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Lever très
matinal à Cuzco, 5 heures (!) car il faut prendre l'avion pour LIMA.
Du
petit aéroport, notre avion s'envole peu après 8h15.
Vol tranquille d'une heure et demie qui nous fait survoler la vallée de l'Urubamba, puis entrer dans les nuages ce qui empêche d'apercevoir le Machu Picchu. Par des trouées, on peut en revanche apercevoir les sommets des sierras enneigées. L'avion vole cap à l'ouest, au sud de Lima, ce qui l'amène sur la côte du Pacifique qu'il longe avant d'effectuer un virage l'amenant à survoler le port de Callao et le paysage désertique proche de l'aéroport.
LIMA (10 millions d'habitants, un tiers de la population du Pérou!)
Cette fois, à la différence de notre arrivée il y a 10 jours,
nous nous dirigeons vers le quartier de Miraflores non pas en empruntant les grands
axes tels que les avenues Marina, Sanchez Carrion, Javez Prado et Arequipa mais
en utilisant un itinéraire qui longe la côte: Avenida La Paz et Avenida
Perez Aranibar.
La route s'élève peu à peu au-dessus
de l'océan, le long de la Costa Verde qui mérite son
nom, et que la ville aménage en promenade plantée. Les villas et
commerces se protègent derrière barbelés et clôtures
acérées...
A Miraflores, on arrive au niveau de la corniche qui
domine les plages de gravier gris. Nous allons y retrouver l'hôtel où
nous avions passé la première nuit.
Nous voici donc à notre hôtel Allpa, peu avant midi, heure à laquelle nous avons normalement rendez-vous pour un tour de ville avec notre guide locale Aurora, très patriote ("MA ville", "MON pays" reviennent sans arrêt dans son discours) mais, au demeurant, très sympathique et au français parfait.
En principe, nous ne pouvons pas prendre possession de nos chambres avant 13 heures et pourtant il serait judicieux d'alléger nos tenues "montagnardes" car il fait 28°. Après des palabres un peu houleux, les chambres sont accessibles. Pour moi et mon épouse, c'est une suite avec deux très grandes pièces dont une chambre en rotonde donnant sur le carrefour et équipée d'une grande baignoire à jacuzzi.
Le déjeuner était indiqué comme libre dans le programme et, pour un départ reporté à 12h45, nous avons moins d'une demi heure pour nous mettre quelque chose sous la dent. On se contentera d'un sandwich acheté au supermarché Vivanda, sur l'avenue José Pardo.
Quartiers
huppés : San Isidro, Pueblo Libre
et visite du Musée
Rafael Larco Herrera
Nous
gagnons les quartiers situés au nord-ouest de Miraflores ou, autrement
désignés, au sud-ouest du centre ville, quartiers que nous avions
vu de nuit le soir de notre arrivée à Lima. Ces secteurs qui ont
été absorbés par la ville se sont développés
depuis l'indépendance et leur architecture est qualifiée pour cela
de "républicaine". Républicaine mais pas très
sécurisante si l'on en juge par les clôtures peu sympathiques qui
protègent les villas cossues et même des commerces.
C'est d'abord
San Isidro, quartier résidentiel huppé et quartier diplomatique
avec les ambassades. Remontant la rue Coronel Portillo, nous passons devant
la résidence de notre ambassadeur Madame Cécile Pozzo du Borgo (l'ambassade
quant à elle se trouve Avenida Arequipa) puis devant l'ambassade de Cuba,
puis devant le Country Club Lima Hotel.
Nous poursuivons une boucle qui
nous ramène vers Miraflores en passant devant un bâtiment diplomatique
des Pays-Bas ou du Luxembourg puis nous longeons le site de Huaca Pucllana
où a été mise à jour une pyramide haute de 25m,
faite de briques d'adobe posées verticalement. Nous nous contenterons d'apercevoir
ce monument dont il existe d'autres exemples dans la ville, monument qui remonte
à une période ancienne, entre 200 et 700 de notre ère. Des
restes de femmes sacrifiées y ont été retrouvés. On
y sacrifiait aussi des animaux marins.
Ce centre cérémoniel
fut repris par la culture huari (ou wari). Bien plus tard, les Incas continuèrent
à considérer le site comme un village sacré. Notre guide
nous indique que au début du siècle dernier, cette pyramide disparaissait
sous une petite colline de sable.
Nous
poursuivons en direction du quartier de Pueblo Libre en passant près
de l'ambassade du Japon, Avenida San Felipe. Certains se souviennent de la prise
en otages de 500 personnes à lambassade du Japon (décembre
1996-mars 1997) par le Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru dirigé
par le métis Nestor Cerpa Cartolini.
C'est ensuite le Centre des Langues
de l'Université du Pacifique puis le siège de la Municipalité
de Pueblo Libre, un hyper Metro...
Après ces tours et détours
de trois quarts d'heure, nous arrivons au Musée Archéologique
Rafael Larco Herrera (sur l'avenue Bolivar). Aurora a préféré
ce musée au Musée National d'Anthropologie, d'Archéologie
et d'Histoire que mentionnait notre programme.
Ce musée (comme plusieurs
autres ici) est privé. Il fut fondé par l'archéologue péruvien
Rafael Larco Hoyle en 1926. Autre spécificité, il présente
de très nombreuses pièces dart précolombien: 45 000
(ou 50 000 dont 45 000 restés dans les réserves) dont
le dépôt est visible du public.
Cette collection couvre 4000 années d'histoire et tout particulièrement la culture moche ou mochica (100 à 700 ou 300 à 900 de notre ère?) qui prospéra sur la côte nord, entre 100 et 700 (ou entre 200 et 900?) de notre ère. On y voit des sculptures, textiles, céramiques, bijoux...
Notre
circuit ne nous a pas conduits dans la région où s'était
épanouie la culture mochica ou moche mais il est bien normal
que les musées péruviens présentent des objets des différentes
cultures préhispaniques, même hors de leur région d'origine.
Comme la plupart des cultures andines antérieures, depuis
Chavin, en passant par Paracas, Nazca et Tiahuanaco, les Mochicas pratiquaient
la momification de leurs défunts. Pratique qui se poursuivra dans
les cultures Colla, Huari... et Inca. Curieusement les Mochicas exposaient les
cadavres pendant un mois aux mouches? Etrange rituel! Etait-ce un moyen de libérer
l'âme des défunts.
Dans ce musée, nous allons bientôt
découvrir un aspect plus réjouissant (et finalement comportant aussi
un côté macabre) de cette culture mochica.
A une partie chronologique, succèdent des collections thématiques.
Notamment la salle des céramiques avec les vases-statuettes mochicas. On passe par la salle du syncrétisme montrant l'influence des anciens cultes dans les représentations chrétiennes.
Viennent ensuite les textiles huaris (ans 300 à 800 de notre ère sur la côte nord) et ceux de la très ancienne civilisation paracas (800 av. J-C à 200 de notre ère sur la côte centrale). Une petite pièce de tissu du XIVe s. (culture chincha ou chancay) détient le record du monde pour la densité de points au cm² (398 fils par pouce).
On poursuit
par la salle des sacrifices, la salle de l'orfèvrerie et des parures :
collier, ornements de nez, boucles et plateaux d'oreille, pectoraux, tiares (couronnes)...
tout cela en or.
Devant la vitrine présentant les boucles d'oreille,
je surprend une question d'un touriste francophone qu'il adresse le plus sérieusement
du monde à son épouse : "Pourquoi écrivent-ils que
c'est moche?" et sa femme de lui préciser "Il faut prononcer
moché comme dans amoché ou moshé dans Moshé Dayan"...
Puis
nous passons dans les impressionnantes réserves. Toutes ces étagères
bourrées de superbes pièces, ce n'est guère rassurant pour
la conservation de ces oeuvres dans un pays où la terre tremble souvent.
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Enfin, le clou de la visite, c'est la galerie de la céramique érotique "moche" située dans un autre corps de bâtiment, près de la boutique, où l'on accède en passant par le jardin. Cette partie de la visité a l'air de beaucoup amuser également un groupe de touristes allemands.
On y voit une collection unique au monde de huacos (vases-statuettes) mochicas pour les offrandes rituelles, décorés de motifs sexuels.
Notre civilisation postmoderne n'a rien inventé en ce domaine. Dans ce kamasutra de céramique, outre une variété de positions de copulation, on y voit des pratiques de fellation, masturbation, sodomie, des trios étranges (un couple de vivants accompagné d'un mort) mais pas de rapports homosexuels, des accouplement d'animaux mais pas de zoophilie, des sexes hypertrophiés en érection (à ce propos signalons une similtude étrange avec la statuette-godémiché du Dieu Bes ou "Olias Priapa" que nous verrons 2 mois plus tard en Turquie, au Musée d'Ephése)....
Comment
interpréter cette forme d'art en l'absence de traces écrites ?
Notre guide Aurora, indique qu'il faut y voir un sens religieux
et aussi que l'utilisation de certain vases pour boire correspondrait à
une pratique magique ou à un rituel de fertilité. D'autres experts
regroupent les pièces selon quatre thématiques: représentation
réaliste de scènes érotiques (fellation, coït, accouchement,
masturbation, triolisme), érotisme religieux (avec intervention d'une divinité),
érotisme humoristique (représentations disproportionnées
des organes génitaux) et érotisme moraliste (nécrophilie
avec la présence d'hommes morts, sous la forme de cadavres ou de squelettes).
Une planche explicative du musée renvoie à la fameuse trilogie
avec la vision d'un univers partagé en trois mondes mais qui interagissent
entre eux: monde des dieux, monde des vivants et monde des morts.
Si l'on se
reporte au livret de l'exposition "Sexe, mort et sacrifice dans la religion
Mochica" basée sur les recherches de Steve Bourget présentée
l'an dernier au musée du quai Branly (09/03/10 - 23/05/10), on a une interprétation
ritualiste encore bien plus complexe (voir l'encadré ci-contre).
Pour
la part, je ne puis m'empêcher d'établir une comparaison avec la
mythologie hindoue se rapportant à Shiva, le dieu destructeur et régénérateur
(les fétiches en forme de phallus que l'on a vu à Ollantaytambo
me font tout autant penser au lingam des Hindous, symbole de Shiva)..
Pour
regagner la sortie, nous empruntons une allée bordée de bougainvilliers
de toutes les couleurs possibles (sauf bleu, vert et noir, évidemment),
allant du rouge au blanc. Précisons que ces plantes sont originaires des
forêts tropicales humides d'Amérique du Sud, notamment du Brésil
où l'explorateur français Louis Antoine de Bougainville les découvrit.
Une
curiosité végétale, à côté de cactus
divers, on peut voir des cactus monstrueux que l'on dit "fasciés".
Passons
maintenant à une curiosité animale, le "chien nu du Pérou",
sans poil, à la peau noire (pigmentation pour compenser l'absence de protection
pilleuse face aux rayons solaires) et au contact semble très chaude. Aurora
nous précise qu'en génral dans les portées de cette race
de chiens, un seul chiot naît avec des poils.
Dans
le monde, 4 races de chiens sans poil sont répertoriées:
- le chien nu du Pérou poétiquement baptisé "Orchid
Moon Flower Dog" ('Chien Orchidée des Incas - Fleur de lune') D'où
viennent les chiens sans poil du Mexique et du Pérou ? L'origine
de ce caractère physqiue de nudité est à rechercher dans
la génétique. Il résulte de la combinaison d'un certain
gène apporté par chacun des parents. Chez les chiens nus, l'un des
gène, récessif, induit classiquement la pilosité tandis que
l'autre, dominant, est celui de la nudité et est aussi létal (qui
provoque la mort). De l'union de tels parents sans poil, il en découle
obligatoirement et statistiquement dans 25 % de cas des homozygotes (gène
identique) qui ont du poil, dans 25 % des cas des homozygotes qui ne sont pas
viables (double létalité qui se manifeste au stade embryonnaire
ou à la naissance) et enfin 50 % d'hétérozygotes mêlant
les caractère de pilosité et de nudité (dominante) donc des
chiens nus et viables. En revanche, l'accouplement entre chiens péruviens,
l'un nu et l'autre à fourrure donne statistiquement naissance à
un nombre identiques de chiots avec et sans poil... Ces
sont des chiens calmes et attachants, animaux plus de compagnie que de garde.Ce
sont des "chiens chauds", pas au sens de nos amis québéquois
mais du fait qu'au toucher, ils semblent plus chauds que les autres chiens car
leur chaleur n'est pas diffusée au travers du filtre que constitue la fourrure.
C'est pour cette raison qu'ils ont été utilisés comme 'chiens-bouillottes'
par des personnes souffrant de rhumatismes et douleurs. |
Centre de Lima: Plaza Mayor, Convento de San Francisco
En
route pour le centre de Lima dont le centre historique est inscrit au Patrimoine
Mondial de l'UNESCO depuis 1988 .
La ville fut fondée par les Espagnols en 1535 (mais le site était
antérieurement occupé par des Amérindiens), en opposition
à Cuzco. Ainsi, l'ancienne capitale de l'empire inca se trouvait dévalorisée
par cette "Ville des Rois" ou plutôt vices-rois qualifiée
de Ciudad de los Reyes. En même temps cet emplacement sur le littoral
facilitait les communications avec la lointaine métropole espagnole, par
exemple pour exporter l'or pris aux Incas.
Après
les quartiers périphériques que nous connaissons et qui ont été
peu à peu absorbés par la ville, nous allons maintenant découvrir
l'architecture coloniale de Lima. Les colons ont apporté avec eux le
style des maisons hispano-mauresques avec les balcons à moucharabieh,
permettant de tamiser la lumière tout en aérant et aussi d'observer
l'extérieur sans être vu...
Nous
passons Plaza Bolognesi, puis devant le Museo de Arte, un
grand bâtiment blanc, encore une oeuvre de Gustave Eiffel , avant d'arrivée
Plaza Grau où l'on voit un bâtiment qui fait penser
à l'Hôtel de Ville de Paris. Cette ancienne ambassade de France appartient
aujourd'hui à l'Etat péruvien. Sur notre gauche, nous voyons le
Museo de Arte Italiano avec sa façade renaissance décorée
de céramiques, musée consacré à la peinture moderne.
Puis c'est la Plaza San Martin bordée d'arcades, créée
en 1921 pour commémorer le centenaire de l'indépendance et rénovée
en 1997, avec la statue dédiée à l'un des deux libérateurs
du pays. C'est ici qu'on lieu les rassemblements politiques. Le Gran Hotel
Bolivar qui borde une côté de la place fut construit dans
les années 1920 mais est boudé par les touristes (plus exactement
par les tours operators) en raison de l'insécurité qui régnait
sur cette place.
Enfin nous arrivons sur la Plaza Mayor (anciennement Plaza de Armas) pour une visite pédestre. La place a été rénovée à la même époque que la Plaza San Martin. Autour de cette grande place, plusieurs monuments attirent le regard.
Extérieurement,
la cathédrale du XVIIIe s., reconstruite après le tremblement
de terre de 1746, est assez austère. Elle a remplacé un édifice
détruit par un tremblement de terre. Elle abrite les restes du conquistador
Francisco Pizarro.
A sa gauche, on peut voir un pastiche d'architecture construit
en 1924 mêlant néo-baroque et style hispano-mauresque, l'Archevêché.
Encore plus à a gauche, séparée par une rue, on peut voir
l'une des plus anciennes demeures de la ville, la Casa del Oidor, la
Maison du Juge, maison basse pourvue d'un impressionnant balcon mauresque.
En face, se dresse le symbole du pouvoir temporel, le Palais Municipal
autrement dit l'Hôtel de Ville. C'est une construction qui a moins d'un
siècle (1944 ou 1945?) mais qui pastiche le style de l'époque coloniale
(arcades, balcons en bois). Continuons avec les pouvoirs civils. Sur le côté
nord-est de la place se dresse le Palais du Gouvernement ou Palais Présidentiel,
à l'emplacement du Palais de Pizarro. Dans les années 1920-30
(1925, 1934 ou 1937?), il a remplacé l'ancien Palais des Vice-Rois construit
dans les années 1600. Souvent des marches de protestation ont lieu devant
les grilles du Palais Présidentiel. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Dans
un tel contexte, on n'est jamais trop prudent en matière de respect de
l'ordre public, c'est pourquoi un camion de la Police doté d'un canon à
eau stationne sur un côté de la place! Toujours une histoire d'eau,
au centre de la vaste place est érigée une fontaine en bronze datant
de 1650. De la place, sur la rue Jiron Conde de Superunda, en arrière
place de la Poste (Serpost), on aperçoit la flèche de couleur rose
bonbon de l'église Saint Dominique.
Coup d'oeil au-delà
du Rio Rimac, des quartiers modestes et déjà la montagne en arrière-plan.
Nous
traversons le Bar Cordano, à l'angle des rues Augusto Wiese
et Jiron Ancash. Ce bar qui date de 1905 conserve un charme suranné et
un côté bohème qui rappelle les célèbres bars
d'une autre capitale sud-américaine, la Havane...
Nous poursuivons notre promenade
en direction de l'église et du "Couvent" de St François.
C'est l'un des plus anciens bâtiments coloniaux du Pérou.
Nous ne disposons pas assez de temps pour visiter les célèbres
catacombes du couvent qui contiennent plus de 70 000 sépultures dont les
crânes et ossements disposés en cercles concentriques. Elles n'ont été découvertes
qu’en 1951. Ces curieuses catacombes servirent non seulement de cimetière mais
aussi de refuge pendant les guerres.
Du
parvis, en arrière du monastère, on a une vue sur le bidonville
qui monte à l'assaut de la montagne. La croix que l'on voit tout en haut
se trouve au Mirador del Cerro San Cristobal (superbe point de vue paraît-il
mais risques pour traverser les quartiers coupe-gorges pour s'y rendre).
Les tours de la façade de l'église sont faite d'une curieuse maçonnerie
alternant des rangs de pierres bosselées servant de perchoirs aux pigeons
et elles encadrent un portail-retable de style baroque. L'édifice actuel
date de 1672 (1674 ou 1625?).
La coupole de style mudéjar (hispano-mauresque)
est en cèdre de Panama tandis que la voûte est faite de bambou recouvert
de stuc. Les chapelles latérales abritent des statues de bois commémorant
divers saints personnages tel que San Martin de Porres, premier saint péruvien,
métis maniant le balai (il est inhumé dans l'église du Couvent
de St Dominique dont il fut non seulement balayeur mais aussi portier et
infirmier), San Judas Tadeo, patron des causes désespérées
(comme Sainte Rita), une sainte locale: Sainte Rose de Lima (inhumée dans
l'église du Couvent de St Dominique) ou aussi une sainte mexicaine:
Notre-Dame de la Guadalupe...
La stabilité de l''édifice serait
due au fait qu'il est construit sur des catacombes où 70 000 cadavres
(ou 80 000 donc pas seulement ceux de moines comme on peut le lire?) furent
déposés du XVe au XVIIe s.
Petit coup d'oeil dans le
cloître du couvent dont les murs sont recouverts d'azulejos,
des carreaux de faïence, importés de Séville en 1606.
Dernière soirée: Miraflores, Barranco
Nous reprenons la direction du district de Miraflores ("Regarde les Fleurs").
Aurora
nous signale des personnes "en civil" qui ont l'air de pointer la circulation.
Il s'agit "d'espions d'autobus" qui travaillent pour les compagnies
de transport et les renseignent sur les passages de bus concurrents et sur leur
remplissage.
A noter que le plus souvent les feux tricolores sont décalés,
implantés au-delà du carrefour, et munis d'un décompte lumineux
des secondes comme dans certains autres pays.
Panneaux électoraux témoignant
du métissage démographique tel celui vantant les mérites
d'un Pedro Pablo Kuczynski (origine polonaise?) pour la présidence (faible
notoriété dans les sondages) et d'un Alex Von Erhen pour le Congrès!
Nous passons devant l'ambassade d'Argentine, un bâtiment néo-hispano-mauresque...
Nous arrivons à Miraflores,
au Parc de l'Amour (El Parque del Amor) où l'on s'en va faire
un court arrêt car il déjà plus de 17 heures alors qu'à
titre personnel nous devrions déjà être à l'hôtel
pour y retrouver une jeune amie péruvienne...
L'oeuvre centrale de ce
parc, c'est "Le Baiser", une sculpture monumentale de Victor Delfin,
inaugurée lors de la Saint Valentin 1993. Rendez-vous des amoureux et c'est
un lieu de passage obligé pour les jeunes mariés comme on a pu s'en
rendre compte en cette soirée. Les bancs de mosaïque qui serpentent
sont très fortement inspirés de ceux de Antoni Gaudi à Barcelone
(Parque Güell). Des phrases de poètes romantiques péruviens y sont insérées.
Nous
y reviendrons demain, avant notre départ du Pérou.
Il est plus
de 17h30 lorsque nous retrouvons dans le hall de l'hôtel notre amie Carol,
jeune avocate de 28 ans que nous n'avions pas revue depuis 11 ans lorsque nous
l'avions reçue lors d'un séjour linguistique. Miracle, elle n'a
pas perdu son français qu'elle n'a pourtant pas l'occasion de pratiquer.
Nous
allons passer la soirée avec Carol en laissant nos compagnons de voyage
aller au restaurant pour le classique "Dîner d'adieu".
Avant
de nous emmener dîner, Carol nous propose une petite promenade dans le quartier
de Barranco, au sud de Miraflores, quartier où nous sommes passés
le premier jour, en longeant la côte pacifique. Nous voyons comment une
Limérienne (d'adoption car elle est originaire d'Arequipa) sélectionne
les taxis. Elle refuse les petites Ticos Deawoo jugées trop dangereuses.
Barranco est un ancien village
de pêcheurs devenu une station balnéaire chic, avec de grandes
villas du XIXe s. Il y a quelques décennies de grands carnavals s'y
déroulaient. C'est aussi un quartier des artistes et écrivains et
des jeunes branchés qui fréquentent les bars et boîtes de
nuit. L'écrivain Mario Vargas Llosa (le Prix Nobel de Littérature
lui a été décerné le 7 octobre 2010) y a vécu
dans les années 1980.
Nous empruntons le Pont des Soupirs (Puente
de Suspiros), un petit pont de bois créé à l'occasion
de la Saint Valentin 1876, qui franchi la Descente des Bains (Bajada de los
Baños) plantée de ficus. Donc rien à voir avec le
Ponte dei Sospiri de Venise puisque ce pont du Palais des Doges conduisait
les condamnés du tribunal à la prison. Rien de commun non plus avec
les Bridge of Sighs des Universités d'Oxford et de Cambridge, reliant
tout simplement des bâtiments et s'inspirant des ponts vénitiens
surélevés (mais justement pas de celui des soupirs qui est plat!)...
Un
panneau nous indique un lieu de repli en cas de séisme car on se souvient
ici que la terre avait fortement bougé en 1940. Sur la place du Parc Municipal
s'élève l'ancienne chapelle des pêcheurs, "La Ermita".
L'église San Francisco bâtie en 1850 est plus imposante bien
que dotée d'une seule tour.
De Barranco, nous avons une vue proche
sur la pointe Salto del Fraile ("le saut du moine") surmontée
de la Cruz del Papa illuminée.
C'est aussi dans ce quartier que nos collègues sont venus faire un tour avant de dîner dans un restaurant en bord de mer, au restaurant Costa Verde, non loin du chic Restaurant La Rosa Nautica construit sur pilotis, dans le secteur des plages La Estrella et Las Piedritas.
Pour
dîner, Carol nous reconduit dans un restaurant gastronomique, Panchita
de Miraflores, à quelques centaines de mètres de son appartement
et de l'hôtel Allpa.
C'est un restaurant pratiquement invisible
de la rue mais bien connu des Limériens qui fait penser aux brasseries
parisiennes. L'établissement est vaste et on y mange de la cuisine typique
que Carol souhaite nous faire découvrir. Ce restaurant a été
créé l'été 2009 par Gaston Acurio. Parcours
curieux pour ce chef qui après des études de droit en Espagne, s'est
retrouvé derrière les fourneaux au Cordon Bleu, à
Paris. Son projet, c'est de créer une nouvelle cuisine andine sur la base
de ''500 años de fusion". Donc une cuisine de fusion, une
cuisine métissée, à l'image de la culture et des habitants
de ce pays.
Son succès est tel qu'il n'a pas seulement vendu ses livres
mais qu'il possède plusieurs restaurants à Lima et qu'il a créé
des restaurants en franchise dans le monde hispanique américain et en Espagne.
Il s'intéresse aussi aux cuisines italienne et japonaise.
Après
tout, il s'inscrit dans la continuité d'une cuisine péruvienne métissée,
à l'image du pays. Ainsi, comme on a pu le constater au long de notre circuit,
sous l'influence de l'émigration chinoise, beaucoup de plats se présentent
sous la forme de sautés (les restaurants chinois à proprement parler
s'appellent chifas). L'immigration japonaise semble jouer à son
tour dans ce domaine.
Carol nous
propose de commencer par des anticuchos de corazón de res, des morceaux
de cur de buf marinés et grillés en brochette avec un
accompagnement de maïs et de pommes de terre au four et diverses sauces plus
ou moins relevées. S'y ajoute un plat genre parmentier (tamal servi
dans un plat plutôt que dans une traditionnelle feuille de bananier), avec
une semoule de maïs gratinée recouvrant des morceaux de boeuf finement
haché et des raisins secs. Copieux et délicieux. Le tout était
arrosé d'un excellent vin que pas chauvine pour un sou, Carol avait choisi
argentin, un Santa Julia de la région de Mendoza. Un Malbec (c'est
le cépage de notre Cahors) rouge Bio titrant 13°!
Nous n'avions
plus faim mais les Péruviens mangent beaucoup, alors Carol avait encore
commandé un autre plat! Nous passons à un sauté de boeuf
avec des tomates, oignons et "patates à la française"
(des frites!) et pour faire passer cela une toujours copieuse et délicieuse
salade avec des noix de pécan, morceaux de pomme, grains de maïs blanc,
carotte râpée...
Après de telles agapes, évidemment,
impossible d'envisager un dessert et pourtant Carol s'en verra offrir un à
emporter... suite à un incident car une desserte s'est renversée
éclaboussant un peu ses vêtements.
Après
ces bombances, il va être difficile de trouver le sommeil.
Notre amie
nous quitte... Il est 22 heures et son travail commence dès 8 heures le
lendemain. Nous, nous pourrons faire la grâce matinée...
Dernière journée: repos à Miraflores
Rien
n'était prévu au programme de notre voyagiste pour cette journée.
Le hasard des plannings de vol des compagnies aériennes aurait sans doute
pu nous faire partir très tôt alors que notre avion ne décollera
qu'à 20h35...
Ainsi nous allons pouvoir profiter d'une journée
pour récupérer la fatigue du circuit. C'est le point de vue adopté
par la majorité du groupe. Toutefois quelques courageux sont retournés
au centre en taxi afin de visiter la cathédrale, l'église Sainte
Rose de Lima, le Musée de l'Inquisition...
A 10 heures du matin, après une bonne digestion et
une bonne nuit, à 10 minutes de marche de l'hôtel, nous nous rendons
au marché artisanal, le Marché Indien ou le Marché Inca
de l'avenue Petit-Thouars. Curieux nom de rue à consonance française.
Il lui a été donné en l'honneur de Abel-Nicolas Bergasse
Du Petit Thouars, contre-amiral français qui de passage à Lima en
1880, empêcha la destruction de la ville alors attaquée par les Chiliens.
Les
étals du marché regorgent de souvenirs divers: papillons d'Amazonie
naturalisés, retables (retablos ayacuchanos) plus ou moins macabres
(initialement on y représentait de saints personnages et aussi des héros
andins), cadres, poteries et céramiques ou même des cuys en
peluche jouant de la flûte de Pan ou faisant du vélo...
Nous quittons le marché vers 11h30 et gagnons l'Ovalo, le Parque Central de Miraflores qui jouxte aussi le Parque Kennedy. Petit coup d'oeil sur la place avec l'hôtel de ville du quartier et l'église de la Vierge Miraculeuse (Virgen Milagrosa). C'est aussi l'occasion de voir les changeurs de rue pratiquer leur petit commerce, vêtus de leur gilet sur lequel est imprimé un grand "$".
Pour manger, il y a l'embarras du choix. La place et les rues adjacentes sont remplies de restaurants, pizzerias et cafés-restaurants aux noms plus ou moins exotiques: Café Haïti, Café de Paris, Café Colombia, Cafe Habana... Nous échappons aux employés des restaurants touristiques qui nous hèlent et nous nous contenterons du modeste Café La Paz.
Pour le demi après-midi
qui nous reste, nous décidons pour notre part d'aller faire un tour dans
les jardins de la corniche en profitant du soleil limérien. Carlos
nous a expliqué que la brume va venir masquer à partir d'avril pour
huit longs mois, à tel point que l'absence de soleil conjuguée avec
un taux d'humidité de presque 100% donnera alors aux Limériens un
teint livide qui permet aux habitants des hauts plateaux de les repérer
immédiatement.
Après une petite marche sur l'avenue Benavides,
au milieu des buildings modernes, nous arrivons rapidement sur la côte;
il n'y a que 500m depuis le Parque Central de Miraflores.
Nous passons d'abord au Parc Sunset avec un monument moderne en béton. De là on a une vue rapprochée et plongeante sur le restaurant sur pilotis La Rosa Nautica. Les plages en contrebas sont un lieu apprécié des surfeurs. Après un petit moment de repos, nous empruntons le pont E. Villena Rey, construit à la fin des années 1960 afin de franchir un ravin côtier. Il est surnommé "le pont ketchup" en raison des suicides qui y sont survenus. Pour éviter ces drames, il a depuis été entouré de garde-corps en plexiglas.
Nous
nous installons un bon moment au Parc de l'Amour. On peut s'amuser à
essayer de déchiffrer ou plutôt de défricher les textes qui
courent sur les bancs courbes habillés de mosaïque. Par exemple "tu
de este lado y yo de otro como dos remos" que l'on peut traduire par
"toi d'un côté et moi de l'autre, comme deux pagaies" ou
encore "la presencia de tus ojos limpios que llegada la luna hasta nosotros"
qui
pourrait dire ici "la présence de tes yeux clairs fait venir la lune
jusqu'à nous".
Plus
prosaïquement, il nous faut déjà penser au retour.
Dans le cadre d'un plus long séjour à Lima, il serait intéressant de visiter la Casa Aliaga, au centre ville, et par, la même occasion, l'église et le Couvent (monastère) Santo Domingo, ce qui fait pendant à la visite de San Francisco. De même le Musée National d'Anthropologie peut compléter la visite du Musée Rafael Larco.
Plusieurs autres musées mériteraient une visite: Musée de la Nation, Musée Enrico Poli (musée privé), Musée Pedro de Osma (encore un musée privé), Musée de l'Or... et des armes à feu! (encore un privé, fondé par Miguel Mujica Gallo mais ses détracteurs disent que la majorité des objets présentés sont des copies).
Il serait aussi possible de flâner sur l'artère piétonne Jiron de la Union. entre les places San Martin et Mayor...
Rendez-vous
à 16h à l'hôtel.
Une heure de trajet en bus, sur un itinéraire
connu, vers l'aéroport de Callao en repassant par le même itinéraire
qu'à notre arrivée: San Miguel, la Marina avec ses casinos et son
Alliance Française, ses marchands de glace à vélo.
Adieux
à Carlos.
Vol de nuit assez chahuté à quatre reprises, notamment au-dessus
du Venezuela et sur l'Atlantique. Comme pour l'aller, notre avion est un Boeing
777-200 (318 places). Puis c'est l'aube à 4h (heure péruvienne)
et deux heures plus tard nous survolons l'extrême pointe de la Cornouaille
britannique avant de longer toute la côte sud de l'Angleterre. Nos montres
remises à l'heure de la France, nous sommes à l'heure prévue
à Amsterdam à 14h45.
Trois heures d'attente et ce sera
l'avion pour Paris...
PEROU