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Entre Montréal et Québec, par "la Route du Roy", le paysage est souvent
aquatique (et sylvestre) soit sur le Saint Laurent (rive sud) soit sur des lacs.
La monotonie du trajet est
rompue dans la région de Trois-Rivières par la visite d'un village-musée
"habité" par des figurants costumés dans le style des colons
du XVIIIe ou du XIXe s. puis par la visite d'un campement-musée huron.
Sur le territoire de l'actuel Canada, on estimait à 220000 le nombre
des Indiens lors de l'arrivée des Européens, effectif divisé par 2 à la fin du
XIXe (surtout du fait des maladies apportées d'Europe). Leur croissance
démographique s'est accélérée depuis la dernière guerre et leur nombre avoisine
les 600000 (outre quelques 200000 métis et 40000 Inuits ou esquimaux). Les Indiens
du Canada vivent dans 2300 réserves.
On nous explique
certaines particularités sociologiques de ces tribus indiennes. Ainsi sans que
l'on puisse parler d'organisation matriarcale, les femmes avaient un poids considérable
dans les sociétés traditionnelles car elles "faisaient" les chefs (souvent un
ancien connu pour sa modération autrement dit sa sagesse) et influaient largement
sur les décisions.
Par ailleurs, les Huronnes avaient une autonomie sociale
telle que c'est elles qui choisissaient leur mari ceci après une "période d'essai"
au terme de laquelle les malchanceux étaient renvoyés...
La société huronne
restait ouverte aux alliances entre tribus et même avec des blancs surtout lors
de la phase d'effondrement démographique. On pourrait dire: "On
ne naît pas obligatoirement Huron mais on peut le devenir".
Une anecdote
peut illustrer ce propos. Dans le campement que nous avons visité, je n'ai pu
réfréner ma curiosité face à une huronne blonde aux yeux bleus et à la peau de
lait. Etait-ce une intérimaire ou une authentique Huronne? La réponse: son grand-mère
avait épousé un gars de Saint-Malo!
Enfin, nous abordons la ville de Québec par le boulevard Charest. D'emblée c'est la masse du Château Frontenac qui s'impose.
L'arrondissement
du Vieux Québec est inscrit au Patrimoine
mondial de l'UNESCO depuis 1985 .
Par la terrasse Dufferin, puis après avoir longé la Citadelle
(où il ya toujours un régiment), il est possible de gagner le Parc des Champs
de Bataille dont font partie les Plaines d'Abraham où s'affrontèrent les troupes
anglaises et françaises en 1759. Les généraux Montcalm et Wolfe y laissèrent leur
vie lors d'une violente et brève bataille de 20 minutes à l'issue de laquelle
la France commença le chemin du renoncement à la Nouvelle France (traité de Paris
de 1763).
En fait il s'agit d'un hôtel bâti à la point du Cap Diamant, à la place de l'ancien
fort et du château St Louis au XVIIe s. (difié en 1620 par Samuel
de Champlain) qu'avait occupé le gouverneur de la Nouvelle-France de 1672
à 1682, Louis de Buade, comte de Frontenac. Détruit lors des guerres du
XVIIe s. entre les Anglais et les Français, c'est à son emplacement
qu'un américain fit construire ce bâtiment, en "style château", en 1893. La Compagnie
Canadien Pacifique le racheta en 1897. Avec sa tour massive de 18 étages,
l'édifice n'en est que plus impressionnant.
Le passage par la galerie
marchande du "château" permet d'apprécier le luxe de l'établissement fréquenté
par la haute société (princes, stars).
Par l'extérieur, le point de vue
sur l'édifice change par exemple si l'on emprunte la Terrasse Dufferin
qui surplombe les rives du Saint Laurent ou si on le voit depuis la ville basse
ou depuis l'autre rive (Lévis).
Château Frontenac.
Château Frontenac depuis la terrasse Dufferin.
Château Frontenac depuis la ville basse.
Château Frontenac depuis la rive droite.
De tout cela, de cet abandon par les "Maudits Français",
les Québecois gardent le souvenir comme en témoigne la devise figurant sur les
plaques d'immatriculation de leur voitures...
Une autre promenade
très agréable consiste à emprunter la Grande Allée. Celle-ci est bordée
de belle demures dans un cadre arboré, de places et statue, ainsi que de restaurants
et cafés.
On passe devant l'Hôtel du Parlement, vaste bâtiment de
style renaissance (érigé entre 1877 et 1886 sur les plans de l'architecte
Eugène-Etienne Taché) qui héberge l'Assemblée Nationale de la Province.
Les députés y siègent dans le Salon Bleu, à la mode
des parlementaires britanniques, les bancs de la majorité faisant face
à ceux de l'opposition.
La Grande Allée se poursuit au sud, jusqu'à
l'arche de la Porte St Louis, élément des anciennes fortifications
de la cité de type Vauban, avec un plan en étoile et un développement
sur 5 kilomètres. Après le siège mené par l'amiral
anglais Philips en 1690, leur réalisation fut conduite par l'ingénieur
Chaussegros de Léry et achévée au XIXe s.
Au-delà
se trouve l'Université Laval.
Il est possibe de revenir vers le centre en
entrant par la Porte St Jean qui donne sur la rue du même nom. Cela
amène du côté de la Place d'Armes à proximité de l'Office du tourisme et de l'Hôtel
de ville.
Le Parlement.
Porte St Louis.
Porte St Jean.
Hôtel de ville.
Une autre
partie très pittoresque de la ville de Québec correspond à la Basse Ville
et au Vieux Port, lequel fut la porte d'entrée pour des milliers d'immigrants,
la porte d'entrée dans le Nouveau Monde.
Si l'on ne veut pas faire
un long détour par la rue St Paul, on y accède depuis la ville haute, soit
par un funiculaire, soit par l'escalier "Casse-Cou", le bien nommé
depuis le XIXes . où il était alors vacillant.
La
rue du Petit Champlain qui nous accueille n'est pas sans faire penser au
Mt St Michel par la densité de la foule de touristes qui y grouille.
Elle et bordée de boutiques, d'ateliers et de galeries d'artistes et d'artisans
d'art. Entre les maisons et boutiques, de pittoresques petits escaliers montent
rejoindre le boulevard Champlain avec ses cafés-terrasses.
Autrefois
il y avait deux rues Champelain, la Petite et la Grande. Au XIXe s. la petite
a subit un premier changement de nom devenant "Little Champlain Street"
qui par l'effet d'une traduction erronée et d'un raccourci a donc donné
depuis 1874 "Rue Petit Champlain"!
Rue du Petit Champlain.
La Basse Ville.
L'escalier Casse-Cou.
La
promenade se poursuit jusqu'au Vieux Port, plus austère, dont les maisons
de granit gris n'auraient pas dépaysé le Malouin Jacques Cartier.
Avant
de repartir le long du Saint Laurent, un autre dîner
non pas dans "ma cabane au Canada" mais, dans une "cabane à
sucre" ou érablière, sur l'Ile d'Orléans, incontournable
étape touristique du folklore québécois. Sur cette île
dédiée à l'agriculture où résidait le chanteur
Félix Leclerc. poussent même des "vignes de glace" ...mais méfiance
par rapport aux vins d'ici (souvenir de la piquette qui arrosait notre excellente
pièce de boeuf le soir de notre arrivée).
Bien qu'il ne fasse
pas très chaud pour la saison, nous allons affronter un repas un peu trop
riche en calories (c'est un euphémisme). Il serait plus adapté de
faire cette expérience 6 mois plus tard, en fin d'hiver et au moment de
la montée de sève où "l'on tire", lorsque l'on
perce le tronc des érables pour en extraire le précieux liquide
qui s'écoule chaque matin après le dégel . Il faut près
de 40 litres de sève pour obtenir un litre de sirop après évaporation
par ébullition. Le Québec assure environ 75% de la production mondiale
de sirop d'érable soit 14 millions de litres.
Après
les explication sur le sirop d'érable et avant d'y revenir en fin de soirée,
on va découvrir un roboratif "repas trappeur". Dans la grande
salle à manger sont disposées de grandes tablées à
la façon paysanne et une animation avec musique (notamment les cuillères
musicales auxquelles on s'adonne joyeusement) , chants et danses traditionnels
va accompagner les agapes.
Comme mise en bouche et appéritif, nous
commençons par un verre de caribou (vin, alcool et sirop) qu'accompagnent
des "oreilles de crisse" ou de Chris(t)!?, des tranches de lard salé
grillées avec leur couenne croutillante (autrement dit des gratons ou rillons qui rappellent un peu les chicharones mexicains).
Pour le repas proprement dit, nous attaquons par une consistante la soupe de pois, puis des fèves au lard, une tourte à la viande, du jambon à lérable et nous finissons, évidemment, par d'épais pancakes (on est bien loin des fines crêpes bretonnes!) copieusement noyés sous le sirop d'érable..
Il
ne faut se plaindre, on a échappé à quelques autres spécialités
culinaires, telles que pot-en-pot, poutine, cipaille, ragoût de pattes,
pouding-chômeur, queues de castor
.
...et ce n'est pas tout à fait terminé. Retour au thème du sirop d'érable
...pour "se sucrer le bec" encore un peu plus !
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Servi
à l'extérieur dont on apprécie la fraîcheur nocturne, on nous sert
figé sur de la glace pilée quelque peu artificielle, le sirop caramélisé dont
on fait de délicieuses sucettes de
"tire" dérable (ou
tire la neige) en l'enroulant sur un bâtonnet. Il est obtenu en prolongeant la
cuisson du sirop, à feu doux (113°) pour augmenter la consistance du
sirop.
Un
peu de marche au retour à Québec semble s'imposer si l'on veut avoir
quelque chance de trouver le sommeil!
au QUEBEC