C'est à Pise qu'est né Galilée (Galileo Galilei 1546-1642), le célèbre savant toscan mathématicien, géomètre, physicien et astronome.
Amerigo Vespucci (ou Americo Vespuce), né le 9 mars 1454 à Florence, dans la république du même nom et mort le 22 février 1512 à Séville en Castille, est un commerçant florentin au service des Médicis, également navigateur au service du royaume de Portugal et de la couronne de Castille. Il réalise plusieurs voyages transatlantiques, dont il rend compte à Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis dans des lettres, qui sont plus tard diffusées à son insu. Il est considéré comme le premier Européen à comprendre que les terres découvertes par Christophe Colomb font partie d'un nouveau continent.
NOTICE GEOGRAPHIQUE SUR LA TOSCANE
La Toscane est une des régions d'Italie, située au centre-ouest du pays et dont la capitale est Florence. Elle jouxte au nord-ouest la Ligurie, au nord l’Émilie-Romagne, à l'est les Marches et l'Ombrie, au sud le Latium. Elle est la cinquième région d'Italie par sa superficie et la neuvième par sa population. Elle est bordée au nord-est par la chaîne des Apennins, au nord-ouest par les Alpes apuanes, et est arrosée d'est en ouest par l’Arno. La Toscane administre également les îles de l' archipel toscan , ainsi qu'une petite enclave située dans les limites de l' Émilie-Romagne.
La Toscane compte 3,7 millions d'habitants (selon le recensement de 2016).
De forme triangulaire, la Toscane est située entre la partie nord de la mer Tyrrhénienne (397 km de côtes) et les Apennins. La région est traversée par la chaîne des Apennins formée pour l'approche et la collision de la plaine euro-asiatique au nord avec la plaine afro-adriatique au sud. La Toscane centrale a une superficie d'environ 22 993 km². Entourée et traversée par les grandes chaînes de montagnes et quelques plaines très fertiles, la région a un relief qui est dominé par des paysages vallonnés. L'activité la plus importante est l'agriculture.
Les montagnes couvrent 25% de la superficie totale (5 770 km²), les plaines 8,4% de la superficie totale, presque toutes coïncidant avec la vallée du fleuve Arno (1 930 km²), les collines occupent les deux tiers (66,5%) de la superficie totale de la région, couvrant 15 292 km².
Le climat est assez doux dans les zones côtières, est plus rigoureux et pluvieux à l'intérieur, avec des fluctuations considérables de température entre l'hiver et l'été. En effet, la Toscane possède un climat méditerranéen. Les quatre saisons se succèdent de manière bien marquée, caractérisées par des étés chauds et secs et des hivers assez cléments, mais il faut faire état de variations importantes entre la côte, au climat plus doux, et l'arrière-pays, plus froid. Les précipitations sont très abondantes près des Apennins, avec des valeurs maximales supérieures à 2000 mm par an sur les plus hauts sommets.
NOTICE HISTORIQUE SUR LA TOSCANE
Les Étrusques sont apparus comme civilisation au VIIIe siècle av. J.-C. et ils sont parvenus, au VIe siècle av. J.-C., à l'apogée de leur civilisation. Ils furent absorbés par Rome au Ier siècle av. J.-C.. L'Étrurie, le territoire de leur dodécapole (une fédération de douze cités-états), correspondait approximativement aux limites de l’actuelle Toscane.
Entre le IIe et IIIe siècles av. J.-C., quatre grands axes romains furent percés dans la région, éléments essentiels d’un vaste programme de travaux routiers qui devait transformer le visage de l’Italie en général et de la Toscane en particulier. Ces nouvelles routes romaines évitèrent soigneusement les grands centres étrusques, dont le déclin ne tarda pas à suivre, tandis que les nouvelles villes romaines prenaient de l’importance. et les cités étrusques tombèrent une à une devant la puissance grandissante de Rome.
Entre la fin de l’Empire romain d'Occident, au Ve siècle de notre ère, et le début des invasions étrangères au XVe siècle, l’histoire de l'Italie se résume en une succession de conflits entre des cités formant chacune un État souverain. Progressivement, les plus grandes absorbèrent les plus petites. En Toscane, les Cités-états de Florence, Pise et Sienne s’affrontaient pour obtenir la suprématie dans la région. Ces guerres entre les cités étaient menées au nom de la querelle opposant les Guelfes (de Florence notamment) qui soutenaient le parti du pape aux Gibelins qui soutenaient celui de l’empereur du Saint-Empire romain germanique.
Avec le XVe siècle ("Quattrocento"), débute ainsi en Italie et en Toscane, le mouvement appelé Renaissance ("Rinascimento") qui couvrira aussi tout le XVIe siècle ("Cinquecento"). La Renaissance naît de la conjonction de plusieurs facteurs: l'imprimerie qui permet la diffusion du savoir, la réforme protestante, la découverte du Nouveau Monde, l'héliocentrisme de Copernic (relayé par Galilée).
C’est une période exceptionnelle se caractérisant par une grande prospérité économique tandis que l'art atteint des sommets. Florence en représente le berceau et l’éblouissante incarnation. La ville en est grandement redevable à la dynastie des Médicis, richissime famille de banquiers, considérée comme les mécènes les plus prestigieux de l’histoire européenne. La famille des Médicis gouverna Florence quasiment sans interruption de 1434 à 1743. Ils établissent le Grand-Duché de Toscane en 1569. Avec l'extinction de la dynastie, le duché passa aux Habsbourg-Lorraine jusqu'à l'unification italienne en 1860, avec un petit intermède napoléonien de 1801 à 1814.
Dante Alighieri (Durante degli Alighieri dit « Dante ») est un poète, écrivain et homme politique florentin né entre la mi-mai et la mi-juin 1265 à Florence et mort le 14 septembre 1321 à Ravenne.
« Père de la langue italienne »1,2, il est, avec Pétrarque et Boccace, l'une des « trois couronnes » qui imposèrent le toscan comme langue littéraire.
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Jeudi 28 septembre après-midi
MONTECATINI est une ville thermale de 20 000 habitant située dans la province de Pistoria.
L'hôtel Terme Pellegrini est un peu vieillot mais bien situé, en plein centre, sur la Piazza del Popolo. Après notre installation à l'hôtel, notre guide-accompagnateur Philippe, nous laisse quartier libre pour le reste de l'après-midi à partir de 15H30.
Nous commençons par la visite de la ville basse.
MONTECATINI TERME
Jusqu'en 1905, l'endroit était simplement la localité de Bagni di Montecatini (rebaptisée Montecatini Terme en 1934) et dépendait de Montecatini Val di Nievole (actuellement Montecatini Alto). En 1940, la commune de Montecatini Val di Nievole a été supprimée et son territoire réparti entre Montecatini Terme et Pieve a Nievole. Et les rôles se sont donc inversés, la "ville basse" est devenue le chef-lieu...
Autour de 1540, les premiers bains sont édifiés aux pieds de Montecatini. A la fin du XVIIIe, seront construits les établissements thermaux: Bagno Regio (1773), Terme Leopoldine (1775) et Tettuccio (1779). Le tourisme thermal se développe fortement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. La station est fréquentée par des artistes, musiciens et compositeurs de partout (Giuseppe Verdi, Giacomo Puccini, Richard Strauss, Pirandello) et autres célébrités (Marie Curie). En 1926, elle voit passer 75 000 visiteurs.
MONTECATINI TERME - la statue de Giacomo Puccini
La station thermale est inscrite depuis le 1er juillet 2014 sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO dans la série "Grandes villes d'eaux d'Europe". Un festival international du court métrage s'y déroule.
Tout près de l'hôtel, se dresse la moderne église dédiée à Santa Maria Assunta. Elle a été construite au milieu des années 1950 à l'emplacement d'une église néo-classique détruite en 1833. Elle est en béton habillé de travertin. Elle a été élevée au rang de basilique par le pape Jean-Paul II en 1988. On peut admirer à l'intérieur, les vitraux dus au peintre Giorgio Scalco.
MONTECATINI TERME - basilique Santa Maria Assunta
On parcourt agréablement les axes principaux: rues Verdi et Tamerici (avec une fontaine à leur croisement), la rue San Martino. Passage devant l'Hôtel de ville (Palazzo Communale) et le banc où la statue en bronze de Giacomo Puccini se prélasse. Puis c'est le Padiglioncino Tamerici, un petit pavillon "pour le stockage et la commercialisation des sels" construit au tout début du XXe siècle dans le style en courbes de l'Art Nouveau. Lui font suite les Thermes Excelsior puis les Thermes Tettuccio; ce dernier établissement est l'un des plus célèbres et les plus anciens de la station.
MONTECATINI TERME - les thermes Excelsior
Intéressons nous un peu maintenant à Montecatini Alto qui du sommet de la colline voisine domine la station thermale.
MONTECATINI TERME - vue sur Montecatini Alto
MONTECATINI ALTO
En dix minutes, nous accédons au sommet de la colline dominant la ville thermale moderne par le funiculaire installé en 1898 pour relier la ville thermale touristique à son ancien centre historique. Il a été restauré et modernisé en 1949 et, à nouveau, au début des années 1980. Le funiculaire couvre une distance de 1077 mètres pour un dénivelé de 234 mètres. Le trajet s'effectue toutes les 30 minutes sur une ligne à voie unique par deux wagons rouges nommés Gigio et Gigia (transportant 40 personnes chacun) avec un évitement à mi-parcours. La pente du parcours varie de 12% à 38,5%, avec une moyenne de 20,5%
MONTECATINI ALTO
Commune libre jusqu'au XIIe siècle, Montecatini Val di Nievole passe ensuite sous la domination de la République de Lucques avant que les florentins s'en emparent au XVIe siècle.
Rappelons que Montecatini Alto, anciennement appelé Montecatini Val di Nievole, est désormais un hameau de la ville de Montecatini Terme alors que jusqu'en 1905, c'était le centre d'une vaste commune comprenant les localités de Bagni di Montecatini (l'actuel Montecatini Terme qui a adopté ce nom en 1934) et de Pieve a Nievole, avec alors une population de 5 400 habitants. En 1940, la commune de Montecatini Val di Nievole a été supprimée et son territoire réparti entre Montecatini Terme et Pieve a Nievole.
La localité comporte encore près d'une demi douzaine de tours sur les 35 qui existaient ici au Moyen Age, jusqu'à la destruction de plusieurs d'entre elles lors du siège de la ville par Cosme de Médicis en 1534.
Nous "tombons" sur une Croix de la Passion richement décorée avec divers instruments (marteau, tenailles), petites robes (!), suaire, crâne... comme on en voit assez souvent autant en Italie que dans le monde hispanique. Nous nous dirigeons vers la droite (Est) pour arriver à l'église Saints Jacopo et Filippo. Sur une base romane du XIIIe, elle a été complètement reconstruite au XVIIIe siècle en style baroque. On peut y voir un retable reliquaire, un bénitier en marbre blanc et différents tableaux des XVIe (dont le "Mariage mystique de Saint Catherine" de l'école florentine) au XVIIIe siècles.
Nous revenons vers le centre en passant au pied de la Torre del Carmine ou Tour de l'Horloge qui date des XIIe-XIIIe siècles. Reconstruite à la fin du XVIIe siècle, elle a été pourvue d'une horloge à cadran à 6 heures en 1732. Le décompte horaire commence à peu près une demi-heure après le coucher de soleil et l'aiguille unique est placée sur le chiffre 1 à ce moment-là. Par conséquent, sa correspondance avec le lever de soleil, midi ou minuit dépend de la saison. Une telle horloge nécessite d'être synchronisée régulièrement avec le coucher du soleil.
MONTECATINI ALTO - Tour de l'Horloge (de 6 heures) ou Torre del Carmine (XVIIe-XVIIIe s.)
Le centre du village se situe entre les deux petites collines: la Rocca di Castel Vecchio (avec l'église de San Pietro Apostolo) et à l'opposé la Rocca di Castel Nuovo (avec l'église de "Carmine" et la tour de l'Horloge). Arrivant Piazza Giuseppe Giusti, nous nous trouvons devant le restaurant "Le Maschere" de style néogothique qui fait face au monument aux morts de la Guerre 1915-1918 (bien que membre de la Triplice, une alliance formée avec l'Allemagne et l'Autriche, l'Italie reste neutre au début du conflit et se désengage de l'alliance en 1915 et entre en guerre aux côtés de la France). La localité honore la mémoire du poète Giuseppe Giusti (1809-1850). Bien qu'il soit né dans les environs, à Monsummano, il considérait Montecatini Alto comme "sa maison" et il revenait ici chaque fois qu'il le pouvait pour retrouver les souvenirs de son enfance. Par ses écrits, il encourageait la lutte contre l'Autriche à travers des poésies satiriques.
MONTECATINI ALTO - centre du village (monument aux morts et restaurant "Le Maschere")
Nous empruntons la Via della Rocca en direction du nord, vers l'église San Pietro et de la chapelle San Giovanni Battista. L'église d'origine romane, initialement chapelle du château et dédiée alors à Saint Michel, a été profondément remaniée au XVIIe siècle. Près de là se trouve un monument dédié à Sainte Barbe, patronne des artificiers. Puis, sur un point haut (286 mètres), c'est la forteresse ou "Rocca". Des fortifications en forme de pentagone édifiées au XIVe siècle et incluant des éléments des XIIe-XIIIe siècles. Plus loin encore, sur une colline voisine, on aperçoit encore une tour et le Monastero delle Benedettine Santa Maria a Ripa.
MONTECATINI ALTO - la forteresse ou Rocca (XIIe-XIVe s.)
Retour tranquille à la station supérieure du funiculaire d'où nous avons une large vue vers l'ouest, sur Montecatini Terme qui s'étend au pied des collines. A 19H, nous y sommes de retour à l'hôtel, à la nuit tombante.
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Vendredi 29 septembre
Départ vers FLORENCE à 8H15 pour une bonne heure de trajet et une cinquantaine de kilomètres... Dans les visites de ce jour, nous serons accompagnés par Marina, guide locale.
Ce sera une journée avec près de 10 kilomètres de marche à la découverte de cette ville.
Les environs de FLORENCE: Pizazzale Michelangelo
Nous commençons par la rive gauche de l'Arno (au sud) appelé Oltrarno (c'est-à-dire "outre-Arno"). Dans le passé ce quartier prisé des bobos l'était déjà par les nobles et les bourgeois. On y trouve par exemple, le Palais Pitti construit au XVe siècle et racheté par les Médicis au siècle suivant.
De la Piazzale Michelangelo, nous avons une splendide vue panoramique sur tout le centre de la ville. Cette esplanade a été aménagée au milieu du XIXe siècle et au centre a été dressée une réplique en bronze du célèbre David de Michel-Ange. Ce chef-d'œuvre monumental (4,34 mètres de hauteur) de la sculpture de la Renaissance a été réalisé par Michel-Ange entre 1501 et 1504. L'original a été tiré d'un bloc de marbre blanc de Carrare, laissé à l'abandon après l'échec d'autres sculpteurs. Michel-Ange a représenté David, une fronde à la main, juste avant son combat contre le géant Goliath.
En 1846, la fonderie Clemente Papi réalisa un moulage en plâtre de l'original pour servir de base au moulage en bronze. Quant à l'original, il est, depuis 1873, exposé dans la Galleria dell'Accademia de Florence et une copie a été placée sur la Piazza della Signoria en 1910.
FLORENCE - la Piazzale Michelangelo
Le panorama embrasse le cœur de Florence. Entre les remparts et le Forte di Belvedere dominant le Jardin Bardini, sur la gauche (nord-ouest) et l'église de Santa Croce, on aperçoit le Ponte Vecchio, le Duomo, le Palazzo Vecchio, le campanile octogonal de la Badia Fiorentina, le dôme vert de la synagogue... sans oublier les collines au nord de la ville avec notamment au centre Fiesole.
FLORENCE - la ville vue depuis la Piazzale Michelangelo
Nous quittons le quartier en passant en dessous de la Basilique San Miniato al Monte, un édifice du XIVe siècle à la façade en marbre blanc de Carrare et en serpentinite verte (ou marbre vert de Prato). Nous passons la Porta Romana puis sur le pont de la Victoire et la Porta al Prato pour arriver bientôt Piazza della Libertà.
Les environs de FLORENCE: Fiesole
C'est par une rue sinueuse bordée de somptueuses villas, certaines occupées par des universités: Harvard pour la Villa I Tatti, Institut universitaire européen pour la Villa Schifanoia et couvents (San Francesco, San Domenico) que nous gravissons les pentes de la colline de Fiesole. La Villa Medicea a été construite à flanc de colline par Michelozzo pour Giovanni di Cosimo, le fils cadet de Cosme l’Ancien. C'est l'une des plus anciennes, construite entre 1451 et 1457, et la mieux conservée. Laurent le Magnifique qui la posséda ensuite l'appréciait beaucoup. Elle resta la propriété des Médicis jusqu'en 1671.
FIESOLE est une ville de 14 000 habitants, la plus riche municipalité dans toute la Toscane. Fra Angelico (vers 1390-1455), frère dominicain et célèbre peintre de la Renaissance y a vécu.
Nous descendons Piazza Mino, tout à fait au centre, une place bordée de nombreux édifices: le Duomo di San Romolo dominé par son campanile crénelé, le Palais Altoviti ou Palazzo Vscovile (le palais épiscopal), le Musée Badini, le Théâtre romain, le Palazzo Communale et l'église Santa Maria Primerana. Sur le mur de soutènement de l'archevêché, on peut voir le blason ovale à six boules (représentant des pièces de monnaie) des Médicis.
L'édifice de la cathédrale remonte au XIe siècle, avec des agrandissements et l'érection du campanile aux XIIe-XIIIe siècle. Ce dernier a reçu un couronnement de mâchicoulis au XVIIIe siècle. La façade romane à trois portails donne sur trois nefs qui aboutissent à une abside en cul-de-four. Cette demi voûte est ornée de fresques illustrant l'histoire de San Romolo peintes par Fiesolano Nicodemo Ferrucci à la fin du XVIe siècle. L'autel principal est surmonté par un Triptyque de Bicci di Lorenzo (XVe siècle).
Le chœur surélevé et encadré de deux petites chapelles surmonte une crypte. Celle-ci est soutenue par des colonnes élancées avec des chapiteaux du XIe siècle. Des médaillons néo-gothiques sont peints sur la voûte. Une grille en fer forgé, daté 1349 et exécutée par Senesi Petruccio Betto et son fils Francesco, ferme l'abside de la crypte, où les reliques de saint Romulus se trouvent. Dans un renfoncement fermé par une grille, on peut voir une Vierge à l'Enfant du XIIIe siècle, attribuée à Maestro del Bigallo.
FIESOLE sur une colline proche de Florence
Après la visite de la cathédrale, nous grimpons vers le sommet de la colline par une rue très pentue qui se termine au Couvent Saint François. Nous passons devant un bas-relief de Vierge à l'Enfant, copie d'un original en marbre. Nous arrivons au Panorama dalla Strada per San Francesco d'où nous découvrons le versant nord-est de la colline avec ses villas (San Girolamo) et leurs parc et, au pied, s'étale la ville de Florence.
Il faut redescendre si l'on veut se trouver au centre de Florence vers midi.
Présentation de FLORENCE et de la dynastie des Médicis
Avec 380 000 habitants, FLORENCE (FIRENZE en italien) est la huitième ville d'Italie par sa population. Berceau de la Renaissance en Italie, ce fut la capitale du royaume d'Italie entre 1865 et 1870. La ville présente une richesse artistique exceptionnelle ce qui justifie quelle soit inscrite depuis 1982 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de son centre historique (sur 505 hectares).
Florence est la capitale de la Première Renaissance, la période 1400-1450, où pour l'art il s'agit de revenir aux modèles antiques, en délaissant les thèmes religieux de l'époque médiévale.
Parmi les grands artistes dont le nom est attaché à Florence, il faut citer chronologiquement:
- A 21 ans, Guido di Pietro (1400-1455) rentre chez les dominicains au couvent de Fiesole, situé sur les hauteurs de Florence. Son nom en religion est Fra Giovanni mais ses contemporains le surnommeront FRA ANGELICO, du fait qu'il peint souvent des anges. Jusqu'en 1445, il réalise des oeuvres à Florence et à Fiesole. Après quelques années à Rome, il revient à Florence.
- Sandro Di Mariano Filipepi dit BOTTICELLI (1444 ou 1445-1510), peintre florentin, l'un des peintres les plus importants de la Renaissance italienne ("La naissance Vénus"...), auteur de 3 fresques de la Chapelle Sixtine à Rome.
- Leonardo di ser Piero da Vinci, dit LEONARDO DA VINCI (1452-1519), artiste et savant au génie universel. Toscan, il n'est pas né à Florence mais il y a passé sa jeunesse.
- Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, dit MICHEL-ANGE (1475-1564), grand maître de la Renaissance. Toscan, sa jeunesse se passe non loin de Florence (à Settignano). Apprécié de Laurent puis de Pierre de Médicis, il réussit à sculpter le monumental David (1504) dont Florence s'enorgueillit.
- Raffaello Sanzio, plus connu sous le nom de RAPHAËL (1483-1520), grand peintre et architecte de la Renaissance. A 21 ans, il s'installe pour 4 années à Florence. Il va être "formé" dans l'ombre de Michel-Ange et de Léonard de Vinci. Le Musée des Offices conserve sa "Vierge au chardonneret" (1507).
- Tiziano Vecellio, plus communément appelé TITIEN ou Le Titien (1488-1576), peintre vénitien. Il fut élu à la tête de l'Académie du dessin de Florence en 1566 (la première académie artistique apparue en Europe).
D'origine romaine, la ville n'a été qu'une simple bourgade jusqu'au XIIe siècle, début de son essor économique et artistique qui dura jusqu'au XVIe siècle.
La commune florentine, appelée alors Fiorenza, naît environ un siècle après celle de Pise. Elle est attestée dès 1081. Comme d'autres villes de l'Italie septentrionale, elle naît de l'émergence de gouvernements autonomes qui ont acquis leur souveraineté après la paix de Constance, octroyée par l'empereur Frédéric Ier en 1183. Les communes italiennes ont acquis des droits souverains qui en faisaient de véritables cités-États.
Du XIIe au XIVe siècle, Florence connaît de profonds bouleversements politiques et sociaux avec l'essor des riches familles de marchands, et le conflit entre les guelfes et gibelins durant les XIIIe-XIVe siècles. Chacun de ces partis soutenait l'une des deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint-Empire: les Guelfes appuyaient les "Welf" et de la papauté, puis de la maison d'Anjou alors que les Gibelins étaient favorables aux Hohenstaufen.
Le florin, principale monnaie du Moyen Âge, est créé en 1252 par la corporation des changeurs et banquiers (Arte del Cambio) de Florence, l'une des cinq corporations majeures, et contribue au succès de la ville, succès qui l'impose en Europe. Son nom vient du latin pour désigner la fleur de lys qui ornait les pièces d'or qui étaient acceptées dans toute l'Europe. Il sera imité aux siècles suivant par l'Espagne, la France, l'Autriche et, plus tard, par les Pays-Bas (qui ont eu cette monnaie jusqu'à l'adoption de l'Euro en 2002).
La ville est ensuite dominée par différents clans qui se disputent le pouvoir. En 1434, ce sont les MEDICIS qui deviennent maîtres de la ville. Puis, à leur chute, nombre de grandes familles s'exilent en France et y font fortune. Par leur nom, on pourrait penser que les Médicis auraient eu des ancêtres médecins (medici) ou apothicaires. Mais plus certainement, leur pouvoir trouve son origine dans le commerce, la transformation de la laine et leur action au sein de la guilde des lainiers et certains d'eux s'adonnent au change et à la banque au tout début du XIIIe siècle.
C'est Cosme l'Ancien qui en 1434 prend le pouvoir politique sur la ville tout en maintenant les apparences républicaines des institutions grâce à l'appui du peuple et au clientélisme. Sous le gouvernement de Laurent le Magnifique (1469-1492), mécène avisé, poète à ses heures, stratège politique, Florence connaît son apogée. Les Médicis perdent le pouvoir en 1494 avec la défaite de Pierre II par le roi de France Charles VIII. C'est par les papes qu'ils reviennent. Giovanni, second fils de Laurent, est élu pape en 1513 sous le nom de Léon X (1513-1521), considère Florence comme son bien personnel et il délègue des membres de sa famille pour y faire respecter ses décisions. Après l'éphémère pontificat d'Adrien IV (1522-1523), la papauté revient à nouveau à un Médicis, Jules, élu sous le nom de Clément VII (1523-1534).
Les Médicis se rendent à nouveau maîtres de Florence en 1531 mais cette fois-ci en tant que Ducs avec Alexandre de Médicis. Le pouvoir de la dynastie prend définitivement fin en 1737 avec la mort du Grand Duc Jean-Gaston.
Aujourd'hui Florence a une économie diversifiée surtout dans le secteur tertiaire des services, banques et assurances. Important centre ferroviaire et routier, la ville est aussi le siège d’activités industrielles mécanique, chimie, pharmacie mais également d'activités plus traditionnelles et artisanales comme l’habillement (souvent dans le secteur du luxe de la haute couture, comme Roberto Cavalli, Gucci, Ermanno Scervino et Ferragamo), du mobilier (ébénisterie), du travail du cuir (Braccialini), de la porcelaine (Richard Ginori), de la carte décorée, du bronze et de l’orfèvrerie.
Le tourisme contribue beaucoup à la prospérité de la ville avec 10 millions de nuitées par an. Un tiers des touristes sont italiens, suivis par les américains et les 13% allemands (13%). La Galerie des Offices reçoit près de deux millions de visiteurs, tandis que la Galleria dell'Accademia en reçoit plus d'un million.
Le centre de FLORENCE: Piazza del Duomo
Descendus de la colline de Fiesole, nous revoici Piazza della Libertà où est érigé l'Arc de Triomphe des Lorraine (conçu par l'architecte français Jean Nicolas Jadot) édifié en 1737 lorsque François-Etienne de Lorraine devint Grand Duc de Toscane sous le nom de François II.
Nous commençons notre parcours pédestre en passant par la Piazza San Marco avec une église paroissiale du même nom, puis en longeant l'Institut Géographique Militaire pour arriver sur la vaste Piazza Santissima Annunziata sur un côté de laquelle se dresse la basilique éponyme tandis qu'au centre se dresse la statue équestre de Ferdinand Ier, Grand Duc de 1587 à 1609, encadrée des fontaines des Monstres Marins.
FLORENCE - Piazza Santissima Annunziata
Au fond de la place, s'ouvre une étroite perspective sur le Duomo, tout au bout de la Via dei Servi. Plus nous approchons de la cathédrale, plus nous nous sentons écrasés par sa masse et le dôme finit par nous masquer la plate-forme sommitale, avec les visiteurs qui s'y trouvent, ainsi que le lanternon.
Pour avoir une vue d'ensemble, il faut contourner la cathédrale.
FLORENCE - la Piazza del Duomo
C'est littéralement au pied du Duomo Santa Maria del Fiore que nous déjeunons au restaurant-pizzeria "Le Botteghe di Donatello" (au menu: salade, deux pizzas et une glace).
Un peu avant 14H, nous allons pouvoir commencer la visite de la cathédrale en y accédant par un portail latéral
(accès gratuit mais 15€ pour avoir un billet donnant accès à la coupole, au baptistère, au campanile, à la crypte de Santa Reparata et au Museo dell'Opera del Duomo).
C'est la cinquième église d'Europe par sa taille, après la basilique Saint-Pierre de Rome, la cathédrale Saint-Paul de Londres, la cathédrale de Séville et le Duomo de Milan. Avec un plan basilical, elle mesure 153 mètres de long.
Ce fut à la fin du XIIIème siècle que le Conseil de la Ville prit la décision de remplacer la vieille cathédrale Santa Reparata par un bâtiment digne de Florence, à l’imitation de Sienne et de Pise. Le projet fut confié à l’architecte Arnolfo di Cambio, mais à sa mort, en 1302, le chantier était à peine commencé. Soutenu par la guilde (Arti) de la laine, en 1334 Giotto reprit le chantier, mais se consacra essentiellement au campanile. Plusieurs architectes lui succédèrent achevant les nefs et le tambour de la coupole. L’élévation de celle-ci était tenue pour impossible jusqu’à l’intervention de Filipino Brunelleschi en 1423. Il opta pour une coupole autoportante à double calottes, une interne en arêtes de poisson et anneaux autoportants et une externe très légère. Les travaux du dôme furent terminés en 1436 après un peu plus de seize ans de travail acharné, nécessitant près de quatre millions de briques et pesant environ 37 000 tonnes mais la lanterne couronnant la coupole ne fut mise en place qu’en 1461.
Avec ses 42,2 mètres de diamètre, c'est quasiment l’équivalent de celui du Panthéon de Rome (43,4 mètres) et son diamètre ne sera que légèrement dépassé en 1765 par la Halle aux Blés de Paris (44 mètres). Ni la basilique Saint-Pierre de Rome (42 mètres), ni le dôme des Invalides (27,5 mètres), ni la cathédrale Saint-Paul de Londres (30,7 mètres), ni même la "petite" coupole pourtant métallique du Capitole de Washington D.C. (29 mètres) ne le dépassent. Quant à celle de Sainte Sophie, à Constantinople, construite neuf siècles plus tôt, elle mesure 31 mètres. Les deux escaliers de 463 marches qui serpentent entre les deux calottes conduisent à la base d’un lanternon qui se trouve à la hauteur équivalente d’un immeuble de quarante étages. Le dôme est devenu non seulement l’emblème de Florence mais le symbole même de la Renaissance.
La structure en brique de la cathédrale de style gothique est habillée de marbre blanc avec des ornementations en marbres rose (de Sienne et Monsummano) et vert serpentine (du Prato). Le pavement du sol est une marqueterie de marbre polychrome à motifs géométriques.
La façade initiale fut abattue en 1587 et remplacée par le projet d’Emilio de Fabrice en 1887. Ce pastiche, bien qu’éblouissant, est largement décrié par les puristes. Pourtant ses marbres de couleurs, sa mosaïque, ses nombreuses statues, lui donnent une impression de puissance, mais sans lourdeur. Les portes de bronze méritent, elles aussi, l’attention. La mosaïque du tympan de la porte principale, représente "Cristo in trono con Maria e San Giovanni Battista" de Nicolò Barabino.
FLORENCE - la façade du Duomo
Nous entrons par la Porta della Mandorla dont la mosaïque du tympan représente l’Annonciation.
Si l'on fait abstraction du volume impressionnant, on éprouve une certaine déception en pénétrant dans cette immense nef car sa sobriété contraste vivement avec l’exubérance de l’extérieur. On remarquera au bas de la nef, des vitraux en trompe-l'œil pour simuler les ouvertures initiales qui ont été occultées lors de modifications décidées en cours de construction.
En se retournant, on peut voir une curieuse horloge antihoraire (dont l'unique aiguille tourne à l’envers) à cadran de 24 heures, le chiffre 1 se trouvant en bas du cadran.
La coupole de Brunelleschi est décorée d’une immense fresque du Jugement Dernier peinte par Vasari et ses successeurs et achevée en 1579 (initialement Brunelleschi mort en 1446 avait prévu de recouvrir la coupole de mosaïques dorées). Des fissures qui la touchent sont sous surveillance.
FLORENCE - la coupole du Duomo
Les premiers travaux pour l'érection du campanile remontent à 1298 mais ce fut principalement l'oeuvre de Giotto mais il fut achevé par Andrea Pisano puis par Francesco Talenti. Le campanile, à base quadrangulaire de 14,45 mètres de côté, culmine à près de 85 mètres (Giotto avait prévu de l'élever jusqu'à 115 mètres). L'ensemble est recouvert de marbres polychromes comme le corps de la cathédrale et le baptistère Saint-Jean soit du marbre blanc de Carrare, vert de Prato, rose de Maremme et rouge de Sienne.
Il est également décoré de copies des bas-reliefs et statues, œuvres des plus grands maîtres de la Renaissance dont les originaux se trouvent au musée du Duomo. Les panneaux hexagonaux (en bas) et en losanges (plus haut) d'Andrea Pisano et de Luca della Robbia illustrent la création et diverses activités humaines. Les 16 niches (4 par côté) en ogives situées plus haut abritent les statues de prophètes.
Pour les visiteurs qui ont pris un ticket, l’accès au sommet (414 ou 416 marches) offre une vue remarquable sur Florence.
Bâti sur une ancienne maison ou un temple romain, le baptistère San Giovanni est un octogone de marbre blanc, vert et rose, avec une toiture pyramidale. Il a un diamètre de 25,60 mètres.
D’abord basilique en 393 puis cathédrale au IXe siècle, rebâti, il deviendra baptistère en 1128. Sa taille lui permettait d’accueillir les baptêmes qui ne se faisaient qu’une ou deux fois par an. Le baptistère est particulièrement connu pour ses trois portes de bronze doré ornées de bas-reliefs.
La porte sud fut le premier ouvrage en bronze exécuté à Florence, dessinée par un Pisan Andrea Pisano et fondue par un Vénitien Leonardo d’Avanzo. Les 28 panneaux quadrilobés illustrent la vie de Saint Jean Baptiste et, à la base, les vertus cardinales. D’abord placée face à la cathédrale, elle fut remplacée par la porte du Paradis de Ghiberti.
Suite à un concours entre Filippo Brunelleschi et Lorenzo Ghiberti, ce dernier fut choisi pour réaliser la porte nord et il y travailla 20 ans. Il reprend le motif quadrilobé de 28 panneaux, mais innove en y introduisant la perspective dans des scènes foisonnant de personnages et de détails naturalistes. Elles représentent des scènes de la vie de Jésus. Les 8 panneaux du bas sont consacrés aux évangélistes et aux Pères de l’Eglise.
La porte nord ayant plu à la corporation des drapiers, celle-ci passa une nouvelle commande à Ghiberti pour la porte est qui allait devenir la porte du Paradis, ainsi nommée par Michel-Ange frappé par sa beauté. Ghiberti innove en adoptant 10 panneaux rectangulaires, illustrant des scènes de l’Ancien Testament, mais avec plusieurs épisodes dans le même cadre. Il y applique les lois de la perspective optique, diminuant les proportions des images tout en gardant une incroyable richesse des détails. L'oeuvre, de 5,20 mètres de haut sur 3,10 de large pour 11 centimètres d'épaisseur, fut réalisée de 1426 à 1452. Ce que l'on voit ce sont des fac-similés car les vantaux originaux (la porte est un mastodonte de huit tonnes de bronze et d'or) se trouvent au musée du Duomo. En effet, comme bien d'autres oeuvres (toiles, manuscrits et incunables), elle eut à souffrir de l'inondation catastrophique survenue au début du mois de novembre 1966 lorsque la crue de l'Arno atteignit la cote de 6,92 mètres faisant aussi 34 victimes humaines et 50 000 sans abri dans une ville transformée en marécage boueux. La robuste porte ne résista pas à la pression exercée par l'eau et six des dix panneaux s'en détachèrent tandis que l'eau polluée de mazout provoquait une oxydation.
FLORENCE - le Baptistère St Jean-Baptiste
Les visiteurs qui ont pris un ticket, peuvent en admirer le pavement du sol est en marbre polychrome d'inspiration orientaliste aux motifs géométriques, zoomorphes et phytomorphes, tandis que la voûte et les parois sont couvertes de mosaïques dorée de style byzantin. Le plafond pyramidal commencé au XIIIe siècle n'est achevée qu'au XIVe siècle et comporte un Christ du Jugement dernier monumental.
Le centre de FLORENCE: vers le Ponte Vecchio
Nous quittons la Piazza del Duomo par la Via Roma en direction de la Piazza della Repubblica puis, un peu plus loin, nous arrivons à l'église Orsanmichele ("Saint-Michel-au-jardin"). L'église initiale, ancien oratoire construit en 750 dans le jardin d'un monastère bénédictin, fut détruite en 1240 et remplacée en 1284 par une loggia abritant les marchands de céréales pouvant servir d'entrepôt contre les famines ou de siège de la ville, la Loge aux Grains. Détruite à son tour, la loggia fut rebâtie à partir de 1337 mais surmontée d'entrepôts en étages (aujourd'hui occupés par un musée). Le culte fut rétabli dans l'édifice en 1347 après que les arcades de la loggia eussent été murées. Au XVIe siècle, un demi-arc supportant un passage relie le premier étage au Palazzo dell'Arte della Lana voisin. 14 statues en marbre ou en bronze occupent des niches entre les anciennes arcades murées. Plus haut, on peut admirer des médaillons en terre cuite vernissée polychrome représentant les armoiries de différentes guildes.
A l'intérieur des deux nefs, l'autel de gauche présente le groupe de marbre de "Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant" de Francesco da Sangallo (vers 1526). L'autel de droite présent une superbe "Vierge à l'Enfant (peinte par Bernardo Daddi en 1347). Le kiosque de l'Orcagna qui l'accueille est soutenu par quatre piliers avec des colonnes en spirale.
Dans les arcs de la voûte, on peut encore voir des anneaux qui servaient à la manutention des sacs tandis que les piliers du côté nord sont creux et présentent des bouches à leur base par lesquelles arrivait le grain depuis les étages où on le stockait.
FLORENCE - l'église Orsanmichele
Nous poursuivons vers le sud, en direction de l'Arno, par la Via Roma qui nous amène à la Piazza della Repubblicà. Puis c'est la Via Camimala avec les arcades du Mercato del Porcellino ("Porcelet") ou Mercato Nuovo. La fontaine représentant un sanglier, réalisée en bronze par le maître baroque Pietro Tacca vers 1633, est une copie d'un exemplaire hellénistique en marbre offert par un pape au milieu du XVIe siècle par les Médicis. L'original est exposé dans la section classique du musée des Offices. Les visiteurs frottent le groin et mettent une pièce de monnaie dans la gueule du sanglier pour qu'elle leur porte chance. Elle tombe dans un réceptacle protégé par une grille et bénéficie à une oeuvre de bienfaisance.
FLORENCE - Mercato del Porcellino
Par une rue transversale, la Via Vacchereccia, nous apercevons le Palazzo Vecchio où nous reviendrons tout à l'heure. Nous poursuivons par la Via Por Santa Maria. Nous voici arrivés au début du Ponte Vecchio.
En 1333, une crue détruisit l'ancien pont romain en bois et c'est un ouvrage en maçonnerie qui l'a remplacé en 1345. La facilité d'accès à l'eau fut mise à profit par les bouchers, tripiers et tanneurs mais moins appréciée par les Médicis. Ferdinand Ier de Médicis qui ne supportait pas les odeurs fétides de leurs industries les repoussa Oltrano et les remplaça par des joailliers et bijoutiers dont les arrière-boutiques sont en surplomb du fleuve. C'est encore un haut lieu de la joaillerie/orfèvrerie de luxe même si les boutiques furent gravement endommagées durant les inondations de 1966.
Au centre du pont les magasins sont interrompus par deux terrasses panoramiques: une à l'est est surmontée par Couloir ou Corridor Vasari, tandis que de l'autre (côté ouest) est érigé un monument avec le buste de Benvenuto Cellini, le célèbre sculpteur (et orfèvre) de Florence, réalisé par Raffaello Romanelli et inauguré 26 mai 1901.
FLORENCE - boutiques du Ponte Vecchio
Le pont supporte également le Corridor de Vasari (Corridoio Vasariano) construit en 1565, avec ses trois arches centrales. Grâce à lui, les Médicis, depuis Cosme Ier, pouvaient circuler sans danger, donc sans escorte, entre le Palazzo Vecchio, la Galerie des Offices (Galleria degli Uffizi) et le Palazzo Pitti.
Le Corridor de Vasari, dans la période de la Libération, fut emprunté pour le passage entre les deux rives nord et sud de la ville. Contrairement à tous les autres ponts de Florence, le Ponte Vecchio échappa à la destruction en août 1944, lors de la retraite des troupes allemandes ceci en partie parce que sa largeur limitée ne pouvait livrer passage aux chars alliés.
FLORENCE - le Corridor de Vasari
Le centre de FLORENCE: par la Piazzale degli Uffizi, la Piazza della Signoria et la Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze
Nous revenons à l'entrée du pont pour prendre une rue sur notre droite, parallèle au fleuve et au Corridor de Vasari par le Lungarno degli Archibusieri puis par des ruelles et des passages couverts vers la Via dei Girolami puis la Via dei Georgofili et enfin la Via Lambertesca. Cela nous donne l'occasion de voir la pratique de notre compatriote Clet Abraham dont le Street Art consiste à détourner des panneaux de signalisation à l'aide de stickers. Breton ayant fait ses études aux Beaux-Arts de Rennes, il est installé à Florence mais il intervient dans le monde entier, au risque de quelques petits séjours en prison...
Cela nous amène au milieu de la Piazzale degli Uffizi bordée des deux côtés par la Galerie des Offices (Galleria degli Uffizi) avec une galerie à deux étages reliant l'ensemble du côté de l'Arno et qui servait de bureau au Grand Duc. Ce bâtiment destiné à regrouper les diverses administrations résulte de la volonté de Cosme le jeune (1519-1574), premier grand-duc de Toscane. Les arcades qui bordent la rue sont ornées de statues de célèbres florentins. La Galerie est traversée par le Corridor de Vasari.
FLORENCE - la Galleria degli Uffizi
A l'autre extrémité, la Piazzale débouche sur la Piazza della Signoria, au pied du Palazzo Vecchio.
A la mort du dernier Grand Duc, sa soeur Anna Maria Luisa, dernière représentante des Médicis, transmit les riches collections accumulées par les Médicis aux Lorraine à la conditions qu'elles restent à Florence et soit accessibles au public. C'est ainsi que l''ensemble est devenu un musée depuis 1765. Sur 8 000 m², il présente la plus belle collection au monde de peintures italiennes et des œuvres de tous les grands maîtres européens.
Nous arrivons dans la foule des touristes agglutinés sur la Piazza della Signoria. De style Renaissance, la place date des XIIe-XIVe siècles dans sa forme actuelle en L, avec le Palazzo Vecchio ("vieux Palais", siège du pouvoir de la République florentine, du duché de Florence et du grand-duché de Toscane, actuel hôtel de ville depuis 1871 et musée) accolé à la Loggia dei Lanzi et à la galerie des Offices. C'était un lieu important où se réunissaient les Florentins à l'occasion de fêtes, de révolutions ou d'exécutions comme celle de Savonarole (pendu et brûlé en 1498).
FLORENCE - le Palazzo Vecchio sur la Piazza della Signoria
Le Palazzo Vecchio avec sa tour de 95 mètres de haut symbolise la puissance. Il fut érigé au XIIIe siècle et agrandi aux XVe-XVIe siècles. Les Médicis y résidèrent de 1434 à 1464, année où ils s'installèrent au Palais Pitti, sur l'autre rive de l'Arno.
FLORENCE - statues de David et d'Hercule devant le Palazzo Vecchio
A coté des statues Renaissance, la copie du David (1910, l'original fut réalisé en 1504) de Michel-Ange et du Hercule de Baccio Bandinelli (1534), se dressent des oeuvres éphémères de l'artiste suisse Urs Fischer. Il s'agit de deux personnages en costumes qui fondent comme des bougies de cire rouge, "Two Tuscan Men" (nommés "Fabrizio et Fancesco" ou "Moretti et Risaliti"?). Allumés depuis le 22 septembre, ils sont lentement consumés en tant que symboles de la finitude humaine opposée à la durabilité de l'art. Le centre de la place est occupé par une autre de ses oeuvres, "Big Clay # 4" , une grande sculpture d'environ 12 mètres en aluminium, dont les formes ont en même temps quelque chose de primordial et infantile, totémique et architectural. Des oeuvres diversement appréciées, la dernière étant parfois qualifiée d'étron monumental...
En face, sur un côté de la place, l'art plus classique se réfugie dans la Loggia dei Lanzi (XIVe siècle), musée de sculptures en plein air dans une galerie à voûte en arcades ouverte jour et nuit. On peut y voir, entre autres, le "Persée tenant la tête de Méduse" de Cellini (1554), "L'Enlèvement des Sabines", "Hercule en lutte contre le Centaure" de Giambologna, "L'enlèvement de Polyxène" (ou "Viol de Polyxène") de Pio Fedi, "Ménélas portant le corps de Patrocle" ainsi que deux lions de marbre placés en haut des gradins.
FLORENCE - Loggia dei Lanzi sur la Piazza della Signoria
Pour rejoindre la car, nous faisons un parcours d'environ 2 kilomètres comportant quelques détours intéressants.
A l'articulation de la place en "L" de la Piazza della Signoria, près de "la Fontaine de Neptune" actuellement masquée pour des travaux, a été érigée en 1594 une statue équestre du duc de Florence et premier grand-duc de Toscane Cosme Ier de Médicis en bronze due à Giambologna. Non loin, de la là, une plaque scellée dans le sol rappelle l'exécution de Jérôme Savonarole, fondateur de la théocratie à Florence, qui fut pendu et brûlé sur cette place en 1498. Sur la droite s'élève le Musée du Palazzo Vecchio et au fond de la place le Musée Gucci.
Nous nous dirigeons vers la Piazza San Firenze où se dresse l'église San Filipo Neri puis, derrière un pâté de maisons, on aperçoit le clocher-campanile de l'église romane Badia Fiorentina (appelée aussi Santa Maria Assuntanella) et tout près le sommet de la tour crénelée du Bargello (siège de la police de la ville et de son capitaine au Moyen Âge et à la Renaissance). Nous dirigeant vers l'est, nous gagnons la Via Borgo dei Greci jusqu'à la Piazza Santa Croce au bout de laquelle s'élève la façade de la basilique de la Saint Croix. Edifiée au XIIIe siècle, c'est la plus grande église franciscaine du monde. Sa façade actuelle date du milieu du XIXe siècle. Sur cette place, on peut voir tout autre chose, comme la marque du niveau des inondations de novembre 1966 sur la façade de la boutique d'art Vittorio dont le rez-de-chaussée avait été noyé totalement.
La façade du Palazzo dell'Antella domine le côté sud de la place avec ses décorations d'art grotesque. Du côté nord du parvis de la basilique, sur le haut des marches à gauche, trône la statue de Dante Alighieri par Enrico Pazzi (1865). Après cela, nous bifurquons vers le sud pour retourner vers l'Arno. Nous longeons d'abord le cloître et la chapelle Pazzi des XIVe-XVe siècles.
FLORENCE - statues de David et d'Hercule devant le Palazzo Vecchio
Nous passons devant la rotonde de la Bibliothèque Nationale Centrale de Florence puis rejoignons le fleuve sur le quai du Lungarno où se dresse la façade de la Bibliothèque. Elle est située sur un terrain qui faisait autrefois partie du couvent Sainte Croix. Cette bibliothèque détient près de 6 millions d'ouvrages. L'autre rive de l'Arno est dominée par la Piazzale Michelangelo et la copie en bronze du David.
FLORENCE - la Bibliothèque Nationale Centrale de Florence
Nous allons rejoindre notre car sur le Lungarno della Zecca Vecchia en passant près de la Torre Zecca qui fait pendant à la tour de la Porta San Niccolo édifiée sur l'autre rive. Il y a un peu de police dans le quartier où il doit y avoir certains trafics d'articles de contrefaçon liés au passage des groupes de touristes. De grands avertissements sont peints sur le trottoir "you can be fined up 7000€".
Il est plus de 17H30 et il y a un bon bout de trajet (70 kilomètres pour retourner à l'hôtel à Montecatini...
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Samedi 30 septembre, matinée
Départ vers 8H15 pour une heure et demie de trajet et près d'une centaine de kilomètres...
La ville de San Gimignano delle belle Torri est située en Toscane, à 56 kilomètres au sud de Florence. C'était un important point de relais pour les pèlerins qui venant de France ou du sud de l'Allemagne se rendaient à Rome ou en revenaient par la Via Francigena (la route des Francs). Elle se prolongeait plus au sud jusque dans les Pouilles vers les ports d'embarquement vers la Terre Saint au moment des Croisades.
Les familles nobles qui contrôlaient la ville avaient bâti quelque 72 (ou 75?) maisons-tours (jusqu'à 50 m de hauteur), symboles de leurs richesses et de leur pouvoir. Il ne reste que 14 de ces tours mais San Gimignano a conservé son ambiance et son apparence féodale. Au sommet d'une colline, elle s'étend, protégée par sa double enceinte de murailles et parsemée de hautes tours, au milieu d'une mer d'oliviers qui recouvrent les pentes dominant le Valdelsa. Avec les tours qui se détachent dans le ciel d'azur, on ne peut pas la manquer...
Son centre historique (14 hectares) figure dans la liste du patrimoine mondial de l'Humanité de l'UNESCO depuis 1990.
SAN GIMIGNANO
Ancien siège d’un petit village étrusque de la période hellénistique, SAN GIMIGNANO commence son histoire aux alentours du Xe siècle où il prend le nom du saint évêque de Modène, Saint Gimignano (qui a vécu au IVe siècle), qui aurait sauvé le bourg des hordes barbares. San Gimignano connaît un grand développement durant le Moyen Âge grâce à la Via Francigena qui le traverse. Y fleurissent nombre d'œuvres d’art qui décorent les églises et les couvents.
En 1199, San Gimignano devient une commune libre, avec son premier podestat (premier magistrat municipal), après avoir rompu son asservissement aux évêques de Volterra. La ville prend alors le nom de San Gimignano delle belle Torri, fière de ses 75 maisons-tours mais elle souffre de luttes intestines qui la divisent en deux factions: celle des Ardinghelli (guelfes) et celle des Salvucci (gibelins). Le 8 mai 1300, elle héberge Dante Alighieri, ambassadeur de la ligue guelfe en Toscane.
La terrible peste de 1348 et le dépeuplement qui s'ensuit, jettent San Gimignano dans une crise grave. A cela s'ajoutent les conséquences du déplacement de la route de la Francigena au fond de la vallée, provoquant une crise progressive et irréversible. La petite ville doit se soumettre à Florence en 1353.
La ville est aujourd'hui un centre de fabrication de meubles et elle est surtout célèbre pour son vin, le Vernaccia di San Gimignano 1re DOCG (Dénomination d'Origine Contrôlée et Garantie italienne décernée en mars 1966). Sa population s'élève à 7 800 habitants.
Vers la Piazza della Cisterna
Nous arrivons à pied par le sud, depuis un parking situé en contrebas, pour une visite libre de la ville.
Face à nous la Porta San Giovanni qui se prolonge sur la gauche par un rempart et par un bastion d'angle, le Bastione San Francesco. La rue principale, Via San Giovanni, conduit vers la place centrale, en passant devant le Musée de la Torture (Inquisition), les églises Madonna dei Lumi et, plus loin sur l'autre côté, ce qui reste de la Chiesa San Francesco, un bâtiment de style roman du XIIIe siècle dont la façade a survécu à la démolition à la fin du XVIIIe. C'était l'église d'un prieuré hospitalier de Geronimo (de Jérusalem), un ancien ordre religieux chevaleresque.
SAN GIMIGNANO: Piazza della Cisterna
La Piazza della Cisterna est précédée par la très haute tour, la Torre dei Cugnanesi. Une porte fortifiée avec la Torre dei Becci jouxtant avec le Palazzo Tortoli-Treccani donne accès à cette place triangulaire avec son puits (d'où son nom) du XIIIe siècle au centre. L'angle de la place sur la droite est souligné par la Torre del Diavolo imposante avec le Palazzo dei Cortesi. Au fond à gauche, près du passage menant à la Piazza del Duomo, se dresse le Palazzo Ardinghelli, avec ses deux tours (l'une tronquée) encadrant le bâtiment central. Avant de la quitter, n'oublions pas les glaciers qui se veulent les meilleurs du monde: "Gelateria Dondoli" (champion du monde en 2007 et 2009 selon son enseigne) qui a une queue d'attente sur la place incontestablement plus longue que celle de la "Gelateria dell Omo".
Vers la Piazza dell Duomo
La Piazza del Duomo est littéralement écrasée par les tours qui la bordent. A droite les tours Torre Rognosa et Torre Chigi puis les triple tours Torri dei Salvucci. Sur la gauche se trouve l'hôtel de ville (Palazzo Comunale, anciennement dénommé Palazzo del Popolo ou Palazzo nuovo del Podestà) qui est dominé par la petite Torre Chigi et surtout par la Torre Grossa, la plus haute (54 mètres). Au fond à gauche, au-dessus d'une volée de marches, se dresse la façade de la collégiale de San Gimignano du XIIe siècle avec son campanile en arrière-plan.
SAN GIMIGNANO: Piazza del Duomo
Par la Via San Matteo, nous poursuivons la traversée de la ville en passant devant l'église San Bartolo pour arriver à la Porta San Matteo. Pour le retour vers le Duomo, nous empruntons une chemin un peu à l'écart par la ruelle Vicolo Mainardi puis la Via Diacceto.
Un peu avant 11H30, nous retournons au car afin de gagner dans les environs une ferme-auberge où nous allons déjeuner tout en dégustant la production viticole de la ferme.
Le paysage de collines couvertes d'oliviers et de vignes est magnifique mais les routes menant aux hameaux sont sinueuses et étroites. On peut voir d'anciennes granges, parfois en ruines, avec leurs murs de brique à claire-voie.
Nous arrivons à la ferme "Azienda Agricola Fontanleoni" créée en 1959 quand Giovanni Troiani. Après avoir pratiqué une agriculture de subsistance basée principalement sur l'élevage, la culture de céréales et de plantes fruitières, l'entreprise s'est spécialisée dans la production de vin sur un terroir dédié principalement à la culture de Vernaccia de San Gimignano et Sangiovese, puis, en 1980, de Chianti. Elle produit également de l'huile d'olive. Nous sommes accueilli dans une salle un peu trop moderne.
Parmi les spécialités que l'on nous servira, citons le "Piatto di salsicce toscane formaggio e bruschetta", l'assiette de charcuteries toscanes, de fromage et de bruschetta (une tartine de pain chaud et croustillant, frotté à l'ail et assaisonné avec de l'huile d'olive extra vierge, du sel et du poivre).
Dans les environs de SAN GIMIGNANO: Piatto di salsicce toscane formaggio e bruschetta
Au dessert, une autre spécialité les "Cantucci (ou Cantuccini) al vino santo". Ce sont de petits biscuits aux amandes. En Toscane, ils sont généralement dégustés dans un vin de dessert local fait à partir avec des raisins Trebbiano et Malvasia, appelé Vino Santo. Pourquoi "saint"? Peut-être parce qu'il a servi de vin de messe... Peut-être parce que les raisins ne sont pressés qu'après avoir séché jusqu'à la semaine sainte... Peut-être parce que la couleur jaune se disait Xanthos en grec...
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Samedi 30 septembre, après-midi
Après le déjeuner dans la campagne de San Gimignano, à 13H30 nous embarquons dans le car qui nous conduit vers Sienne, à une quarantaine de kilomètres plus au sud... Nous y sommes une heure plus tard. Nous serons accompagnés par Silvia, guide locale.
SIENNE (SIENA en italien) est le chef-lieu d'une province de la Toscane et elle compte environ 55 000 habitants.
La ville est célèbre pour son patrimoine artistique et pour la course du Palio delle Contrade, souvent abrégé en Palio, une spectaculaire course de chevaux qui voit s'affronter les contrade (contrada au singulier), en fait les paroisses et quartiers de la ville, deux fois par an, le 2 juillet et le 16 août.
Son centre historique (170 hectares) figure dans la liste du patrimoine mondial en Europe établie par l'UNESCO depuis 1995.
Selon la légende, à l'image de Rome, Sienne fut fondée par le jumeaux Senius et Aschius, les fils de Remus (cofondateur de Rome avec son frère de Romulus). Ils fuirent Rome sur deux chevaux donnés par Apollon et Diane, l'un blanc et l'autre noir (les deux couleurs des armoiries de la ville), pour échapper à la fureur de leur oncle Romulus.
Sienne fut une ancienne colonie romaine fondée par Auguste. Au Ve siècle, elle devint siège épiscopal. La ville se développe dès le VIIe siècle, à l'époque des rois lombards. et devient cité libre et indépendante. Ce fut la rivale de Florence, d'autant plus que gibeline, c'est-à-dire partisane de l'empereur, elle s'opposait à la politique guelfe favorable au pape de sa voisine qu'elle tint longtemps en respect jusqu'à lui infliger une cinglante défaite en 1260, à la bataille de Montaperti. Mais peu après, les Siennois ont été défaits par les Florentins lors de la bataille de Colle Val d'Elsa en 1269, ce qui a conduit à l'instauration du gouvernement guelfe des Neuf.
Après la peste de 1348, le lent déclin de la République de Sienne (seul Etat occidental à mettre en œuvre une démocratie en faveur du peuple) a commencé alors qu'elle couvrait un tiers de la Toscane. La fin de la République siennoise fut effective en 1555, quand la ville affamée après un siège de plus d'un an, a dû se rendre à Charles V du Saint-Empire, qui opportunément avait le soutien des Médicis auquel ce nouveau territoire fut attribué en compensation de leur aide...
Vers la Piazza del Campo
Par la Viale Armando Diaz nous arrivons devant un angle des fortifications derrière lesquelles est édifiée la Fortezza Medicea. Intéressant panorama depuis un jardin public d'où l'on voit, au-dessus d'un vallon arboré de Fontebranda (quartier de naissance et de la famille de sainte Catherine), se dresser sur la gauche la basilique Saint Dominique en brique rouge tandis qu'au fond s'impose la massive cathédrale blanche rayée de bandes noires dédiée à Santa Maria Assunta.
SIENNE, basilique St Dominique et cathédrale (Duomo)
Nous contournons la pointe d'un bastion et par la Viale dei Mille, nous arrivons à l'entrée de la Basilica Cateriniana di San Domenico. C'est un édifice du XIIIe siècle (agrandi au siècle suivant) avec une voûte imposante et un transept comportant de hautes chapelles, dont la chapelle à chevet plat dédiée à Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) est particulièrement intéressante: fresques, reliquaire. Les photos, même ans flash, y sont interdites.
Nous descendons vers le centre de la ville par la Via della Sapienza ("la sagesse"), deux édifices captent l'attention, la tour de la Piazza del Campo et le campanile du Duomo. Silvia nous fait remarquer les traces d'anciens enduits qui recouvraient les murs de brique. Les boutiques de souvenirs (drapeaux, écus...) exploitent à fond le folklore lié aux traditions plus ou moins belliqueuses opposant les paroisses ou quartiers, les contrade.
SIENNE, drapeaux des Contrade
Un moment nous apercevons aussi l'arcade géante voisine du Duomo, vestige d'un rêve de gigantisme. Abandonné, il est incorporé au Museo dell'Opera Metropolitana. Puis nous arrivons à la Piazza et au Palazzo Salimbeni sur la Via Banchi di Sopra. De style gothique, ce palais du XIVe siècle est le siège de la banque Monte dei Paschi di Siena qui l'occupe depuis sa fondation en 1472. Au centre de la place est la statue de Sallustio Bandini (sculptée en 1882). Nous tournons à droite sur la Via Banchi di Sopra pour aller vers la Piazza del Campo. Passage devant la Chiesa di San Cristoforo, petite église néo-classique. Puis c'est le Palazzo Tolomei également un édifice gothique mais antérieur au précédent (XIIe-XIIIe). Il porte des armoiries aux trois croissants de lune. Devant l'édifice est érigée une colonne portant la louve de Sienne allaitant les jumeaux Senius et Aschius.
Petit crochet par la Piazzeta Sabatino Mori puis nous arrivons sur la Piazza del Campo, face au Palazzo Pubblico ou Palazzo Comunale et à la Torre del Mangia de 88 (ou 102) mètres. Elle est plus haute que le campanile de la cathédrale mais comme elle est bâtie à une moindre altitude, elle ne le dépasse pas montrant ainsi que le domaine religieux a préséance sur le civil. La façade porte le blason aux six boules des Médicis qui finalement dominèrent la ville à partir du XVIe siècle. Au pied de la tour a été érigée la Cappella di Piazza, une sorte de tabernacle agrémenté d'une loggia en marbre en offrande à la Vierge Marie en remerciement de les avoir libérés de la peste noire.
Un peu avant la tour, le palais a été construit au début du XIVe siècle par le Gouvernement des Neuf.
SIENNE - Piazza del Campo
Dès 1250 la Piazza del Campo, cette place magnifique, a fait la fierté de la municipalité. En forme incurvée évoquant une coquille Saint Jacques, inclinée vers le Palazzo Pubblico, son sol, recouvert d'un pavage de briques assemblées en chevron, est divisé en 9 secteurs symbolisant le Conseil des Neuf qui siège au Palais. Ils sont séparés par des rigoles de pierre blanche.
Une fontaine en marbre, dite Fonte Gaia, originellement sculptée par Jacopo della Quercia entre 1409 et 1419 est installée en haut de la place.
Le Palio de Sienne, course effrénée et brutale qui s’était longtemps courue hors les murs, est depuis 1590 installée sur le Campo et obéit à des règles qui remontent à 1721.
La piste autour de la place est recouverte d’un mélange de tuf, argile et sable. C'est une course de chevaux, qui se tient deux fois par an en été (le 2 juillet pour le Palio di Provenzano et le 16 août pour le Palio dell'Assunta. Chaque couple cavalier/cheval représente un des dix-sept contrade de la ville mais seulement dix participent à la compétition: sept représentants de quartiers qui n'ont pas pris part à la dernière course de même date un an plus tôt sont automatiquement inclus et trois de plus sont tirés au sort. Un tirage au sort détermine également l'attribution des chevaux aux contrade. Cavalier et cheval sont bénis par l'église de leur quartier mais cela n'a pas d'impact pour le contrôle antidopage effectué désormais sur les bêtes. Les cavaliers ont le droit de se servir de leur cravache pour frapper les autres chevaux et cavaliers. Le vainqueur est le premier cheval qui termine la course avec ses ornements de têtes intacts, sans qu'il soit nécessaire que le cavalier reste en selle. Il n'est pas rare que les chevaux soient gravement blessés.
L'accès payant aux tribunes disposées pour l'occasion autour de la place (et a fortiori pour les privilégiés qui peuvent s'offrir un balcon), est à réserver au moins 6 mois à l'avance, tandis que le "petit peuple" peut gratuitement s'agglutiner au centre après une longue attente (5 heures avant la course).
Savoir que les sièges même pliants sont interdits et qu'il n'y a pas de toilettes...
Cette année, la première course a été remportée par la contrada de la Girafa de la seconde par l'Onda ("la Vague").
Vers le Duomo
Nous quittons la place par son angle ouest pour rejoindre la Via di Cità, en passant devant la longue façade du Palazzo Chigi Saracini, afin d'aller au Duomo di Santa Maria Assunta qui domine la ville. Construit dans le prolongement de la cathédrale, nous buttons sur le Baptistère de Saint Jean-Baptiste que nous contournons sur la droite par la Via Fusari pour arriver devant le parvis du Duomo avec sa façade de marbres blanc de Carrare, vert du Prato et rouge de Sienne, et les trois portails à décors sculptés très fins sur les colonnes. Les trois mosaïques dorées vénitiennes qui ornent les pinacles datent de la fin du XIXe siècle.
La construction actuelle de style romano-gothique remonte au XIIIe siècle et la lanterne surmontant le dôme fut créée au XVIIe. Le campanile de style roman, bandes de marbres blanc et noir a été achevé en 1313 et s'élève à une hauteur de 77 mètres.
SIENNE, Duomo di Santa Maria Assunta
Un extérieur moins séduisant que celui de la cathédrale de Florence qui a voulu rivaliser de cette manière. Mais par l'aspect intérieur, rien de comparable. Ici, dans les trois nefs, c'est une débauche de décors, à l'excès selon mon humble point de vue. Déjà on peut aimer ou pas les stries blanches et noires qui parcourent murs et colonnes (comme sur le mur extérieur du campanile) et rappellent les armoiries de la ville. Entre les colonnes, au-dessus des cintres, 171 bustes en stuc représentent les papes. Le vitrail circulaire de la façade représentant la Cène est de la main de Pastorino de' Pastorini (1549). Admirons aussi les bénitiers (acquasantiere) en marbre de Carrare placés au pied des deux premiers piliers de la nef. Considérés parmi les plus belles oeuvres de la cathédrale, ils ont été réalisés par Antonio Federighi entre 1458 et 1467. Sous forme allégorique, ils évoquent la déchéance par le péché originel et la rédemption apportée par le Christ.
La chaire ("Pulpito") octogonale de Nicola Pisano et de ses disciples, à colonnes de porphyre et marbre vert (quatre reposent sur des lions stylophores), à arcs trilobés et sept panneaux racontant des épisodes de la vie du Christ, est malheureusement en cours de réfection. On en voit une représentation sur le bâchage de protection. Elle a été créée entre 1265 et 1268. L'autel Piccolimini est un chef-d’œuvre d'Andrea Bregno datant de 1485 et où dans quatre des niches on retrouve des statues de Michel-Ange : Saint Paul, Saint Pierre, Saint Pie et Saint Grégoire. On peut aussi voir au-dessus de l'autel une "Vierge à l'enfant" de Giovanni di Cecco (1371).
SIENNE, pavement en marbre polychrome au Duomo di Santa Maria Assunta
A cela s'ajoutent le pavement, une marqueterie de marbres polychromes (trop chargée à mon goût) dont le projet aurait été initié par le chef de file de la peinture siennoise Duccio di Buoninsegna dès le XIIIe siècle C'est un des exemples les plus étendus de marqueteries de marbre (opus sectile), un projet décoratif qui s'est étalé sur six siècles, du XIVe au XIXe siècle, et a été conduit par plus d'une quarantaines d'artistes siennois (en particulier Domenico Beccafumi). Composé de plus de soixante scènes inspirées de la Bible, de l'Apocalypse et des Evangiles, il est généralement recouvert, dans les zones les plus fréquentées, sauf durant les mois de septembre et d'octobre. Donc nous tombions à la bonne période pour les voir. Il faut souligner les tentatives d'effets de clair-obscur des oeuvres de Beccafumi: "Moïse fait jaillir l'eau du rocher de Horeb" ou "La Punition des Israélites" (1524-1525). Autres oeuvres: "La Louve siennoise" entourée d'un cadran à 8 représentations animalières, "L'extermination d'Hérode" de Benvenuto di Giovanni (1485), "Le Massacre des Innocents" de Matteo di Giovanni, Francesco di Niccolaio e Nanni di Piero di Nanni (1481-1482), "La Sibylle d'Érythrée" d'Antonio Federighi (1482) ou encore "Achab blessé à mort" d'Alessandro Franchi (1878)...
SIENNE, pavement en marbre polychrome au Duomo di Santa Maria Assunta
De belles chapelles à voir aussi, comme la Cappella della Madonna del Votto ("voeux"). De forme circulaire et soutenue par huit colonnes sous une coupole dorée, la chapelle est fermée par une grille. Derrière l'autel, des anges en bronze doré de Farrata encadrent le tableau de la "Vierge du Vœu" datant du XIIIe siècle. On peut y voir aussi une statue de Sainte Marie-Madeleine repentante (de Bernini).
Une annexe intéressante à mes yeux est la Libreria Piccolomini, la bibliothèque du cardinal Francesco Piccolomini (futur Pie III). Alors archevêque de Sienne, il fait construire la bibliothèque entre 1492 et 1502 dans les locaux du vieux presbytère pour honorer la mémoire de son oncle Enea Silvio Piccolomini (le pape Pie II) et pour abriter son important patrimoine bibliographique. On y accède par une imposante façade à deux arcades sculptée en 1497. On peut encore trouver que le décor est bien chargé mais la pièce est très lumineuse et les fresques de Pinturicchio sur les Scènes de la vie de Pie II qui recouvrent les murs sont très colorées. Les vitrines protègent des psautiers enluminés par Liberale da Veronna et Girolamo da Cremona. Curieusement, le centre de la pièce est occupé par le groupe des Trois Grâces, une copie romaine d'une sculpture hellénistique.
SIENNE, bibliothèque Piccolomini au Duomo di Santa Maria Assunta
Il est bientôt 17H. Nous quittons la cathédrale en repassant devant le Palazzo Chigi Saracini et en jetant un coup d'oeil dans le porche (statue de Jules III) et les galeries de la cour intérieure avec son puits. Dernier petit coup d'oeil au Campo depuis la Via della Cità. En passant par la Via Banchi di Sopra, petite pause gourmande au Bar Pasticceria Nannini réputé pour ses confiseries typiques panforte. Depuis mille ans, c'est un dessert de Noël traditionnel de Sienne. C'est une sorte de nougat confectionné à base de miel, de fruits confits (orange, cédrat), d'amandes et d'épices et couvert de sucre vanillé.
SIENNE, une spécialité: le Panforte
Ainsi réconfortés, nous regagnons le car vers 18H pour un fastidieux retour en deux heures et demie en raison des embouteillages.
A notre hôtel à Montecatini, un dîner roboratif nous attend: assiette de charcuterie et fromage, épaisse soupe (haricots, lentilles, pain), raviolis (épinards et fromage), rôti de porc avec des frites et gâteau au chocolat!
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Dimanche 1er octobre, matinée
Départ définitif de Montecatini avec les bagages à 8H30. Le trajet n'est pas très long et dès 9H nous arrivons près des fortifications de la ville.
La ville de LUCQUES (LUCCA en italien) est le chef-lieu d'une province de la Toscane et elle compte environ 85 000 habitants. Nous y serons guidés par Marco, sous un ciel gris...
Avant la réalisation de l'unité italienne, ce fut une ville libre puis elle devint la capitale d'une principauté souveraine puis d'un duché de Lucques (1815-1847). Elle se trouve non loin de la mer Tyrrhénienne, à une vingtaine de kilomètres de la côte ligure, si bien qu'elle se situe à un peu moins de 20 mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est une ville fortifiée avec un grand nombre de monuments historiques, principalement des églises, mais aussi des villas et des palais.
Son centre historique figure dans la liste indicative du patrimoine mondial en Europe établie par l'UNESCO depuis 2006.
Les rues du centre historique de la ville punique puis romaine conservent le quadrillage du plan romain. D'ailleurs la Piazza San Michele occupe l'ancien forum et la Piazza dell'anfiteatro occupe l'ancien amphithéâtre Devenue lombarde au VIe siècle, la cité tire sa prospérité du commerce de la soie, qui devient florissant à partir du XIe siècle, en rivalisant avec les soies byzantines. La ville est alors également la capitale de la Toscane.
En 1161, l’empereur Frédéric Barberousse concède à Lucques le statut de commune. Elle devient une république indépendante pour plus de cinq siècles. Dante y passe une partie de sa vie en exil.
Au début du XIIIe siècle, Lucques et Florence sont les plus importantes communes guelfes de Toscane. La cité connaît bien des vicissitudes aux XIV-XVe siècles, entre les visées de ses voisines florentines et pisanes et des puissances extérieures du Saint-Empire et de la France. Tant bien que mal, la cité parvient à maintenir son indépendance malgré les guerres qui ravagent régulièrement l'Italie. Après 1628, la démocratie lucquoise se mue en oligarchie qui maintint son indépendante jusqu'à la conquête par les Français en 1799. Napoléon Ier en fit une principauté pour sa sœur Élisa Bonaparte Baciocchi. En 1815, la principauté se mua en duché, attribué aux Bourbon-Parme, puis rattaché au grand-duché de Toscane en 1847.
Le ville ancienne entourée de fortifications (Mura di Lucca) n'occupe qu'une petite partie du territoire de la commune qui couvre 186 km². Les remparts de Lucques sont le plus bel exemple en Europe de remparts construits selon les principes de la fortification moderne qui est complètement intégrée dans une grande ville. L’enceinte actuelle, d’une longueur d'un peu plus de 4 kilomètres a été réalisée lors de la reconstruction débutée en 1504 et achevée seulement en 1645. Avec 12 courtines, 11 bastions et une plateforme, ils ne furent toutefois jamais utilisés pour se défendre d’un assaut au contraire des remparts les plus anciens puisqu’ils furent conçus comme force de dissuasion contre les visées expansionnistes du Grand-Duché de Florence.
De la Porta San Pietro à l'église San Michele
Nous arrivons par le sud de la ville close, face à la Porta San Pietro (1565), l'une des six portes de la ville et l'une des trois existant initialement. Petite promenade sur le large chemin de ronde créé au XIXe siècle, la Passeggiata delle Mura. Nous avons une vue panoramique sur la ville avec sur la droite le campanile du Duoma di San Martino du XIe siècle (que nous ne visiterons pas), au centre la tour de l'horloge...
Au XIVe siècle, la ville pouvait s'enorgueillir de plus de 250 campaniles et maisons-tour des riches familles. Certains sites, se contentent d'une bonne moitié, en annonçant qu'à l'époque médiévale, plus de 130 tours dominaient le paysage de Lucques... Ce n'est déjà pas si mal!
Nous passons devant le Ristorante Antico Caffè della Mura et la statue du premier roi d'Italie Victor-Emmanuel II (1820-1878) avant de rejoindre la rue en contrebas.
Par la Via Carrara Francesco, nous passons devant le Palais de Justice. Puis par la Via della Corticella, nous arrivons devant la maison où habita Giacomo Puccini et apercevons le campanile en brique de l'église San Romano (XIIIe).
LUCQUES, maison et statue de Giacomo Pucccini
Coup d'oeil dans la cour (Cortile degli Svizzeri) de la Préfecture (Loggia dell'Ammannati) puis dans la cour du Palazzo Ducale (XVe-XVIe) qui est contigu. Cette cour est entourée par une galerie de portiques avec double ordre de pilastres, elle est décorée au centre par une statue du juriste Francesco Carrara. A quelques pas de là, nous passons dans la Piazza Napoleone ou Piazza Grande sur laquelle donne la façade du palais voisin. Elle a été créée en 1806 par Elisa Bonaparte Baciocchi, la sœur de l'empereur Napoléon qui avait le projet de lui ériger une gigantesque statue au centre de la place. Finalement, c'est un monument en l'honneur de Maria Luisa, sculptée par Lorenzo Bartolini, qui s'y dresse.
LUCQUES, église San Michele in Foro (XIe s.)
Par la Via Vittorio Veneto, 500 mètres plus loin, nous voici Piazza San Michele avec l'église San Michele in Foro, étrange nom que "Saint Michel dans le Trou", qui occupe la placed'un forum antique. L'église de style roman à croix latine fut construite au XIe siècle, à la place d'un édifice du VIIe siècle, par Anselme de Lucques alors pape sous le nom d'Alexandre II. La façade remaniée au XIXe est ornée de nombreuses statues dont celle de Saint Michel, haute de 4 mètres, placée à la pointe. La statue en marbre est dotée d'ailes métalliques. Le campanile jouxte la branche droite du transept.
L'intérieur comporte trois nefs et l'on peut y voir quelques oeuvres remarquables: la Vierge à l'Enfant en terre cuite émaillée par Andrea della Robbia, le Retable Magri de Filippino Lippi représentant les saints Girolamo, Sebastiano, Rocco et Elena, un haut-relief de la Vierge sculpté par Raffaello et Baccio de Montelupo.
De la Piazza dell'Anfiteatro à la Porta Santa Maria
De retour en ville, on peut encore voir des devantures encadrées de bougies utilisées lors des illuminations et des procession religieuses en costume médiéval appelées "fête de l'Exaltation de la Sainte Croix" qui ont lieu chaque 13 septembre. A deux pas de là, plus païennes, de grandes affiches ont servi à la promotion du concert des Rolling Stones qui ont fait étape à Lucques le 23 septembre dans le cadre de leur tournée européenne...
Par un passage, le Chiasso Barletti, nous arrivons au pied de la Tour de l'Horloge (Torre Civica delle Ore) du XIIIe siècle qui domine la ville du haut de ses 50 mètres (207 marches). Puis, par la Via Sant'Andrea nous arrivons sur la longue Piazza Guidiccioni avec, de part et d'autre, les Archives (Palazzo dei Guidiccioni, ancien hôtel particulier du XVIe siècle) et les Services de l'Education de la province. Au fond, un socle est préparé pour recevoir une statue en l'honneur de Francesco Saverio Geminiani (1687-1762), violoniste et compositeur né à Lucques. Sa statue en marbre sera inaugurée dans quelques jours, le 18 octobre.
LUCQUES - Piazza dell'Anfiteatro
Via del Carmine, Via Santa Zita et Via Anfiteatro nous amènent justement Piazza dell'Anfiteatro. A l'emplacement d'un amphithéâtre romain, la place fut créée au Moyen Âge pour que s'y tiennent les réunions des citoyens. Elle est surélevée d'environ 3 mètres par rapport à l'arène romaine. On peut y accéder par quatre portes (orientées selon les points cardinaux) en arcades percées au rez-de-chaussée des maisons à l'allure un peu bancale qui cernent la place. Elles ont littéralement été construites sur les anciens gradins (cavea) comme on peut le voir à l'arrière de ces maisons par les traces d'arcades tronquées. Le centre de la place est occupé par une oeuvre moderne, un bronze représentant Tindaro (Tyndare, héros de la mythologie grecque, roi de Sparte) dû à Igor Mitoraj de 1997.
Par la porte est, nous gagnons la Via delle Chiavi D'Oro, nous nous dirigeons vers la Torre Guinigi, une maison-tour en brique qui s'élève à une quarantaine de mètres, couronnée par un petit jardin suspendu.
Nous quittons le centre en direction du nord de la ville close, en passant sur le parvis de l'église romane San Frediano du XIIe siècle, l'une des plus anciennes de la ville, dédié à Saint Fridianus, évêque de Lucques entre 560 et 588. Le haut de la façade est orné d'une mosaïque du XIIIe siècle exécutée dans le style de la peinture byzantine représentant l'Ascension de Christ. Une ouverture créée au milieu du groupe des douze apôtres a fait disparaître la Vierge. Nous passons près du musée de la Torture pour arriver à la Porta Santa Maria, au nord de l'enceinte fortifiée.
LUCQUES, église San Frediano (XIIe s.)
Nous retrouvons notre car un peu avant midi pour trois quarts d'heure d'un trajet, ce qui nous amène pour déjeuner dans une ferme-auberge, "la Fattoria il Poggio", activité de restauration annexe à un domaine viticole. Cette ferme est située sur la commune de Montecarlo, à trente kilomètres à l'est de Lucques. De nombreux groupes de touristes déjeunent ici mais avec des conditions de confort variable et avec des menus qui le sont out autant. Nous sommes installés sous des abris bâchés alors qu'il se met à pleuvoir et que souffle un petit vent bien frais...
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Dimanche 1er octobre, après-midi
Sous un ciel maussade, nous avons 150 kilomètres à faire en direction du sud pour rejoindre le port de PIOMBINO... Nous y serons après deux heures de route, il sera aux environs de 16H.
Ce port situé dans la province e Livourne compte près de 35 000 habitants. Piombino à "le charme" d'une ville très industrielle qui dépend beaucoup de la sidérurgie, notamment Lucchini SpA (Severstal Group) et Sollac/Mittal. C'est une industrie pratiquée dans cette région depuis plus de 2700 ans, l'île d'Elbe voisine ayant été exploitée pour son minerai de fer. C'est le port qui permet de relier cette île au continent (des liaisons s'effectuent aussi depuis Livourne et Bastia).
Depuis ce port, les liaisons sont assurées par les compagnies de ferries Toremar, Blu Navy et Moby Lines. Dans cet environnement industriel nous embarquons avec notre car sur un ferry Toremar. Le ciel est gris et nous quittons le port à 16H30. Rapidement, l'île à l'aspect étonnement montagneux se découpe sur l'horizon. Nous laissons sur bâbord la petite île Palmaiola surmontée d'un phare de la Marine militaire. En fait l'accès au port principal de l'île nécessite de la contourner partiellement par le nord, avec un trait de côte laissant apercevoir une zone de roches rouges, une couleur due à la présence d'oxyde de fer.
Ceci explique un trajet marin d'environ 14 milles (23 kilomètres) et que l'on n'accostera qu'à 17H45. Ce qui fait plaisir, c'est de voir un ciel bouché céder la place à un ciel moutonné mais sur fond d'azur...
Un site internet intéressant: https://www.iledelbe.net/
De l'arrivée à l'Ile d'ELBE à Marciana Marina
L'île d'ELBE (Isola d'ELBA en italien) est la plus grande île de l'archipel toscan avec 224 km² de superficie. Selon la légende, la déesse Vénus, émergeant des eaux merveilleuses de la Mer Tyrrhénienne, laissa tomber 7 perles de son collier, lesquelles tombant dans la mer, formèrent les sept îles de cet archipel.
Elle est située entre la Corse et la Toscane, à la frontière entre les mers ligure et tyrrhénienne. Elle est séparée de la péninsule italienne par le canal de Piombino, large d'une dizaine de kilomètres. L'île, qui fait partie de la province de Livourne, compte huit communes : Portoferraio, Marciana, Marciana Marina, Campo nell'Elba, Rio Marina, Rio nell'Elba, Capoliveri et Porto Azzurro.
Longue de 29 km et large de 18,5 km, avec 147 km de côtes très découpées, et un relief marqué, l'île d'Elbe offre des paysages très variés: forêts de hêtres et de pins, culture en terrasses, dont vignobles et vergers, mais aussi maquis et criques de galets ou de sable fin nichées au pied de falaises abruptes. Son point culminant, le mont Capanne avec 1019 mètres d'altitude, domine le village de Marciana. Elbe est composée de granites et de roches sédimentaires, calcaires et marnes. Des gisements de métaux y existent, dont cuivre et surtout fer.
PORTOFERRAIO soit son nom au fer qu'exploitaient les Étrusques, puis les Romains. C'est la localité principale avec 12 000 habitants, sur une population insulaire d'environ 28 000 habitants et c'est le port le plus important, où arrivent la plupart des ferries pour l'île.
UN PEU D'HISTOIRE
Ligure, Étrusque, Carthaginoise, Phocéenne, puis aux Romaine, l'île d'Elbe devint possession pisane au XIe siècle, et à partir de la fin du XIVe, reconstruite sur les ruines de l'antique Fabricia. Au début de l’an 1548, Cosme Ier de Médicis fut chargé par Charles Quint de défendre l’île d'Elbe (et par conséquent les trafics commerciaux de la mer Tyrrhénienne) et de fortifier la ville de Ferraja (Portoferraio) qui fut rebaptisée Cosmopoli par Cosme. La ville fut un territoire de la principauté de Piombino avant de faire partie du royaume de Naples en 1736, après avoir été intégrée au Grand-duché de Toscane au début du XVIIIe siècle.
Suite aux accords de 1800 avec l'Espagne qui, à titre accessoire (à titre principal, l'Espagne cédait la Louisine à la France), prévoyaient le transfert de l'île d'Elbe, alors toscane, sous souveraineté française en échange de la principauté de Piombino et également suite aux traités de paix avec l'Autriche et l'Angleterre conclus en 1801 suite aux victoires bonapartistes, l'île fut officiellement annexée par la France en 1802 (senatus-consulte du 26 août 1802) et intégrée au département de Méditerranée en 1811. L'île doit une bonne partie de sa célébrité au fait qu'elle fut le refuge de Napoléon lors de son exil forcé de dix mois, jusqu'à son retour en France (les Cent Jours).
Mais "Napoléon n'a jamais eu l'intention de rester" même si l'Empereur s'installa au palais des Moulins, bâtisse bourgeoise qui surplombe encore les hauteurs de Portoferraio. D'un côté, il observait la mer et l'horizon, de l'autre, les terrasses de sa capitale.
Érigée en éphémère principauté de l'île d'Elbe, elle fut donnée en toute souveraineté à Napoléon Ier le 14 avril 1814 (suivant le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814) et il y fut exilé pendant trois cents jours, du 4 mai 1814 au 26 février 1815. L'État d'Elbe est alors une monarchie, dans laquelle l'empereur entouré de quelques dignitaires (tel le célèbre le général Cambronne) possède tous les pouvoirs. L'argent pour payer les nombreux travaux d'infrastructure (routes, ponts, fortifications, irrigation... peut-être simplement destinés à leurrer les Anglais comme s'il acceptait son sort) ainsi que le train de vie de Napoléon et de sa cour pléthorique, devait en principe provenir des revenus fonciers de l'île, notamment des mines de l'État, des taxes sur le sel et les pêcheries et d'impôts accrus. Les villageois de Capoliveri révoltés firent battre en retraite les soldats envoyés pour collecter les impôts impayés.
Au prétexte que le traité de Fontainebleau n'était pas respecté par Louis XVIII qui aurait dû lui verser deux millions de francs au nom de la France et craignant que les souverains européens ne prennent des mesures pour l'isoler encore plus, Napoléon quitte Elbe le 26 février 1815 avec l'intention de reconquérir la France...
Après la seconde abdication de Napoléon en avril 1814 (et son exil, cette fois à Sainte Hélène), le Grand-duché de Toscane put récupérer l'île avant qu'elle devienne italienne en 1860.
Du 17 juin au 19 juin 1944, la garnison allemande fut attaquée et vaincue par les troupes françaises du général de Lattre de Tassigny venues de Bastia.
ÎLE D'ELBE - Portoferraio
Une petite vingtaine de kilomètres nous séparent de l'hôtel Tamerici situé plus à l'est, à Marciana Marina.
Il faut une bonne demi-heure pour s'y rendre par une pittoresque route côtière qui permet d'entrevoir les plages en croissant de Biodola et de Procchio. Dans la montagne, on aperçoit les villages perchés de Marciana Alta et de Poggio, en fait des hameaux dépendants de Marciana, commune de 2200 habitants. Au-dessus, couronné de nuages, s'élève le Mont Capanne, sommet de l'île.
Lundi 2 octobre, matinée
Portoferraio et l'exil de Napoléon
Départ de Marciana Marina à 9H sous un ciel resplendissant.
Environ 40 minutes plus tard, nous arrivons au port de PORTOFERRAIO où nous retrouvons Anna qui sera notre guide locale pour la journée.
C'est à pied que nous allons grimper vers la vieille ville se présente telle une citadelle fortifiée.
La ville de Portoferraio n’a pas développé, sans doute en raison de son passé récent comme centre industriel sidérurgique, une vocation touristique: c’est justement cet aspect qui l’a maintenue quasi intacte dans son ancienne structure urbaine. La restauration des forteresses qui l’entourent et la dominent, effectuée ces dernières années, conserve leur charme.
Deux portes donnent accès à la ville fortifiée, une côté terre et une autre côté mer.
Les ouvrages de fortification les plus importants de la ville de Portoferraio sont les Fort Stella, Fort Falcone et, récemment restauré, le Fort Anglais situé plus à l'ouest, hors des fortifications, dernier témoignage du grand plan impérial de Napoléon. Dans le splendide arsenal de Portoferraio, se trouve la Tour du Martello (ou Torre della Linguella), un premier bastion qui affiche les imposantes fortifications de la vaste baie en fer à cheval. à l’entrée du vieux port.
L’Arsenal Médicéen (des Médicis) est un port de haute sécurité, à tel point qu’il est classé comme “port refuge”. Les journées venteuses et de mer agitée, l’Arsenal et toute sa rade accueille les bateaux même de grande dimension qui y jettent l’ancre en attendant des temps meilleurs. Au centre de l’Arsenal, il y a la Porta a Mare, entrée dans le centre historique de la ville. Tout autour, se ramifie une couronne de maisons aux couleurs pastelles qui suivent le périmètre des anciens murs d’enceintes.
Nous pénétrons dans l'enceinte fortifiée par la Porta a Terra, à droite du port moderne. Nous grimpons par les Via Sebastiano Lambardi et Via del Carmine, laissant sur notre droite des rues très pentue rejoignant l'ancienne rade Médicis. Nous passons devant "L'arma della Tentazione" avant d'arriver sur une petite place, face au Teatro dei Vigilanti à la façade rose pastel. Au-dessus de nous, légèrement à gauche, le Forte Falcone nous domine. La rue devient Via Victor Hugo, en l'honneur de notre grand écrivain qui oscillait entre admiration et détestation de Napoléon. Nous passons une petite porte dans une fortification secondaire pour tourner sur notre droite dans la Via del Facone où est bâti la Villa dei Mulini autrement rebaptisée Palazzina Napoleonica dei Mulini.
Nous allons passer trois quart d'heure pour visiter ce qui est devenu un musée et le jardin attenant donnant sur la mer et l'îlot de Scoglietto.
La Palazzina dei Mulini ("palais des Moulins") est l'une des deux résidences occupées à Portoferraio par Napoléon Bonaparte pendant son exil sur l'Île d'Elbe (4 mai 1814-26 février 1815). La seconde, la Villa Napoleonica située à San Martino, à 3,5 km au sud-ouest de Portoferraio, était sa résidence d'été.
Situé sur le promontoire de Portoferraio au nord du centre historique de la ville, le palais fut construit en 1724 sur ordre du dernier grand-duc de Toscane Jean-Gaston de Médicis, mais celui-ci n'avait pas l'aspect qu'il possède de nos jours, puisque l'empereur chargea l'architecte Paolo Bargigli, de mener son complet réaménagement, entraînant la démolition des quatre moulins à vent qui ont donné le nom à la résidence. La soeur de Napoléon, Pauline Borghese, et sa mère ont séjourné à la Palazzina dei Mulini.
Napoléon, à l'origine, le fait meubler avec du mobilier venant de la résidence de sa sœur, Elisa Baciocchi, à Piombino. Ce mobilier, aujourd'hui dispersé, a été remplacé de nos jours par des meubles de style Empire. Les couloirs paraissent bien nus, comparés au faste des châteaux français. L'ordonnancement des pièces reproduit néanmoins scrupuleusement Saint-Cloud, Compiègne et Fontainebleau à échelle réduite. Ses appartements sont à l'étage. Napoléon, nostalgique des champs de bataille, dormait dans le lit de camp exposé dans sa chambre, ou dans une tente plantée dans le jardin. On y trouve également une partie de la bibliothèque que l'empereur avait emportée avec lui et qu'il a donnée à la commune de Portoferraio. C'est avec une certaine émotion que l'on voit les oeuvres de Rousseau et saint Augustin côtoyant d'autres ouvrages portant sur la tranche le fameux "N" en lettre d'or.
Agréable petit jardin avec vue sur le large...
ÎLE D'ELBE, Palazzina Napoleonica dei Mulini
Après cette visite, nous descendons vers l'ancien port médicéen par la Porta a Mare. De là nous arrivons au port moderne où l'impressionnant Royal Clipper à 5 mats (et 42 voiles) est amarré. Ce navire de croisière à voile en acier s'inspirant de l'ancien navire allemand Preussen (1902-1910) a été mis en chantier en 1990 dans les chantiers navals de Gdansk et lancé en l'an 2000. Il est armé par la compagnie monégasque Star Clippers et navigue sous pavillon maltais. Long de 134 mètres, il peut accueillir 226 passagers.
ÎLE D'ELBE, "Royal Clipper" en escale à Portoferraio
A midi et demi, nous retrouvons le car pour aller déjeuner en périphérie de la ville au restaurant "Il Rifrullo".
A menu:; gnocchi au thon, filet de poisson en papillote et gâteau au chocolat.
Lundi 2 octobre, après-midi
Porto Azzurro
Départ à 14H15 pour traverser l'île, de la côte nord à la côte est. Une bonne douzaine de kilomètres et 35 minutes de trajet pour arriver à PORTO AZURRO. Le maquis et les pins cèdent la place à une végétation subtropicale se développe sur les pentes exposées au sud: figuiers de Barbarie, aloès et agaves...
C'est une petite ville de 3760 habitants. En 1906, la localité de Capoliveri a été détachée de Porto Azzurro et est devenue une commune autonome.
Avant de rejoindre le Royaume de Naples, la commune a fait partie du micro protectorat espagnol entre 1557 et 1801, l'Etat des Présides (en espagnol: Estado de los Reales Presidios, en italien: Stato dei Reali Presidi), créé par le roi d'Espagne Philippe II qui prit ces territoires ayant appartenu à la République de Sienne après l'annexion de celle-ci par le duché de Florence en 1557. Le coeur de ce petit Etat de 300 km² se trouvait être la Péninsule de l'Argentario, site stratégique sur le continent, à la charnière entre mers Ligure et Tyrrhénienne.
La localité s'appelait Longone et depuis 1873 fut baptisée Porto Longone, compte tenu de la longueur du port. Porto Azzurro est le nouveau nom de la commune depuis 1947, un nom qui fait clairement référence à la couleur de la mer. Le mot Longone faisait trop penser à l'univers carcéral représenté par le Forte Longone aussi appelé Forte San Giacomo (du XVIIe siècle) ou encore Fort Bénévent. Cette fortification côtière qui fut édifiée par les Espagnols est située face au canal de Piombino et il occupe un promontoire surplombant la baie du port. Ce fort devenu une prison depuis le milieu du XIXe siècle sert toujours de pénitencier.
Au nord-est de Porto Azzurro, à un peu plus d'un kilomètre à vol d'oiseau, se trouvent les mines Terra Nera et Capo Bianco riches en différents minerais ferreux. De la mine Terra Nera, on extrayait de la pyrite, de l'hématite et de la magnétite. De celle de Capo Bianco, ainsi appelée pour la couleur de ses roches, il s'agissait principalement de la Lemonite
ÎLE D'ELBE, à Porto Azzurro
Porto Azzurro est une bien jolie station balnéaire avec sa promenade plantée de palmiers. Jusqu'à 16H, nous avons une heure pour arpenter les quais et le rues bien agréables. A l'extrémité sud-est de la baie, au-delà du Cap Lavolla, on aperçoit le Forte Focardo, une base militaire.
Capoliveri
Un trajet d'un petit quart d'heure suffit pour nous conduire dans cette localité de CAPOLIVERI, plus importante en surface (près de 4000 hectares) et en population (4000 habitants) que Porto Azzurro.
Paysage au sud de l'ÎLE D'ELBE
L'histoire du village de Capoliveri est très ancienne et remonte à l'époque étrusque-romaine. Du fait de sa position stratégique, il se présentait comme une forteresse élevée, à partir de laquelle il était possible de contrôler la circulation maritime, aussi bien à l'ouest qu'au sud, et même dans certains points les plus élevés, au nord, et voir l'antique Fabricia romaine (sur le site de l'actuelle ville de Portoferraio). Au Moyen Âge, Capoliveri fut fortifiée par les Pisans en raison des continuelles incursions des sanguinaires pirates sarrasins. Rappelons aussi, comme on l'a vu précédemment, qu'en 1814, les soldats de Napoléon durent affronter les citoyens de cette ville, guidés par deux prêtres, qui refusaient de payer de nouveaux impôts.
Jusqu'en 1906, cette localité faisait partie intégrante de Porto Longone, l'actuelle ville de Porto Azzurro, et à ce titre fit partie du protectorat espagnol de l'Etat de Presides de 1557 à 1801.
A 6 kilomètres, sur le territoire de la commune se trouve le mont Calamita, riche en gisements minéraux ferreux, magnétite notamment. La mine de Ginevro est la seule sur l'île d'Elbe où l'on a entrepris une excavation interne à travers des galeries qui pouvaient atteindre 54 mètres sous le niveau de la mer. La mine qui a cessé de fonctionner en 1981, était une des mines les plus modernes de l'Europe, construite à l'aide de techniques innovatrices pour l'époque. Au moment de l'interruption de l'activité d'extraction, seul 1/3 du gisement était exploité, alors qu'une importante quantité de fer est toujours présente jusqu'à 250 mètres au-dessous du niveau de la mer. On peut d'ailleurs voir aux abords de la ville des gros matériels rouillés témoignant de ce passé minier.
Ce village situé à 167 mètres au-dessus du niveau de la mer conserve encore l’aspect d’un bourg médiéval avec ses ruelles étroites à arcades appelées “chiassi” où se logent de petites boutiques artisanales et de sympathiques restaurants où l'on peut déguster quelque spécialité accompagnée d’un verre de vin. Justement, son nom d'origine romaine fait allusion à sa richesse viticole.
Chaque année depuis 40 ans, au mois d'octobre, les quartiers du village s’affrontent pacifiquement à l’occasion de la traditionnelle fête du raisin, la Festa dell'Uva en mettant en scène le thème des vendanges de de la vigne. Celle-ci doit se dérouler dans un bon mois, du 6 au 8 octobre, et on peut voir que les préparatifs se déroulent déjà de bon train. Les quatre quartiers de Capoliveri (Il Fosso, La Fortezza, Il Baluardo, La Torre) s'affrontent au cours de jeux et de compétitions qui attirent quelque 5000 visiteurs.
ÎLE D'ELBE, à Capoliveri
Ici également nous avons une heure pour parcourir les typiques ruelles pentues et les porches et arcades qui les relient. Après avoir vu le panorama sur la côte est, nous entrons dans la ville en passant sous l'arcade de la Via Silvio Pellico, pour monter au centre de la bourgade, la Piazza Giacomo Matteotti. Puis par la Via Roma, nous arrivons à une placette, un belvédère au-dessus de la côte, où l'on s'affère en vue de la tout prochaine fête des vendanges. Petit détour vers le Teatro Flamingo et par l'église Santa Maria Assunta.
A 17H30, nous reprenons la route vers Portoferraio pour y déposer notre guide Anna puis direction l'hôtel Tamerici à Marciana Marina...
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Mardi 3 octobre, matinée
On va quitter l'île d'Elbe... En raison des horaires prédéfinis avec les ferries, ce sera un départ très matinal de l'hôtel Tamerici, à 7H, pour rejoindre le port de Portoferraio. A 7H40, notre car est embarqué. Panorama sur la baie de Portoferraio un peu gâché par les nuages.
Revenus sur le continent, c'est un trajet de plus de 100 kilomètres qui nous sépare de Pontedera, ville située entre Pise et Florence. Nous y sommes aux alentours de 10H45. Nous arrivons dans une zone industrielle assez délabrée mais ni l'accompagnateur ni le chauffeur ne savent exactement où se trouve le musée de la société. En fait il se trouve au milieu des bâtiments industriels de la firme Piaggio et des parkings des scooters des employés... A son apogée, l'usine comptait plus de 12.000 employés... Depuis, elle a dû désaffecter une partie de ses bâtiments.
PONTEDERA est une ville de plus de 29 000 habitants. C'est une ville industrielle puisque ce secteur emploie 44% de la main-d'oeuvre.
Historique
PIAGGIO est un constructeur italien mondialement connu, qui a implanté à Pontedera en 1924 l'usine "Costruzione Meccaniche Nazionali di Pontedera. Elle produit des motos, scooters et cyclomoteurs, c'est l'inventeur du scooter Vespa.
Rinaldo Piaggio fonde la Société Rinaldo Piaggio en 1884, rebaptisée Piaggio & C. La société, d'abord spécialisée dans le mobilier pour navires de luxe, se lance dans la production de wagons de chemins de fer (1890), de moteurs, de cars, de tramways et de camions. Pendant la Première Guerre mondiale, la branche aéronautique Piaggio Aero créée en 1884, se développe et produit des moteurs d'avion. Cet effort aboutit à la construction d'avions dont l’hydravion futuriste Piaggio P7 (1929) et le bombardier entièrement métallique Piaggio P16 (1935). En 1932, l'ingénieur Corradino D'Ascanio, concepteur d'hélicoptères et futur inventeur de la Vespa entre chez Piaggio. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l'usine se consacre à la fabrication d'avions et de moteurs. Après l'armistice du 8 septembre 1943 entre les autorités italiennes et les anglo-américains, l'armée allemande occupa Piaggio di Pontedera, suspendant toutes les commandes de la Regia aéronautique italienne. Au printemps 1944, Enrico Piaggio, conscient des défis que l'entreprise aurait à relever avec la fin du conflit, a évalué la possibilité de construire un véhicule pour une conduite individuelle, pratique et économique.
En 1946, c'est le lancement du premier scooter: la VESPA ( "guêpe" en italien). La Vespa n'est pas seulement un scooter mais devient l'un des symboles du style et de l'élégance italienne dans le monde, avec une diffusion phénoménale de plus de 17 millions d'unités produites. Au même moment, la maison concurrente Innocenti dessine son premier scooter (dit modèle A) en 1947 dans son usine de Lambrate près de Milan, ce qui sera à l'origine du nom au scooter et de la marque Lambretta.
En 1957, une voiture la Vespa 400 sera fabriquée en France dans les usines des Ateliers de construction de motocycles et d'automobiles (ACMA), une entreprise implantée à Fourchambault dans la Nièvre.
En 1959, Piaggio passe sous le contrôle de FIAT qui va séparer les activités aéronautiques de celle des motocycles (Piaggio & C. SpA) et implanter une usine de Vespa en Inde. Dans les années 1960, la firme va racheter des concurrents comme GILERA et Puch. Son concurrent italien Lambretta cesse ses activités en 1972 A son tour, c'est Piaggio qui est racheté à deux reprises dans les années 2000, tout en ouvrant de nouvelles usines en Chine et au Vietnam.
Le groupe emploie 7000 salariés. Outre les trois sites étrangers dont il vient d'être parlé, le groupe Piaggio & C. SpA est implanté dans trois villes italiennes: à Scorzé, près de Venise (deux roues Aprilia), à Mandello del Lario (moto Guzzi) et donc ici, à Pontedera où sont implantées trois usines pour la fabrication de véhicules à deux roues sous les marques Piaggio, Vespa et Gilera, de véhicules pour les transports légers (fourgons), destinés au marché européen, et les moteurs pour scooters et motocyclettes.
La visite guidée du Musée Piaggio d'une heure peut être effectuée du mardi au samedi, à partir de 10H et sur rendez-vous (tarif pour groupes 10 à 30 personnes de 20 à 60€).
Le musée créé en l'an 2000 a vu le nombre annuel de visiteurs passer de 10 000 à 60 000. Sur deux étages, il occupe 3000m² dans un ancien atelier où sont présentés es centaines de modèles. C'st l'un des 5 musées des entreprises les plus visités en Italie.
PONTEDERA Museo Piaggio: avion Piaggio P148 (1951)
A l'entrée du musée et à l'extérieur, on peut voir des témoignages des activités originelles de la société: une motrice de train MC2554 (1936) ou encore un avion P148, avion d'entraînement acrobatique à deux places produit en 1951 (dans le hall sont présentés deux moteurs d'avion en étoile des années 1930) ou encore une télécabine.
Collection VESPA classique
On peut voir deux prototypes de 1943 et 1945 du fameux scooter lancé en 1946 (Vespa 98cc). L'année 1950 voit sortir la Vespa 125cc utilisée par Audrey Hepburn et Gregory Peck sur le tournage du film "Vacances romaines" en 1953 (réalisé par William Wyler). D'autres versions ont suivi: notamment en 1963 (en 50 cm3), en 1965 (en 90 cm3), en 1967 (en 125 cm3), en 1977 (en 125 cm3).
Avec l'introduction en 1962, de la plaque d'immatriculation obligatoire pour les véhicules de plus de 50 cm3, le marché du scooter a subit une forte baisse. La riposte de Piaggio a été immédiate avec la présentation de la Vespa 50 (V5A1T) en 1963, le nouveau scooter surnommé Vespino, sans plaque d'immatriculation obligatoire et ne nécessitant pas de permis pouvait être piloté dès 14 ans. La cible, visée par Piaggio, était clairement les jeunes adolescents. Le moteur était radicalement nouveau et ce fût le dernier scooter signé de Corradino D’Ascanio. Quelque 658 000 exemplaires furent produits de 1963 à 1983.
PONTEDERA Museo Piaggio: Vespa 125cc (1950)
Collection VESPA artistique et fantaisie
La légende intemporelle de la Vespa est traduite sous diverses formes d'expression artistique, notamment l'art contemporain et le cinéma.
La Vespa Dolce Vita de Paola Navone sortie en 1977. Une réinterprétation mythologique par l'artiste de Volterran Mino Trafeli, une Vespa PX allongée avec des encarts en albâtre créée pour une anthologie de l'œuvre de l'artiste tenue au Musée Piaggio en 2003, la Vespa créée en 2010 par Ugo Nespolo pour l'exposition "The Vespa and the Movies".
Citons également des interprétations de Vespa par des artistes éminents auteurs du design de la Vespa Venice de Lucca Moretto (2010) ou de la Vespa Talani de Giampaolo Talani (2012).
Pour marquer l'année 2015 - le 40ème anniversaire de la fondation de Giorgio Armani et le 130ème anniversaire du groupe Piaggio - Emporio Armani a conçu une version spéciale, la Vespa 946 Emporio Armani.
Quant au véritable bijou comme la Vespa Dalì , on en reparlera u peu plus loin.
PONTEDERA Museo Piaggio: la Vespa Venice (2010)
Un espace est consacré au cinéma (qui a joué un rôle essentiel dans la construction de la légende du Vespa dans le monde) avec un certain nombre de véhicules utilisés dans des films connus avec des plus mémorables de l'histoire du cinéma: "Vacances romaines" (1953) de William Wyler, "La Dolce Vita" (1960) de Federico Fellini, "Quadrophenia" (1979) de Franc Roddam, ainsi que "Caro Diario" (1993) de Nanni Moretti, "Alfie" (2004) de Charles Shyer et "The Interpreter" (2005) de Sydney Pollack.
PONTEDERA Museo Piaggio: la Vespa dans le cinéma
En 1967 sortait la Vespa Alpha du film "Dick Smart, agent 2007" (film d'action et d'espionnage italien tourné sous la direction de Franca Prosperija, interprété par Richard Wyler).
PONTEDERA Museo Piaggio: Vespa 180 Super sport Alpha (1967)
Cette section présente également des interprétations de la Vespa ET4 créés en 2001 par de jeunes designers telles la Vespa in Jeans, la Vespa Mucca Pazza ("vespa beef" dite "vache folle")...
PONTEDERA Museo Piaggio: Vespa Mucca Pazza
Collection VESPA sportives et autres Vespa
Des Vespa de compétition ont été produits en 1947, 1949, 1950 (Vespa Montlhéry carénée) et 1951 (Vespa Siluro carénée). Une version militaire a même été produites en 1958 pour les troupes aéroportées de l'armée française, la Vespa 150-T.A.P. équipée d'un canon sans recul de 75mm, fabriquée en France par l'usine ACMA.
PONTEDERA Museo Piaggio: Vespa 150 T.A.P. (1958)
On voit également la robustes Vespa 150 S Explorer dite Vespa Dali sur lequel deux étudiants de Madrid, Santiago Guillén et Antonio Veciana, ont entrepris un voyage "autour du monde en 79 jours" en 1962. Ce précieux spécimen porte la signature de l'artiste qui y a aussi inscrit le nom de sa muse, Gala.
PONTEDERA Museo Piaggio: Vespa Montlhery (1950)
Dès 1946, des engins ont été conçus pour le petit transport de passagers ou de marchandises avec la gamme de triporteurs APE ("abeille") tels que les Cassone ("le caisson"), Calessino ou Pentaro, connus ailleurs dans le monde sous les qualificatifs d'auto-rickshaws ou de tuktuks. Petite mention aussi du Ciao, un petit vélomoteur, genre mobylette, sorti en 1967.
PONTEDERA Museo Piaggio: APE Classic 400 décoré main
Collection Gilera
Une partie spéciale du Musée, enfin, est dédiée à la collection Gilera fabricant de motos racheté par Piaggio en 1969.
Outre des modèles plus récents, on peut y voir la "Rondine" carénée de 1937.
PONTEDERA Museo Piaggio: Gilera 500 (quatre cylindres)
Après cette visite, nous quittons Pontedera à midi et demi.
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Mardi 3 octobre, après-midi
De Pontedera à Pise, le trajet est court, à peine 30 kilomètres, sous un ciel plutôt gris.
PISE est une ville de près de 90 000 habitants, chef+lieu de province. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia (la grande voie romaine qui reliait Romme à la Gaule).
A la fin de l'Empire Romain, Pise devient le premier port du nord de la mer Tyrrhénienne. À la suite de la victoire de Charlemagne sur les Lombards, Pise devient une partie du Duché de Lucques mais, même si Lucques en est la capitale, Pise est la ville la plus importante. La puissance maritime de Pise s'accroît et atteint son apogée au XIe siècle, période où elle est l'une des quatre républiques maritimes d'Italie avec Venise, Gênes et Amalfi. En lutte contre les pirates sarrasins, Pise prend le contrôle de la Sardaigne et de la Corse. C'est à ce moment que sont mis en chantier les monuments de la Place des Miracles. L'indépendance de la cité est reconnue par l'empereur du Saint-Empire et elle participe à la Première Croisade. Le XIIe siècle voit Pise affronter ses rivales Gênes puis Amalfi. Dans les rivalités entre gibelins, partisans de l'Empereur, et guelfes, soutiens de la papauté, les Pisans se rangent dans le premier camp. Au XIIIe siècle, au cours de divers épisodes de guerres, Pise doit affronter Gênes, Venise et Lucques. Le pouvoir nobiliaire est renversé par le Popolo, l'élite marchande, d'abord les trois "Arts majeurs" (armateurs, entrepreneurs et lainiers) puis le Conseil est étendu aux "Sept arts".
Le déclin de Pise est brusque et retentissant puisque l'apogée de la ville se clôt en 1284 lors de la bataille de la Meloria. La flotte pisane, pourtant en supériorité numérique, est battue par la flotte génoise. Le déclin fut aussi provoqué par le changement de cours de l'Arno qui empêcha les navires de remonter le fleuve pour d'atteindre le port (qui par ailleurs s'envase) et par la malaria favorisée par les marécages environnants. Au XIVe siècle la ville tente de se redresser et affronte victorieusement Florence mais en 1406, c'est Florence qui prend le pouvoir sur la ville. Un siècle plus tard, elle tente encore d'échapper à la domination florentine mais celle-ci s'impose à nouveau et définitivement en 1509.
Aujourd'hui, plus des trois quarts de l'activité économique relève du secteur tertiaire (commerce de l'habillement, tourisme...). L'industrie est représentée par la fabrication de fibres synthétiques, de papier et de carton, par l'imprimerie et l'édition ou encore par la fabrication de véhicules de transport et de machines électriques, électroniques et optiques.
Il y a un kilomètre environ de marche entre le parking et l'entrée du site. Sous un ciel de plus en plus menaçant, nous sommes rapidement accompagnés par des vendeurs qui ont remisés chapeaux et brochures au profit de parapluies fantaisies qu'ils proposent préventivement.
Pour l'instant, pas encore de pluie. Nous arrivons en vue de la Torre di Santa Maria, à l'angle nord-ouest du site puis, avant la Piazza del Duomo ou Piazza dei Miracoli, c'est la "cour des miracles" avec tous les étals à souvenirs sur la Via Cammeo Carlo Salomone et la Piazza Daniele Manin, face à l'une des portes du site.
Piazza dei Miracoli
La Piazza del Duomo est une vaste esplanade, recouverte de pelouses et bordée sur un côté par les murs médiévaux (que l'on vient de voir en arrivant), qui forme le cœur religieux et monumental de la ville. Le surnom de Piazza dei Miracoli (place des miracles) lui vient d'un poème de Gabriele D'Annunzio (1863-1938, écrivain populaire et contesté.
Elle a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987.
PISE - Piazza dei Miracoli
Nous traversons rapidement la Place des Miracles pour aller déjeuner au Restaurant Il Turista car il est déjà 13H30. Un repas mouvementé car le repas à peine commencé, il faut quitter la terrasse que les parasols ne suffisent pas à protéger sous l'averse et se réfugier dans une salle que le personnel doit garnir en toute hâte.
Par chance, une heure plus tard, même si le ciel reste gris, in ne repleuvra pas de l'après-midi. De 14H30 à 15H, nous avons temps libre sur la Piazza dei Miracoli et nous nous laissons entraîner au jeu des touristes asiatiques qui consiste à faire des photos fantaisies en faisant semblant de retenir la tour penchée.
Puis, jusqu'à 16H30 environ, nous allons faire la visite en compagnie d'une Silvia, guide locale (en visite individuelle, le tarif est de 8€ -sans l'accès à la tour penchée).
Baptistère St Jean-Baptiste
La visite commence par le Baptistère Saint Jean-Baptiste situé à l'ouest de la cathédrale. C'est un édifice circulaire d'un peu plus de 107 mètres de circonférence et coiffé d’un dôme de 55 mètres de haut. C’est le plus grand baptistère d’Italie. Il fut construit entre le XIIe et le XIVe siècle à l'emplacement d'un ancien baptistère octogonal, avec une interruption due à l’excommunication papale infligée à la ville de 1241 à 1256 à la suite de la prise de position gibeline des Pisans. Par conséquent, si les deux premiers niveaux sont de style roman en rappel de la cathédrale, les 60 arcades supérieures sur colonnettes sont gothiques. Le baptistère a la particularité de posséder deux couvertures: une première tronc-pyramidale à base dodécagonale qui n’est visible que de l’intérieur et une seconde semi-sphérique, qui coiffe la première. Quatre portes correspondent aux points cardinaux. En 1396, l’orfèvre Turino di Sano réalisa la statue de saint Jean-Baptiste qui domine le baptistère.
PISE, le Baptistère St-jean-Baptiste
L’intérieur est réputé pour son acoustique et pour la chaire octogonale décorée par Nicola Pisano en 1260.
L'acoustique est si extraordinaire que lorsqu'une seule personne chante on a l'impression qu'il s'agit de tout un chœur. En effet, la disposition du dôme donne un singulier effet d'acoustique; émise à une certaine place, la voix humaine produit le son très pur de l'orgue que l'on peut apprécier particulièrement depuis la galerie. Les gardiens la font découvrir à intervalles réguliers.
Une oeuvre remarquable est la chaire du baptistère, datée de 1260, due à Nicola Pisano. De forme hexagonale, elle est supportée par sept colonnes dont l'une est surmontée d'un incongru "Hercules nu". Le garde-corps est décoré de cinq panneaux sculptés qui représentent des scènes de la vie du Christ.
PISE, le Baptistère St-jean-Baptiste: la chaire (pulpito) due à Nicola Pisano (XIIIe s.)
La vasque octogonale des fonts baptismaux occupe, comme dans toutes les constructions similaires, le centre du bâtiment. Les côtés sont en marbre finement et magnifiquement sculpté. les panneaux du XIIe siècle décorant l'autel ont été déplacés de la cathédrale vers le XVe.
Cathédrale (Duomo) Notre-Dame de l'Assomption
La visite suivante concerne la cathédrale. Le Duomo di Santa Maria Assunta commencé en 1064 et achevée au milieu du XIIe siècle est caractéristique du style roman pisan. L’extérieur est recouvert de marbre vert et blanc et la façade est remarquable par ses quatre rangées d’arcatures aveugles. L'édifice, tout comme la tour voisine, s'est enfoncé dans le sol mais plus légèrement. La façade due à Rainaldo, comme l’indique l’inscription Rainaldus prudens operator au-dessus de la porte centrale. Les trois portails sont surmontés par quatre galeries superposées à colonnettes. Le sommet est couronné d’une statue de la Vierge à l’Enfant tandis que des figures des évangélistes reposent sur les coins. Des portes de bronze, fondues en 1602 d’après les dessins de Jean de Bologne, remplacent celles existant à l’origine et détruites dans un incendie en 1595.
PISE, la cathédrale (Duomo)
L’intérieur est composé d’une nef à cinq vaisseaux de 100 mètres de long et d'un transept à trois nefs. L'intérieur rappelle les grandes mosquées avec l'alternance de bandes de marbre blanc et noir des arcades et le dôme elliptique inhabituel, d'inspiration mauresque. Les colonnes corinthiennes en granit situées entre la nef et l’abside proviennent de l’ancienne mosquée de Palerme, ramenées comme butin lors de l’expédition de 1063. La voûte de l’abside est décorée d’une grande mosaïque représentant un Christ Pantocrator. Cette grande mosaïque du Christ en majesté, entouré par la Vierge et de saint Jean l’évangéliste, a été achevée par Cimabue en 1302 et a miraculeusement survécu à l’incendie de 1595.
Autre élément remarquable, la chaire réalisée par Giovanni Pisano entre 1302 et 1311. Elle repose sur six colonnes de porphyre et cinq piliers, représentant des figures allégoriques et religieuses. Œuvre majeure de la sculpture médiévale, elle a été épargnée par l’incendie et entreposée durant les travaux de restauration. Ce n’est qu’en 1926 qu’elle fut redécouverte et remise en place (dans une position différente et avec plusieurs parties manquantes, y compris l'escalier).
PISE, le Baptistère St-jean-Baptiste: la chaire (pulpito) due à Giovanni Pisano (XIVe s.)
La cathédrale abrite la tombe de Rainier de Pise (Ranieri Scacceri, troubadour) et de Henri VII du Saint-Empire, sculptée par Tino di Camaino en 1315. Les 27 tableaux qui ornent la tribune derrière l'autel principal, représentent des épisodes des Ancien et Nouveau Testaments. Ils ont été réalisés entre le XVIe et le XVIIe siècle par les grands artistes toscans. A d'autres emplacements, on peut admirer d'autres peintures comme la Madonna delle Grazie d'Andrea del Sarto...
Le lustre de l'encens qui était au centre de la nef est dit de Galilée, parce que la légende veut que le grand scientifique a fait sur sa théorie du pendule, a été déplacé dans la chapelle Aulla.
La Tour penchée
Après la cathédrale, on ne peut éviter l'incontournable Tour de Pise, la tour penchée. Sa célébrité tient surtout à ce défaut de construction alors qu'elle devrait la détenir tout autant pour l'élégance de son architecture romane.
C'est en fait le campanile de la cathédrale. Haute de 58 mètres, elle est composée de huit étages soutenus par des colonnes en marbre de Carrare. Cette tour creuse, est composée de deux cylindres de pierre concentriques (l'externe de 15,50 mètres de diamètre et l'interne de 7,40 mètres (4,2 m au sommet) entre lesquels court un escalier en colimaçon de 293 (ou 294)marches. Sa masse estimée est de 14 500 tonnes.
La tour penche depuis les premières années de sa construction, débutée en 1173 (soit une dizaine d’années après le début des travaux de la cathédrale), en raison d’un affaissement du à un sous-sol en marne. Deux siècles plus tard, lorsqu'elle fut inaugurée, elle s'était affaissée de 4,50 mètres, bien que les quatre étages supérieurs aient été construits sans conserver l'inclinaison pour tenter de la compenser. A cette époque, son inclinaison dépassait déjà 1,5°. Celle-ci a dépassé les 5,5° en 1993 pour être aujourd'hui ramenée à environ 4°.
Avant la fermeture au public, la tour recevait déjà 3 millions de visiteurs par an. Après avoir été visitée par plus de 30 (ou 18?) millions de personnes depuis le milieu du XXe siècle, elle a été fermée en 1990 pour la sécuriser par des travaux réalisés entre 1993 et 2001. A l'aide de procédés cryogéniques, de charges de plomb et d'excavation, les experts lui ont redonné un certain équilibre. Redressée et stabilisée, elle est ouverte à nouveau au public. En 2013, il a été constaté que la Tour recommençait à se redresser sans qu’aucun travail supplémentaire n’ait été effectué!
PISE, la Tour penchée
La visite de la tour (que nous n'avons pas faite) n'est possible que par réservation préalable et s'effectue en trente minutes par groupes de 10 (ou 30?) personnes avec un guide spécifique. Il en coûte de plus de 10 à plus de 20€ par visiteur, un tarif variant selon les dates et horaires...
Derrière la tour et la cathédrale, le Camposanto est le cimetière monumental. Il se compose comme un vaste cloître étiré en longueur avec des fenêtres gothiques à quatre baies. Commencé en 1277, il ne fut achevé que deux siècles plus tard. Le centre contient de la Terre sainte ramenée par les croisés. Les nombreuses fresques qui le décoraient ont été endommagées pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Certaines ont été sauvées et restaurées, comme le Triomphe de la Mort et leurs dessins préparatoires, détachés, sont exposés dans le Museo delle Sinopie situé en face, de l'autre côté de la place.
Encore trois quarts d'heure de visite libre et nous quittons le site à 17H15 pour retourner au car.
Une trentaine de kilomètres pour rejoindre notre dernier hôtel, l'hôtel Bracchiotti sur la Riviera de la Versilia, à Lido di Camaiore. Mauvais souvenir avec la réceptionniste acariâtre qui nous accueille vers 18H30.
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Mercredi 4 octobre
Départ de Lido di Camaiore à 8H. Nous avons 65 kilomètres à parcourir vers le nord, le long de la côte toscane dans la province de Massa et Carrare puis un petit bout de la côte ligure dans la province de La Spezia (95 000 habitants), un port situé entre Pise et Gênes. Avant d'arriver à La Spezia, nous pouvons apercevoir de jolis villages perchés de Trebbiano Montemarcello et Vezzano Ligure.
A 9H, nous dépassons le port militaire (Arsenal) et marchand de La Spezia pour rejoindre les Cinque Terre. Une demi-heure plus tard, le car nous dépose en haut du village de Manarola.
Manarola est l'un des cinq villages DES CINQUE TERRE classés au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO en 1997, avec Riomaggiore, Corniglia, Vernazza et Monterosso al Mar. Le classement Unesco inclut également Portovenere et trois îles voisines.
L'origine des villages des CINQUE TERRE remonte au XIe siècle, lorsque les gens du Val di Vara ont franchi le bassin versant des montagnes côtières qui les séparait de la mer et sont allés vivre en permanence sur la côte de la mer. Comme partout en Europe de l'ouest, cette migration était liée à l'augmentation de la population et à la libération de la Méditerranée de la menace sarrasine.
Les Cinque Terre et une grande partie de la Ligurie orientale deviennent génoises en 11276. La domination de Gênes a assuré aux Cinque Terre une période de calme politique et un développement économique et commercial. Au cours de cette période, on assiste à l'expansion de la viticulture grâce aux travaux de terrassement des collines tandis que le vin produit acquiert une notoriété dans toute l'Europe. Dans les Cinque Terre cette prospérité s'est exprimée dans la construction de nouvelles églises, plus grandes et plus belles qui ont remplacé les premiers édifices.
Puis la région a suivi les aléas de l'histoire de la république génoise qui a géré ce territoire au travers du Podesteria de Vernazza, jusqu'à son déclin. Avec Napoléon Bonaparte, en 1797 ce territoire est rattaché au Département du Golfe de Venere, dont le siège est à La Spezia, au sein de la République de Ligurie. Formé en canton, le chef-lieu en fut Vernazza puis Riomaggiore. Au sein du Premier Empire de Napoléon, de 1805 à 1814, ce territoire dit partie du département des Apennins. En 1815, il a été incorporé dans le royaume de Sardaigne établit par le Congrès de Vienne de 1814, et plus tard, en 1861, dans le royaume d'Italie.
Cette région constitue la partie orientale de la Riviera di Levante qui s'étend sur 130 kilomètres depuis Gênes.
Jusqu'au dernier moment Frédéric nous a tenu dans l'expectative: la mer allait-elle permettre de faire cette découverte en croisière côtière ou bien allions-nous devoir utiliser le train?
Jusqu’à la fin du XIXème siècle ces villages étaient dans une situation de complète isolement et on pouvait y arriver seulement à pied ou par la mer. En 1860 (les travaux sont terminés en 1874) la construction de la ligne du chemin de fer entre Genova et La Spezia et qui traverse ce merveilleux territoire presque totalement dans les tunnels (il y a 32 galeries !) et donc sans ruiner le paysage, a permis de visiter les villages de Monterosso, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore avec grande facilité. Les trains locaux ou régionaux, qui arrivent de Sestri Levante en direction de La Spezia ou le contraire, s’arrêtent dans tous les villages et il y en a presque toutes les heures. Certaines trains des lignes nationales (Rome-Gênes...) ou internationales s’arrêtent seulement dans les Gares de Monterosso ou Riomaggiore. En individuel une carte à 8€ par personne permet sur une journée d'effectuer l'aller-retour entre les villages, d'accéder aux sentiers de randonnées, d'utiliser les minibus...
Pour nous, ce sera finalement en bateau. Ce service fonctionne du printemps (avril) à octobre. Ceci explique peut-être la forte affluence en cette fin de saison... Beaucoup de passagers sont bien incapables de trouver où s'assoir, serrés comme des sardines sur tous les espaces libres sur le pont. Gros drame si un naufrage survenait!
En individuel, il en coûte environ 25€ pour la journée. Corniglia qui n'a pas d'accès à la mer n'est donc pas desservi.
Cinque Terre: MANAROLA
Avant d'embarquer, nous avons le temps de visiter le village de MANAROLA avec notre guide locale Chiara. Ce pourrait être le plus ancien village des Cinque Terre et son nom viendrait de la roue d'un moulin. Administrativement, Manarola est un hameau de Riomaggiore.
Après être passés près d'un monorail utilisé pour les travaux agricoles (vendanges notamment) sur les terrasses dominant le village, nous descendons une rue pentue menant au centre du village. Dommage qu'en cette heure encore matinale, le village soit encore dans l'ombre...
Arrêt devant l'église San Lorenzo, un édifice du XIVe siècle, simple bien que dotée d'un jolie rosace. Nous poursuivons notre descente et nous quittons bientôt la rue principale par la petite Via Belvedere qui conduit à un belvédère comme son nom l'indique. Pour desservir les maisons de ces rues pentues, on utilise un engin à chenilles caoutchoutées muni d'un caisson. Puis, en descendant la ruelle en escalier, la Scalinata Pezzali, nous revenons sur la route principale.
Du côté opposé, par le Balcone dell'Artiglieria situé en dessous du cimetière, nous pouvons avoir un point de vue tout à fait différent.
Au Cinque Terre: MANAROLA
A 10H30, il faut prendre le bateau qui n'accoste pas dans le minuscule port mais près de rochers menaçants, avec une passerelle qui danse au gré de la houle. On comprend que la desserte maritime du village soit aléatoire... Le bateau est surchargé et il faut rester debout, serré comme dans le métro aux heures de pointe.
Bonjour la sécurité!
Cinque Terre: CORNIGLIA
Très beau point de vue sur cette belle côte depuis la mer. Sur les hauteurs, on peut apercevoir le village de Volastra. Par intermittence, entre les tunnels, on aperçoit la ligne de chemin de fer.
Bientôt, nous sommes face à CORNIGLIA (245 habitants). Le village est accessible au bout de la Lardarina, un escalier en brique de 377 marches.
Nous n'y débarquons pas...
Au Cinque Terre: CORNIGLIA
Cinque Terre: VERNAZZA
Nous arrivons bientôt à VERNAZZA. Nous avons une heure pour découvrir le village, ses rues et ruelles.
C'est un village d'environ 900 habitants, autrefois le plus prospère des Cinque Terre. C'est le seul port naturel entre Sestri Levante et La Spezia. Le château de la famille Doria dont la tour domine le village rappelle son riche passé économique. Au XIIe siècle, les gens d'ici ont pratiqué la guerre de course au nom de Gênes contre Pise. Jusqu'au XIIIe siècle, le village a appartenu à la République de Gênes.
Proche du petit port, l'église de la paroisse de Sainte Marguerite d'Antioche du XIVe, flanquée d'un haut clocher octogonal situé au-dessus de l'abside, domine la mer. Compte tenu des contraintes dues au relief, l'entrée se fait en côté de l'abside qui est orientée au nord et non à l'est.
Le village est difficilement accessible par la route. En octobre 2011, Vernazza a subi des inondations et coulées de boues suite à des pluies torrentielles, qui ont laissé la ville enfouie dans plus de 4 mètres de boue et de débris et entraînant l'évacuation de la localité.
Au Cinque Terre: VERNAZZA
Cinque Terre: MONTEROSSO AL MARE
A midi et demi nous sommes à nouveau sur le bateau pour rejoindre le village de MONTEROSSO AL MARE, le plus à l'ouest des 5 villages. Au IXe siècle, le village a été construit à l'embouchure du ruisseau Buranco. Situé au centre d'un petit golfe, le vieux village conserve toujours le caractère médiéval originaire avec ses case-torri (maisons-tours) et carruggi (ruelles étroites). Le village est dominé par les vestiges d'une forteresse et par des remparts.
Avec 1500 habitants, c'est le second en importance après Riomaggiore. C'est la localité la plus vivante grâce à sa plage de sable, la plus étendue de cette partie de la côte.
L'Église paroissiale de Saint-Jean-Baptiste se situe dans le centre historique de Monterosso. Les travaux de construction de l'église ont commencé en 1282 et se sont terminés en 1307. C'est une basilique à trois nefs dont le clocher se compose d'une tour carrée datant de la période médiévale. Le portail de l'église représente une fresque du Baptême du Christ. L'Oratoire de Santa Croce, également dans le centre historique, date du XVIème siècle.
Au Cinque Terre: MONTEROSSO AL MARE
A 13H, nous déjeunons au restaurant La Cambusa, l'occasion de découvrir les trofie ou trofiette au basilic, une spécialité de pâtes ligures roulées à la main. Après le repas, nous avons encore un peu de temps pour se balader car le bateau de retour ne part qu'à 15H.
Cinque Terre: RIOMAGGIORE
Sur un bateau bien moins chargé que pendant la matinée, nous voici repartis, repassant au large de Vernazza, de Corniglia, puis de Manarola (surmonté par le village de Volastra) et enfin RIOMAGGIORE, le village le plus à l'est et le plus important avec près de 1600 habitants. Le centre historique que l'on verra seulement depuis la mer, date du XIIIe siècle. Il est situé dans la vallée du torrent Rio Maggiore, antique Rivus Major duquel il tire son nom. Près des ruines de l'ancien château du XVIe siècle, s'élève l'église Jean le Baptiste construite en 1340. Comme de nombreux villages de pêcheurs ligures, les maisons-tours sont peintes de chaudes nuances d'ocre. Avec ce dernier village, nous quittons les Cinque Terre à proprement parler.
Au Cinque Terre: RIOMAGGIORE
En périphérie des Cinque Terre: PORTOVENERE
Poursuivant la navigation vers l'est, nous pouvons apercevoir à mi-pente une sorte de château néogothique, l'Azienda agricola Albana La Torre, un peu avant d'arriver au niveau d'un trait de côte et d'un îlot de roches rouges, "Scoglio Galera" ("le boulet") surnommées "le Rosse" à cause de leur couleur due à la présence d'oxyde de fer.
Nous voici tout près de PORTOVENERE (ou PORTO VENERE), à hauteur de Grotte de Arpaia dite aussi Grotte Byron car c'est l'entrée d'une grotte sous-marine dans laquelle le poète anglais Lord Byron (1788-1824) se rendait à la nage. Sur les hauteurs se dresse la masse imposante du Castello Doria tandis que l'extrémité de la pointe est surmontée par la Chiesa di San Pietro. Le bateau se glisse dans les étroites Bouches (100 mètres) entre cette pointe et l'île Palmaria
Devant nous, s'étale Portovenere, une petite ville de 3600 habitants qui, bien que n'appartenant pas aux Cinque Terre, a été inscrite en même temps au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1997.
Les Ligures y ont précédé les Romains. La ville doit son nom à ces derniers puisque "Venere" désigne la déesse Vénus. Détruite par les Lombards et assaillie par les Sarrasins et les Normands, elle passe sous le contrôle de Gênes au début du XIIe siècle et un nouveau village fut construit alors.
C'est devenu un lieu de villégiature renommé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
En marge des Cinque Terre: PORTOVENERE
Nous débarquons à 16H pour une visite d'une heure.
Nous entrons dans la vieille ville par une porte fortifiée. Au-dessus, une inscription porte la date "1113". La rue principale bordée de commerces à vocation touristique est pittoresque par ses couleurs, ses décorations des façades, sa jolie fontaine de marbres blanc et noir. Nous n'avons pas assez de temps pour aller à l'église paroissiale Saint Laurent (ou santuario della Madonna Bianca) construite au-dessus du village (XIIe siècle puis XVe-XVIe siècles).
En revanche, poursuivant par la Via Giovanni Capellini, en laissant à gauche la Torre di Venere, nous voici à l'église Saint Pierre, l'église du premier village. Elle incorpore des éléments d'une église primitive de style syriaque construite au Ve siècle. Au XIIIe siècle, elle doit son style gothique et sa maçonnerie alternant bandes noires et blanches. Elle fut consacrée en 1198. Elle a perdu son rang d'église paroissiale au XIVe siècle, supplantée par l'église Saint Laurent.
Il est temps de retourner au bateau pour le court trajet qui va nous faire terminer la croisière à La Spezia où nous attend notre car. Avant d'entrer dans la rade de La Spezia, nous laissons sur la droite le rocher supportant les vestiges génois de la Torre Scola (ou Torre di San Giovanni Battista) du début du XVIIe siècle. Le port de La Spezia est dominé par des villages perchés, proche comme celui de Pitelli ou beaucoup plus éloigné comme Vezanno Ligure.
Le car quitte La Spezia à 18H pour regagner Lido di Camaiore après avoir traversé la région de Carrare, avec tous les établissements de marbrerie installés le long de la route. Arrivés à l'hôtel, Giuseppe nous quitte dans la mesure où ce ne sera pas lui qui assurera le transfert à l'aéroport le lendemain.
Jeudi 5 octobre
Le départ du car assurant le transfert vers l'aéroport de Pise ne partant qu'à 9H45, nous tentons une petite balade découverte de la station balnéaire. Déception car le front de mer est inaccessible car occupé par les plages privées des établissements de bains et des hôtels. Ils exploitent toralement la plage rectiligne de sable fin qui s'étend sur une douzaine de kilomètres de Forte dei Marmi, au nord, à Viareggio, au sud (il n'y a qu'une minuscule plage libre tout au bout de Viareggio). De plus, la saison terminée, toutes ces plages sont fermées.
Vol de retour à 12H45 sur un Airbus A319 de la compagnie espagnole Volotea. Le ciel dégagé par intermittence permet de prendre quelques points de repère: Turin, massif des Ecrins, Clermont-Ferrand puis de côte rochelaise avant d'arriver sur le lac de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu tout proche de l'aéroport Nantes-Atlantique où nous arrivons à 14H45...
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