KHIVA, Itchan Kala
la vieille ville
1- Madrassas M. Amin Khan, Matiniaz Divanbegi, Porte ouest**
2- Kalta Minor***
3- Koukhna Ark***
4- Madrassa M. Rakhim Khan*
5- Palais Tach Khaouli**
6- Mosquée Ak, M. Koutloug Mourad et Alla Kouli et Mosquée Juma***
7- Minaret et madrassa Islam Kodja, Mausolée Pakhlavan Mahmoud*
8- Artisanat de tapis et de lutrins,
tour au crépuscule et dîner en ville
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Glosssaire / Frise historique
Khiva sur Wikipédia
A PROPOS DE RELIGON(s)
l'Islam sur fond de Zoroastrisme.
Eléments sur l'ISLAM
UN HOMME, MAHOMET
Le fondateur, l'inspirateur est Mahomet (Mohamed, Mohammed, Muhammad, Mehmet,
Mohand... du fait des variations possibles que la langue arabe introduit au
niveau des voyelles) qui vécut de 570 à 632 dans la péninsule arabique.
Dans la continuité monothéiste de la Bible la révélation divine qu'il reçut
de l'archange Gabriel en 610, amena Mahomet à prêcher à La Mecque, sa ville
natale où l'on continuait de vénérer des idoles dans la Ka‘ba. L'hostilité de
la population le conduisit à s'installer à Médine ("l'hégire" en 622 devenu
An 0 du calendrier musulman) où il fut bien accueilli et divers pouvoirs lui
furent confiés. Il engagea et remporta une guerre contre La Mecque (630).
Avec le ralliement d'autres tribus se forma ainsi un Etat arabe dont Mahomet
fut brièvement le chef temporel.
UNE DOCTRINE, L'ISLAM
Venu après le judaïsme et le christianisme, l'islam se réfère au Dieu
d'Abraham qui s'est révélé aux hommes par ses prophètes, Moïse, Jésus et
Mahomet. Cette dernière révélation venant clore les temps prophétiques.
En un peu plus d'un siècle, l'islam s'est répandu au fur et à mesure des
fulgurantes conquêtes arabes dans tout le Proche-Orient, autour de la
Méditerranée, jusqu'au Maroc et même à l'Espagne (jusqu'à la fin du XVe s) à
l'ouest mais aussi jusqu'à la péninsule Indienne à l'est. Il s'est diffusé
encore plus loin, ponctuellement, à la faveur de migrations (Indonésie, Asie
du sud-est, Chine...).
On compte aujourd'hui plus d'un milliard de fidèles à l'Islam, répartis sur
les 5 continents.
Les Chiites forment une importante minorité de 200 millions de fidèles (un
tiers en Iran, un autre tiers réparti entre Pakistan et Inde).
Le Coran et la Sunna
L'Islam repose sur le Coran, texte sacré contenant les révélations divines
transmises par l'ange Gabriel à Mahomet, le prophète (en 610).
Il prône la foi en un Dieu unique, créateur et juge de la vie des hommes
qu'il sanctionne par l'accès au jardin (paradis) ou par une sorte d'enfer
mais différent de celui des Chrétiens car la géhenne n'y est pas éternelle.
La Sunna est une autre source essentielle de la foi aux yeux de beaucoup de
musulmans. Il s'agit de recueils montrant l'exemplarité du prophète, les
hadiths dont le contenu a été fixé par la tradition au IXe s.
Notions éparses sur le dogme et les institutions
A la base, l'islam est une religion sans clergé, où il n'y a pas de prêtre
entre Dieu et l'homme. Le musulman est tout simplement "celui qui se soumet à
Dieu".
Dans l'Islam, il n'y a pas de Démon mais un ange qui pousse aux mauvaises
actions face à l'ange gardien qui incite aux bonnes actions. Le bilan de la
vie écrit sur le livre est examiné par Dieu le jour du Jugement Dernier avec
l'intercession de Mahomet. Les Mauvais iront en Enfer qui est plutôt un
Purgatoire où après un séjour variable ils rejoindront les Bons au Paradis...
Outre la foi, l'absence de corruption et la charité sont des qualités
fondamentales des croyants selon cette religion.
Même si le statut de la femme fut revalorisé par la nouvelle religion
(interdit de l'infanticide des filles, fidélité des époux, droit à une
demi-part d'héritage, polygamie limitée à quatre épouses), il apparaît
aujourd'hui bien en retrait des concepts occidentaux.
Mais l'idéal islamique dépasse la seule sphère privée dans la mesure où il
vise à l'établissement de "la Loi de Dieu sur Terre". Cette vision
théocratique vient donc en opposition aux courants modernistes venant
d'Occident et prônant la démocratie. Pourtant certains pays où l'islam est
très présent ont institué des Etats laïcs (Turquie notamment).
Ailleurs, à des degrés divers, la Loi Islamique, la Sharia, sert de référence
religieuse, morale et juridique. Evidemment, elle s'appuie sur le Coran et la
Sunna mais aussi sur l'interprétation par raisonnement analogique de
théologiens et juristes de l'islam et enfin sur le consensus de la
communauté, lesquels peuvent être sujets à controverses.
Cinq écoles de la loi existent territorialement, quatre sunnites
(Inde-Turquie, Afrique du Nord, Asie du sud-est et Arabie) et une chiite
(Iran).
Le chiisme, outre ses divergences à propos des premiers califes (cas de Ali
évoqué un peu plus loin), se distingue sur le plan du culte en reconnaissant
des "saints" et en disposant d'un clergé structuré. Sa pratique se
différencie également du sunnisme par l'utilisation d'images, les
processions, le culte de Marie, au pouvoir intercesseur des prières et à
l'idée de rédemption. En cela, on pourrait dire qu'il partage des
caractéristiques avec le catholicisme.
Chez les sunnites, le courant salafiste prônant un retour à la pureté des
origines est une forme d'intégrisme qu'il ne faut pas systématiquement
assimiler à l'intégrisme violent que connaît notre époque.
Les sunnites revendiquent 85% des musulmans contre 15% pour les chiites
(surtout présents en Iran, Irak et Liban).
Pratiquement tous les musulmans ouzbeks sont des Sunnites, adeptes d'un islam
très modéré (cf .ci-dessous l'encart sur le Zoroastrisme).
A cela s'ajoute des courants que l'on pourrait dire marginaux voire sectaires
tels que les confréries soufies, un courant mystique engageant le corps. Ou
encore les Chiites alevis de Turquie, les plus hétérodoxes des musulmans.
La pratique
Les 5 piliers de la foi islamique sont
la profession de foi en Dieu et en son prophète Mahomet,
les cinq prières quotidiennes: aube (as-soubh ou al-fajr), début d'après-midi
(adh-dhouhr ), milieu de l'après-midi (al-'asr), crépuscule (al-maghrib) et
la nuit (al-'icha, avant le coucher) mais trois seulement pour les Chiites,
dites en direction de La Mecque et selon un rituel (enchaînement de postures
diverses: debout, génuflexion, prosternations, assis accompagnant la
récitation de textes du Coran). Le vendredi, ces prières peuvent être dite
dans une mosquée où elles sont complétées par le prêche d'un imam (chef
estimé de la communauté et instruit dans les choses de la religion). Après le
Ramadan (9ème mois du calendrier lunaire islamique commémorant la première
révélation reçue par Mahomet) ou lors du pèlerinage à La Mecque, d'autres
prières et dévotions s'ajoutent.
l'aumône, à l'origine un véritable impôt, est devenue un acte de charité
volontaire
le jeûne et l'abstinence (privation de nourritures, boissons et relations
sexuelles) pendant le mois du Ramadan, de l'aube au crépuscule. En cas
d'empêchement, cette obligation peut être différée.
enfin, le pèlerinage à La Mecque où le croyant est tenu d'effectuer un
certain nombre de rites.
"Les Occidentaux" retiennent surtout de l'islam un certains nombres
d'interdits qui les étonnent voire les choquent en fonction de leur culture
libérale, égalitaire et de plus en plus athée. Interdiction de consommer de
la viande de porc ou de l'alcool (mot d'origine arabe !), de représenter Dieu
et le Prophète. Obligation faite aux femmes de ne sortir qu'accompagnées d'un
homme de leur famille, de cacher leurs cheveux voire leur visage...
POUVOIR TEMPOREL, LES CALIFATS
Les premiers califes (632-661)
Les successeurs de Mahomet, dirigeants à la fois laïques et religieux en leur
qualité de chefs suprêmes de la communauté musulmane, avaient le titre de
califes et exerçaient leur pouvoir depuis l'Arabie.
L'unité dura seulement 24 ans, le temps des quatre premiers califats
("successeur" en arabe). En l'absence de directives, les chefs de tribus
choisirent une personne apparentée au prophète: son beau-père. Il désigna un
membre influent pour lui succéder. Puis ce fut au tour d'un gendre de Mahomet
(mari de Fâtima, sa quatrième fille) mais voulant intervenir sur la doctrine,
il fut assassiné par des troupes hostiles. Un cousin et gendre du prophète,
Ali, fut désigné à son tour (quatrième calife) mais fut aussitôt contesté par
Mu'awiya, un parent du précédent calife assassiné. Après affrontements et
tentatives de conciliation, il fut assassiné par ses propres adeptes opposés
à ses atermoiements. Ses fils Hasan et Hussein (petits-fils de Mahomet)
furent assassinés en 669 et 680. Il en fut de même pour les 8 imams qui
suivirent. C'est à ces derniers que le chiisme se rattache.
Les Omeyades (661-750)
Ce sont des sunnites installés à Damas. Au temps de ces califes issus d'une
tribu nomade, l'expansion de l'islam fut fulgurante, grâce à la mobilisation
de troupes indigènes (notamment les Berbères). Pourtant, sur le plan
intérieur, les sunnites eurent à faire face à plusieurs révoltes des chiites.
Le califat devint héréditaire.
Des Abbassides puissants et contestés (750-1258)
Les chiites réussirent enfin à coaliser les diverses oppositions aux Omeyades
qui furent renversés. Mais le dogme resta aux mains des sunnites sous
l'autorité d'un oncle du prophète qui fonda le plus long des califats, celui
des Abbassides (du nom de Abu al-Abbas) qui devait durer cinq siècles et dont
le centre était à Bagdad. Ce fut la période où l'islam connut son apogée sur
le plan économique et culturel.
3 califats concurrents...
A la faveur du déclin des Abbassides et en raison de la grande étendue des
terres islamisées, deux autres califats virent le jour parallèlement dans
l'ouest de la Méditerranée et durèrent environ deux siècles.
L'un chiite, en Tunisie, en 909. Ce califat est dit Fatimide (de Fatima, la
fille du prophète et épouse d'Ali). Ce califat rayonnait sur l'Afrique du
Nord. Les Fatimides furent vaincus par Saladin, sultan d'Egypte, en 1171.
L'autre en Espagne, en 929. Ce califat sunnite fut institué par un descendant
des Omeyades qui avaient fui en 755 le massacre perpétué par les Abbassides.
La capitale en était Cordoue. En 1031, il éclata en plusieurs petits états.
Le pouvoir des califes Abbassides de Bagdad s'affaiblissant au fur et à
mesure du développement d'une administration, il s'écroula sous la poussée
des Turco-Mongols (prise de Bagdad et exécution du calife en 1258) convertis
à l'islam sunnite au cours de leur longue migration vers l'Ouest.
Cependant des Abbassides réussirent à s'enfuir au Caire où ils n'eurent qu'un
pouvoir des plus réduits, sans aucun pouvoir politique, sous le règne des
sultans mamelouks.
Les Ottomans (1516-1924)
Le titre de calife fut par la suite pris par les sultans ottomans (les
Ottomans sont des peuples asiatiques arrivés tardivement au Moyen-Orient)
installés à Istanbul (ancienne Constantinople), évidemment sans que les
règles originelles de liens de parenté avec le prophète n'entrent en ligne de
compte. Ceci fut rendu possible par leur prise de contrôle des pays
islamisés, y compris l'Arabie, et par le prestige ou une forme de légitimité,
liés à la prise de Constantinople intervenue en 1453.
Après la Première Guerre Mondiale qui favorisa l'avènement de la jeune
république laïque turque, le califat n'avait évidemment plus sa place en
Turquie.
Le congrès musulman du Caire en 1926 ne permit pas de réinstaurer un nouveau
califat. Certains auraient bien vu les fondamentalistes sunnites wahhabites
d'Arabie Saoudite en prendre la tête, ce d'autant que cette mouvance riche de
ses pétro-dollars est à l'origine d'une certaine propagation de l'islam
(formation d'imams, financement de mosquées...) depuis quelques décennies.
SYMBOLES
Le croissant et l'étoile formaient le symbole de l'Empire Byzantin qui fut
repris par l'Empire Ottoman après la chute de Byzance en 1453. Ce symbole qui
était apparu bien avant en Egypte et en Mésopotamie était donc connu des
tribus turques lors de leur migration à travers l'Asie. Il a été adopté par
les paix islamiques bien après l'apparition de l'Islam.
La couleur verte est par contre vraiment associée à l'Islam car pour les
peuples des déserts d'Arabie, elle évoque l'oasis, le jardin et pour les
Musulmans, le Paradis. C'était la couleur préférée de Mahomet et elle fut
celle des étendards des conquérants musulmans.
Quelques mots sur le Misbaha, le chapelet musulman, généralement formé de 99
grains évoquant les 99 noms d'Allah et qui est aussi une sorte de
passe-temps.
5 prières
de l'Islam
Salat
en arabe
Namaz
en turc
Aube
Aurore fajr
duhan imsak
sabah (günes)
Midi dhur ögle
Après-midi asr ikindi
Soir maghrib aksam
Nuit isha'a yatsi
QUELQUES MOTS SUR L'ISLAM OUZBEK
En Ouzbékistan, les Arabes, arrivés en l’an 712, apportèrent avec eux leur
religion, l’Islam sunnite. Ce qui explique qu'aujourd'hui 90% de la
population est de confession musulmane.
Remplaçant l’ancien Zoroastrisme sans complètement en faire disparaître
certaines traces, l’Islam ouzbèk est empreint de tolérance car marqué par le
Soufisme (un courant mystique reposant sur l'intériorisation) parvenu en
Ouzbékistan vers les VIIIe-IX siècles. Ses différentes étymologies provenant
de l'arabe font référence à la pureté, à la blancheur, à l'honnêteté... Dans
la région, ce courant fut rejeté par l'Islam entre le IXe et le XIVe siècle.
En revanche, il eut la faveur de Tamerlan au XIVe siècle avant de connaître
une décadence à partir du moment où il prit une orientation politique au XVIe
siècle.
L'application rigoureuse de l'Islam s'est également trouvée dilué dans
l'athéisme (et la vodka!) de rigueur pendant les trois quarts du XXe siècle
où le pays a été intégré à l’empire soviétique.
A nuancer toutefois car une pratique plus rigoureuse existe dans la Vallée du
Ferghana et au sud-est, près de l'Afghanistan (région de Termez) où
l'intégrisme fait même des percées...
La religion est une affaire personnelle en Ouzbékistan. Alors que les femmes
portaient encore le tchador (le mot qui signifie "tente" en persan, désigne
un grand voile qui cache la chevelure et laisse le visage découvert
traditionnellement porté en Iran et en Asie centrale) jusqu'au début des
années 1930, actuellement les femmes voilées sont très rares. La dernière
lapidation de femme a eu lieu au XIXe siècle. De plus, comme on le verra, la
plupart des mosquées sont des musées, vendant des souvenirs pour les
touristes… On n'a d'ailleurs pas entendu d'appel à la prière (adhâri) par les
muezzins pour la bonne raison que cela est interdit dans ce pays dont le
président se prénomme pourtant Islam car le pays se veut "laïc" et
"démocratique", ça c'est moins évident... L'appel se borne à un simple appel,
non sonorisé, dans la cour de la mosquée.
A avoir en tête et à constater dans la position du mihrab des mosquées, c'est
que l'ouest est la direction de La Mecque pour les contrées musulmanes d'Asie
centrale, la direction vers laquelle sont orientés les corps des défunts.
C'est pourquoi on ne dort jamais les pieds ou le visage tournés vers l'ouest.
Lora nous signale que dans ces régions, on ne voit pas de fontaine dans la
cour des mosquées pour les ablutions. On se lave chez soi avant d'aller à la
mosquée et, traditionnellement, on portait des vêtements à longues manches
que l'on déroulait pour garder las mains à l'abri de toute pollution et, pour
la même raison, on rabattait l'extrémité du turban sur la bouche..
Comme dans les pays islamiques, les défunts sont toujours enterrés sans
cercueil, simplement enveloppés dans un linceul. Autrefois, les hommes
l'étaient dans leur turban dont, pour ce faire, la grandeur devait
correspondre à 2 fois leur taille. A ce sujet, Lora nous précise encore qu'à
la différence des Musulmans du Moyen-orient, ici les morts ne sont pas
enterrés le jour même ou le lendemain (selon que le décès à eu lieu le matin
ou l'après-midi) mais au bout de trois jours. Si les femmes peuvent marquer
le deuil par des cris et des pleurs, elles ne peuvent pas accompagner la
dépouille car on considère que le défunt les verrait toute nues. Selon Lora,
elles ne peuvent se rendre au cimetière qu'un an après les funérailles, bien
que ce soit une pratique proscrite (péché majeur) par des hadiths de la
Sunna.
Des traces du Zoroastrisme, l'ancienne religion
Le zoroastrisme est une ancienne religion monothéiste où Ahura Mazdâ est le
responsable de l'ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de
la Terre, le créateur de l'Univers à partir du néant. Par certains côtés,
cette religion a des points communs avec l'hindouisme et par d'autres avec le
judaïsme. Son prophète est Zarathoustra, dont le nom a été transcrit en
Zoroastre par les Grecs, personnage mi-légendaire et mi-historique qui a figé
cette religion à une période qui se situe entre les XVe et XIe siècles av.
J-C. Des textes écrits en avestique (une langue ancienne proche du sanskrit
archaïque du Rig-Véda hindou) l'évoquent.
Zoroastre prêchait un dualisme reposant sur le combat entre le Bien et le
Mal, la Lumière et les Ténèbres, dualisme présent dans l'islam chiite. Selon
Zoroastre, Ahura Mazdā a donné naissance à deux fils jumeaux, l'un est
l'esprit du Bien (Spenta Mainyu), et l'autre l'esprit du Mal (Angra Mainyu),
tous deux opposés car représentant le jour et la nuit, la vie et la mort. Ces
deux esprits coexistent dans chacun des êtres vivants. Dans le zoroastrisme,
le pire péché est le mensonge.
Les zoroastriens respectent le feu comme symbole divin de vie et d'énergie
qui leur rappelle le soleil, l'un des quatre éléments créés par Ahura Mazda,
avec l'eau, la terre et l'air. Comme les Musulmans, ils prient cinq fois par
jour.
La vie étant conçue comme un don d'Ahura Mazdā, la mort ne peut être
considérée qu'avec horreur et la décomposition du corps est l'œuvre d'un
démon. Chez les Parsis vivant en Inde et pratiquant une confession dérivée du
zoroastrisme, les membres d'une sorte de caste, les Nasālāsar, sont chargés
d'emmener les morts dans des tours du silence, appelées dakhmā. En effet dans
cette partie de l'Asie, le décharnement des corps par les oiseaux charognards
remonte à un lointain passé. L'âme du mort reste trois jours dans la tour
avant d'accéder soit au Paradis, soit à une sorte de Purgatoire, en attendant
la résurrection dans un paradis terrestre lorsque Ahura Mazdā aura vaincu
l'Esprit du Mal. En Iran, cette pratique est interdite depuis les années 1930
(mais subsiste sous une forme voisine sur les hauts plateaux tibétains et
himalayens.
Le zoroastrisme a été la religion officielle des Iraniens à trois reprises,
la dernière sous les Sassanides, pendant plus de quatre siècles, entre 224 et
651. L’Eranshahr ("le pays des Iraniens") est alors l’une des principales
puissances en Asie occidentale et centrale, aux côtés des empires romain puis
byzantin. Le dernier monarque sassanide disparut sans successeur, en 651,
après sa défaite contre le califat arabe.
A la suite de la conquête arabe, les Perses restés fidèles au zoroastrisme
ont fui vers l'est et se sont installés en Inde, où ils sont désignés sous le
nom de Parsis.
Malgré l'arrivée de l'islam, la religion zoroastrienne a réussi à se fondre
dans le patrimoine culturel iranien, en Iran comme dans les pays voisins qui
ont été à divers moment sous l'influence de la Perse, comme en témoigne la
survivance de fêtes zoroastriennes.
Ainsi, la grande fête de Norouz (mot qui vient de l'avestique signifiant
"nouveau jour" ou sens de "nouvelle lumière") est largement célébrée en Asie
depuis au moins 3000 ans et est profondément enraciné parmi les rituels et
les traditions du zoroastrisme de nombreux pays qui ont été influencés par
l'Empire perse (Kurdistan, les ex-républiques soviétiques du Tadjikistan, de
l'Ouzbékistan, de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Kirghizistan,
l'Afghanistan, des parties du Moyen-Orient, chez les Parsis et hindous
zoroastriens et de la vallée du Cachemire ou encore par les Salars, dans la
province de Qinghai, en Chine... Cette fête a lieu à l'occasion de l'équinoxe
de printemps, dont la date varie entre le 19 et le 21 mars.
Aujourd’hui, il reste moins de 200 000 zoroastriens en Iran et dans le monde.
La moitié d’entre eux vit dans le nord de l’Inde.
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Etape suivante: BOUKHARA et ses environs
Samedi 6 septembre
Nous avons quitté l'aéroport d'Ourghentch à 6H30. C'est la capitale de la
province du Khorezm, qui a détrôné Khiva.
Il y a une trentaine de kilomètre à parcourir.
Khiva est rapidement en vue.
Le Khwarezm (Xorazm en ouzbek), également appelé Kharezm, Kharism, Khorezm,
ou encore Khwarizm (noms issus du vieux perse signifiant "pays du soleil",
est une région historique située au sud de la mer d'Aral, entre Ouzbékistan,
Turkménistan et Iran. On y trouve notamment les villes historiques de Kounya-Ourguentch
et de Khiva. Le Khwarezm était le fief de la dynastie des Khwârezm-Shahs,
appelés parfois Khorezmiens, entre 1077 et 1231.
La fondation de Khiva est née d'une légende: Sem, le fils de Noé, s'arrêta
son chemin, fit un somme et rêva d'un puits et de 300 torches allumées.
Immédiatement, il fit creuser sur place et l'eau jaillit. Khiva est née
autour de ce puits appelé Keivah. La région particulièrement aride a
développé un système d'irrigation complexe à partir du IIe millénaire av.
J-C. et a été visitée par différents conquérants: Perses, Grecs,Arabes,
Mongols, Ouzbeks. Khiva fut, du XVIe siècle jusqu'au début du XXe siècle, la
capitale d'un khanat, longtemps vassal de la Perse. Le khanat de Khiva
(1512-1920) était l'un des trois khanats ouzbeks issus de la dislocation du
khanat de Djaghataï, avec ceux de Boukhara (qui englobait Samarcande) et de
Kokand. La Russie établit un protectorat du khanat de Khiva en 1873 avec le
traité de paix de Guendema. Khiva est située dans une oasis à 470 kilomètres
de Boukhara et à 40 kilomètres du fleuve Amou-Daria, au bord du canal Palvan-Yap,
à un tout petit peu plus de 100 mètres d'altitude. Au nord-ouest, elle
confine à la région de Kouchkoupir, au nord à la région d’Ourguentch, au
nord-est à la région de Yanguiarik, au sud-est au Turkménistan. La partie sud
de la ville est limitrophe du désert du Karakoum. Le climat est continental,
marqué par la chaleur d'un long été, la rigueur de l’hiver court et la rareté
des précipitations. La température moyenne est 4,5° au mois de janvier et
27,5° en juin, mais elle peut atteindre 44°. La quantité de précipitations
annuelles s'élève à 90-100 mm. La population de Khiva, dont le territoire est
de 883 hectares, dépasse 55 000 habitants dont 2000 qui sont revenus
s'installer dans la vieille ville.
A 9H45, nous arrivons près de vestiges de la seconde ceinture de
fortifications de la ville, puis nous longeons un moment l'imposante première
enceinte de 2,2 kilomètres dont l'origine remonte au Ve siècle, renforcée au
XVIIe, et qui englobe le chakhristan, le coeur de la ville couvrant 26
hectares. Sur l'énorme talus qui appuie les remparts, on peut apercevoir de
petites constructions qui sont en fait des tombeaux. En effet, dans la
tradition, si quelqu'un mourrait hors des murs, il ne pouvait pas être inhumé
à l'intérieur de l'enceinte.
1 - Madrassas Mohammed Amin Khan (1851-1853) et Matiniaz Divanbegi (1871),
Porte ouest (Ota Darvoza)**
Les monuments de la vieille ville de KHIVA sont classés au patrimoine mondial
par l'UNESCO depuis 1990.
Notre découverte de la vieille ville de Khiva commence avec notre hôtel de
caractère, l'Orient Star, situé près de la porte ouest.
En fait, ce superbe hôtel de charme est une ancienne madrassa (ou médersa),
c'est-à-dire une ancienne école coranique, la Madrassa Mohammed Amin Khan.
Elle porte le nom d'un puissant khan qui après une série de conquêtes au
Karakoum (Turkménistan actuel) dut affronter l'hostilité des peuples conquis
réunis, ce qui aboutit à sa décapitation en 1855, tandis que la ville subit
70 ans de pillage turkmène.
Le titre de khan était un des nombreux titres utilisés par les sultans de
l'empire ottoman ainsi que par les grands chefs mongol et par les dynasties
turques seldjoukides pour désigner le dirigeant de plusieurs tribus, clans ou
nations.
La générosité que les khans montrent pour la chose religieuse à travers la
construction de madrassas (ou médersas) n'était pas qu'une marque de piété
désintéressée car les familles de étudiants (sauf les plus démunis) devaient
acquitter des frais de scolarité qui parfois rentabilisaient largement leur
investissement.
Cette école coranique construite sur deux niveaux au milieu du XIXe (1851-53)
est la plus vaste que comptait la ville puisqu'elle pouvait accueillir 250
étudiants, à raison de 2 par cellule, et aujourd'hui elle peut accueillir 138
touristes. Pour la construire, un avait fallu détruire une partie des
fortifications. Fait inhabituel, les cellules ont des ouvertures sur
l'extérieur, celle de notre chambre ouvre sur un balcon donnant sur la porte
ouest et la statue d'al-Khorezmi. Le coté nord du quadrilatère est
pratiquement adossé Kalta Minor, "le minaret inachevé" dont nous reparlerons.
Après avoir pris possession de notre chambre, il est 10H et il est bien temps
de penser à un petit déjeuner tardif. L'hôtel n'a pas de salle de restaurant
et c'est dans une madrassa voisine transformée que nous nous rendons. Le
Restaurant Khiva résulte de la transformation de la Madrassa Matiniaz
Divanbegi construite en 1871.
Nous apprécions, mais la transformation de ces deux monuments en hôtel et en
restaurant n'est pourtant pas du goût de l'UNESCO.
[KHIVA, vue sur l'ouest: quartiers récents ]
[KHIVA,la]
Lora, notre accompagnatrice, nous confie pour la journée à Samira, une guide
locale.
Nous nous rendons à la Porte ouest ou Ota Darvoza. La porte du XVIIe siècle
avait été détruite en 1920 afin de faciliter la circulation des automobiles.
Sacrilège et grossière erreur car pour redonner un semblant d'authenticité,
il a fallu en reconstruire une vague copie il y a une quarantaine d'années
(1975).
Arrivés, hors les murs, on a une vue sur l'imposante fortification d'une
dizaine de mètres de hauteur, faite de briques recouvertes de pisé. En
longeant la façade ouest de l'hôtel, nous arrivons au pied de la statue d'al-Khorezmi
(Abou Abdallah Muhammad Ben Mūsa 'al-Khuwārizmī), célèbre personnage natif de
la ville qui a vécu de la fin du VIIIe au milieu du IXe siècle. Ce célèbre
mathématicien khorezmien, surnommé "le père de l'algèbre" était aussi
géographe, astrologue et astronome à la Cour Perse. Son nom est à l’origine
du mot algorithme. Il fut le premier à répertorier et à classer les méthodes
de résolution d'équations. Le titre de l'un de ses ouvrages est à l'origine
du mot algèbre (en 825). Par ailleurs, l'utilisation des chiffres arabes et
leur diffusion dans le Moyen-Orient et en Europe sont dues à l'un de ses
autres livres qui traite des mathématiques indiennes.
Nous poursuivons jusqu'au pied d'un grand panneau disgracieux mais
pédagogique qui présente la carte de la Route de la Soie, ou plus exactement
DES routes.
On voit clairement que l'Ouzbékistan, la Bactriane il y a deux millénaires,
se trouvait au milieu du réseau en X qui reliait l'Extrême-Orient à l'Europe
par des itinéraires caravaniers, en passant par Samarcande et Boukhara.
Khiva, se trouvait sur le rameau partant vers le nord-ouest, via le
contournement de la mer d'Aral, en direction de l'Ukraine, des Balkans et de
l'Europe du sud.
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2 - Kalta Minor, "le minaret court" (1852-1855) ***
[KHIVA, Kalta Minor (le minaret inachevé)] [KHIVA, Kalta Minor (le minaret
inachevé)] [KHIVA, Kalta Minor (le minaret inachevé)]
Revenus dans la ville ancienne, sur la rue principale ouest est, Palvan Oori,
nous nous intéressons au Kalta Minor, le "minaret court", haut de 26 mètres,
puisque inachevé du fait du la mort du Khan Mohammed Amin en 1855.
Le monument commencé en 1852 devait être le plus haut minaret du monde
musulman en s'élevant à plus de 70 mètres. La légende dit que son architecte
aurait trahi le khan en ayant accepté secrètement de construire un minaret
encore plus élevé pour l'émir de Boukhara. En raison de cette trahison, la
légende dit que le traître fut précipité du haut du minaret lorsque le khan
en fut informé.
Une variante dit que le khan avait prévu de l'assassiner de cette façon mais
seulement une fois la dernière pierre mais l’architecte ayant appris ce qu'on
lui réservait se serait enfuit laissant la tour inachevée...
C'est une magnifique tour conique revêtue de céramique d'une douce couleur
vert jade, le vert étant une couleur que l'on retrouve souvent à Khiva.
Sur la rue, les marchands ont installé leurs étals: marchands de vestes et
toques en fourrure, de jouets en terre cuite représentant des scènes de la
vie quotidienne, de sifflets en forme d’animaux mythiques...
[KHIVA, Kalta Minor] [KHIVA, Kalta Minor]
A PROPOS DE MINARETS...
La construction de minarets (dérivé du turc ottoman manâra signifiant
"phare"), ce type d'architecture à vocation religieuse est bien antérieur à
l'Islam. On peut évoquer les ziggourats (de l'akkadien signifiant "très
haute") en Mésopotamie à partir du IIIe millénaire avant l'ère chrétienne.
Les tours à feu servaient de point de repère aux caravaniers dans le désert
et aux marins en Méditerranée (Phare d'Alexandrie) et aussi pour y élever des
idoles. Bien plus tard, les premières église chrétiennes syriaques s'en sont
inspirées.
En Asie centrale, on peut citer deux autres sources d'inspirations pour ce
type de construction. Ce sont les tours du silence (tours funéraires) des
anciens Zoroastriens mais aussi les stupas des Bouddhistes qui étaient
présents dans ces régions avant l'arrivée des Arabes. Des vestiges de la
première catégorie subsistent dans le Khorezm (Nukus) et de la seconde dans
la région de Termez (stupa de Zurmala remontant au IIe siècle av. J-C).
Les Musulmans se sont approprié le concept bien que Mahomet n'en ait pas fait
mention. Ces tours servant à la fois de "phares" dans le désert, à affirmer
sa puissance, constituaient aussi un moyen commode pour appeler les fidèles
aux cinq prières quotidiennes, ce qui explique leur présence à proximité des
mosquées. Leur forme tout comme leur nombre (un à six, un seul servant à
l'appel) est variable selon les contrées. Le plus vieux minaret que l'on
connaisse est celui de Kairouan en Tunisie, commencé en 670.
Les minarets d'Ouzbékistan sont en brique et renferment un escalier en
colimaçon qui conduit à la "lanterne". C'est une prouesse d'architecture
devoir que certains de ces édifices ont pu défier le temps dans des régions
soumises à de fréquents désordres sismiques. Le plus beau et ancien minaret
dont il subsiste la section inférieure (12,5 mètres de hauteur) est celui de
Jarkurgan (province de Surkhondaryo, à une quinzaine de kilomètres au nord de
Termez). Il a été construit au tout début du XIIe siècle et se distingue par
son parement cannelé qui n'est pas sans rappeler celui du Yivli Minare
d'Antalaya en Turquie, plus récent d'un siècle. Ce type de forme cannelée ou
colonnaire s'est retrouvé dans d'autre édifices: mausolées du Khorasan en
Perse, palais de Varakhsha près de Boukhara (il date du VIe siècle) et, d'une
certaine façon, le mausolée d'Ismaïl Samani que nous verrons dans quelques
jours, près de Boukhara. La construction de minarets s'est vraiment répandue
en Asie centrale aux XIV-XVe siècles.
Le minaret le plus haut et le plus ancien que nous verrons dans ce voyage est
le Kalon (ou Kalyan) de Boukhara, haut de 47 mètres (ou 48?), orné de 16
ceintures de briques décoratives et surmonté d'une lanterne en rotonde percée
de 16 fenêtres avec arc. Un monument édifié au XIIe siècle qui inspira le
respect au dévastateur Gengis Khan lors de sa conquête de ces territoires au
siècle suivant. On peut encore parler de minarets, moins hauts et plus
récents. Citons Islam-Khoja de Khiva, haut de 45 mètres, mais construit il y
a seulement un siècle (vers 1910) en remplacement de minarets antérieurs.
Toujours à Khiva, il faut faire une mention particulière au Kalta Minor, "le
minaret court" car inachevé. Il devait être le plus haut et le plus gros du
monde islamique en atteignant 70 mètres. La mort du maître d'ouvrage, au
milieu du XIXe siècle, pendant la construction l'a laissé avec ses 26 mètres
(ou 29?) de haut, pour un diamètre à la base considérable avec 14,50 mètres.
A Samarcande, au début du XVe siècle, Tamerlan est à l'origine de la
construction du Gour-Emir qui possédait quatre minarets, deux ont disparu à
la suite du tremblement de terre au XIXe siècle et les deux que l'on voit ont
été restaurés en 1996 mais ils n'ont plus que la moitié de leur hauteur
initiale. Toujours à Samarcande, il faut citer ceux des trois madrassas du
Reghistan, madrassas construites, la première, au XVe siècle et, les deux
autres, au XVIIe. Des dix minarets initiaux, six subsistent (deux dans chaque
madrassa). A noter ici, qu'il y a un glissement de fonctionnalité, certains
minarets prennent la place des tours d'angles des citadelles, forts et
caravansérails, non plus avec un rôle défensif mais avec un rôle purement
décoratif...
Avant de visiter la citadelle, un petit tour par le Zindan, la prison, un
édifice de 1910. On y voit menottes, fers et autres instruments de torture
ainsi que des gravures explicitant les divers châtiments (bastonnade,
exposition au soleil...). Dans les cas les plus graves, les coupables étaient
empalés ou précipités du haut d'un minaret. Pour les femmes, on pouvait
atteindre un grand raffinement de cruauté: on les enfermait dans un sac avec
un chat puis on frappait avec un bâton. Bien plus que le bâton, c'est les
griffes du chat qui défiguraient la coupable.
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3 - Koukhna Ark, la forteresse (Ve-XIXe siècles)***
[KHIVA, musée du Zindan (prison)]
[KHIVA, musée du Kourinich Khana (Cours de réception)]
Face à la madrassa Mohammed Amin, sur l'autre côté de la rue principale,
s'élève un mur aveugle de la forteresse, Koukhna Ark. Elle remonte aux
origines de la ville, au Ve siècle et les différents khan l'ont agrandie et
transformée jusqu'au XIXe siècle.
Son accès se fait sur la façade est.
Nous commençons par la mosquée d'été (1838) aux carreaux de céramique bleus
et blancs, aux motifs en arabesques, et aux écritures coraniques en style
coufique. Le bleu est souvent dans les tons turquoise, "la couleur des
Turcs".
Les motifs floraux du plafond en marqueterie introduisent des coloris plus
chauds. On distingue les céramiques d'origine de celles qui ont été
restaurées par une différence de coloris, les pièces anciennes sont plus pâle
et porte une numérotation.
Au fond de la cour, l'ancien Hôtel des Monnaies est devenu un musée où sont
exposées diverses collections: pièces, médailles, billets en soie, maquette
de forge où l'on frappait la monnaie.
Majoliques de Khiva et mosaïques de Boukhara et de Samarcande
La majolique est un assemblage de carreaux de céramique, de 3 cm d'épaisseur,
qui était utilisée ici, à Khiva, au XIXe siècle. Une technique postérieure à
celle de la mosaïque que l'on verra sur les édifices plus anciens à Boukhara
et Samarcande.
Ici, chaque carreau a été peint, numéroté et et recouvert d'un émail qui a
été vitrifié lors de la cuisson. Pour la pose, chaque carreau être fixé sur
le mur support avec un clou en son centre. Elles ont tenu jusqu'à nos jours.
Elles sont l'œuvre d'un artisan doué, dont on connaît le nom: Abdullah Djinn.
Il utilisait trois couleurs : le blanc, le bleu et le vert. L'ocre est
arrivée plus tard. Les motifs sont floraux (des pétales, des feuilles, des
tiges qui s'enroulent en spirale), appelés islimi (qui a été traduit en
Europe en " arabesque "), ou géométriques (étoiles, svastikas, dessins en
"S", losanges à crochets) et dans ce cas le motif s'appelle Ghirih (d'un mot
arabe qui signifie " nœud "). Ces motifs sont d'origine perse et on les
retrouve dans toute la décoration y compris sur les tapis et les tissus.
L'artisanat était subventionné par le gouverneur, et les artisans
bénéficiaient d'ateliers ou kitabkhana où ils pouvaient former leurs élèves
et chercher des innovations techniques ou artistiques. Les artisans
voyageaient et pouvaient être appelés à travailler pour d'autres mécènes.
L'art musulman de ce fait est assez homogène dans toute l'Asie centrale.
On peut voir les parties restaurées par une différence de nuance de couleur,
en partie volontaire et aussi en partie du fait que les anciens artisans
protégeaient jalousement leurs secrets.
A Boukhara et Samarcande, sur des édifices plus anciens, aux XVe-XVIIe
siècles, la technique utilisée de mo'arraq était très différente et plus
complexe. Il s'agissait de réaliser des mosaïques à partir de fragments de
faïence ou tesselles de différentes couleurs qui sont taillés à la demande et
assemblés comme un puzzle sur un lit de mortier pour former des panneaux aux
motifs complexes. On retrouve cette technique dans les zelliges au Maroc.
Nous poursuivons par la Kourinich Khana (1804-1806), la salle du trône où le
khan accordait des audiences. Sur le côté nord, se trouve un iwan ouvert,
typique de l'architecture turco-moghole (on en trouve aussi dans les palais
moghols du nord de l'Inde) supporté par des piliers de bois dur sculpté
(noyer, orme...) et aux murs ornés de céramiques où il s'installait en été, à
l'abri de la chaleur. Une plate-forme circulaire en maçonnerie de brique
construite dans la cour supportait une yourte où se déroulaient les audiences
en hiver. Dans la salle contiguë, on peut voir un mihrab et une copie du
trône en bois recouvert d'argent (l'original de 1816 dérobé par les Russes au
XIXe siècle se trouve à Saint Petersbourg, au Musée de l'Hermitage).
De la cour, un accès (tarif 1€) par un escalier raide conduit à une tour, le
bastion Akchikh-Bobo, appuyé aux fortifications ouest de la ville. C'est
l'édifice de la ville dont l'origine est la plus ancienne (antérieure à l'ère
chrétienne): tout à tour ermitage, tour de garde ou arsenal. La plate-forme
aménagée à son sommet offre une belle vue panoramique sur le nord et l'est de
la ville.
De retour dans le quartier, on peut voir des fours en terre cuite tandyr ou
tandoor, en forme de jarre, servant à la cuisson du pain ouzbek.
[KHIVA, bastion Akchikh-Bobo de la forteresse de l'Ark]
[KHIVA,]
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4 - Madrassa Mohammed Rakhim Khan (1871) *
La madrassa Mohammed Rakhim Kan, tout comme la Madrassa Matiniaz Divanbegi, a
été construite en 1871. Elle est dotée de lourdes tours d'angle coiffées de
céramiques vertes. La façade a été restaurée il y a 20 ans à l'occasion du
150e anniversaire de Mohammed Rakhim Khan (1864-1910). Ce khan, monarque
cultivé, poète et compositeur à ses heures, était connu sous le nom de plume
de Ferouz. Dans le musée qui y est aménagé, on peut voir des collections de
coiffes et vêtements princiers ainsi que des portraits photographiques qui
datent d'un siècle.
En ressortant, on se trouve face à l'entrée austère de la Madrassa Arab
Mohammed Khan.
[KHIVA, Madrassa Mohammed Rakhim Khan]
[KHIVA, Madrassa Arab Mohammed Khan]
14H, il est bien temps de penser à manger mais il est vrai que le
petit-déjeuner n'a été pris qu'à 10H !
Nous déjeunons, non pas chez l'habitant comme indiqué sur le programme, mais
dans une tchaikhana, la Tea House Farrukh dont la cour est occupée par des
yourtes. C'est donc touristique mais on y sert des plats traditionnels. Pour
notre part, le repas est servi dans une salle. Premier repas avec des salades
de légumes bien appétissantes et on prend donc le risque mais Lora nous dit
qu'en buvant du thé pendant le repas durant une petite période
d'acclimatation, on peut éviter les ennuis digestifs. On aura également un
ragoût de légumes.
Bien sûr, on fera aussi connaissance avec le fameux pain ouzbek, célèbre en
Asie centrale. Le non ou nân (comme en Inde) ou naan (khlièb en russe) est un
pain plat et rond, en forme de grande galette, fait d'une pâte à base de
farine de blé et sans levure, orné au centre d'un motif propre à chaque
boulanger et imprimé avant cuisson à l'aide d'un tampon de bois munis de
petites broches serrées, avant d'être enfournées et collées aux parois
chaudes du four tandyr (ou tandoor) Traditionnellement, ce pain était servi
dans les tchaikhanas, des maisons de thé, qui mettaient leurs cuisines à la
disposition du client, chacun y apportant sa viande ou ses légumes. Ces
maisons de thé que l'on trouve dans les bazars et au bord des routes sont
aujourd'hui devenues le plus souvent des restaurants comme c'est le cas ici.
Mes menus y sont toujours les mêmes, mais l’éventail des spécialités d’Asie
centrale est suffisamment important pour permettre de varier les plaisirs.
[KHIVA, tchaikhana Tea House Farrukh] [KHIVA, tchaikhana Tea House Farrukh]
[KHIVA, tchaikhana Tea House Farrukh]
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5 - Palais Tach Khaouli (1830-34) **
[KHIVA, Harem du Palais Tach Khaouli]
A 15h15, nous repartons en visite vers la partie orientale de la vieille
ville. Nous commençons par le Palais bâti dans la première moitié du XIXe
siècle par Alla Kouli Khan (1794-1842). En effet les Khans, ne résidaient
dans la forteresse Koukhna Ark qu'en cas de nécessité. Le Khan voulait que
son architecte réalise en trois an, un vaste ensemble comportant 163 pièces
réparties autour de trois courts. Mal lui en pris de suggérer que le délai
serait trop court. Il fut aussitôt empalé. Pourtant, il avait raison car son
remplaçant ne put mener le projet à bien qu'en huit années, malgré le labeur
d'un millier d'esclaves.
Nous commençons la visite par le côté sud, avec la salle de réception, Ichrat
Khaouli (1832-1834) avec son iwan au plafond soutenu par des piliers de bois
sculptés et aux murs recouverts de céramiques et au plafond richement peint
où le khan s'installait pendant la saison chaude. Dans la cour, une
plate-forme circulaire servait à y installer une confortable yourte pour les
banquets ou les audiences en hiver. A l'étage des chambres étaient destinées
aux invités.
Nous poursuivons par la cour du harem (1830-1832). Sur la gauche, au sud,
cinq iwans servaient de demeure au Khan et à ses quatre épouses légitimes. On
peut voir des détails intéressants au niveau de la base des piliers des
iwans, avec des socles en marbre parfois ornés du svastika et avec un épais
disque de feutre en poil de chameau intercalé entre le poteau de bois et le
socle. Ce dernier dispositif est destiné à amortir les variations de
dilatation des matériaux (forte amplitude thermique) et les ondes de chocs
des tremblements de terre.
A propos de Svastika
Le (plutôt que "la" comme on est tenté de dire) svastika dextrogyre (tournant
ou pointant vers la droite mais tournant vers la gauche) représente le char
solaire, symbole religieux panthéiste d'origine aryenne et indo-européenne
(voire chinoise?) omniprésent dans l'hindouisme où il est associé au
dieu-éléphant Ganesh. Il est repris dans la symbolique jaïne et bouddhique
(signe présent sur le thorax du Bouddha) pour signifier également la
prospérité, la chance (en Chine pour symboliser l'éternité). Il s'est répandu
de l'Extrême-Orient à l'Europe qui en ont fait un porte-bonheur et même les
Musulmans l'ont représenté comme on le voit ici mais sa réputation est
entachée depuis le siècle dernier lorsqu'il fut détourné et adopté par les
nazis sous le nom de croix gammée.
C'est un symbole cosmique autour duquel gravitent de nombreuses
interprétations. Evoquant le mouvement perpétuel de rotation autour d'un
point fixe, celui de l'univers, cette croix représente le développement dans
le multiple, en partant du point central représentant l'unité cosmique et ses
4 branches rappellent les quatre éléments (eau, terre, feu et air), les
quatre domaines dans lesquels l'homme peut renaître: le monde animal ou
végétal, l'enfer, la terre et le monde de l'esprit. Elles pointent aussi vers
les quatre points cardinaux et leur forme coudée évoque le monde en mouvement
tout en signifiant que la vérité, l'absolu, ne sont pas faciles d'accès et
qu'il faut déjouer les illusions pour atteindre la réalisation. Pour les
Hindous, les branches aux extrémités incurvées et les quatre points ajoutés
près du centre évoquent aussi les quatre étapes de la vie (jeunesse,
activité, retraite et renoncement), les quatre Vedas.
Sur le côté nord de la cour, s'alignent les 47 appartements plus modestes
destinés aux servantes et aux concubines. La partie basse est quasiment
aveugle, à part quelques portes et fenêtres à moucharabieh, tandis que
l'étage présente une alternance de loggias et de parties pleines.
Une partie des salles a été transformée en musée. On peut notamment y voir un
carrosse en assez mauvais état qui avait été offert par le Tsar.
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6 - Mosquée Ak (1838-42), Madrassas Koutloug Mourad Inak (1804-18) et Alla
Khouli Khan (1834) et Mosquée Juma (1788) ***
Arrivés près de la porte est, sur notre droite on voit la petite Mosquée Ak
ou Mosquée blanche (1838-1842) aux portes finement ciselées.
Sur notre gauche, nous arrivons sur les plates-formes surélevées de madrassas
koch, donc en vis-à-vis, sans pour autant être symétriques, ce qui est
interdit par l'Islam.
A l'ouest, avec son austère façade dans l'ombre à cette heure-ci, la Madrassa
Koutloug Mourad Inak (1804-1818). Ses tourelles d'angle sont coiffées de
céramiques. C'est la première médersa de Khiva à posséder deux niveaux de
cellules. Une réserve d'eau (sardoba) a été aménagée sous sa cour intérieure.
A droite, l'enceinte du Palais voisin forme un angle surmonté d'une tour (gulsasta)
dans lesquelles sont fichées des sortes de potences. Une venelle sépare ce
mur du palais de celui du caravansérail et du bazar (tim) Alla Kouli Khan.
La madrassa Alla Kouli Khan (1834) s'élève face à la précédente madrassa. Son
haut portail (pishtak), le plus haut de la ville, est décoré classiquement de
majoliques de couleurs dominantes bleu et blanc. Cette madrassa royale
comptait 99 cellules et sa construction avait nécessité la démolition
partielle des fortifications (comme près de la porte ouest avec la madrassa
Mohammed Amin Khan, notre hôtel). Elle est due à l'un des plus puissants
khans de Khiva, fils de Mohammed Rakhim Khan.
[KHIVA, Mosquée Ak (Blanche), Madrassa Koutloug Mourad Inak et Palais Tach
Khaouli (en après-midi, direction s-ouest)]
[KHIVA, Madrassa Koutloug Mourad Inak, Madrassa Alla Khouli Khan et Mosquée
Ak (en soirée, direction n-est)]
[KHIVA, minaret de la Mosquée Juma]
Revenant sur nos pas dans la rue principale, nous arrivons dans l'édifice le
plus étrange de Khiva, l'ancienne mosquée du vendredi, Juma Masjid qui date
de 1788.
Une atmosphère apaisante y règne comme dans une grotte. La pénombre est
seulement percée par deux puits de jour. Bien que très différente, il me fait
penser à la cathédrale-mosquée de Cordoue par cette pénombre et par la forêt
de colonnes, ici 313 (ou 218 ou 221, selon d'autres sources) piliers en orme
sculptés. Quatre de ces piliers ont plus de mille ans puisque provenant de
Kath, l'ancienne capitale du Khorezm au Xe siècle. D'autres ont également été
récupérés à différentes époques (Xe, XIe, XIVe, XVe siècles). Elles
s'appuient généralement sur des socles en marbre. Le travail de sculpture a
parfois fait appel à des artisans indiens qui ont apporté une touche
syncrétique discrète puisque sur un pilier, là où l'on pense voir un
feuillage, ce serait en fait une silhouette du Bouddha...
Dans cette atmosphère naturellement religieuse, on ne songe même pas à
chercher le discret mihrab. Au pied de la mosquée est érigé un minaret de 33
mètres.
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7 - Minaret (1910) et madrassa Islam Khodja (1908), Mausolée Pakhlavan
Mahmoud (1810-1835) *
[KHIVA, minaret ISlam Khodja]
[KHIVA, minaret ISlam Khodja]
La madrassa Islam Khodja est l'un des plus importants et récents monuments de
Khiva est dû au Grand Vizir Islam Khodja , au service des khans Mohammed
Rakhim puis de son fils Isfandyar, devenu khan par la suite. Il fit réaliser
sur ses deniers personnels non seulement cette école coranique et le minaret
mais aussi de grands équipements (filatures, dispensaires, poste et
télégraphe) et impulsa des réformes notamment en développant des écoles
publiques. Ce dernier volet de son action fut mal vu des religieux qui, avec
l'assentiment du khan, le firent assassiner en 1911 par le Ministre de la
Guerre Nazar Beg. Isfandyar fit complètement le ménage en faisant enterrer
vivant l'architecte d'Islam Khodja...
La madrassa qui compte 42 cellules date de 1908 et sert de musée de Arts
Appliqués.
Quant au minaret construit en 1910, c'est le plus haut de la ville avec ses
45 mètres. Sur son tronc conique des bandes de céramiques bleues et blanches
alternent avec des briques de couleur ocre. Outre sa fonction religieuse, il
servait de tour de garde pour parer à d'éventuelles attaques des Turkmènes,
en quête d'esclaves, et il a aussi servi de tour radio par les occupants
soviétiques assiégés en 1924.
L'édifice que nous visitons ensuite est un mausolée célèbre, celui de
Pakhlavan Mahmoud. A l'est de l'édifice monumental, près d'un ancien ossuaire
zoroastrien, on peut voir une série de sépultures voûtées en brique et
superposées sur plusieurs niveaux. En effet, bien que la région soit
désertique, la nappe phréatique est peu profonde et les défunts ne sont pas
enterrés afin de ne pas la polluer. Cela est un souci qui fait écho à
l'ancien culte des quatre éléments par les Zoroastriens: eau, terre, air et
fau.
[KHIVA, Mausolée Pakhlavan Mamhoud]
[KHIVA, Mausolée Pakhlavan Mamhoud]
Le personnage vénéré ici comme Saint Patron de la ville est nimbé de légende
puisqu'il a vécu aux XIIe-XIIIe siècles. Pakhlavan Mahmoud était un fourreur,
lutteur, guerrier et poète en langue perse. Il a aussi introduit le soufisme
dans cette cité. Un premier mausolée fut édifié sur l'emplacement de son
atelier et ses disciples ont été "enterrés" près de là du XIVe au XIXe
siècle. Entre 1810 et 1835, Mohammed Rahim Khan Ier et son fils Allakouli
Khan ont été à l'origine de l'édifice actuel.
Le portail situé au sud (1701) donne accès à une cour. Du côté gauche se
situent des cellules (hujra). Au fond, l'auberge des pèlerins (khanagha) et
de mausolées. Sur la droite, se trouve la mosquée ainsi qu'un puits où les
jeunes filles en quête de mari ou encore les jeunes couples en mal d'enfant
viennent boire.
Le dôme turquoise qui surmonte l'édifice a été restauré suite aux dégâts
provoqués par les tempêtes de neige de 1993. La grande salle carrée surmontée
d’une haute coupole couverte de carreaux bleu vernissés abrite les
sarcophages de trois khans, deux du XVIe (Abulghazi Bahadur et de son fils et
successeur Anoucha), et ceux d'Alla Khouli et de Mohammed Rakhim qui ont
régné au XIXe siècle. Le sarcophage du dernier cité est placé dans une niche.
La pièce de gauche que l'on peut voir au travers d'un panneau incrusté
d'ivoire est somptueusement décorée de céramiques mordorées est le saint des
saints avec le tombeau de Pakhlavan Mahmoud.
Le mausolée fut fermé par les Soviétiques en 1959 et transformé en musée
révolutionnaire...
Dans le quartier, on peut voir ces fameux à pain fours en terre cuite tandyr
en forme de jarre.
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8 - Ateliers de tissage de tapis et de fabrication de lutrins.
Un petit tour au crépuscule puis dîner en ville
Sur le chemin de retour vers la porte ouest...
Ici, les habiles menuisiers font des lutrins magiques, pouvant s'ouvrir en
3,6, 9, voire 12 positions différentes. C'est un jeu astucieux d'emboîtements
que le maître réalise d'un coup de main magistral. Je ne vois pas d'utilité à
ce genre d'objet, malheureusement.
Et là, on teint le fil de coton tandis que dans les salles entourant la cour,
des jeunes femmes assises côte à côte par 2 ou par 3 à ras de sol, fabriquent
des tapis sans modèle sous les yeux et en moins de temps qu'il ne faut pour
le dire font un double noeud sur les fils de chaîne et coupent prestement le
fil
Plus loin, nous pénétrons dans une petite cour où se trouve un atelier de
travail du bois pour la fabrication de petits objets utilitaires ou
décoratifs: dessous de plats, saladiers dépliables et les fameux lutrins qui
servent à présenter le Coran ou tout autre livre. Ils sont astucieusement
taillés dans une seule pièce de bois qui est sculpté. En fonction de la
taille du lecteur et du livre, ceux-ci peuvent être ouverts en 3, 6, 9 (et
paraît-il jusqu'à 12 positions), symétriques ou non. Selon la taille et la
complexité, le prix peut aller de 10 à 50€
A 18H, nous sommes de retour à l'hôtel où Samira nous quitte.
Il est bien trop tôt pour regagner notre chambre malgré la fatigue du voyage
qui se fait sentir. Il faut encore profiter du charme de cette petite ville à
une heure où les touristes la désertent tandis que les marchands des rues
rangent leurs étals.
On a alors l'impression de se promener presque seuls dans un musée à ciel
ouvert et l'on a peine à croire que 2000 habitant vivent intra-muros. Nous
reparcourons la rue principale éclairée par la chaude lumière du soleil
couchant: de la Madrassa Mahommed Rakhim Khan à la Madrassa Alla Kouli Khan.
Puis l'envie nous vient de franchir la porte est, Palvan Darvoza ("porte
orientale de la cité" dites aussi "portes géantes") qui se présente sous la
forme d'une longue voûte de 60 mètres de long où peuvent passer de petits
camions. Les niches sur les côtés, après voir servi de cachots pour les
esclaves ont été transformées en boutiques au XIXe siècle. Jadis, c'est à
cette porte que l'on faisait les annonces, et aussi là que les exécutions se
déroulaient.
Au-delà de la porte, sur la droite est édifiée la Mosquée Saïd Niaz Cheliker
Bey (1842) avec ses neufs dômes et le minaret Palvan Kari. C'est maintenant
la mosquée principale (Jama Masjid) pour la grande prière du vendredi, en
lieu et place de l'ancienne Juma devenue musée dans la ville close.
Nous rentrons en suivant un itinéraire au sud de la rue principale: Mosquée
Ak, madrassa et minaret Islam Khidja, Mausolée Pakhlavan Mahmoud, Mausolée
Saïd Allauddin (XIV e), Kalta Minor et enfin à la porte ouest, la Madrassa
Mahommed Amin Khan, notre hôtel...
[KHIVA, minaret Kalta Minor]
Nous dînons en ville, sur la terrasse du Toza Bogh Palace, avec un
environnement de madrassas (Koubai Khidza, Chirgazi Khan). Délicieux repas
traditionnel, arrosé d'un petit verre de vodka si l'on veut: 4 assortiments
de salades, soupe tchutchvara tchorba avec des morceaux de légumes et de
petites boulettes de viande, 4 raviolis (2 chuchvara à la courge et 2 manty à
la viande) et un biscuit pour finir.
Fatigués et l'estomac ainsi rempli, on va pouvoir dormir du sommeil du juste
!
______________________________________________________
BOUKHARA
1- Trajet vers Boukhara
2- en périphérie: Tchor Minor*, Sitoraï-Makhi-Khosa*, Mausolée Bakhaouddin*
3- Ensemble Po-i-Kalon***
4- Paire de madrassas: Ouloug Beg et Abdoul Aziz Khan**, bazars et mosquée
Mogok-i-Attari
5- Liab-i-Haouz**
6- Mausolées d'Ismaïl Simani ** et Tchachma Ayoub, Grand Marché*
7- Registan: mosquée Bolo-Haouz** et citadelle de l'Ark
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Glosssaire / Frise historique
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UNE FÊTE MAJEURE : LE MARIAGE
En Ouzbékistan, on peut citer trois rituels festifs marquant des étapes
importantes de la vie.
Beshik Tuy ou Bechikh toy correspond à la célébration de la naissance.
Pour les garçons, la fête Sunnat Tuy est celle de la circoncision qui se
pratique à 3, 5 ou 7 ans et marque leur initiation à l'Islam.
Nous allons décrire un autre rituel, le plus important, Nikoh Tuy, le mariage
auquel sont associés divers arts de la culture: peinture, poésie, musique,
danse et théâtre. Evidemment, chaque région possède ses particularismes.
Après la chute de l'URSS, le mariage religieux a fait un retour en force de
même que la polygamie peut de nouveau être pratiquée car l'Islam autorise un
homme a prendre quatre épouses légitimes. Dans la pratique, le cas se
présente rarement car il faut être riche pour avoir les moyens pour
entretenir pareillement ces épouses.
Le MARIAGE est un évènement qui se déroule dans la durée, en trois temps.
A signaler que dans la tradition, c'est le fils cadet qui doit rester au
domicile de ses parents dont il a la charge. Avec la mobilité et
l'urbanisation, cela est remis en question, de même lorsque la famille n'a eu
que des filles. Dans ce cas, c'est par une participation financière que les
enfants soutiennent leurs vieux parents.
1- Avant le mariage viennent ce que l'on peut qualifier de fiançailles.
Traditionnellement, lorsqu'un garçon venait à être en âge d'être marié, ses
parents se mettaient à la recherche d'une épouse s'ils n'avaient pas déjà
fait ce choix dès l'enfance de leur fils. A l'époque des grands parents de
Lora, au milieu du XXe siècle, les mariages étaient encore systématiquement
arrangés. Ce fut le cas de sa grand mère "qui fut mariée" à l'âge de 13 ans.
Il faut savoir qu'actuellement la pratique des mariages arrangés par les
familles se rencontrent dans deux classes sociales: chez les riches afin de
faire un mariage avec une fille qui soit au moins du même niveau social et
chez les pauvres où l'on tente de faire épouser au garçon une fille d'une
famille un peu plus aisée. Entre les deux, dans la classe moyenne, les
mariages d'amour prédominent, correspondant au seul choix des jeunes, même si
les parents rhabillent l'union sous les apparences des rituels traditionnels.
Les parents du garçon faisaient conforter leur choix par un entremetteur.
Après quoi on rentre dans un enchaînement très ritualiste et codé. Tout
d'abord, la mère du garçon, accompagnée de quelques (deux) autres femmes de
la famille, se rend au domicile de la jeune fille choisie pour une première
visite. Après de longues salutations, elle offre à l'autre mère des
confiseries (des bonbons blancs) et un pain, enveloppés dans une nappe
blanche. Autrefois, la mère du garçon commençait par balayer la route devant
la maison de la jeune fille. Elle s'adresse à ses hôtes en ces termes "Nous
avons quelque chose à vous proposer" ou encore de cette façon plus poétique
"Dans votre jardin, il y a une jolie fleur et nous, nous avons un jardinier".
Les visiteuses sont invitées à entrer pour une visite qui ne dépasse pas les
10 minutes à un quart d'heure. La mère de la jeune fille disparaît avec le
paquet qui lui a été remis puis revient et rend la nappe. Si les présents y
sont restés, la démarche pourra encore être renouvelée deux autres fois.
Toujours pour gagner du temps mais plus directement, elle peut aussi dire
qu'elle doit consulter son mari (à défaut le fils aîné) avant de donner une
réponse. La réponse est donnée lors de la visite suivante qui a toujours lieu
un Vendredi, le jour sacré de l'Islam.
S'il y a accord, cette fois ce sont quatre hommes de la famille du garçon qui
participent au rumol-berdi, "la remise du mouchoir". Lors de la visite aux
parents de la jeune fille, chacun reçoit un paquet contenant une chemise et
quelques friandises, l'un des paquets contenant le mouchoir de la mariée, ce
qui confirme le consentement.
Cela débouche sur l'engagement qui à lieu au domicile de la jeune fille où
les deux familles et leurs proches se réunissent autour du dastarkhan
(l'endroit où l'on dispose la nourriture, ce peut être simplement une nappe
étalée sur le sol) où sont posées des plats garnis de gâteaux et friandises
pour signifier le souhait d"une "douce vie" aux jeunes gens.
Un ou deux mois après cette rencontre d'engagement, la famille du garçon
donne un dîner où l'on sert obligatoirement le plov (pilaf), le plat
traditionnel à base de mouton ou de boeuf mais aussi d'oeuf qui symbolise la
fertilité. Il est accompagné de riz, de carottes jaunes et oranges en fines
lamelles, d’oignons et enrichi grâce à de l’huile de graines de coton. Il est
préparé dans un chaudron en fonte, chauffé par un feu de bois de préférence.
Le plov est distribué aux amis et voisins afin de faire connaître la bonne
nouvelle. Toutes ces rencontres se passent en l'absence des "promis".
2 - L'étape centrale et la plus importante est évidemment le mariage
proprement dit, Katta Tuy qui se déroule sur deux ou trois jours.
Cela commence par un rituel religieux appelé Nikoh ukish au cours duquel un
imam récite une prière destinée à sanctifier le mariage.
Le marié entouré d'un groupe d'amis qui le masquent ainsi à la vue des gens,
se rend au domicile des parents de son épouse où la table est dressée pour y
servir neuf plats différents, une poitrine de mouton étant spécialement
réservée au marié. Une bande de tissu blanc est étendue à partir du seuil. Le
marié s'avance sur cette bande de tissu puis la coupe en deux en gage de
stabilité de l'union. Après avoir bu un peu de thé dans un bol, les invités
doivent y mettre de l’argent pour aider le couple tandis que la mère de la
mariée a apporté des oeufs cuits et des morceaux de sucre qu’elle met dans
les poches du marié. Après les signatures, le mariage est enregistré ce
jour-là. A l'issue de ce rituel, le marié rentre chez ses parents. Modernité
oblige, aujourd'hui, c'est aussi le moment où le jeune couple se fait dresser
le portrait (photo et vidéo).
Le jour suivant, cela commence très tôt par un plov préparé à l'initiative de
la famille du marié par le oshpaz, un cuisinier qualifié dans cet art. Ce
repas n'est destiné qu'aux hommes et peut en rassembler plusieurs centaines,
au son des flûtes (karnai et surnai) et des tambourins (dayereh). Le plov
doit être prêt pour la fin de la première prière, aux environs de 5H30, de
sorte que le repas soit fini avant que commence la journée de travail. Pour
respecter le sarpoykiydi (la mise traditionnelle), les invités les plus
importants ont revêtu leur manteau matelassé (chapan). Cela se termine par
une prière de l'imam pour indiquer aux yeux de toute la communauté (mahalla)
que le mari est désormais responsable de son épouse. Après quoi les invités
retournent vaquer à leurs occupations. Pendant ce temps, les femmes festoient
de leur côté, chez les parents de la mariée, avec les ingrédients pour le
plov apportés par la famille du marié. Dans certaines régions, le plov déjà
préparé est apporté dans une grande marmite.
Le soir venu, la maison du marié est envahie de proches et d'amis qui
attendent la cérémonie de la "conduite du marié". Une procession s'organise
avec des porte-flambeaux munis de torches accrochées à des perches qui
forment une escorte au marié tandis que ses amis l'accompagnent en chantant
au son des instruments de musique et en avançant doucement vers la maison des
parents de son épouse. On voit ici une survivance zoroastrienne qui fait un
écho lointain au culte du feu. Le marié vêtu d'un manteau matelassé (chapan)
à ceinture (turma) et portant un turban ou une calotte à coins carrés (dobpa
ou dopa ou encore doppe), chaussé de bottes souples (kavich), avance les yeux
baissés en signe d'humilité, une qualité qui prévaut sur les autres. Pendant
ce temps, la famille de la mariée a préparé un grand feu devant la porte de
la maison pour qu'il luise lorsque le cortège du marié apparaît. Si le feu se
trouvait alors être complètement consumé, ce serait un mauvais présage. Avant
de franchir le seuil de la maison, le marié doit alors faire trois fois le
tour du feu dans le sens solaire, c'est-à-dire, le sens inverse des aiguilles
d'une montre. C'est alors que commence le rituel de l'isolement appelé
chimildik. Pour cela, un rideau est tendu dans un coin de la maison afin que
les jeunes mariés échappent aux regards des autres personnes. Deux chandelles
sont allumées pour symboliser deux âmes qui se sont trouvées pour ne plus en
former qu'une. La mariée en habits traditionnels arrive dans la pièce
habillée du costume traditionnel puis est conduite vers ce coin, entourée de
proches et précédée par la femme la plus âgée de sa famille qui chante des
versets souhaitant le bonheur aux époux. En fait, il s'agit d'anciens textes
zoroastriens traduits en arabe. Pendant cette courte procession, deux
tranches de pain sont brandies au-dessus de la tête de la mariée. Puis c'est
au tour du marié d'être conduit de la même façon. Le but de ce rituel est de
savoir lequel des époux "portera la culotte", autrement dit, qui sera le
chef. Pour cela, les jeunes mariés dissimulés derrière le rideau doivent
essayé de marcher sur les pieds de l'autre pendant qu'un proche passe une
bougie allumée au dessus de la tête des mariés en mouvements circulaires. Le
premier qui y parvient sera le chef du foyer. On devine que les filles ne
font pas grand chose pour l'emporter. Après quoi, revenus avec les autres
personnes, on leur présente un bol de lait qui symbolise la richesse. Le
garçon boit en premier. Puis on leur présente une coupe d'eau sucrée pour
leur assurer une vie douce. Les jeunes célibataires, garçons et filles,
boivent également de cette eau sucrée. Après ces rituels, le garçon retourne
chez lui.
Le lendemain, vient le moment solennel, où l'épouse quitte la maison de ses
parents, le visage dissimulé derrière un voile léger (paranja), conduite par
son père ou à défaut son frère aîné, en apportant la dot. Elle touche trois
fois le genou de son père pour indiquer que désormais elle ne fait plus
partie de sa famille de naissance. Autrefois, outre des présents en or, la
dot était placée dans un joli coffre de bois remplis de vêtements et de
choses utiles au jeune ménage. Les housse des matelas, couvertures et
coussins sont faites en suzani. Souvent la mère de la mariée a commencé à
réunir la dot lorsque sa fille était encore toute jeune. Dans beaucoup de
région, c'est la jeune fille elle-même qui exécute ces broderies de suzani
pour prouver ses compétences et son éducation et révéler ses talents
artistiques, son imagination ou sa fantaisie. A Tachkent, l'usage est que sa
famille équipe deux ou trois pièces avec tout ce qui est nécessaire: meubles
et appareils ménagers, tapis, rideaux, draps, vaisselle... sans oublier les
40 robes que la jeune mariée doit changer de robe tous les jours pendant 40
jours. Souvent deux ou trois cents invités, très rarement moins de cinquante,
venant des deux familles sont de la fête, en soirée désormais le plus
souvent. Au son de la musique, le marié vêtu des habits traditionnels et la
mariée qui tient les yeux baissés, dissimulée derrière un voile semi
transparent, s'installent à la place d'honneur tandis que la fête bat son
plein. A ce stade du cérémonial, dans les villes, on voit se généraliser le
port par les mariées de robes blanches de type occidental. Dans les villes,
aujourd'hui, la fête doit se terminer à 22H (ou 23?). A la fin de la fête,
après s'être inclinés trois fois pour saluer les invités et avoir reçu les
voeux des invités, les époux gagnent la maison où les accueillent des proches
de la famille qui ont allumé un autre feu devant la maison. Le mari doit en
faire trois fois le tour en portant son épouse dans ses bras avant d'entrer.
Dans la pièce, un rideau est tendu dans un coin (chimildik) pour protéger
l'intimité des jeunes mariés tandis que les proches jettent par dessus le
rideaux des bonbons et de la monnaie. Dans ce coin, le lit nuptial a été
préparé par les tantes et proches des familles après un simulacre de bataille
entre les familles. Dans plusieurs régions, au bout de deux nuits, le jeune
couple doit donner une preuve de la virginité de l'épouse. La tradition veut
que les draps tachés soient exhibés pendant 40 jours à la vue de tout le
monde. Cela fait écho aux 40 jours que dure le deuil et à la quarantaine des
femmes après l'accouchement. Si la femme avait perdu sa virginité avec son
futur mari avant le mariage, souvent un poulet prévu à cet effet sera
sacrifié pour sauver les apparences. Dans d'autres situations plus délicates,
les jeunes citadines recourent à une réfection de l'hymen.
A signaler que dans la tradition, c'est le fils cadet qui doit rester au
domicile de ses parents dont il a la charge. Avec la mobilité et
l'urbanisation, cela est remis en question, de même lorsque la famille n'a eu
que des filles. Dans ce cas, c'est par une participation financière que les
enfants soutiennent leurs vieux parents.
3- Selon les régions, entre un à trois jours après le mariage, la jeune femme
est reçue de bon matin en tant qu'invitée par ses beaux-parents, pour le
rituel des voeux à l'épouse (kelin salomi). La cour de la maison est remplie
de parents, proches, amis et voisins tandis qu'une musicienne chante en
s'accompagnant d'un tambourin (dayereh). La mariée vêtue d'une belle robe et
le visage dissimulé par un voile va à la rencontre des invités qui lui
offrent leurs voeux de bonheur et lui remettent des cadeaux ou de l'argent,
tandis qu'en retour, elle leur remet un mouchoir blanc ou une serviette, car
c'est la tradition d'échanger ainsi des cadeaux dans plusieurs régions du
pays. Cela peut durer des heures au cours desquelles la mariée change
plusieurs fois de toilette. Lorsque c'est fini, un garçon arrive avec un
rameau d'abricotier ou de pommier à la main et il relève le voile de la
mariée pour indiquer qu'elle est admise dans sa nouvelle famille et son
nouveau voisinage. Les hommes de deux familles recommencent à festoyer.
Les festivités se terminent par une réception des jeunes mariés chez les
parents de l'épouse, au bout d'une semaine ou plus. A Tachkent, seules les
femmes y participent tandis que dans d'autres régions, hommes et femmes sont
concernés mais réunis dans des pièces séparées. Il y a encore échange de
cadeaux comme il se doit. Le jeune couple peut se contenter d'offrir une
boîte de chocolats ou de bonbons tandis qu'il se voit offrir des choses de
plus grande valeur (tapis, appareils ménagers, etc).
d'après "The inimitable colouration of the uzbek wedding" par Iroda TURDIYEVA
publié dans Uzbekistan Airways Inflight Magazine n°2/2014 et grâce aux
explications de Lora.
LA CULTURE DU COTON
La plante et sa culture
Le coton est une fibre végétale de couleur blanche qui entoure les graines
des espèces communément cultivées de cotonniers (Gossypium), une plante
herbacée de la famille des Malvacées (à laquelle appartiennent également
hibiscus, roses trémières, mauves et guimauves ainsi que les espèces
arbustives et vivaces de cotonniers sauvages) qui ne supporte pas le gel.
Cette fibre naturelle la plus répandue dans le monde est transformée en fil
pour fabriquer des tissus. Son utilisation remonte à plusieurs millénaires
tant en Amérique (Mexique, Pérou) qu'en Inde.
La culture du coton s'est répandue dans les régions tropicales humides (plus
de 500 mm de précipitations par an) à la fin du XVIes siècle. Elle s'est
amplifiée à partir de la Révolution Industrielle du XIXe en se développant
même dans des zones plus sèches grâce à l'irrigation. Ainsi, les Soviétiques
sont à l'origine des 147 000 km de canaux créés en Ouzbékistan, au détriment
de la Mer d'Aral.
La culture du cotonnier nécessite une saison végétative longue, beaucoup de
soleil et un total de 120 jours arrosés pour assurer la croissance. Lora nous
précise que cet arrosage est effectué 7/7 jours et 24/24H jusqu'à ce que la
plante atteigne 25 cm puis, à nouveau, pendant 3-4 jours lorsque les capsules
sont formées.
La culture intensive du coton (comme celles du soja ou du maïs) a parfois
vidé le sol d’une partie de sa matière organique.
Une mauvaise gestion de l’irrigation et une utilisation abusive d’engrais et
de pesticides ont conduit à la salinisation des sols et à la désertification
d’immenses étendues dans la région. La qualité des eaux souterraines s'est
également dégradée et le niveau des nappes phréatiques a fortement baissé.
En effet, mal conduite, l’irrigation peut avoir des conséquences dramatiques
sur les sols, surtout dans les régions au climat sec et chaud. En effet, si
elle n'est pas drainée, l'eau stagne et s’évapore lentement, laissant en
dépôt les sels dissous qu’elle contient, stérilisant progressivement les
terres.
Un temps sec, ce qui n'est pas un problème avec le climat d'ici, est
indispensable en fin de cycle végétatif pour permettre la déhiscence des
capsules et éviter le pourrissement de la fibre.
Pour lutter contre les parasites du cotonnier, et pour défaner chimiquement
le cotonnier avant récolte, on utilise des pesticides souvent à base
d'arsenic qui pollue et dégrade les sols.
"La fleur" et la récolte
Un pied de coton porte des fleurs à cinq pétales, sans odeur, parfois de
trois couleurs différentes: blanc, jaune et violet pâle. Ensuite des capsules
aux parois épaisses et rigides se développent. Lorsqu'elles s'ouvrent,
apparaissent des graines et des bourres de coton blanches (certaines
anciennes variétés sud-américaines, au Pérou notamment, ont des nuances qui
vont du noir au blanc, en passant par le marron, l'orange et le jaune). Une
capsule à maturité pèse 2 ou 3 grammes. Il faut savoir que les cueilleurs
arrivent à en ramasser de 40 à 200 kg par jour. Lora ajoute qu'à l'époque
soviétique les étudiants et même les écoliers dès l'âge de 13 ans étaient
astreints à la cueillette qui commençait en septembre et se prolongeait
parfois pendant trois mois, alors que la neige était tombée. Aujourd'hui,
seuls les étudiants y sont encore astreints mais 10% d'entre eux parviennent
à être "dispensés" de cette corvée moyennant des relations ou le versement de
bakchich (500$)...
Avant d'être expédié pour le tissage, le coton est débarrassé des restes de
sa capsule et des 8 graines produites par chaque fleur. Ces graines sont
utilisées à 80% pour la production d'huile, le reste servant de semence pour
la récolte suivante.
La culture du coton en Ouzbékistan est un monopole d'Etat, lequel détermine
la production et le prix d'achat. Précisons que l'Etat est aussi propriétaire
du sol.
L'Ouzbékistan est le sixième (ou cinquième?) producteur et le troisième
exportateur (ou quatrième?) de coton du monde avec 850 000 tonnes par an.
L'Ouzbékistan exporte l'essentiel de sa production vers la Corée du sud, par
voie aérienne (avions cargos) !
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Dimanche 7 septembre
Après le petit-déjeuner et un dernier regard sur la Kalta Minor et le
quartier de la Porte ouest de Khiva..
A 9H30 nous prenons la route pou un très long trajet de 450km pour rejoindre
Boukhara. Un trajet qui demande 6 longues heures en voiture (il faudrait une
heure par la voie des airs), pauses non comprises... ce qui signifie pour
nous plus de 9 heures !
1 -Trajet entre Khiva et Boukhara (450 km !)
Pour commencer, il faut repasser par Ourguentch, la capitale administrative
de la province de Khorezm, une ville en plein développement par les
constructions en cours ou les immeubles bas bardées d'antennes paraboliques
qui jalonnent la voie rapide. 150 000 habitants probablement...
Modernité aussi avec le trolleybus qui vient en contraste avec les vieux
tracteurs soviétiques à trois roues (une seule roue à l'avant) et les petites
carrioles tirées par des bourricots.
Modernité encore avec la marée de véhicules récents de marque Chevrolet,
berline et minivans construits dans la vallée du Ferghana, tout à fait à
l'est du pays qui viennent faire pendant aux Ladas soviétiques hors d'âge.
La présence policière sur la route est un autre élément qui va se confirmer
par la suite.
Quittant l’oasis du Khorezm, la route longe en partie le cours du fleuve Amou
Darya et traverse les étendues sablonneuses semi-désertiques du Kizil-Koum
("Sables Rouges").
Nous franchissons bientôt le plus grand fleuve qui arrose la frontière sud du
pays, l'Amou Daria. Long de près de 2600km, il traverse le pays d'est en
ouest, après avoir traversé le Tadjikistan voisin où il prend naissance, dans
le massif du Pamir, à la frontière avec la Chine. Même s'il est encore large
ici, c'est pourtant bien en Ouzbékistan qu'il vient lamentablement mourir en
mer d'Aral, vidé de son eau prélevée pour l'irrigation du coton.
Après trois quarts d'heure de route, un premier arrêt devant les étals de
marchands de gros melons jaunes et de graines séchées. Les premiers sont très
rafraîchissants et un peu sucrés et les secondes sont parfaites pour un
agréable grignotage.
Dans un paysage sans grande végétation, la couleur est donnée par les
buissons violets de tamaris en fleurs. Paysage de campagne: champs de
tournesol en fleur, élevage de dromadaires, gens afférés, bien qu'il soit
dimanche, à la récolte du coton. Mais malheureusement et curieusement, il est
interdit de s'arrêter dans les champs au moment de la cueillette.
Petites maisons basses, parfois avec un toit en terrasse, faites de brique de
terre crue recouverte d'un enduit de pisé ou chaulées. Et sur la route,
quelques camions et très peu de voitures et toujours des ânes.... N'étant pas
spécialiste de l'espèce asine, peut-être s'agit-il parfois d'hybrides, donc
de mulets.
Par moment la route est passablement abîmée, ce dont les passagers installés
à l'arrière du bus sont les premières victimes.
Il est bientôt midi, cela fait 2 heures et demie que l'on roule et le paysage
prend un air désertique. Sur le sable ne poussent que quelques touffes de
plantes épineuses. Un paysage qui fait penser à celui du Rajasthan. Seuls
éléments incongrus: quelques stations-service et minimarkets, des espèces de
caravanes-roulottes rouillées et comme abandonnées ou des tuyaux noirs
destinés à la construction de gazoducs ou d'oléoducs. Et au milieu de nulle
part, un poste de police, avec chicane, où il faut marquer l'arrêt même si
notre bus et son chauffeur passent sans subir de contrôle. Partout, on va
retrouver ces postes de contrôle tous les 50 à 80 kilomètres.
C'est donc une région aride, quasi désertique pourtant il s'y passe des
choses puisque l'on voit aussi des engins de génie civil: foreuses,
niveleuses et bulldozers.
Avisant une belle dune sur le côté droit de la route, Lora ménage un petit
arrêt de trois quarts d'heure pour nous dégourdir car il est déjà 13H30 et
une "pause technique" peut parfois s'imposer. Dans ce désert où pousse des
tamaris et des acacias, vit aussi une faune adaptée: sangliers, vautours,
tortues, varans, serpents, lézards et petites marmottes du désert au pelage
couleur sable. Plus loin, en roulant, nous en apercevrons une fugitivement.
Après une petite grimpette sur la petite dune, nous avons l'occasion de voir
de près un lézard qui a tôt fait de se réfugier à l'ombre d'une branche afin
de se rendre moins visible. A propos de mimétisme, nous ne somme pas assez
malins pour observer les "insectes brindilles", les phasmes parfaitement
mimétiques.
[Dune dans le désert du Kyzyl Koum (Sables Rouges)]
Une petite demi-heure de route. 200km parcourus et il est 14h15.
Nous nous arrêtons dans un petit restaurant, très local, posé au milieu de
nulle part mais disposant sans soute d'une source car quelques arbres
poussent alentour. Repas bizarre ressemblant un peu à un pique-nique puisque
Lora nous a fait apporter un panier avec les crudités, les fruits et ...la
vodka! Le restaurant nous fournit 4 chaussons farcis (sortes de pains mince
ou de galettes repliées), 2 à la pomme de terre et 2 à la viande, puis un
chachlik, brochette de mouton peu garnie puisque constituée de trois morceaux
de maigre et d'un morceau de gras placé au milieu. Bon, on ne peut pas dire
quand même que l'on est mort de faim.
[Sur le trajet entre Khiva et Boukhara] [Sur]
14H15, il est temps de repartir pour affronter les 250km qui restent à
parcourir aujourd'hui. Un chantier d'élargissement de la route pour en faire
une voie rapide est en cours et la présence des Chinois est possible comme le
laisse penser l'utilisation d'engins et de camions chinois. La modernisation
de l'infrastructure routière est en cours, avec la construction de nouvelles
autoroutes, pouvant résister aux grands écarts de températures
caractéristiques de ce pays au climat très continental.
Tiens, quelque chose de peu banal. Un routard chevelu et barbu à vélo qui
comme nous se dirige vers l'est. Un peu fou sous ce soleil ardent, l'absence
de villages, les risques liés aux nids d'éléphants qui amènent à faire des
écarts. De plus, porte-bagages et sacoches sont lourdement chargés avec
tente, matelas en mousse et duvet, car les nuits dans le désert sont
fraîches. Nous imagions qu'il va mettre de semaines à faire un parcours
ressemblant au nôtre. Grosse erreur. Nous le redépasserons à la fin de notre
circuit, peu avant Tachkent.
Toujours les étendues sablonneuses dont la caractéristique est l'aridité et
qui fait hésiter entre un classement en désert ou en steppe car, à quelques
kilomètres de distance, le paysage varie constamment. Il faut préciser que ce
dernier terme a trouvé son origine en Asie centrale (provenant du russe :
степь, [step]). Des lignes de plantations courent parallèlement à la route
afin de lutter contre son ensablement tandis que l'on retrouve une section de
route en grands travaux. Puis ce sont encore des constructions rudimentaires
(abris de bergers sans doute), des gazoducs, des relais de téléphonie
hertziennes et peut-être aussi des "grandes oreilles".
Nous avons dépassé la petite bourgade de Gazli et le paysage reverdit peu à
peu et des zones de cultures font leur apparition: vergers, arachide (?),
maïs, coton. Tout cela bien sûr avec les inévitables ânes tirant des
carrioles de fourrage qui est amoncelé près des fermes près desquels ont voit
des troupeaux de vaches regagnant leur étable. Des canaux d'irrigation plus
ou moins envahit de végétation spontanée parcourent la plaine. Certaines
parcelles de coton sont en cours de cueillette. Le transport se fait par
camion mais aussi dans des remorques aménagées à cet effet, simples ou
doubles , tirées par des tracteurs ou plus modestement sous forme de ballots
convoyé par un équipage asinien.
Ce sont enfin les faubourgs modernes ou plutôt la banlieue de Boukhara avec
son lot de maisons et de petits immeubles en construction. Une ville située à
230 mètres d'altitude et peuplée de 250 000 habitants selon Wikipédia et de
350 000 habitants selon Lora... Les Boukhariotes sont turcophones de langue
ouzbèke, comme dans la majorité du pays, mais il en est aussi de langue
tadjike (variante du persan). On compte également une communauté juive,
autrefois importante, aujourd'hui presque disparue.
Historique sommaire de BOUKHARA
La légende attribue la fondation de Boukhara à l'antique roi-héros iranien
Syāvouch. Fondateur malheureux car sa mère adoptive en étant tombée
amoureuse, il dut s'enfuir dans la steppe. Le nom de la cité vient du sogdien
Buqaraq (pensez à baraka) qui signifierait "lieu fortuné" et Vihara en
sanskrit qui désigne un monastère bouddhiste.
Boukhara est située au centre-sud de l'Ouzbékistan, sur le cours inférieur de
la rivière Zarafshan, au milieu d'une oasis, à la limite orientale du désert
de Kyzyl Kum. Elle était reliée par voies caravanières à Merv et aux vallées
des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria. Avec Samarcande, Boukhara se trouvait au
croisement de divers itinéraires caravaniers de la Route de la Soie et au
milieu de ce gigantesque axe de communication entre l'Orient et l'Occident.
L'oasis de Boukhara, active dès l'antiquité, a très tôt attiré la convoitise
de ses États voisins: déjà au VIe siècle av. J-C., les rois de Perse dont,
plus tard, Darius, l'avaient envahie. En 329 avant J-C., après l'invasion de
l'Iran par Alexandre le Grand, le territoire de Sogdiane, dont faisait partie
Boukhara, devint une possession grecque jusqu'au IIe siècle av. J-C.. Entre
la fin du Ier siècle av. J.-C. et la moitié du IVe siècle, Boukhara fit
partie du royaume de Kushan fondé par les nomades Yuezhi, originaires du nord
de la Chine. C'est au début de cette époque que commence à s'établir un
commerce avec les pays d'Occident et ceux d'Orient.
Boukhara a été occupée en 710 par les troupes arabo-islamiques durant le
califat des Omeyyades: le général Qutayba ben Muslim y établit son autorité
sur un prince local. L'héritier du trône de Boukhara, Tougchada, se rallia
rapidement à l'Islam et la ville devint un grand centre culturel, faisant
alors partie de la province du Khorassan, dont le chef-lieu était Merv. À
cette époque, la ville occupait une superficie d'environ 30 à 35 hectares et
était entourée d'un rempart percé de sept portes. Les rues étaient orientées
selon les points cardinaux et s'organisaient comme un échiquier. C'est la
cinquième ville sainte de l'Islam, après La Mecque, Médine, Jérusalem et
Hébron
Au IXe siècle, la ville devient la capitale de la dynastie persane des
Samanides (875-999) et l'aspect de la ville fut à nouveau modifié: on compte
alors onze portes d'accès, le rabad (faubourg) s'étend autour de la ville
close (chakhristan) et la structure de la ville correspond à une répartition
socioprofessionnelle des lieux de résidence, de nombreux mausolées et
mosquées sont édifiés Des savants, poètes, écrivains résidaient à Boukhara au
Xe siècle comme le grand médecin et philosophe Avicenne (Abu Ali Ibn Sînâ),
le savant encyclopédiste al-Biruni (mathématicien, physicien, astronome,
historien). Citons encore al-Boukhârî (810-870), un important compilateur de
hadiths (recueils de paroles attribuées à Mahomet).
En 999, la ville fut envahie par les Qarakhanides, un peuple turc venu de
l'ouest de la Chine. À cette époque, des monuments, encore visibles
aujourd'hui, furent édifiés: le minaret d'Arslan-Khana (minaret de Kalian),
la mosquée de Magoki-Attari, la mosquée de Namezgokh, le mausolée de Tchachma-Ayoub
(la source de Job). En 1220, Gengis Khan s'empara de la ville qu'il saccage
en grande partie. La ville fut intégrée à l'empire des Timourides en 1370 et
perdit de son importance politique au profit de Samarcande mais en 1506, la
dynastie des Chaybanides s'empara de Boukhara et, dans la seconde moitié du
XVIe, Abdullah Khan fit de la ville le centre politique du khanat de
Boukhara. Le khanat de Boukhara (1599-1920), qui englobait Samarcande, fut
l'un des trois khanats ouzbeks issus de la dislocation du khanat de Djaghataï,
avec ceux de Khiva et de Kokand. À partir de 1599, une nouvelle dynastie
commença à régner, les Astrakhanides, bientôt secouée par des querelles
internes importantes. Puis, en 1740, le roi de Perse Nâdir Shâh envahit le
khanat de Boukhara, nomma comme gouverneur Muhammed-Rakhim-Khan. Ce dernier
se proclama émir, fonda une nouvelle dynastie, les Manghit (1753-1920).
Cette période amorce le déclin de Boukhara. Boukhara tombe sous le régime du
protectorat russe en 1868, avant de perdre définitivement son indépendance
avec la prise de la ville par l'Armée rouge le 2 septembre 1920 et son
rattachement à la Russie bolchevique qui deviendra la République socialiste
soviétique d'Ouzbékistan dans le cadre de l'URSS sous Staline. Faïzoulla
Khodjaïev (1896-1938), natif de Boukhara, le premier dirigeant de cette
république socialiste soviétique d'Ouzbékistan sera d'ailleurs exécuté lors
des purges staliniennes.
Il y aura tant de choses à voir ici, dans une ville qui dit-on, au début du
XXe siècle, comptait 237 madrassas actives et autant de mosquées qu'il y a de
jours de l'année. On peut aussi lire que la ville a compté un millier
d'édifices religieux.
140 monuments sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1993,
sur la ville proprement dite ou dans ses environs.
Nous pénétrons dans la ville dont on gagne les anciens quartiers situés au
sud, l'ancien quartier juif aux rues défoncées et poussiéreuses et aux
bâtiments à l'aspect lépreux. Rien d'engageant en apparence et pourtant c'est
là que l'on nous dépose, près d'un poteau électrique planté au milieu d'un
carrefour. 50 mètres à remonter sur la rue Arabon et nous voici devant
l'entrée du Komil B&B où nous allons dormir trois nuits.
A 18H40, nous franchissons la belle porte en bois sculpté du Komil, sur le
montant de laquelle on peut apercevoir le motif du svastika, pour se
retrouver dans un hall vestibule où est installée la réception. Au-delà, nous
arrivons dans une belle cour de détente, entouré de bâtiments de 3 étages,
construits dans le style ouzbek. Notre chambre récente mais dans le style
traditionnel se trouve au rez-de-chaussée de cette première cour. D'autres
collègues sont dispersés dans des bâtiments situés sur d'autres cours, dans
les étages, dans des chambres plus ou moins anciennes et au confort très
variable. Les chambres sont dotées de portes sculptées et de décors en stuc
(étagères) sculptés et peints à la main.
Manifestement l'établissement s'est développé en grignotant les maisons
voisines. C'est donc un agréable dédale et même si l'établissement est dans
une classe de confort bien moyenne, il possède un charme indéniable. La
maison construite au XIXe (selon Lora, certaines parties anciennes remontent
aux XVIIe-XVIIe siècles) appartenait à une famille juive qui l'a vendue il y
a une cinquantaine d'années avant d'émigrer en Israël. Sa transformation en
Bed and Break remonte à l'an 2000. L'établissement a une certaine cote
puisque le TO Asia le choisit pour ses voyageurs en circuit privatisé comme
on le constate.
Une heure plus tard, nous quittons l'hôtel à pied pour gagner le centre de la
ville, après avoir traversé l'ancien bazar des changeurs (tim Tok-i-Sarrafon)
où maintenant, abrités sous d'imposantes coupoles, toutes sortes de vendeurs
tiennent leur commerce, parfois à côté de tombeaux. La convivialité
touristique s'organise autour du bassin et de la place animée de Liab-i-Haouz,
entouré de madrassas aux façades illuminées, d'hôtels et de restaurant.
L'endroit est passablement kitsch avec ses chameaux en résine disposés sur la
terrasse des cafés, au bord du bassin.
[BOUKHARA, Liab-i-Haouz, autour du bassin] [BOUKHARA, Liab-i-Haouz, autour du
bassin] [BOUKHARA, Liab-i-Haouz, autour du bassin]
[BOUKHARA, Liab-i-Haouz, autour du bassin] [BOUKHARA, Liab-i-Haouz, autour du
bassin] [BOUKHARA, Liab-i-Haouz, autour du bassin]
Nous dînons en terrasse de la tchaïkhana, sur le côté nord du bassin, au pied
de vieux mûriers plantés en 1477. Le lieu serait plaisant s'il n'y avait pas
non loin de là une animation musicale qui n'a rien de traditionnel.
Repas copieux: assortiment de crudités (chou-fleur, chou rouge et autres
légumes), potage chourpa un peu gras à la sauce tomate et aux légumes
complété d'un peu de fromage râpé, deux boulettes de viande en forme de
paupiettes accompagnées de frites. Comme nous avions été pris au dépourvu en
apprenant l'anniversaire d'Amina la veille, Lora s'est rattrapée en
commandant à un pâtissier un énorme gâteau d'anniversaire recouvert de crème
et de gelée...
La petite marche pour rentrer à l'hôtel ne sera pas superflue.
Lundi 8 septembre
Le petit-déjeuner est l'occasion de découvrir la superbe salle à manger du
Komil restée dans son état d'origine. En revanche, on peut moins apprécier
l'organisation du service et la parcimonie du buffet. Il fait bon dehors, 15°
déjà. Après le petit-déjeuner, nous avons un petit moment libre qui nous
permet de découvrir dans un coin de l'hôtel Komil l'un de ces fameux berceaux
à fond percé.
En regagnant la place Liab-i-Haouz petit coup d'oeil par les interstices
d'une palissade qui condamne l'entrée dans les vestiges du caravansérail
Jourabek qui mériterait pourtant d'être restauré tout comme certaines maisons
voisines qui ont encore de beaux restes...
Après avoir traversé le bazar, nous rejoignons notre minibus garé près de la
place Liab-i-Haouz car notre première excursion nous conduit à l'est de la
vieille ville, à environ 2km du centre. Encre faut-il laisser passer avant
nous un important convoi d'autocars escortés de policiers emmenant les
étudiants à la campagne pour récolter le coton. Des camions chargés des
affaires des étudiant et même de mobilier font également partie de cette
transhumance.
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2.1-Tchor Minor (1807) *
[BOUKHARA, Tchor Minor]
Le Tchor Minor (1807), dont le nom vient du persan "quatre minarets", ferait
penser qu'il s'agit d'une étrange mosquée à l'aspect d'une chaise renversée,
alors que c'était le corps de garde (darvozakhana) ou le pavillon d'entrée
très particulier d'une madrassa construite avec les fonds d'un riche marchand
turcoman, Khalif Niazkhoul.
Des ruines de la madrassa subsistent les fondations sur la droite, près d'un
bassin (haouz), et quelques cellules accolées au corps de garde, sur un seul
niveau. La mosquée se situe au sud du corps de garde. Aux angles de
l'édifice, trois des quatre tours du corps de garde sont purement décorative
tandis que la quatrième dispose d'un escalier qui conduisait à une
bibliothèque et non pas à une galerie pour appeler à la prière puisque l'on
n'est pas ici dans une mosquée. Symbolisant quatre villes (La Mecque,
Ourguentch, Termez et Denaou), elles encadrent un dôme central. Chaque tour
couronnée d'une coupole turquoise est décorée de façon différente. Elles ont
été restaurée récemment comme on peut le voir sur les deux tours les plus
proches où les briques vernissées portent les dates 1968 et 1997. L'édifice
dont le sol avait été rehaussé souffre de remontées salines (salpêtre) malgré
le bassin voisin sensé abaisser le niveau de la nappe phréatique. Le
rez-de-chaussée est occupé par une boutique de souvenirs.
En face, une boutique de souvenirs présentent des oripeaux sortis de vieux
stocks militaires soviétiques: uniformes avec imposantes casquette, médailles
à ne savoir qu'en faire.
Nous reprenons le minibus, cette fois-ci pour sortir de la ville, en nous
dirigeant à 4km, vers le nord.
Etrange monument moderne à la sortie de la ville: un premier groupe de trois
femmes en soulèvent trois autres à bout de bras, ces dernières soulevant une
couronne. Plus loin, sur la gauche ont aperçoit une grosse sphère blanche
posée sur un trône tronqué, près du bâtiment moderne de l'Opéra.
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2.2 - Palais d'été Sitoraï-Makhi-Khosa (1911) *
Le Sitoraï-Makhi-Khosa est le Palais d'Eté que les Russes ont construit en
1911 pour Alim Kha, le dernier Émir de Boukhara. C'était une façon de le
mettre à l'écart en l'incitant à quitter l'Ark, la forteresse située dans la
ville. Il lui arrivait de se rendre à Saint Pétersbourg ou dans une datcha
sur la côte de Crimée, d'où ce mélange d'influences culturelles qui se lit
dans le style brouillon de la résidence, "pont entre deux mondes ou prison
entre deux époques".
[BOUKHARA - Palais d'été Sitoraï-Makhi-Khosa]
[BOUKHARA, Palais d'été Sitoraï-Makhi-Khosa]
[BOUKHARA, Palais d'été Sitoraï-Makhi-Khosa]
Témoin d'une fin d'époque, le portail d'entrée est assez disgracieux avec ses
majoliques simplistes et mélangeant des bleus et rouges discordants. Nous
traversons des jardins où des paons en liberté nous accueillent
La cour intérieure (daroum) de la résidence bordée de constructions sur trois
côtés est plus intéressante. La résidence ne fut pas utilisée très longtemps
et le premier Congrès du Soviet de Boukhara s'y déroula en 1920. Les locaux
accueillent un Musée des Arts Décoratifs. Sur la droite, au nord-ouest,
l'iwan soutenu par 6 colonnes donnait accès aux appartements privés de
l'émir. Le fond de la cour est occupé par un bâtiment blanc qui peut faire
penser au Palais de l'Ermitage de Saint Petersbourg. C'était le salon de
réception qui à cause de son décor d'albâtre incrusté de miroirs est appelé
le Salon Blanc. Sur le coté gauche, si l'on part de l'angle, on traverse une
enfilade de pièces: un assez joli couloir à niches aux décor floral, une
salle de jeux, une salle à manger, un secrétariat et enfin une véranda fermée
qui servait de salon de thé. On a un peu l'impression de se retrouver dans
une brocante, du moins dans les premières pièces: tapis de prière, calendrier
mécanique, miroir grossissant, antiques réfrigérateurs, cheminées en faïence,
lampes à pétrole, horloge comtoise, portraits photographies des derniers
émirs ... La collection de plats et de vases chinois et japonais en
porcelaine présentés dans le salon de thé bien éclairé par ses grandes baies
vitrées est plus plaisante.
Après être sorti de ce palais et être passés près de la statue de Moradov aui
fut le maître d'oeuvre de la décoration de la résidence, on poursuit la
visite avec le Palais Octogonal qui sert de Musée national du Costume:
vêtements de l'émir, de ses épouses et de concubines, dont certains brodés
d'or. Des toques, calottes et turbans (chalma), des bottes, des babouches
ainsi que des robes de mariées sont également présentés plus loin. Justement,
puisque ce palais est consacré au costume traditionnel, un groupe de jeunes
filles accompagnées de leurs professeures présentent à l'extérieur, au milieu
des paons, leurs créations très colorées, inspirées des costumes
traditionnels avec tunique et pantalon. Elles ont souvent utilisé l'ikat, un
tissu fait de fils de soie et de coton.
L’ikat (de l'indonésien signifiant "attacher, nouer") est un procédé de
teinture et de tissage dans lequel le dessin est créé dès le stade de la
teinture sur le fil de trame ou le fil de chaîne. Toutes les couleurs qui
vont y figurer sont disposées à des intervalles très précis, de sorte qu'au
moment du tissage les éléments du dessin se créent par la juxtaposition des
parties du fil de la couleur appropriée. En teignant le fil, les parties
qu'on veut préserver d'une certaine couleur de teinture sont cachées par un
nœud avant de le plonger dans la teinture.
A côté des classiques motifs de grenade, tulipe ou arbre de vie, on trouve en
Ouzbékistan, dans la vallée Zarafashan (nord de Boukhara) et Samarcande, le
motif flou appelé abr (en persan cela signifie nuage) parce que, comme les
nuages les motifs des textiles ikat semblant flotter sans limite, leurs bords
mélangeant doucement dans les couleurs adjacentes.
Nous poursuivons la visite du site, en passant au Harem, transformé en Musée
des Travaux d'aiguille puisque l'on y voit des suzaines ou suzani (du persan
souzan qui signifie "aiguille"). Ce sont des tissus brodés avec le plus
souvent des motifs de disques solaire et lunaire, de fleurs (surtout tulipes,
œillets et iris), de feuilles et les vignes ou de fruits (principalement les
grenades). Ils sont souvent faits de plusieurs morceaux, cousus ensemble par
la suite. Par la même occasion, on peut voir un berceau traditionnel (bechik)
recouvert de ce type d'ouvrage.
Les suzanis étaient traditionnellement brodés par les futures mariées d'Asie
centrale dans le cadre de leur dot et étaient présentés au marié le jour du
mariage. Lora nous confirme que la tradition perdurait encore il y a quelques
années. Elle-même, n'ayant pas réalisé son suzani, avait dû sauver les
apparences en en achetant discrètement une pièce plutôt sur le marché. Sa
belle-mère encore plus soucieuse des apparences lui avait fait l'affront de
la doubler en en présentant un plus conséquent qu'elle présentait comme étant
l'oeuvre de Lora. Plus tard, Lora a su que, tout comme elle-même, sa
belle-mère était allée l'acheter sur un marché...
A l'extérieur, on peut voir des jeunes femmes se livrant à la broderie de
suzani près de leur boutique. Autres artisanat en plein air, peintre de
miniatures et ciseleur de laiton (dont les pièces sont également ornées de
peinture).
Ici, jolie photo à faire, celle du harem se reflétant dans le bassin voisin
où l'on dit que les concubines venaient se baigner, donnant tout loisir à
l'émir installé sur la terrasse couverte de choisir l'élue du jour qu'il
désignait en lui lançant une pomme. Plus pieusement, ce petit pavillon de
bois est surmonté d'une petite mosquée qui communique avec le minaret voisin,
fait du même matériau.
[Le harem du Sitoraï-Makhi-Khosa]
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2.3 - Complexe du mausolée Bahaouddin Naqshbandi (1544) *
11H30, nous nous écartons encore un peu plus de Boukhara, à une vingtaine de
kilomètres au nord-est de la ville vers Kasri Orifon.
Le mausolée du Saint Bahaouddin Naqshbandi (ou Bakhauddin Nakshbandi) est
considéré comme la Mecque d’Asie centrale et le site le plus sacré de
Boukhara, bien que situé en dehors de celle-ci. Bahaouddin Naqshbandi
(1317-1388 ou 1318-1389) dont le prénom signifie "Ornement de la Religion",
est un grand maître de l'islam mystique à l’origine de la création de l’ordre
soufi de la Naqshbandiyya. Après des années passées au service du neveu de
Tamerlan, il aurait été tour à tour soigneur d'animaux puis cantonnier. Il
appelait à l'obéissance et au renoncement. Sa philosophie se résumait au
principe "Dieu dans le cœur et le travail dans les mains" et se précisait à
travers onze règles de conduite.
[BOUKHAR - mausolée Bahaouddin]
Après avoir franchi le portail, l'énorme et austère khanagha (1544),
l'auberge construite comme le tombeau en 1544, s'impose au regard avec ses 48
cellules disposées sur deux niveaux et son dôme. Au coeur du site, en plein
air, on peut voir le tombeau du saint au-dessus duquel est dressé un mat
portant un fanion triangulaire blanc. On trouve d'autres tombes sur le site,
en particulier celles de descendants de Tamerlan et de khans.
La rénovation du site a été réalisée en 1993 avec l'aide de la Turquie et du
Pakistan et complétée en 2003.
[BOUKHARA, nécropole Bakkhaouddin] [BOUKHARA, nécropole Bakkhaouddin]
La dévotion des pèlerins est fortement empreinte de superstition comme on le
voit lorsqu'ils font 7 fois (le chiffre 7 est par ailleurs un chiffre sacré
pour les soufis) le tour dans le sens contraire des aiguilles d'une montre du
tronc mort d'un vieux mûrier qui aurait poussé à partir du bâton du saint
homme. Ils ne se contentent pas de cela, ils baisent la relique ou la
touchent des doigts, accrochant des chiffons ou des papiers portant des vœux,
déposant des pièces de monnaie, ou essayant d'arracher quelques fibre de bois
avec les ongles (il est interdit d'utiliser quelque outil que ce soit).
On est autorisé à pénétrer dans la mosquée des femmes Abdoul Faïz Khan
(1720), notez que ce n'est pas encore l'heure de la prière (la prochaine sera
à 1H10). Le seul décor intéressant à y voir est le plafond à caissons décorés
de motifs végétaux et de nervures géométriques partant d'étoiles
dodécagonales.
La présence de nombreux Ouzbeks sur le site est l'occasion de rencontres
étonnantes avec la population. C'est ainsi qu'après un échange de sourires un
jeune père de famille me met son rejeton de deux ans dans les bras. Plus
loin, c'est un vieil homme et des femmes qui, sans aucune gêne, sourient de
toutes leurs dents (je préférerais la traduction littérale de l'expression
anglaise équivalente: "sourient d'une oreille à l'autre") afin de faire
étalage de leur richesse, c'est-à-dire les peu discrètes dents en or jaune
qu'ils se font poser sans nécessité médicale. Après tout, quel meilleur
coffre-fort? Bien sûr, il n'y aucune difficulté à photographier tout cela ou
des groupes métissés mi-pèlerins et mi-voyageurs.
Nous quittons le site à 12H45 et une quinzaine de minutes plus tard, nous
retrouvons au centre de Boukhara pour déjeuner.
Après avoir traversé le bazar des chapeliers (Tim Tok-i-Tipak Furuchon), rue
Khakhikat (ou Kakikat) conduisant au bazar des joailliers, nous arrivons au
restaurant Dolon où l'on nous sert notamment les habituelles crudités,
suivies d'un potage à base de carottes, tomates, oignons et complété de
raviolis. On a également des somsa ou samoussas carrés fourrés à la viande
hachée et à la courge, accompagnés de tranches de fromage, puis un chachlik,
brochette de morceaux de poulet avec la peau, malheureusement trop gras et
insuffisamment grillés.
[BOUKHARA, tchaikhana Dolon] [BOUKHARA, tchaikhana Dolon] [BOUKHARA,
tchaikhana Dolon] [BOUKHARA, tchaikhana Dolon] [BOUKHARA, tchaikhana Dolon]
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3 - Po-i-Kalon: minaret (1127), mosquée (1514) et madrassa Mir-i-Arab (1535)
***
A 14H15, nous commençons une visite de la ville, trajet pédestre cette fois.
Après avoir retraversé le bazar des chapeliers (Tim Tok-i-Tipak Furuchon),
nous remontons la rue Khakhikat et traversons le bazar des joailliers (Tim
Tok-i-Zargaron).
[BOUKHARA, bazar (tim) des joalliers (Tok-i-Zargaron)]
Après quoi, nous tournons à gauche sur la partie ouest de la rue Khodja
Nouroubod, en longeant le haut mur de la madrassa Mir-i-Arab, à l'ombre
duquel sont installées des vendeuses de tissus suzanis et de récipients
divers en terre cuite émaillée.
Encore à gauche, une sorte de place autour de laquelle s'organise le complexe
Po-i-Kalon ("piédestal du Très-Haut"). La place est écrasée sous le soleil
car il fait au moins 35° à l'ombre.
[BOUKHARA, complexe Po-i-Kalon]
[BOUKHARA, Minaret Kalon]
Au fond se dresse le minaret Kalon ("Grand") dit d'Arslan Khan, qui domine la
ville du haut de ses 48 mètres (il dépasse de 3 mètres le minaret Islam
Khodja de Khiva) et qui fut longtemps la plus haute tour du monde. Construit
à partit de 1127 pour la seconde grande mosquée, c'est le troisième minaret
édifié à cet endroit. Le premier fut bâti au début du Xe siècle. Il dura à
peine un siècle et fut remplacé par un minaret de bois qui s'effondra
quelques années après.
Celui-ci a pu défier le temps, reposant sur une assise de 9 mètres de
diamètre et des fondations profondes de 13 mètres. Sa lanterne à 16 fenêtres
a servi non seulement au muezzin pour l'appel à la prière mais c'était aussi
une tour de guet et un véritable "phare" pour les caravaniers. Un usage plus
morbide consistait à précipiter de son sommet les criminels enfermés dans un
sac. Il a retrouvé sa grandeur initiale en 1964, après l'évacuation des deux
mètres de terre et de sable qui s'étaient accumulés à sa base.
La construction dut impressionner Gengis Khan qui dans sa fureur destructrice
l'épargna... Il se serait même prosterné au pied du monument.
Il aurait traverser les siècles indemne si un obus de l'Armée Rouge n'avait
pas traversé une lucarne de la lanterne (quand même bravo pour l'adresse de
l'artilleur) pendant la guerre civile en 1920. Il faut rapidement réparé, dès
1924. La fin du XXe siècle a également porté atteinte à son intégrité par le
tremblement de terre de 1976.
En arrière du minaret, on aperçoit le dôme de l'austère madrassa Alim Khan
(XIVe siècle).
A droite, au pied du minaret, on entre dans la Mosquée Kalon, qui fait face
de la médersa Mir-i Arab.
A son emplacement, la première mosquée fut édifiée en 795, puis agrandie par
Ismaïl Samani. Elle subit deux effondrements, fut incendiée en 1068 et
détruite par les Mongols en 1219 car Gengis Khan n'eut pas les mêmes égards
que pour le minaret voisin: il déchira le Coran et le foula aux pieds,
transforma les lutrins en mangeoires pour ses chevaux et finit par faire
incendier la mosquée puis par la raser.
La structure visible aujourd’hui a été achevée en 1514, le mihrab a été
embelli en 1541, sous les Chaybanides. C'est l'ancienne mosquée principale de
Boukhara puisqu'elle devait pouvoir accueillir toute la population mâle lors
de la Grande Prière du Vendredi, soit dix ou douze milles personnes. C'est
donc l'une des plus vastes mosquées d’Asie centrale, avec des dimensions
imposantes : 180x80 m (ou 130x80 ou 127x78), après celle de Bibi-Khanoum
(1399-1404) à Samarcande.
Elle a été désaffectée au culte en 1924 mais remise en usage maintenant bien
que les fidèles y soient peu nombreux.
Une différence majeure à souligner par rapport aux édifices de Khiva, c'est
que les décors des portails ne sont plus faits de carreaux de céramique ou
majolique (faïence émaillée) mais de mosaïques et parfois de zelliges
(carreaux préfabriqués formés d'un assemblage géométrique des tesselles de
mosaïques reproduisant un décor).
La mosquée possède 7 portes ouvrant sur différentes directions. La cour
comporte quatre iwans et est entourée d'une galerie de 208 colonnes
supportant 288 coupoles qui apportent de la fraîcheur. Un grand dôme bleu
(Kok Goumbaz) surmonte le mihrab à mosaïques dorées. L'ouverture du portail
de ce pavillon est encadrée par des colonnes travaillées et représentant un
superbe travail de mosaïstes.
Le pavillon octogonal qui fait face au mihrab est un ajout tardif, en 1915.
Il marquerait l'emplacement de la sépulture d'un des premiers imams de cette
mosquée à moins que ce soit l'emplacement d'un puits d'ablutions, ou qu'il
eût servi d'abri à l'émir ou encore de relais à un imam pour transmettre le
prêche.
Lora nous fait remarquer qu'un peu partout on peut observer des regroupements
de briques vernissées carrées et rectangulaires symbolisant les syllabes "al"
"lah". D'autres motifs évoquent le svastika, un motif que l'on a déjà vu à
Khiva et ici, à Boukhara.
Revenus sur la place, petit moment "connaissance du monde" avec un vieux
monsieur qui présente sur son petit étal divers objets insolites. Lora lance
un jeu de devinettes... Propositions: pipes et flûtes. Tout faux! Rien qui ne
se porte à la bouche. Ce sont, pourrait-on dire, des urinals pour bébés,
lesquels traditionnellement ne portent pas de couches en Asie centrale. Ces
petits tubes placés où il faut au niveau des orifices naturels conduisent
l'urine dans un pot en terre placé sous le berceau. Astucieux car ainsi, le
bébé reste au sec sans trop exiger de disponibilité (de la maman, évidemment)
mais a l'inconvénient d'exiger que le bébé soit emmailloté serré et ne puisse
guère bouger.
Revenons à des choses plus sérieuses, la Madrassa Mir-i-Arab ("bien
immobilier de l'Arabe") qui fait face à la mosquée, sur le côté gauche de la
place.
La madrasa Mir-i-Arab (1535-1536) va servir de modèle à la plupart des
madrasas ultérieures de la ville et était l'une des plus prestigieuses d'Asie
centrale. Elle a été construite à l'initiative du chef religieux soufi
d'origine yéménite et guide spirituel de l'émir de Boukhara, Oubaïd Oulla
Khan (1487-1540). La cour carrée intérieure est entourée de deux niveaux de
cellules (cent onze au total). La madrasa Mir-i-Arab (« bien de l'Arabe »)
fut la seule, avec celle de Tachkent, à diffuser un enseignement religieux
(sous contrôle) à l'époque soviétique à partir de 1945 après des décennies
d'interdiction. La madrasa est aujourd'hui encore en activité et accueille
une centaine d'étudiants (et souvent futurs imams).
Son imposante façade comporte un haut portail (pishtak) à iwan flanqué de
tours massives (gouldasta) terminées par des dômes hémisphériques de couleur
turquoise. Les façades des côtés du portail sont ouvertes par des loggias sur
deux niveaux. Nous ne pouvons pas pénétrer plus loin que dans le vestibule et
un gardien est là pour faire appliquer le règlement. C'est au travers d'une
grille que l'on peut voir la cour et l'iwan qui fait face au portail. Lora
nous fait remarquer que certaines briques foncées de la voûte du vestibule
sont disposées en svastikas.
Une fois ressortis, nous tombons sur un groupe de garçonnets, un peu
inquiets, voire tristes, malgré leur tenue de petits princes avec manteaux
brodés, babouches dorées, turbans et sceptre ! Ils vont subir la circoncision
traditionnelle.
[BOUKHARA, complexe Po-i-Kalon]
Nous traversons le tim (bazar) des joailliers (Tok-i-Zargaron) pour aller
visiter d'autres madrassas situées à l'est de la rue Khodja Nourobod. Les
activités des bazars ne correspondent plus tout à fait ce que dit leur nom.
Arrêt devant la boutique d'un jovial marchand d'épices et tisanes. Des
couleurs plein les yeux. Des senteurs plein les narines. Si le client le
désire, les produits sont placés dans des courges oblongues séchées. Par la
même occasion, Lora nous présente un berceau traditionnel emprunté au
marchand ainsi qu'un poster montrant l'utilisation des "passe-pipi".
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4 - Les madrassas koch (paire): Ouloug Beg (1417-20) et Abdoul Aziz Khan
(1651-52)**, les bazars ou coupoles marchandes (XVIe s.)* et mosquée Mogok-i-Attari
(XIIe s..)
Après cela, nous voici devant le portail de la madrassa Abdoul Aziz Khan,
ayant devant nous, de l'autre côté de la rue, celui de la madrassa d'Ouloug
Beg. Dans ce type d'architecture que nous avons déjà découverte à Khiva, pour
désigner deux bâtiments se faisant face et allant par paire on utilise le
terme koch qui signifie "double".
[BOUKHARA, madrassas ''koch'' Ouloug Beg et Abdul Aziz]
[BOUKHARA, Madrassa ouloug Beg]
La madrassa d'Ouloug Beg (1417-1420) ou Ulugh Beg, est l’une des madrasas les
plus anciennes d’Asie centrale, avec celles de Samarcande et de Gichduwan,
construites également sous Ouloug Beg. La façade restaurée en 1994 (600e
anniversaire d'Ouloug Beg) présente une caractéristique qui sera reprise
ultérieurement au XVIe siècle et XVIIe siècle. Elle s’articule en deux étages
de portiques à ogives, de part de d’autre du portail d’entrée. Les colonnes
torsadées de style iranien qui encadrent le portail sont particulièrement
remarquables du fait que leur réalisation demandait une grande maîtrise. Les
motifs évoquent l'astronomie (étoiles), la passion du souverain. La madrassa
accueille une exposition permanente sur la restauration de la ville.
La madrasa d'Abdoul Aziz Khan (1651-1652) n'a pas été achevée du fait du coup
d'État destituant le Khan en 1652. C'est pourtant un sommet de l'art
architectural d'Asie centrale.
Deux lourdes tours marquent les extrémités de la façade. La niche polygonale
du portail est recouverte de stalactites joliment peintes. De nombreux
éléments de décor en mosaïques manquent, en particulier dans la partie
supérieure. Sinon, on peut admirer, contrairement à la tradition
architecturale islamique, des représentations figurées et un plus grand
réalisme du décor floral et végétal: de jolis entrelacs de feuillages en
mosaïque mêlant le bleu et le jaune doré (ce jaune lumineux étant utilisé
pour la première fois à Boukhara), d'étonnants et inhabituels motifs de vases
du bonheur éternel remplis de fleurs ou des paysages à la chinoise. La cour
maintenant occupée par des marchands (brodeuses, tailleurs, ciseleurs...)
révèle un état d'inachèvement et un manque de restauration.
Nous tombons mal car l'ancienne mosquée d'hiver n'est pas ouverte
aujourd'hui. Pour compléter la visite, nous reviendrons demain après-midi (9
septembre) pendant que nous aurons quartier libre. C'est une jolie petite
mosquée bien que non restaurée. Les murs et plafonds sont ornés de décors
peints dans des tons inhabituels, brun rouille, gris bleu, ocre. Des
pendentifs ornent la jolie coupole et les absides à voûte en cul de four de
l'entrée et, en face, du mihrab.
Nous profitons de ce second passage pour aller visiter une cellule située
dans l'angle au fond et à droite de la cour. Elle était organisée sur deux
niveaux, disposant d'une cheminée au rez-de-chaussée tandis que la pièce de
l'étage est très agréable avec sa voûte peinte et ses nombreuses niches. Plus
loin, nous entrerons également dans une cellule reconvertie en boutique de
marchand de miniatures.
Nous regagnons le centre de la vieille ville en traversant les trois tim, les
bazars édifiés au XVIe siècle.
Une nouvelle fois le bazar des joailliers (Tim Tok-i-Zargaron). Arrêt devant
l'atelier d'un coutelier qui nous présente de jolis ciseaux en forme de becs
d'oiseaux (possibilité d'y faire graver son nom). Puis c'est le bazar des
chapeliers (Tok-i-Tilpak Furuchon) et le bazar des changeurs (Tok-i-Sarrafon).
De là, nous allons visiter l'ancienne mosquée Magok-i-Attari ("attar" fait
référence aux marchands d'herbes médicinales) qui a été construite sur les
vestiges de très anciens autels païens, d'un temple bouddhiste et d’un temple
zoroastrien: deux milles ans d'histoire révélés par l'archéologue soviétique
Chichkine en 1935. Ce qui explique qu'elle soit située en dénivelé, semi
enterrée ou à demi déterrée.
C’est la mosquée la plus ancienne de Boukhara. Une première mosquée à quatre
piliers avait été édifiée à cet endroit mais elle a été détruite par un
incendie en 937. La façade sud de l’actuelle mosquée date du XIIe siècle.
Elle est caractéristique des techniques de décoration utilisées à cette
époque: brique polie, carreaux en terre cuite sculptés, bandeau épigraphique
émaillé, mosaïque. Le syncrétisme intégrant le zoroastrisme est marqué par
certains motifs symboliques résultant de la disposition des briques. Le
portail est avait été construit au milieu du XVIe siècle pour permettre
l'accès. Désaffectée au culte, la mosquée abrite aujourd’hui un musée du
tapis.
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5 - Liab-i-Haouz **: khanagha Nadir Divan Begi (1619-20) et madrassas
Koukeldach (1568) et Nadir Divan Begi (1622) et tour dans le quartier juif
Après cela, direction le centre, le Liab-i-Haouz.
Le mot haouz désigne le bassin qui occupe le centre de ce vaste espace animé.
Ce réservoir, le plus grand de la ville a été creusé en 1620 et était
alimenté par un canal. C'était devenu rapidement un égout à ciel ouvert même
si les porteurs d'eau venaient y remplir leurs outres. La réalisation du
bassin avait heureusement ménagé les mûriers plantés en 1477 qui apportent
ombre et fraîcheur sur la place. Le bassin a été remis en état il y a une
bonne quarantaine d'années.
A l'ouest, un premier édifice construit en même temps que le bassin vient s'y
refléter, il s'agit du Khanagha Nadir Divan-Begi (1619-20). Sur deux étages,
cette auberge comprend une mosquée cruciforme entourée de cellules, ou
chambres qui étaient destinées au logement des derviches itinérants.
Puis au nord du bassin, c'est la madrassa Koukeldach (1568), construite par
le général de ce nom (1568). C'est la plus grande d'Asie centrale (80x60
mètres). Sa façade est assez austère avec peu d'ornementation du portail. Par
contre, les deux étages de portiques à ogives, de part de d’autre du portail
d’entrée, sont surmontés de céramiques bleues et blanches. Le monument
héberge actuellement des magasins de souvenirs. De jeunes mariés profitent de
la lumière sinon du décor, pour se faire photographier au pied de l'édifice.
Nous reviendrons la visiter demain pendant le temps libre de l'après-midi.
Poursuivant notre tour, tout comme les mariés, nous arrivons à l'est de la
place, devant la madrassa Nadir Divan-Begi (1622) dont la façade commence a
être plongée dans l'ombre. Elle est donc presque contemporaine du bassin et
du Kahangha qui lui fait face. Le divan-begi était un prince, chef de clan
(le terme mongol beg vient du turc bey signifiant "gouverneur") en charge
d'une administration (divan ou diwan).
Normalement destinée à servir de caravansérail, il espérait de bons profits
mais il dut en changer de fonction lorsque l'émir Kouli Khan qui l'inaugurait
remercia son ministre en le félicitant pour sa foi et pour cette
"merveilleuse madrassa". De ce fait, c'est une madrassa "pas très
catholique", ne respectant pas les canons de l'Islam pour ce genre d'édifice.
Même si le portail fut reconstruit et des tours d'angle rajoutées, on n'y
trouve ni mosquée ni bibliothèque. Mais surtout le portail, orné de
mosaïques, présente un tympan où l'on peut admirer deux oiseaux fabuleux et
colorés, de type simurgh ou simorgh (oiseau de la mythologie persane)
s'affrontant sous un soleil (symbole zoroastrien) à visage anthropomorphe.
Les cellules servent maintenant de boutiques et un restaurant en plein air
occupe le pourtour de la cour, au centre de laquelle des danseurs et de
musiciens se produisent le soir. C'est d'ailleurs ici que l'on va revenir
deux heures plus tard pour dîner.
[BOUKHARA, madrassa Nadir Divan-Begi]
Retour sur la place et passage devant la statue de Nasr-Eddin Hodja perché
sur son âne. Ce personnage serait un ouléma (théologien) mythique de la
culture musulmane. Ce personnage célèbre dans tout l'Asie (et même jusqu'en
Europe méridionale, autrefois ottomane) est ingénu, faux-naïf et même
bouffon, prodiguant au-delà du rire des enseignements au travers de
devinettes ou de petits contes moraux. Certains le croient né en Irak au VIIe
siècle tandis que d'autres voient en lui un Turc du XIIIe siècle. La statue
est prisée des photographes amateurs et des acrobates qui grimpent sur le
baudet et sont souvent fort embarrassés pour descendre de leur monture qui
est à l'échelle 2/1.
Lora nous laisse libres à 17H15 sur la place.
Pour notre part, nous effectuons le retour à l'hôtel en traversant l'ancien
quartier juif, un ghetto ou "mahala", au sud de la place. Nous en profitons
pour jeter un coup d'oeil dans la plus ancienne synagogue de la ville, unique
jusqu'en 1840 et dont l'origine remonterait au VIe siècle. Deux personnes
nous accueillent aimablement mais en parlant ouzbek ou russe. Je suis surpris
d'être dispensé de la kippa. On nous montre les rouleaux de la torah exposés
dans une vitrine cadenassée. La ville ne comptait plus qu'un millier de Juifs
en 2006 contre 4000 en 1832 et plus de 25000 quelque siècles plus tôt.
Actuellement, les Juifs ne seraient plus que 280 dans cette ville.
Puis nous passons devant la madrassa Eshoni Pir (XIXe siècle) transformée en
centre d'artisanat textile (teinturiers).
Après un passage bienvenu à l'hôtel, retour au Liab-i-Haouz pour dîner à la
madrassa Nadir Divan-Begi. Au menu, quatre plats de crudités (tomates,
concombres, aubergines), salade de riz mélangés de petits légumes, beignets
de légumes, fromage. On aura même des frites... tout cela servi dans un très
jolie vaisselle dans les bleu et blanc, rehaussée d'entrelacs dorés.
Mais on n'est pas là que pour manger puisqu'il s'agit d'un
"dîner-spectacle-présentation de mode". En alternance, les danseuses
accompagnées d'un groupe d'exécutants de musiques traditionnelles cèdent la
place à des mannequins de la boutique de mode "Ovatsiya" qui défilent en
présentant des modèles de la créatrice Irina Sharipova: vêtements en tissus
traditionnels ("khan atlas" en soie et "adras" en soie et coton) et robes de
soirées "zardouzi" en soie brodée d'or. Portefeuilles et cartes bancaires
peuvent se soulager après le spectacle.
Marche digestive pour revenir à l'hôtel...
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6 - Mausolées d'Ismaïl Samani (Xe s.) ** et de Tchachma Ayoub (1380),
monument de Mouhammad al-Boukhari et grand marché
Mardi 9 septembre
Passage au centre ville pour rejoindre le minibus qui va nos conduire dans
les quartiers ouest où se trouve l'un des monument les plus remarquable du
pays, le plus ancien de Boukhara, conservé dans état d'origine.
Le mazar ou mausolée d'Ismaïl Samani ou mausolée des Samanides (dynastie
iranienne de la période 875-999) se trouve malheureusement inclus dans un
jardin (le parc Kirov) comportant un petit parc d'attractions (grande roue
notamment). Il date du début du Xe siècle, ce qui en le plus ancien édifice
de Boukhara. C'est le tombeau d'Ismaïl Ier qui a régné sur la la Transoxiane
et le Khorassan, de 892 à 907, et avait choisit Boukhara comme capitale. Y
sont également inhumés des membres de sa famille. Comme la mosquée Magok-i-Attari
vue hier, l'édifice enfoui sous terre a été découvert par l'archéologue russe
Chichine en 1934. Cela avait au moins eu l'avantage de le préserver du
pillage et de la destruction lors de l'invasion mongole.
C'est un cube de près de 11 mètres de côté, surmonté d'un dôme et de quatre
autres petits dômes placés au-dessus de chacun des angles, avec des murs que
l'on pense légers alors qu'il ont deux mètres d'épaisseur à la base. Les
quatre faces sont identiques. L'agencement très savant de la maçonnerie en
briques, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, est d'une grande richesse
esthétique et symbolique. Le syncrétisme s'y manifeste avec de nombreux
symboles zoroastriens plus ou moins explicites, même si le mausolée, par sa
forme cubique, rappelle la forme de la kaaba. Au-dessus des portails, on peut
voir une sorte de triangle qui est un faravahar ("ange gardien") à aux ailes
déployées et de chaque côté, un cercle contenu dans un carré symbolisant
l'univers et l'éternité. Par ailleurs, les nombreux cercles de brique sont
autant de symboles du soleil. Avant d'y pénétrer, il faut se concentre un
petit moment sur les galeries situées à la base du dôme. Sur chaque façade,
dix fenêtres entourées de jeux de colonnes différents (symétriques par
paire).
L'intérieur est superbement mis en valeur par l'éclairage indirect
qu'apportent quelques uns des petites fenêtres situées sous la coupole. Grâce
à quatre arcades d'angle, on passe du plan carré à un tambour à 8 puis 16
côtés pour finir par la coupole hémisphérique. Sur chaque côté, les
dispositions des briques offrent des décors différents.
C'est un lieu où la dévotion se manifeste toujours, quelques personnes prient
assises sur un banc avant d'aller toucher et même embrasser le tombeau du
saint en en faisant trois fois le tour afin qu'un voeu soit exaucé.
[BOUKHARA, mausolée Ismaïl ] [BOUKHARA, mausolée Tchachma Ayoub]
Tout près de là, nous allons encore visiter un autre mausolée, celui de
Tchachma Ayoub ("la source de Job"). En totale opposition de style avec le
précédent: austérité et absence de tout décor...
Selon la tradition, longtemps avant l'ère chrétienne, le prophète Job passant
dans cette région où les gens mouraient de soif eut pitié d'eux en frappant
le sol pour en faire jaillir de l'eau.
C'est un édifice composite dont les parties les plus anciennes remontent au
règne karakhanide d'Arslan au XIIe siècle (comme le minaret Kalon). Mais la
partie la plus surprenante correspond à celle qui est surmontée d'un "dôme
conique" et qui fut édifiée en 1380 sous le règne de Tamerlan. Sa forme
évoquerait celle des tentes des anciens nomades du Khorezm mais il dissimule
un autre dôme hémisphérique visible de l'intérieur. Les trois autres salles
furent ajoutées au XVIe siècle. En dehors de la source sacrée, l'édifice
héberge un Musée de l'Eau (outres, maquette de noria, cartes des bassins
hydrographiques et du recul de la Mer d'Aral...). Derrière le mausolée, on
peut voir des tronçons des anciennes fortifications, aux limites du bazar.
En face du mausolée a été érigé un monument moderne en l'honneur de la
personnalité la plus célèbre de la ville, Mouhammad al-Boukhari (810-870). Le
mémorial honore cet érudit musulman sunnite né ici, à Boukhara, dans le
Khorassan, alors province perse. Le monument représente sous la forme d'un
grand livre entouré d'un croissant. Pendant sa vie, il a parcouru l'Orient
rassemblant les hadiths (son recueil le plus célèbre en compte près de dix
mille et est admis à la fois par les sunnites et par les chiites), les
paroles et les actes que l'on prête à Mahomet et à ses compagnons.
Après cela , tout à côté, notre visite se poursuit au grand marché de
Boukhara. Couleurs et senteurs des bazars ouzbeks, avec une grande place
accordées aux fruites secs (raisins, abricots "très secs"), fruits à noix
(noisettes) et à noyaux (amandes, abricots). Beaux étals de pain. Les rayons
de pâtisseries sont immanquables avec leurs gâteaux dégoulinant de crème et
de couleurs. Pour les grandes pièces, on ne s'étonne pas d'en voir des ronds
ou des carrés ou en forme de coeurs mais il y en aussi en forme d'amande, de
triangle, de poire... sans oublier les bûches jaunes ou saumon ou des sortes
de brioches nappées de chocolat ou encore des gâteaux individuels surmonté
d'une confiserie (crème ou meringue?) en forme de rose rose!
Passage dans les rayons des fruits: pommes, raisons blancs et rouges aux
grains oblongs, pêches, prunes, figues, citrons, grenades, bananes
(exotiques). Sans oublier les légumes: grosses et courtes carottes rouges et
jaunes, ail, piments, poivrons et superbes cucurbitacées (courges, melons,
pastèques, potirons), aubergines, tomates, choux, ciboules, aneth ou fenouil.
Nous poursuivons par un pavillon voisin consacré aux produits laitiers. Les
étals de fromages, où certains produits sont présentés sous forme de
boulettes, sont plus engageants que ceux qui vendent du beurre présenté en
gros tas ou dans des seaux. On peut aussi trouver du miel dans ces stands. Un
peu plus loin, on vend des morceaux de poulet et des monceaux de saucissons
de toutes sortes.
Retour dans la halle principale en passant devant les étals d'épices, de
couleurs, de tisanes et plantes aromatiques et médicinales. On finit par le
consistant, le riz de différentes qualités et couleurs. En ressortant, sur la
rue, c'est le coin des vendeurs d'huile de table. Pournesol pour certains
bidons ou certaines bouteilles. Peut-être d'autres avec de l'huile de
coton...
En quittant le site, nous passons entre les madrassas koch (doubles)
d'Abdoullah Khan, sur la droite, la petite Modar-i-Khan (1567) sur notre
droite et sur la gauche, celle dite d'Abdoullah Khan (1590). La première fut
bâtie en l'honneur de la mère du khan (modar signifie "mère").
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7 - Registan: mosquée Bolo-Haouz (1712) **, citadelle de l'Ark (XVIe-XIXe s.)
Un trajet de moins d'un kilomètre pour se rendre au Registan et, pour
commencer, visite de la mosquée Bolo-Haouz ("près du bassin").
[BOUKHARA, Mosquée Bolo-Haouz (au Registan)]
[BOUKHARA: le Registan et la mosquée Bolo-Haouz]
La mosquée Bolo-Haouz construite en 1712 était utilisée par l'Emir. Son
superbe iwan de 12 mètres de haut, au plafond à caissons finement décoré, est
soutenu par vingt colonnes de bois sculpté, avec des chapiteaux à muqarnas
peints, c'est-à-dire en forme de nids d'abeilles. Cette partie ouverte sert
de mosquée d'été0 En se plaçant à l'opposé, au bord du bassin, on ne sait ce
qu'il faut admirer, l'original ou son reflet sur le miroir d'eau. La salle de
prières d'hiver, en cours de restauration, est une pièce à quatre colonnes
avec plusieurs entrées disposées sur un seul côté, dans le style du tournant
du XIXe siècle et du XXe siècle, avec des décors à motifs géométriques
multicolores. Le petit minaret a été construit en 1917. La mosquée est
rouverte au culte depuis les années 1990.
Il suffit de traverser un petit jardin en passant près de la tour métallique
d'un château d'eau désaffecté pour se retrouver face à la forteresse, l'Ark.
On y rentre par un portail flanqué de deux tours entre lesquelles sont
placées une terrasse et une galerie couverte d'où l'émir assistait aux
châtiments et aux exécutions publiques qui avaient lieu sur le Registan ou
Reghistan, la grande place. Un long tunnel en pente, bordé de cachots,
conduit au sommet de la petite colline.
[BOUKHARA, citadelle de l'Ark]
[BOUKHARA, citadelle de l'Ark]
A cet endroit avait existé une première forteresse construite au VIIe siècle
(voire au IIIe siècle avant l'ère chrétienne). La citadelle fut rebâtie et
détruite trois fois entre le IXe et le XIIe siècle et anéantie par les
Mongols en 1230. Celle que l'on découvre date du XVIe siècle, sous les
Chaybanides, avec de nombreux ajouts et transformations au cours des trois
derniers siècles. Elle a servi de résidence des émirs jusqu'en 1920, date de
destitution du dernier émir par les Russes et de l'incendie qui en a détruit
80%. Alors que c'était "une ville dans la ville", avec 3000 habitants, seuls
quelques bâtiments subsistent: une mosquée avec galerie sur deux côtés, et la
salle du trône (ou salle de réception) de l'émir. La salle de réception, à
ciel ouvert, rectangulaire, avec un iwan à piliers en bois sur trois côtés.
Revenus au pied des fortifications, sur la droite, à un kilomètre, on
aperçoit le minaret Kalon et les portails et dômes de la mosquée et de la
madrassa voisine.
Une dizaine de minutes plus tard, nous nous retrouvons au parking, près de la
place Liab-i-Haouz. Puis, à pied, un passage devenu familier sous le Tok-i-Sarrafon,
afin de se rendre dans une tchaïkhana du quartier juif. Au menu du déjeuner:
plats de crudité, potage genre chourpa, à la carotte et au maïs dans un
bouillon de poulet, poivrons garnis d'une farce à la viande et au riz puis
une part d'un délicieux gâteau.
Dans une vitrine, on peut admirer deux livres écrits en arabe (mais peut être
en langue persane) dont un illustré.
[BOUKHARA, dans une tchaikhana du quartier juif] [BOUKHARA, dans une
tchaikhana du quartier juif] [BOUKHARA, dans une tchaikhana du quartier juif]
[BOUKHARA, dans une tchaikhana du quartier juif] [BOUKHARA, dans une
tchaikhana du quartier juif]
14H30, après-midi libre...
Personnellement, cela nous permettra de refaire un circuit entre les
principaux monuments du centre, dans un triangle compris entre Liab-i-Haouz
et les sites de la rue Khodja Nourobd, le complexe Pok-i-Kalon (avec le
minaret et la madrassa Kalon) et la madrassa Abdoul-Aziz. L'occasion
également de faire quelques emplettes...
Occasion d'apprécier encore
Dîner à 19H, non loin de notre hôtel Komil, toujours dans le quartier juif,
dans la tchaïkhana "Old House". Il y a une coupure d'électricité dans le
quartier aussi une bonne partie du repas se fait aux chandelles. Nous allons
y déguster le plat national, un excellent plov (peut-être un peu gras quand
même), arrosé d'un vin rouge ouzbek. Nous avons pris tout notre temps puisque
nous quittons l'établissement à 21H.
[BOUKHARA, tchaikhana Old House (quartier juif)] [BOUKHARA, tchaikhana Old
House (quartier juif)] [BOUKHARA, tchaikhana Old House (quartier juif)]
[BOUKHARA, tchaikhana Old House (quartier juif)] [BOUKHARA, tchaikhana Old
House (quartier juif)]
Nuit reposante au Komil, établissement et quartier bien tranquilles...
____________________________________________
NOURATA
1 - Minaret de Vobkent *
2 - de Vobkent à Nourata: G'ijduvan, Rabat-i-Malik, Sarmish, Debaland,
Nourata
3 - Camp de yourtes de Yangi Kazgan *
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Glosssaire / Frise historique
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CALOTTES ET YOURTES
LES CALOTTES...
La calotte, une sorte de bonnet bas qui couvre le sommet de la tête, avec des
ornements brodés ou tissés, est le couvre-chef national de plusieurs peuples
de l`Asie centrale. C'est un substitut au turban, dérivé de dopa (ou dobpa ou
encore doppe), le bonnet traditionnel brodé de fils d'argent des Ouïgours (ou
Ouyghours) de Chine orientale. On l'appelle également tiubetek ou toki, terme
dérivant du turc tülbent désignant le sommet du crâne. On peut aussi
l'appeler toki ou tchousti, du nom du lieu Tchoust dans la vallée de
Ferghana.
Sa forme évoque la voûte du ciel, le dôme des mosquées, le toit des anciens
marchés et la yourte.
Au Moyen Age, le croyant n’était pas autorisé à se montrer dans les lieux
publics sans être coiffé. Le musulman contemporain n’est plus obligé de
porter la calotte. Toutefois, en Asie centrale, la majorité des pratiquants
continue de porter la calotte pendant les jours des fêtes sacrées (Kourban et
Uraza-hayit), à la mosquée et à la maison pour la prière, pendant les
funérailles ou lors de mariages (le fiancé et son père).
En mettant la calotte sur la tête du nouveau-né, l'imam le bénit de telle
manière pour qu`il soit toujours en bonne santé. Lors de la circoncision on
met aussi la calotte sur la tête de l`enfant bien que pendant notre voyage
nous ayons vu ces garçonnets coiffés d'un turban. Et pour son mariage le
fiancé porte la calotte brodée (au fil doré qui a remplacé le fil d'or) ce
qui signifie le passage vers la période la plus mûre de sa vie.
En Asie Centrale il y a une grande diversité des modèles des calottes:
conique, hémisphérique, carré et plat.
La forme, les particularités de l’ornement, la couleur de la broderie sont un
moyen de distinguer l`appartenance à un clan, une région ou une confrérie
religieuse.
Les quatre côtés de la partie supérieure de la calotte carrée représentent
quatre périodes de la vie d’une personne: enfance, adolescence, âge adulte et
vieillesse.
Les motifs utilisés dans les ornements traditionnels des calottes symbolisent
le plus souvent des valeurs indéfectibles: "la trace du serpent" protège du
mauvais oeil, les cornes de bélier (kouchkorchor) incarnent la force et le
courage, tandis que les poissons évoquent la fécondité de la femme. On
distingue parmi les ornements les plus populaires l`amande blanche brodée sur
la calotte noire. Ces ornements figuratifs sont parfois complétés par les
inscriptions en arabe.
En OUZBEKISTAN...
Les calottes les plus répandues en Asie centrale, les tchousti (du nom du
lieu Tchoust dans la vallée de Ferghana) sont carrées et se distinguent par
la simplicité et la finesse de la broderie de soie blanche sur fond noir qui
orne leur partie supérieure. Quatre motifs (kalampour ou bodom) y sont
brodés, qui pour les uns représentent des poivrons dont le goût piquant doit
effrayer les esprits malins dans toutes les directions, tandis que d'autres y
voient des amandes protégeant du mauvais oeil tandis que d'autres encore y
voient des ailes de simurgh (oiseau mythique et fabuleux dans la mythologie
perse).
Dans les régions de Samarcande et de Boukhara, les calottes sont
traditionnellement rondes et souples, brodées de motifs géométriques aux
couleurs vives sauf chez des personnes âgés portent le plus souvent la
calotte uniforme (sans ornement) de velours verte.
Les calottes brodées au fil d'or ont probablement pour origine Boukhara.
A Samarcande, on pratique aussi la technique piltadouzi, la broderie à la
mèche de coton ce qui donne du relief aux motifs. La forme de ces calottes
rappelle le dôme à nervures.
A Shakhrisabz les calottes sont cousues et se différencient par la variété de
leurs ornements multicolores.
...et ailleurs
Au Turkménistan, la calotte s`appelle takhya. Elle a un fond carré ou rond et
le dessin brodé qui l'orne est souvent de forme géométrique, combinant les
couleurs rouges, blanches, jaunes et noires. Si la calotte de la jeune fille
turkmène est ornée de plumes, cela signifie qu'est encore célibataire. Les
calottes pour les hommes et les femmes sont ornées différemment. Si pour les
hommes elle est caractérisée par des ornements brodés de deux ou trois
couleurs, les calottes féminines se distinguent de la palette multicolore
vive.
Au Badahshan (ou Badakhchan), dans le nord-ouest de l'Afghanistan, les
calottes rondes et plates se distinguent par la combinaison des couleurs
rouges, vertes, bleues et blanches de leurs ornements géométriques
symboliques.
...et les YOURTES
La yourte ou iourte est l'habitat traditionnel de nombreux nomades vivant en
Asie centrale, notamment les Turkmènes et les Mongols. Plus d'un million
Mongols continuent à vivre dans leur habitat traditionnel, que ce soit les
nomades à la campagne ou les habitants permanents des villes et villages.
Elle est aussi particulièrement utilisée au Kirghizstan, au Kazakhstan au
Karakalpakistan mais aussi au Turkménistan, en Afghanistan, en Iran, en
Ouzbékistan et bien sûr en Mongolie. L'étymologie du mot est d'origine turque
[yurt].
C’est une habitation familiale, comprenant une pièce unique, sans fenêtre,
autour d’un poêle, une sorte de tente à ossature démontable en bois recouvert
de feutre. On y trouve plusieurs lits qui servent de sièges pendant la
journée, une armoire ou commode et une table basse où l'on pose la
nourriture. Face à la porte d'entrée se trouve traditionnellement le lit du
chef de famille. La yourte comporte une ouverture dans sa partie supérieure
du toit pour permettre d’évacuer les fumées et d’éclairer l’ensemble.
La taille des yourtes est conditionnée par le nombre de "murs" (khana) ou
treillis en bois. La taille standard correspond à un diamètre de 5,80 mètres,
pour une hauteur maximale de 2,30 et minimale de 1,50 mètre. En plus de ces
"murs", la yourte est composée d’une porte (xalag ou haalga), d’une couronne
ou clef de voûte (thoone ou toono), de 81 perches (hunnu) formant la
charpente soutenue par deux piliers (bagana), d’une ou deux couches de feutre
(esgui) et le tout recouvert d’une toile imperméable (berdzine) en coton.
Afin d’assembler l'armature de la yourte, les sections murales sont dépliées
et attachées ensemble pour former un cylindre. A son tour, la porte est alors
fixée à l’armature ainsi formée grâce à des sangles courant le long des murs.
Ensuite, le toit est fixé aux deux poteaux de support et est élevé au centre
de la yourte.
Les yourtes kazakhe ou kirghize diffèrent sensiblement de la yourte mongole.
Plus élancée, elle peut atteindre jusqu’à 3 mètres de haut, du fait d'un
système particulier de fixation des perches au cercle de clef de voûte (tündük
en kirghiz, ce qui signifie aussi nord, et shanrak en kazakh). Le volume
intérieur en est d’autant plus vaste. Le nombre de perches varie de 50 à 80
en fonction du diamètre chez les Kazakhs, tandis que chez les Kirghiz, il y
en a 40, comme le nombre de clans composant le peuple Kirghiz. La porte est
toujours dirigée vers le sud. La couverture extérieure de la yourte kirghize
est souvent en laine beige ou grise, d’où son nom boz üy qui signifie "maison
grise", tandis que la yourte mongole est plus fréquemment recouverte d’une
toile de coton blanc.
On pénètre dans la yourte toujours du pied droit sans heurter le seuil. Il ne
faut pas rester debout plus que nécessaire, ni traverser entre les deux
piliers centraux.
Un grand nombre de familles kazakhes, plus ou moins sédentarisées, vivent
dans Kizilkum. Leurs yourtes sont souvent montées à proximité des cabanes en
terres battues plus agréables à vivre en utilisation estivale.
Dans certains campements, les voyageurs sont accueillis avec un bol de kumis
(une boisson traditionnelle obtenue à partir de lait fermenté de jument et
donc légèrement alcoolisé). Les soirées autour du feu sont accompagnées par
la musique et les chants de l'akyn.
Menu OUZBEKISTAN
Etape précédente: BOUKHARA
Etape suivante: SAMARCANDE
Mercredi 10 septembre
Après le petit-déjeuner et un dernier regard sur le quartier juif de
Boukhara, nous prenons la route en direction du nord que nous avons déjà
empruntée pour partie avant -hier (nécropole Bahaouddin). Traversée de la
ville avec son flot de Chevrolet à cette-ci. Ne manquons pas un faux policier
planté sur le terre-plein d'une avenue, de la même façon que l'on voit de
fausses voitures de police sur le bord des routes. Puis c'est la "porte nord
de la ville" avec son monument déjà évoqué, maintenant la banlieue et
l'indication des distances des capitales des pays voisins (Bichkek capitale
du Kirghizistan à1129km, Almati capitale du Kazakhstan à 1379km). Le paysage
se fait plus campagnard, les ânes et les vieux tracteurs russes à trois roues
tendant à être remplacé par des tracteurs assez imposants dans une région où
l'on cultive le coton irrigué grâce à l'eau de la rivière Zarafshon...
Nous aurons aujourd'hui un trajet de 280 kilomètres qui sera ponctué de
plusieurs petites haltes.
Une trentaine de kilomètres et environ une demi-heure de route et nous voici
à Vobkent, la première de ces étapes.
1 - Minaret de Vobkent (1196) *
A deux kilomètres de la "route royale" se dresse un minaret isolé en brique,
haut de 39 mètres. Il aurait été construit en 1196 (un bon demi siècle après
le Kalon de Boukhara). faut admirer sa superbe lanterne ainsi que les
calligraphies arabes en coufique (style développé dans la ville de Koufa en
Irak qui est la plus ancienne forme calligraphique de l'alphabet arabe qui
ferait d'une certain façon penser à nos écritures gothiques) sur les bandeaux
de la base et en divani (style calligraphique de l’alphabet arabe cursif
développé dans l’Empire ottoman aux XVIe-XVIIe siècles) sur la ceinture en
brique vernissée, sous la lanterne.
[Minaret de Vobkent]
Petit tour aux alentours, dans les boutiques locales guère habituées à voir
passer des touristes. les marches restées en béton brut servent de présentoir
à toute une batterie de cuisines, casseroles, marmites et fait-tout, en
aluminium ou acier émaillé. On y trouve aussi les fameuses "pipes passe-pipi"
et même en ce domaine très particulier, la modernité se manifeste puisque le
plastique remplace le bois traditionnel. On peut encore trouver des tampons à
aiguilles pour marquer le pain, des moules à gâteaux, des suzanis et des
vêtements locaux. Dans un sac étalé par terre, ce que l'on pourrait prendre
pour une tisane est en fait une plante chamanique que l'on brûle contre le
mauvais sort ou que l'on porte en amulette porte-bonheur.
A 10H, il fait déjà pas loin de 20°
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2 -Trajet entre Boukhara et le camp de yourtes aux environs de Nourata (280
km !)
A 10H, nous reprenons la route, en obliquant en direction du nord-est, vers
G'ijduvon (ou Ghijduvan), à 45km de Boukhara. Petite étape d'un vingtaine de
kilomètres et d'une petite demi-heure de trajet.
En quittant, Vobkent, nous croisons un cortège d'hommes portant et
accompagnant au cimetière la dépouille d'un défunt. A ce sujet, Lora nous
précise qu'à la différence des Musulmans du Moyen-orient, ici les morts ne
sont pas enterrés le jour même ou le lendemain (selon que le décès à eu lieu
le matin ou l'après-midi) mais au bout de trois jours. Dans l'Islam, si les
femmes peuvent marquer le deuil par des cris et des pleurs, elles ne peuvent
pas accompagner la dépouille car on considère que le défunt les verrait toute
nues. Elles ne peuvent se rendre au cimetière qu'un an après les funérailles.
A noter que ceci est pourtant proscrit (péché majeur) par des hadiths dans la
Sunna.
Sinon, spectacle habituel de tracteurs avec des remorques pour transporter
les balles de coton à la cueillette duquel des villageois s'affèrent dans les
champs. Bien sûr, sur ce trajet comme sur d'autre, on passera les chicanes de
contrôle de la police.
Arrivés à G'ijduvon, pendant une heure, nous allons visiter l'atelier des
céramistes, les frères Alisher et Abdoullah Narzullaev (ou Narzoulayev) qui
continue une tradition d'artisanat familial depuis six générations. Leur
production traditionnelle est celle de bols (piala) et d'assiettes au motifs
floraux dans les jaunes et bruns, coloris naturels provenant de fruits, de
racines et d’écorces. Un savoir faire reconnu par l'Unesco
Le maître Abdullah Narzullaev est le fils d'Ibodullo Narzullaev, le céramiste
le plus célèbre d'Ouzbékistan, fondateur d'École Gijduvan de céramique. Il a
participé à plus de 50 expositions internationales (Japon, Etats-Unis,
Allemagne, France, Italie et Israël) et ses travaux sont exposés dans
différents musées du monde. Les travaux des Narzullaev ont été appréciés par
les spécialistes et les invités distingués de notre pays tels que Mme.
Madeleine Albright, Mme. Hillary Clinton, le prince du Pays de Galles...
Toute la famille travaille, avec la contribution du maître-artisan
Moustabchira Barakaeva.
Dilorom, l'épouse d'Alisher nous accueille et nous commençons par la visite
par le Musée de la céramique où l'on peut voir des pièces dans les styles de
différentes régions mais aussi de jouets en forme de figurines en terre cuite
représentant de manière drôle des scènes de la vie quotidienne, de sifflets
en forme d’animaux mythiques...
La visite se poursuit et la maîtresse des lieux nous présente "son domaine",
celui de la broderie suzani et de la préparation du fil (teinture). Nous
passons dans l'atelier des tourneurs puis aux fours tandyr géants, un peu
comme ces sortes de jarres qui servent à la cuisson du pain ouzbek. Elle nous
montre une sorte de pierre noire ou de verre noir comme de l'obsidienne ou de
l'anthracite qui sert au glaçage des poteries. Ce drôle de matériaux est un
"verre végétal" obtenu à partir de plantes du désert, broyage et formation
d'une pâte.
Passage normal en boutique puis l'on nous offre le thé dans une salle de
réception en forme de grande véranda ouverte sur le jardin. Thé accompagné
d'amuse-gueule: cacahuètes, raisins secs, pistaches...
[Caravansérail Rabat-i Malik]
11H, départ vers l'est pour une petite étape de trois quarts d'heure.
Après avoir dépassé sur notre gauche une sorte de grand lotissement, 20km
avant la ville de Navoï, nous arrêtons pendant une dizaine de minutes à
hauteur du caravansérail Rabat-i-Malik (1078), sur la Route de la Soie
reliant Navoï à Boukhara. Il a été construit par le souverain qarakhanide
Shams-al Mulk ("soleil de la royauté"), qui a régné sur Samarcande de 1068 à
1080. C'est l'un des plus grands caravansérails de l'époque médiévale en Asie
centrale. Ce fut par la suite une résidence de chasse royale. D'origine, il
ne reste pratiquement que le portail d'entrée car de nombreuses parties
effondrées ont été reconstruites.
Ce portail est visible de l'autre côté de la route tandis que nous nous
sommes arrêtés sur le côté droit, près du puits du caravansérail, le Malik
sardoba (XIVe siècle). On en comptait 400 à l'époque d'Abdullah Khan (ou
Abdullah ibn Iskandar II), qui a régné de 1533 à 1598 depuis Samarcande mais
beaucoup ont disparu ou sont en ruines. La citerne protégée par un dôme était
alimentée par un canal souterrain (karis ) depuis la rivière Serafschan. Pour
accéder à l'eau, il faut descendre une volée de marche mais le contenu du
réservoir n'est guère engageant.
Pendant de temps-là sur la route voisine, on assiste à un défilé de
récolteuses de coton flambant neuves.
A nouveau trois quarts d'heure de route, un trajet ponctué par la traversée
de la ville industrielle de Navoï (130000 habitants). Un combinat minier et
métallurgique y est établi ainsi que des usines chimiques (engrais) et une
centrale électrique profitant des gisements de gaz de cette région. La ville
porte le nom d'un poète turc qui vécut en Afghanistan. Elle a été également
le berceau de plusieurs poètes de langue persane.
Prenant une route secondaire se dirigeant vers le nord, maintenant nous
entrons dans une région désertique. Une vingtaine de minutes après avoir
quitté Navoï, nous arrivons dans une région où le relief s'anime. La crête de
la montagne Karatau appartenant à la chaîne de montagnes Zarafshan,
prolongement extrême du massif Guissar-Altaï, est traversée par les gorges de
Sarmish qui ont mis à nu une arrête schisteuse à 40km de Nourata Plus de 3000
pétroglyphes gravés dans la roche ont été réalisés entre l'Age du Bronze
(2000 à 1000 avant notre ère) et le Moyen Age. Ces dessins représentent les
animaux qui habitaient la région dans l'Antiquité: taureaux, chèvres,
béliers, sangliers, etc. Une dizaine de minutes suffisent car notre
exploration ne peut pas aller bien loin car nous n'avons pas les chaussures
appropriées pour grimper dans les rochers.
Nous quittons le site un peu avant 13H30.
Après avoir franchi la zone "montagneuse" en dépassant le col du Corbeau
Noir, nous pouvons constater comment Oleg exploite la longue descente vers la
plaine de Nourata en laissant notre bus en en roue libre pour économiser le
gazoil. Hummm...
Paysage au relief pelé où l'on aperçoit quelques pasteurs au milieu de leurs
troupeaux de moutons et de chèvres. Là-bas quelques chevaux et même des
vaches en liberté cherchant quelque nourriture dans les arbustes secs...
A 13H45, nouvel arrêt d'un quart d'heure dans la localité de Debaland,
autrefois relais de messages par signaux de fumée profitant d'une éminence de
loess. Au pied de celle-ci, un modeste mémorial chiite du XVIes siècle abrite
les sépultures de imams Hassan (mort empoisonné en 669 à Médine) et Hussein
(assassiné en 680 à Kerbala), fils d'Ali, second et troisième successeurs de
Mahomet dont la chronologie chiite. On peut se demander comment leurs
dépouilles ont pu arriver ici et faire de cet endroit perdu un lieu de
pèlerinage pour les Chiites. Leurs tombeaux parfaitement identiques sont dans
deux salles situées de part et d'autre d'une petite mosquée très dépouillée.
Il fait chaud (au moins30° à l'ombre mais la visite du petit site a été
brève...
Ayant repris la route, au milieu de nulle part, sur notre gauche, au pied
d'une arrête rocheuse, on aperçoit une première yourte.
14H15, Nourata, petite ville de 25000 habitants reconnue pour sa production
de marbre et d'astrakan (fourrure bouclée de jeune agneau de race karakul,
originaire de l'ouest de la Chine).
Cette ville de la province de Navoï est située à 314 km au sud-ouest de
Tachkent, au pied des montagnes Nurata (le mont Hayatbashi cumine à 2169
mètres).
Il est bien temps de déjeuner. Au menu des raviolis russes pelmini (ou manty
pour les Ouzbeks), de petites boulettes de viande hachée relevée d'oignon et
d'ail, enrobées d'une fine pâte repliée ce qui leur donne une forme
d'oreille. Pour le dessert, Lora nous apporté de petites madeleines.
Une heure plus tard, après s'être restaurés et avant de quitter Nourata,
rapide coup d'oeil sur les ruines de la citadelle dominant le bazar. Elle
serait attribuée à Alexandre le Grand (qui aurait traversé le pays vers 327
avant J-C), perchée au sommet d'une colline de loess afin de protéger la
Sogdiane contre l’attaque des nomades de la steppe. . En fait, il semble
qu'elle soit encore plus ancienne.
Pas assez de temps pour aller voir la source sacrée Tchachma (ou Chashma)
attribuée à Ali, le gendre de Mahomet, une source peuplée de poissons sacrés
marinkas.
En réalité le terme de notre journée est plus loin, un campement de yourtes
de Kazakhs sédentarisés. Une soixantaine de kilomètres dont une partie par
piste soit encore une bonne heure de trajet, toujours vers le nord-est...
Toujours la steppe sablonneuse, avec quelques buissons la plupart du temps
desséchée et, par-ci par-là, des troupeaux.
Peu avant de quitter la petite route de Koshrabad pour emprunter une piste
qui se dirige vers le lac Aïdarkul, nous apercevons sur la gauche le vaste
camp d'un cheik du Moyen Orient venu chasser la perdrix des sables . On la
cuisine pour en faire un bouillon aurait un effet aphrodisiaque et qui serait
également recommandé aux personnes dans l'état d'épuisement et aux
convalescents.
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3 - Au camp de yourtes de Yangikazgan *
Notre minibus nous dispense de faire appel à des 4x4 pour le petit bout de
piste qui nous conduit dans le secteur de Yangi Kazgan, à 3 kilomètres du Lac
Aïdarkul. Celui-ci (nous n'irons pas jusqu'à ses rives) est un grand lac
(200km de long) ou plus exactement un réservoir artificiel endoréique (dont
les eaux s'évaporent ou s'infiltrent avant d'atteindre la mer) salé dont la
superficie est de 4000 km² (le tiers de ce qui reste de la Mer d'Aral et dix
fois moins que ce qu'elle était il y a une cinquantaine d'années. Bref, une
goutte d'eau).
Mais ici, nous allons davantage parler de sable que d'eau.
Il est près de 17H lorsque nous débarquons dans le camp qui compte une
quinzaine de yourtes. La grande angoisse métaphysique était de savoir à
combien nous logerions par yourtes, sachant qu'elles peuvent abriter jusqu'à
8 pensionnaires. Mais comme il n' a c soir qu'un autre petit groupe de 6
personnes, il n'y aura pas de problème car avec à peine une vingtaine nous
sommes loin des 120 qui pourraient séjourner ici à plein capacité du camp.
Pour les 13 de notre groupe, nous sommes répartis dans quatre yourtes (3x3 et
1x4).
Trois petits quarts d'heure pour s'installer et, pour ceux qui le veulent,
c'est parti pour une petite balade optionnelle (4000 soums) d'une vingtaine
de minutes à dos de chameau, pas de dromadaire, puisque le chameau de
Bactriane est l'animal emblématique d'Asie centrale. Sympa et confortable que
"ce vaisseau du désert" qui me semble moins tanguer que les dromadaires qu'il
m'est arrivé de monter dans d'autres contrées. Ici, on a le confort des deux
bosses de graisse qui font airbag...
[Yangi Kazgan, au camp de yourtes]
[Yangi Kazgan, au camp de yourtes]
[Yangi Kazgan, au camp de yourtes]
Après cela, pour finir l'après-midi, de 18H15 à 19H environ, nous nous
retrouvons au sommet de la dune qui domine le campement afin d'assister au
soleil couchant sur le désert. Silence total si ce n'est une petite brise
tandis que l'air se rafraîchit rapidement.
19h30-20H15, dîner sous un abri bâché planté à côté des cabanes en dur où
dorment les employés du camp et les guides et chauffeurs. Buffet de crudités
et salades (une douzaine au choix) puis un copieux ragoût de mouton
accompagné de pommes de terre et carottes.
Mais il et trop tôt pour dormir et il n'y a pas de TV dans les yourtes (ni
même d'électricité). Un feu de camp est rapidement allumé et l'on est invité
à s'asseoir sur des tabourets (en plastique mais recouverts de tissu ouzbek à
motifs de "nuages"). Ce feu va apporter un peu plus de lumière que la pleine
lune qui brille déjà et va nous apporter une autre chaleur que celle de la
vodka avec lequel nous allons pouvoir trinquer, sachant que la tradition veut
"qu'une bouteille de vodka débouchée doit être vidée dans la foulée".
Pourtant un petit coup suffira nous désinhiber un peu et ce sera mieux que de
se saouler car cet état est plutôt pitoyable... On se comprend, n'est-ce pas
?
Un chanteur, visage tourné vers le ciel et yeux clos, entonne des mélopées
qui prennent aux tripes. Il s'accompagne d'un instrument à deux cordes et à
caisse de résonance bombée en forme de poire sans ouies, sans doute dombra ou
dotar. Cela se termine par un semblant de "danse de sauvages", sortie tout
droit de notre imagination débridée (mais quand même pas top alcoolisée).
Chacun essaie de retrouver son chemin puis, une fois couché sur son matelas à
même le sol, de bien repérer où l'on pose sa lampe de poche qui pourrait
s'avérer utile dans la nuit, même s'il fait grand clair de lune. Un peu de
clarté passe à travers le toit, là où le matelassage de feutre (esgui) pris
entre les toiles de coton (berdzine) qui forment le toit est insuffisant.
Jeudi 11 septembre
On ne sera pas surpris de la petit fraîcheur qui s'insinue dans le yourtes
aux premières lueurs de l'aube. D'ailleurs, il fait tout au plus 10° dehors.
Belle illustration du climat (semi) désertique. Les lève-tôt sont dehors dès
6H45 pourtant la plupart ne s'acquittent que d'une toilette de chat... Petite
ballade sur la dune pour voir le soleil se lever et observer les traces sur
le sable laissées par des animaux pendant la nuit. De là-haut, on voit les
employés du camp revenir avec des animaux qu'ils ont pris au piège et qu'ils
vont aussitôt dépecer. Ils sont vêtus de leur manteau matelassé (khalat).
A 7H15, vêtus de polaires et malgré tout assez frigorifiés, nous apprécions
un petit-déjeuner revigorant.
Départ du camp à 7H45. Destination une ville mythique, Samarcande...
__________________________________________________
SAMARCANDE
1- Trajet vers Samarcande
2- Mausolée Gour Emir**
3- Ensemble Reghistan***
4- Mosquée Bibi-Khaloum** et Bazar
5- Nécropole Chah-i-Zinda**
6- Musée d'Afrasiab et Observatoire d'Ouloug Beg
7- Atelier de papier mâché et dégustation à la cave Khovrenko
8- Mausolée Mohammad al-Boukhârî*
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Menu OUZBEKISTAN
Glosssaire / Frise historique
Samarcande sur Wikipédia
ROUTE DE LA SOIE
et "GASTRONOMIE" OUZBEKE...
LA ROUTE DE LA SOIE...
La route de la soie désigne un ancien faisceau complexe de routes
commerciales entre l'Asie et l'Europe, reliant la ville de Chang'an (actuelle
Xi'an) en Chine à la ville d'Antioche, en Syrie médiévale (aujourd'hui en
Turquie). Au-delà, elle se poursuivait par voie maritime en Méditerranée et
en Mer Noire vers l'Italie, Constantinople et le Crimée.
Elle tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait: la soie,
la marchandise la plus chère qui y transitait et dont les Chinois furent
pendant longtemps les seuls à détenir le secret de fabrication. Ce réseau de
pistes par lesquelles transitaient de nombreuses marchandises monopolisa les
échanges Est-Ouest pendant des siècles.
Les plus anciennes traces connues de la route de la soie, comme voie de
communication avec les populations de l'Ouest, remontent à 2000 avant notre
ère. Elle s'est développée surtout sous la dynastie chinoise des Han (vers
220 av. J-C), puis, bien plus tard, sous la dynastie Tang (618-907).
Les marchandises venues d'Orient ou d'Occident et transportées par des
convois de caravanes s'échangeaient dans les oasis, devenues d'importants
comptoirs fréquentés non seulement par les commerçants mais aussi par les
pèlerins, les soldats et les espions. L'acheminement pouvait parfois demander
une année, encore fallait-il la marchandise échappât à la convoitise de
peuples belliqueux ou de brigands qui pouvaient d'en emparer en de multiples
occasions.
À partir du XVe siècle, la route de la soie est progressivement abandonnée.
L'instabilité des guerres turco-byzantines, puis la chute de Constantinople
poussent en effet les Occidentaux à chercher une nouvelle route maritime vers
les Indes d'autant plus facilement que les techniques de navigation se
développe (navires, connaissances géographiques).
... ET LA CUISINE OUZBEKE
La cuisine d’Asie centrale est peu connue en Occident alors que les
spécialités sont pourtant savoureuses.
La seule difficulté que rencontrent réellement les Occidentaux dans cette
cuisine provient de l'utilisation de l’huile de coton, peu digeste pour les
estomacs qui n’y sont pas habitués. Ce désagrément passe après une courte
période d’adaptation.
Bilan pour notre groupe de 13: seules 3 personnes ont réussi à échapper aux
désagréments digestifs... dus sans doute à ces excès de graisse mais aussi
aux nombreuses crudités et salades auxquelles il était impossible de
résister.
La cuisine turkmène à laquelle on fera souvent allusion ci-après a beaucoup
de points communs avec les cuisines des autres peuples d'Asie Centrale, en
premier lieu ouzbèke et karakalpake. Mais en même temps elle se distingue des
autres par une série des particularités. Et en premier lieu par la présence
d'une multitude de plats de poisson, grâce à la proximité de la mer
Caspienne. A la différence des cuisines ouzbeke et tadjike, celle des
Turkmènes utilise moins des légumes: de gros radis, des tomates, des oignon
que l'on mange cru et qu'on l’utilise à titre d'assaisonnement. On n’utilise
peu courge et carotte.
Les solides
Le pain
Le pain cuit fraîchement avec une croûte croustillante, le fameux pain
qu'appréciait tant Tamerlan, est déjà presque un repas à lui tout seul. Pour
les Ouzbeks, le pain est considéré comme sacré et traité avec soin. En
Ouzbékistan, les pains ronds plats, non en langue ouzbèke (terme quasi
identique au nân en Inde du nord), sont de deux types: obi-non à base de
farine et d'eau et patir-non à base de farine, d'eau et de graisse d"agneau
ou de beurre. Ils sont cuits dans un four d'argile spécial appelé tandoor.
L'histoire des fours tandoor pour la cuisson du pain remonte à l'Antiquité.
Les potiers locaux transmettent leurs compétences de génération en
génération. Le boulanger colle les pâtes sur les parois chaudes du tandoor,
puis le pain est arrosé avec de l'eau et cuits de cette façon pendant environ
10 min.
De nombreuses traditions et les coutumes des Ouzbeks sont liées au pain. Le
pain n’est jamais coupé mais brisé à la main. Lors de la cérémonie de
mariage, les parents cassent le pain et mettent les morceaux sur la table des
jeunes mariés. Une autre coutume veut que lorsqu'une personne quitte la
maison pour une longue période, elle mord un morceau de pain et le reste du
pain sera conservé jusqu'à son retour comme un talisman protecteur.
Chaque province de l'Ouzbékistan a ses recettes de pain. Les célèbres pains
de Samarkand sont les meilleurs et les gens locaux en achètent comme cadeau
pour offrir à leurs familles au retour de leurs voyages à Samarcande. Il y a
aussi des pains de pâte feuilletée avec la viande hachée, des oignons ou des
noix. Par exemple, la vallée de Fergana est célèbre pour le pain feuilleté
katlama qui est consommée avec du beurre et de crème blanche.
Chez les voisins Turkmènes, même si le vocabulaire diffère, le rapport au
pain est sensiblement le même. La préparation du pain national, tchorek, est
un art. Le tandir (le fourneau d'argile), où on cuit le tchorek, est
considéré comme la place la plus sacrée à l'habitation.
Och ou plov
Le plat national ouzbek est l'och, ou plov en russe, à base de riz sauté,
carottes, raisins secs, épices (cumin, coriandre...) et de viande de mouton.
Il en existe une centaine de recettes selon les régions. En effet, cette
spécialité s'est rependue dans toute l'Asie centrale bien avant les contes
des "Milles et une nuits'", à l'époque où Samarcade et Boukhara, grandes
étapes de la Route de la Soie, s'échangeaient épices rares et riz fins.
À Boukhara, le riz n’est pas sauté, mais bouilli. Dans la vallée de Ferghana,
il est accompagné de feuilles de vignes farcies de viande et d’oignon.
Ailleurs, il sera agrémenté d’ail, de pois chiches ou de raisin. Le plat est
traditionnellement cuisiné le vendredi, ainsi que pour toutes les grandes
occasions: navrouz (jour de l’an), fin du ramadan, mariage, anniversaire...
Dans les tchaïkhanas ("maisons de thé); ces auberges implantées dans les
bazars, on en trouve tous les midis.
Dans le pays voisin, au Turkménistan, ce plat est également le plus populaire
sous le nom de pilaf. On le réalise à base de viande de jeune mouton, de
carottes, de riz et d'oignon. Le chourpa, un bouillon du mouton avec des
pommes de terre et de la tomate, est également très répandu dans ce pays.
Brochettes chachlik
L’autre spécialité culinaire célèbre est le chachlik, littéralement "six
morceaux". Ce sont des brochettes composées de six morceaux de viande et de
gras, ou bien uniquement de gras. Les plus communes sont à la viande de
mouton, mais on en trouve également au bœuf ou au poulet (tovuk kabob). Les
kebabs ou - viande rôtie - sont des pièces de viande hachée, moulées à la
main autour de la brochette. Les chachliks se mangent accompagnés d’oignon au
vinaigre. La viande est légèrement épicée ou parfumée à la coriandre.
Autres spécialités
Le somsa ou samoussa (du perse sanbosag) est une pâtisserie salée très
populaire dans la cuisine ouzbèke pour laquelle on utilise des rouleaux de
pâte cuits au four ou frits dans l'huile. Il y a plus de 20 recettes de le
faire. La forme peut être différente: triangulaire, carrée ou ronde. Les
ingrédients de base pour la garniture sont la viande hachée avec des oignons,
des pommes de terre en purée, des légumes et des champignons. Et en hiver, le
somsa est fourré avec du potiron. Au printemps, les Ouzbeks en préparent avec
des herbes afin d'apporter des vitamines au corps après un long hiver.
Les kebabs ou "viande grillée" sont des pièces de viande hachée, moulées à la
main autour d'une brochette. Ils s'apparentent aux chiche-kebab de Turquie.
Les bazars regorgent encore d’autres spécialités ouzbeks, ouighours ou
kazakhes. Les plus courantes sont les laghman, de longues nouilles qui se
mangent en soupe ou sautées, les manty (une variante est appelée pelmini par
les Russes), de gros raviolis cuits à la vapeur et fourrés de viande et
d’oignon, les chuchvara, des raviolis également, mais qui sont garnis de
carotte ou de potiron, les ragoûts kovuram avec accompagnement différentes
sortes de légumes (nakhot tchurak aux pois chiches, dimnama aux pommes de
terre, choux, carottes) ou encore le bechbarmak, une spécialité des nomades
kazakhs, faite de viande bouillie de mouton ou de bœuf et de morceaux de
foie, servie avec des oignons, des pommes de terre et des nouilles.
Les fruits
En septembre et octobre, les bazars débordent d'excellents fruits et légumes
, dont la plupart proviennent de la fertile vallée de Ferghana. C’est en
particulier la saison du melon (kovum saili, la fête du melon), des pastèques
et des citrouilles.
Comme les autres pays d'Asie centrale le Turkménistan est très riche en
fruits divers: légumes, fruits, cucurbitacées. Les melons turkmènes sont
célèbres pour leur parfum de miel et constituaient un produit d'exportation
prisé aux temps préislamiques.
Du semi liquide: les soupes
Il y a une grande variété de soupes en Ouzbékistan. Elles sont très
savoureuses et riches car préparées à partir de plusieurs ingrédients qui ont
une valeur nutritive élevée. On y trouve évidemment des légumes (oignon,
carotte, poivron et tomates). Les soupes les plus populaires sont mastava,
une soupe au riz, mashhurda, une soupe au riz et aux pousses de soja
(haricots mungo), lagman, une soupe aux nouilles, chourpa ou tchorba, un
bouillon d'agneau avec beaucoup de légumes, tchutchvara tchorba avec des
boulettes de viande d'agneau, mampar, une soupe avec des pâtes, etc. En hiver
on sert aussi une soupe épaisse à base de potiron, d'un mélange des pommes de
terres et des carottes moulinés
La cuisine ouzbèke est aussi assez épicée. On utilise souvent des épices
courantes telles que le cumin, la coriandre, le sésame, le fenouil et le
basilic.
Pour leurs épices, les Turkmènes utilisent largement le poivre rouge et noir,
la menthe, le persil sauvage, les pousses de pistachier. Au lieu du curcuma,
ils emploient du safran et de l'ail.
Les liquides
Le thé
Le thé, vert ou noir, est la boisson incontournable en Ouzbékistan. Servi à
toute heure de la journée, en guise de bienvenue, d’au revoir, ou juste pour
passer le temps, le thé est une véritable religion et le servir obéit à tout
un cérémonial. Il est préalablement versé trois fois dans une tasse et
reversé à chaque fois dans la théière. Ces trois temps symbolisent loy,
l’argile, moy, la graisse et tchaï, le thé ou l’eau. Le premier étanche la
soif, le second isole du froid et du danger, le troisième éteint le feu.
Les tasses ne sont jamais remplies, ce qui signifierait qu’il est temps, pour
l’invité, de partir. Remplir une tasse est très mal perçu par celui qui la
reçoit. La main gauche étant impure, théière ou tasses doivent êtres prises
ou données de la main droite.
La vodka
La vodka est la seconde boisson en Ouzbékistan, un peu moins traditionnelle,
mais tout aussi présente. Un souvenir laissé par les Soviétiques avec lequel
les Ouzbeks arrosent les repas à coup de toasts, en se jetant ensuite sur une
boisson gazeuse non alcoolisée pour faire passer... Il faut dire que la vodka
produite en Ouzbékistan a tout d'un "alcool de bois"...
La vodka (du polonais wódka) est une boisson alcoolisée incolore titrant
généralement 40 voire 50 degrés, sans goût particulier autre que celui
d'alcool et pour cela parfois aromatisée. L'origine de cette eau-de-vie se
situerait en Russie ou en Pologne. Il s'agit généralement d'une eau-de-vie de
pomme de terre ou de céréales (blé, seigle), mais d'autres matières premières
peuvent être utilisées (betteraves). C'est l'alcool national de nombreux pays
(Russie, Pologne, Ukraine, Finlande... Ouzbékistan). Entre 4000 et 5000
marques de vodka sont présentes sur le marché mondial. La vodka est le
premier alcool fort consommé dans le monde.
Menu OUZBEKISTAN
Etape précédente: NOURATA
Etape suivante: CHAKHRISABZ
Jeudi 11 septembre
Départ du camp de yourtes de Yangi Kazgan à 7H45. Destination une ville
mythique, Samarcande...
1 - Trajet de Nourata à Samarcande (230 km)
A nouveau la steppe désertique, avec ses troupeaux de chèvres et de moutons,
parfois des vaches, le camp di cheik chasseur, un relais de téléphonie, des
paysans en train de faire des ballots avec des touffes de végétaux coupés
dans la steppe, de jolies petites montagnes, Nourata puis Dehibaland (ou
Debaland), le Col du Corbeau, les pétroglyphes de Sarmish, puis Navoï où l'on
rejoint l'axe principal reliant Boukhara à Samarcande.
Et si l'on avait idée de prendre une photo en arrivant à un poste de contrôle
de police près de Navoï, comme ça, par simple fantaisie ?... Dommage car les
policiers ont l'œil et c'est un geste répréhensible. Il est vrai que même
chez nous, les personnels en uniforme sont généralement hostiles au fait
d'être photographiés. Hé bien, ici, on ne plaisante pas car rappelons nous
que nous sommes dans une dictature comme en témoigne cette multiplication des
contrôles. Ce n'est pourtant pas (plus) une dictature communiste, d'ailleurs
dans quatre des cinq dictatures communistes (Chine, Vietnam, Laos et Cuba)
qui subsistent on n'a jamais rien vu de tel, la dictature sait s'y montrer
discrète. Le policier arrête le bus, discute vivement avec le chauffeur, fait
ouvrir la porte, s'explique avec la guide et la contrevenante s'en sort sans
dommage en disant avoir effacé la photo...
Pour se remettre de tout cela, une demi-heure plus tard, vers 9H20, arrêt du
côté de Ziadin. L'occasion d'un petit casse-croûte comme les routiers, car on
a pris le petit-déjeuner tôt. Pour se caler, ce sera un demi somsa ou
samoussa, carré car ces en-cas sont gros et assez gras. On aurait pu
également jeter notre dévolu sur des chachlik, les brochettes qui grillent
sur le parking et aussi, pourquoi pas, du pain ou de la brioche ou des fruits
également vendus sur ce parking. Il fait une quinzaine de degrés.
Nous voici repartis. Pour certains conducteurs, une route à deux chaussées ça
se prête bien au slalom pour effectuer des dépassements. Et comme chaque
chaussée ne comporte que deux voies, pourquoi ne pas s'insinuer entre deux
véhicules en circulant sur la bande médiane ? Ajoutons que les "engins"
circulant sur cet axe se déplacent avec de grandes disparités de vitesses:
les carrioles y sont nombreuses. Evidemment, ce genre de voie expresse n'est
pas une autoroute. Pas d'échangeur et les franchissements se font donc à
niveau. Les piétons, des écoliers par exemple, doivent la traverser en
empruntant un espace ménagé dans la glissière en béton qui sépare les deux
chaussées.
Traversée de Mirbazar puis Katta-Kurgan. Par moment, les conducteurs doivent
redoubler de vigilance car des portions de la route sont ramenés sur une
seule chaussée ce qui n'empêche pas qu'elle soit empruntée par les carrioles
à ânes oou les tracteurs avec des double-remorques de fourrage ou de coton.
Surprise, au milieu de toutes les Chevrolet, une Daewoo Nexia !
12H30, il reste encore une heure de trajet mais un court arrêt (10 minutes)
nous est proposé près d'un champ de coton en fleur pour se dégourdir et faire
quelques photos. Dans ce champs, le coton se trouve à différents stades de
maturité. Certains pieds portent des boutons non éclos, des fleurs de deux ou
trois couleurs différentes (blanc, rose ou jaune), des capsules de
fructification et des bourres de coton recouvertes d'une houppe de fibres
dissimulant des graines.
13H30, nous sommes à Samarcande (ou Samarkand ou Samarqand) sous 30° à
l'ombre.
«J'ai entendu parler de la gloire de Samarcande et pourtant la ville est
beaucoup plus belle que je n'aurais jamais pu l'imaginer» aurait dit
Alexandre le Grand.
"La Rome de l'Orient" a impressionné par sa splendeur pendant 25 siècles.
Historique sommaire de SAMARCANDE
L'occupation du site de la ville de Samarcande date du paléolithique
inférieur. C'est l'un des berceaux de la civilisation des peuples de l'Asie
centrale. Le musée de Samarcande offre quelques exemples de silex taillés
trouvés sur place. Le site archéologique d'Afrasiab, au nord-est de la ville,
témoigne d'une occupation remontant au VIe siècle avant J-C jusqu'au XIIIe
siècle de notre ère. Les Sogdiens étaient un peuple de langue iranienne qui
vivait depuis le début du Ier millénaire avant J-C dans une région à laquelle
ils ont donné leur nom, recouvrant une partie de l'Ouzbékistan et englobant
Samarcande et Boukhara. Leur langue était plus précisément du groupe
est-iranien ; elle était à peu près identique à celle des habitants de la
Bactriane, qui se trouvait au sud de la Sogdiane. Elle a été supplantée par
le tadjik, un autre dialecte iranien identique à l'actuel persan, mais elle
n'a pas totalement disparu. Samarcande, connue alors sous le nom de Maracanda
ou Maragand, a vu passer Alexandre le Grand (329 av. J-C) qui ira plus loin
vers l'Inde mais la Sogdiane a marqué la limite de ses conquêtes en direction
de l'Asie centrale.
Elle fut conquise en 712 par les Musulmans des troupes perses de Abu Muslim
al-Khurasani qui ravagèrent la ville, tuèrent la plupart des habitants et
prirent les jeunes comme esclaves et les femmes comme concubines. A nouveau,
elle brillera particulièrement sous le règne des Samanides, une dynastie
iranienne qui reprend le pouvoir après la conquête arabe. Après la bataille
de Talas en 751, où les Musulmans capturèrent des artisans papetiers chinois,
Samarcande devint le premier centre de fabrication du papier du monde
musulman. Les canaux d'irrigation étant obstrués, la ville fut prise, pillée
et ruinée par Gengis Khan en 1220 qui massacra ses habitants et la garnison
en les brûlant ou qui en fit des esclaves.
La ville fut ressuscitée par l'un de ses successeurs, apparenté par alliance,
Tamerlan (ou Timur Lang) qui en fit la capitale de son empire en 1369
lorsqu'il y rapportera de Perse les restes supposés du prophète Daniel. Le
"Conquérant du Monde" mit ses pas dans ceux de ses prestigieux ancêtres
mongols. Les monuments édifiés par les Timourides (descendants de Tamerlan)
font la gloire de la cité. Ulugh Beg (1394-1449), petit-fils de Tamerlan,
prince et astronome, y fit construire un observatoire où il mèna des travaux
de grande qualité avec quelque 70 savants. Après sa mort, la vie
intellectuelle et artistique des Timourides se concentra à Hérat en
Afghanistan. En 1507, les Timourides furent renversés par les Ouzbeks de la
dynastie des Chaybanides (une dynastie mongole descendant de Gengis Khan).
Lors du morcellement du khanat de Djaghataï correspondant en gros à l'actuel
Ouzbékistan en trois khanats (Khiva, Boukhara et Kokand) qui interviendra en
1598, Samarcande est rattachée au khanat de Boukhara. En 1868, cette ville
persophone passe sous domination de l'Empire russe et devient une ville de
garnison. Elle est le chef-lieu de l'oblast (région) de Samarcande à partir
de 1887, faisant partie du Turkestan russe. Un an après, elle est reliée au
chemin de fer, par la ligne du Transcaspien. Après la révolution d'Octobre,
elle fait partie de la république du Turkestan, avant de devenir, en 1925, la
capitale de la république socialiste soviétique d'Ouzbékistan pendant cinq
ans. En 1930, elle perdra cette place au profit de Tachkent, qui est
turcophone (ouzbek) et deviendra chef-lieu de l'oblast de Samarcande en 1938.
Arrivant de l'ouest, nous déjeunons dans les quartiers ouest, au restaurant
Karim Bek, situé sur la rue Gagarine (héros soviétique de la conquête
spatiale qui étonnamment n'a pas vu sa rue débaptisée). C'est un très grand
établissement, fréquenté par de nombreux Ouzbeks et notamment des jeunes
filles et jeunes femmes sortant "entre filles".
Au menu, salades de crudités dont macédoine de légumes avec mayonnaise
(danger !), soupe assez grasse aux herbes (genre épinards) avec du fromage
puis cinq ou six côtes d'agneau grillées... Bien trop riche tout cela !
Une jeune mère de famille installée en terrasse (près dune artère où ça
circule beaucoup) à littéralement abandonné sa petite fille qui erre dans la
grande salle où nous sommes installés. Nous avons sans doute de bonnes têtes
car la gamine de deux ans environ vient se faire pouponner sur nos genoux et
accepte même qu'on lui donne la becquée... Ha! ces parents indignes...
A 15H45, nous passons déposer nos bagages et nous rafraîchir à l'hôtel
Konstantin (4*) situé non loin de la rue (ko'chasi) Mirzo Ulugbek.
Départ à 17H pour commencer les visites des nombreux monuments historique de
la ville inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2001.
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2 - Mausolée Gour Emir (1404) **
Notre seule visite de la journée sera consacrée au Gour-Emir ("le tombeau du
souverain"). C'est le monument le plus célèbre de la ville et son symbole,
puisqu'il s'agit du tombeau de Tamerlan.
Comme il est situé au centre ville, à 4km de l'hôtel, nous nous y rendons
avec le minibus, en empruntant la longue rue commerçante Mirzo Ulugbek, en
passant devant le Gum (ancien magasin de l'époque soviétique) et les plus
contemporains bureaux de l'Orient Finans Bank puis entre le stade Dinamo et
la piscine.
Le commerce de pharmacies (dorixona) n'est certainement pas réglementé dans
ce pays, car elles se touchent. Elles sont tout aussi nombreuses que les
magasins d'habillement avec des vitrines remplies de robes de mariées.
Serait-ce que les Ouzbeks seraient très enclins à convoler mais s'en
remettraient mal ?
Nous remontons un court moment "les Champs-Elyszées" de Samarcande, le
boulevard de l'Université jusqu'à la statue de Tamerlan (Amir Temur Haykali),
avant d'arriver sur l'esplanade qui fait face au complexe Gour-Emir.
A cet endroit existait une madrassa et une auberge de pèlerins (khanagha)
dont on peut voir les fondations. A la mort de ce petit-fils favori en 1404,
Tamerlan (âgé de 68 ans) y ajouta un tombeau et décida que lui-même serait
également enterré ici et non dans sa ville natale, Chakhrisabz. Il en fut de
même de ses descendants jusqu'à Ouloug Neg.
Le premier élément du monument est un grand portail bleu richement orné de
majoliques et de mosaïques aux motifs végétaux, floraux et entrelacs et
surmonté d'un bandeau en calligraphie divani (écriture arabe cursive).
Après le portail, encadré de deux tour apparaît le mausolée proprement dit.
Il est coiffé d'un tambour sur lequel repose un dôme à 64 nervures de briques
émaillées. On y accède par une galerie sur le côté gauche.
Dans la cour on peut voir un gros bloc de marbre sculpté d'arabesques, appelé
Kok Tach, qui a été considéré comme servant de trône à Tamerlan alors qu'il
s'agirait plutôt d'un pavois pour le couronnement des émirs. Une vasque
voisine en pierre est aussi sujette à interprétations divergentes:
servait-elle aux ablutions ou comme moyen de compter les guerriers morts au
combat, chacun devait y déposer une pierre et en reprendre une à son retour
de la bataille...
L'intérieur du mausolée est richement décoré et l'on baigne dans une lumière
de bleu cobalt (violacée) tout à fait irréelle. La base des murs était
habillée de carreaux hexagonaux en onyx qui ont malheureusement été en grande
partie pillés et remplacés par du marbre. La partie intermédiaire du mur
porte des inscriptions coraniques gravées et dorées sur fond bleu tandis que
les niches latérales sont ornées de stalactites en relief de papier mâché
bleu et or. Puis nos regards admiratifs vont se perdre dans la coupole...
En ramenant le regard vers le sol, on peut voir derrière la barrière de
marbre finement ajourée les huit pierres tombales qui ne sont que des
cénotaphes car les véritables tombeaux se situent dans la crypte. Au fond,
près de la fenêtre, celui de Mir Saïd Barakah, maître spirituel de Tamerlan.
Celui-ci repose à ses pieds, au centre, sous une dalle foncée en jade de 1,80
mètre de long (le plus long jade du monde mais malheureusement brisé lorsque
trois siècles plus tard Nadir Chah voulu la transporter à Merched, en Iran)
ramenée de Mongolie par son petit-fils, Ouloug Beg. Le véritable tombeau est
exactement en dessous dans la crypte. Autour de Tamerlan, outre Oulog Beg,
les autres tombes sont ceux de ses fils Chah Rokh et Miran Chah, de son
petit-fils Mohammad Sultan et de deux enfants inconnus.
Un beau site que nous reviendrons voir après-demain soir, lorsque la nuit
sera tombée.
A une centaine de mètres au nord du portail du Gour-Emir, près d'une mosquée
de quartier, on arrive à un autre mausolée, celui de Roukhabad construit à la
même époque (XIVe siècle) par Tamerlan pour honorer la mémoire d'un mystique,
Cheikh Bourhan al-Din Sagardji. L'édifice imposant mais austère abrite
plusieurs sépultures.
19H, il fait pratiquement nuit et ce n'est pas ce soir que l'on va
photographier la statue de Tamerlan.
En revanche, cela peut-être l'heure de dîner au restaurant Old City (100, rue
Jom1y): macédoine de légumes, soupe, mouton en papillotes avec riz et pois
chiches. Dessert original: une sorte nougat fait de riz aggloméré avec du
miel...
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3 - Reghistan *** madrassas d'Ouloug Beg (1417-20), Chir Dor (1619-36),et
Tilia Kari (1646-60),
Samedi 13 septembre
Si vous avez suivi le fil de ma narration, vous avez peut-être constaté que
j'avais sauté un journée. La raison, c'est que le vendredi 12 septembre, nous
étions en excursion en dehors de Samarcande, à Chakhrisabz, site qui sera
évoqué dans une autre page.
Bonne nuit de repos puisque départ seulement à 9H.
Une nouvelle fois, avec notre minibus, nous descendons la rue Mirzo Ulugbek
avec ses pharmacies (dorixona), restaurant, banques et jolies maisons
bourgeoises.
Sur l'une des places centrales de Samarcande, à proximité du quartier des
universités, trône l'imposante statue de bronze del'empereur Tamerlan,
également appelé Amir Temur. Ce guerrier turco-mongol, né en 1336 et mort en
1405 a fondé la dynastie des Timourides et bâti un empire colossal, dont
Samarcande a été la capitale. Bien que Tamerlan ait été un chef de guerre
impitoyable, sanguinaire et destructeur, il a énormément contribué à la
protection des arts et des lettres, ce qui a fait la grandeur de Samarcande
(dont le nom signifie « lieu de rencontre » ou « lieu de conflit »). C'est la
bonne heure pour faire des photos.
A proximité on aperçoit l'ancien Hôtel Président renommé Registan Plaza.
Au centre ville, cette fois-ci nous nous rendons au Reghistan ("place de
sable") restauré dans sa splendeur d'origine ce qui en fait le complexe
islamique le plus grandiose d'Ouzbékistan et l'un des plus beaux de l'Islam.
Ce fut l'oeuvre de Ouloug Beg (ou Ulugh Beg), petit-fils de Tamerlan et
passionné d'astronomie.
A noter: ici pas de droits photo, une fois n'est pas coutume...
A l'ouest, Ouloug Beg fit bâtir une madrassa (1417-1420), en face de
laquelle, à la place d'un marché, il ajouta un khanagha pour accueillir les
derviches itinérants. Ouloug Beg avait également fait construire le
caravansérail Mirza au nord et la gigantesque mosquée Koukeldach au sud. La
place centrale servait aux exécutions. Deux siècles plus tard, un gouverneur
fit raser le khanagha et le caravansérail, les remplaçant respectivement par
la madrassa Cher Dor (1619-1636) et la madrassa Tilia Kari (1646-1660).
[SAMARCANDE, le Registan]
[SAMARCANDE, le Registan]
La madrassa d'Ouloug Beg (1417-20)est l'une des plus vastes d'Asie centrale.
La passion d'Ouloug Beg pour l'astronomie est affichée par les étoiles
représentées sur le portail (pishtak). De part et d'autre du portail, deux
salles d'études à coupole occupent les angles. Deux élégants minarets de 33
mètres se terminent par des corniches (muquarnas) ornés de motifs en nids
d'abeilles. La céramique glaçurée est de type mo'arraq, faite un assemblage
de fragments de céramiques découpées puis assemblées sur un lit de mortier
pour former des panneaux aux motifs complexes; ce qu'on appelle zelliges au
Maroc , une technique comparable à celle des mosaïques.
La cour intérieure, carrée, est percée de quatre iwans dans le prolongement
des axes. Les cellules des élèves sont disposées sur les deux étages, de part
et d'autre des iwans, des salles qui ont sans doute perdu les dômes qui
devaient les surmonter à l'origine. Des minarets sont disposés aux angles des
façades. Une mosquée occupe l'espace situé entre les deux salles d'études au
fond de la cour. L'édifice à été restauré en 1994 à l'occasion du 600e
anniversaire d'Ouloug Beg.
La madrassa Cher-Dor ou Chir-Dor (1619-36), "La porte des Lions", a été
construite par le gouverneur Yalangtouch, "en miroir" (koch) de la médersa d'Oulough
Beg, à la place du khanaqah édifié auparavant par le même Oulough Beg. Sa
façade de 51 mètres de long est flanquée de minarets d'angle comme la
madrassa qui lui fait face. Le portail est orné de mosaïques sensées
représenter des lions qui ressemblent plutôt à des tigres poursuivant des
biches blanches et supportant un soleil (symbole zoroastrien) à face humaine.
Ces représentations sont des hérésies par rapport à l'Islam, c'est pourquoi
la légende dit que l'architecte fut condamné à mort, bien que l'on ait
également vu ce genre de motifs figuratifs à Boukhara. La ressemblance avec
son vis-à-vis n'est donc pas totale car, de plus, on n'y retrouve ni la
mosquée ni les salles disposées à l'arrière.
Le portail, encadré de dômes cannelés de part et d'autre, est décoré de
manière inhabituelle de mosaïques colorées et figuratives avec des fauves
chassant des daims ou des disques solaires à visage humain.
La madrassa Tilla-Qari (1646-60), "Couverte d'or", fut également construite
sous Yalangtouch. Imposante, avec 75 mètres de façade, entre ses tourelles
d'angle. On retrouve des symboles solaires et des motifs floraux comme au
Cher-Dor. En réalité, c'est à la fois une madrassa et une mosquée du vendredi
pour la ville. La façade extérieure est particulière avec de part et d'autre
du portail, deux rangées de cellules (hujra) ouvertes sur l'extérieur avec
balcon et fenêtre à panneau ajouré. Le côté ouest est occupé par la mosquée,
la partie centrale étant occupée par une salle à coupole avec le mihrab en
marbre, avec des motifs dorés sur fond bleu, des panneaux muraux imitant les
tapis et de superbes nids d'abeilles ou stalactites au sommet des niches.
[SAMARCANDE, le Registan]
[SAMARCANDE, le Registan]
Derrière la madrassa Cher-Dor, les Soviétiques ont érigé une plate-forme
(dakhma) regroupant les pierres tombales de la dynastie cheïbanide du XVIe
siècle. Tout à côté se trouve le Tchorsou ("Quatre chemins" ou "Quatre
rivières"), un bazar à coupole construit au XVIIIe.
[SAMARCANDE, le Tchorsou]
C'est à pied que nous remontons la rue Toshkent ko'chasi sur un petit
kilomètre, une dizaine de minutes de marche sur cette artère consacrée au
tourisme, aux écoles et collèges chicos et aux boutiques d'habillement.
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4 - Mosquée Bibi Khanoum (1399-1404) ** et le Bazar
Sur notre gauche, le regard est attiré par "la mosquée du Vendredi de
Tamerlan" (masjid-i jami') dite mosquée Bibi Khanoum (1399-1404) ou de la
"première épouse". Elle porte le nom de l'épouse de Tamerlan, Saray Mulk
Khanum, une princesse d'origine mongole.
[SAMARCANDE, la mosquée Bibi Khanoum (1399-1404)]
[SAMARCANDE, la mosquée Bibi Khanoum (1399-1404)]
Tamerlan fit ériger la mosquée au retour de sa campagne des Indes, où il
avait saccagé Delhi, tout en ayant idée de s'inspirer de ce qu'il avait vu,
notamment en faisant usage de pierre dans la construction alors que la
majorité des bâtiments en Asie centrale sont en brique, crue ou cuite. En
fait, ici ce matériau se limite aux colonnes en marbre.
La mosquée était de dimensions imposantes (167x109 mètres), avec un portail
d'entrée présentant une ouverture de 18 mètres, un minaret de 52 mètres à
chaque angle de la cour et une galerie à coupoles supportées de 400 colonnes
en marbre sculpté. Le bâtiment principal de la mosquée, situé au fond de la
cour, était couronné d'une coupole atteignant 44 mètres.
De nombreuses légendes courent autour de l'architecte de la mosquée et de
Bibi Khanoum. L'architecte aurait été éperdument amoureux de la première
épouse de Tamerlan. Pour en obtenir un baiser, il aurait donc retarder
volontairement les travaux. Finalement elle aurait cédé mais en posant entre
eux deux sa main ou un voile. A son retour Tamerlan aurait découvert le
forfait et condamner l'architecte...
Elle fut rapidement endommagée suite à de mauvais calculs de charges et aux
tremblements de terre (celui de 1897, l'endommagea encore) et les émirs
finirent par s'en servir de carrière pour d'autres constructions. Les armées
russes l'utilisèrent comme écuries et comme entrepôts avant que le régime
soviétique ne commence une restauration en 1974 et des travaux y sont encore
effectués. Les vestiges de cet édifice restent imposants.
Au centre de la cour se trouve un immense lutrin à Coran, en marbre gris de
Mongolie qui servait de support au grand Coran d'Osman du VIIe siècle que
nous verrons à Tachkent.
[SAMARCANDE, la mosquée Bibi Khanoum (1399-1404)]
Sur notre droite et en vis-à-vis, le mausolée de Saray Mulk Khanoum est bien
discret par rapport à l'édifice précédent. Une madrassa aujourd'hui disparue
y était adjointe.
Un peu plus loin, vers le nord, on aperçoit un cimetière.
De Bibi-Khanoum, on n'a littéralement que deux pas à faire pour se rendre
dans le grand bazar de Samarcande. Classiquement on y trouve légumes, fruits,
épices, graines (riz, haricots, maïs, pois chiches tournesol), oeufs,
fromages, fruits secs, gâteaux... et le fameux pains de Samarcande. En
campagne, Tamerlan se faisait pourtant accompagner des meilleurs ingrédients
et des meilleurs boulangers de Samarcande, mais il se désolait toujours de ne
pas en retrouver la saveur car il manquait un élément que l'on ne peut pas
emporter, "l'air de Samarcande" !
[SAMARCANDE, le grand Bazar]
Nous regagnons la rue Toshkent ko'chasi que nous parcourons en sens inverse
de l'aller, sur quelques centaines de mètres, jusqu'au restaurant Sharq
Shirinliklari sur notre gauche.
Gros imprévu car nous n'étions pas vraiment attendus. Lora s'est trompée
d'une ligne dans son répertoire téléphonique alors qu'une réservation avait
été prise dans un autre restaurant par le réceptif. Aïe ! De plus, le
restaurant étant petit et attendant d'autres personnes a dû nous déplacer de
la terrasse et nous caser sur la pelouse au milieu de la cour et à l'ombre
des pommiers.
Il faut donc attendre une demi-heure et le repas est servi à 13H. Finalement,
ce n'est pas mal du tout.
Au menu: crudités (courgette, tomate, aubergine...), crêpe fourrée aux
légumes (genre rouleau de printemps), puis un kovurma , "ragoût pot-au-feu"
avec accompagnement de potiron genre butternut.
[SAMARCANDE, au restaurant Sharq Shirinliklari] [SAMARCANDE, au restaurant
Sharq Shirinliklari: ça mijote] [SAMARCANDE, au restaurant Sharq
Shirinliklari: et pendant que ça mijote] [SAMARCANDE, au restaurant Sharq
Shirinliklari] [SAMARCANDE, au restaurant Sharq Shirinliklari]
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5 - Nécropole Chah-i-Zinda (XIVe-XVe) **
A 14H15, nous avons rejoint le minibus. Alors que du restaurant, nous étions
tout proches du prochain site (un peu plus d'un kilomètre), le minibus doit
faire un grand détour qui prend près d'une demi-heure pour rejoindre la
nécropole.
La nécropole Chah-i-Zinda, "le roi vivant" (fin XIVe - début XVe siècle),
jouxte le cimetière que nous apercevions depuis le Registan et le complexe
Bibi-Khanoum. Cet ensemble de mausolée se situe au nord-est de la vieille
ville, entre les murs et le versant sud de l'Afrasiab dont on va reparler
plus loin. Le site offre le spectacle le plus étonnant qui soit par sa
juxtaposition de mausolées tous plus richement ornés de céramiques les uns
que les autres, émaillant un chemin pentu sur quelque 200 mètres et
aboutissant au cimetière moderne.
Le site a une origine légendaire qui dit qu'y est inhumé Koussam-i-Abbas,
cousin de Mahomet qui aurait été décapité par les Zoroastriens qu'il était
venu convertir. Les Mongols rasèrent le site sauf le "tombeau" de Koussam.
Depuis le XIVe siècle on lui voue une vénération idolâtre. Une prophétie qui
voulait que le Saint Roi revienne en 1868 pour bouter les Russes ne se
réalisa pas.
L'aristocratie timouride voulut se faire enterrer près du tombeau de ce
personnage afin de bénéficier de sa bénédiction, souvent sur des ruines
d'anciens monuments.
Pendant trois quarts d'heure, nous avons tout loisir d'admirer les façades
des portails des mausolées généralement richement décorées: céramiques
émaillées et sculptées, briques émaillées, inscriptions calligraphiques en
arabe et en persan, dessins floraux et géométriques. Ouloug Beg fit
construire de grands portails (1435) à l'extrémité sud de la nécropole, là où
se trouvent également une mosquée et la madrassa Davlet Kouchbegi (1813).
Plus loin, l'escalier du Paradis conduit au vaste mausolée de Qadi-Zadeh
Roumi (1420-1425), comprenant deux pièces, surmontées de hautes coupoles
bleues dont une est en cours de restauration. Le nom attribué à ce mausolée
est lié au fait qu'il pouvait s'agir du tombeau de l'astronome Qadi-Zadeh
Roumi mais on n'y a découvert, en fait, que les ossements d'une femme (la
nourrice de Tamerlan peut-être). On arrive entre les mausolées en vis-à-vis
des émirs Hussein (1376) et Zadé (1386), aux dômes cannelés mais non habillés
de briques émaillées. Les somptueux mausolées, principalement du XIVe, se
succèdent. Au bout du chemin, un portique conduit à la mosquée Koussam Ibn
Abbas dont le mihrab est décoré d'une mosaïque de faïence bleue. La chambre
des pèlerins, décorée de carreaux vernissés, est surmonté d'une coupole
divisée en huit panneaux mais on ne peut pas voir la tombe de Koussam Ibn
Abbas dans la chambre mortuaire voisine.
Petit tour dans le cimetière voisin. Dans la partie récente, contiguë à la
nécropole, rien à voir avec la modestie exigée par l'Islam dans un cimetière:
ici, profusion de marbres, portraits, dalles et stèles dispendieuses.
[SAMARCANDE, cimetière de la nécropole Chah-i-Zindeh]
15h45, nous repartons en minibus en passant au pied de la mosquée Khazret
Khizr ou Mosquée des Voyageurs, perchée sur le versant méridional de
l'antique colline d'Afrasyab, sur un antique site zoroastrien. Son surnom
vient du fait qu'elle est dédiée à Elie, le saint patron musulman des
voyageurs.
Elle date de 1854 et offre aux regards un iwan à colonnes de cèdre du plus
bel effet. A droite, le minaret est un ajout récent (1919).
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6 - Musée archéologique d'Afrasiab et Observatoire astronomique d'Ouloug Beg
(1428-29)
Très court trajet pour se rendre au Musée Historique d'Afrasiab. Celui-ci
retrace l'histoire de la forteresse qui avait occupé cette colline du VIe
siècle avant notre ère jusqu'en 1220, sur la Route de la soie, aux frontières
de la Perse Achéménide. Elle porte le nom d'un roi légendaire du royaume tout
aussi légendaire de Touran qui aurait réuni tous les peuples turciques, les
nomades du nord, face à la Perse ou à la Chine.
On peut voir des cartes et des maquettes du site, des photos des fouilles (le
site couvre 120 hectares), des pièces de monnaie, des jarres pour conserver
les graines, une reconstitution de foyer, des ossuaires destiné à recueillir
les restes après qu'ils eussent été décharné par les animaux... Puis nous
passons dans la salle des grandes fresques: une procession nuptiale faite
d'une nombreuse troupe hétéroclite (par exemple, deux dignitaires portant des
massues de sacrifice, suivis de deux autres portant le cache-bouche
zoroastrien conduisant des animaux au sacrifice: quatre oies et un cheval de
selle), réception des ambassadeurs (par exemple on voit en bas à droite trois
chambellans introduisant trois envoyés des peuples montagnards).
Pas de temps pour aller voir la Tombe du prophète Daniel, située tout près de
là.
En s'éloignant encore d'un kilomètre vers l'extérieur de la ville on arrive
au site de l'observatoire astronomique (1428-1429) d'Ouloug Beg. Ce
petit-fils de Tamerlan, dit "Océan de sagesse et de science", fut un
roi-astronome (et mathématicien avec la publication de tables
trigonométriques). Il y travailla et enseigna avec quelque 70 mathématiciens,
dont Ali Quchtchi et astronomes,aboutissant à la publication des Tables
sultaniennes (zij-e soltâni, en persan), dont la précision resta inégalée
pendant deux siècles.
Il a régné seulement pendant deux ans et huit mois comme prince indépendant
(sultan) de Transoxiane (1446-1449), car il a été assassiné sur l'ordre de
son propre fils aîné, Abdul-Latif (à son tour, il fut assassiné en 1450 par
un serviteur dOulough Beg qui avait juré de le venger). En effet, il s'était
fait des ennemis qui prirent prétexte du scandale lors d'une fête où il fit
servir du vin. Après son assassinat les intégristes firent raser
(partiellement) l'observatoire cependant Ouloug Beg a été considéré comme un
martyr après sa mort.
Après la mort d'Ouloug Beg, Ali Quchtchi partit avec une copie des Tables
sultaniennes à Tabriz, puis à Istanbul, d'où elles atteignirent l'Europe.
L'héritage le plus direct de l'observatoire de Samarcande se concrétise
seulement trois siècles plus tard,dans les cinq observatoires construits en
Inde par Jai Singh II, mahârâja de Jaipur, à Delhi, Jaipur, Mathurâ, Ujjain
et Vârânasî.
Ce qui reste de l'observatoire fut mis au jour en 1908 par l'archéologue
amateur russe Viatkine et est désormais protégé sous une voûte. On peut voir
aujourd'hui la partie souterraine d'un sextant géant, le plus grand jamais
construit, permettant de mesurer la hauteur des étoiles. L'arc subsistant de
11 mètres est formé de deux parapets de marbre, gradués, mais il se
prolongeait à l'origine jusqu'au sommet d'un bâtiment de trois étages dans
les arcades desquelles étaient logés différents instruments d'astronomie.
En 1970, un musée a été inauguré en l'honneur d'Ulough Beg. On peut y voir
des copies des Tables sultaniennes et de leurs traductions et des maquettes
de l'observatoire.
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7 - Atelier de papier mâché et dégustation à la cave Khovrenko
Encore un petit trajet de dix minutes en minibus pour aller visiter un
atelier d'artisanat original à la périphérie est de la ville, après avoir
emprunté des rues bordées de pieds de vignes palissées sur les tonnelles,
entre les trottoirs et les façades des maisons. Bientôt nous arrivons sur un
pont franchissant une petite rivière sur laquelle on peut voir des roues à
eau.
En 1995, l'UNESCO, lors d'une conférence internationale à Kanagan, s'est
intéressé au développement de l'artisanat ancien et a proposé de relancer la
production de papier traditionnel. C'est ainsi qu'est née à Samarcande
l'Association "Konigil Meros" dirigée par Zarif Mukhtarov. Le moulin à papier
(tarif pour la visite: 3000 soums) est installé sur les rives de la rivière
Siab (ou Sieb) dans le village Konigil (ou Koni Ghil), à sept kilomètres de
Samarcande. Le moulin a été construit à l'endroit même où il en existait un
il y a 300 ans.
Dans d'autres voyages (Birmanie, Madagascar), on a déjà vu la technique de
fabrication de papier artisanal à base d 'écorce de mûrier mais ici, on
notera deux différences majeures: le broyage est semi-mécanisé, comme je
l'explique plus loin, et le produit est différent puisqu'il s'agit ici d'un
papier sans inclusion de fleurs ou de pétales décoratifs car sa texture fine
fait qu'il se prête à l'écriture ou à l'impression.
La recette de ce document a été apporté au VIIème siècle par des envahisseurs
chinois qui furent vaincus par l'armée d'Abu Muslim. Parmi les vingt mille
Chinois qui furent capturés, on comptait des artisans, impliqués dans la
production de papier. Pour avoir la vie sauve, ils révélèrent leurs secrets
de fabrication à des artisans locaux. Une des techniques chinoises utilisait
la soie mais il était également possible de fabriquer du papier à partir de
pousses de bambou, d'écorces de mûrier ou de saules écorces, de chanvre ainsi
que de chiffons.
Les artisans de Samarcande (les "kogozgars") ont su fabriquer le meilleur
papier du monde caractérisé par une surface lisse et soyeuse (au point que
par erreur il fut appelé "papier de soie), durable et, le plus important, qui
absorbe peu d'encre. C'est ainsi qu'aux VIIIe-IXe cet artisanat a pris une
grande ampleur à Samarcande. La plupart des manuscrits arabes et persans des
IXe-Xe siècles a été réalisée sur ce papier de Samarcande ou papier Khorassa.
Cet artisanat a complètement disparu au XVIIIes siècle.
Les pousses de mûrier blanc d'Asie centrale ("Balkhi" sur lequel on élève le
bombyx dont le cocon sert à confectionner la soie) sont coupées dès les
premières gelées. Les tiges sont pelées et de l'écorce est conservée la
couche interne poreuse et souple qui est mise à sécher au soleil. Plus tard,
ces bandes sont mises à tremper puis bouillies pendant plusieurs heures après
quoi elles sont soigneusement écrasées à coups de pilon entraîné par la roue
à godets du moulin à eau afin d'obtenir des filaments très fins. Ce moulin
s'apparente aux moulins à foulon utilisés pour dégraisser la laine ou pour
préparer le cuir. Ici, la roue à eau fait tourner un arbre à cames qui
actionne des pilons (au lieu de maillets dans le foulons). Ensuite, la pâte
obtenue dans le mortier est mélangée à l'eau, filtrée à travers un tamis fin
qui est secoué dans tous les sens afin que les fibres s'entrelacent bien et
forment une feuille de papier qui est ensuite égouttée sous presse (un simple
bloc de pierre)puis séchée au soleil. A la fin de la surface du papier est
polie sur un marbre lisse à l'aide d'un coquillage, d'une pierre fine ou
d'une corne, par un maître polisseur ("mukrakash"). Ce papier a une couleur
jaune caractéristique car il n'est pas blanchi avec des produits chimiques.
Cela lui assure une durée de vie plusieurs dizaines de fois plus longue (300
ou 400 ans) que celle d'un papier blanc ordinaire et bien plus que le papier
blanc dit de bonne qualité (40-50 ans). Il est utilisé dans la restauration
d'anciens manuscrits mais sert aussi à fabriquer des cartes postales,
blocs-notes, masques, mais aussi des robes, poupées et sacs à main...
18H.
A nouveau le minibus pour revenir au centre ville et obliquer vers la cave
viticole Khovrenko (58, rue Kashgariy ou Qoshg'ariy, près de la rue Mirzo
Ulug'Bek et à un peu plus de notre hôtel.)
Pour une dégustation, la fin de journée, c'est effectivement plus prudent.
On cultivait la vigne dont le jus a ici une teneur élevée en sucre - 25%-
dans la vallée Zarafshan avant de l’arrivée des Arabes pourtant selon la
légende, la culture serait postérieure à l’invasion arabe à la suite de
laquelle aurait poussé un pied de vigne produisant un merveilleux rose qu'on
a appelé "taiphi", ce que signifie "tribu".
La production vinicole a été initiée par Dimitri Filatov, un amateur russe,
qui a fondé ici une petite entreprise pour la production de vin en 1868 qu'il
a dirigée pendant une quinzaine d'années. C'était un vin encore imparfait
produit à base du cépage "Biishty" même s'il a été couronné par des
récompenses à Paris ou à Anvers. Une sélection des vins qu'il avait stockés
avant son départ ont été retrouvés fortuitement plusieurs décennies plus tard
à l'occasion de la réfection de la cave.
Le flambeau a été repris par le chimiste et oenologue russe Michael Khovrenko
arrivé en Ouzbékistan en 1927. Il a mis au point les méthodes techniques de
production de ces vins millésimés comme Gulyakandoz, Shirin, Liquor Kaberne,
Aleatiko, Ouzbékistan et Farkhod. En 1938 l’entreprise a constitué un fonds
de vieux vins en stockant dans ses caves les meilleurs vins.
Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967), dit le baron Le Roy qui fut
président de l'Office international de la vigne et du vin eut l'occasion de
visiter l'entreprise et laissa des appréciations élogieuses .La production de
cette cave a été primée lors de concours internationaux. Par exemple des
médailles d'or et d'argent obtenues à Kiev en 2006 ou lors de la "Prodexpo-2014"
qui a eu lieu à Moscou en février de cette année, trois produits de la cave
ont été couronnés, un par une médailles d'or et deux par des médailles
d'argent.
Les types de raisins suivants sont utilisés dans la cave: Bayan-Shirey,
Rkatsiteli, Riesling, Saperavi, Morastel, Muscat, Aleatiko, Sauvignon et
Cabernet. D'autres variétés comme le Pinot noir, sont en cours d'évaluation
pour la production future. A côté des vins, l'entreprise produit aussi des
"Cognac" et de la vodka laquelle n'a aucun rapport avec la vigne, puisque
obtenue à partir de céréales...
Nous sommes guidés dans la dégustation de 10 breuvages par une bonne dame à
l'allure bien soviétique. On se croirait revenus dans un kolkhoz...
La production porte sur trois groupes de vin dont le degré alcoolique va
croissant: 3 vins secs (11°) hors vente, 4 vins de table et vins de dessert
(brandy) à 16°, 2 cognacs à 40°. Nous voici donc déjà là avec neufs
échantillons. Heureusement que de petits gâteaux apéritifs ont été prévus
pour nous aider à faire passer tout cela car dans les dégustations en
Ouzbékistan, on ne recrache pas ! Et il y a aussi un dixième échantillon, un
élixir de longue vie, un remède miracle, à la fois sucré, fort en alcool
(45°) et parfumé par différentes plantes.
Nous ne sommes pas vraiment enthousiastes. Ni complètement écoeurés comme
certains qui avaient pris du vin rouge ouzbek dans l'avion s'y attendaient.
Pourtant, souvent plus par curiosité et amusement que par réel intérêt,
quelques achats sont effectués.
Dîner "chez l'habitant", dans une petite auberge à la déco rustique où nous
étions seuls. Par respect pour le tapis mais pas pour les narines, nous
devions être pieds nus...
[SAMARCANDE, ''dîner chez l'habitant''] [SAMARCANDE, ''dîner chez
l'habitant''] [SAMARCANDE, ''dîner chez l'habitant''] [SAMARCANDE, ''dîner
chez l'habitant''] [SAMARCANDE, ''dîner chez l'habitant'']
En rentrant à l'hôtel, nous sommes repassés là où nous avions commencé la
visite de la ville il y a deux jours, au Gour Emir dont l'illumination légère
fait ressortir la beauté dans l'obscurité.
[SAMARCANDE, Gour Emir] [SAMARCANDE, Gour Emir] [SAMARCANDE, Gour Emir]
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8 -Environs de Samarcande: Mausolée de Mouhammad al-Boukhârî (XVIe siècle) *
Dimanche 14 septembre, matinée
En attendant le départ pour cette excursion en matinée avant le départ vers
Tachkent, petit tour dans le supermarché du coin, l'Orient, qui occupe
effectivement un coin , à l'angle des rues Mirzo Ulugbeg et Beruniy.
Départ pépère à 10H et température toujours agréable (15°).
Avant de vraiment tracer la route, une dernière visite de monument dans la
région de Samarcande, à 25km au nord, au village de Khortang ou Khartank.
Nouvelle traversée de la ville en descendant une dernière fois la fameuse rue
Mirzo Ulugbeg. Tout comme sur les bords de routes hors des villes on peut
voir fréquemment des fausses voitures de police, des peintures sur un panneau
découpé, ici en ville on peut voir une fausse policière... Passage devant le
Gum, le stade, les bureaux de verre bleu de l'Orient Finans Bank puis, au
centre ville, le mausolée Roukhabad que nous avons visité il y a trois jours,
en arrivant dans cette ville.
Puis, c'est une banlieue étalée, avec quelques jolies maisons à iwan.
[SAMARCANDE (village de Khortang), mausolée d'al-Boukhari]
[SAMARCANDE (village de Khortang), mausolée d'al-Boukhari]
A 10H45, nous posons les pieds sur ce site où la foule se presse. Il est vrai
que l'on est le dimanche.
Al-Boukhari est un converti d'origine boukhariote connu sous le nom d'imam
Boukhari (810-870). C'est en sa qualité d'érudit musulman sunnite perse qu'il
est devenu célèbre et populaire et c'est à ce titre que Samarcande se
revendique comme "la tête du du monde musulman, si la Mecque est un cœur".
Orphelin de père, dès l'âge de 4 ans il fréquente l'école coranique et
quelques années plus tard il commençait à étudier les hadiths (actes et
paroles de Mahomet frecueillis deux siècles après la mort du Prophète et
formant avec le Coran la sunna). A 16 ans, il se rend à La Mecque et passe
seize années à voyager au Moyen Orient pour rassembler ces "propos" et il en
aurait mémorisé 200 000 ou 300 000 ! une somme à partir de laquelle il a
publié 97 ouvrages mais surtout un recueil de 7563 (ou 7275?) hadiths,
Al-Jâmi'us-Sahih, le recueil le plus authentique aux yeux des musulmans
sunnites. Il a aussi expliqué la création du Paradis et de l'Enfer, version
musulmane. Le plus ancien manuscrit qui reprend ce recueil date du XVe
siècle.
Le mausolée d'al-Boukhari (ou Al- Bukhari) se trouve dans le village où il
est mort car il avait quitté sa ville natale en refusant de donner des
enseignements particuliers à la cour du gouverneur.
C'est au XVIe siècle qu'a été érigé le mausolée sur la tombe de l'imam. En
1998, 1188 ans après la naissance de l'Imam, un complexe mémorial a été
construit autour du mausolée un centre d'études international (Dorus-Hadith).
Ce complexe comprend le mausolée, une mosquée, un immeuble de bureaux, ainsi
que d'autres constructions qui se trouvent autour de la cour. Le mausolée de
l'Imam Al-Bukhari, sous forme d'un cube surmonté d'un dôme cannelé bleu de 17
mètres est au centre de l'ensemble. Il présente une profusion des mosaïques
et de briques vernissées dans les bleu, vert et blanc et des pierres nobles:
marbre, onyx.
Pour les croyants musulmans, c'est un lieu sacré objet d'un petit pèlerinage.
Il est dit: «Si la Mecque est un cœur du monde musulman, Samarkand est sa
tête ".
De nomnbreux fidèles se pressent sous les arcades conduisant au mausolée et
s'assoient un moment sur de banc pour prier. Malheureusement le joli mausolée
à coupole bleue est en travaux (des ouvriers sont d'ailleurs sur un
échafaudage) et on ne peut pas en approcher pour voir la pierre tombale.
Passage devant la mosquée où il n'y a pas autant de foule (malgré ses 1500
places) qu'autour de la fontaine sacrée où les fidèles plutôt âgés viennent
boire et laisse parfois un billet sur le rocher en repartant.
L'endroit est également très couru des jeunes mariés (on se marie tout le
temps en Ouzbékistan, même le dimanche). Robe blanche pour les jeunes femmes,
air bien emprunté pour les mariés. On ne lésine pas sur la dépense comme on
témoigne la présence d'une limousine garée devant l'entrée du complexe.
[SAMARCANDE, pèlerinage et mariage au mausolée d'al-Boukhari à Khortang]
Lorsque l'on quitte les lieux à 11H30, la foule arrive en nombre. Comme sur
nos lieux touristiques ou de pèlerinages, ici aussi on vous propose des
babioles à acheter en souvenir, même une Tour Eiffel arrivée là on se demande
comment et pourquoi.
Retour à Samarcande où nous allons déjeuner avant de quitter définitivement
la ville. Dans l'autre sens et sur l'autre chaussé, un convoi d'autocars
escorté de policiers conduit des étudiants vers les champs pour la récolte du
coton, comme nous en avions croisé un il y a quelques jours à Boukhara.
Encore un vieil autocar de tourisme de chez nous (Voyages Boudouhard), sans
doute dans sa seconde ou troisième vie. On peut aussi croiser de vieux
fourgons avec des sortes de bouteilles sur les toits. En fait, ces véhicules
roulent au gaz. Logique puisque le pays en produit.
Nous revoici en banlieue avec ces étonnantes treilles en bord de rue, devant
des maisons basses. C'est aussi l'occasion de remarquer les portes, de
grandes portes de garage avec un portillon pour l'usage ordinaire, sans
véhicule.
Il est midi.
A nouveau le centre, au niveau du Gum, nous allons gagner une rue parallèle
au l'avenue Mirzo Ulugbeg, la rue Pushkin pour déjeuner au restaurant Platan
(au n°2), un établissement tranquille disposant de deux petites salles.
[SAMARCANDE, au restaurant Platan] [SAMARCANDE, au restaurant Platan] [SAMARCANDE,
au restaurant Platan] [SAMARCANDE, au restaurant Platan] [SAMARCANDE, au
restaurant Platan]
________________________________________
[CHAKHRISABZ. Carte non cliquable]
CHAKHRISABZ
1- Trajet de Samarcande à Chakhrisabz
2- Chakhrisabz: Ak Saraï
(le Palais Blanc)
3- Chakhrisabz: autour de la mosquée Kok Gumbaz
4- Retour à Samarcande
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Menu OUZBEKISTAN
Glosssaire / Frise historique
Chakhrisabz sur Wikipédia
La langue ouzbèke...
Origine et parentés
La langue ouzbèke est une langue appartenant au groupe des langues turques de
la famille des langues altaïques, parlée par plus de 19 millions de
personnes. Evidemment, principalement en Ouzbékistan avec environ 17 millions
de locuteurs (sur 20 millions d'Ouzbeks ethniques et 26 millions d'Ouzbékistanais),
où il est la langue officielle. Il est également parlé au Tadjikistan (près
d'un million), au Kirghizstan (près d'un demi million), au Turkménistan (près
d'un demi million) et en Afghanistan. L'ouzbek est également parlé dans la
province ouïgoure de Xinjiang en Chine (près de 400 000 locuteurs). Tandis
que le tadjik est une langue persane (parlée notamment à Boukhara et
Samarcande), le kazakh, le kirghiz et le turkmène sont également des langues
turciques qui permettent aux uns et aux autres de se comprendre. Les pays
concernés se sont engagés en 1993 à remplacer l'alphabet cyrillique par
l'alphabet latin.
L'ouzbek moderne puise ses origines dans la langue turque (turcique)
tchaghataï (ou djaghataï) qui fut aussi la source de la langue ouïghoure (les
Ouighours utilisent un alphabet arabe modifié).
L'ouzbek officiel actuel se base sur le dialecte du Ferghana et, dans une
moindre mesure, sur celui de Tachkent. On trouve également des dialectes
karlouk, kiptchak et oghouz. Compte tenu de l'importance de minorités non
turcophones de l'ordre de 13-15% (Russes et Tadjiks notamment), la langue
russe reste largement la lingua franca.
Quelques exemples pour juger de la différence de vocabulaire entre ouzbek et
russe (transcriptions approximatives en alphabet latin)
OUZBEK RUSSE
matin ertaleb outro
merci rakhmat spassiba
eau sou vada
chambre khona nomiér
Qui ? Kim ? Kto ?
un bir adin
dix on diécit'
cent bir yuz sto
mille ming tyciatcha
L'écriture
Avant 1928, l'alphabet ouzbek fut perso-arabe. De 1928 aux années 1940, il
fut latin. De 1940 à 1992, il devint cyrillique avant de redevenir à nouveau
latin à partir du 1992 puis remanié depuis mai 1995, avec une
translittération de certains caractères (Es, Ch, Sh, Ya, Yu). L'apostrophe
n'est utilisé qu'en tant que signe à valeur phonétique (G', O').
L'écriture de l'ouzbek en cyrillique, officiellement tolérée jusqu'en 2010,
reste encore très largement utilisée, y compris dans les documents, la presse
et les communiqués officiels, l'écriture en latin se limitant le plus souvent
aux enseignes de rue, aux titres de journaux et aux autres textes courts. Les
manuels d'éducation se font de plus en plus en caractères latins tandis que
les ouvrages qui ciblent les auditoires larges sont encore publiés
majoritairement en caractères cyrillique.
Sur nos itinéraires, on aura souvent l'occasion de voir ce mélange
d'alphabets cyrillique et latin. De même, les transcriptions sont variables:
Samarkand ou Samarqand ou Samarcand...
La grammaire
L'ouzbek est une langue agglutinante, c'est-à-dire que les traits
grammaticaux sont marqués par l'assemblage d'éléments basiques (marque de
pluriel, de possessif, de préposition...). Il n'existe pas d'articles ni de
genres. Le pluriel des noms se forme au moyen du suffixe -lar. L'adjectif
épithète se place avant le nom et ne s'accorde avec lui ni en genre ni en
nombre.
Les verbes se conjuguent à six personnes, comme en français qui se marquent
seulement par des désinences personnelles (fin du mot), mais n'utilise pas de
pronoms personnels.
...et la musique ouzbèke
La musique ouzbèke peut être divisée entre la musique folklorique et la
musique savante.
La première est issue de la culture turco-mongole des bardes et accompagne
danses et chants traditionnels. Par ailleurs, il existe différents foyers
(Ferghana, Khija, Boukhara, etc.) aux styles très différents.
La seconde est héritée de la culture islamique. Elle a subi la très forte
influence russe sous l'ère soviétique, et donc une certaine
occidentalisation, dans sa forme "akademic".
Chants et musiques folkloriques
Les bardes sôzanda ou khalifa ou hâfiz accompagnent toujours les banquets (toy
ou tuy) à l'occasion des mariages.
Il existe plusieurs types de chants:
- Le beshkarsak est un chant rythmique d'hommes accompagné par le frappement
des mains et un mouvement des épaules et du buste, destiné autant au travail
qu'à la méditation.
- Le destan (ou dastan) est une ballade épique accompagnée au dotâr ou au
ghaychak, narrant les hauts faits légendaires de héros turcs.
- Le kata achoula est un chant d'appel récitatif en solo ou duo, improvisé
sur une mélodie simple et non mesurée, et amplifié par une assiette placée
devant la bouche du hâfiz en guise de porte-voix.
- Le khalqui est un chant lyrique proche du ghazal ou gazel (chant d'amour
perse).
- Le munâjât est un chant soufi traditionnellement exécuté pendant le dhikr
(rappel du nom de Dieu) et c'est aussi devenu une forme populaire de chant
d'amour mystique proche du ghazal.
- Le suvâra est un chant sacré de Khorezm destiné à provoquer la transe.
- Le yalla et le terma sont des chants féminins en solo accompagnés au doyre
lors de mariages (et le second aussi lors des circoncisions).
Musique savante:
Shashmaqom et mâgom
La musique savante repose sur l'art d'interpréter des suites, les maqôm. Le
terme maqôm désigne un cycle ou une suite de mouvements (comme dans la
musique irakienne ou azérie).
Cette musique savante a une forte parenté avec la musique ouïghoure (comme
pour la langue) et la musique tadjike, toutes proches. La forme du maqôm
varie selon les écoles régionales: Boukhara, Ferghana, Khorezm.
Pendant des siècles, la musique classique du Shashmaqom ou Shashmaqam,
littéralement "six maqôm" ("suites"), a été l'une des musiques
traditionnelles savantes vocales et instrumentales des centres urbains
multiculturels de la région transoxanienne appelée autrefois Mâwarâ-al-nahr
(Ouzbékistan et Tadjikistan actuels).
Le Shashmaqom dont l’origine remonte à l’époque préislamique (même si les
textes n'en font mention qu'à partir du XVIIe siècle), a évolué depuis au
moins dix siècles avec le développement de la théorie musicale enseignée au
IXe et Xe siècle, de la poésie, des mathématiques, de la science islamique et
du mouvement religieux mystique islamique, le soufi. Les écoles qui
enseignaient cet art étaient parrainées par l’aristocratie de Boukhara qui
tenait à protéger ces artistes talentueux.
Le Shashmaqom est un mélange de musique vocale et instrumentale, d’idiomes
mélodiques et rythmiques, de littérature et de concepts esthétiques. Il est
exécuté en solo ou par un ensemble de chanteurs et un orchestre composé
d’instruments à archet, à cordes, à vent et de percussions: luths (au minimum
dotâr et tanbur), vièles (sato, ghijak ou violon), tambours sur cadre ou
tambourins (dayereh) et flûtes (karnai et surnai)
L’introduction instrumentale qui ouvre l’œuvre est suivie d’une partie vocale
(nasr), divisée en deux séries distinctes de chants, le tout étant très
complexe.
Le Shashmaqom comporte un répertoire de 252 pièces instrumentales et vocales
réparties en 6 suites (magom). Ce répertoire demande des musiciens
spécialement formés, étant donné que le système de notation standard ne
réussit à transmettre que la structure musicale élémentaire, sans capturer
toute la richesse de cet art complexe mais splendide. En conséquence, la
transmission orale du maître à l’élève reste le moyen principal de préserver
la musique et ses valeurs spirituelles.
Instruments de musique
- Vents: nay, qarnay, surnay.
- Cordes pincées: dombra, dotâr, rabâb, tambûr, târ.
- Cordes frottées: satô, ghaychak, kobyz - Cordes frappées: tchang.
- Percussions: daf , doyre, nagara.
Menu OUZBEKISTAN
Etape précédente: SAMARCANDE
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Vendredi 12 septembre
Petit rappel: ce retour en arrière dans le calendrier s'explique par le fait
que l'excursion à Chakhrisabz s'intercale entre les deux jours consacrés à la
visite de Samarcande (le 11 et le 13).
Départ pas trop matinal à 9H et température encore agréable (14°).
Destination Chakhrisabz, ville natale de Tamerlan. Aller-retour dans la
journée... soit environ 650km alors que par la route directe passant par la
montagne l'aller-retour est quatre fois moins long (160km) mais cette route
est interdite aux autocars en raison de sa dangerosité.
1 - Trajet de Samarcande à Chakhrisabz (320 km)
Notre itinéraire vers le sud du pays nous fait à nouveau traverser la steppe
désertique, avec ses troupeaux de chèvres et de moutons parfois regroupés
autour de rares ponts d'eau tandis que l'on aun décor de montagnes sur notre
gauche.
La route, par moment à deux chaussées, descend vers la ville de Karshi, après
avoir traversé les localités de Kyzylkarvan, Sarikul, Dzham, Gulistan et
Charvadar. Karshi ("palais" en langue mongole), anciennement capitale des
Sogdiens sous le nom de Nakhchab, est une oasis qui profite de la proximité
de la petite rivière Arab. Si l'on poursuivait la route vers le sud-ouest, on
irait vers Ashgabat ou Ashkhabad, la capitale du Turkménistan, tandis que la
route se dirigeant vers le sud-est atteint la frontière afghane à Termez ou
Termiz.
Pour nous, nouveau changement de cap, direction nord-ouest, comme si nous
remontions à Samarcande ! Normal qu'il en soit ainsi quand on fait un si
grand détour... Nous sommes encore dans la plaine et la région profite de
l'eau de la rivière Qashqadaryo qui alimente le barrage-réservoir de
Chimkurgan.
L'irrigation permet la culture du coton et nous en profitons pour aller nous
dégourdir dans un camp de coton pendant une dizaine de minutes car il est
déjà plus de 11H.
Après être repartis, nous coupons une voie ferrée puis nous empruntons une
route bordée de superbes alignements de mûriers dont les rameaux ne serons
coupés qu'au prochain printemps pour nourrir des vers à soie.
Chakhrisabz ("la ville verte") est toute proche maintenant.
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2 - CHAKHRISABZ: Ak Saraï, "le Palais Blanc" (1380-1404)
Chakhrisabz est souvent citée comme étant la ville natale de Tamerlan mais en
réalité il est né dans une simple maison de berger dans un hameau situé à 14
km de Chakhrisabz comme nous le précise Lora.
A l'époque où Tamerlan est né, elle s'appelait Kesh ou Kash mais elle
existait bien avant, puisque fondée vers 2700 ans avant J-C. Par la suite,
elle fit partie de l'empire perse achéménide (VIe au IVe siècle avant J-C)
jusqu'à a conquête par Alexandre le Grand qui y rencontra Roxane, son épouse.
En 710, la ville a été conquise par les Arabes.
Chakhrisabz, ("la ville verte") est le nom que Tamerlan donna à l'ancienne
Kash où il était né en 1336. Pendant le règne de la dynastie timouride elle
fut progressivement supplantée par Samarcande. C'est aujourd'hui une ville
modeste de 60 000 habitants, située à 650 mètres d'altitude.
Sur notre gauche, en périphérie de la ville, nous passons près de grands
silos à céréales d'une meunerie qui témoignent de la riche activité agricole
de la région. A peine 5 minutes plus tard, toujours sur la gauche, nous
pensons à nouveau voir de grands silos... En réalité, ce sont les imposants
vestiges du Palais Ak-Saraï ("le Palais Blanc") que nous allons justement
visiter dans quelques instants.
Il est midi et c'est sous 30° à l'ombre (mais il se trouve qu'il n'y en a pas
beaucoup par ici) que nous allons faire cette visite... A 300 mètres au sud
du palais, se dresse la grande statue moderne de Tamerlan, debout.
La visite ne s'effectue pas dans des conditions idéales car tout
l'environnement du site est en chantier en vue de l'aménagement d'un parc qui
devrait être achevé en fin d'année. On est loin de cette issue...
Dans ce climat aride, qui dit chantier dit poussière. Il faut donc approcher
le palais plus poussiéreux que blanc car sur quelques centaines de mètres
nous marchons dans une couche de poussière de plusieurs centimètres
d'épaisseur. Certes, ne nous plaignons pas ce ne serait pas mieux s'il
s'agissait de boue...
Ak Saraî ou Aq Saray, ("le palais blanc") est un imposant palais réalisé
selon la volonté de Tamerlan par des artisans esclaves du Khorezm et
d'Azerbaïdjan au début de la période timouride, entre 1380 et 1404. On y voit
une inscription disant «Que celui qui doute de notre puissance regarde nos
œuvres». A Samarcande, la construction de la mosquée Bibi-Khanoum vingt ans
plus tard (en 1404) s'est inspirée de ce palais.
Les ruines sont les restes d'un immense portail, initialement haut de 71
mètres, flanqué de deux tours cylindriques reposant sur des bases octogonales
et mesurant 44 mètres. La voûte effondrée, large de 22 mètres, était la plus
grande d'Asie centrale. Derrière le portail se trouvait une cour avec un
bassin, revêtue de dalles blanches, d'environ 100 mètres de côté, ceinturée
d'arcades richement décorées. Le portail était recouvert de carreaux de
céramiques dans les bleu, vert et or, dont une partie subsiste. Certaines
portent les noms d'Allah et de Mahomet en écriture coufique. Ce portail
marquait-il l'entrée du palais ou bien s'agissait-il de l'iwan où Tamerlan
tenait ses audiences?
Le rêve de Tamerlan n'était que vanité puisque son palais fut détruit moins
de deux siècles plus tard, à la fin du XVIe, par l'émir de Boukhara Abdullah
Khan II, khan de la dynastie turco-mongole des Chaybanides d'Ouzbékistan de
1583 à 1598, conquérant de Boukhara, dont il fit sa capitale.
Après la visite, on arrive par l'arrière du portail, où l'on recherche la
courte ombre zénithale au pied des tours, nous passons dans le petit musée
tout proche où l'on peut admirer des vestiges de superbes mosaïques qui
recouvraient le sol.
[CHAKHRISABZ, Palais AK-Saraï]
Malgré le bain de poussière auquel nous sommes astreints, nous allons jusqu'à
la statue de Tamerlan qui tourne le dos au Palais et regarde vers le sud
l'étendue de ses conquêtes (actuels Tadjikistan, Turkménistan, Afghanistan,
Pakistan, Iran, Irak , nord de l'inde... et j'en passe).
12H45, il est temps de songer à déjeuner. Quelques minutes de minibus et nous
voici au restaurant Kish Mish.
[CHAKHRISABZ, l'heure de déjeuner] [CHAKHRISABZ, l'heure de déjeuner]
[CHAKHRISABZ, l'heure de déjeuner]
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3 - CHAKHRISABZ: mausolées du complexe Dorous Siadat (1375-91), mosquée Kok
Gumbaz (1434-36) et mausolées du complexe Dourout Tivolat (1373-1438)
Restaurés, à 14H10 nous reprenons le véhicule pour un très court trajet vers
le sud de la ville.
Nous passons près de la mosquée Kok Gumbaz ("Dôme bleu") que nous visiterons
tout à l'heure et poursuivons notre marche de quelques minutes en nous
dirigeant vers l'est, vers le complexe Dorous Siadat ("le siège de la
souveraineté"). C'est un ensemble aujourd'hui partiellement détruit. Le
bâtiment principal était de grandes dimensions (70x90 mètres) et son portail
était flanqué de deux mausolées. Subsiste celui de gauche qui abrite le
mausolée de Jahangir, fils aîné, et fils préféré de Tamerlan, mort
accidentellement en 1375. Celui de droite, qui a été détruit, aurait abrité
le tombeau d'Omar Cheikh, le deuxième fils de Tamerlan, mort en 1391 (ou
1394).
Au même moment, Tamerlan se fit construire près de là une crypte qui n'a été
découverte par des archéologues soviétiques qu'en 1943. La salle dépouillée
du caveau (soundouk) abrite un sarcophage de marbre où apparaît le nom de
Tamerlan (Timur en langue turque). La pierre tombale en marbre de 11cm
d'épaisseur qui le recouvre comporte cinq anneaux fixés aux angles et au
milieu. En fait, Tamerlan n'a jamais occupé ce sarcophage puisque son
mausolée est au Gour Emir, à Samarcande...
On poursuit en jetant un coup d'œil à la mosquée Hazrat-i Imam, adjacente au
mausolée de Jahangir, et communicante avec la mosquée Jahangir.
Retour vers la mosquée Kok Gumbaz construite en 1434-1436 par Ouloug Beg,
petit-fils de Tamerlan, pour rendre hommage à son père Shah Rukh. Elle était
destinée à servir de mosquée principale (ou mosquée du vendredi), à proximité
de la madrassa Dorout Tilovat. Le bâtiment principal est constitué d'une
salle carrée d'environ 12 mètres de côté, qui soutient le dôme immense,
recouvert de carreaux de céramique bleue. En 1994, à l'occasion du 600e
anniversaire d'Ouloug Beg, le monument a été rafraîchi mai on peut remarquer
que des travaux sont en cours actuellement à l'extérieur au niveau du dôme.
Maintenant, à l'ouest, nous nous intéressons aux deux mausolées jumeaux du
cimetière des Barlas, formant le complexe Dorous Tilovat.
A gauche, Tamerlan a fait bâtir un mausolée pour le Cheikh Chamseddin Koulyal
(construction en 1373-74), soufi, conseiller de son père, Taraghay. A droite,
c'est le mausolée Goumbaz-Sayyidan (1437-38) construit par Ouloug Beg pour
des membres de sa famille.
[CHAKHRISABZ, complexe Dorous Tilovat: à droite le mausolée Goumbazi-Sayyidan,
à gauche le mausolée Chamseddin Kulal]
[CHAKHRISABZ, complexe Dorous Tilovat: mausolée Chamseddin Kulal]
[CHAKHRISABZ, complexe Dorous Tilovat: mausolée Goumbazi-Sayyidan ]
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4 - Sur le chemin du retour vers Samarcande
15H30, il est temps de prendre le chemin du retour vers Samarcande car un
trajet de 3 heures nous attend.
Nous faisons donc le chemin inverse de l'aller. Paysage de culture (maïs) et
de verts pâturages, briqueterie et maisons en construction, canaux
d'irrigation, alignement de mûriers. Une curiosité que l'on voit mieux à
cette heure-ci qu'à l'aller, ce sont les bouses étalées à sécher puis
empilées en meules d'un mètre de haut pour être utilisées comme combustible.
Le paysage devient plus sec. Curieusement, tout à coup une statue de
travailleur dans le style "art soviétique" se dresse, pic brandi.
Très couleur locale, une dame au teint bien basané en raison de son travail
au grand air rentre de ses champs à dos d'âne. Les terrasses et les toits à
très faible pente témoignent de l'aridité du climat.
Il y a une heure que nous roulons et une pause d'une demi-heure est
l'occasion de s'arrêter au pied d'une petite colline sur le flanc de laquelle
un petit hameau s'est installé. Nous allons y rencontrer une famille
installée dans des maisons traditionnelles. Près des maisons en terre, la
yourte du grand-père est toujours en place (sans doute pour nous, les
touristes). C'est l'occasion de visiter les alentours: meules de bouse sèche,
puits, étables, cuisines avec les fours tandyr où une femme est en train de
cuir des pains. Petite démonstration du berceau traditionnel avec un
baigneur: petit moment de rigolade. Visite aux tisseuses de tapis de laine
assises au pied de leur métier vertical dans leur atelier-boutique.
On nous sert un thé et il faut repartir.
Encore une heure et demie de route. La route à deux chaussées qui remonte
vers Samarcande permet d'améliorer la vitesse moyenne.
Paysage très aride où l'on peut voir un vieux tracteur soviétique à chenilles
en train de labourer ce qui ressemble à un désert en cette saison. Dans la
steppe ici, une tente et là, des ballots de fourrage obtenus à partir de la
maigre végétation spontanée et d'immenses troupeaux de centaines de moutons
noirs. Les montagnes sur notre droite sont superbement éclairées par le
soleil qui baisse à l'horizon.
18H20, enfin de retour à Samarcande. Encore 10 minutes pour traverser la
ville et retrouver notre hôtel.
A 19H30 départ à pied pour le restaurant Arbat à 400 mètres de l'hôtel sur la
rue Mirzo Ulugbek (n°19), facilement repérable avec sa statue de femme au
parapluie ouvert (!) plantée au pied de l'escalier qui y conduit. Un resto
chic sur deux niveaux où l'on sert de la cuisine russe et européenne.
Excellent repas "traditionnel": paillasson de pommes de terre, potage
(carotte/potiron), agneau grillé (chachliks) et gâteau...
[SAMARCANDE, restaurant Arbat] [SAMARCANDE, restaurant Arbat]
[SAMARCANDE, restaurant Arbat] [SAMARCANDE, restaurant Arbat] [SAMARCANDE,
restaurant Arbat] [SAMARCANDE, restaurant Arbat]
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TACHKENT
1- Trajet vers Tashkent
2- Tachkent: Monument du Courage, Place Khast-Imam *, Bazaar Chorsu
3- Tachkent: tour panoramique, Musée des Arts Appliqués, Métro et Place Amir
Timur
[Page précédente: CHAKHRISABZ]
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Glosssaire / Frise historique
Tachkent sur Wikipédia
La vie sociale...
Les éléments suivants proviennent pour l'essentiel d'informations fournies
par Lora au fil du voyage, lors des longs trajet...
Des salaires et quelques prix
Le salaire minimum est fixé à l'équivalent de 100 $.
Les plus favorisés sont les employés de banques qui gagent 500$, les pilotes
d'avions, les douaniers et inspecteurs du fisc qui peuvent gagner jusqu'à 700
$. Pour les derniers, il ne s'agit pas bien sûr d'un salaire légal mais cela
inclus les bakchichs. A côté d'eux, des professions comme celles de médecins
ou d'enseignants (150$) sont mal rémunérées. Les enseignants sont donc amenés
à donner des cours particuliers (à 3 ou 4£/heure) tandis que les médecins
prennent un supplément quand ils se déplacent chez les patients ou pour
soigner les patients à l'hôpital. La corruption vient compléter le revenu des
autres petits fonctionnaires...
Dans le privé, les salaires sont de l'ordre de 200 à 300$.
On voit que les gens se débrouillent pour avoir des revenus complémentaires
et non imposés, dans un système d'économie parallèle non prise en compte dans
les comptes de la nation.
Ces chiffres sont à relativiser car il faut tenir compte d'une inflation
galopante de l'ordre de 26% (même si officiellement elle est donnée à un peu
moins de 7%).
27% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et les revenus
moyens sont à la baisse depuis 1997.
Les chômeurs ne perçoivent aucune indemnité.
Il faut au moins 120$ par mois et par personne pour vivre correctement.
L'Etat est propriétaire du sol mais a pris de mesures en faveur de
l'accession à la propriété. Une maison est vendue environ 100 millions de
soums (40000€).
Une berline neuve ou un minivan Chevrolet valent environ 8 ou 9000 $ (6 ou
7000 €).
Bien que le pays en produise, l'essence est très chère pour le pouvoir
d'achat local puisqu'elle coûte 2500 Soums le litre, soit environ 1 €. Il
faut savoir que 80% de la production est exportée...
Un repas coûte environ 5000 soums.
Les loyers sont bas et les transports ne sont pas coûteux.
Un timbre pour l'étranger vaut 1200 Soums, soit environ un demi €uro.
Protection sociale, santé, retraite
Les chômeurs ne perçoivent aucune indemnité.
Il n'y a pas de Sécurité Sociale. Les frais de santé sont supporté par la
famille ou, à défaut, par la solidarité de voisinage.
Les femmes fonctionnaires de l'Etat bénéficient d'un congé de maternité de 12
mois et perçoivent pendant 3 ans des allocations familiales dites "argent de
l'enfant".
Les moyens de contraception modernes sont accessibles aux femmes mais pour
recourir à l'avortement elles doivent obtenir l'accord de leur mari.
Précisons qu'avant 1940, les femmes avaient souvent une douzaine ou une
quinzaine d'enfants. Le nombre a été ramené à 4 à 5 dans les années 1970 et
se limite maintenant à 1 ou 2.
Il n'y a pas non plus de système de retraite sauf pour les fonctionnaires qui
la touchent à 55 ans pour les femmes et à 60 pour les hommes.
Dans une famille, lors du décès de l'un des conjoints, l'héritage bénéficie
pour moitié au conjoint survivant tandis que l'autre moitié est partagée
entre les enfants.
Quelques étrangetés...
On peut encore observer parfois un comportement traditionnel, celui de
l'homme marchant devant la femme. Diverses explications sont parfois
avancées. Une qui ne justifie rien car elle devrait être universelle, c'est
que l'homme étant plus grand marche donc automatiquement plus vite. Observons
que dans ce cas l'écart entre eux ne cesserait de croître. Une autre repose
sur des bases religieuses qui accordent la prééminence à l'homme. Un peu dans
la même veine, dans l'Islam (vrai aussi dans le Judaïsme), l'homme ne doit
pas être induit en tentation par le corps féminin placé devant ses yeux..
Les étonnantes dents couronnées en or jaune ou rouge que l'on voit s'afficher
au milieu de sourires, surtout chez les quadragénaires et plus âgés,
s'explique par différentes raisons:
- remédier aux caries fréquentes à la suite de carence. Il se trouve que pour
ce faire, l'or a la faveur car jugé plus beau que le métal, moins cher que la
céramique et lors de leur mariage, les gens reçoivent de l'or en cadeau
- pour une jeune fille, c'est un moyen d'afficher sa richesse au regard de
prétendants
- cela rappelle le soleil et le feu, survivance du culte zoroastrien.
Autres pratiques originales dans la manière familière et amicale de se
saluer. Les femmes se font la bise en donnant d'abord une bise sur la joue
droite puis trois de suite sur la joue gauche. Les hommes leur serrent la
main et, avec d'autres hommes, se donnent l'accolade.
...et la scolarité
98% de la population ouzbèke est alphabétisée.
A l'époque soviétique, la scolarité primaire se déroulait sur 3 années et se
poursuivait pendant 5 ans au collège en secondaire (notre premier cycle).
Actuellement, la scolarité obligatoire dure 12 années et s'applique à égalité
de genre aux garçons comme aux filles et les établissements sont mixtes. Les
élèves doivent porter l'uniforme comme dans de nombreux pays à travers le
monde.
Le taux de scolarisation préscolaire (maternelle), avant 7 ans, est de 20% et
7000 établissement y sont affectés.
L'enseignement primaire commence vers l'âge de 6-7 ans et se déroule sur 4
années.
L'enseignement secondaire dure 5 années (notre premier cycle) et peut se
poursuivre soit par l'enseignement supérieur (lycée) conduisant au
baccalauréat en 4 années soit par l'enseignement technique sur 3 ans.
Au delà, après admission sur concours, l'Universtité conduit au magistère 2
ans puis le doctorat. Les frais d'études sont pris en charge par l'Etat pour
les étudiants qui ont obtenue au moins 80% des points du concours
d'admission.
Les grandes vacances se déroulent sur le trimestre d'été: juin, juillet et
août. Pour les étudiants, elles sont décalées d'un mois. Pour profiter
librement du mois de septembre, il leur faut avoir des relations ou payer un
bakchich à quelque fonctionnaire pour échapper aux "travaux forcés" de la
récolte du coton. Un travail obligatoire qui s'appliquait même aux collégiens
avant 1993.
Les manuels d'éducation se font de plus en plus en caractères latins depuis
le retour officiel en 1992 à cet alphabet (remanié depuis mai 1995, avec une
translittération de certains caractères).
Les livres sont fournis gratuitement aux enfants des familles pauvres.
Dimanche 14 septembre, après-midi
Petit rappel: ce saut en avant dans le calendrier, du 12 au 14, s'explique
par le fait que l'excursion à Chakhrisabz (le 12) s'est intercalée entre les
deux jours et de mi consacrés à la visite de Samarcande (le 11, le 13 et la
matinée du 14).
1 - Trajet de Samarcande à Tachkent (320 km)
Cette fois ça y est. Destination Tachkent, la capitale du pays... soit
environ 320 km de trajet.
On quitte Samarcande définitivement vers 13H30.
On repasse à nouveau par le centre, le quartier du Bazar et de l'Afrasiab (où
l'on voit un autocar "St Cyr Tourisme" !), puis près de l'aéroport.
Bientôt nous franchissons la rivière Sarafshon (ou Zéravchan) que nous avons
vue presque épuisée lorsqu'elle atteint Bouhkara. On remarquera l'abondance
des stations-service, souvent sans le moindre client, au long de cette voie
de circulation importante puisqu'elle relie la capitale aux villes les plus
importantes d'Ouzbékistan et assure la liaison vers les destinations
extérieures à l'ouest du pays. Certaines stations-service ont des noms
imprononçables pour nous comme AYOQSH. Cet axe traverse une région agricole
qui profite de l'eau de la rivière encore proche: céréales, coton, vergers et
vignes.
Il y a une demi-heure que nous avons passé la rivière et le paysage aride
ressurgit déjà. De l'autre côté de la route un bus européen sans doute de
grand âge est arrêté mal en point tandis que le chauffeur s'affère auprès du
moteur. Tout à l'heure, on verra encore un autocar "exotique" (Raudé
tourisme). La circulation se densifie plus on avance mais il s'avère que la
retenue est surtout occasionnée par un convoi d'autocars de cueilleurs de
coton qui s'est arrêté sur le bas côté, dans notre sens de circulation
Peut-être s'agit-il du convoi croisé en fin de matinée lorsque nous revenions
déjeuner à Samarcande ce midi... Plus loin, il s'agit de grands travaux avec
un contournement de chantier de construction d'un pont afin d'élargir la
route (gabarit à 2x2 voies). Nous arrivons dans une région spécialisée dans
la culture des pommiers et l'on voit bientôt au bord de la route des vendeurs
qui présentent de jolies cagettes de pommes multicolores. On croise des
transports de voitures Chevrolet neuves, probablement en provenance de
l'usine de la vallée du Ferghana (usine anciennement sous la marque Daewoo).
Après G'allaoraol, nous arrivons aux "Portes de Tamerlan", le défilé de
Djailanouti, qu'empruntent toutes les voies de circulation (route, rivière,
chemin de fer électrifié et même ligne aérienne). Ce défilé qui sépare les
massifs montagneux Nurautau et Turkestan fut le lieu de nombreuses batailles
dont une menée par Ouloug Beg et une autre par Abdullah Khan, aux XVe et XVIe
siècles. Une grotte se trouve à cet endroit mais le site est défiguré par les
graffitis qui couvrent le pied de la falaise. Plus loin, seul le fond de
l'étroite vallée est fertile.
A Djizak ou Jizzax, en coupant la voie ferrée, nous quittons la route
autrefois directe vers Tachkent mais dont aujourd'hui un tronçon d'une bonne
vingtaine de kilomètres se trouve en territoire kazakh dans ce que l'on
nommait autrefois "la Steppe de la Faim" (Golodnaïa Step). Le Kazakhstan
suite à une brouille avec son voisin ne permet plus le transit par cette
route depuis 2003. Il est plus simple et plus économique de faire un petit
détour plutôt que d'acquitter des frais de visa pour si peu...
Nous passons par Xovos et Guliston pour retrouver l'ancienne route à Chinoz.
La région est agricole. On y voit un artisanat de fabrication de briques
d'adobe (terre crue), des marchands de melons,. Beaucoup de vieilles Ladas
stationnées au long de la route sont recouvertes d'une bonne couche de
poussière. Nous faisons le plein dans une petite station-service au même
moment qu'un "collège", un autocar des Transports Casteran du Lot-et-Garonne
mais l'illusion s'efface vite à la lecture du numéro de téléphone encore à 8
chiffres ! Peu après, nous croiserons un autre autocar recyclé, des Ets
Charpentier cette fois. Puis un train de wagons-citernes rouillés nous tient
un moment compagnie sur la voie ferrée parallèle à la route.
Il est bientôt 16H et nous sommes encore à 110 km de Chinoz et à 170 km de
Tachkent. Comme la circulation se densifie, il faut que la maréchaussée se
manifeste... au moins par de fausses voitures de police ! Cette voie expresse
rappelle un peu celles que l'on voit en Inde, avec ici toutefois beaucoup
moins de circulation et de gens mais quand même... On peut y rencontrer par
ici une vache et par là une famille qui traverse avec une poussette et un
autre enfant sur un tricycle. La récolte du coton va bon train dans certaines
parcelles et nous croisons, circulant sur l'autre chaussé, encore un autre
convoi d'autocars. Etrange, on voit un avion biplan qui semble abandonné au
bout d'un champ (traitement aérien du coton ?). Les bords des canaux
d'irrigation sont couverts de tamaris en fleurs. Maintenant nous passons près
d'un train dont les wagons sont spécialement aménagés pour le transport du
coton puis nous croisons un convoi de récolteuses dudit coton, toute neuves,
qui vont certainement être mises en services sous bref délai.
17H45, courte pause TYAПET (indication en russe des "toilettes") bien
méritée... A 17H45, en arrivant à Chinoz, nous franchissons le fleuve Syr
Darya. C'est donc là que nous rencontrons le second fleuve qui irrigue le
pays mais seulement dans son cours médian, lorsqu'il traverse la vallée du
Ferghana. Son cours supérieur traverse le Kirghizistan voisin tandis le reste
de son cours se développe au Kazakhstan où il va mourir dans la Petite Mer
d'Aral. Nous avons encore 75 km à parcourir et il fait presque nuit, ce qui
n'empêche pas les carrioles d'être encore sur la route.
Il est 18H45 lorsque nous entrons dans la ville de Tachkent, Тошкент en
ouzbek, "la ville en pierre", à 440 mètres d'altitude, au pied du massif du
Chalka. Une ville dont l'origine remonterait à environ 2000 ans. La
ville-État de Tchatch (aussi appelée Chach-tépa), composée de plusieurs sites
fut établie au Ier siècle. Elle devient rapidement une grande oasis prospère
sur la Route de la Soie dont le roi sassanide perse Shapur Ier fait mention
dans ses écrits en 262 puis les conquérants, les périodes de prospérité et de
déclin se succédèrent.
Tachkent est devenue la capitale du pays en 1936 (ou 1930?), à la place de
Boukhara. C'est aujourd'hui une ville de 2,7 millions d'habitants. Sa surface
a doublé depuis 1946 et son développement s'est accentué après 1966.
Après le stade Pakhtatkor , c'est la place de l'Indépendance.
A 19H, nous arrivons à l'hôtel City Palace (4* que le TO nous "vend" pour 5
!), anciennement hôtel Markaziy, bien situé par rapport au centre de la
ville, à l'angle des avenues Amir Temur et Navoiy, avec pour voisin le Hyatt
Regency et comme vis-à-vis le Dedeman Sylk Road... Construit en 1998, c'est
un hôtel confortable, certes, mais un peu "usine" quand même avec ses 16
niveaux sur lesquels se répartissent 251 chambres (dont 7 suites). Nous avons
le plaisir d'utiliser un ascenseur extérieur panoramique bien que la vue
n'ait rien d'extraordinaire.
[TACHKENT, hôtel City Palace] [TACHKENT, hôtel City Palace] [TACHKENT, hôtel
City Palace] [TACHKENT, hôtel City Palace]
[TACHKENT, restaurant al-Aziz] [TACHKENT, restaurant al-Aziz]
Une demi-heure plus tard nous allons dîner non loin de là au restaurant
al-Aziz (rue Abdulla Qodiriy) sur une terrasse en plein air, près du canal
Burdjar. On y mange bien et j'y ai apprécié les manty, ces gros raviolis
cuits à la vapeur et fourrés de viande et d'oignon.
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2 - Visite de Tachkent: Monument du Courage, complexe autour de la Place Kast-Imam*
(Xe-XXe s.), Bazaar Chorsu
Lundi 15 septembre
Désagréable surprise en ouvrant les rideaux, dans ce pays normalement écrasé
sous le soleil, le ciel est complètement gris et bien gris. Cela ne va pas
aider à apprécier les monuments qui à priori n'ont rien d'exceptionnels.
Au loin, à 2 bons kilomètres vers le nord, on aperçoit la tour de télévision.
Avec ses 375 mètres de hauteur, c'est la 9e plus haute tour du monde.
[TACHKENT: vue panoramique sous ciel ...gris !]
A 9H30, avec notre minibus et une Lora morose et mutique, nous quittons
l'hôtel par un itinéraire qui nous fait passer près de la Bibliothèque
nationale Ma'Rifat Markasi ("Centre de la Lumière") Simpoziumlar Saroyi.
L'édifice comprend également un Palais des Congrès de 1000 places.
Peu après, nous arrivons au Mémorial du tremblement de terre ou Monument du
Courage qui commémore la catastrophe survenue le 26 avril 1966. L'effet
destructeur du séisme (magnitude 7,5) serait dû aux ondes verticales (ondes
S). La statue de facture très soviétique montre une famille qui fuit par
dessus une fracture du sol tandis qu'un bloc de granit noir fracturé montre
une horloge arrêtée à l'heure du séisme, 5H22. 300 000 personnes se
retrouvèrent sans toit mais à l'époque la solidarité des républiques
soviétiques fonctionna pleinement.
A 10H, nous posons le pied sur la Place Kast-Imam, au nord-ouest de la ville,
pour visiter le complexe dominé par les deux minarets de 50 mètres de la
nouvelle mosquée Hazrati Imam ou Khazrat Imam, la Grande Mosquée (Jome
Masjidi) de Tachkent construite en 2007. Pour sa construction, les matériaux
employés sont d'origine internationale: tuiles bleues d'Iran, pilier en bois
de santal d'Inde, marbre vert de Turquie... Dans le parc qui l'entoure, on
peut voir quelques malheureuses cigognes que leurs plumes rognées empêchent
de voler.
[TACHKENT, Place Kast-Imam (par beau temps)]
[TACHKENT, Place Kast-Imam]
[TACHKENT, Place Kast-Imam: la nouvelle Grande Mosquée]
Nous longeons l'Institut islamique de l'Imam al-Boukhari, créé en 1970 et
également reconstruit en 2007, qui jouxte l'ancienne mosquée Nomzgokh
construite par le Kokand Khan Mirza Ahmed Kushbegi en 1856-1857.
Nous commençons par la visite du Mausolée d'Abou Bakr Mohammed Kaffal Chachi,
philosophe, poète et docteur de l'Islam qui vécut au Xe siècle. Le portique,
le dôme et le portail remontent au XVIe siècle. L'édifice restauré a été bâti
en 1541 et comporte une inscription en majolique.
A quelques pas de là, sur la place, nous poursuivons par la visite de la
madrassa Barak Khan de la même époque mais en partie rebâtie il y a un siècle
et restaurée en 2008. De jeunes ouzbèkes qui visitent le monument nous
adoptent pour faire moult photos et "selfies" souvenirs.
Nous arrivons devant l'édifice voisin, la petite mosquée Tellia Cheikh (ou
Teliachaïakh) dont la construction remonte au Xe siècle. Dans sa bibliothèque
Muyie Mubarak ("moustache d'or"), on peut voir le plus ancien Coran du monde,
en écriture coufique sur peau de cerf, taché du sang d'Osman, assassiné en
655. Tamerlan s'empara de ce trésor détenu depuis des siècles par les califes
arabes lors de sa conquête de la Mésopotamie et il l'exposa sur le grand
lutrin de pierre que l'on a vu à la mosquée Bibi-Khanoum à Boukhara.
Confisqué par la Russie tsariste lors de la conquête du pays au XIXe siècle,
il a été restitué au Mufti d'Ouzbékistan par les Soviétiques en 1989.
D'autres Coran sont également exposés. Photos interdites.
Nous terminons en contournant la nouvelle Grande Mosquée.
Deux kilomètres plus au sud, après être passé devant le Centre National des
Arts (Ozbek Liboslari Galereyasi), et après avoir aperçu le bâtiment en forme
de colimaçon du Centre pour les Enfants, Barkamol Avlod, notre minibus nous
dépose à 11H30 devant le Bazar de Chorsu (ou Tchorsou ou Torzou ce qui
signifie "Quatre chemin") qui est aussi appelé "Marché d'octobre" et "Marché
de la vieille Tour" (Eski Iouva).
[TACHKENT: Bazaar Chorsu]
Ce bazar a été établi à l'emplacement de l'ancien Reghistan ("place des
sables"), point de rencontre des commerçants et place dédiée aux événements
qui rythmaient la vie de la ville avant le grand tremblement de terre de
1966. En effet, les Soviétiques, lors de la reconstruction, ont transformé le
Reghistan en un carrefour de grandes rues, très fréquentées. Sous un vaste
dôme, le bazar se répartit sur deux niveaux: en haut, fruits secs et
oléagineux, viande, pâtes, en bas, riz, fruits, épices et légumes frais. Du
bazar on aperçoit les dômes gris de la mosquée Khodja Akar Vali Ozbek.
Sortant du marché au niveau inférieur, on débouche sur un parvis occupé par
des marchands ambulants et vendeurs de brochettes (chachliks), de fruits,
d'articles textiles bon marché. Le marché se poursuit pendant quelque deux
cent mètres sur une allée qui va vers le sud vers l'hôtel Chorsu, à la forme
caractéristique. Sur l'allée sont installés des marchands de pain, de maïs
bouilli, d'espadrilles, d'articles de papeterie et scolaire... Les châssis de
vieux landaus leur servent d'étals mobiles.
A midi, ayant rejoint l'avenue Beruniy, nous sommes au pied de la madrassa
Koukeldach (du nom de son fondateur le vizir Kouleldach), située à l'entrée
de la vieille ville. La façade du bâtiment construit au milieu du XVIe siècle
est décorée de majoliques et les inscriptions islamiques ornent la voûte de
l'une des entrées (pishtak) de la madrasa. Les fenêtres sont faites avec des
treillis traditionnels (pandjara) protégeant les pièces du soleil ardent
d'été. Désaffectée par les Soviétiques, la madrassa a retrouvé sa fonction et
ses 38 salles accueillent 250 étudiants.
L'architecture de l'édifice voisin nous surprend car il ferait davantage
penser à une église orientale qu'à une mosquée, ce qui est pourtant sa
fonction puisque c'était même la mosquée principale (Juma) de la ville
jusqu'à la construction de celle de la place Khast-Imam que nous avons vue
tout à l'heure. La mosquée Khodja Akar Vali Ozbek fut construite par un pieux
personnage descendant du Prophète et philanthrope, en 1432. Un puissant
tremblement de terre en 1868 l'a presque entièrement détruite. En 1888, elle
a été restaurée à l'aide des fonds octroyés par le tsar Alexandre III ce qui
valu à l'édifice d'être nommé mosquée impériale à cette époque. En 1997, la
mosquée étant en mauvais état, il a été décidé de la démolir et une nouvelle
mosquée en style moderne avec trois coupoles a été érigée à son emplacement.
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3 - Visite de Tachkent: tour panoramique du centre ville, Musée des Arts
Appliqués, Métro et Place Amir Timur
Nous reprenons le minibus pour faire un tour panoramique du centre ville: sur
la gauche le Théâtre Khamza, la salle de concert Turkeston. Puis, c'est la
grande place, rebaptisée place de l'Indépendance, Mustakillik Maidoni
(ancienne place de la cathédrale devenue un temps la plus grande des Places
Rouges soviétique avec la statue de Lénine, maintenant disparue) avec le long
bâtiment du Sénat (2005), les jets d'eau et le portique aux cigognes
(porte-bonheur) au-delà desquels se dressent "les biscottes ou les briques"
du Ministère des Fiances (Moliya Vazirligi). Le Musée des peuples de
l'Ouzbékistan, se situe en face, de l'autre côté de la rue Sharof Rashidov.
[TACHKENT, le Sénat]
Nous faisons un arrêt devant la salle d'Opéra ballet Alisher Navoï qui fait
face au Lotte City Hotel Tashkent Palace. Ce théâtre a été construit en 1947
par de prisonniers de guerre japonais.
Nous nous rendons à pied vers le quartier des affaires Zaravshan, quartier
d'affaires où, pour faire bonne mesure, l'on trouve le joli siège de syndicat
de travailleurs. Après avoir jeté un coup d'œil dans un restaurant coréen
dont Lora connaît la patronne puis nous passons devant le Théâtre Dramatique
de l'Académie Militaire d'Ouzbékistan Nous poursuivons jusqu'à la rue
Matbuotchilar (n°17). Le restaurant Agat occupe le rez-de-chaussée tandis que
nous montons à l'étage, au restaurant hongrois Lewckuu, une bonne adresse.
Nous avons la surprise de voir que notre Lora est doublée par une sorte de
dragon du réceptif ouzbek. Cette dame peu accorte vient se pointer dans le
restaurant et règle la note pour le groupe. On va la retrouver ainsi et pour
la même raison lors des deux autres repas qu'il nous reste à prendre à
Tachkent...
[TACHKENT, quartier d'affaires Zarasfon]
Après le déjeuner, on va se dégourdir dans le Parc de Tamerlan tout proche et
où les peintres exposent leurs œuvres sur l'allée Mustafa Kema Ataturk (ou
rue Zarafshan).
A 14H15, on embarque dans le minibus en direction du Musée des Arts Appliqués
(ou des Arts Décoratifs), rue Rakatboshi. Il est installé depuis 1938 dans la
résidence de Polovtsev, un diplomate russe du XIXe siècle, qui n'en vit
jamais l'achèvement.
A l'entrée, on a le plaisir de rencontrer un jeune couple en habits
traditionnels.
Pastiche et kitsch ce musée comme en témoigne le mihrab de la salle de
réception placé à l'est ! Pendant trois quarts d'heure, on va y admirer des
collections de tissus brodés (suzani), de mobiliers, de céramiques, de
ferronnerie et d'instruments de musique...
A 15H45, programme de visites terminé pour aujourd'hui, nous quittons le
musée et un quart d'heure plus tard le minibus nous dépose à l'hôtel.
Le ciel devenant plus lumineux nous en profitons pour jeter un coup d'œil sur
les avenues Amir Timur et Novoiy depuis les hauts étages de l'hôtel. Donc
quartier libre jusqu'au dîner...
Pour employer un peu notre temps, nous décidons de faire un petit tour au
marché voisin (à 200 ou 300 mètres de l'hôtel), l'Alay Bazaar (ou Alaisky
Bazar) dit également Oloy Bozori. De quoi s'y perdre avec toutes ces
variantes dues aux différentes langues et modes de transcription.
En s'y rendant, passant devant l'hôtel Dedeman, c'est l'occasion de voir une
fois de plus des jeunes mariés avec grosses berlines (Mercedes) et limousine.
En face, occupant un autre angle du carrefour, les bâtiments d'opérateurs de
téléphonie mobile Ucell (groupe finno-suédois) et du groupe russe Mobile
TeleSystems-MTS (lequel a défrayé la chronique en 2012 lorsque ses dirigeants
ont été poursuivis et l'entreprise astreinte à une amende de 600 millions de
dollars et menacée d'expropriation).
Quelle heureuse idée que d'avoir prévu un passage souterrain pour éviter aux
piétons la périlleuse traversée de l'avenue Amir Timur.
Nous voici arrivés au bazar Oloy Bozori qui se présente sous forme d'une
suite de halls où nous allons flâner pendant une petite heure. Ce marché
couvert a été créé il y a 150 ans dans la partie russe de la ville. On y
trouve classiquement des produits alimentaires frais (fruits, légumes, œufs),
graines, céréales et fruits secs, épices et plantes aromatiques, plats
cuisinés, fleurs coupées et plantes, bijoux orientaux, articles de vannerie
(paniers, balais)...
Retour au City Palace dont le hall est envahi par un couple de marié suivi
d'une meute de techniciens, n'exagérons pas quand même, accompagnant
photographe et caméraman.
Pour nous, plus simplement, ce sera encore quelques photos sur la ville au
soleil couchant puisque le soleil a fini par se montrer bien tardivement.
[Crépuscule sur TACHKENT]
Nous devions "dîner chez l'habitant" mais pour cause de deuil dans la famille
de nos hôtes, ce sera un repas au restaurant Tarona (13, rue Kari Niyazov ou
Qori-Niyazi). Départ en minibus à 19H30, direction le nord-est de la ville, à
3 km environ de l'hôtel.
Le Tarona est un restaurant dans le style ethnique avec mobilier en rotin,
décoré avec des instruments de musique et des ustensiles de cuisine
traditionnels ainsi que de broderies suzani. On y retrouvera deux autres
groupes de touristes déjà rencontrés plusieurs fois dans des restaurants
pendant le circuit. Une seule tablée d'autochtones, 7 ou 8 jeunes filles très
enjouées. Repas ouzbek classique: crudités, somsa ou samoussa (en forme en
pain au chocolat) fourré à la courge ou au potiron et ,immanquable pour le
dîner d'adieu, le plov national . Pour conclure, gâteau de confiserie halva
(sorte de nougat à base de fruits secs, miel et farine de riz). Sans oublier
au cours du repas, vin rouge ouzbek et vodka...
L'animation est plutôt minable: un chanteur sur un fond de musique
enregistrée, trois danseuses qui exécutent 5 ou 6 danses, et un passage
éclair d'un musicien jouant de la doyra ou dayereh, un tambour sur un cadre
épais dont l'arrière est garni d'anneaux métalliques faisant grelots. Petite
sauterie pour terminer et retour à l'hôtel vers 21H. Lora a retrouvé son
humeur joyeuse malgré la présence de "Madame KGB"...
Mardi 16 septembre
Le soleil est de nouveau radieux ce matin.
Pour notre dernier bout de journée en terre ouzbèke, notre programme prévoit
la visite du Métro, visite frustrante puisque les photos y sont strictement
interdites .
Pire que chez "l'ancien grand frère soviétique", dictature s'il en est
pourtant. et malgré tout, depuis la fin de l'URSS, malgré les attentats
terroristes qui ont affecté la Russie, on peut faire des photos dans le métro
de Moscou.
Départ en minibus à 9H30 pour rejoindre la station Alisher Navoi. Nous allons
emprunter la ligne Chilonzor sur deux stations, jusqu'à la station Amir
Temour Khiyoboni.
La première ligne de ce métro a été construite entre 1972 et 1977 faisant de
ce métro un cas unique en Asie centrale. Le réseau actuel comporte trois
lignes qui se déploient dur une quarantaine de kilomètres. Chaque station est
somptueusement décorée dans un esprit Art Déco selon un thème particulier
concernant l'histoire et la culture du pays. Par exemple, le coton à la
station Alisher Navoi.
Nous regagnons l'air libre sur la Place Amir Timur. Cette ancienne place
servit de place d'armes puis de champ de courses jusqu'à la fin du XIXe
siècle jusqu'à ce que les Soviétiques en fassent une Place de la Révolution
avec une statuaire évoquant successivement l'emblème de la faucille et du
marteau, Lénine, Staline et enfin Karl Marx. La page nationale a été tournée
et un autre despote d'un autre temps, Tamerlan, a pris la place tandis que la
place jadis ombragée par des platanes centenaires est devenue tristement
minérale depuis 2009.
La place est bordée par le Palais des Congrès à colonnades construit en 2009
et dont le dôme de 48 mètres de haut est surmonté de sculptures de cigognes.
On peut encore citer les Tours de l'Horloge, l'ancienne construite en 1947 et
la nouvelle qui date seulement de 2009. Quant à l'ancien Lycée des Filles, il
a cédé la place à l'Université de Droit. En périphérie on trouve encore la
Maison de la Radio, le Jardin de l'Hôtel de Ville et bien sûr l'Hôtel
Uzbekistan (4*), surnommé Uzbetchka, en forme de livre ouvert vers la place.
Construit à l'époque soviétique, il a été rénové en 2010 et comporte 243
chambres.
On retraverse la place pour se rendre à l'opposé près du Musée Amir Timur,
Musée de l'histoire des Timourides (aussi appelé Amir Timur Museum) qui a été
créé à Tachkent en 1996 pour commémorer le 660e anniversaire de la naissance
du héros national. L'édifice circulaire est réalisé dans un style
d'architecture orientale est surmonté d'un immense dôme bleu. La collection
du musée se compose de manuscrits anciens, notamment d'un ancien Coran de
Syrie du XIVe, de peintures et gravures de l'époque timouride.
A 11H, nous retrouvons Oleg et notre minibus qui nous transporte vers le
restaurant Bek (rue Mirzo Ulug'Beg), au nord-est de la ville et non loin de
l'aéroport. Il n'y a pas que le Métro à Tachkent car sur le trajet on longe
une importante ligne de tramway.
Nous avions à peine pris place au restaurant que déjà "Madame KGB" se
pointait. On s'habituait, elle nous aurait manqué....
Comme qui dirait "Ça sent l'écurie".
12H30, départ vers l'aéroport. 7 kilomètres et 10 minutes de trajet au cours
duquel nous passons près de la cathédrale de la Dormition ou de l'Assomption
construite en 1871, fermée de 1933 à 1945 puis agrandie au début des années
1990 et dont le clocher a été reconstruit en 2010.
12H45, nous sommes dans la zone aéroportuaire où nous subissons pas moins de
6 contrôles. Du jamais vu. Cela se justifie-t-il par des menaces terroristes,
par une volonté d'affichage du pouvoir autoritaire, par la nécessité
d'occuper du personnel ? Dieu seul le sait ou plus exactement Islom Karimov...
Nous décollons à 16H, avec une heure de retard, sur le vol Uzbekistan Airways
HY251 avec le même type d'appareil qu'au vol aller. Deux heures et demi plus
tard, nous survolant le nord de la Mer Caspienne avec une série d'îles dont
une très jolie, en forme de colombe. Puis le plan de vol s'incurve nettement
au nord, évitant la zone de conflit dans l'est de l'Ukraine (Donetz, Kharkov)
et même passant au nord de Kiev. La suite, c'est Brest-Litovsk, Wroclaw,
Dresde et Francfort.
Pendant les 7 heures de vol, on nous servira un déjeuner et une collation.
5400 km plus loin, compte tenu du décalage horaire, il est 20H15 lorsque nous
arrivons à Paris où la une température très ouzbèke nous attend. Rendez vous
compte, 23°!
Traditionnellement les hommes sont vêtus de longs manteaux matelassés (khalat)
noués par une ceinture de couleur vive. Zn hiver, c'est le telpek, un manteau
de fourrure. Les femmes s'habillent de robes en ikat (tissu obtenu par un
procédé de teinture du fil aux nœuds) de couleur vives qui descendant
jusqu'au genoux et sont portées sur des pantalons du même tissu. Les femmes
mariées ont une ou deux tresses dans la chevelure tandis que le femmes
célibataires en ont davantage. Par souci esthétique, les sourcils ne sont pas
épilés car l'idéal veut qu'ils se rejoignent au-dessus du nez, avec le
renfort d'un trait de crayon noir s'il le faut...
DE DRÔLES DE CHAMEAUX... Il y a un million d'années, avant
la séparation des continents, à l'origine les camélidés vivaient en Amérique
du nord d'où ils ont disparu (probablement exterminés pour la consommation de
leur chair) mais ils se sont diffusés dans le sud de l'Amérique (les diverses
espèces de lamas) et, sous forme d'animaux plus corpulents, surtout dans
l'Ancien Monde, avec les dromadaires (Camelus dromedarius également appelé
chameau d'Arabie qui n'ont qu'une bosse) que l'on trouve de l'Afrique de
l'Ouest à l'Asie méridionale et les chameaux d'Asie centrale (Camelus
bactrianus). Il semblerait que le dromadaire descendrait des espèces
bactriennes à deux bosses. Comme on le voit, ce sont des animaux qui ont eu
la faculté de s'adapter à des conditions climatiques extrêmes: haute
montagne, déserts chauds aussi bien que froids. La domestication du chameau
de Bactriane ou chameau bactrien ou chameau domestique serait antérieure à
2500 avant J-C. On en évalue le cheptel à 1,4 million de têtes. Outre son
utilité comme animal de bât, le chameau a toujours été élevé pour sa
production de laine, de lait et de viande et, accessoirement, source de
combustible par ses excréments. L'espérance de vie moyenne d'un chameau est
de 60 à 70 ans. Un chameau adulte peut mesurer 1,85m et plus à l'épaule et
2,0 m à la base des bosses et peser plus de 725kg. Les coussinets épais et
larges de la plante de ses pieds facilitent sa marche sur le sable des dunes
et sur les sols caillouteux. Ces coussinets ainsi que les callosités des
articulations de ses pattes, sur lesquelles il s’appuie en position
agenouillée, lui permettent de supporter le contact avec le sable très chaud
du désert. Les oreilles sont garnies de longs poils protecteurs et les
paupières possèdent deux rangées de longs cils qui, lorsque l'œil est fermé,
forment une barrière hermétique à la poussière et au sable. De même, ils sont
capables de fermer hermétiquement ses narines pour éviter de respirer des
grains de sable. Leur fourrure épaisse et laineuse les protège du froid
nocturne et de la chaleur du jour. Comme les dromadaires, ils
sont bien adaptés à la vie dans le désert, en plein soleil, ils peuvent
survivre quinze jours sans eau s’ils sont au repos, se contentant du peu
d’eau contenue dans leur nourriture: des dattes, du fourrage et des plantes
épineuses comme les acacias, grâce à une bouche extrêmement dure. En
revanche, lorsqu’ils trouvent un point d’eau, ils sont capables d’avaler près
de 120 litres en à peine dix minutes ! Leur grand secret de survie, ce sont
leurs bosses. Ces réserves de graisse permettent la fabrication d’eau quand
les conditions sont difficiles. Elle est alors dégradée en hydrogène qui
forme des molécules d’eau par association avec l’oxygène fourni par la
respiration. Au fur et à mesure de son utilisation, la bosse s’affaisse.
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-0-
Récit de voyage en Ouzbékistan Uzbekistan migrations
peuple peuplades tribus et clans chutes de dynasties et d'empires Perses,
Grecs, Arabes, Mongols ou Russes un Etat populations habitants citoyens
Sibérie l'âge du bronze civilisation bactro-margienne ou la civilisation de
l'Oxus indo-aryens peuples autochtones non indo-européens culture de
Tazabagyab Khwarezm Iraniens du Turkestan les nomades Scythes qui
maîtrisaient le tir à l'arc à cheval peuples iraniens de l'Ouzbékistan
étaient les Sogdiens, dans la région de Samarcande et de Boukhara, et les
Bactriens Bactres Balkh Samarcande (Maracanda en grec) l'Empire achéménide
Sogdiens et Bactriens territoires et principautés Khorezm vallées de
Syr-Daria, Amou-Daria et Zeravchan Afrasiab, fondateur légendaire mythique
légendaire Huns Hephtalites et probablement aussi des Turcs Qarakhanides (Karakhanides)
l’Empire perse Cyrus II Parthie Mer Caspienne zoroastrisme, religion
monothéiste née en Mésopotamie macédonien Alexandre le Grand Darius III
Transoxiane revint à son général Séleucos Ier, fondateur de la dynastie des
Séleucides peuples nomades Yuezhi assaut vaincu conquête et invasion peuples
nomades Yuezhi Mongols Parthes Scythes Koutchéens bouddhistes l'empire
Kouchan Tadjikistan vallée du Gange Indus Mille et une Nuits Route de la Soie
Chine Rome Constantinople route maritime navigation soie épices, du thé, du
papier, de la porcelaine ainsi que des croyances (bouddhisme vers la Chine),
des idées et de la culture dynastie perse des Sassanides l'invasion de Huns
blancs, les Sassanides s'allièrent aux Turcs Kôktürks la louve Asina Qutlugh
Les Arabes, menés par les troupes arabes du général Qutayba ibn Muslim
bataille de Talas se convertir à l'islam enversa le califat Omeyyades à Damas
en Syrie califes Abbassides à Bagdad en Irak Movaraunahr Binkent (Tachkent)
gouverneurs Turcs Seldjoukides Anatolie dynastie turque des Qarakhanides
Temudjin, le grand conquérant mongol appelé Gengis Khan (souverain universel)
Ma wara'un-Nahr) à son deuxième fils, Tchagataï potentats mongols le
Conquérant du Monde appelé également Amir Timour, lié à Gengis Khan par son
épouse Saray Mulk Khanum alias Bibi Khanoum l'empire ottoman dynastie des
Chaybanides, une dynastie musulmane mongole Bâbur ou Babour Khan des Ouzbeks,
Muhammad Shaybânî Hindū-Kūsh Pakistan dynastie Chaybanide Emirat rivalité des
Britanniques et des Russes dans la région (Le Grand Jeu) général Mikhaïl
Tcherniaïev colonisation colons protectorats Turkestan russe RSS République
socialiste soviétique d’Ouzbékistan la république autonome de Karakalpakie
est enlevée au Kazakhstan russification le développement intensif de la
culture du coton pérestroïka Mikhaïl Gorbatchev troubles attentas islamistes
opposition prisonniers indépendance putsch CEI, Communauté des États
Indépendants (traité d'Almaty) régime présidentiel fort, voire autoritaire
Islam Karimov, ancien dirigeant du Parti communiste de la république,
fondateur du Parti Populaire Démocratique de l'Ouzbékistan mandat de sept ans
constitution arrestation prison à Andijan terrorisme islamiste l'insurrection
élections législatives et présidentielles une étroite tutelle et censure de
l'appareil d'État corruption malversations détournements fraudes fiscale
Premier ministre, Rustam Azimov Gulnora Karimova les Spetsnaz (groupe
d'intervention de la police) dissimulation de devises étrangères
relief montagnes de Tian Shan et de Hissar-Alaï plaines déserts semi désertique Tadjikistan et du Kirghizistan l'Afghanistan frontière enclavé l'Adelunga Toghi culmine L'Amou-Daria et le Syr-Daria, les fleuves les plus importants d'Ouzbékistan et d'Asie centrale baisse du niveau par évaporation et prélèvements par irrigation climat continental hivernal estival été ethnies groupe ethnique peuples Russes Tadjiks Kirghizes Kazakhs Tatars Karakalpaks Coréens Turcs meskhètes langues et dialectes population urbaine villes et urbanisation Croissance démographique Taux de fécondité Solde migratoire négatif alphabétisation Pauvreté Indice de développement humain (IDH) ONU UNESCO La religion musulmane (sunnite) données du World Factbook de la CIA orthodoxie russophones judaïsme, le catholicisme et quelques communautés baptistes un pays agro-industriel Ressources et activités l'agriculture irriguée production de fruits (pommes, kakis fruits des plaqueminiers), de primeurs, du riz, de luzerne, de vignes ou encore de céréales fourragères et la sériciculture producteur mondial de coton travail forcé des enfants et des étudiants importantes richesses minières gaz naturel, uranium (exporté vers la Russie et les Etat-Unis), cuivre, pétrole le machinisme agricole et de l'assemblage de voitures (en vallée de Ferghana, usine Chevrolet, précédemment Daewoo) exportation stratégie de réforme graduelle la croissance économique reste soumise à des fluctuations a convertibilité de la monnaie dirigistes étatique investissements massifs des compagnies russes privatisations du secteur agricole économie informelle remous sociaux tourisme touristes voyageurs Balance commerciale importations fournisseurs Echanges commerciaux Editions Uzbekistan Airways Inflight Magazine Olizane Courrier International OpenStreetMap Wikipédia Wikitravel vêtements légers, une écharpe pour les vents de poussière meilleures périodes pour voyager averses météo vêtements tenue décontractée short et bermuda épaules nues couvertes eau en bouteille encapsulée autoroutes voies rapides matière grasse (huile de coton) pharmacie de base vaccinations la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, les hépatites A et B, ainsi que la typhoïde Décalage horaire électricité prises électriques courant Prévoir des adaptateurs universels téléphone web internet wi-fi connexion wifi filmer et photographier acquitter des droits postes de contrôle policier cadeaux et souvenirs artisanat en bois et bijoux en argent étoffes foulards céramique provient de Gijduvan de Rishtan (Richtan) tapis réputés de Boukhara (éké et yomouth) poteries soie de Marguilan Il ne faut pas hésiter à marchander soie couleurs vives des ikats traditionnels monnaies et change soum ouzbek (UZS) billets dollars pourboires sécurité agressions passeport douanes délinquance bakchichs douanes Réceptif: Megatour retraités notre guide Delora ou si l'on appellera plus simplement Lora boukhariote Arts et Vie, Cléo, Kuoni, Asia, Jet Tours minibus Mitsubishi inconfortable RFI Radio France Internationale Camille et Josiane Guy et Francine Michèle et Andrée Jean-Marie et Viviane Jean-Pierre et Fanny Amina et Annie les voyages de Pascale blogs
___________________
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Mahomet (Mohamed, Mohammed, Muhammad, Mehmet, Mohand Bible Archange Gabriel
révélation prophètes Chiites minorité secte Coran et la Sunna femme Loi
Islamique, la Sharia chiisme interprétation salafiste confréries soufies, un
courant mystique prières as-soubh ou al-fajr adh-dhouhr al-maghrib al-'icha
génuflexion, prosternations Ramadan le jeûne et l'abstinence aumône
pélerinage La Mecque Médine Fâtima Ali Mu'awiya Hassan et Hussein Hasan et
Husein Fatimides Omeyades Omeyyades Ottomans sultans et califes wahhabites
croissant chapelet Misbaha tolérance soufisme rigoriste athéisme soviétique
l'Afghanistan voile tchador hijab appel à la prière (adhâri) par les muezzins
interdit ablutions les morts ne sont pas enterrés le jour même ou le
lendemain Zoroastrisme zoroastrien zoroastre Ahura Mazdâ est le responsable
de l'ordonnancement du chaos initial Zarathoustra écrits en avestique
sanskrit dualisme du Bien et du Mal Spenta Mainyu Angra Mainyu Parsis Tour du
silence dakhmā Nasālāsar charognards Paradis et Purgatoire Enfer Perses
Iraniens Eranshahr Norouz lumière Printemps Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, de
l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Kirghizistan, l'Afghanistan Salars Qinghai
Kurdistan Khwarezm (Xorazm en ouzbek), également appelé Kharezm, Kharism, Khorezm,
ou encore Khwarizm Khwârezm-Shahs, appelés parfois Khorezmiens
Turkménistan Sem, le fils de Noé puits appelé Keivah Khiva vassal de la Perse
canal Palvan-Yap paix de Guendema région de Yanguiarik Ourguentch enceinte
murailles fortifications remparts chakhristan Itchan Kala la vieille ville
UNESCO madrassa (ou médersa) Mohammed Amin Khan étudiants mathématicien
statue d'Abou Abdallah Muhammad Ben Mūsa 'al-Khuwārizmī 'al-Khorezmi algèbre
algorithmes Matiniaz Divanbegi Porte ouest ou Ota Darvoza rue Palvan Oori
Kalta Minor, le minaret court manâra signifiant phare ziggourats de
l'akkadien Chrétiens idoles caravaniers tours funéraires Nukus stupa de
Zurmala Jarkurgan province de Surkhondaryo Khorasan palais de Varakhsha le
Kalon (ou Kalyan) Islam-Khoja de Khiva le Zindan, la prison menottes fers
empalés ou précipités du haut d'un minaret forteresse, Koukhna Ark Mosquée
blanche mosquée d'été Hôtel des Monnaies majolique carreaux de céramiqueémail
qui a été vitrifié lors de la cuisson glaçurer artisan Abdullah Djinn
arabesques motifs floraux entrelacs islimi géométrique étoiles svastikas
ghirih ateliers kitabkhana mo'arraq fragments de faïence ou tesselles
fragments de faïence ou tesselles la Kourinich Khana la salle du trône iwan
ouvert turco-moghole poteaux piliers de bois dur sculpté noyer, orme une
tour, le bastion Akchikh-Bobo fours en terre cuite tandyr ou tandoor jarre
Mohammed Rakhim Khan monarque poète poésie Arab Mohammed Khan auberge maison
de thé tchaikhana, la Tea House Farrukh pain plat et rond non ou nân naan (khlièb)
Palais Tach Khaouli salle de réception, Ichrat Khaouli harem quatre épouses
légitimes et concubines sismique séisme tremblements de terre croix gammée
fenêtres à moucharabieh musée Mosquée Ak Koutloug Mourad Inak Alla Khouli
Khan Juma Jama Masjid Mosquée du Vendredi madrassas koch, donc en vis-à-vis,
tour (gulsasta) réserve d'eau (sardoba) caravansérail et du bazar (tim) Alla
Kouli Khan ortail (pishtak) Kath socles en marbre Grand Vizir Isfandyar musée
de Arts Appliqués esclaves Allakouli Khan édifice monument cellules (hujra)khanagha
mausolée sarcophages tombes et tombeaux Abulghazi Bahadur et de son fils et
successeur Anoucha tissage de tapis et de fabrication de lutrins menuisiers
et ébénistes marqueterie porte est, Palvan Darvoza voûte coupole et dôme Saïd
Niaz Cheliker Bey Beg Saïd Allauddin dîner spectacle Toza Bogh Palace Koubai
Khidza, Chirgazi Khan
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-2-
étapes importantes de la vie fêtes Nikoh Tuy, le mariage arrangé Beshik Tuy
ou Bechikh Toy naissance Sunnat Tuy circoncision fiançailles parent marieur
entremetteur rites et rituels traditionnels tradition viste et salutations
rumol-berdi remise du mouchoir l'engagement jeune fille épouse mari nappe
dastarkhan Katta Tuy Nikoh ukish cuisiner oshpaz flûtes (karnai et surnai)
tambourins (dayereh) sarpoykiydi manteau matelassé (chapan) la communauté (mahalla)
procession s'organise avec des porte-flambeaux escorte cortège famille,
proches et amis ceinture (turma) et portant un turban ou une calotte à coins
carrés (dobpa ou dopa ou encore doppe) bottes souples (kavich) rituel de
l'isolement appelé chimildik un voile léger (paranja) broderies de suzani
suzaines preuve de la virginité de l'épouse quarantaine vœux à l'épouse (kelin
salomi) coton cotonniers (Gossypium) plante arbuste capsules graines et
bourres Corée du sud avions cargos voitures automobiles usines Lada Chevrolet
Deawoo étendues sablonneuses semi-désertiques du Kizil-Koum Sables Rouges
massif du Pamir dune lézard phasmes sangliers, vautours, tortues, varans,
serpents, lézards et petites marmottes du désert au pelage couleur sable
pique-nique amélioré improvisé cycliste steppe степь gazoducs bourgade de
Gazli carrioles ânes et mulets ballots convoyé par un équipage asinien
faubourgs l'antique roi-héros iranien Syāvouch Buqaraq (pensez à baraka)
royaume de Kushan général Qutayba ben Muslim Tougchada province du Khorassan,
dont le chef-lieu était Merv rabad (faubourg) e grand médecin et philosophe
Avicenne (Abu Ali Ibn Sînâ), le savant encyclopédiste al-Biruni al-Boukhârî
compilateur de hadiths Namezgokh les Astrakhanides le roi de Perse Nâdir Shâh
Muhammed-Rakhim-Khan Manghit Armée Rouge Staline Faïzoulla Khodjaïev purges
quartier juif rue Arabon Komil B&B Bed and Break vestiges du caravansérail
Jourabek Tchor Minor quatre minarets riche marchand turcoman, Khalif
Niazkhoul bassin (haouz) Termez et Denaou remontées salines (salpêtre) Palais
d'été Sitoraï-Makhi-Khosa Palais de l'Ermitage de Saint Pétersbourg cour
intérieure (daroum) premier Congrès du Soviet Musée des Arts Décoratifs Salon
Blanc véranda Moradov Palais Octogonal qui sert de Musée national du Costume
turbans (chalma) ikat ordre soufi de la Naqshbandiyya tronc mort d'un vieux
mûrier mosquée des femmes Abdoul Faïz Khan le bazar des chapeliers (Tim
Tok-i-Tipak Furuchon), rue Khakhikat (ou Kakikat) Po-i-Kalon Mir-i-Arab bazar
des joailliers (Tim Tok-i-Zargaron) Khodja Nouroubod piédestal fureur
destructrice Alim Khan Mosquée Kalon dôme bleu (Kok Goumbaz) mihrab pavillon
arcade sépulture imam mollah prêche tours massives (gouldasta) bleu turquoise
Ouloug Beg Abdoul Aziz Khan coupoles marchandes Mogok-i-Attari koch qui
signifie double Gichduwan colonnes torsadées bazar des changeurs (Tok-i-Sarrafon)
Nadir Divan Begi Koukeldach tympan oiseaux fabuleux et colorés, de type
simurgh ou simorgh Nasr-Eddin Hodja Eshoni Pir synagogue musicien danseuses
mannequins de la boutique de mode Ovatsiya créatrice Irina Sharipova khan
atlas et adras robes zardouzi Ismaïl Samani Tchachma Ayoub monument Mouhammad
al-Boukhari grand marché mazar archéologue russe Chichine destruction pillage
faravahar ange gardien hémisphérique trompe pendentifs et stalagtites source
de Job Modar-i-Khan Reghistan Regiisthan Registan mosquée Bolo-Haouz
citadelle de l'Ark chapiteaux à muqarnas peints restaurant Old House
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-3-
calotte couvre-chef national dopa (ou dobpa, dopy, doppilar ou encore doppe)
Ouïgours (ou Ouyghours) tiubetek ou toki, terme dérivant du turc tülbent toki
ou tchousti, du nom du lieu Tchoust fêtes sacrées (Kourban et Uraza-hayit)
cornes de bélier kouchkorchor motifs (kalampour ou bodom) mauvais œil
piltadouzi takhya Badahshan (ou Badakhchan) yourte ou iourte est l'habitat
traditionnel Karakalpakistan ossature démontable en bois recouvert de feutre
esgui murs (khana) ou treillis en bois orte (xalag ou haalga) couronne ou
clef de voûte thoone ou toono perches hunnu piliers (bagana) toile
imperméable (berdzine) armature tündük en kirghiz, ce qui signifie aussi
nord, et shanrak en kazakh aine beige ou grise, d’où son nom boz üy Kizilkum
Vobkent Koufa divani Moyen-orient funérailles obsèques enterrement Le maître
Abdullah Narzullaev est le fils d'Ibodullo Narzullaev, le céramiste frères
Alisher et Abdoullah Narzullaev (ou Narzoulayev) maître-artisan Moustabchira
Barakaeva Dilorom touneurs caravansérail Rabat-i-Malik ouverain qarakhanide
Shams-al Mulk Abdullah ibn Iskandar II eau canal souterrain (karis ) depuis
la rivière Serafschan montagne Karatau Guissar-Altaï, est traversée par les
gorges de Sarmish pétroglyphes animaux localité de Debaland lœss Kerbala
mémorial mont Hayatbashi culmmine raviolis russes pelmini (ou manty) la
source sacrée Tchachma (ou Chashma) poissons sacrés marinkas Koshrabad lac
Aïdarkul cheik campement camp de yourtes de Yangikazgan Yangi Kazgan chameaux
et dromadaires dromadaires (Camelus dromedarius chameaux d'Asie centrale (Camelus
bactrianus) coussinets bât paupières narines fourrure bosses de graisse ouïes
dombra ou dotar feu de camp Chang'an (actuelle Xi'an) marchandise secret de
fabrication Hans dynastie Tang soldata et marchands pilleurs convoitise
brigands et bandits guerres turco-byzantines
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cuisine et gastronomie spécialités culinaires huile karakalpake ouzbeke
ouzbèke radis tomats courges potirons coutumes pâte feuilletée fourré katlama
tchorek tandir Och ou plov vodka (du polonais wódka) pilaf grillades chachlik
brochettes boulettes viande hachée kébab tovuk kabob samsa somsa ou samoussa
(du perse sanbosag) recettes laghman, de longues nouilles soupes potages
sautés les manty (une variante est appelée pelmini par les Russes) raviolis
cuits à la vapeur chuchvara les ragoûts kovuram légumes (nakhot tchurak aux
pois chiches, dimnama bechbarmak viande bouillie la saison du melon (kovum
saili) mastava riz soja mashhurda chourpa ou tchorba lagman tchutchvara
tchorba mampar épices pistache cumin loy, l’argile, moy, la graisse et tchaï,
le thé tasses carafe bouilloire Navoï Dehibaland (ou Debaland) postes de
police Ziadin Mirbazar puis Katta-Kurgan bottes de fourrage Nexia Samarcande
(ou Samarkand ou Samarqand) Maragand artisans papetiers chinois Ulugh Beg
khanat de Djaghataï persophone Karim Bek rue Gagarine hôtel Konstantin rue (ko'chasi)
Mirzo Ulugbek Gour-Emir magasin Gou ou Gum Orient Finans Bank stade Dinamo
pharmacies (dorixona) statue de Tamerlan (Amir Temur Haykali) esplanade
Roukhabad Old City rue Jomly nougat gâteu anniversaire arrosé verre Chir Dor
Tilia Kari Hôtel Président renommé Registan Plaza corniches (muquarnas)
céramique glaçurée est de type mo'arraq Chir-Dor Oulough Beg Yalangtouch
plate-forme (dakhma) dynastie Cheïbanide Tchorsou Tchorsu Toshkent Bibi
Khanoum Saray Mulk Khanum, une princesse masjid-i jami' grand Coran d'Osman
Saray Mulk Khanoum Sharq Shirinliklari kovurma , ragoût pot-au-feu butternut
Chah-i-Zinda Koussam-i-Abbas L'aristocratie timouride Davlet Kouchbegi Qadi-Zadeh
Roumi Koussam Ibn Abbas colline cimetièreKhazret Khizr ou Mosquée des
Voyageurs Mir Saïd Barakah Chah Rokh et Miran Chah, de son petit-fils
Mohammad Sultan Musée archéologique d'Afrasiab et Observatoire astronomique
Ali Quchtchi Jai Singh II, mahârâja de Jaipur, à Delhi, Jaipur, Mathurâ,
Ujjain et Vârânasî sextant géant russe Viatkine papier mâché et dégustation à
la cave Khovrenko conférence internationale à Kanagan Association Konigil
Meros Zarif Mukhtarov. Le moulin à papier kogozgars pilons roue à godets roue
à aubes arbre à cames foulons papier Khorassa Balkhi bombyx maître polisseur
mukrakash Kashgariy ou Qoshg'ariy Dimitri Filatov chimiste et œnologue russe
Michael Khovrenko Pierre Le Roy de Boiseaumarié Office international de la
vigne et du vin Kiev exposition et concours Prodexpo-2014 Shirin dégusttion
Rkatsiteli Bayan-Shirey cognac vins de dessert (brandy) Tables sultaniennes (zij-e
soltâni alcool recueil Al-Jâmi'us-Sahih centre d'études international (Dorus-Hadith)
Khortang ou Khartank limousine rue Pushkin pour déjeuner au restaurant Platan
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ville natale Chakhrisabz Karshi Kyzylkarvan, Sarikul, Dzham, Gulistan et
Charvadar Nakhchab capitale Ashkhabad Termez ou Termiz rivière Qashqadaryo
barrage-réservoir de Chimkurgan le Palais Blanc village de Kesh ou Kash
déjeuner au Kish Mish complexe Dorous Siadat complexe Dourout Tivolat Kok
Gumbaz fils Jahangir et Omar Cheikh crypte Hazrat-i Imam Shah Rukh père
petit-fils descendance cimetière des Barlas Cheikh Chamseddin Koulyal
Taraghay Goumbaz-Sayyidan restaurant Arbat
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-6-
salaires revenus imôts retraite protection sociale corruption santé soins
médecins pots de vin inflation exporpriation privatisation collectivisation
dents en or couronnes scolarité école enseignement gratuité uniforme
maternelle primaire secondaire et université vaacances livres et manuel
écriture cyrillique paysage aride G'allaoraol, nous arrivons aux Portes de
Tamerlan le défilé de Djailanouti grotte graffitis falaise Djizak ou Jizzax
Steppe de la Faim (Golodnaïa Step) Xovos et Guliston pour retrouver
l'ancienne route à Chinoz Tachkent, Тошкент massif du Chalka Tchatch (aussi
appelée Chach-tépa) hôtel City Palace Markaziy Hyatt Regency et comme
vis-à-vis le Dedeman Sylk Road restaurant al-Aziz (rue Abdulla Qodiriy) canal
Burdjar Monument du Courage, complexe autour de la Place Kast-Imam
Bibliothèque nationale Ma'Rifat Markasi (Centre de la Lumière) Simpoziumlar
Saroyi Palais des Congrès Mémorial du tremblement de terre de 1966 Hazrati
Imam ou Khazrat Imam, la Grande Mosquée Institut islamique de l'Imam al-Boukhari
Nomzgokh construite par le Kokand Khan Mirza Ahmed Kushbegi Abou Bakr
Mohammed Kaffal Chachi, philosophe, poète et docteur de l'Islam Barak Khan
Teliachaïakh bibliothèque Muyie Mubarak Mufti fatwas Centre National des Arts
(Ozbek Liboslari Galereyasi) Centre pour les Enfants, Barkamol Avlod Chorsu
(ou Tchorsou ou Torzou avenue Beruniy Khodja Akar Vali Ozbek tsar
Alexandre III tour panoramique du centre ville, Musée des Arts Appliqués,
Métro et Place Amir Timur Théâtre Khamza, la salle de concert Turkeston place
de l'Indépendance, Mustakillik Maidoni (ancienne place de la cathédrale
Ministère des Finances (Moliya Vazirligi) rue Sharof Rashidovsalle d'Opéra
ballet Alisher Navoï qui fait face au Lotte City Hotel Tashkent Palace
théâtre quartier d'affaires Zaravshan Matbuotchilar restaurant Agat
restaurant hongrois Lewckuu Mustafa Kema Ataturk Rakatboshi Musée des Arts
Appliqués (ou des Arts Décoratifs) résidence de Polovtsev, un diplomate russe
Novoiy marché Alay Bazaar (ou Alaisky Bazar) dit également Oloy Bozori
restaurant Tarona (rue Kari Niyazov ou Qori-Niyazi) Métro ligne Chilonzor sur
deux stations, jusqu'à la station Amir Temour Khiyoboni la faucille et du
marteau, Lénine, Staline et enfin Karl Marx fontaine jets d'eau Tours de
l'Horloge lycée Hôtel Uzbekistan Uzbetchka Musée Amir Timur, Musée de
l'histoire des Timourides (aussi appelé Amir Timur Museum) restaurant Bek
(rue Mirzo Ulug'Beg) cathédrale orthodoxe de la Dormition ou de l'Assomption
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DRÔLES DE CHAMEAUX...
Il y a un million d'années, avant la séparation des continents, à l'origine les
camélidés vivaient en Amérique du nord d'où ils ont disparu
(probablement
exterminés pour la consommation de leur chair) mais ils se sont diffusés dans le
sud de l'Amérique (les diverses espèces de lamas)
et, sous forme d'animaux plus corpulents,
surtout dans
l'Ancien Monde, avec les dromadaires (Camelus dromedarius également
appelé chameau d'Arabie qui n'ont qu'une bosse) que l'on trouve de l'Afrique de l'Ouest à
l'Asie méridionale et les chameaux d'Asie centrale ou de Bactriane (Camelus bactrianus).
Il semblerait que le dromadaire descendrait des espèces bactriennes à deux
bosses.
Comme on le voit, ce sont des animaux qui ont eu la faculté de s'adapter à des
conditions climatiques extrêmes: haute montagne, déserts chauds aussi bien que
froids.
La
domestication du chameau de
Bactriane ou chameau bactrien ou chameau domestique serait
antérieure à 2500 avant J-C. On en évalue le cheptel à 1,4 million de têtes. Outre
son utilité comme animal de bât, le chameau a toujours été élevé pour sa
production de laine, de lait et de viande et, accessoirement, source de
combustible par ses excréments.
L'espérance de vie moyenne d'un chameau est de 60 à 70 ans. Un chameau adulte
peut mesurer 1,85m et plus à l'épaule et 2,0 m à la base des bosses et peser
plus de 725kg. Les coussinets
épais et larges de la plante de ses pieds facilitent sa marche sur le
sable des dunes et sur les sols caillouteux. Ces coussinets ainsi que les
callosités des articulations de ses pattes, sur lesquelles il s’appuie en
position agenouillée, lui permettent de supporter le contact avec le sable très
chaud du désert.
Les oreilles sont garnies de longs poils protecteurs et les paupières possèdent
deux rangées de longs cils qui, lorsque l'œil est fermé, forment une barrière
hermétique à la poussière et au sable. De même, ils sont capables de
fermer hermétiquement ses narines pour éviter de respirer des grains de sable.
Leur fourrure épaisse et laineuse les protège du froid nocturne et de la chaleur
du jour.
Comme
les dromadaires, ils sont bien adaptés à la vie dans le désert, en
plein soleil, ils peuvent survivre quinze jours sans eau s’ils sont au
repos, se contentant du peu d’eau contenue dans leur nourriture: des dattes, du
fourrage et des plantes épineuses comme les acacias, grâce à une bouche
extrêmement dure. En revanche, lorsqu’ils trouvent un point d’eau, ils sont
capables d’avaler près de 120 litres en à peine dix minutes !
Leur grand secret de survie, ce sont leurs bosses. Ces réserves de graisse permettent la fabrication
d’eau quand les conditions sont difficiles. Elle est alors dégradée en hydrogène
qui forme des molécules d’eau par association avec l’oxygène fourni par la
respiration. Au fur et à mesure de son utilisation, les bosses s’affaissent.