dix jours lors de la Grande Esala Perehara, au mois de juillet-août, en fonction de la pleine lune, de longues processions (200 000 personnes) se déroulent alors sous la conduite d'une foule de danseurs et de musiciens battant des milliers de tambours tandis que d'autres portent des bannières colorées. Autre attraction de ces festivités, les éléphants parés de tentures de soie brodées de fils d'or. Ces animaux autrefois importants dans la vie quotidienne sont ainsi associés et en même temps célébrés.

 

  KANDY -  le Temple de la Dent de Bouddha

En fin d'après-midi (18h), nous nous rendons à la troisième et dernière des cérémonies quotidiennes d'offrande au son des tambours. Tenue correcte exigée. Il faut se déchausser et subir une double fouille. Droits à payer pour photographier (1€) et pour filmer (2€).

Le temple de la Dent se situe entre l'ancien Palais Royal (bâtiments transformés en musées, au nord) et le lac.

Après avoir franchi le porche et alors que retentissent déjà les tambours, flûtes et autres conques ainsi que les oraisons des prêtres, on se trouve dans une cour au centre de laquelle s'élève le pavillon reliquaire. De nombreux fidèles se déplacent et prient dans ce haut lieu de pèlerinage du bouddhisme qui attire de nombreux pratiquants étrangers. On peut même observer qu'il y a des Hindous parmi eux... mais ce qui n'est pas aussi étrange qu'il y paraît compte tenu de l'imbrication des pratiques religieuses (et superstitions) dans ce pays.
Les musiciens se tiennent face à un reposoir encadré de défenses d'éléphants et dont le fond est masqué par une tenture. Au fond de la cour, dans une salle de prière moderne, on peut voir un Bouddha doré et surtout 21 panneaux illustrant l'histoire de la Dent.
Revenus au pavillon reliquaire, nous mêlons à la foule des fidèles, laïcs et moines, et accédons à la galerie, ce qui nous permet de défiler rapidement (un service d'ordre y veille) devant le tabernacle et d'apercevoir fugitivement le reliquaire doré.

 


Dans une salle voisine est exposé un Bouddha de cristal offert par les Birmans au XVIIIe s. Tout près de là, une tour octogonale bâtie il y a deux siècles et que les Anglais transformèrent en prison, sert de bibliothèque religieuse dans la mesure où des textes sacrés y sont écrits sur des lanières en feuilles de tallipot (variété de palmier). C'est de sa tribune que chaque président de la République nouvellement élu fait son premier discours.

Curieusement, une partie de l'esplanade située devant le temple de la Dent et le Palais Royal est occupée par trois temples hindous (un autre n'en est guère éloigné) et par une église... Il faut sans doute trouver là un témoignage du métissage et du subtil jeu des habiles alliances matrimoniales autrefois conclues par les souverains de ce pays et qui lui assuraient alors une certaine paix civile.

Dîner.
Nuit à l'hôtel.



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SRI LANKA