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CATANE -> ETNA => TAORMINE
Après une nuit tranquille passé à Acireale (Hôtel Capomulini), à une douzaine de kilomètres au nord de Catane, nous abordons les trois jours consacrés principalement à la Sicile volcanique en partant de bon matin (7h45) pour notre matinée sur l'Etna. Par chance, le temps s'avérera favorable alors qu'il s'ennuagera sur les hauteurs dans l'après-midi.
Les fameux seins de Sainte AGATHE... Avec Sainte Rosalie (Santa Rosalia), patronne de Palerme, Sainte Agathe (SantAgata), patronne de Catane, on a là deux images très vénérées en Sicile. Nous reparlerons de la première lorsque nous serons à Palerme. Mais
ici, venons-en à Agathe, sainte, vierge et martyre, qui est fêtée
le 5 février. De
cette histoire, on trouve une trace mercantile et d'un goût douteux dans
la gastronomie régionale, ce sont les fameux Seins de Sainte Agathe.
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Nous
repassons à Catane avant de commencer l'approche de l'Etna. C'est
le plus grand volcans d'Europe en activité et, avec quelque 70 éruptions au cours du
XXe siècle, c'est l'un des plus actifs du monde. Son périmètre
est d'environ 550 km et il couvre 1200 km². Il est couronné par
quatre grands cratères.
Le volcanisme
en Sicile se manifeste depuis 500 000 ans.
Catane fut fondée au VIIe siècle av. J.-C. par des colons grecs ( vers -752). Outre les destructions dues aux guerres, elle subit la fureur de l'Etna qui consuma la ville en 121 avant J-C.
Devenue romaine, Ste Agathe y fut martyrisée en février 251, coïncidant avec un tremblement de terre auquel succéda l'année suivante une éruption qui faillit détruire la ville (la tradition veut que le miracle est dû au voile de la sainte).
Seins
de Saint Agathe, la cerise sur le gâteau...
En
1169, un séisme provoqua la mort de milliers de personnes. Encore en 1329
et 1381, elle fut gravement endommagée par des tremblements de terre. Le
tremblement de 1693 dont l'épicentre se situait au sud-est de l'île
(Val di Noto) fut très meurtrier (60 000 morts dont 16000 à
Catane) et fut ressenti jusqu'à Palerme. Huit villes furent reconstruites
dont Catane (architecte Giovanni Battista Vaccarini), Caltagirone, Raguse...
En
1669, des coulées historiques, 700 millions de m3
de lave se déversèrent sur 12 villages qui furent anéantis ainsi qu'une partie de la ville.
Enfin, en 1869 et 1881, des éruptions de l'Etna détruisirent plusieurs
quartiers. On voit d'ailleurs très bien des traces de ces coulées
aux abords de la ville.
Le site de l'Etna ne sera classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco
qu'en 2013
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La route sinueuse aborde la face sud du volcan par les villages de Paterno, Belpasso et Nicolosi. De rares fermes, de petites parcelles montrent que les hommes cohabitent avec le monstre voisin. Peut-être n'ont-ils pas toujours eu d'autres choix ? Le sol riche, le climat favorable et les brassages culturels y ont amené vignes et oliviers (apports grecs), agrumes dont les fameux citronniers (apport arabe) et même exotiques kakis (plaqueminiers à moins qu'il s'agisse de néfliers du Japon, aux fruits également de couleur abricot).
Puis une végétation
plus rustique et forestière de châtaigniers et bouleaux aux sous-bois
égayés d'asphodèles en fleurs, valérianes, cède
bientôt la place à un sol rocailleux et brunâtre occupé
de-ci de là par une maigre végétation colonisatrice de genêts
nains, rumex rougeâtre et camomille.
Enfin, à partir de 1500 m,
le paysage devient tout à fait lunaire avec les coulées de lave
figées.
Les
bus s'arrêtent là, à 1800 m, au niveau des cratères
éteints des Monts Silvestri.
La plupart d'entre nous optent pour l'option
à supplément (51€ en tarif groupe) pour atteindre Montagnola
à 2600 m, la station haute du téléphérique, puis
2920 m par minibus 4x4 au niveau de la Torre del Filosopho, ce qui nous laisse
encore 400 m en dessous du cratère sommital.
Des randonneurs courageux
affrontent l'ascension du volcan avec vêtements chauds, casque, chaussures
de montagne, bâtons. Il est possible de louer de l'équipement à
la gare supérieure du téléphérique.
D'immenses
névés recouvrent encore les pentes mais il est vrai que le paysage
de lEtna est magnifique car on y trouve durant sept mois de lannée
de la neige dont la fonte est retardée par les couches de cendre qui viennent
la saupoudrer de temps à autre.
Au gré des éruptions
qui tantôt le décapitent et tantôt le surélève,
il a gagné 80 m de hauteur depuis le début du XXe s.,
ce qui le porte à environ 3350 m actuellement. Lors d'éruptions
majeures, les fontaines de laves jaillissent à des centaines de mètres de
hauteur.
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L'Etna (vu de 2900 m.)
Mais, l'Etna a une histoire bien plus ancienne puisqu'il est sorti de la Mer il y a 500 000 ans.
Les éruptions effusives (coulées de lave très fluide qui deviennent plus visqueuse à la fin d'une phase éruptive) se déroulent généralement à partir de fissures éruptives ouvertes sur les flancs de la montagne, particulièrement au sud-est, tandis que les manifestations explosives de type strombolien se déroulent dans les quatre cratères sommitaux de l'Etna . Catane, seconde ville de Sicile (300 000 habitants), se trouve donc particulièrement exposée. Elle a souvent été touchée par des coulées de lave qui ont rejoint la mer, et fut gravement endommagée en 1669 et en 1693 par des tremblements de terre. L'éruption de 1669 détruisit complètement 12 villages situés dans la plaine et expulsa 700 millions de m3 de lave.
De l'histoire volcanique très récente de l'Etna, il faut retenir quelques dates. De décembre 1991 à mars 1993, des coulées ont menacé le village de Zafferana Etnea (son nom d'origine arabe évoque la couleur jaune) et des blocs de béton furent héliportés pour tenter d'obstruer le cratère. En 2002, le téléphérique a été détruit par une éruption. De 2008 à 2010, une partie de Piano Provenzana (Valle del Bove) a été détruite par des cendres.
Fumée
blanche sur le sommet...c'est bon signe ! On voit bien les cratères formés
suite aux éruptions de 2001 et 2002... La terre est toujours chaude, ça
sent un peu le soufre, ça fume...
En compagnie d'un guide, nous effectuons
un petit circuit nous faisant passer près des ruines de l'ancien refuge
"Torre del Filosofo" (le nom évoque l'histoire légendaire
du philosophe grec Empédocle qui en aurait fait l'ascension au Ve s.
av. J-C et que le volcan aurait consumé, refusant l'offrande qu'il lui
avait faite).
Puis, après avoir traversé un névé,
nous faisons le tour d'un cratère d'où s'échappe de la vapeur
et dont le sol est encore bien chaud. Notre altitude maximale est de l'ordre de
3000 m et l'on distingue difficilement Catane dans la brume. Plus proches,
nous avons en vue de magnifiques petits cratères sur le flanc sud-est du
volcan.
Le vent rend la température bien fraîche sur nos visages
alors qui si on t touche le sol, il est bien chaud.
Le nom du volcan ETNA viendrait du
terme grec Aitho qui signifie "qui brûle" ou serait emprunté
à la mythologie grecque, le nom d'Ætna désignant le fils géant
d'Ouranos. La littérature grecque avec Homère et latine avec Virgile
évoque les Cyclopes, fils de Poséidon, ces géants sauvages
et cannibales, ne craignant ni les dieux ni les hommes, qui vivent en élevant
des moutons, notamment dans l'île de Trinacrie, c'est-à-dire en Sicile.
L'origine mythologique de l'Etna est liée à la gigantomachie
: le géant Encelade, puni par la déesse Athéna pour avoir
déserté le champ de bataille contre les Titans, se retrouve écrasé
sous l'île de Sicile. Les coulées de lave du volcan correspondent
à son haleine de feu et il provoque des séismes d'origine volcanique
lorsqu'il se retourne.
La mythologie grecque situe par ailleurs les forges
du dieu Héphaïstos sous l'Etna où il y fabrique les armes des
dieux de l'Olympe tels que le trident de Poséidon ou la foudre de Zeus
avec l'aide des cyclopes.
Redescendus au parking, nous poursuivons en direction du nord, en passant par
le village de Zafferana Etnea avant de gagner l'autoroute côtière
qui joint Catane à Messine. L'ancienne colonie grecque de Naxos est devenue
une station balnéaire tandis que nous arrivons sous la citadelle de Castel
Mola qui servait de refuge aux colons pendant les conflits.
C'est par des tunnels
que l'autoroute affronte l'obstacle.
A noter la particularité de la
signalisation routière en Italie inverses par rapport à la France,
ici les panneaux autoroutiers sont verts et ceux des nationales sont bleus. Par
ailleurs, depuis le 1er juillet 2003, l'usage des feux de croisement est obligatoire
en plein jour en dehors des agglomérations.
C'est
au pied de cet éperon du mont Tauro que s'est installée Taormine,
l'une des villes les plus touristiques de Sicile. P
C'est notre première
incursion dans la Sicile normande.
TAORMINE,
agrippée aux flancs du mont Tauro, surplombant la mer et dominée
par le cratère de l'Etna, bénéficie d'une situation des plus
spectaculaires.
Fondée par les Sicules, elle fut investie par les Grecs
au Ve siècle avant J.-C. à la suite de la destruction de Naxos par
Denys l'Ancien en 403 av. J.-C.
Les Romains l'occupèrent à leur
tour, puis cédèrent la place aux Byzantins qui firent d'elle leur
capitale sicilienne. Détruite par les Arabes en 902, elle demeura malgré
tout un centre économique et artistique.
Nous déjeunons dans le cadre paradisiaque de l'Ariston qui domine le rivage (outre des pastas, on nous y a servi de l'espadon). Les pentes arides sont propices aux cactées, les figuiers de Barbarie (en fait originaires du Mexique avant d'avoir conquis l'Afrique du Nord) sont en fleur et ils voisinent avec d'autres planes originaires des plateaux mexicains, les agaves également en fleur et les cactus candélabres...
La rue principale de la ville, le Corso Umberto I, est envahie par la foule qui flâne devant les boutiques de souvenirs, les restaurants et les glaciers...La découverte libre de la ville dans un temps limité impose des choix et donc des impasses.
Certains
ont privilégié la visite du théâtre gréco-romain,
(IIIe s. av. J-C mais agrandi à plusieurs reprises et qui servait
de lieu de représentation de tragédie et de combats de gladiateurs).
En importance, il venait après celui de Syracuse.
C'est un monument
assez bien conservé et qui, surtout, offre en un seul regard une vue remarquable
tant sur la baie que sur l'Etna (lorsque le ciel est limpide). Il est toujours
utilisé pour de grands concerts.
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TAORMINE - le théâtre vu depuis le Jardin Public
L'alternative,
c'est de parcourir la ville.
Nous commençons par nous rendre au jardin
public. Cet ancien parc créé en 1984 par Lady Florence Trevelyan,
et égayé de "folies victoriennes" , a été
racheté par la ville en 1922 . Curieusement les arbres servent de monuments
aux morts car ils portent des plaques au nom de soldats morts lors des deux dernières
Guerres Mondiales. De là, on a une belle vue sur le port où accostent
les paquebots et on aperçoit les superstructures du théâtre.
Des boutiques aussi.
On
peut y voir toutes sortes de
poteries modernes siciliennes, notamment les étranges vases de fleurs en
céramique, en majorité polychromes, sous forme de tête
humaine, de femmes et d'hommes, évoquant souvent les personnages de l'épopée
"carlomanesque" (carolingienne en bon français) sans oublier
les trinacria.
On trouve aussi beaucoup de plats et de sièges
de chaises, en céramique à motif polychrome, végétal,
d'arabesque ou d'animaux de mer.
Les couleurs sont celles de la céramique
traditionnelle jaune antique bleu jaune orange vert émeraude ou plus rarement,
les rouges et les noirs.
Dans
certaines boutiques on peut voir des charrettes décorées
ou, le plus souvent, leurs roues. C'est un symbole populaire de la Sicile et du
folklore sicilien. Mais les boutiques proposent au chaland des miniatures (chinoises)
plus ou moins kitsch, avec cheval paradant la tête ornée d'un chanfrein
(bouquet de plumes) chamarré.
Continuant dans le registre plus ou moins folklorique, évoquons, aussi un instrument de musique traditionnelle, particulier à la Sicile, que l'on voit également à l'étal de certaines boutiques. Il s'agit de la guimbarde, appelée marranzanu. C'est l'un des instruments de musique les plus anciens du monde et largement répandu dans diverses civilisations.
Autre
thème du folklore sicilien présent un peu partout dans les rues
et boutiques de souvenirs, l'évocation de Charlemagne et de ses
preux et de leurs combats contre les Sarrazins, notamment avec l'aide de Roland,
rebaptisé ici Orlando.
On en trouve des illustrations y compris
pour habiller des portes de garage! Mais l'utilisation principale de ces thèmes
médiévaux se trouve dans le théâtre de marionnettes
sicilien (Opera dei Pupi) dont les principales variantes sont le pupo
catanais, le pupo d'Aci (petite ville de région de Catane) et le
pupo palermitain.
Donc
promenade tout au long du Corso Umberto I, depuis la Porta Messina
jusqu'à la Porta Catania, et même un peu au-delà.
Successivement, on peut voir le Palazzo Corvaja ou Corvalia (XIIe-XIIIes.)
construit autour d'une tour sarrazine et qui abrita le premier Parlement de Sicile
en 1410. Quelques pas dans une petite rue amènent aux vestiges d'un petit
(200 places) Odéon romain du IIe s. bâti à l'emplacement
d'un temple grec dédié à Apollon. Ces vestiges se retrouvent
en partie sous l'église voisine, l'église baroque Santa Caterina.
Plus loin, après avoir été englouti dans les vagues de touristes
débarqués des paquebots, on arrive à l'église gothique
San Agostino (transformée en bibliothèque) et à l'église
baroque San Giusseppe.
La Tour de l'Horloge du XIIe s. fut rebâtie
au XVIIe.
Puis nous arrivons sur la Place des Quatre Fontaines, devant la
Cathédrale ou Duomo, édifice crénelé d'origine
normande, du XIIIe siècle, qui a été largement remanié
(dernières restauration en 1636).
Un mariage allait s'y dérouler
et le marié attendait sa Belle devant l'entrée...
Enfin, nous
franchissons la Porta Catania avant de revenir sur nos pas...
Nous reprenons l'autoroute
en direction de la côte nord, en continuant d'emprunter de nombreux tunnels
percés sous les Monts Peloritani.
De temps à autres nous apercevons
des vergers d'agrumes. Alors que la production des fameux citronniers de Sicile
est permanente, les orangers produisent deux récoltes, aux saisons intermédiaires,
printemps et automne.
Nous faisons un bref arrêt au-dessus de Messine (chef-lieu d'une province de Sicile, 250 000 habitants). Nous avons une vue en direction de la Calabre, avec Reggio de Calabre sur la droite de la photo ci-dessous, tandis qu'au centre, on aperçoit au ras de l'eau l'avancée du Cap Peloro en Sicile qui se détache de l'arrière-plan lointain formé par le massif Capo Vaticano en Calabre.
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Messine et la Calabre en arrière-plan
Un
projet vieux de plus de 30 ans pourrait favoriser le développement de la
ville: la réalisation d'un pont routier et ferroviaire suspendu sur le
détroit de Messine. C'est un ouvrage pharaonique avec le plus long tablier
du monde de 3300 m. La décision de le construire a été prise
par Berlusconi en 2003 et un marché a été conclu en 2005.
L'ouvrage devait être achevé en 2010, il pourrait l'être en
2012. Quant à son coût fixé à 4,6 milliards d'€uros
en 2003, il s'élevait déjà à 6,1 md en 2009...
A
défaut, un ballet de navires fait la navette avec la Calabre en coupant
dangereusement la route à ceux qui empruntent longitudinalement le détroit.
En revanche, deux pylônes électriques, l'un ôté sicilien
(on le distingue à peine sur le Capo Peloro et d'aucuns le surnomme "La
Tour Eiffel des Pauvres") et l'autre côté calabrais, permettent
le franchissement d'une ligne à haute tension.
La ville correspond au Scylla de la mythologie grecque.
Charybde
et Scylla
sont deux monstres marins de la mythologie grecque, situés de part et d'autre
d'un détroit traditionnellement identifié avec celui de Messine.
Dans
lOdyssée, Ulysse est appelé à franchir le détroit
avec son navire, puis est confronté à Charybde une seconde fois,
après un naufrage. Ils passent au large de Charybde, mais ne peuvent éviter
l'autre monstre, Scylla, qui enlève et dévore six marins.
Cette
légende est à l'origine de l'expression tomber de Charybde en Scylla,
qui signifie "éviter un péril pour tomber sur un autre".
Plus précisément Charybde symbolise le "tout ou rien",
la mort pour tous ou la vie pour tous, selon un jeu de probabilité. Et
Scylla incarne la mort certaine pour une partie de l'équipage, mais la
vie pour les autres. Il s'agit d'un choix entre le sacrifice calculé ou
l'avenir aléatoire de la vie de tous.
L'histoire
peut être aussi terrible que la légende. Ainsi le 28 décembre
1908, Messine tout comme son vis-à-vis, Reggio de Calabre, furent dévastées
(de 84 000 à 100 000 victimes) par le plus gros tremblement de
terre jamais enregistré en Europe avec une magnitude de 7,5 sur l'Echelle
de Richter.