Côte Pacifique Iles Ballestas et Chandelier des AndesLaguna de HuacachinaLignes de NazcaPlage de TanacaChala - Puerto InkaCamana

Iles Ballestas** (1)
Lignes de Nazca et faille de Nazca (
2)
Côte sud: Tanaca, Chala, Camana (3).
Page suivante: AREQUIPA


LA VIE POLITIQUE PERUVIENNE...
Du XXe s. à aujourd'hui

Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993.

Le vote est obligatoire et l'abstention est sanctionnée par une amende de 40 soles dans les villes mais moindre à la campagne où les gens ont des frais pour se déplacer aux bureaux de vote. Dans les campagnes, les analphabètes se repèrent par le signe distinctif adopté par chaque parti et, à défaut de signature, émargent par empreinte digitale (pour empêcher les paysans de voter, le Sentier Lumineux leur coupait les doigts). Le passage au bureau de vote donne lieu à l'apposition d'une vignette au verso de la carte d'identité et son absence peut être source de bien des désagréments pour l'obtention d'un permis de construire, d'un prêt, d'un emploi public...

Le système parlementaire est unicaméral, une seule chambre, le Congrès qui compte 130 membres (120 jusqu'en 2011 dont 30% de femmes). Le mandat du Président est de 5 ans.

L' Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine (Alianza Popular Revolucionaria Americana ou APRA) fondée par Víctor Raúl Haya de la Torre en 1924 s'implante rapidement et est mise hors la loi en 1933 par Oscar R. Benavides qui restera président jusqu'en 1939.

Le Pérou et l'Équateur se font une courte guerre entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941 au cours de laquelle le Pérou occupe les provinces occidentales de l'Equateur.
Un paix précaire (protocole de Rio) va s'établir pour un demi-siècle...

À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine soutient le président José Luis Bustamante y Rivero (1945/48) qui sera renversé par le coup d'État militaire d'octobre 1948 du général Manuel A. Odría.

Des élections sont pourtant organisées en 1962 et remportées par le candidat "apriste" Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'Etat militaire empêche le respect de la légalité. La junte organise à nouveau des élections l'année suivante, qui sont remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Acción Popular, qui demeure en place jusqu'en 1968.

Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine nationaliste, réformiste et tiers-mondiste, influencé par les thèses de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes sur la dépendance et le sous-développement:
 - nationalisation de la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien,
 - réforme de l’appareil d’État,
 - réforme agraire mettant fin aux latifundios (grandes propriétés d'origine coloniale) et expropriation de grands propriétaires étrangers.

En 1980 Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle et effectue normalement son quinquennat.


En 1982, le Pérou fournit 8 avions Mirage à l'Argentine dans la Guerre des Iles Malouines qui l'oppose au Royaume-Uni. Dans le camp argentin, on retrouve aussi la Colombie et la Bolivie tandis que l'éternel rival chilien se range du côté des Britanniques.


Alan García Pérez, candidat de l'APRA accède au pouvoir en 1985. L'Alliance Populaire Révolutionnaire américaine est un parti social-démocrate membre de l'Internationale Socialiste. C'est la première fois qu'un président démocratiquement élu remplace un autre président démocratiquement élu en 40 ans. Les mesures prises par Alan García Pérez en économie meneront à une hyperinflation de 1000% entre 1988 et 1990. Dans ce contexte, ni la Banque Mondiale ni le Fond Monétaire International (F.M.I.) ne lui accordent d'aides.
Au début des années 1980, une partie de l’extrême gauche péruvienne se regroupe dans le Mouvement Révolutionnaire Túpac Amaru (MRTA) dirigé par le métis Nestor Cerpa Cartolini pour mener une guérilla de type guévariste rendue célèbre la longue prise d'otages de 500 personnes à l’ambassade du Japon à Lima (décembre 1996-mars 1997).
Un mouvement communiste maoïste sévit également sous le nom de Sendero Luminoso, mondialement célèbre sous le nom de Sentier Lumineux, d’Abimael Guzmán qui fera 70 000 victimes aux cours des décennies 1980 et 1990, jusqu'à l'arrestation de son dirigeant en 1992.

Les Péruviens assistent également à des scandales de corruption qui les amènent en 1990 à choisir Alberto Fujimori, un scientifique d'origine japonaise qui bat le célèbre écrivain et humaniste Mario Vargas Llosa (prix Nobel de Littérature en 2010).
Le parti de Fujimori, Alianza por el Futuro (AF), défend des thèses néo-libérales. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopte des mesures d'austérité très sévères. Ses réformes rencontrent l'opposition des députés, c'est pourquoi il dissout le Congrès le 4 avril 1992. Parmi ses réformes économiques, on trouve notamment la privatisation de nombreuses entreprises publiques et même d'une partie du réseau routier et un climat d'investissement plus favorable et une meilleure gestion. Cette politique va accroître les inégalités de revenus.
Mais sur le plan politique, sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort (Grupo Colina de 1990 à 1994), la répression politique et la promulgation d'une législation antiterroriste. Il a aussi mis en place un programme de stérilisations contraintes des Indiens.
Sur le plan international, il fournit un accès à la mer pour la Bolivie qui a perdu son territoire sur la côte pacifique lors de la guerre en 1883 avec le Chili. Cet accès se fait au niveau du port de Ilo mais ça ne règle pas le problème de fond entre Chili et Bolivie.

Une nouvelle guerre éclate avec l'Équateur entre le 26 janvier et le 28 février 1995 (guerre du Cenepa). Déjà en 1960, le président équatorien José María Velasco Ibarra avait déclaré nul le protocole de Rio. En gros, le conflit revient tous les 30 ans! Un autre ennemi se cache derrière l'Equateur, il s'agit du Chili qui lui fournit de l'armement en passant par le Venezuela!

Alberto Fujimori se fait réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon.

Le métis indien Alejandro Toledo Manrique devient président le 28 juillet 2001. Issu d'une fratrie de 16 enfants, ancien cireur de chaussures devenu économiste, il représente Perú Posible (PP), parti de centre-droit. Mais il doit s'allier à d'autres partis pour avoir la majorité. En mai 2003, face aux grèves menées par des enseignants et agriculteurs, Toledo déclare l'état d'urgence, suspend certains droits civils et accorde des pouvoirs aux militaires pour restaurer l'ordre.

Avant les élections générales d'avril 2006, l'ancien président Alberto Fujimori est arrêté au Chili, extradé, et condamné le 7 avril 2009 à 25 ans de prison par le tribunal de Lima notamment pour violations des droits de l'homme.

En 2006, retour du social-démocrate, l'ancien président Alan García Pérez du parti apriste remporte la victoire avec 52% des voix. Il doit faire face aux mouvements indigénistes luttant contre des firmes pétrolières (Pluspetrol et Petroperu). En août 2008, García déclare l'état d'urgence dans les provinces de Cuzco, Loreto et Amazonas mais en septembre la force du mouvement de protestation amène le Congrès à abroger les dispositions qui avaient ouvert les terres indigènes à l'exploitation pétrolière. Cependant des troubles se sont poursuivit en 2009 (une cinquantaine de victimes?).

Le contexte politique actuel

Au printemps 2011, la campagne électorale se déploie vigoureusement dans tout le pays.
Comme on peut le voir durant notre circuit, il n'est pas le moindre village ou le moindre hameau où, à défaut de panneaux publicitaires, ce sont les murs qui ne soient peints aux couleurs de tel candidat à la présidence et de son affidé local postulant au Congrès.
Parmi les 11 candidats, quatre noms reviennent souvent: Keiko (Fujimori), la libérale, Toledo, pour le centre-droit qui prône une forme d'Union de l'Amérique Latine sur le modèle de l'UE, et deux nouveaux, Ollanta, pour la gauche nationaliste (Partido Nacionalista Peruano -PNP- et Unión por el Perú -UPP- fondé par l'ancien secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Javier Pérez de Cuéllar)
et Castañeda (Luis Castañeda Lossio), maire de Lima jusqu'en novembre 2010 pour un autre parti de centre-droit (Partido Solidaridad Nacional).
Après avoir longtemps patiné dans les sondages avec 5 à 10% d'intention de vote, Ollanta a fait une remontée spectaculaire pour arriver en tête au premier tour de scrutin, le 11 avril. Il a distancé Keiko Fujimori, laquelle tout comme notre Martine Le Pen, a essayé de prendre des distances avec la politique de son père. Ollanta a eu le soutien d'Alejandro Toledo et, du bout des lèvres, de l'écrivain Mario Vargas Llosa. Jusqu'au dernier moment, les pronostics ont été incertains.
Finalement la victoire d'Ollanta Moisés Humala Tasso est acquise le 5 juin 2011, avec une courte avance, par 51,4% des suffrages (70% chez les Indiens des Andes). Mais il ne dispose que d'une minorité au Congrès (36% des sièges). Alors qu'il est proche d'autres leaders sud-américains marqués à gauche comme Hugo Chavez, Evo Morales ou Luiz Inacio Lula Da Silva, il devra faire alliance avec des partis plus modérés... ce qui rassurera les milieux d'affaires que son ascension a effrayés bien qu'il ait promis de ne pas remettre en cause traités et accords internationaux. Espérons qu'il sera aussi visionnaire que le dit son prénom quechua qui signifie "le guerrier qui voit tout".

 

Retour aux VOYAGES
Retour programme PEROU


Etape suivante : AREQUIPA

Heureusement que nous avions pu profiter d'une nuit complète à l'hôtel Allpa car il faut quitter Lima dès 6h du matin.

Un long trajet de 450km nous attend jusqu'à Nazca, sur la route panaméricaine qui va longer la côte en direction du sud et sachant que l'autoroute va se transformer assez vite en simple route. Précisons que si les chaînes de montagnes qui vont de l'Alaska à la Terre de Feu sont comme la colonne vertébrale des Amériques, la panaméricaine en est la moelle épinière.

Du chic quartier de Miraflores que nous quittons en franchissant un pont moderne (surnommé "pont ketchup" en raison des suicides qui s'y produisent), nous passons dans le néanmoins faubourg le plus coté de Lima, Barranco, quartier des artistes et écrivains (Marias Vargas Llosa y a résidé). On aperçoit la petite péninsule qui s'avance dans le Pacifique.
Les abords de la route panaméricaine offrent d'étranges et contrastés spectacles. Tout d'abord, il va falloir s'habituer pendant les deux jours qui viennent à voir de vastes étendues sableuses qui, partant des plages, se transforment en désert de sable, en prenant parfois l'allure de collines et de dunes...


Après une demi-heure de route, sur notre gauche, on voit des bidonvilles qui partent à l'assaut des collines mais fatalisme, routine ou optimisme font que Carlos y voit un phénomène d'urbanisation spontanée que les Pouvoirs Publics régularisent et organisent a posteriori. Il partage le concept optimiste sur le phénomène de pueblo joven, autrement dit de "jeune cité" ou de "cité en devenir"...
Les gens venus des campagnes s'installent sur des terrains publics en périphérie des grandes villes. Ils y construisent un habitat précaire de cabanes, sans aucune infrastructure, l'eau est livrée par camions-citernes. Puis, progressivement, on passe à un habitat en dur (brique) dont les caractéristiques vont s'améliorer avec le temps (ajout d'étages) installation de réseaux et de voirie tandis que de nouveaux bidonvilles apparaissent un peu plus loin.
C'est dans ce secteur, à 30km au sud de Lima, que s'était installé le bidonville autogéré de Villa El Salvador dans les années 1970 qui est devenu aujourd'hui une véritable ville de plus de 300 000 habitants. Ce projet a été reconnu pour différentes instances internationales pour son exemplarité.

Plus tard, les zones de bidonvilles que nous verrons apparaître ponctuellement, au milieu de nulle part, sont liées à l'existence de chantiers de mise en autoroute de la Panaméricaine...


En contrepoint à ces bidonvilles, on peut voir des plages et des centres de loisirs pour riches Liméniens, des publicités commerciales assez aguicheuses et surtout une omniprésente propagande électorale pour les divers candidats aux prochaines élections présidentielles (Keiko, Ollanta, Toledo...) et parlementaires. Décidément, après notre récent voyage en Jordanie, nous ne sortons pas des campagnes électorales!
Plus rustiques et pratiquement construits sur les plages sont les grands hangars abritant des élevages de poulets et de poules pondeuses en batterie mais qui, du fait du climat tropical, bénéficient de bâtiments dont les murs extérieurs ne montent qu'à mi-hauteur et qui sont bien ventilés par la brise du large. Toujours sur le chapitre agricole, nous apercevons des zones de cultures, notamment les fameuses asperges du Pérou qui viennent garnir les bocaux que l'on trouve dans nos supermarchés. Quant au coton, en fleur actuellement, il faut préciser que cette plante est apparue à la fois en Amérique et en Asie. Au Pérou, depuis plus de 5000 ans, on connaissait des variétés de coton naturellement colorées: du noir au blanc, en passant par le marron, l'orange et le jaune! Ces anciennes variétés sont réintroduites depuis les années 1950.
Autres cultures industrielles: mangues, avocats, artichauts et tara. Le tara est un arbuste de la famille des légumineuses adapté à la sécheresse dont on tire un épaississant naturel végétal, issu des graines, et utilisé dans les préparations alimentaires et la cosmétique.
On cultive également le maïs (les épis peuvent atteindre 35cm de longueur). D'origine mésoaméricaine (Mexique, Caraïbes), la culture du maïs s'est répandue dans les temps pré-colombiens dans toute l'Amérique, entre le Saint Laurent, au Canada, et la Terre de Feu, au sud du Chili.

Evidemment le terrain sableux du désert est propice à l'agriculture dès lors que l'irrigation peut y être pratiquée. Des nappes phréatiques existant parfois sous les zones dunaires sont mises à profit pour les cultures.

Enfin encore un mot à propos de l'exotisme en matière de moyen de transport que représentent les tricycles à moteur, les fameux tuk-tuk, assez semblables à ceux d'Asie (Inde, Sri Lanka, Thaïlande) dans leur allure générale mais en différent par quelques détails (parfois "porte-bagages" extérieur à l'arrière...). On rencontre d'ailleurs la marque indienne Bajaj.

Nous passons près d'un spectaculaire accident avec un grand nombre de véhicules impliqués.
Heureusement que la vitesse-limite a été ramenée il y a peu de 110km/h à 90km/h ! Toujours, à propos de la conduite automobile, le Pérou est en train de mettre en place un système de permis à points, de contrôle d'alcoolémie et de contrôle technique. Une révolution en théorie car elle sera bien difficile à appliquer avec la mentalité indisciplinée des Péruviens.
Le coût des carburants est élevé au Pérou. L'essence ordinaire (qualité G90) de 10 à 13 soles le gallon US (3,80l) soit 0,65 à 0,85€/l, l'essence sans plomb (qualité 95, 97 ou 98) autour de 16 soles le gallon US soit 1€/l et le diesel autour de 12 soles le gallon US soit 0,80€/l.

Enfin, dans un tout autre registre, à l'occasion d'une "pause technique", nous avons l'occasion d'admirer "nos" premiers gâteaux à la crème, gâteaux aussi monstrueux que colorés qui nous rappellent un peu ceux de Cuba...

Nous passons Pisco, en apercevant déjà des vignes mais sans nous arrêter pour déguster le cocktail péruvien, le célèbre pisco sour dont l'alcool de raisin est la base. En 2003, la ville eut à souffrir d'un tremblement de terre de force 8 sur l'échelle de Richter, d'ailleurs des bâtiments en ruine en témoignent encore. De même, nous n'avons pas le loisir de nous arrêter à Paracas, célèbre pour la culture indienne éponyme qui s'y développa pendant un millénaire et demi, entre 1300 av. J-C et 200 de notre ère.

Les Paracas étaient passé maîtres dans la pratique de certaines techniques: le tissage de longues bandes de tissu en laine de lama et en coton, avec des motifs colorés géométriques, des représentations animales (félins) ou anthropomorphiques. Nous aurons l'occasion d'en voir dans des collections privées et des musées dans la suite du voyage.
Elles ont été retrouvées enveloppant des momies enterrées en position foetales (signe d'une re-naissance attendue dans l'autre monde) qui ont aussi révélé que les Paracas pratiquaient la trépanation (suite à des chocs sur le crâne ou dans des cas de folie) ainsi que la déformation des crânes des enfants de dignitaires.

Enfin, après 4h de trajet et 200km de route, nous voici arrivés à Puerto San Martin, pour l'excursion aux Iles Ballestas, distantes d'une quinzaine de kilomètres.


Haut de page

"Le candélabre" et les ILES BALLESTAS **
("les Gallapagos du pauvre" selon le Routard!)

Cette très intéressante excursion, surtout sous un soleil radieux, se déroule en deux heures dont une consacrée à l'observation assez rapprochée de la faune peuplant divers îlots de l'archipel. Environ 100 000 touristes effectuent cette excursion chaque année.

 

Nous montons à bord d'une vedette rapide pouvant transporter une vingtaine de personnes et puissamment motorisée avec 2 moteurs Yamaha de 200cv en cas de panne, en raison des très forts courants ayant provoqués des périls dans le passé. Leur vitesse permet aussi d'abréger le temps de l'excursion qui pourrait s'avérer dissuasif pour certains touristes toujours pressés...
Nous suivons la côte jusqu'à la péninsule de Paracas, appréciant le ballet des pélicans, et longeons la côte nord de la Punta Pejerrey sur le flanc de laquelle a été dessiné un mystérieux géoglyphe gravé en bas-relief dans le sable par des sillons de 50-60cm de profondeur et d'une largeur comprise entre 5 et 6m pour l'axe central. L'ensemble de la figure est haut de 180m (ou 200m?) et large de 70m. Le plus souvent on la désigne sous le nom de Candélabre...
Mais que représentent-elle vraiment ? Quel était son usage? Et surtout de quand date-t-ellel?
Nous vient-elle de la civilisation Paracas, civilisation mystérieuse datant de l'an 1000 av. J-C à 200 de notre ère qui aurait représenté ainsi un cactus andin aux pouvoirs hallucinogène qu'utilisaient les Indiens à l'occasion de cultes? Dans cette hypothèse, cette étrange figure serait contemporaine des lignes de Nazca.
Mais on en fait aussi un vulgaire "amer" représentant la constellation de la Croix du Sud et destiné à servir de point de repère aux pirates ou aux navigateurs (cap-hormiers) et certains vont jusqu'à la dater précisément de 1820 (!).
Et pour couronner le tout, si ce n'était rien d'autre qu'un symbole des francs-maçons ? N'oublions pas que parmi les libérateurs de l'Amérique du Sud on comptait des francs-maçons tels que José de San Martin et Antonio José Sucre...
Toutes les hypothèses sont ouvertes aux imaginations débridées, jusqu'à celle d'un signe destiné aux extraterrestres très souvent mis à contribution dans ces contrées (Nazca, Tiahuanaco, Ile de Pâques...).
Bref, à défaut d'avoir trouvé à proximité des déchets organiques ou des objets datables par les archéologues, le plus grand mystère subsiste sur cette étrange figure.

Accessoirement, en s'approchant du rivage, on peut observer nos premiers oiseaux de mer: cormorans
(de Bougainville), pétrels et pélicans (thages)... En revanche, on n'a pas la chance de voir de grands dauphins (Truncatus Tursiops).

 

I. Ballestas - Chandelier des Andes Iles Ballestas - manchots de Humbolt Iles Ballestas - pélican
I. Ballestas -  Iles Ballestas - otaries Iles Ballestas - cormorans à bec et pattes rouges
I. Ballestas - Panoramique

 

Nous reprenons la mer pour une nouvelle course ébouriffante d'une vingtaine de minutes qui nous fait quitter la péninsule et arriver sur le petit archipel des îles (îlots serait plus juste) Ballestas formé de deux îles principales et de quelques ''cailloux"".

La première île, toute blanche, on verra pourquoi après, est percée de grottes qui la traversent de part en part à ses deux extrémités. De plus près, on se rend compte que le sommet aplati est de couleur sombre et mouvante car il est occupé par une colonie de milliers de cormorans (ici ils ont le cou et le poitrail blanc) et de pétrels... quelques espèces parmi la soixantaine recensées dans ces îlots. Une telle richesse, de même que la présence des otaries, s'explique par l'abondance du poisson qui profite du plancton qui lui-même prolifère grâce au courant froid de Humbolt qui remonte de l'Antarctique, en longeant la côte est de l'Amérique du Sud. Bref, un bel écosystème...
Puis nous apercevons nos premiers manchots de Humboldt (jusqu'à 70cm de haut et 4kg pour un adulte) avec leur ventre blanc, la tête et le dos noir brillant. A la différence des pingouins de l'hémisphère boréal (avec lesquels on les confond parfois) qui sont plus petits, les manchots ne volent pas et leurs ailes se sont transformées en nageoires ce qui en fait de redoutables nageurs et plongeurs. Ces manchots ont un lointain ancêtre (36 millions d'années), le Inkayacu Paracasensis dont le squelette a été découvert au Pérou tout récemment. Il mesurait 1,50m et son plumage était plus varié et plus voyant que celui de nos manchots actuels avec des rouges, bruns et gris.
Nous voyons aussi nos premiers lions de mer
(lobos marinos) appelés parfois aussi loups de mer, plus rigoureusement appelés otaries à crinière (otaria byronia ou flavescens). Les vieux mâles peuvent peser jusqu'à 800kg. La gestation dure 11 mois et la femelle ne donne naissance à un petit que tous les deux ans, la mise bas ayant lieu à la fin de l'été austral, donc tout récemment. On peut aussi voir de très près pélicans et pétrels tandis que quelques fous volants... heu... des "fous variés" passent au-dessus de nous.

JEU DES DIFFERENCES:
manchots et pingouins,
otaries et phoques
.

Bien que se ressemblant, manchots et pingouins font biologiquement partie de deux ordres différents, les spheniscidae et les charadriiformes.
Les manchots qui vivent dans l'hémisphère sud ne peuvent pas voler mais leurs ailes leur servent de nageoires particulièrement adaptées pour nager dans l'eau et sous l'eau. En revanche, les pingouins qui vivent dans l'hémisphère nord peuvent voler assez longtemps.

Biologiquement, otaries et phoques appartiennent au même ordre mais à deux familles différentes, les otaridés et les phocidés.
Les otaries qui vivent dans l'hémisphère sud possèdent des membres antérieurs qui peuvent être ramenés sous leurs corps. Ces appendices longs et robustes leur permettent de se déplacer sur la terre ferme beaucoup plus facilement que les phoques qui vivent dans l'hémisphère nord et dont les membres antérieurs sont courts. Par ailleurs, les phoques n'ont pas de pavillon d’oreille contrairement aux otaries.
.

Puis nous arrivons en dessous des maisons des gardiens du "trésor" de ces îles car l'odeur particulière que l'on perçoit ici provient de la fiente blanchâtre dont les oiseaux recouvrent les îles. Sous le nom de guano, c'est un engrais organique connu dès la période des Incas et très largement surexploité (et exporté jusqu'en Europe) des années 1870 (la couche avait une épaisseur d'une trentaine de mètres) aux années 1920. Maintenant, quelques 6000 tonnes sont prélevées tous les 5 à 7 ans.
Justement, sur l'îlot d'en face, nous arrivons sur le ponton destiné au chargement des bateaux en guano. En attendant, cette structure sert de perchoir à des vautours aura ou urubus à tête rouge qui en cette période se repaissent des placentas des otaries. Il arriverait même que des condors de la cordillère s'aventurent jusqu'ici à la recherche de cadavres d'otaries.

Dans les anfractuosités d'un falaise à l'ombre, nous pouvons observer un groupe de plus petits oiseaux, des sternes incas: plumage gris, bec rouge etune sorte de larme blanche partant de l'oeil. Ils partagent leur habitat avec un couple de cormorans à bec et pattes rouges.
Une plage de galets sert de nurserie aux bébés otaries, au pelage plus sombre que celui des adultes. Quelques animaux se baignent (ou chassent) tandis que la majorité se prélassent au soleil. Du bateau nous percevons la cacophonie qui résulte des grognements des centaines d'individus (il y en aurait plus de 4000 sur ces îles).

Il est déjà 11h40, on n'a pas vu le temps passer et il est temps de rentrer. Après avoir été largement secoués, éventés et humidifiés par les embruns, nous rejoignons le port en une demi-heure.

Du bus, nous pouvons apercevoir le monument dressé à la mémoire du "libertador" argentin, le général José de San Martin, venu prêter main forte aux Péruviens lors des guerres d'indépendance en 1820. Le monument moderne ressemble à des voiles blanches.


Haut de page

NAZCA et ses mystérieuses lignes, la faille...

Il nous faut encore une bonne heure de route sur la panaméricaine avant d'arriver à l'oasis ou Laguna de Huacachina après avoir traversé la région viticole d'Ica, en plein désert. L'apport de la viticulture est d'origine coloniale (il existait des vignes sauvages en Amérique du Nord mais la vigne propre à la vinification est originaire du Moyen-Orient).
A parti de la fin du XVIIe s., les vins du Pérou sont boudés, notamment par les Espagnols: vins trop corsés voire salés (!
en raison de la salinité des sols), vinification aléatoire. De plus, dans la zone intertropicale où les vignes ne connaissent pas de véritable période de repos végétatif, elles ne produisent pas les meilleurs vins (on a pu le constater par nous-mêmes en Inde ou au Vietnam). C'est pourquoi, ici, on en tire plutôt une eau-de-vie de raisin (40°), le Pisco dont le nom vient de celui du port d'où on l'exportait. Il sert à la fabrication du fameux cocktail, le pisco sour.
La ville d'Ica fut fondée en 1563 sous le nom de Villa Valverde puis sous le nom actuel en 1640. La région d'Ica avait été frappée par un violent tremblement de terre (magnitude 7,3) en 1664.

Sur certaines plages on aperçoit des sortes de plates-bandes rouge foncée... Qu’es aquò ?, comme le diraient des Occitans. Pas des algues mais tout simplement des piments rouges (rocoto) mis là à sécher au soleil.

Ancien monastère devenu une hacienda (une grande ferme) puis une station thermale pour soigner les rhumatismes au XIXe s., aujourd'hui l'hôtel-restaurant de la Laguna de Huacachina a du mal à se mirer dans les eaux verdâtres du plan d'eau (100mx60m) dont le niveau s'abaisse peu à peu. L
Notre attention est distraite par les pétarades de quelques buggys évoluant sur les hautes dunes qui dominent l'oasis tandis que de rares touristes se lancent à l'assaut pieds nus. Plus tranquillement, en ce début d'après-midi de dimanche, quelques personnes se baignent ou font du pédalo, ou encore profitent du petit parc ombragé par les palmiers car il fait entre 25 et 30°.


L'excursion optionnelle proposée par Carlos (45 minutes de buggy pour 80 soles) tombe à l'eau car le frère du propriétaire de la principale exploitation de buggy est décédé et va justement être enterré cet après-midi. Donc pas de sensations fortes ni de descente de dune en sandboard.

Au déjeuner à l'oasis de Huacachina: asperges vertes, boeuf (coriace) cuit à la cocotte, riz, fruits frais et boule de glace (au melon?).

Nous quittons l'oasis au moment où un petite foule se rassemble pour assister aux obsèques dont on vient de parler.

Entre Ica et Nazca le paysage change, la côte toujours sèche s'élève en devenant plus rocheuse tandis que la panaméricaine se contorsionne en dangereux virages pour franchir les vallées. Déjà, peu avant cette partie dangereuse, un camion transportant des parpaings s'est renversé en contrebas et la cabine est complètement disloquée par l'impact de la cargaison. Les nombreux petits oratoires qui jalonnent les bas-côtés témoignent de la dangerosité de cet axe routier (endormissement des conducteurs).
Tourbillon de poussière ou de sable sur les dunes...

LES SITES ET MONUMENTS PERUVIENS INSCRITS
AU PATRIMOINE MONDIAL DE L'UNESCO

Sites culturels

  • Zone archéologique Chan Chan (1986)
  • Site archéologique Chavin (1985)
  • Ville de Cuzco (1983)
  • Centre historique de Lima (1988)
  • Centre historique d'Arequipa (2000)
  • Lignes et géoglyphes de Nasca et de la Pampa de Jumana (1994)
  • Ville sacrée de Caral-Supe (2009)

Sites naturels

  • Parc National de Huascarán (1985)
  • Parc National de Manú (1987)

Sites mixtes

  • Sanctuaire historique du Machu Picchu (1983)
  • Parc National de Río Abiseo(1990)

(en rouge, les sites vus pendant ce circuit)

Nous approchons de Nazca et de ses fameuses lignes ou géoglyphes.

Carlos nous propose en option leur survol en avionnette (Cessna) pour le lendemain matin, sachant qu'en cette saison il n'y a pas risque d'annulation en raison du brouillard comme c'est parfois le cas en juillet-août. Environ une demi-heure pour 100 $ (ce qui semble bien cher pour la basse saison et par rapport aux renseignements que l'on trouve sur Internet).
Face à nos questions, les réponses de Carlos sont quelque peu ambiguës: "Ca vaut vraiment le coup... mais je ne peux pas vous le recommander". Et pour cause! Il faut savoir que de nombreux accidents ont eu lieu ici encore l'an dernier : 7 touristes tués le 25 février, 5 Français le 10 avril et encore 6 tués le 3 octobre... Selon le Routard, pourtant "la dépense en vaut la chandelle" (ou les 36 chandelles?), ce qui ne l'empêche pas d'ajouter peu après que "souvent les vols ressemblent plus à des tours de manège [...]". L'appareil volant à plus de 200km/h et à 300m au-dessus du sol, il faut un appareil photo rapide avec téléobjectif et de bons réflexes (et un bon estomac!) car le pilote fait basculer alternativement l'appareil d'un bord sur l'autre afin que tous ses passagers puissent voir le sol.

Bref, l'enthousiasme de quelques uns s'est refroidi et cette option ne sera pas plus couronnée de succès dans notre groupe que la précédente (buggy sur les dunes de la Laguna de Huacachina).

Le site des lignes et géoglyphes de Nazca (ainsi que de la Pampa de Juman) est classé au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO depuis1994.

Sur une portion rectiligne de la panaméricaine, à une trentaine de kilomètres avant d'arriver à Nazca, se dresse un mirador d'observation sur le bas-côté droit de la route. Pour accéder à la plate-forme pouvant accueillir 10 personnes qui se situe à 15m du sol, il faut s'acquitter de 2 soles et éventuellement surmonter sa peur pour grimper un escalier métallique muni de garde-corps pas très rassurants. Il est plus de 17h et la lumière baisse déjà, ce qui n'est guère propice pour l'observation. Nous distinguerons simplement deux figures, "les mains" (los manos) sur la gauche et "l'arbre" (el arbol) sur la droite mais nous ne réussirons même pas à voir la queue du lézard coupée par la route.

On se fait des représentations de ce dont a entendu parlé et la réalité soit dépasse de loin ce que l'on a imaginé (les pyramides d'Egypte, la Grande Muraille....) soit elle est très en deçà. Pour moi, ici cela a été le second cas, la déception. Ces deux tracés ne sont pas grandioses, les lignes sont étroites et peu profondes. Certes la vue des autres dessins depuis un avion aurait peut être totalement modifié mon opinion (du moins si l'on se fie au témoignage d'autres voyageurs rencontrés lors du circuit)...

Pour une bonne compréhension, il aurait fallu disposer d'un peu de temps pour visiter la maison de Maria Reiche transformée en musée ou pou visiter le musée Antonini à Nazca.

Il y plus de 1000 ans, entre l'an 300 et l'an 900 de notre ère (d'autres sources, situent leur création entre 800 ou 900 avant J-C et 300 ou 650 de notre ère), ces dessins ont été creusés dans le sable clair, les roches volcaniques plus sombres étant rejetées sur les bords, sur une profondeur de 10 à 30cm et de 30cm à 3m de large. Les tracés ne se coupent jamais.
On compte 18 dessins d'animaux dont singe, poisson, chien, araignée, albatros ou même perroquet ou colibri..., ce qui signifie que leurs auteurs étaient en relation avec les populations de la forêt, pourtant lointaine. Sans oublier, l'étrange homme à tête de chouette...Les plus grands dessins animaliers atteignent 60, 80 voire plus de 130m de long.
A ces figures s'ajoutent des tracés géométriques (rectangles, trapèzes, triangles) dont certains s'étendent sur deux kilomètres.
Ces étranges dessins dont le relevé a commencé en 1926 ou en 1927 (?) ont été étudiés à partir de 1939 ou de 1941 (jusqu'à sa mort en 1959) par l'historien américain Paul Kosok qui les observa fortuitement à l'occasion d'un survol de la côte. Selon lui, les dessins de ce que l'on appelait jusqu'alors "chemins incas" n'ont pas qu'un sens artistique ou même symbolique mais correspondent à une forme d'observatoire astronomique ou de calendrier pour le repérage des saisons agricoles. Dans son sillage la mathématicienne allemande Maria Reiche a consacré 60 ans de sa vie à cette étude (de l'âge de 35 ans jusqu'à sa mort à 95 ans). Pour elle, les figures représentent des constellations et sont des offrandes ou des signes adressés aux dieux qui les voient d'en haut.
N'épiloguons pas sur les hypothèses farfelues de pistes d'atterrissage pour extraterrestres.
..Pour d'autres, ce sont des sentiers rituels et c'est l'avis de Carlos. Des recherches utilisant des technologies de pointes sont conduites depuis 1997 avec le concours de scientifiques allemands et suisses. Aux extrémités des figures les plus importantes ont été repérées les traces de plate-formes et d'implantations de mâts qui servaient de repères. Des lieux d'offrandes y étaient aussi associés (on a retrouvé des grains de maïs, des coquillages, des os de cobayes, des débris de poteries...). Donc c'est l'hypothèse de sites rituels qui s'impose aujourd'hui.

Mais la culture des Nazca ne se réduit par aux seuls géoglyphes.
Ils surent construire des pyramides en briques de terre crue et des aqueducs qui permirent de rendre fertile le désert (une période de grande sécheresse serait malgré tout à l'origine de leur décadence). Redoutables guerriers, ils décapitaient leurs ennemis et transportait à leur ceinture leur tête momifiée. Plus pacifiquement et artistiquement, on peut s'intéresser à leurs tissus brodés double face avec des thèmes mythiques puis géométriques de plus en plus abstraits, à l'utilisation de la technique du batik (nom commun d'origine indonésienne), technique d'impression de tissus qu'ils empruntent aux Huaris (ou Waris). Dans cette période, ils ont maîtrisé également l'art des vêtements décorés de plumes d'oiseaux de la zone équatoriale (aras ou perroquets tropicaux d'Amérique du sud), vêtements destinés aux élites. Enfin, leurs poteries, notamment les vases à double bec sont particulièrement esthétiques et pratiques (l'air remplace le liquide qui s'écoule par l'autre orifice et évite le glouglou).
Le déclin de cette civilisation a commencé vers 200 de notre ère en raison de l'aridité croissante rendant toute culture impossible.

Nous quittons le site aux environs de 17h45 et, avant d'arriver à Nazca, nous allons visiter la boutique de poteries et céramiques traditionnelles "Jenny". On y crée des reproductions d'objets des cultures indiennes locales. Contrairement à la culture mochica qui produisaient des vases-sculptures ou vases-portraits souvent en utilisant des moules (nous en verrons des exemples à Cuzco et surtout dans un musée à Lima), les Nazca modelaient des vases de forme plus banale mais ornés de dessins géométriques et de superbes couleurs.

Poterie traditionnelle - atelier "Jenny" Poterie traditionnelle - atelier "Jenny" Poterie traditionnelle - atelier "Jenny" 

Les récipients sont formés sans utilisation du tour, à l'aide de boudins d'argile superposés et modelés à la main puis lissés avec un galet avant cuisson. Les décors sont fait à base de pigments naturels (végétaux ou minéraux) et légèrement vernissés avec la graisse qui suinte sur la peau des ailes du nez... tout simplement.
L'existence des deux becs des pots s'explique par le fait que l'un sert à boire tandis que l'autre sert à empêcher le récipient de se mettre en dépression (le fameux glouglou de nos bouteilles qui n'ont qu'un goulot).
Certains pots sont des figurines rituelles telle que celle représentant l'accouchement traditionnel en position accroupie. Des créations contemporaines sont également exposées...

Nous ne verrons pas la ville de Nazca (53000 habitants) car l'hôtel hacienda Majoro se trouve en dehors. Il est 18h45, il fait complètement nuit depuis un bon quart d'heure déjà.

Nous sommes accueilli avec un chicha morada, une boisson fraîche non alcoolisée préparée à partir de maïs violet bouilli, de jus d'ananas et de quelques épices (cannelle et clous de girofles). Bon pour la tension paraît-il.

Au menu du dîner, pisco sour en apéritif, soupe de vermicelles au lait et avec des oeufs battus, sauté de boeuf (bien coriace une fois de plus) accompagné de petits légumes et, pour finir, un délicieux gâteau aux pommes.

L'établissement est aussi un peu un musée: aux murs sont suspendus de longs pans d'étoffes Nazca qui enveloppaient des momies ainsi que des quipus. Certains motifs tissés ressemblent beaucoup aux géoglyphes (l'araignée par exemple).
Avant d'aller dormir, nous en profitons pour admirer la superbe décoration de salons faite pour partie d'objets pré-incas trouvés dans les tombes, notamment des statuettes de guerriers, de personnages démoniaques et des statuettes érotiques. Des statues catholiques de style assez baroque, des armoires en bois précieux et des retables naïfs mi-chrétiens mi-païens complètent le décor.

Le plafond de notre bungalow est formé d'un tressage de lamelles de bambous et de poutrelles faites avec des tiges de ce même bambou.
Sur ce, bonne nuit!

Le lendemain, à 6 heures, le réveil est assuré par un couple de paons qui un peu plus tard nous accompagnent jusqu'à la porte du restaurant.

Nous quittons l'hôtel dès 7 heures car près de 600km nous séparent encore d'Arequipa. L'emploi du temps de la journée eut été acrobatique si l'on avait retenu l'option survol des lignes de Nazca car nous ne serions probablement pas arrivés à Arequipa avant 22h au mieux (puisque nous y arriverons pratiquement à 20h)!

Quant à visiter, en plus à Nazca, le cimetière pré-inca de Chauchilla, cimetière à ciel ouvert suite à de nombreux pillages mais désormais remis en état avec un musée des momies, la hacienda de Cantallo avec les ruines du palais préinca de Paredones près des imposants canaux et aqueducs souterrains de Cantalloc (toujours fonctionnels) amenant l'eau des Andes, il ne faut même pas y penser. Une demi-journée serait nécessaire.

Dans certaines parcelles au bord de la route nous apercevons des champs plantés de figuiers de Barbarie (non endémiques puisque originaires du Mexique). En fait on cultive ce cactus pour qu'il serve de nourriture à un parasite, la cochenille, sorte de pou, dont on tire un colorant, le rouge carmin. Les colonies de cet insecte forment des sortes de voiles blancs enveloppant les raquettes du cactus.

Encore un camion accidenté, sans gravité cette fois, le véhicule a simplement quitté la route. Carlos nous fait remarquer que les jalons kilométriques jaunes que l'on voit sur le bas-côté marquent l'emplacement du câble en fibre optique enterré qui a été mis en place en 2010. Nous passons dans la région des dunes de Cerro Moreno et de Cerro Marcho qui culminent à plus de 2000m.

Certaines plages sont utilisées pour le séchage des algues (laminaires) qui sont notamment destinées à la fabrication de cosmétiques.

NAZCA et sa faille

Nous faisons un arrêt à la faille de Nazca, large d'un vingtaine de mètres et qui s'étend sur 40km.
Nous la voyons dans sa partie la plus spectaculaire.

Faille de Nazca Faille de Nazca 

 

A ce propos, il faut signaler que ce n'est pas directement la plaque tectonique Pacifique qui voisine avec la plaque sud-américaine mais bien la plaque dite de Nazca, pratiquement aussi vaste que l'Amérique du Sud qu'elle longe de la Colombie jusqu'au deux tiers sud du Chili. Cette plaque océanique se déplace de 7,5cm par an vers le nord-est en s'enfonçant (subduction) de 8cm par an sous la plaque sud-américaine qui, elle, se déplace vers le nord à raison d'un centimètre par an, affrontement et friction de plaques qui sont à l'origine de la surrection des Andes et de nombreux tremblements de terre. La côte chilienne est la plus exposée au risque sismique: tremblement de terre, éruption volcanique ou tsunami. Un séisme majeur s'y produit en moyenne tous les dix ans!

La faille que nous voyons n'est évidemment qu'un épiphénomène de ces chocs et frictions. Les panonceaux que l'on voit dans les hôtels et restaurants "S, zona segura en caso de sismo" (zone de sécurité en cas de séisme) sont là pour nous rappeler que cette région bouge souvent. Les tremblements de magnitude 7 ou plus sur l'échelle de Richter surviennent au rythme de un tous les deux ans, voire plus souvent (2 en 2007). L'un des plus violents tremblements se produisit au sud de la plaque de Nazca, au Chili, en mai 1960 avec une magnitude exceptionnelle de l'ordre de 9.

Nous voyons aussi de plus en plus de petites dunes en demi-lunes ou barkhanes. On revoit encore près du rivage des groupes de vautours à tête rouge, perchés ou planant au-dessus de nous.


Haut de page

TANACA, CHALA, CAMANA

Aux environs de 9h, nous arrivons dans la région de Tanaca après avoir franchi l'embouchure du maigre Rio Acari.
Environ 25 minutes d'arrêt sur une immense plage déserte pour se dégourdir les jambes et pour un petit bain de pieds pour les plus hardis. Peu engageant pour la baignade: grosses vagues et fraîcheur de l'eau en raison du courant froid de Humboldt déjà évoqué à propos des Iles Ballestas.
Les seuls autochtones rencontrés sont des goémoniers venus avec leur mobylette récolter quelques laminaires échouées. Sur la côte du Pérou, l'industrie liée aux algues (production d'épaississant) est passée sous le contrôle d'entreprises chinoises. Des saisonniers s'installent également sur les plages à certaines périodes de l'année, en fonction des possibilités de pêche.


Nous retrouvons aussi un groupe de touristes de Nouvelles Frontières enchantés du survol des lignes de Nazca qu'ils ont pu faire la veille. Dommage! Dommage (pour nous)!

Plage de Tanaca Plage de Tanaca Plage de Tanaca 


Dans un paysage toujours désertique et toujours en longeant l'océan et mais de plus haut, après une heure de route, nous arrivons dans la localité de Chala, un petit port de pêche, où nous effectuons une courte pause. En cette matinée de lundi, c'est le jour du marché. C'est l'occasion de se restaurer d'un petite encas auprès d'un vendeur de fruits ambulant: ses bananes à la chair orangée sont délicieuses.

Le rivage est superbe, l'océan vient éclater sur des rochers pourpres déchiquetés sur lesquels une famille péruvienne jouit du spectacle. Chala, c'est Puerto Inca, une localité qui disposait de "greniers" où l'on entreposait de la viande séchée de lama, les plumes de perroquets d'Amazonie destinées aux costumes des nobles, des cordages végétaux venant des régions en altitude...

Après avoir repris la route, nous pouvons voir de vastes surfaces de plages occupées par des constructions sommaires servant d'abris pour la pêche saisonnière. Nous observons aussi que des cactus cierges (du genre echinopsis, typiques des régions arides d'Amérique du Sud) colonisent les pentes rocheuses descendant vers la mer.
Plus loin, sur le rivage; nous apercevons des usines, tout d'abord un unité de conditionnement du gaz acheminé à travers les Andes depuis l'Amazonie puis, au port de pêche de la Planchada, l'usine de farine de poisson (une sorte d'anchois) de CFG Investment.


La route panaméricaine n'était encore qu'une piste par endroit dans les années 1960 et il fallait jusqu'à 22h pour rallier Lima à Arequipa en transports en commun (mais pour le faire en avion, il en coûte 120$).
Dans la partie où nous sommes, son tracé toujours aussi tourmentée surplombe l'océan et soudain nous livre un vaste point de vue sur l'embouchure du Rio Colca qui descend de sommets andins culminant à près de 6000m. C'est la plaine alluviale de Camana où l'on produit du riz dont la récolte a déjà été effectuée sur certaines parcelles. Le climat et la présence exceptionnelle de l'eau permettent deux récoltes par an.

Plaine fluviale de CAMANA

Le littoral fut ravagé sur un peu plus d'un kilomètre de profondeur par le tsunami du 23 juin 2001 (magnitude 8,4) associé au fameux tremblement de terre d'Arequipa, dont les vagues atteignirent 8m de haut. Il provoqua la mort de 139 personnes, la destruction de plus de 17 000 habitations et des dommages sur plus de 35 000 autres dans la région comprise entre Camana et Arequipa. Par le passé, la ville de Camana avait déjà eu à souffrir d'un violent tremblement de terre en 1821 (magnitude 8,2).

Il est 14h40 (!) lorsque nous faisons halte pour déjeuner au restaurant Rinconcito Trujillano. Au menu: soupe de poisson avec des grains de maïs, des morceaux de pomme de terre (ici on dit "patate") et d'une sorte de potiron puis c'est un plat de poisson accompagné de riz et en dessert: pomme, petite banane etpepino ou q'achan en langue quechua (on l'appelle ailleurs poire-melon ou morelle de Wallis, fruit d'une plante apparentée aux tomates et aux pommes de terre).

Nous reprenons la route un peu avant 16h et il nous faudra passer de l'altitude 0m à 2300m pour atteindre Arequipa. Au programme trois bonnes heures de route encore!

 

Publicités pour les laits Gloria

En quittant Camana, la route surplombe les vestiges de constructions détruites par le tsunami de 2001 tandis qu'un peu plus loin on voit un lotissement de petites constructions jaunes destinées au relogement des sinistrés ainsi qu'une école.

Maintenant la panaméricaine sur laquelle nous roulons toujours tourne le dos à l'océan et au soleil. La montée est progressive et plutôt imperceptible mais le paysage est toujours aussi aride avec des reliefs aux pentes recouvertes de sable et de cailloux!

Aux environs de 17h nous traversons une sorte d'oasis artificielle, une région de cultures (maïs, cactus à cochenilles, céréales...) qui a été irriguée dans le cadre d'un programme de coopération israélien. Puis l'on retrouve un paysage quasi lunaire, aride avec ses petites dunes en demi-lunes. Nouveau contraste lorsque nous arrivons au-dessus de la verte vallée du Rio Vitor où la route doit descendre pour regrimper sur l'autre versant où l'on retrouve un paysage quasi lunaire. Au bas des pentes des collines (le relief reste modeste dans son allure mais le terme convient-il encore aux environ de 2000m?), la roche jaune ou ocrée est recouverte d'un sable fin animé de vaguelettes dues au vent et curieusement de couleur blanche, ressemblant à de la cendre.
La nuit tombe, nous sommes dans la région de Vitor: cultures de vigne et de figuiers de Barbarie, bidonvilles montant à l'assaut de collines, laiteries pour l'omniprésente société Gloria (une société normande créée en 1925 et qui a fait du chemin depuis avec son lait concentré non sucré, société tombée par la suite dans le giron du groupe Nestlé et enfin, depuis 2005, dans celui de Mont Blanc SAS).


Il est 19h45 lorsque nous arrivons enfin à Arequipa.

AREQUIPA - hôtel Santa Rosa

L'hôtel Santa Rosa installé dans une ancienne demeure coloniale à patio est parfaitement situé sur la rue Santa Catalina, à 150m de l'entrée du monastère et à 250m de la place d'Armes et donc de la cathédrale. Ce fut la demeure de l'écrivain (peu connu) Juan Manuel Florencio Polar Vargas (1868-1936)...
On nous sert une épaisse soupe à base de farine de maïs, un sauté de boeuf (tendre cette fois-ci) accompagné de petits légumes et de riz une fois encore. Un bon gâteau au chocolat achève de nous restaurer.



Après cela et avant de dormir, il convient de profiter de l'emplacement central de l'hôtel pour faire un petit tour du côté de la Plaza de Armas. La cathédrale et les bâtiments à arcades qui entourent la place sont admirablement mis en valeur par les illuminations même si les flèches des tours de la cathédrale ne sont pas identiques à celles qui s'effondrèrent lors du grand tremblement de terre qui frappa la région en 2001 (magnitude de 8,4).



Page suivante: AREQUIPA

PEROU