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Ile de CÉLÈBES
22 au 25 septembre 2013
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ITINERAIRE: une proposition de découverte de l'île de CÉLÈBES
Aperçu historique des CÉLÈBES...
Les origines
Des fouilles effectuées dans les grottes de Leang-Leang, au nord de Makassar, ont révélé des traces de présence humaine qui remonterait à 5000 ans (3000 av. J.-C.). A cette époque des populations austronésiennes du littoral sud de la Chine du sud commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taïwan puis, vers 2000 avant J.-C., de là partent des migrations vers les Philippines, Célèbes, Timor et les autres îles de l'archipel indonésien. Comme les Dayaks de Kalimantan et les Batacres du nord de Sumatra, les Torajas appartiennent aux plus anciens peuples d'Indonésie. L'arrivée des Austronésiens à Célèbes est donc postérieure à l'occupation des grottes de Leang-Leang et à l'érection de mégalithes de granite, que des études archéologiques ont daté de 3000 à 1300 avant notre ère. La fonction de ceux-ci est inconnue. Une trentaine ont une forme humaine. D'autres sont en forme de pots (Kalamba) et de plats (Tutu'na).
C'est dans l'ouest de Célèbes qu'a été trouvé le plus ancien objet d'art religieux d'inspiration indienne d'Indonésie, une statue de Bouddha en bronze datant du IIIe ou IVe siècle.
PRINCIPAUTES RIVALES ET JEUX EUROPEENS
La domination de Luwu
La Galigo, œuvre centrale de la mythologie des Bugis dont les plus anciens fragments remonteraient au XIIIe siècle , décrit en termes peu précis un monde de principautés côtières et fluviales dont l'économie est fondée sur le commerce. Sont citées Luwu et Cina (rien à voir avec la Chine).
En revanche les noms d'importants royaumes bugis ou makassar comme Bone, Gowa, Tallo (ou Wajo), ne sont pas mentionnés dans La Galigo.
Le décalage observé entre la société décrite dans La Galigo et la réalité des royaumes agraires bugis a amené des historiens à supposer une période de chaos qui séparerait les deux époques. Des fouilles menées à Luwu ont révélé que ce royaume n'est pas antérieur aux premiers royaumes agraires du sud-ouest de la péninsule méridionale de Célèbes.
On pense désormais que les premiers colons bugis se sont établis le long des bandes côtières vers 1300 après J.-C., pour commercer avec les populations indigènes de Luwu.
L'archéologie ainsi que les textes décrivent Luwu comme une confédération, menée par des Bugis, de différentes populations unies par des relations commerciales. Luwu semble être le seul État bugis cité dans le Desawarnana (poème épique écrit en 1365 à la Cour du royaume de Majapahit, dans l'est de Java).
L'économie et la prospérité de Luwu reposent en effet sur la fonte du minerai de fer (armes et outils pour l'agriculture). Au XIVe siècle, Luwu est devenu le suzerain redouté d'une grande partie du sud de la péninsule.
Deux siècles plus tard, au XVIe, la puissance de Luwu est éclipsée par celle montante des principautés agraires du sud.
La domination de Gowa
Selon la tradition bugis, le royaume de Bone a été fondé en 1330 tandis que la tradition orale des Makassar, mentionne le royaume de Gowa (et sa principauté, Tallo) qui aurait été également fondé au début du XIVe siècle.
Alors Gowa contrôle notamment le commerce de l'or produit dans le nord de Célèbes.
Les premiers européens à visiter l'île de Célèbes (qu'ils prennent pour un archipel en raison de sa forme contournée) sont des marins portugais en 1525, venus des Moluques à la recherche d'or. Ils tentent de christianiser le sud de Célèbes, sans succès.
Au début du XVIIe, le royaume de Bone ainsi que les autres principautés makassar et bugis passent sous contrôle de Gowa.
C'est à ce moment que les Néerlandais arrivent, en 1605, rapidement suivis par les Britanniques, qui établissent une manufacture à Makassar.
En 1605, le souverain de Luwu se convertit à l'islam. Cette même année, le roi de Gowa se convertit également et prend le nom d'Alauddin (règne 1593-1639). De 1608 à 1611, il se lance dans une série d'expéditions militaires pour imposer la nouvelle foi aux différentes principautés makassar et bugis, dont le royaume de Bone. À la fin de cette guerre (campagne de 1608 et 1611), Gowa devient la puissance dominante du sud de Célèbes, en pays bugis et makassar. Le sultan Alauddin, peu désireux d'accepter le monopole des Hollandais de la VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie ou Compagnie hollandaise des Indes orientales) qui a établit un poste à Gowa en 1609, préfère continuer de traiter avec des marchands asiatiques et européens.
Au XVIIe siècle, le Sultan de Gowa et le Sultan Agung de Mataram (Java) menacent même le royaume de Gelgel (Bali) tandis que vers 1620, le royaume de Luwu abandonne sa capitale Malangke (45 000 habitants) au profit de Palopo, plus à l'ouest (pays toraja).
La domination de Bone
Comme on l'a déjà mentionné, selon la tradition bugis, le royaume de Bone a été fondé en 1330 mais est resté longtemps marginal par rapport à ceux de Luwu ou de Gowa.
En 1660, le prince bugis Arung Palakka de Bone, vassal de Gowa se révolte, appuyé par quelque 10 000 partisans mais les rebelles vaincus trouvent refuge auprès de la VOC à Batavia (Java). En 1666, il appuie la VOC qui lance une flotte contre Gowa, avec à bord des troupes bugis et moluquoises, qui contraint le Sultan Hasanuddin (règne 1653-1669) à se rendre en 1669 et à signer le traité de Bongaya, qui donnait le contrôle du commerce à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Bone et les autres principautés bugis s'affranchissent alors de la suzeraineté de Gowa, Bone devenant à son tour le royaume dominant, tandis que la VOC expulse les autres Européens de Gowa.
En 1672, Arung Palakka prend le titre d' Arumpone ("souverain de Bone"). Il entreprend alors une série de campagnes pour soumettre les autres principautés du sud de Célèbes, provoquant l'exil de nombreux princes bugis et makassar. Il envoie également une armée à Java pour aider la VOC à mater la rébellion du prince de Madura, s'affirmant ainsi comme allié des Hollandais.
Le XVIIIe siècle est marqué par les rivalités entre les différents États bugis et makassar. En 1739, le prince bugis Arung Singkang attaque la cour de Bone, qui est incendiée.
Durant les guerres napoléoniennes, les Britanniques occupent les Indes néerlandaises.
Bone, à la tête d'une alliance de plusieurs principautés, attaque les positions britanniques en 1814 et 1816, mais est défait à chaque fois. Les Néerlandais reviennent en 1816 s'appuyant sur le traité de Bungaya signé en 1667 entre la VOC et Gowa.
En 1824, Bone refuse le renouvellement du traité de Bungaya mais est défait à nouveau par les Hollandais, alliés à Gowa. Le début de la guerre de Java (1825-1830) contraint les Néerlandais à réduire leur présence militaire à Célèbes, et laisse quelque répit à Bone.
Partie de l'Indonésie indépendante
En 1905, l'ensemble de l'île est intégrée aux Indes orientales néerlandaises, jusqu'à l'occupation japonaise de l'Indonésie durant la Seconde Guerre mondiale.
Dans le sillage de la proclamation de l'indépendance de l'Indonésie en 1945, l' Arumpone, le souverain de Bone, prend le parti de la jeune république contre les Néerlandais. Cette position lui vaut d'être arrêté par les Néerlandais en 1946, avec Ratulangie, roi de Luwu, bien que depuis le XIXe siècle, Luwu ne soit plus que l'ombre de sa grandeur passée.
Quelques jours après la capitulation du Japon en août 1945, l'Indonésie a autoproclamé son indépendance et abolit les monarchies tribales sur le territoire de la nouvelle république.
Après le transfert de souveraineté en décembre 1949, Célèbes est devenu un état fédéral de la République des États-Unis d'Indonésie (remplacée en 1950 par la République d'Indonésie).
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Aperçu géographique des CÉLÈBES...
RELIEF
Célèbes ou Sulawesi est une île d'Indonésie située au nord-est de Java et de Bali, au nord de Florès et Timor au sud, à 300 kilomètres à l'est de Bornéo, à 600 kilomètres au sud des Philippines et à 200 kilomètres à l'ouest des Moluques. Du nord au sud, l'île s'étend sur 800 km de latitude. Des pointes de ses péninsules les plus éloignées, la distance terrestre est d'environ 1500 km, avec un relief très accidenté.
Avec une superficie de 189 035 km2 (ou 174 600 ?), le tiers de la France, c'est la quatrième plus grande île du pays après la Papouasie, Kalimantan et Sumatra, et la douzième (ou onzième ?) plus grande île du monde mais elle ne représente que 7% de la population indonésienne. Le relief, plutôt accidenté, est principalement recouvert par la forêt tropicale. Le point culminant de l'île est le mont Rantemario avec 3 478 (ou 3 455) mètres d'altitude. L'île possède quelque 5 500 kilomètres de côtes.
Sa forme très découpée ressemble à une araignée ou à un scorpion avec sont dard ou encore à la lettre K. Du nord au sud, on distingue quatre péninsules: nord-est (Minahasa), est (Semenanjung Timur), sud-est (Semenanjung Selatan) et sud (Makassar). L'île est bordée par le détroit de Makassar à l'ouest qui la sépare de Bornéo et par la mer des Moluques à l'est que la sépare des Moluques.
Le centre de l'île est formé de montagnes escarpées, de sorte que les péninsules ont eu traditionnellement peu de rapports, les transports étant plus faciles par voie maritime que terrestre.
CLIMAT
Sulawesi bénéficie d'un climat chaud, relativement identique à celui de Bali.
Sulawesi est traversée par l'Equateur dans sa partie nord (trois des quatre provinces, celles du centre, du sud et du sud-est sont dans l'Hémisphère austral), et se caractérisent donc par des durées de jour et de nuit pratiquement égales, avec très peu de variations tout au long de l'année. Le soleil se lève et se couche très vite, l'aube et le crépuscule sont presque inexistants.
La saison humide (et chaude) s'étale de novembre à mars et la circulation sur les pistes est difficile, avec d'assez grandes disparités suivant les années et les lieux. De graves inondations, accompagnées de glissements de terrain, ont eu lieu notamment en novembre 2012.
La saison sèche (et "fraîche"), de mai à août-septembre.
Les températures ne varient guère au cours des douze mois de l'année, aux alentours de 30°, mais chutent fortement en altitude.
En outre, la nature très montagneuse de la topographie de l'île influence le régime des précipitations, les reliefs tendant à retenir les pluies. Les régions sud et sud-est sont relativement sèches, alors que les zones du centre et du nord sont nettement plus arrosées. De même, compte tenu de l'orientation des vents dominants et du positionnement de certains reliefs par rapport à ces vents, les flancs est de l'île reçoivent souvent davantage de pluies que les flancs ouest.
Dans l'intérieur, le pays Toraja, s'élève à plus de 500 m. d'altitude et culmine à près de 3500 m, aussi les températures y sont douces, voire fraîches (18° en soirée à Makale, capitale administrative du Pays Toraja).
POPULATION
Les quelques 17,5 (ou 19?) millions d'habitants de l'île montrent une étonnante diversité ethnique et culturelle. Cette population s'accroît à un rythme supérieur à celui de la moyenne nationale.
Les trois villes principales sont Makassar (Sulawesi du sud) avec 1 339 374 habitants, Manado, (Sulawesi du nord) avec 408 354habitants et Palu (Sulawesi du centre) avec 335 297habitants.
Makassar, la ville principale est aussi nommée sous son ancienne appellation Ujung Pandang. Avec Manado, ville située à la pointe est-orientale de l’île, elle possède un aéroport offrant des liaisons régulières avec les autres îles indonésiennes.
CULTURES
Les principaux groupes ethniques de Célèbes sont les différents groupes Minahasa (500 000 personnes) et les Gorontalos dans la partie nord, les Makassar (éleveurs et agriculteurs de religion musulmane), les Bugis et les Toraja dans la partie sud.
Quelques précisions sur ces deux dernières ethnies...
Les Bugis, concentrés dans les centres urbains et portuaires des régions du littoral sud, avec 4,5 millions d'individus (sur 6,5 millions d'individus de cette ethnie, y compris ceux établis hors de l'île). C'est l'ethnie principale avec le quart de la population de Sulawesi. Les Bugis pratiquent l'Islam sunnite. Largement tournés vers la mer, leur flotte est la plus renommée d'Indonésie.
Les peuples bugis côtiers désignaient sous le nom de Toraja les habitants des hautes terres (to signifie "le peuple" et ri aya signifie "hautes terres") dans le sud de Sulawesi. La tribu des Torajas regroupe les gens qui vivent dans les régions montagneuses. Leurs ancêtres ont une origine chinoise.
Cette ethnie compte environ 650 000 personnes, qui ont su conserver leur culture si particulière, leurs anciennes croyances animistes sont souvent encore présentes dans des rites syncrétiques. 450 000 à vivent toujours dans le "kabupaten" (département) de Tana Toraja ("le pays des Torajas"). Mais une importante diaspora de 5 millions de personnes est dispersée hors du pays toraja. Beaucoup de ses membres contribuent financièrement aux cérémonies funéraires.
Les Torajas sont connus
- pour l'importance de leurs rites funéraires élaborés qui sont d'importants évènements sociaux, qui durent plusieurs jours et auxquels assistent en général des centaines de personnes, ce qui conduit à sacrifier un grand nombre de buffles,
- pour leur sites funéraires familiaux, appelés liang, taillés dans les falaises,
- pour leurs maisons tribales ou foyers coutumiers, des maisons traditionnelles massives aux toits concaves en pointes, connues sous le nom de tongkonan, en forme de bateau (symbolisant la légende de l'origine des Torajas venant par la mer en provenance du Cambodge) ou évoquant les cornes du buffle tant sacralisé...
- et pour leurs dessins et sculptures sur bois colorés.
BUGIS et TORAJAS:
des ennemis ?
L'opinion la plus répandue voit dans les Bugis les ennemis héréditaires des Toraja.
Il est vrai que les Torajas étaient encore au tout de début du XXe siècle un peuple violent de coupeurs de têtes (comme leurs voisins du nord, les Posos ou les Dayaks de Bornéo), en bagarre continuelle avec leurs ennemis héréditaires, les Bugis.
En réalité, au cours de l'histoire, les relations entre les deux peuples furent bien plus souvent pacifiques que belliqueuses. Très tôt, les Toraja ont entretenu des relations avec les princes bugis et pratiqué le commerce avec leurs voisins, échangeant le fer, l'or, les produits de la forêt et, plus tard, le café du pays toraja, contre le sel, le poisson séché, les buffles albinos, la soie et la verroterie.
LANGUES
Avec 114 langues, le rameau des langues célèbiques est l'un des plus importants de la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes.
Les principales langues parlées sont le gorontalo et le minahasa dans le nord de l'île, le pamona dans le centre, le mandar dans l'ouest, le buginais, le makassar et le toraja dans le sud et le buton dans le sud-est.
La langue toraja est donc une variante de la langue malayo-polynésienne.
L'importance de la mort dans la culture Toraja se traduit dans le langage pour exprimer les degrés de douleur et de deuil, la tristesse, la nostalgie, la dépression et la douleur mentale.
RELIGIONS
Les religions modernes, chrétiennes et musulmane, ne sont pas exemptes d'un certain syncrétisme car leurs fidèles font souvent référence aux croyances anciennes (chamanisme...).
Les peuples des montagnes et les Minahasa du Nord sont généralement chrétiens protestants, tout comme les Toraja.
CHEZ LES BUGIS
Les Bugis ont la réputation d'être de fervents musulmans. Ils se sont convertis à l'islam à partir du début du XVIIe siècle.
Ils continuent néanmoins d'observer certains des rites appartenant aux croyances traditionnelles.
CHEZ LES TORAJAS
Jadis féroces coupeurs de têtes, à partir du XVIIIe siècle, les Torajas se sont pour la plupart convertis au christianisme (en hausse, 80%, très majoritairement des protestants), pour le reste, ils sont soit musulmans (en baisse, avec 6%) soit animistes (en très forte baisse, avec 6%).
Notre guide Herman a une tout autre vision de ces données en considérant que l'islam est en forte progression et représente 30% en pays toraja (?).
Une autre grille de lecture considère qu'environ 45% des Toraja confessent le christianisme mêlé de syncrétisme animiste, 5% l'islâm, et que 50% pratiquent exclusivement l'antique animisme de l'Aluk Todolo, basé sur le culte des ancêtres.
ECONOMIE: les touristes...
L'économie de Sulawesi est surtout basée sur l'agriculture: riz, cacao et plantations de palmiers à huile.
La plupart des habitants de Sulawesi vivent de la terre, des forêts et de la mer, au travers de petites exploitations familiales. Le nord et le sud sont plus riches que le centre et du sud-est en raison de la richesse de leur sol volcanique. L'agriculture est possible jusqu'à 2700 mètres d'altitude en raison de la basse latitude.
Les cultures de riz, maïs (50 0000 ha), manioc (dont on fait les galettes dites cassaves), légumes et fruits font travailler plus de gens que n'importe quelle autre activité économique. Le riz est cultivé principalement sur des plaines et terrasses inondées. Sa culture est concentrée sur la fertile péninsule du sud irriguée, d'où un grand surplus est exporté vers d'autres régions de l'Indonésie. Un peu plus d'un million d'hectares sont consacrés à cette culture, soit 5% de la superficie de l'île.
Dans le nord de Sulawesi, la principale richesse agricole provient de l'arboriculture, en particulier pour la production de noix de coco, muscade et clou de girofle. Le commerce du clou de girofle est important dans la péninsule de Minahasa. La région couvre environ 30% de la production de clou de girofle du pays et une véritable "fièvre du clou de girofle" s'est propagée sur toute l'île au cours des dernières décennies, quelques arbres plantés dans une arrière-cour arrière pouvant apporter une petite fortune.
Des cultures commerciales sont également réalisées en complément de la culture du soja (10 0000 ha): le café dans le sud et le cacao dans l'ouest de la péninsule sud-est.
L'élevage bovin est important surtout dans le sud qui est la troisième province productrice de bovins du pays mais il s'agit d'un élevage extensif.
La pêche emploie un grand nombre d'habitants de Sulawesi. Si la pêche côtière avec des bateaux et des techniques traditionnelles est toujours pratiquée, on commence à voir la pêche moderne L'évolution la plus remarquable est l'installation et extension des exploitations de pêche côtière et de fermes aquacoles d'élevage de crevettes (sur 45 0000 ha), principalement dans le sud. Les crevettes surgelées sont exportées à destination du Japon.
D'autres importantes ressources naturelles proviennent de la sylviculture.
La forêt procure d'importants revenus à la région centrale. Le sud-est produit du teck (Tectona grandis). Le rotin est également précieux. Dans le passé, le bois et le rotin ont été exportés sans être transformés mais désormais le gouvernement a interdit les exportations de produits forestiers non transformés.
On compte aussi d'autres plantations forestières à destination industrielle: bois pour pâte à papier (Acacia mangium, Pinus merkuli, eucalyptus, Paraseriantes falcataria...), bois pour l'ameublement, autres que le teck, Swientenia mahagoni, Pericopsis, Insia bijuga...
Les superficies totales possibles de plantations forestières industrielles sont 440 000 ha.
On peut évoquer les mines de nickel de Saroako dans le sud de Sulawesi, où le minerai de faible qualité est partiellement traité pour l'exportation. Le nickel est également exploité à Pomalaa, toujours au sud. Quant à l'asphalte, on l'exploite sur l'île de Pulau Batuata (au sud-est). Les dernières années ont connu une ruée vers l'or en Indonésie. A Sulawesi, cette "fièvre" a été limitée au nord du district de Bolaang Mongondow. Les gisements de cuivre dans le nord sont également prometteurs.
L'industrie a encore peu contribué au développement économique et se limite au secteur agro-alimentaire avec la transformation des produits agricoles à petite échelle: minoteries à Makassar, manufactures qui fabriquent des produits issus des noix de coco dans le nord. Les grandes distances qui séparent Sulawesi des marchés de consommation constituent un vrai défi.
Le secteur des services, comme les transports et le tourisme, se développe.
Depuis les années 1960, un réseau routier a été créé. Les liaisons aériennes entre les capitales provinciales et quelques autres villes ont également été mises en place.
Sulawesi a été célèbre pour son activité maritime pendant des siècles. Les navires à voiles sont encore utilisés pour une grande partie du transport entre les îles.
Enfin, le gouvernement fonde de grands espoir sur le tourisme (à la fin des années 1980, on comptait annuellement 25 000 visiteurs français). Jusqu'à présent, ce développement a été limité au sud de Sulawesi, en particulier le "pays toraja" avec ce que l'on appelle le "tourisme mortuaire", ou dirais-je plutôt "mortifère", et un peu au nord. Ce sont les deux seules régions dotées d'un minimum d'infrastructures pour cette activité.
On oppose ce tourisme à celui de Bali qui est dit "balnéaire" bien que, comme on l'a vu en visitant cette dernière, nous y avons également été souvent mis en présence de rites funéraires !
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SULAWESI ou CÉLÈBES
Sulawesi est le nom indonésien moderne tandis que l'ancien nom de Celebes vient du français Célèbes issu du portugais Pontos dos Celebes ("Cap mal famé").
Désignant une île, en français ce nom n'est pas précédé d'article défini et n'est pas pluriel. Et pour éviter de l'écorcher sous le forme de Célèbres, il vaudrait mieux alors utiliser son nom moderne de Sulawesi.
Pour certains, l'étymologie de SULAWESI proviendrait de termes sanskrits signifiant "trident de fer" à cause de la forme caractéristique de l'île, sorte de K. Mais cette interprétation n'est guère fiable car les anciens Indonésiens ne connaissaient pas la forme de leur île.
Une autre étymologie dit que sula signifie "île" et wesi ou besi "fer": Sulawesi voudrait donc dire "Île du fer". En effet, depuis longtemps les gisements de fer de Célèbes sont connus car peu nombreux dans l'archipel indonésien. Les Javanais du royaume de Majapahit au XIVe siècle, appréciaient le fer à haute teneur de nickel en provenance du royaume de Luwu dans le sud de Célèbes.
POUR COMMENCER LA DÉCOUVERTE DE CELEBES...
Comme je le disais en quittant BALI,les 600 km séparant ces deux îles de l'archipel indonésien sont vite franchis en empruntant la voie des airs.
Sud Sulawesi: îlot Maccinibaji
Rizières du sud de Sulawesi
A l'approche de Makassar, nous avons survolé l'îlot Maccinibaji puis c'est l'île de Célèbes qui se présente avec un parfait quadrillage de rizières dans la plaine qui entoure l'aéroport de Makassar. Il est 8h05, le vol a duré un tout petit peu plus d'une heure.
L'aéroport Bandana Internasional Sultan Hasanuddin se trouve à environ 22 km au nord-est de la ville.
Ce soir, le temps est couvert mais il fait quand même 22°, soit près de 10° de plus que dans l'ouest de la France. Ne faisons pas la fine bouche et apprécions...
C'est toujours un guide employé par Panorama Destination qui nous prend en charge. Bien que le personnage soit petit, c'est facile de le repérer à sa chemise bariolée. Herman ou "petit Herman" comme il lui arrivera de se qualifier lui-même est un Toraja dont l'âge est approximativement de 42-43 ans. Il est né dans le village de Pangala, tout à fait au nord-est du pays Toraja, où il a appris beaucoup de choses sur les traditions ancestrales auprès de son grand-père. Il est marié et a cinq enfants (dans l'ordre GFFFG). Pascale le taquinera souvent en l'affublant du sobriquet de "Tortue Hermann", du nom d'une espèce de tortue du bassin méditerranéen. Mais c'est mal choisi car notre Herman est remarquable par sa vivacité, ce qui n'est pas le cas de ce reptile.
C'est un excellent guide à tout point de vue, je le recommande pour les gens qui voyagent en individuel dans ce pays toraja à la culture si particulière: il est au plus au point soucieux de la logistique, il parle très bien français, il connaît parfaitement la culture de sa région et partage ses connaissances avec passion. Il a suffisamment d'humour pour détendre l'atmosphère et ne pas être ennuyeux. Parfois, sans doute pour titiller notre intellect et vérifier notre attention, il lui arrive de jouer au Marseillais en exagérant le propos...
A noter qu'il guide aussi des groupes hispanophones et même des Japonais auxquels il s'adresse en mixant anglais et japonais (les Japonais ont toujours un accompagnateur qui fait au besoin fonction d'interprète).
HERMAN, guide sur CELEBES MARTIN, assistant guide sur CELEBES
Herman sera responsable de l'ensemble de notre groupe mais comme les routes accidentées de l'île ne permettent que l'utilisation de minibus d'une vingtaine de places, nous allons devoir nous répartir dans deux véhicules. Le second sous-groupe aura pour guide Martin, l'assistant de Herman, sympathique et de bon niveau de français. Lors des arrêts et visites, le groupe se retrouvera au complet et nous aurons parfois des explications de l'un ou l'autre guide, indifféremment.
Cette fois pour nous déplacer, nous avons des véhicules japonais neufs Mitsubishi mais d'une qualité moindre que le standard qui sont livrés dans les pays en développement. Ils se détériorent donc rapidement. Mais ils ont pourtant l'apparence de bus Mercedes Benz ! En effet, le TO Jet Tour aurait exigé du réceptif des véhicules de cette marque pour leur réputation de confort et de fiabilité. Alors ! Alors... des Chinois les ont relookés.
J'aurais tendance à croire cette drôle histoire de maquillage et de contrefaçon. En effet, la sono est infecte (ce qui rend l'écoute difficile même si le guide a peu d'accent) et les suspensions couinent lamentablement comme s'il s'agissait de vieux bus. Le mauvais état des routes n'est pas une excuse valable pour des véhicules aussi récents.
Seul avantage par rapport à nos précédents bus, les vitres ne sont pas pourvues de filtres ce qui rend moins problématique la prise de photo au travers.
Nous aurons encore un très bon chauffeur en la personne de Yunus (musulman peut-être avec ce prénom arabe dérivé du nom biblique de Jonas).
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Documentation et crédits
mes notes de voyage
"Indonésie" par divers auteurs aux Editions Lonely Planet - Paris 2010
"Indonésie" du magazine GEO n° 225 de novembre 1997
"Indonésie: Java-centre et ouest, Sumatra, Kalimantan et les Moluques" par Laure de CHARETTE dans la collection "Les Guides Mondéos" aux 2ditions Mondéos - Paris 2012
"Indonésie: Bali, Lombok, Gili, Java-est et Sulawesi" par Laure de CHARETTE dans la collection "Les Guides Mondéos" aux 2ditions Mondéos - Paris 2012
la base de données cartographiques libre OpenStreetMap
et surtout dans l'univers WIKI, la fabuleuse encyclopédie libre en ligne Wikipédia (notamment http://fr.wikipedia.org/wiki/Toraja) et son pendant touristique Wikitravel (open GNU)
et de nombreux autres sites sur la toile...
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EN PAYS BUGIS...
UN PEUPLE DE MARINS
Les Bugis (prononcer [bouguis']), concentrés dans les centres urbains et portuaires des régions du littoral sud se Sulawesi, avec 4,5 millions d'individus (sur 6,5 millions d'individus de cette ethnie, y compris ceux établis hors de l'île), représentent le quart de la population de Sulawesi, en formant l'ethnie principale. Ils pratiquent l'Islam sunnite. Largement tournés vers la mer, leur flotte est la plus renommée d'Indonésie.
On les rencontre partout sur Sulawesi car ils sont majoritairement commerçants.
Traditionnellement, ils utilisaient les voiliers Pinisi (du français "pinasse") célèbres depuis le XIVe siècle pour le transport de marchandises. Ces goélettes sont très recherchées pour leur robustesse qui tient au procédé de la fabrication selon un rigoureux procédé transmis par l'oral puisque sans plan. On n'utilise pas de clous et les planches doivent être placées dans le sens de la pousse du bois... Même si les embarcations sont de plus en plus souvent motorisées, cette flotte reste cependant la plus importante marine marchande à voiles au monde.
Certains Bugis, jadis pirates redoutés, pratiquent encore des actes de piraterie à l'encontre de pêcheurs australiens (en rapport avec des conflits de délimitation d'eaux territoriales) et certains prêtent encore main forte pour attaquer des cargos dans le Détroit de Malacca et même aux fameux pirates somaliens.
BUGIS et TORAJAS:
des ennemis ?
L'opinion la plus répandue voit dans les Bugis les ennemis héréditaires des Toraja.
Il est vrai que les Torajas étaient encore au tout de début du XXe siècle un peuple violent de coupeurs de têtes (comme les Dayaks de Bornéo), en bagarre continuelle avec leurs ennemis héréditaires, les Bugis.
En réalité, au cours de l'histoire, les relations entre les deux peuples furent bien plus souvent pacifiques que belliqueuses.
- Car selon la tradition bugis elle-même plusieurs petites principautés bugis avaient été fondées par des princes torajas au XIVe siècle.
- Car , sur le plan linguistique, la langue la plus proche du bugis est le toraja.
- Car on pense aussi que ce seraient les Torajas qui auraient appris aux Bugis l'art de travailler les métaux, l'or, l'argent et le fer.
- Car très tôt, les Toraja ont entretenu des relations avec les princes bugis et pratiqué le commerce avec leurs voisins, échangeant le fer, l'or, les produits de la forêt et plus tard, le café du pays toraja contre le sel, le poisson séché, les buffles albinos, la soie et la verroterie.
- Car encore, cette fois sur le plan des croyances, on trouve des similitudes dans les mythes des origines des deux populations, à savoir que leurs ancêtres, soit sont descendus du "monde supérieur", soit sont montés depuis le "monde inférieur" pour mettre de l'ordre sur terre (un autre mythe toraja raconte que leurs ancêtres sont venus d'au-delà des mers).
- Car jusqu'au XVIe siècle, les rites mortuaires bugis étaient semblables à ceux des Toraja qui les observent encore aujourd'hui.
L'ISLAM BUGIS ET LES ANCIENS RITES
Les Bugis ont la réputation d'être de fervents musulmans. Ils se sont convertis à l'islam à partir du début du XVIIe siècle.
Ils continuent néanmoins d'observer certains des rites appartenant aux croyances traditionnelles.
Les Bugis reconnaissent qu'il n'y a qu'un seul Dieu, qu'ils nomment Puang Allataala ou Dewata Seuwae. Mais aux côtés de ce Dieu, les Bugis croient qu'il y a aussi toutes sortes d'autres esprits ou dewata (mot d'origine sanskrite qui signifie "divinité") auxquels il faut rendre hommage afin qu'ils veuillent bien intercéder pour les hommes auprès de l'Etre suprême.
Ainsi, ils vénèrent Sangiang Serri, la déesse du riz (connue plus généralement en Indonésie sous le nom de Dewi Sri ou Shridevi). Dans leur croyance, Sangiang Serri meurt au bout de sept jours, enterrée elle réapparaît sous la forme du riz. Les "to tenrita" sont des esprits invisibles qui jouent le rôle d'intermédiaires entre les hommes et les dieux. Parmi eux figurent les esprits gardiens des maisons et des bateaux et les esprits qui habitent les arbres, les pierres et les sources.
Les rites royaux à l'égard des dieux ne pouvaient être exécutés que par un bissu, "un intermédiaire", c'est-à-dire un individu qui n'est ni homme ni femme, en fait un travesti un charge des insignes royaux.
Les rites de la vie quotidienne, comme l'inauguration d'une nouvelle maison ou d'un nouveau bateau, les rites de passage, les fêtes marquant les étapes de la vie, les phases du cycle du riz, étaient exécutés par un chaman, le sanro.
Les rituels pratiqués tant par les bissu que les sanro comprenaient des sacrifices de buffles, chèvres, ou poulets, ainsi que des offrandes de riz gluant.
La plupart des rites de la religion traditionnelle bugis ne sont plus observés. En particulier, les funérailles suivent désormais le rite musulman. L'activité des chamans, les bissu, est de plus en plus limitée.
Toutefois les lieux sacrés ont gardé leur importance, notamment les tombes qui sont des lieux de pèlerinages et l'objet d'un culte des ancêtres. Ce culte se traduit également par des offrandes aux ancêtres devant un autel ou tabernacle de bois dans leur maison.
Enfin, l'épopée sacrée de la Galigo continue d'être récitée en public lors de cérémonies. C'est à la fois un récit de la création, un recueil de rites et c'était un code de conduite pour les rois.
L'ISLAM COMME PRETEXTE A LA DETESTATION PAR LES TORAJA
A en écouter certains, il apparaît que les Torajas n'aiment pas les Musulmans que sont leurs plus proches voisins Bugis. Pour cela, ils mettent en avant les défauts qu'ils leur prêtent et notamment le fait que les hommes exploiteraient les femmes (et encore sans évoquer la polygamie):
- «le matin, les hommes restent couchés, envoyant les femmes à la prière,
- leurs femmes qui après cela leur préparent et leur servent le petit-déjeuner,
- avant de s'en aller seules travailler aux champs tandis qu'en milieu de matinée, ces messieurs se contentent d'aller se rendre compte de l'avancement du travail avant d'aller à la mosquée pour la prière de midi,
- après quoi, ils déjeunent puis font une bonne sieste pendant que les femmes sont reparties aux champs, - jusqu'à une nouvelle inspection dans l'après-midi et la journée tire à sa fin tranquillement...».
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Etape suivante: nord du Pays Toraja
Dix heures de trajet dans la journée, compris la pause déjeuner d'une heure !
L'aéroport Bandana Internasional Sultan Hasanuddin se trouvant à environ 22 km au nord-est de la ville, cela nous permet de prendre directement la route littorale en direction du nord... un paysage qui va nous accompagner pendant plus de trois heures avec la traversée des bourgades de Maros, Pangkajene et Baru, jusqu'à notre étape déjeunatoire à Para Pare.
Complet changement de décor par rapport à Bali. Les temples à toits de chaume empilés ont complètement disparus et sont remplacés par des mosquées de divers styles, dotées d'un lourd minaret et parfois n'en ont pas... La coupole qui recouvre la salle de prière est parfois surmontée d'un bulbe doré ou en inox, bien clinquant, style "aspirateur éolien à ailettes pour cheminée". Donc un style complètement différent de ce que l'on voit au Proche-orient, au Maghreb ou en Inde.
Dans les rues, on revoit beaucoup de hijab même chez les jeunes filles dont c'est un élément de l'uniforme lorsqu'elles sont collégiennes ou lycéennes. On aperçoit plus rarement ces spectres sombres cachés derrière un niqab.
Les nouveaux riches se sont bâti des maisons prétentieuses en ciment, super kitsch comme c'est semble-t-il le cas un peu partout en Asie: plusieurs niveaux, balcons galbés et parfois clinquants avec de rutilants garde-corps en inox.
De Makassar à Pare Pare : en pays Bugis
Herman nous donne des indications pour décoder l'activité des habitants des maisons traditionnelles plus anciennes, en bois. Il faut observer les étranges pointes de pignons orientés vers la rue en général. Les rampants dépassent le faîtage et se croisent de deux façons différentes. En \/, cela symbolise les marins en évoquant la forme d'un bateau, tandis que <> fait penser aux cornes des buffles donc à des familles de paysans éleveurs.
Pays Bugis: maison de pêcheur (pignon en V) Pays Bugis: maison d'agriculteur-éleveur (pignon en <_>
Dans les parcelles de rizières assez vastes, le riz a été récolté et on voit parfois des aires où il sèche avant d'être mis en tas et ensaché. Dans cette région on pratique deux récoltes de riz par an en recourant très peu aux engrais et pesticides.
On franchit des estuaires de rivières où sont installés des carrelets tandis qu'une partie du rivage est occupée par des mangroves. Et par les ponts en construction, on peut imaginer que l'infrastructure routière est appelée à s'améliorer.
De Makassar à Pare Pare, des carrelets
Au bout de trois quarts d'heure, du côté de Bonto Langkasa, arrêt pour la vue vers un joli paysage de montagnes karstiques à l'est (mais moins beau que celui des pains de sucre de la rivière Li en Chine ou que les mogotes de Viñales à Cuba).
Tout au long du trajet, lorsque l'on ne longe pas des rizières, la route est bordée de bassins d'élevage de crevettes et de poissons. Comme nous sommes en saison sèche, il faut oxygéner artificiellement l'eau des bassins en utilisant des sortes de roues à palettes qui brassent l'eau des bassins.
Du bus, vue plongeante sur des cimetières musulmans occupés par des centaines de tombeaux et relativement entretenus, contrairement aux usages minimalistes des sépultures musulmanes du Moyen-orient.
Une vingtaine de minutes avant d'arriver à notre étape de mi-journée à Para Pare, de la route qui longe directement le littoral, on aperçoit les îlots de Cilellang et de Mlawa.
Puis c'est Pare Pare (115 000 habitant). Cette ville portuaire située à un peu plus de 150 km au nord de Makassar et l'un des principaux centres de l'ethnie Bugis.
Le centre ville domine le quartier du port aux toits de tôle rouillée. Nous n'aurons pas l'occasion de voir les pinisis, les goélettes des Bugis, jadis pirates redoutés de ces mers. Leurs bateaux sont très recherchés pour leur robustesse qui tient au procédé de la fabrication selon un rigoureux procédé transmis par l'oral puisque sans plan. On n'utilise pas de clous et les planches doivent être placées dans le sens de la pousse du bois...
Herman précise que certains Bugis pratiquent encore des actes de piraterie à l'encontre de pêcheurs australiens (en rapport avec des conflits de délimitation d'eaux territoriales) et certains prêtent encore main forte pour attaquer des cargos dans le Détroit de Malacca et même aux fameux pirates somaliens.
Il est un tout petit peu plus de midi, lorsque nous nous installons au "Restoran Asia". Ici le chic, ce sont les restaurants du centre, à l'écart du port et de la côte, tout le contraire de ce que recherchent les touristes.
Cependant l'endroit ne semblerait pas convenir à un groupe de touristes allemands qui quittent la salle quelques minutes après s'y être installés. Est-ce parce que cette salle ne comportait pas de baies donnant sur l'extérieur ?
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De Pare Pare à Rantepao : vers le pays toraja
Une heure plus tard, nous reprenons la route pour un trajet de quatre heures et demie, en tournant le dos à la mer. D'abord en plaine, avant d'attaquer les collines couvertes de forêts et de pâturages, et en traversant les localités de Sidrap et de Enrekang, en montant vers Tana Toraja (noter que le terme tana a pratiquement le même sens qu'à Madagascar où il désigne maison, village ou ville), la terre ou le pays Toraja qui est situé aux alentours de 800 mètres d'altitude.
Après une heure de route et le début de la montagne, petite pause d'une quinzaine de minutes auprès d'un petit étal de fruits et légume isolé mais situé en contrebas d'un hameau de quelques foyers. Un groupe de trois femmes avec une fillette y vendent différentes sortes de bananes, petites, classiques moyennes et très longues que je serais tenté de surnommer "cornes de buffle". On fait une farine à partir de cette variété de banane.
J'ai la curiosité de m'enfoncer un peu sur le coteau par un petit chemin pour voir les maisons sur pilotis du hameau voisin.
Après cela, la route devient de plus en plus difficile, sinueuse, étroite et dégradée par endroit. On a souvent l'impression de rouler sur de la tôle ondulée. La mauvaise son et les couinements intempestifs des suspensions du véhicule gênent souvent la compréhension des explications données par Herman.
A mi-chemin, entre Pare Pare et Rantepao
A 16h, seconde pause de l'après-midi dans les parages de Bamba Puang et de Saruran, à 300 mètres d'altitude. Arrêt d'une vingtaine de minutes dans ce magasin d'alimentation pour nécessité de "pause technique", achat de choses à grignoter et profiter d'un superbe panorama vers l'est en direction des crêtes du Buttu Nona et du Buttu Lansa vers les 800 mètres d'altitude, en avant-plan des Batu Noni et Tangru avec leur 1400 et 1500 mètres.
A l'étal de la boutique, riz rouge, riz noir, bananes, ail et oignons, patates douces, courges, papayes, fruits du serpent...
A mi-chemin, entre Pare Pare et Rantepao
Une demi-heure plus tard, arrêt photo vers Mampu (550 mètres d'altitude) pour le paysage de pitons rocheux éclairés par les dernières lueurs du soleil couchant: Buttu Mangisi, Buttu Bolang, Buttu Tananti, Buttu Pema... des pics de 700 ou 800 mètres d'altitude.
Entre Pare Pare et Rantepao
Entre Pare Pare et Rantepao
Entre Pare Pare et Rantepao
La nuit vient vite, surtout dans les vallées de montagne. Il y a encore près de deux heures de trajet avant d'arriver à destination.
Nous arrivons enfin en pays Toraja, "la terre des rois célestes".
Vers 18h30, il fait complètement nuit lorsque nous traversons Makale, la capitale administrative du pays toraja. De nuit, la ville semble assez jolie, disposée autour d'un lac artificiel au milieu duquel est érigée la statue d'un héros local tandis que des croix illuminées signalent des églises des villages sur les collines voisines. La statue est celle de Pongtiku, un héros du pays qui se distingua dans la lutte contre les colons Néerlandais de mars 1906 à la fin juin 1907. Il fut exécuté dix jours plus tard à Sa'dan en juillet 1907.
Il est 18h45 lorsque nous arrivons enfin à l'hôtel, à 2 km au sud du centre ville de Rantepao, la capitale économique du pays toraja.
Le Misiliana Toraja Hotel où nous dormirons 3 nuits a pour origine un hôtel familial de 5 chambres démarré en 1980. Aujourd'hui c'est un parc qui accueille les 101 chambres de l'établissement également pourvu de piscine, courts de tennis, spa et centre de soins et massages. Du fait du climat tempéré par l'altitude, les chambres n'ont pas de clim. L'hôtel accueille aussi banquets, notamment pour les mariages, jusqu'à 700 convives. Dans le parc de l'hôtel, la nuit venue, des criquets ou des grillons donnent un concert de stridulations.
Après avoir franchi l'accueil, dans la semi obscurité, on distingue une allée comportant sur la gauche des copies de maisons traditionnelles torajas sur la gauche, et, leur faisant face, des greniers. La visite de villages traditionnels le lendemain sera l'occasion de les décrire... Plus kitsch sont les grosses maisonnées à un étage comportant quatre chambres (deux par niveau) qui sont disposées au bord d'une allée latérale partant vers la droite.
L'influence du christianisme, plus précisément le protestantisme calviniste, est évidente à la lecture de textes de la Bible ou de l'Evangile qui sont gravés sur des stèles plantées çà et là au long des sentiers.
On y mange correctement en buffet. Au rayon des fruits, on peut notamment y apprécier fruit de la passion, tamarille ou tamarillo (Solanum betaceum). Le fruit du serpent est également toujours disponible ainsi que les oranges vertes et néanmoins délicieuses, ainsi que les bananes.
Il y a assez peu de touristes si l'on en juge aux places libres au restaurant: un autre groupe de Français et des Israéliens. Pour ces derniers, venir ici, dans un pays musulman est une affaire compliquée. Ils n'ont sans doute pas besoin d'un "vrai faux passeport américain" comme on nous l'a dit mais certainement d'un visa spécial de la Direction Générale de l'Immigration.
Pour ce qui est des touristes étrangers rencontrés pendant ce circuit, rappelons qu'on a croisé des Allemands au resto ce midi, sans oublier des Néerlandais lorsque nous étions à Bali...
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Nord du
Pays TORAJA
De Rantepao à Sa'dan
Sa'dan
Palawa
Lempo - Batutumonga
Bolu
Rantepao
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TANA TORAJA...
CADRAGE
Tana Toraja, "le pays toraja" occupe environ 3 205 km² (ou 3 597 km² ?) d'une région relativement accidentée occupant trois larges vallées fluviales avec des plateaux passant de 300 à 2 800 mètres d'altitude.
Comme les Dayak de Kalimantan et les Batacre du nord de Sumatra, les Toraja appartiennent aux plus anciens peuples d'Indonésie. Venus de Chine vers 2000 av. J.-C., ils furent refoulé vers l'intérieur par de nouveau arrivants.
Les peuples bugis côtiers désignaient sous le nom de Toraja les habitants des hautes terres (to signifie "le peuple" et ri aya signifie "hautes terres") dans le sud de Sulawesi. La tribu des Torajas regroupe les gens qui vivent dans les régions montagneuses. Leurs ancêtres ont une origine chinoise.
Cette ethnie compte environ 650 000 personnes, qui ont su conserver leur culture si particulière, leurs anciennes croyances animistes sont souvent encore présentes dans des rites syncrétiques. 450 000 à vivent toujours dans le "kabupaten" (département) de Tana Toraja ("le pays des Torajas"). Mais une importante diaspora de 5 millions de personnes est dispersée hors du pays toraja. Beaucoup de ses membres contribuent financièrement aux cérémonies funéraires.
La langue toraja est une variante de la langue malayo-polynésienne qui est elle-même rattachée à la famille austronésienne. L'importance de la mort dans la culture Toraja se traduit dans le langage pour exprimer les degrés de douleur et de deuil, la tristesse, la nostalgie, la dépression et la douleur mentale.
Jadis , et jusqu'au tout de début du XXe siècle, féroces coupeurs de têtes (comme leurs voisins du nord, les Posos ou les Dayaks de Bornéo), les Torajas étaient en bagarre continuelle avec leurs ennemis héréditaires, les Bugis. Ils se sont pour la plupart convertis au christianisme (en hausse, 80%, très majoritairement des protestants), pour le reste, ils sont soit musulmans (en baisse, avec 6%) soit animistes (en très forte baisse, avec 6%).
Notre guide Herman a une tout autre vision de ces données en considérant que l'islam est en forte progression et représente 30% en pays toraja.
Une autre grille de lecture considère qu'environ 45% des Toraja confessent le christianisme mêlé de syncrétisme animiste, 5% l'islâm, et que 50% pratiquent exclusivement l'antique animisme de l'Aluk Todolo, basé sur le culte des ancêtres.
Les croyances animistes portent le nom de Aluk ("la voie") To Dolo, ("des Ancêtres").
Avant le XXe siècle, les Torajas vivaient dans des villages autonomes, dans lesquels ils pratiquaient l'animisme et demeuraient relativement préservés de tout contact avec le monde extérieur. Au début des années 1900, des missionnaires néerlandais entreprirent l'évangélisation des Torajas des hautes terres.
Les Torajas sont connus
- pour l'importance de leurs rites funéraires élaborés qui sont d'importants évènements sociaux, qui durent plusieurs jours et auxquels assistent en général des centaines de personnes, ce qui conduit à sacrifier un grand nombre de buffles,
- pour leur sites funéraires familiaux, appelés liang, taillés dans les falaises,
- pour leurs maisons tribales ou foyers coutumiers, des maisons traditionnelles massives aux toits concaves en pointes, connues sous le nom de tongkonan, en forme de bateau (symbolisant la légende de l'origine des Torajas venant par la mer en provenance du Cambodge) ou évoquant les cornes du buffle tant sacralisé...
- et pour leurs dessins et sculptures sur bois colorés.
Puang Sambolinggi, le dernier roi Toraja est mort en juillet 2003 à l'âge de 93 ans. En fait il n'a occupé son trône que pendant un an jusqu'à ce que, quelques jours après la capitulation du Japon en août 1945, l'Indonésie ait déclaré son indépendance et aboli les monarchies tribales sur le territoire de la nouvelle république.
LA COUTUME:
famille, village et caste
Le vie des toraja est réglée par la loi coutumière, aluk to dolo, ou voie des ancêtres.
La famille est le groupe social et politique primaire dans la société toraja, une sorte de clan
Femmes et hommes sont égaux et aucune tâche n'est rigoureusement assignée à un sexe ou à l'autre. L'autorité est assumée par le conseil du village, dirigé par le plus ancien, l'Ambe Tonduk, tandis que le sorcier ou guérisseur, Tominaa, est le maître des cérémonies.
Pour exploiter un terrain, le paysan fait une demande au chef du village qui après bornage va lui attribuer une parcelle. Au bout de 7 années d'exploitation, le paysan peut de faire délivrer un titre de propriété reconnu par le gouvernement. Ainsi peu à peu la propriété communautaire disparaît.
Le mode de dévolution de la succession est assez particulier: l'héritage n'échoit pas aux descendants, mais au parent qui a le mieux pourvu au bien-être du défunt, ou qui a sacrifié le plus de taureaux lors des funérailles.
Chaque village est une famille élargie, dont le siège est le tongkonan, une maison traditionnelle portant un nom, qui devient le nom du village.
Les dons notamment à l'occasion de funérailles maintiennent l'unité du village.
Le mariage entre cousins éloignés (cousin au quatrième degré et au-delà) est une pratique courante qui renforce la parenté afin d'éviter la dispersion de la propriété. La solidarité est forte au sein de la famille élargie partager les frais des rituels de sacrifices et payer les dettes.
Dans l'ancienne société Toraja, les relations familiales étaient étroitement liées à la classe sociale ou plus précisément à la caste des personnes selon la loi coutumière:
- Tana Bulaan (Bulaan f= for). Il s'agit des nobles qui ne se marient jamais avec des personnes d'une classe inférieure. Si quelqu'un de cette caste répudie sa/son conjoint, alors il/elle doit lui payer 24 buffles en dédommagement.
- Tana Bassi (Bassi f= fer). Le divorce dans cette caste coûte 10 buffles.
- Tana Karurung (peuple). Le divorce dans cette caste coûte 2 buffles.
- Tana Kuakua (esclaves). L'esclavage qui existait dans certaines zones pour le travail dans les rizières a été aboli en 1909 par le gouvernement néerlandais Indes orientales et n'a vraiment cessé que dans les années 1920.
En pratique, on ne distingue que trois classes en fusionnant la troisième et la quatrième:
- nobles (5%) ou Tokapua,
- bourgeois aisés (25%) ou Tomakaka
- et les travailleurs roturiers (70%) ou Tobuda.
L'attitude condescendante de la noblesse envers les roturiers est encore maintenue aujourd'hui pour des raisons de prestige de la famille.
Encore plus schématiquement, il faut faire la distinction entre "possédants " et "non possédants"
L'appartenance à une caste est héritée par la mère (le contraire de ce qui se passe chez les hindouistes de Bali). Il est interdit de se marier avec une femme de classe inférieure. En revanche, épouser une femme de classe supérieure permet d'améliorer le statut de la prochaine génération.
CE QU'ILS DETESTENT...
UNE SOCIETE SUR LA DEFENSIVE ?
Les Toraja seraient-ils un peu, voire beaucoup, xénophobes ?
Cela tiendrait-il à leur statut de minorité brimée et dévalorisée ?
Les Toraja n'aiment pas trop les Japonais du fait de l'occupation qu'ils ont pratiquée pendant la Seconde Guerre Mondiale et du fait qu'aujourd'hui ils vendraient des produits déclassés dans les pays en développement...
Les Toraja n'aiment pas trop les Chinois et les jalousent en raison du fait qu'ils monopolisent peu à peu tout le commerce, tout en reconnaissant que c'est une activité dans laquelle ils excellent. L'Indonésie n'est qu'une première étape dans leur ascension. Après quoi, les Chinois émigrent vers Singapour, puis vers l'Europe, avant d'attendre l'eldorado étasunien.
Herman fait part de deux anecdotes au sujet des Chinois.
- Afin de ne pas payer de droits de succession, ils ne déclarent pas les décès. Les morts sont discrètement enterrés sous leur maison, ce qui a l'avantage de placer très directement la famille sous la protection des ancêtres...
- De la même façon, ils mettent leur magot à l'abri sous terre afin de le protéger d'incendies éventuels et de vols, protection relative dans ce dernier cas car les voleurs se sont adaptés et creusent des galeries sous les maisons des Chinois.
Les Torajas n'aiment pas les Musulmans que sont leurs plus proches voisins Bugis. Pour cela, ils mettent en avant les défauts qu'ils leur prêtent et notamment le fait que les hommes exploiteraient leurs femmes (et encore sans évoquer la polygamie):
- «le matin, les hommes restent couchés, envoyant les femmes à la prière,
- leurs femmes qui après cela leur préparent et leur servent le petit-déjeuner,
- avant de s'en aller seules travailler aux champs tandis qu'en milieu de matinée, ces messieurs se contentent d'aller se rendre compte de l'avancement du travail avant d'aller à la mosquée pour la prière de midi,
- après quoi, ils déjeunent puis font une bonne sieste pendant que les femmes sont reparties aux champs, - jusqu'à une nouvelle inspection dans l'après-midi et la journée tire à sa fin tranquillement...».
En contrepoint, Herman dresse un portrait pas très flatteur des Toraja.
Ceux-ci sont, paraît-il, très complexés de leur apparence physique face aux Occidentaux, notamment par leur nez à tel point que ceux qui ne sont pas habitués au contact des touristes se cachent le nez de leur main, baissent la tête et sont rouges de honte...
Nous n'en avons pas vus de cette sorte. Quant aux nez, ils n'ont rien de plus ou moins disgracieux que bien d'autres (cf . photos de portraits dans les diaporamas de ce récit)...
CE QU'ILS AIMENT,
CE QU'ILS MANGENT...
L'alimentation traditionnelle des paysans toraja fait aussi l'objet de quelques remarques de la part d'Herman.
C'est une alimentation solide: pas de potage mais des légumes verts et surtout du riz al dente pour qu'il tienne au corps. Comme le riz a séché sur le sol, on y trouve donc aussi du sable ce qui fait dire que "ici il faut avoir "un gésier de poulet plutôt qu'un estomac" pour le digérer. Ils mangent tout, même les cartilages voire les petits os dès lors qu'ils ne peuvent pas blesser. Quant à certains poissons locaux remplis d'arêtes, les Toraja ont une façon bien particulière de les manger en mastiquant les bouchées et en les roulant longuement de sorte à isoler les arêtes afin de les recracher (je dirais "régurgiter").
C'est une alimentation riche en énergie, salée, épicée et sucrée...
VERS LE DECLIN
OU LA DISPARITION ?
Minoritaire, la culture toraja est menacée.
Confrontée à la modernité et à la mondialisation, elle s'altère et les jeunes s'en détachent.
Notre guide Herman le déplore tout en étant lui-même un vecteur de cette évolution...
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Nuit assez calme bien que l'hôtel Misiliana Toraja soit proche de la route mais à partir de 5 heures, ce n'est plus un concert de grillons qui se fait entendre comme en soirée, mais celui donné par des dizaines de coqs qui se répondent ou se défient par leur chant d'une basse-cour à l'autre. A cela s'ajoutent les cris puissants et étranges d'animaux que je n'identifie pas bien (porcs ?), cris qui me rappellent un peu ceux des indris de Madagascar...
Puisque je me trouve ainsi réveillé bien trop tôt, je décide d'en profiter pour me balader dans le parc de l'hôtel.
A l'hôtel Misiliana Toraja
Là de jour, on voit bien les grosses maisonnées kitsch où nous logeons. Un grand tour du côté de la piscine, de la grande salle de banquet, retour vers l'accueil par la grande allée bordée des maisons traditionnelles et des greniers qui leur font face. Entre la route et les bâtiments où nous logeons, dans un espace mal entretenu, je remarque quelques petits potagers et de petits bassins ou viviers avec des lotus aux fleurs roses.
Petit tour sur la route voisine. Quelques maisons avec leur potager et leur basse-cour dont les coqs sont en pleine action. Garage de bus d'un transporteur, marchand d'articles funéraires, une dame récoltant des feuilles de patates douces, un chat noir sans queue sur un toit, la rivière Sadang qui coule en contrebas de la route en venant de Sa'dan...
Au nord et au sud du pays toraja, nous allons visiter quelques uns des dix sites inscrits sur la liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2009, notamment Palawa au nord, Londa et Lemo au sud.
L'UNESCO prend en compte un patrimoine qui a été transmis de génération en génération depuis au moins 700 ans ou même plus et qui reste une culture vivante malgré les changements survenus au cours du temps. Leurs coutumes funéraires ont évolué surtout depuis le XVIIe siècle, lorsque le Bugis de la zone côtière, au sud, ont envahi Tana Toraja. Avant cette date, les restes humains et des cadeaux funéraires précieux étaient placés dans des cercueils de bois sculptés. Pendant l'invasion, beaucoup de de cercueils joliment décorés ont été détruits et pillés. Depuis lors, les Toraja ont commencé à fabriquer des cercueils moins décorés et les ont placés en haut de falaises, tout en maintenant une sculpture plus complexe pour les portes de tombes et statues de portrait du défunt, les tau-tau. La cosmologie Toraja représente une cosmologie ancienne commune aux communautés du Sud-Est asiatique qui est maintenant en train de disparaître.
De Rantepao à Sa'dan
Nous quittons l'hôtel à 8h30 pour commencer notre visite du nord du Pays Toraja (Utara Toraja).
Nous traversons Rantepao, une ville d'environ 45 000 habitants, avec un aspect un peu Far West et un "urbanisme désordonné" pourrait-on dire si les deux termes n'étaient pas antinomiques. Pour faire typique, on n'hésite pas à construire de grands bâtiments pastichant le style des maisons traditionnelles que nous allons justement voir dans un petit moment.
La présence du christianisme s'affiche par de nombreuses églises dont le clocher est parfois surmonté d'un coq. Pourtant rien à voir avec notre symbole "gaulois", ici la symbolique du coq est omniprésente mais autre.
Ici les becak ou cyclopousses à pédales sont remplacés par une version motorisée, avec la nacelle à deux places à l'avant comme sur la version à propulsion humaine.
Au-delà de la ville, c'est un paysage de rizières, à différents stades de culture: préparation de la boue, repiquage... Herman nous fait remarquer que ce que l'on pourrait prendre pour des croix sommaires plantées dans les rizières sont en réalité des supports d'épouvantails. Des buffles attachés à un piquet et parfois accompagnés d'un pique-boeuf paissent dans les parcelles qui ont été récoltées.
Les buffles, en fait, on les voit un peu partout, au pâturage, au bain de boue ou au bain dans la rivière mais jamais au travail car c'est ici un tabou. Herman nous explique que c'est une spécificité toraja. Le buffle mâle est sacré même si on le sacrifie lors des funérailles mais jusqu'à son sacrifice, il est entouré de tous les soins. Son maître le lave 3 ou 4 fois par jour avec du savon ou du shampoing (!), on lui apporte de l'herbe en plus de celle qu'il a pu brouter et s'il y a de l'orage la nuit, son maître vient auprès de lui pour le tranquilliser...
Le fait d'en posséder plusieurs est un évident signe de richesse. Leur prix que l'on évoquera lors de la visite d'un marché en apporte la preuve évidente.
Traversée de hameaux avec les bâtiments traditionnels que je qualifierai de "bicornes", aux toits de tôle plus ou moins rouillée, un type d'habitat que nous n'allons pas tarder à mieux découvrir.
Dans les champs, nous commençons à voir des tombeaux familiaux modernes en béton, surmontés d'une croix.
Curieusement, au bord dans une rizière où l'on ne voit ni des travailleurs ni des animaux, un reporter est en train de filmer avec une grosse caméra professionnelle. Il est vrai que sa caméra est plutôt dirigée en direction de notre bus qui passe à ce moment là... le sujet du reportage est peut être le tourisme...
A l'heure où ils se rendent à l'école, rencontre avec les collégiens tout de blanc vêtus.
Petit étal sur le bas-côté de la route: bouteille d'essence vendue au détail pour les utilisateurs des petites motos et même des balles de jeu sepak takraw, en bambou tressé.
Ces balles d'une quinzaine de centimètres de diamètre servent à pratiquer un jeu de balle collectif, plus qu'un vrai sport, ressemblant un peu au volley pratiqué dans les pays d'Asie du Sud-Est. Chaque équipe de trois joueurs doit envoyer la balle par dessus le filet en direction de l'autre équipe. Les joueurs doivent exclusivement utiliser les pieds, les genoux, les épaules ou la tête, à l'exception des bras ou des mains, la balle ne devant ni toucher le sol ni sortir du terrain. En Indonésie, Malaisie et Singapour, la version ludique s'appelle sepak raga, takraw en Thaïlande, chinlone en Birmanie, sipa aux Philippines, kator au Laos et da cau au Vietnam. Quant à la variante sportive de ce jeu pratiquée en Indonésie, Malaisie et Singapour, elle est nommée sepak takraw (du malais-indonésien sepak, qui signifie "donner un coup de pied", et du thaï takraw, signifiant "balle").
Si on a vu pratiquer ce jeu au Vietnam ou en Birmanie, nous n'avons encore eu aucune occasion de le voir en Indonésie, pas plus à Java, qu'à Bali ou à Célèbes (on verra plus tard des garçons y jouer dans une cour d'école). Pourtant à 2 ou 3 reprises, nous avons vu des boutiques vendant les balles destinées à ce jeu. Il semble que ce jeu traditionnel d'équipe a été supplanté par un jeu plus individuel et devenu universel, le badminton (issu d'un jeu pratiqué par les Amérindiens) dont nous avons plusieurs fois vu des adeptes...
On a dépassé le village de Palawa, village où nous allons nous arrêter au retour tandis que la route grimpe et vire sérieusement.
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Village de Sa'dan
Maison toraja ''tongkonan''
Maison toraja ''tongkonan''
Maison toraja ''tongkonan''
Grenier toraja ''alang''
Après une heure de trajet, nous voici à Sa'dan - Sangkombong, un village traditionnel assez bien conservé comme il en existe encore quelques dizaines dans le pays toraja. Nous allons consacrer une heure à sa visite.
Près de l'entrée, nous sommes accueilli par un gros buffle et par un étal de vente d'essence au détail. Elle est chère au litre, 8000 Rp au lieu de 6500 pour les automobiles dans les stations services (5500 pour le biocarburant diesel à 5% d'huile de palme). A noter que pendant tout le circuit sur ces trois îles indonésiennes, nous n'avons vu que des pompes à l'enseigne de Pertamina abréviation de Perusahaan Pertambangan Minyak dan Gas Bumi Negara ("entreprise d'État pour l'exploitation du pétrole et du gaz naturel").
A l'entrée du village, une pancarte indique obyek wisata - perumahan adat - pusat pertenunan asli toraja, ce qui signifie "site touristique - habitat autochtone - tissage original du centre du pays toraja".
Le village est organisé de part et d'autre d'une allée centrale orienté ouest-est. Sur le côté gauche, le côté le plus ensoleillé, donc ici au nord, c'est la rangée des imposantes habitations traditionnelles à l'architecture d'origine austronésienne, appelées tongkonan (du mot tongkon signifiant "s'asseoir, assis côte à côte)". C'est l'élément le plus voyant d'une culture unique au monde. Selon le mythe, la première maison Toraja a été construite dans le ciel par Puang Matua, le Créateur.
Ces maisons que j'ai qualifiées de "bicornes" ont pour trait distinctif d'avoir un toit à double pente, à la ligne faîtière concave, débordant des pignons au-dessus desquels de longues (10m.) pointes incurvées appelées longa s'élancent vers le ciel. Du fait de l'importance du buffle dans la culture toraja, je pencherais donc plus pour une symbolique en rapport avec les cornes de l'animal plutôt que pour l'évocation de bateau comme le propose Herman pour qui les ancêtres de ces montagnards chassés de Chine ou d'autres îles de l'archipel seraient venus du nord par la mer. Il existe encore une autre interprétation selon laquelle la forme du toit en forme d'arche évoque le ciel.
A l'origine, seuls les nobles avaient le droit de construire des tongkonan tandis que les roturiers vivaient dans des demeures plus petites et moins décorées, appelées banua. Mais aujourd'hui les nouveaux riches bousculent la tradition...
Trois types de tongkonans différents peuvent être distingués. Le premier appelé tongkonan layuk appartient aux autorités coutumières (adat) les plus élevées, les nobles. Le deuxième type appelé tongkonan pekamberan appartient à un clan familial de chefs coutumiers. Le troisième type appelé tongkonan batu appartient à des gens ordinaires.
Au centre de la rangée, les deux plus anciennes maisons vieilles de cinq siècles sont conservées avec leur toit de chaume supporté par une charpente en bambou. L'ossature des maisons traditionnelles est faite de poteaux et de poutres en "bois de fer", le bois le plus dense et le plus résistant qui soit. La section des pilotis est carrée afin d'empêcher les serpents de s'enrouler et de grimper dans la maison. Comme les chalets forestiers avec lesquels jouent nos (petits) enfants, ces constructions sont assemblées avec des emboîtement des différentes pièces, sans recours à aucun clou ou vis.
Le Créateur, Puang Matua, est associé avec le nord, donc la tongkonan doit aussi faire face nord. Le sud de la maison est associée à l'Au-delà (le Ciel ou Puya) et les ancêtres. L'Occident et l'Orient sont associés avec les mains gauche et droite du corps humain, mais aussi avec le monde des dieux (est) et les ancêtres dans leur forme divinisée (ouest).
Ces maisons sont dites "maisons fumées" (rumah asap) ou maisons patriarcales car destinées à l'habitation, elles ne peuvent être ni achetées ni vendues.
Sous la partie habitée, entre les pilotis, cet espace bala bala est l'endroit où l'on stocke de l'outillage et ou l'on peut abriter des animaux (volailles, porcs). Une sorte de terrasse surélevée est aménagée à l'abri de l'avancée du pignon. Le longa, l'avancée du pignon, est utilisé pour les tâches liées à la filature ou au tissage.
La partie supérieure destinée à l'habitation à laquelle on accède par un escalier extérieur, se décompose en trois parties: au nord une chambre plus ensoleillée aux jeunes filles, au centre une salle commune qui sert à la fois de cuisine (avec le foyer placé à l'est) et de chambre pour les jeunes hommes, enfin au sud, la chambre des parents qui y stocke dans des paniers (batutu) leurs biens les plus précieux.
Dans la chambre des parents, au sud, on peut aussi installer pendant un certain temps un défunt embaumé dans son cercueil en attendant les funérailles, un délai qui se compter en années (parfois jusqu'à une vingtaine), afin qu'il puisse faire face au sud, où vivent les ancêtres dans le ciel. Tant que la cérémonie funéraire n'a pas eu lieu, la personne est considérée comme "malade" (to masaki en langue toraja). Et on continue de lui mettre son couvert à table. L'âme du défunt est sensée s'attarder autour du village jusqu'à la cérémonie des funérailles, après quoi il fera son voyage vers le Puya, le Paradis.
Martin nous cite l'exemple de sa grand-mère décédée depuis 4 ans et qui repose dans un cercueil est resté dans la maison de famille. Ses funérailles auront lieu cette année, en décembre. Les pauvres qui n'ont pas le moyen de faire embaumer les défunts continuent de recourir à des herbes aromatiques pour masquer les odeurs de putréfaction jusqu'au dessèchement du corps.
Autre exemple, les funérailles de Puang Sambolinggi, le dernier roi Toraja mort à 93ans en juillet 2003, n'ont eu lieu que cinq ans plus tard. Dans le cercueil, sa momie traitée avec des conservateurs naturels était enveloppée dans 320 mètres de tissu.
Dans la suite du récit, nous reparlerons à plusieurs endroits des différents rites funéraires torajas.
Les villages se constituaient par agrandissement de part et d'autre de la maison du fondateur. Ici les tongkonan aux pointes de toit encore plus élancées et couvertes de tôle ont une cinquantaine d'années. Parfois des sortes d'appentis sont venus s'y greffer.
Les murs extérieurs sont ornés de dessins stylisés et des motifs géométriques divers de couleur blanche ou noire sur un fond rouge mais il est effacé sur les maisons les plus anciennes. Ce sont souvent des spirales contiguës (qui pourraient évoquer l'eau, source de vie), des carrés, des genres de losanges, de méandres grecs, de croix de Malte... De grands motifs noirs sont des têtes de buffles stylisées. Dans la partie haute du pignon, on peut voir deux coqs se faisant face, perchés sur deux disques représentant le soleil. Ce dessin symbolise la Justice. Herman nous précise qu'autrefois les Torajas n'ayant pas d'écriture, leurs dessins avaient un sens symbolique, par exemple:
- le coq pour l'autorité, le chef
- 3 barres parallèles verticales pour l'égalité
- le cercle pour représenter le soleil ou la lune
- le buffle pour l'amour filial et la richesse
Bien d'autres dessins symboliques pourraient encore être repérés par une observation approfondie.
Une effigie de tête de buffle en bois sculpté est accrochée au pignon. Tandis qu'un mât de bambou est fixé à l'avancée du longa, la pointe sud du pigon, pour y suspendre des paires de cornes de buffles sacrifiés. Plus il y en a et plus le rang de la famille est élevé. On peut aussi voir sur certains pignons des guirlandes faites d'ossements de mandibules.
A côté des maisons traditionnelles, des "maisons individuelles modernes" et banales ont aussi fait leur apparition... Herman précise que dans les constructions pastiches qui se multiplient, la décoration s'appauvrit et devient plus grossière.
Devant certaines maisons tout comme au bord des rizières, on voit parfois une plante ornementale aux feuillage rouge, la cordyline, une sorte d'agave originaire de ces régions entre Asie et Océanie.
Les Toraja ont encore d'autres types de "maisons". C'est l'église ou "maison de la religion" si la communauté a le moyen d'en bâtir. Mais ce sont les "maisons sans fumée", autrement dit les tombeaux qui constituent l'autre élément typique de la culture toraja. Nous aurons plusieurs occasions d'en parler pendant les deux jours de notre circuit dans cette région.
Maintenant, parlons des constructions situées au sud et faisant face aux maisons. Il s'agit des alang, des greniers, certaines familles en possédant parfois plus d'un. En dehors du fait qu'ils sont sur pilotis, ils n'ont rien de comparable avec ceux que l'on a vu au centre de Bali, à Jatiluwih.
En plus réduits, ils ont le même aspect que les maisons et les mêmes types de décors. On en retrouve même sur la face inférieure de leur plancher avec des frises représentant des buffles noirs et albinos (les plus onéreux) ou des porcs. Pour ces greniers sur pilotis, on utilise des troncs parfaitement lisses du palmier banga. Pour une conservation de longue durée du riz (par exemple dans la perspective d'organiser des funérailles dans 2 ou 3 ans), on y stocke le riz laissé en bouquets, de petites gerbes non battues. Le riz noir est en ce domaine ce qui est le plus précieux car de faible rendement et occupant plus longtemps le terrain de culture.
Les grandes cérémonies agricoles de l'année toraja sont célébrées dans la région entre les maisons et les greniers.
Pendant la visite du village, Herman évoque les 7777 règles qui organisent la vie des communautés toraja selon une tradition purement orale connue des patriarches. C'est un code constitué d'obligations et d'interdits (ou tabous).
Il est interdit par exemple de renier ses parents, d'avoir des unions consanguines, de tuer une personne, de faire travailler un buffle, de piller les sépultures...
Il faut orienter son couchage d'une certaine manière, de même qu'il y a une façon de s'asseoir...
Tout au bout de l'allée, on peut voir une grand-mère tisserande accompagnée de sa petite-fille. Dans ce village, il ne subsiste que deux ou trois tisserandes...
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Village de Palawa (site inscrit en 2009 sur la liste indicative de l'UNESCO )
Maison toraja ''tongkonan'' Maison toraja ''tongkonan''
Maison toraja ''tongkonan'' (détail) Grenier toraja ''alang''
Une dizaine de minutes de trajet nous permettent de voir quelques constructions de type traditionnel et d'autres tout à fait contemporaines, des garçons jouant en équipe de trois au jeu traditionnel sepak takraw avec la balle tressé en bambou.
Et nous voici au village de Palawa auquel nous allons également accorder une heure de visite.
A l'entrée du village, cette fois-ci pas un buffle pour nous accueillir mais des morceaux de lard bien épais disposés sur un bout de tôle. Ils fondent plus qu'ils ne sèchent. Hum! Miam miam!
Herman nous parle de boucanage mais ce n'est pas vraiment le terme approprié car cette technique de séchage fait aussi appel à la fumée. Dire qu'on en goûtera tout à l'heure dans un plat appelé Babi Pamarasan mais on l'ignore encore !
Avec une disposition semblable à celle de Sa'dan, le village de Palawa est mieux conservé dans sa forme d'origine car tous ses tongkonan, ses maisons traditionnelles, ont gardé leur toit de chaume traditionnel. Les toitures les plus dégradées sont en cours de restauration. le site comporte 11 maisons et 15 greniers.
Sur les maisons les plus anciennes, les décors sont peints en rouge et noir dans des gorges sculptées dans le bois qui conserve sa patine naturelle. Herman nous indqiue la symbolique des couleurs chez les Toraja: blanc pour la pureté, jaune pour la gloire et la puissance (tiens donc, c'est la couleur impériale en Chine), rouge pour la vie et noir pour la mort.
Les pignons de certaines maisons sont dotés de plusieurs mâts ornés de paires de cornes de buffles. Sur l'une d'elles, on peut même voir une tête de dragon à l'extrémité d'un long cou.
Un coup d'oeil dans une habitation dans laquelle on pénètre par un escalier situé à l'ouest, permet d'avoir une idée du mobilier sommaire: nattes en paille de riz sur le plancher, couvertures et coussin empilés dans un coin et, dans l'une des chambres, une intruse... sous forme d'armoire à glace!
Sur une aire dans la cour, des rondelles d'igname sèchent après quoi elles seront réduites en farine. Petit détour à l'arrière d'une maison où l'on peut voir un abri où dorment deux énormes porcs à peau noire. Sans doute le couple dont le mâle se distinguerait pas sa taille et par ses longues canines recourbées dépassant de la gueule, ce qui laisserait supposer quelque métissage avec un cousin sauvage babiroussa....
On ne voit pas de tisserande en activité mais des marchandes de tissu et autres souvenirs typiques neufs ou d'antiquité: tableaux et maisonnettes, boîtes pour le riz cuit à la vapeur, poteries, colliers, figurines naïves en bois et même des tau tau, des effigies funéraires que l'on aura l'occasion de voir ailleurs à leur vraie place...
Remarque incongrue: s'il n'y a pas ici de chiens errants galeux comme à Bali, c'est la laideur des chats que l'on remarque parce qu'ils ont la queue coupée. Herman nous précise que cela résulte d'une tradition toraja selon laquelle si on enterre la queue du chat près de la cuisine, celui-ci restera toujours dans les parages immédiats, non pas pour qu'il chasse mieux les éventuels rongeurs mais pour toujours être en mesure d'observer ses mimiques qui sont interprétées comme annonciatrices de tel ou tel phénomène météorologique.
''tongkonan'' et ''alang'' du village toraja de PALAWA
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Paysage des environs de Lempo et Batutumonga
Nous reprenons notre bus en direction de l'ouest, vers Batutumonga (batu signifie "rocher, pierre, roc"). Dans un paysage de montagne, nous devons y voir des rizières particulières.
Après être repassés près de Rantepao, par endroit la route étroite est carrément défoncée, bien pire que celles que nous avons empruntées en Birmanie, et c'est en 4x4 qu'il faudrait circuler. On peut voir des peintres en train de décorer le pignon d'une nouvelle tongkonan, un décor il est vrai plus sommaire que celui des anciennes maisons. Nous passons près de champ où sont érigé des tombeaux tout à fait syncrétiques, en ciment peint, et surmontés d'un toit en tôle rappelant celui des maisons traditionnelles. Les hameaux traversés nos révèlent un mélange de ces maisons d'une époque intermédiaire (couvertes en tôle) et de maisons super kitsch avec balcons et ravalements de couleur vive.
Plus loin et plus haut, c'est avec difficulté que nous croisons un camion qui revient de la montagne, sa benne remplie de gros troncs de bambou et de jeunes bûcherons.
En route Herman prend des renseignements sur l'état de la route car il n'y est pas venu par ici depuis quelque temps. En raison d'éboulements et de chutes de rochers, nous nous arrêterons au bout de trois quarts d'heure, avant le village de Lempo.
Nous ne verrons donc pas la crête spectaculaire où est édifié le village de Batutumonga et le panorama qu'elle offre à 1300 mètres d'altitude ni ses 56 menhirs disposés en cercle.
Dans la montagne du côté de Lempo
Dans la montagne du côté de Lempo
Dans la montagne du côté de Lempo
Comme on l'a déjà vu précédemment, des buffles se vautrent dans la boue des rizières pour se protéger du soleil (dangereux pour les albinos) et des parasites et autres insectes. Mais par ici les rizières ont ceci de particulier, c'est qu'on a l'impression que des hippopotames s'y vautrent également. Un regard plus attentif révèlent qu'il s'agit de gros rognons de rochers, ce qui ne doit pas faciliter les travaux agricoles.
Les plus gros rochers ont été transformés en tombeaux comme en témoignent les ouvertures qui y ont été percées ainsi que les toits "bicornes" qui les surmontent, vestiges des sarcophages-corbillards utilisés pour amener les cercueils lors des funérailles.
Nos bus profitent d'un emplacement où ils peuvent se garer près d'un hameau car nous allons devoir marcher un peu, la route pouvant être dangereuse plus loin et ne pas se prêter à la manoeuvre.
Les maisons et greniers de style traditionnel sont couverts en tôle. Une "maison moderne" semble être la propriété d'un paysan riche puisqu'elle est entourée par trois greniers alang. Près de là, munie d'un bâton, chemine une vieille dame pliée en deux, rendue presque bossue par le dur labeur qu'elle a pratiqué dans les rizières. Changement de décor avec la rencontre de la jeune génération, des écoliers en uniforme qui rentrent chez eux car il est déjà midi et demi.
Au fil de la promenade, Herman nous donne quelques indications sur la flore que l'on peut voir: girofliers, caféiers... Les cerises de caféiers pourtant bien mures ne sont pas récoltées. L'économie locale se trouve probablement bouleversée... par le tourisme, peut-être...
En passant près d'une bambouseraie et avisant près de là une échelle locale, il nous fait une démonstration de son agilité. "L'échelle" n'est qu'une tige de bambou percée de place en place de trous dans lesquels le grimpeur insère seulement ses gros orteils !
En cheminant, on peut voir plusieurs spécimens de tombeaux creusés dans des rochers qui émergent des rizières. Un tombeau est remarquable en ce qu'une niche y a été aménagée pour placer les effigies peintes d'un couple de vieillards qui y sont inhumés. A certains tombeaux, un portail en ciment a été ajouté. D'autres tombeaux en ciment et surmontés d'une croix ont été édifiés au-dessus d'un rocher où les dépouilles familiales se trouvaient sans doute à l'étroit. Les plus gros rochers contiennent parfois plusieurs sépultures et sont l'équivalent en réduction, de la falaise funéraire de Lemo qui sera présentée dans la page suivante. Comme eux, ils sont sans doute postérieurs au XVIe siècle et à l'utilisation d'outils de carrière introduits lors de la colonisation.
Après avoir marché sur environ un kilomètre et demi, nous arrivons dans un virage là où l'éboulement à eu lieu, tout près d'un hameau. Cette "route de l'amitié Indonésie-Japon" (jalan persahabatan indonesia-jepang), telle que la désigne un panonceau, aurait à nouveau grand besoin des subsides de son généreux donateur. Herman nous montre les arbres à "bois de fer" d'apparence banale utilisés pour les pilotis des maisons et, tout près de là, le palmier banga à tronc lisse utilisé pour les pilotis des greniers.
Toujours à pied, nous refaisons le chemin inverse pour rejoindre les bus. Sur le bord de la route, on peu voir de magnifiques cacaoyers (y compris de criollos à cabosses rouges) dont les cabosses ne sont pas récoltées et pourrissent dans les arbres. Même constat qu'avec les caféiers... Il semble vraiment que les paysans n'ont plus de motivation pour exploiter ces plantations industrielles. Herman nous fait goûter aux fèves violacées, peu amères et peu sucrées sous cette forme.
Nous repassons près de la bambouseraie où des bûcherons s'affèrent à abattre de grosses tiges qui peuvent atteindre plus de 20 mètres de haut. Au bord de la route, les fougères arborescentes prospèrent ainsi qu'un arbuste invasif (un parmi les 100 pires au monde), le lantana. Cette jolie fleur originaire d'Amérique latine et d'Afrique est utilisée comme répulsif dans les rizières pour lutter contre les escargots et pour son pouvoir répulsif contre les insectes des céréales, tandis que jadis les Toraja enduisaient les flèches qu'ils tiraient avec leur sarbacane avec la sève très toxique (gêne respiratoire, troubles neurologiques problèmes digestifs) de ses feuilles ou de la pulpe de ses drupes.
Rizières de montagne aux environs de Lempo
Il est plus de 13h lorsque nos bus reprennent en cahotant le "chemin" pour redescendre vers Rantepao. Nous n'avons toujours pas déjeuné!
Points de vue sur de jolies rizières du côté de Rantepangli. Longeant la rivière Sadang, on aperçoit les gravières qui y sont installées pour extraire des matériaux de construction tandis que tout près de là un buffle albinos prend son bain.
Nous passons dans la périphérie de Rantepao, à 3km au nord-est, dans le secteur du pont suspendu de Kakondongan sur la route de Palopo, non loin de Bolu.
Nous déjeunons au Celebes Restaurant... Rien à voir avec un restaurant de rue ou une gargote Warung ou Rumah Makan (nom parfois abrégé en "RM", dont la traduction littérale est "maison manger").
Nous y croisons un sympathique groupe d'Allemand dont une dame qui parle parfaitement français.
Le restaurant est situé sur le bord d'une zone de rizières dont l'eau à pris une couleur rouille due à la présence d'algues.
De petit parc où poussent des "roses de porcelaine" (Etlingera elatior) épanouies et un tamarillo (Solanum betaceum), l'arbuste aux délicieux fruits ovoïdes. On aperçoit à l'ouest le clocher du hameau de Tantanan surmonté d'un coq multicolore.
Mais si l'on est là, ce n'est pas tant pour le paysage ou pour la flore tropicale que pour manger car il est déjà 14h15. On va déguster deux spécialités culinaires du pays toraja:
- Pa'piong Manuk, du poulet cuit à l'étouffée avec de la banane et du lait de coco dans un cylindre de bambou fendu. Ça nous rappelle un délicieux repas dans les rizières en terrasse de Ping'An en Chine.
- Babi Pamarasan, du lard tout noir, non seulement noir de la couenne mais aussi le gras et le maigre car il a cuit dans une sauce noire d'encre faite avec le pamarasan, rien à voir avec le parmesan puisque c'est une poudre tirée des noyaux du fruit de l'arbre kepayang (Pangium edule) également connu de ces archipels de l'Insulinde (Indonésie, Malaisie et Philippines) sous les noms de kluwek, keluwek, keluak ou atau kluak. Un moment de recul justifié après le spectacle du boucanage au soleil vu ce matin à Sa'dan et aussi par le souvenir d'un infect lard noir que l'on a goûté, toujours en Chine, mais au village de Xitang (non loin de Suzhou). Appréhension injustifiée car ce plat roboratif est tout à fait mangeable bien que grassouillet...
Pour faire bonne mesure et rester dans les traditions, on accompagne tout cela de riz vapeur, de légumes sautés et d'un petit coup de vin de palme que l'on appelle tuak ou balok. En revanche on ne nous propose pas l'arrack, l'alcool ambré, obtenu notamment à partir de riz, fabriqué du Sri Lanka jusqu'en Asie du sud-est (qui n'a donc rien de commun avec les araks proche-orientaux d'eau-de-vie de raisin anisée).
Au ''Celebes Restaurant'' Poulet ''pa'piong manuk' Porc 'babi pamarasan''
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Pasar Bolu: le marché pas ordinaire de BOLU
A partir de maintenant, je ne vais plus suivre la chronologie dans la suite de ce chapitre et pour commencer en traitant de Bolu et de son grand marché (que nous n'avons vu que le lendemain matin 24/09).
Deux raisons à cela: finir de couvrir nos visites dans la partie nord du pays toraja et permettre un enchaînement plus logique des visites en rapport avec les pratiques funéraires des Toraja qui seront présentées dans la page suivante.
Le bus nous dépose à quelque distance du marché car ses environs sont bien encombrés par des camionnettes transportant des bestiaux et les triporteurs motos-pousse pétaradants ou même des minibus et de pleines camionnettes amenant villageois et chalands.
Pour ne pas rater ce marché, il est très important d'être bien informé de la tenue de ce marché car il n'a pas lieu à jour fixe mais il se tient ici tous les 6 jours et tourne dans 5 autres villages des environs les jours suivants. En dehors du pays toraja, les marchés ont lieu généralement deux fois par semaine.
Le marché est immense. Au bord d'une rue terreuse, on rencontre tout d'abord de nombreux acheteurs et vendeurs de coqs dont ils testent déjà l'agressivité en vue de futurs combats (prohibés par l'Etat sauf à Bali). Un coq ordinaire, juste bon pour la casserole, vaut environ 50 000Rp (un peu plus de 3€), alors qu'un coq de combat peut valoir de 400 000 à 700 000Rp (de 30 à 50€).
Plus loin des paysans vendent du riz de différentes qualités: blanc, rose (réduit en farine, il sert d'aliment aux bébés), rouge, noir, cassé. Puis c'est un marchand de poisson installé en plein soleil, des vendeurs de tubercules (patates douces, ignames et manioc). D'autres marchands de fruits (bananes, oranges, tamarillos, jaques, fruits de la passion, melons blancs, pastèques, pommes)... et légumes (navets, piments, poivrons, légumes-feuilles...), noix de coco, oranges vertes ou pas, farine de palme, sucre brun de coco en demi-sphères... marchand de volailles et oeufs, marchandes de lard "boucané" posé à même le sol pour faire le babi pamarasan. Un peu plus loin encore, on trouve d'ailleurs un vendeur de poudre noire de pamarasan. Puis encore: vendeurs de petits poissons et anguilles, de crabes d'eau douce, de café...
Petit tour dans la halle des poissonniers: poissons frais et poissons séchés. Sur une allées latérales des boutiques plus particulières sont installées: boutiques de couturières, de coiffeurs...
En ressortant, on trouve aussi du tabac brut en feuilles ou de l'essence vendue en bidons en plastique.
Maintenant on attaque le morceau de choix, le marché aux buffles dont une partie se tient en plein air. Toutefois ce n'est pas le meilleur moment pour juger de l'affluence. En début de saison sèche (juin à août), les animaux sont trois fois plus nombreux, au plein moment de la grande période des funérailles et donc de celle des sacrifices de buffles. C'est pourquoi ce marché est l'endroit où l'on peut s'informer de prochaines cérémonies funéraires dans les environs.
Le temps fort de ce marché se déroule entre 9h et 10h.
On n'y voit que des mâles car seuls ces animaux représentent une valeur. De plus, en vue des sacrifices lors des funérailles, les animaux doivent être parfaitement conformés, avoir leur deux cornes tout comme leurs deux testicules...
Ces bestiaux qui peuvent peser une tonne valent environ 15 millions de rupiahs (un peu plus de 1000€ alors que le revenu mensuel du paysan ne dépasse pas 100€) et certains individus exceptionnels, des "spécimens rares repérés", comme les albinos peuvent valoir dix à vingt fois plus, soit trois à six fois le prix d'un superbe taureau en France ! La couleur de la peau est un critère important, les animaux albinos, donc blancs aux yeux bleus sont plus chers et en les sacrifiant on s'assure de conserver son rang au pays des morts.
Marché aux porcs de BOLU
QUELQUES MOTS SUR LES BUFFLES
Les buffles (de l’italien bufalo, dérivé du grec boúbalis signifiant "antilope", "bœuf sauvage") sont des bovidés originaires d'Asie où leur domestication a commencé il y a 5000 ans, même si une branche s'est répandue aussi en Afrique (genre Syncerus caffer), en se différenciant un peu morphologiquement (par exemple, cornes très incurvées vers le haut). En Asie, outre les espèces naines des Anoas (Bubalus quarlesi et Bubalus depressicornis) et du buffle d'eau sauvage (Bubalus arnee), d'Asie du Sud-Est (Inde, Népal, Bhoutan et Thaïlande), on rencontre essentiellement le buffle domestique appelé aussi buffle d'Asie, buffle d'eau, kérabau ou karbau (genre Bubalus bubalis), parfois hybridé avec le boeuf domestique. Les mâles adultes pèsent environ une tonne, légèrement plus lourds que leurs cousins africains, et s'en distinguent au premier coup d'oeil par leurs immenses cornes légèrement incurvées vers l'arrière et qui peuvent mesurer jusqu'à 2 mètres. Les buffles peuvent vivre une vingtaine d'années mais ici, en Pays Toraja, on les sacrifie quand ils ont une dizaine d'années.
Les buffles ont une lointaine parenté avec les zébus (Bos taurus indicus), bovidés domestiques descendants de l'auroch, originaires de la péninsule indienne puis répandus au Moyen-Orient et en Afrique.
Un peu plus loin, sous une halle se tient le marché aux cochons. Les animaux sont étroitement entravés à l'aide de grosses tiges de bambous et de lanières le plus souvent en plastique au lieu d'être faites de la même matière très résistante qu'est le bambou. Impressionnant cet étalage de centaines de porcs étalés sur le flanc et ligotés sur ces sortes de brancards en bambou.
Un porc gras vaut 5 fois moins qu'un buffle, de 2 à 4 millions de rupiahs.
La plupart de ces porcs ont une bonne épaisseur de lard sous leur peau noire. Certains sont tachetés de rose car issus de croisement avec des races élevées en Occident. Quant aux porcelets transportés dans des sacs en plastique, ils auraient tendance à s'échapper à la première occasion. On peut les comprendre...
Nous quittons le marché au moment où après le négoce, les buffles sont embarqués dans des camions. Quant aux porcs, ils restent dans l'inconfort de leurs entraves pour voyager sur le porte-bagages de petites motos !
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Rantepao: un convoi funéraire hors norme
La traversée de Rantepao par l'axe principal est interdite aux triporteurs motos-pousse mais la circulation n'en reste pas moins chaotique. Un encombrement sur cette voie est l'occasion de découvrir un autre aspect étonnant pour nous de la culture toraja.
Venant face à nous, on croit voir un cortège motorisé de ce qui semble être une manifestation, pétaradant, klaxonnant et toutes sirènes hurlantes.
Voici ce que l'on voit: en tête, tourné vers les "manifestant", un caméraman professionnel, deux motards de la police (polisi) et une marée de petites motos et scooters pilotés par des hommes, une voiture avec rampe lumineuse sur le toit, des voitures et un bus transportant des femmes, deux ambulances suivies d'autres voitures, puis une camionnette avec une sonorisation et le portrait d'un vieil homme planté au-dessus de la cabine, transportant des hommes, enfin, une camionnette ferme la marche en transportant couronnes et gerbes de fleurs.
Passé un moment de surprise, nous avons compris, tout comme vous qui lisez ce récit, de quoi il s'agissait. C'était un convoi funéraire, d'ailleurs dans une des ambulance on pouvait distinguer une vieille dame qui avait tout l'air d'être une veuve, tandis qu'à l'arrière on pouvait distinctement apercevoir un cercueil. Ainsi, les ambulances servent donc de corbillard. Le cortège conduisait la dépouille mortelle au village natal et à la maison patriarcale pour la grande fête familiale des funérailles.
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Sud du
Pays TORAJA
Madandan
Londa
Lemo
Kambira
Makula
Buntu Kalando
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LES FUNÉRAILLES...
L'enterrement "officiel" peut avoir lieu longtemps (parfois plusieurs années) après la mort. Tant que la cérémonie funéraire n'a pas eu lieu, la personne est considérée comme "malade" (to masaki en langue toraja) et on lui met toujours son couvert à table.
Ces grandes funérailles réunissant la famille élargie ont lieu généralement à la saison sèche, entre juin et octobre.
Les festivités qui rassemblent en général des centaines voire des milliers de personnes durent plusieurs jours.
Les rituels mortuaires donnent lieu à de nombreux sacrifices de buffles car les Toraja croient qu'ils accompagnent le défunt au pays des morts, tout comme les Malgaches qui sacrifient des zébus dans le même but.
Ces sacrifices sont essentiels pour se concilier les faveurs du défunt notamment pour obtenir de lui une influence bénéfique sur l'agriculture. Le cérémonial sacrificiel doit de dérouler selon les règles, en immolant le plus grand nombre possible de buffles pour que l'âme, Anitu, du défunt tienne son rang dans l'au-delà, le Puya, la "région de la félicité", soit accompagnée de celle des animaux sacrifiés, dont l'importance détermine le bien-être dans l'au-delà. Mais, sur un plan plus terre à terre, c'est aussi un signe de prestige.
Le premier buffle immolé l'est toujours à l'ouest de la maison. Des enfants se précipitent pour recueillir son sang dans des tubes de bambou. C'est un adulte qui l'a fait lors du sacrifice auquel on a assisté.
A la fin des festivités, le défunt dans son cercueil est conduit au tombeau. A un moment donné, le cortège funèbre s'arrête sur le chemin de la sépulture, les femmes et les enfants retournant au village car ils ne sont pas admis à escorter le défunt jusqu'à son liang, un tombeau creusé dans la falaise. Enveloppée dans un linceul rouge et orné d'or (ce qui incite au pillage), la dépouille est hissée le long d'un échafaudage jusqu'à la porte du caveau. Chaque caveau, fermé par un système de verrouillage secret, abrite les membres d'une même famille.
Sur des balcons situés devant les tombes creusées dans des falaises, des niches abritent des tau-tau (mot dérivé de tau ou to, "personne"), des effigies en bois de jaquier, sculptées à l'image des défunts. La position des mains de ces effigies est rituelle, une main, paume tendue vers le ciel, reçoit les bienfaits que l'autre rend. Ainsi les vivants peuvent contempler les morts et inversement.
Observons que dans l'archipel voisin des Philippines, des traditions d'inhumation dans des grottes perdurent également, notamment dans le site "touristique" de Sagada (île de Luzon).
Toutes ces pratiques funéraires nous rappellent celles de Madagascar que nous avions observées l'an dernier... car n'oublions pas que le fond du peuplement malgache est d'origine austronésienne, donc de ces contrées, à la croisée de l'Océan Indien et du Pacifique...
Ainsi, bien que située à l'autre extrémité de l'Océan Indien (à 8 500 km au sud-ouest), la population malgache a hérité non seulement du fonds linguistique, de la culture du riz, des pirogues à balancier... mais aussi de rites funéraires et du culte des ancêtres, intercesseurs auprès des divinités.
Le "retournement" des morts pratiqué à Madagascar n'est pas sans rappeler les grandes funérailles d'ici, l'enterrement "officiel". De plus ces évènement ont tous les deux un caractère festif et s'accompagnent du sacrifice de nombreux bovidés, de buffles, ici, de zébus, là-bas.
Autres similitudes: des effigies ou totems sont érigées devant les tombeaux familiaux malgaches. Enfin, comme ici, les grottes des falaises sont utilisées comme tombeaux à Madagascar (notamment par les Baras du centre et par les Vazimbas de l'ouest).
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Dans cette page, nous nous affranchissons de la chronologie en parlant maintenant de fête de funérailles alors que nous ne nous y sommes rendus que le lendemain (25/09) matin, sur le trajet de retour vers Makassar. Il en sera de même, juste après, dans l'évocation du site de Lemo et de ses grottes funéraires que nous avons vu la veille (23/09).
Deux raisons à cela: regrouper nos visites dans la partie sud du pays toraja et permettre un enchaînement plus logique et progressif des visites en rapport avec les pratiques funéraires des Toraja. Pratiques qui, bien que restant surprenantes, évoluent et se dénaturent sous l'influence de la christianisation, puis de l'indonésianisation et de la mondialisation dont le tourisme est une des manifestations.
Le 24, lors du déjeuner au "Panorama Restaurant & Cafe" de Sangalla, nous avons recroisé le groupe d'Allemands déjà croisés la veille au resto "Celebes Restaurant". Ils nous ont appris qu'ils revenaient d'assister aux préparatifs de funérailles dans un village du pays et ils en étaient enthousiastes. C'est ce qui a pu amener Herman à nous proposer de nous y rendre tôt le jour du retour vers Macassar.
En effet, les touristes ne sont pas du tout malvenus lors de ces cérémonies de funérailles. En revanche, il est d'usage que chacun fasse un petit présent. Herman l'évalue à 10 000 Rp (0,66€) par personne qu'il va transformer en cigarettes.
Au ''Panorama Restaurant & Cafe'' de SANGALLA' Au ''Panorama Restaurant & Cafe'' de SANGALLA'
Le souvenir de notre voyage à Madagascar ,il y a exactement un an, va nous amener dans les points suivants à formuler diverses observations quant à un étroit parallélisme de pratiques et de rites funéraires communs au pays toraja et à Madagascar.
Etranges similitudes ! Deux pays distants de 8000 km, séparés par toute la largeur de l'Océan indien... Mais justement, ne faut-il pas au contraire dire rapproché par un océan ? En effet, le fond culturel malgache, y compris la langue, a une origine austronésienne...
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MADANDAN: funérailles et sacrifice de buffles
La route pour se rendre à Madandan est sinueuse et étroite et l'on traverse peu de villages ou de hameaux. Le trajet dure une heure. C'est pourtant la route qui dessert l'aéroport local Pong Tiku (du nom du héros des Toraja). Un petit plateau où l'on a pu aménager une unique piste. Deux fois par semaine, une liaison est assurée par un Foker.
Tout près de là, nous arrivons au village, juste à 8h30. La circulation automobile y est rendue impossible mais cela est admis dans les usages locaux pour de telles circonstances.
Les sacrifices de taureaux étaient fréquents en Europe jusqu'en Asie, en passant par le Moyen-Orient durant la préhistoire et l'Antiquité. Il suffit de penser à Hieron II de Syracuse (en Sicile) qui, au IIIe siècle avant J-C, organisait le sacrifice de 450 taureaux à la fois lors de grandes fêtes organisées à la gloire des dieux grecs. La Bible, mentionnait aussi de tels sacrifice en expiation (quand ce n'est pas un bouc, c'est en quelque sorte un taureau-émissaire) ou, au contraire, en action de grâce ou encore pour la consécration des prêtres...
La tradition de tels sacrifices de taureaux à l'occasion de funérailles subsiste toujours à Madagascar, comme on a pu le découvrir lors d'un voyage l'an dernier, ou en Afghanistan .
"Le funérailles sont une institution coutumière pour les autochtones, une attraction vivante et une curiosité folklorique pour les visiteurs. La fête est d'abord un acte collectif rituel en rupture momentanée de l'ordre social établi".
Pour en savoir plus, allez sur "Coutume, religion et politique chez les Toraja à Sulawesi-Sud".
L'ensemble de la "fête" se déroule parfois sur 3, 4 voire 5 jours. Ici, elle dure seulement sur 3 jours et nous en sommes donc au milieu.
SCHEMA CLASSIQUE DU DEROULEMENT DES FUNERAILLES TORAJA
Le premier jour des funérailles commence par une procession. Le cercueil contenant le corps du mort, souvent depuis des mois ou des années, est installé dans un corbillard magnifique, du même style que les maisons toraja. Des dizaines d'hommes du village et de la famille sont chargés de le transporter en le secouant et en poussant des cris pour chasser la tristesse accumulée depuis le décès tandis que les femmes ouvrent et ferment la marche sous des draps rouges et blancs. Le nombre de personnes prédécant le corbillard représente celui des buffles qui vont être sacrifiés tandis qu'en queue de procession, quelques buffles décorés font également la parade. Arrivé à la maison patriarcale, si le défunt est de haut lignage, une statue de bois tau tau le représentant est placée près du cercueil. Le prêtre dit la messe tandis que les hommes tournent autour du cercueil en chantant, puis on hisse le cercueil en haut d’une tour surplombant le site de cérémonie.
Ce premier jour ou le suivant, la famille reçoit les invités, aussi bien les proches que le reste du village et même les voyageurs, pour un repas en l’honneur du défunt (refuser est un outrage !). En remerciement, il est coutumier d’offrir des présents. Les parents qui ne peuvent pas se permettre de donner pour le sacrifice un cochon, sans parler d'un buffle, s'engagent souvent par une sorte de reconnaissance de dette que leurs enfants seront parfois amenés à honorer (!). Les hommes dansent autour des bêtes qui seront sacrifiées pour l’occasion.
Le deuxième ou le troisième jour a lieu le sacrifice très sanglant des buffles sur lequel je reviendrai plus loin, puisque c'est cette partie du rituel que nous avons vue.
Enfin, le troisième ou le quatrième jour, le cercueil sera conduit au tombeau en cortège funèbre. Si la tradition est respectée, les femmes et les enfants n'iront pas sur le lieu de la sépulture et retourneront au village. Comme frappés de folie, les hommes transporteront le cercueil jusqu’au tombeau, en le secouant joyeusement... La dépouille enveloppée dans un linceul rouge et or sera hissée le long d'un échafaudage donnant accès au caveau de la famille creusé dans une falaise ou moins traditionnellement dans un tombeau de ciment édifié en bordure de rizière, au pied d'une colline. Les plus pauvres sont simplement enterrés.
Nous reviendrons plus loin sur les sépultures traditionnelles dans les falaises, notamment les cercueils suspendus, et dans les grottes, lorsque nous allons visiter des grottes et falaises funéraires à Londa et Lemo.
C'est ici que se déroulent "les grandes funérailles" d'une vieille dame de 90 ans décédée depuis 7 ans.
Première similitude avec Madagascar (où l'on pratique le "retournement des morts"): les funérailles en plusieurs temps, la grande fête de funérailles après le deuil privé.
Cela fait aussi écho aux doubles funérailles qui se pratiquent non loin de là à Bali ou, plus loin, au Tonkin... Cela rappelle aussi la vieille "civilisation des Jarres" qui a existé jadis du Sri Lanka jusqu'au Laos, une tradition des funérailles secondaires lorsque les ossements étaient placés dans des jarres.
Le délai pour conduire un défunt au tombeau est variable car il faut régler tous les différents et dettes qu'il pouvait avoir, choisir une période qui convienne au maximum d'invités et surtout réunir les moyens financiers pour faire face aux frais engendrés par les funérailles. D'ailleurs avant leur mort, les Torajas anticipent en achetant des buffles et en constituant un stock de riz dans leurs greniers... Les funérailles sont devenues si coûteuses que de nombreux jeunes Toraja partent vers les villes, voire d'autres pays tels que la Malaisie, à la recherche de meilleurs emplois afin qu'ils puissent faire face aux frais lorsque des parents meurent.
Tant que la cérémonie funéraire n'a pas eu lieu, la personne est considérée comme vivante mais to masaki', "malade" et l'on continue de lui mettre son couvert à table.
Seconde similitude avec Madagascar où, lors des cérémonies de retournement d'un mort de haut lignage, on peut réunir également un millier de personnes.
Ici, les funérailles sont l'occasion d'une grande fête réunissant un large cercle familial et le voisinage qui aide à assurer certains préparatifs.
Ici, pour loger un millier d'invités (certaines funérailles rassemblent 5 000, 10 000 invités ou davantage, congestionnant toute une contrée), toutes les maisons traditionnelles du clan familial ont été réquisitionnées et il a fallu encore aménager des salons provisoires (lantang) sous des hangars ou construire de toute pièce des abris sur un échafaudage au bord de la jungle. Ici, la famille n'a pas poussé le luxe, comme c'est parfois le cas, jusqu'à faire bâtir des tongkonan provisoires, à structure de bambou et couverts de feuilles de palmiers ou de bananiers.
Tous les bâtiments accueillant les invités sont décoré de tentures rouges et, afin que les personnes s'y retrouvent, de grands numéros ont été accrochés sur les pavillons (ici, de 01 à 50). Peu de participants ont endossés des habits traditionnels, sarong et chemise noire pour les hommes mais beaucoup de jeunes portent jeans et casquettes. On ne voit aucun participant manifester quelque tristesse que ce soit, au contraire beaucoup sont souriants. L'aspect festif semble l'emporter sur l'aspect cérémoniel.
Troisième similitude avec Madagascar où les funérailles sont un moment fort de syncrétisme mêlant rites religieux chrétiens et animistes.
L'énorme cercueil cylindrique contenant la dépouille a été installé sur un balcon situé sous l'avancée de toit d'une tongkonan, une maison traditionnelle.
Le portrait de la défunte est accroché dans divers endroits.
Au pied du balcon trois grosses couronnes mortuaires ont été déposées par les paroisses de Madandan et de Rantetayo, le village voisin, pour se "joindre au deuil" (turut berduka cita). Le cercueil est placé de telle façon qu'il donne sur le rante, l'aire de sacrifice située à l'ouest de la maison comme le veut la tradition.
Pour ma part, j'aurais beaucoup aimé discuter avec le clergé local, catholique ou protestant, sur les accommodements que les ministres du culte doivent apporter aux dogmes chrétiens afin de les concilier avec les anciennes pratiques animistes.
Une partie des invités se sont installés pour le "spectacle" sacrificiel sur les plates-formes situées sous les alang, les greniers traditionnels construits au sud de la maison. Quant à nous, nous nous allons prendre place dans un abri provisoire car selon Herman, il est dangereux de rester dans la cour et il n'a pas tort. On le verra par la suite.
Pour nous faire patienter on nous sert à boire et on nous propose des canapés et petites pâtisseries mais pour la plupart, nous avons déjà l'estomac noué. Si nous avions eu le temps de passer la journée ici, on nous aurait également offert à déjeuner.
Pendant ce temps, l'équipe d'hommes qui s'occupe des sacrifices nettoie l'aire de terre battue, où un buffle a déjà été sacrifié puisque l'on enlève sa paire de cornes tandis que l'on jette du sel (?) sur le sang en train de sécher sur l'aire. D'autres animaux moins nobles, porcs ou volailles, ont certainement déjà été sacrifiés par dizaines (tués d'un coup de parang, une sorte de machette ou de long couteau, dans le coeur) tôt ce matin ou dès la veille pour restaurer les invités. On peut encore voire certaines entrailles. Des hommes s'affairent à renforcer les piquets qui vont servir à attacher les buffles qui vont être sacrifiés par la suite.
Un caméraman (encore un) filme tout ce qui se passe. Pour garder un souvenir des défunts, la technologie vient remplacer les effigies sculptées et peintes des tau tau que l'on va voir tout à l'heure...
Conciliabule entre les organisateurs. Finalement, avant de commencer les sacrifices, pour montrer la grandeur d’âme du défunt, pourquoi ne pas organiser des combats de buffles dans les prairies en contrebas du village ?
A noter que ces combats de buffles, tout comme ceux de coqs, sont pourtant interdits... Nous avons sans doute manqué les combats de coqs qui certainement ont eu lieu ou vont avoir lieu comme il est de coutume lors des funérailles.
Ainsi fait.
Ce ne sont pas trois menhirs que l'on voit dans ce champ mais trois gros poteaux en ciment dont l'usage m'échappe. En fait, ils pourraient servir à attacher les animaux en vue de sacrifice mais ici ce ne sera pas le cas, puisque les sacrifices se dérouleront dans la cour de la maison...
Revenons donc à nos animaux encore bien vigoureux. Ils ne mettent pas une très grande ardeur dans leurs duels et les plus légers sont assez malins pour prendre la fuite devant des adversaires plus puissants. On se demande comment ils se démêlent les cornes, sans qu'il s'en arrache.
Les familles nobles peuvent sacrifier plus d'une centaine de buffles dont 7 "spécimens rares repérés", des animaux aux caractéristiques particulières dont la valeur peut atteindre un milliard de rupiahs (soit environ 70 000€ !), soit un prix moyen de 200 à 300 millions par tête. Animaux exceptionnels qu'il faut parfois aller chercher jusqu'au Cambodge.
Le plus coté a un encornement dissymétrique
Le second a de longues cornes
Le troisième a un encornement retourné vers le bas (le contraire du buffle africain)
Viennent ensuite un buffle albinos, des buffles marron...
Dans la caste supérieure, on doit sacrifier au moins 24 buffles, une douzaine dans la seconde caste, deux ou trois (on trouve également mention de six) dans la troisième et un dans la caste inférieure, celle des anciens "esclaves".
Quatrième similitude avec Madagascar où lors des cérémonies de retournement des morts, on sacrifie jusqu'à 5 zébus (Bos taurus indicus) un bovidé plus léger (250 kg) que le buffle.
Malgaches et Torajas croient que, sacrifiés, ces animaux accompagnent le défunt au pays des morts, tout en éloignant le malheur de la famille et en étant le gage de bonnes récoltes.
Aujourd'hui, c'est donc le jour du sacrifice des buffles pour les funérailles afin de permettre l'accès à Puya (le "paradis toraja") de l'âme du défunt.
Retour de tout le monde à la maison en vue du sacrifice.
On assiste alors à un défilé ou une sorte de présentation des divers buffles et sans doute à une sélection quant à l'ordre de passage. Certains repartent, petit sursis, tandis que quatre restent.
Deux choses sont étonnantes, la douceur et les dernières caresses qu'un jeune bouvier prodigue à l'animal qui attend son tour et la placidité des animaux qui assistent au sacrifice de leur congénère.
Le moment du sacrifice est arrivé.
A tour de rôle, les buffles sont attachés par un pied avec une corde nouée sur un piquet. Le sacrificateur muni d'un parang, une sorte de machette, égorge l'animal avec plus ou moins d'efficacité, tranchant normalement d'un seul coup les carotides et la trachée artère. Certains buffles se débattent longuement autour du piquet et parfois l'égorgeur doit s'y reprendre avant que la bête s'effondre à bout de sang. Même si contrairement aux porcs les buffles ne crient pas pendant leur agonie, celle-ci n'en reste pas moins insoutenable. Même au sol, après des dizaines de secondes (plus d'une minute?), ils soulèvent encore leur tête et l'abattent violemment dans une flaque de sang...
Lorsque le premier buffle est tombé, un homme s'est approché du cou de l'animal d'où le sang giclait pour en remplir un gros tube de bambou. Sans doute pour en faire un boudin (même si c'est le sang de porc qui est utilisé le plus souvent pour cela) ou une saucisse de sang...
Le sacrifice de ces quatre buffles s'est déroulé en l'espace d'un quart d'heure qui nous a semblé une éternité.
Un buffle avait été sacrifié auparavant et trois autres devaient l'être après. En outre, quatre buffles seront offerts: un pour l'église, un pour la région, un pour l'administration locale chargée notamment de l'entretien des routes et un correspondant à une taxe gouvernementale appliquée à ces sacrifices, de l'ordre 16$ par buffle et de 9$ par cochon. Le chef du village enregistre sur un grand livre les noms des donateurs, l'animal qu'ils ont livré et l'impôt qu'ils ont payé.
Soit un total de douze buffles qui seront sacrifiés ou offerts, ce qui correspond au rang de la seconde caste.
Après notre départ vers Makassar, les animaux vont être dépiautés et leur cuir est transformé par une compagnie nationale. Quant à la viande qui n'a été consommée pendant la fête, elle est partagée entre les invités (soit environ 3 kg par personne).
Le diaporama présenté ci-dessus en "version light" ne reprend que quelques photos des sacrifices.
Un autre diaporama a été réalise mais il est déconseillé aux âmes sensibles.
Sommes-nous là pour essayer de comprendre une culture en jouant les journalistes ethnologues du café du commerce ou par pur voyeurisme? A nos yeux d'Occidentaux post-modernes, urbains de plus ou moins longue date, ces sacrifices ressemblent à un carnage inadmissible dans la manière d'y procéder. Pourtant d'où venons-nous? Notre propre culture n'est-elle pas issue de civilisations antiques du bassin méditerranéen qui procédaient aussi à ce genre de sacrifice? Les trois religions monothéistes qui s'inspirent de la Bible, n'en ont-elles pas plus ou moins repris les pratiques sacrificielles?
Comment s'ériger en juge ici? Notre présence même n'apporte-t-elle pas une caution à cette pratique? N'est-on pas un peu schizophrènes? On voudrait que les animaux soit au moins assommés avant d'être égorgés comme on le faisait dans nos abattoirs il y a encore quelques dizaines d'années (désormais l'animal est anesthésié par un coup de pistolet d'abattage tiré dans le front)... alors que des centaines de millions de fidèles se réclamant du judaïsme et de l'islam mangent des viandes casher ou hallal provenant d'animaux égorgés sans étourdissement préalable (y compris en France qui accorde des dérogations), immobilisés jusqu’à la fin de la saignée et donc conscients, leur occasionnant ainsi une agonie dans de grandes souffrances...
Et puis, il faut bien être conscient que la maltraitance animale a toujours cours chez nous au stade de certains types d'élevages. Par ailleurs, dans certaines campagnes, on tue encore les porcs ou la volaille en saignant les animaux à vif...
Club Méd, ici Club Dead, "les touristes raffolent du tourisme mortuaire !".
Après ce couplet philosophique, en toute logique, nous allons maintenant visiter les sites funéraires de Londa et de Lemo, sur les traces de notre ancien président Jacques Chirac comme Herman nous le précise.
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LONDA: sépultures (liang), cercueils suspendus et grotte funéraire (site inscrit en 2009 sur la liste indicative de l'UNESCO )
La visite de ce site de LONDA situé à 6 km au sud de Rantepao se fait obligatoirement avec des guides locaux munis de lampes à pétrole afin d'éclairer l'intérieur de la grotte.
Au pied d'une falaise en surplomb, on peut voir des "corbillards" abandonnés en forme de maisons tongkonan ainsi que des affiches-souvenirs, l'une exprime la tristesse (menyatakan duka mendalam) de la paroisse à l'égard de Marthen Tapang, dit "Papa Andri" et l'autre la douleur des enfants et petits-enfants (anak cucu).
Cinquième similitude avec Madagascar où plusieurs ethnies (Baras, Vazimbas) utilisent des grottes dans des falaises pour y établir des sépultures.
A une dizaine de mètres de hauteur, au flanc de la falaise calcaire, on peut voir des cercueils suspendus, comme dans l'archipel voisin des Philippines, notamment dans le site "touristique" de Sagada (île de Luzon) où perdurent des traditions d'inhumation dans des grottes.
Ce type de sépulture suspendue (tout comme celle des tombeaux creusés dans les falaises à Lemo) destiné à des personnes de rang élevé, était d'abord un moyen d'éviter que des bêtes viennent s'attaquer aux restes des défunts et de limiter les risques de vol et de pillage. C'était aussi une manière symbolique de rapprocher du ciel l'âme du défunt. En revanche, la grotte ne présente pas les mêmes avantages même si les légendes y faisaient vivre quelque monstre.
Bien que l’ancien rite funéraire consistant à suspendre les cercueils le long des corniches verticales soit toujours pratiqué par quelques minorités ethniques dans la région de Sagada depuis plus de 2000 ans, ce n’est pas une exclusivité des Philippines.
Comme on le voit ici, ce rite se retrouve également en Indonésie.
Les cercueils suspendus existent aussi en Chine du Sud, dans les provinces de Fujian (Wuyi Mountains), Hubei, Jiangxi (Longhushan, peuple Guyue), Sichuan (Qutang, une des trois gorges) et Yunnan. Rien d'étonnant puisque c'est du Sichuan que serait originaire cette ancienne pratique du peuple Bo. Le peuple Bo, une minorité ethnique, vivait à cheval sur ce qui est de nos jours la frontière entre les provinces chinoises du Sichuan et du Yunnan où il développa, il y a plus de 3000 ans, une brillante civilisation (détruite par la dynastie Ming aux XIV-XVIIe siècles).
La pratique des Toraja serait donc antérieure à l'invasion de leurs terres par les peuples côtiers bugis au XVIIe siècle...
Herman nous explique que les cercueil les plus hauts accrochés le plus en hauteur (jusqu'à 50 mètres) sont ceux de nobles tandis que ceux qui sont situés plus bas sur la gauche sont ceux de chrétiens. Certains cercueils très anciens, en forme de bateaux (comme les maisons) et sculptés sont tombés et se sont plus ou moins disloqués sur le sol. Dans des interstices de la falaise ont été déposés des crânes et des os récupérés à la suite de ces chutes.
Ce type de sépulture serait antérieur au XVIe siècle puisque les outils adaptés au creusement de tombeau dans la roche n'ont été disponibles qu'après les débuts de la colonisation par les Européens, ce qui a permis en revanche la création des tombeaux de Lemo dont je parlerai juste après cette visite.
Sur la droite, un grand balcon couvert a été construit sur une échafaudage pour abriter les tau tau ("petites personnes"), les effigies de défunts de la caste supérieure, les nobles (to parange', "garants de la tradition"). En bois de jaquier peint et grandeur nature, elles sont une représentation réaliste de défunts en position assise, mains posées sur les genoux, revêtues des habits du mort, avec chapeau conique, lunettes, bracelets... Gardiens du tombeau, elles sont là pour matérialiser et pérenniser le lien entre vivants et défunts, fixant l'éternité de leurs yeux de coquillages.
LONDA, la falaise et les grottes funéraires LONDA, la falaise et les grottes funéraires
Eclairés par nos guides, ceux qui le souhaitent peuvent pénétrer dans les grottes funéraires qui accueillent les sépultures de gens ordinaires. Aucune odeur particulière à laquelle on aurait pu s'attendre. On n'a guère d'attention pour admirer stalactites et stalagmites...
On voit qu'il y a eu là des inhumations plus ou moins anciennes, dans tous les recoins, même au-delà de passages étroits.
La présence de couronnes, d'offrandes en cigarettes ou petites coupures atteste de funérailles récentes. Ces offrandes font l'affaire des guides qui les empochent prestement. En revanche d'autres cercueils sont en mauvais état. La tragédie "Roméo et Juliette" de Shakespeare connue jusqu'ici et est devenue comme un mythe universel recyclé pour évoquer le suicide d'un couple d'amoureux dont on peut voir les crânes.
On retourne au hameau voisin en descendant dans la vallée d'où nous avons une vue d'ensemble ce qui permet de distinguer de petites grottes funéraires très haut sur la falaise.
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LEMO: falaises funéraires (site inscrit en 2009 sur la liste indicative de l'UNESCO )
Poursuivons par la visite d'un autre site funéraire, LEMO, à 10 km au sud de Rantepao.
Ici plus de grotte funéraire ni de cercueils suspendus comme à Londa.
Ce site plus récent (XVIIe siècle) a pu être créé grâce à un outillage introduit par les colons européens, tout comme les rognons rocheux émergeant des rizières du côté de Lempo (cf. page précédente)
Falaise funéraire de LEMO
Après avoir traversé le hameau où l'on peut voir de très anciennes maisons tongkonan, au chaume couvert de végétation, le site principal se caractérise par une série de balcons plus ou moins grands, non pas construits comme à Londa, mais formant des niches creusées dans la falaise. C'est la partie du site réservée à la noblesse.
Arrivés au pied de la falaise, tout en bas, deux "corbillards" en forme de tongkonan sont abandonnés.
Les tau tau en position debout, tendent les mains selon une position rituelle d'intercession, paume droite tournée vers le ciel pour recevoir la récompense d'une vie bien réglée, paume gauche vers le côté ou le bas dans un geste de don et de protection des descendants.
Le creusement de tels tombeaux nécessite plusieurs mois de travail et coûte une fortune:
- trois buffles, un cochon, un coq, un chien, des cigarettes et un certains nombre de gerbes de riz
ou
- un buffle albinos.
Entre les balcons ont été creusées les petites ouvertures carrées de tombeaux familiaux très profonds, 8 ou 10 mètre, puisque destinés à accueillir jusqu'à 10 voire 20 dépouilles. Les portes de certains tombeaux ont disparu laissant apparaître cercueils et linceuls.
Nous continuons la découverte avec Martin, en empruntant le sentier qui part en montée douce vers la gauche. Cela nous permet de passer auprès d'autres sites aménagés dans la falaise.
Le second site est moins prestigieux, destiné à une caste plus modeste puisque sans tau tau. Des funérailles y ont eu lieu récemment si l'on en juge à la présence de couronnes et de souvenirs. La aussi on peut voir des tombeaux qui n'ont plus de porte ou au contraire des tombeaux avec une porte neuve ornée d'une peinture de tête de buffle stylisée. Sur le côté du sentier poussent des kepayang (Pangium edule), ces arbres qui donnent des fruits dont la noix réduite en poudre noire donne le pamarasan utilisé dans des plats traditionnels que nous avons déjà goûtés.
Nous poursuivons notre montée et arrivons au dernier site qui domine la rizière et le hameau, l'horizon étant fermé par des montagnes. De nombreuses couronnes montrent que le site est encore très utilisé bien que de nombreux tombeaux plus anciens n'ont plus de porte. Des pieds de cordyline, une plante sacrée aux couleurs chatoyantes, ont été plantés face aux tombeaux. Le prestige de ce site est intermédiaire entre les deux précédents.
En quittant le dernier site et avant de redescendre vers les rizières, on passe par une boutique de souvenirs où l'on peut voir des fruits de kepayang et des petites figurines. Nous descendons dans la rizière en passant par l'atelier d'un sculpteur de tau tau. Il vend aussi des souvenirs: figurines, masques, statues d'éléphants, de cochons, de buffles.
Traversées de la rizière où des canards protégent le riz contre ses prédateurs tout en préservant l'environnement en limitant l'apport de pesticides.
Retour au village d'où l'on aperçoit au pied de la falaise un petit groupe de tombeaux modernes en béton, construits au sommet d'un ensemble d'escaliers et de terrasses.
Petit coup d'oeil dans les boutiques. Il semble que le tabagisme soit répandu malgré les mises en garde figurant sur les paquets de cigarettes "le tabagisme peut provoquer des crises cardiaques, le cancer, l'impuissance et des troubles de la grossesse et du fœtus" (merokok dapat menyebabkan kanker serangan jantung, impotensi dan gangguan kehamilan dan janin). Moins grave, le spectacle d'une coutière à l'oeuvre avec sa Singer tandis que l'on peut acheter près de là des bracelets de pacotille mais de vraies balles de sepak takraw en bambou tressé ou en rotin.
En voyage individuel dans la région de Baruppu, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Rantepao, vous pourriez découvrir une tradition appelée Ma'nene consistant à ressortir le squelette momifié du défunt du tombeau (ma' pane) tous les trois ans, au mois d'août, pour le ramener au village.
Sixième et étroite similitude avec Madagascar avec la pratique du Ma'nene, quasi identique aux cérémonies malgaches de "retournement des morts".
Cette fête se déroule sur trois jours. C'est l'occasion de retrouvailles pour les membres de la famille dispersés qui peuvent ainsi renouer les liens familiaux au village, tout en honorant les esprits de leurs ancêtres momifiés.
Le premier jour est consacré également à nettoyer la momie et à lui remettre "d'anciens habits neufs".
La seconde journée est celle où la dépouille est reconduite au tombeau en procession.
Le dernier jour est festif et on consomme pas mal de boissons alcoolisées...
C'est à un certain Pong Rumasek que serait due cette pratique dans la région de Baruppu. Selon la légende celui-ci aurait découvert un cadavre dans une forêt. Il l'aurait emporté pour le vêtir puis l'enterrer dignement. Son acte de charité et de compassion fut récompensé par sa bonne fortune à la chasse et dans ses travaux agricoles.
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KAMBIRA: sépultures de bébés dans les arbres
Nous descendons maintenant vers le sud-est du pays toraja pour aller visiter l'un des sites funéraires qui étaient dédiés selon les traditions aux sépultures de bébés. Il existe des sites similaires aux quatre coins du pays toraja, notamment du côté de Tombang-Tampangailo, de Pana-Tikala...
Ce type de sépulture concernait les enfants morts à la naissance ou avant la percée de la première dent (donc généralement avant 7 mois).
Cette pratique a cessé depuis une vingtaine d'années. Tout comme les foetus, les bébés en bas âge sont maintenant enterrés debout à l'est de la maison. Plus grand, ils ont la même sépulture que les adultes.
Les Torajas considéraient que ces enfants n'étaient pas tout à fait à terme, c'est pourquoi ils les inhumaient dans niches, des trous carrés creusés dans le tronc d'arbres secrétant une sève ou un latex blanc comme le lait maternel tels que les banians (Ficus benghalensis) ou les fromagers (Bombax ceiba), de telle sorte que les bébés s'en nourrissent pour continuer de grandir. Les bébés mort-nés y étaient inhumés avec le placenta en position du foetus et les nourrissons qui n’avaient pas encore de dent étaient placés emmaillotés en position debout.
Descendus dans une bambouseraie, nous voyons ce grand arbre décapité par les typhons avec sur le tronc des sortes de portes faites de bambou et de crin de coco, plaquées ça et là pour fermer les niches funéraires. Peu à peu, l'arbre en poussant refermait les cicatrices et absorbait les petits corps. Au bout de 6 ans, une cérémonie marquait son départ vers le Puya, le Paradis.
Au pied de l'arbre, sont déposés de petits paquets enveloppés dans des tissus devenus gris. Ils renferment le placenta de bébés morts-nés ou morts en bas âge.
KAMBIRA KAMBIRA, arbre aux sépultures de bébés
Remontés de la bambouseraie, nous avons le loisir de voir dans le village des détails de construction d'une maison tongkonan... Les poteaux carrés (en bois de fer) et les poutres sont assemblés sans recours à aucun clou ou vis. Herman nous précise qu'une telle maison coûte une fortune, environ 50 000€ (plus de 700 millions de rupiahs soit le prix de 5 ou 6 buffles albinos). Famille et amis s'entraident pour une telle réalisation.
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MAKULA: menhirs (riante) toraja
Poussant encore un peu plus loin vers le sud-est, Herman nous conduit pour visiter un site mégalithique.
Nous voici arrivé au petit site mégalithique du côtéde Makula, moins célèbre que ceux de Batutumonga (56 menhirs disposés en cercle), qu'en raison de l'état de la route nous n'avons pu visiter, ou de Bori, avec de hauts et fins menhirs.
Le centre de Sulawesi possède plus de 400 mégalithes de granite érigés entre 3000 et 1300 avant notre ère et leur fonction est inconnue. La taille de certains atteint 4,50 mètres. Ils sont de forme variable (certains ont une forme humaine) selon les sites.
Des interprétations populaires leur attribuent une origine plus récente, considérant que ces menhirs étaient érigés lors de funérailles de personnages importants. Les Toraja les utilisent comme poteaux pour attacher les buffles lors de sacrifices rituels.
La dizaine de menhirs que nous voyons dans un terrain en friche sont de forme grossière (comme ceux de Sulluhang) et sont très curieusement inclinés vers l'est (faut-il y voir quelque symbole?). Le plus gros a la forme étrange de fourche ou de Y car il possède deux têtes.
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BUNTU KALANDO: la fanfare de l'orphelinat
En repartant en direction du nord, Herman nous conduit non loin de Buntu Kalando, non pas pour visiter le musée des traditions locale mais par nous rendre dans un orphelinat un peu particulier "Yayasan Mala'bi" (la Fondation Malabi), une fondation néerlandaise également dénommée "Stichting Het Schone Streven" (Fondation du Bel Avenir). L'orphelinat administrativement situé à Sangalla n'est pas très éloigné de la tombe du roi de Suaya. L'établissement a été initialement créé en 1998 sous le nom "Yayasan Ma'panundu".
Sous la direction de Marteen, les orphelins en costumes, adolescents garçons et filles, interprètent des morceaux de musique avec des instruments à vent rudimentaires du genre orgues à bouche en bambou, appelés Pa'Pompang ("musique en bambou") ou Pa'Bas. Chaque instrument ne jouant me semble-t-il qu'une partie de la gamme, ce qui requiert un orchestre assez fournit divisé en plusieurs pupitres, de façon à pouvoir jouer une mélodie pentatonique complète.
Même des standards de chez nous y passent comme "Frère Jacques". Pour compléter, ils exécutent certaines danses traditionnelles paysannes et miment des combats de buffles.
A la fin du spectacle, nous sommes entrés dans la danse pour une grande farandole. Nos oboles étaient bienvenues, simple don ou achat de leur DVD "Music Bambu - Yayasan Mala'bi" vendu 100000Rp soit 7€).
Orphelinat Yayasan Mala'bi Orphelinat Yayasan Mala'bi
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Sur le trajet de retour vers Rantepao, nous allons profiter des dernières images du pays toraja.
Environ 20 minutes après avoir dépassé Sangalla, juste avant de rejoindre la route principale qui longe la rivère Sa'dan entre Makale et Rantepao, nous pouvons apercevoir près d'un hameau, des pavillons provisoires en forme de tongkonan servant de logements aux invités à des funérailles (se préparent-elles ou ont-elles eu lieu ?)...
Paysages bucoliques de rizières et de buffles reconduits à la ferme, maisons plus ou moins traditionnelles dans le style tongkonan, dernier bain de la journée dans la rivière pour les buffles.
Herman nous arrête auprès d'une cabane où une installation faisant penser à un moulin sert à décortiquer le riz paddy que les villageois y apportent.
Rizières au sud de Rantepao
Rizières au sud de Rantepao
Nuit en pays toraja
Peu après, la nuit étant pratiquement tombée, nouvel arrêt imprévu dans un hameau où des combats de coqs sont en train de se dérouler. Un coq ordinaire, juste bon pour la casserole, vaut environ 50 000Rp (un peu plus de 3€), alors qu'un coq de combat peut valoir de 400 000 à 700 000Rp (de 30 à 50€).
Sauf à Bali où ils sont encore autorisés, les combats de coq interdits peuvent coûter très cher aux contrevenants s'ils sont pris en flagrant délit par la police: 6 millions de rupiahs (plus de 400€) d'amende et 6 mois de prison! Ces sanctions n'ont pourtant l'air guère dissuasives...
Donc bien que cela soit interdit, notre présence est accueillie avec de larges sourires et on nous fait place pour que l'on prenne des photos. Un coq multicolore va affronter un coq blanc. Un ergot métallique bien tranchant et mortel est fixé sur l'une de leur patte. Les propriétaires excitent leur bête puis les lâchent sur l'aire de combat.
En deux minutes, le sort du coq multicolore est définitivement scellé.
Le propriétaire du vaincu doit payer 3 ou 4 fois la valeur du coq au propriétaire du vainqueur. Celui-ci prend l'oiseau mort, en prélève une cuisse avant de le rendre à son propriétaire.
Pour une visite plus approfondie de Tana toraja, contrairement à nous qui y avons séjourné deux jours, cela nécessite d'y passer un peu plus que cela. Il faudrait y passer trois ou quatre journées pleines. Pour l'ensemble du sud de Sulawesi, il faudrait une bonne semaine et pour avoir un aperçu de l'ensemble de l'île, c'est d'au moins deux semaines qu'il faudrait disposer.
A l'opposé, les voyageurs pris par le temps pourraient condenser un peu la découverte du pays toraja en privilégiant des sites où l'on peut voir plusieurs particularités. Par exemple au village de Kete' kesu pourvu de maisons tongkonan, de greniers à riz avec des mégalithes alentour et à environ 100 mètres derrière ce village, une falaise accueille un site de tombes troplodytiques et de tombes suspendues, accompagnées de tau tau datant des XIVe et XVe siècles. Le village de Marante serait aussi une bonne destination.
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De Rantepao à Makassar
De Rantepao à Pare Pare
De Pare Pare à Makassar
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Menu CELEBES (Sulawesi)
Menu INDONESIE...
QUELQUES ESPECES DE FAUNE SAUVAGE...
Herman nous parle de la faune endémique de ces régions et en particulier de Sulawesi.
Ainsi, on peut rencontrer en montagne de vieux pythons (plus de 6 mètres de long et plus de 100 kg). Il s'agit notamment de pythons réticulés (Broghammerus reticulatus) répandu dans toute l'Asie du sud-est y compris les archipels car ce serpent nage, y compris en mer. Quant aux crocodiles, on n'en rencontre pas au-dessus de 300 mètres d'altitude.
Pour tenir à l'écart des villages les animaux indésirables (pythons, serpents verts, varans, iguanes), la nuit les villageois dont de petits feux autour des habitations.
Herman parle ensuite d'animaux plus sympathiques.
Il évoque d'abord des oiseaux qu'il qualifie de "toucans" en raison du fait que ce nom nous est familier et qu'ils en ont un peu l'apparence. Il s'agit d'oiseaux aussi surnommés "perroquets froissés". En fait, ce sont des calaos ("Hornbill"). Toucans et calaos appartiennent en réalité à deux familles d'oiseaux tropicaux qui ont pour seul point commun d'être pourvus d'un bec énorme. Mais les toucans (famille des Ramphastides) habitent les forets d’Amérique du Sud (Amazonie) alors que les calaos (famille des Bucerotides) se rencontrent surtout en Asie du Sud-est (Malaisie et Indonésie) et plus rarement en Afrique. L'énorme bec des calaos même s’il est proportionnellement un peu plus petit que celui des toucans, souvent très coloré, se singularise aussi par la présence d’un casque qui le surmonte et sert à amplifier les sons que produit l’animal pour la communication à grande distance avec ses congénères.
L'espèce la plus répandue est celle des Calaos bicornes (Buceros bicornis).
De même, le nom de phacochère nous est connu, c'est pour cela que Herman en fait mention. En réalité, le porcin à peau sombre et sans soies bien particulier auquel il fait allusion est le babiroussa (Babyrousa babyrussa) qui n'existe que dans quelques îles indonésiennes dont Sulawesi. Les longues (30cm) canines supérieures des mâles se recourbent vers le haut, transperçant le museau et se dirigeant vers l'arrière parfois jusqu'à percer le crâne et provoquer la mort de l'animal.Il se sert peu de son groin pour fouiner dans le sol, sans doute à cause de cette dentition extravagante.
Sur une autre 'île indonésienne, à Bornéo, existe aussi un porcin original, le sanglier barbu (Sus barbatus) qui se rencontre aussi en Malaisie et aux Philippines. Bien d'autres espèces de sangliers vivent encore sous ces latitudes: à Célèbes (Sus celebensis), à Java (Sus verrucosus) et aux Philippines (Sus ahoenobarbus, Sus cebifrons, Sus oliveri, Sus philippensis).
Les Bugis, de religion musulmane, veillent à ce que ces animaux impurs (porcs) ne viennent pas souiller leurs cultures. Pour s'en débarrasser, à la fin de la saison sèche, ils les chassent et les piègent avec différentes techniques: fosse cachée par des branchages, noix de coco posée sur un piège qui se referme sur le groin, piège qui est attaché à un arbre, à un pieu ou à un gros morceau de bois que l'animal va traîner en s'épuisant. Ensuite les animaux capturés sont suspendus au bord de la route à l'intention des Chinois qui en sont friands...
Herman évoque également les anoas. Il s'agit du nom donné ici à certaines espèces de bovins du genre Bubalus, proches du buffle mais que l'on pourrait qualifier de naines. Très grossièrement, on pourrait dire qu'ils ont un peu l'apparence de gros chamois ou de grosses chèvres. Espèces endémiques à Sulawesi, on y trouve l'anoa des montagnes (Bubalus quarlesi) et l'anoa des plaines, curieusement nommé également anoa de Malaisie (Bubalus depressicornis). La première espèce est plus petite (140 cm de longueur, 70 cm de hauteur, moins de 150 kg), couverte d'une pelage laineux, portant des cornes (mâles et femelles) de moins de 20 cm. Leurs congénères des plaines sont plus costauds (180 cm de longueur, 85 cm de ahuteur, jusqu'à 300 kg), couverts d'un poil court, portant des cornes (mâles et femelles) pouvant dépasser les 30 cm. Les anoas se servent de leurs cornes pour grimper dans les arbres ce qui fait penser tout de suite aux chèvres marocaines perchées dans les arganiers...
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Etape précédente: sud du Pays Toraja
Nous mettrons 9 heures pour effectuer le trajet de Madandan en pays toraja, jusqu'à Makassar.
De Rantepao à Pare Pare : adieux au pays toraja
Les rizières en eaux et les tongkonan vont se faire plus rares.
Les premières mosquées et les femmes avec le hijab, le foulard, font leur apparition. Notre route s'insinue entre des montagnes que l'on voit cette fois dans la pleine lumière de midi.
Puis dans la région de Mampu (550 mètres d'altitude) pour le paysage ce sont les pitons rocheux que nous avions vus trois jours plus tôt dans les lueurs du soleil couchant (Buttu Mangisi, Buttu Bolang, Buttu Tananti, Buttu Pema...), des pics de 700 ou 800 mètres d'altitude.
Il est dans les midi et demi lorsque nous faisons une pause d'un quart d'heure, au même endroit qu'à l'aller, dans une boutique située dans les parages de Bamba Puang et de Saruran.
Avec une lumière moins favorable car trop écrasante, on a toujours cependant un superbe panorama vers l'est en direction des crêtes du Buttu Nona et du Buttu Lansa et, en avant-plan, des Batu Noni et Tangru.
On va y découvrir une friandise locale ressemblant à une crotte de chien, enveloppée dans des spathes de maïs (les sortes de feuilles qui enveloppent l'épi). Cette épaisse pâte noire et collante est confectionnée à base de farine de riz noir et de sucre de coco. Ça salit les doigts mais c'est tout à fait mangeable...
Nous reprenons la route vers les plaines. Les mosquées deviennent nombreuses, le paysage est plus sec et d'ailleurs le riz est récolté. Juste avant d'arriver à Pare Pare, au bord de la route, une machine à décortiquer le riz est en action.
Sur notre gauche, nous passons au pied d'un lotissement de logements sociaux cubiques.
Il est 15h05 à Pare Pare lorsque nous arrivons au Sunset Restaurant pour déjeuner. Au menu: potage d'asperges, poisson grillé, crevettes en sauce, beignets de calamars, légumes bouillis, riz et banane en dessert.
Service express compte tenu de l'heure tardive et du trajet qui reste à parcourir...
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De Pare Pare à Makassar : en pays bugis
Départ à 16h pour le pays Bugis.
Le trajet semble bien monotone. Bref, nous avons retrouvé les bassins de pisciculture, les estuaires de rivières et la côte, les aires de séchage du riz vers lesquelles convergent des camions bondés de gros sacs blanc en plastique. Vers 17h30, après être passés devant le marché Pasar Bonto Bonto, nous pouvons contempler du bus un superbe coucher de soleil bien doré sur la mer juste avant de nous retrouver dans les embouteillages à cette heure de pointe. Pourtant nous n'avons pas à nous plaindre car sur l'autre chaussée, en provenance de Makassar, un embouteillage énorme est dû à des contrôles de police.
Herman nous raconte à ce sujet la malice des policiers qui lorsqu'ils prennent quelqu'un en infraction ou, ce qui est fréquent, en l'absence de permis de conduire se laissent soudoyer mais n'oublient pas de prévenir leurs collègues un peu plus loin pour qu'ils fassent subir à nouveau le même sort au contrevenant...
Il est près de 19h lorsque nous arrivons à l'hôtel Singgasana où nous allons passer notre dernière nuit indonésienne. L'hôtel est situé en plein coeur de la ville et à 500 mètres du rivage. Les chambres sont vastes mais certaines salles de bains sont étriquées. Quant aux moquettes tant des couloirs que des chambres, elles sont à remplacer.
Makassar (ou Macassar, à la française) est la capitale de Célèbes et compte environ un million et demi d'habitants. De 1971 jusqu'en 1999, la ville a officiellement été connue sous le nom d'Ujung Pandang, nom qui était en fait celui d'un village englobé par la ville moderne.
La région est peuplée par les Makassar à la forte tradition maritime puisqu'ils allaient jusque sur la côte nord de l'Australie. Makassar fut, dès le Moyen Age, un important centre de commerce entre Java et Bornéo. Les goélettes à voiles noires du port de Paotere et des fortifications rappellent l'âge d'or du royaume de Gowa, au sud de la ville. C'était le siège d'un puissant royaume, particulièrement au XVIIe siècle où son influence s'exerçait jusqu'à Bali. Puis Portugais et Anglais disputèrent la place aux Hollandais, qui débarquèrent en 1625 et mirent 40 ans pour soumettre Sulawesi. Les Makassar s'allièrent aux Hollandais qui avaient là une base indispensable pour contrôler le trafic maritime de tout l'archipel.
Ne séjournant pas à Makassar, nous n'aurons pas le loisir de visiter le Fort Rotterdam, vestige de l'occupation néerlandaise et résidence du gouverneur jusqu'au milieu du XIXe siècle.
Ainsi se termine notre découverte (superficielle) de trois îles indonésiennes, avec de telles différences culturelles que l'on a l'impression d'avoir visité trois pays différents...
Après une bonne nuit, à 8h30, nous reprenons notre bus pour rejoindre l'aéroport Bandana Internasional Sultan Hasanuddin qui se trouve à environ 22 km au nord-est de la ville. Nous y arrivons une demi-heure plus tard.
C'est avec un petit pincement au coeur que nous nous séparons de "petit Herman" qui en si peu de jours a tout fait pour nous faire découvrir et aimer son pays. Nous espérons qu'il réalisera son projet de vie, non pas de préparer ses grandes funérailles comme c'est le cas pour la plupart de ses compatriotes, mais son rêve de voyager comme nous, de visiter la France et tout particulièrement Lourdes (!). Souhaitons que la cagnotte qu'il constitue à cet effet grossisse encore (elle est de 850 pour l'instant), sans priver sa nombreuse petite famille...
En plusieurs occasions Herman a laissé entrevoir une forme de nostalgie à propos de la disparition ou de l'altération de la culture toraja, du désintérêt des jeunes du pays pour cette culture... Lui-même n'en est-il pas acteur ? Mais soyons indulgents à son égard car ne sommes-nous pas tous un peu schizophrènes ? Et dans un monde globalisé, est-ce souhaitable et est-ce seulement possible de s'isoler ?
Et puis, faut-il être aussi pessimiste ? Après tout, dans une île comme Bali, soumise depuis plus longtemps et intensément au tourisme de masse, les traditions semblent plutôt bien se maintenir... mais il est vrai qu'il y a peut-être à tenir compte d'une notion de masse critique: d'un côté près de 4 millions d'hindouistes balinais contre un demi million de cristiano-animistes torajais (qui de plus se réclament de diverses églises chrétiennes concurrentes)...
Après avoir acquitté la taxe de sortie de 100 000Rp (elle est de 150 000 au départ de Jakarta et 50 000 au départ de Kalimantan ou de Nlle Guinée-Papouasie).
Décollage à 12h05 et vol d'une durée de près de trois heures à bord d'un A320-400 de la compagnie SilkAir (filiale régionale de Singapore Airlines) à destination de Singapour où nous allons avoir une longue escale meublée par un "city tour".
En quittant la côte de Célèbes, joli spectacle sur des îlots entourés de coraux et même parfois de petits lagons...
Au milieu du vol, nous survoleront le sud-ouest de Bornéo (partie indonésienne nommée Kalimantan) sur plus de 500km et, malgré la brume et l'altitude, le spectacle est moins charmant car on distingue des plantations parfaitement alignées, il s'agit des "fameux" palmiers à huile (Elaeis guineensis), originaires d'Afrique de l'ouest. L'Indonésie, longtemps deuxième producteur d'huile de palme après la Malaisie, est passée en tête en 2012. Tout cela pour satisfaire la demande des pays développés pour cette huile qui à température ambiante se présente en fait comme une graisse. Leur industrie agroalimentaire en fait un large usage, au détriment de la santé des consommateurs (mauvais cholestérol d'où maladies cardio-vasculaires), ainsi que leurs industries chimiques et pétrolières notamment pour l'incorporation dans les bio-carburants. La forêts primaire et aussi la biodiversité sont donc doublement menacées, d'abord par l'exploitation du bois puis, après arasement, par cette monoculture qui peu à peu stérilise les sols.
Sur le chemin du retour, volons vers notre longue escale-découverte de SINGAPOUR...
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NOFRAMES
de nombreux types de torajas plats traditionnels au cours de funérailles traditionnelles et les cérémonies de grâces.Comme un animal sacrifié, porc fait partie de la cuisine traditionnelle locale. "Pa'piong» est la façon dont les habitants cuisinent des plats traditionnels, dans un bâton de bambou sur un feu ouvert. Il ya "Pa'piong Manuk" (poulet mélangé avec du lait de noix de coco, la tranche de vapeur jeune banane et épices), "Pa'piong Ikan Mas" (carpe fraîche mélangée avec du lait de coco, la tranche de vapeur jeune banane et épices), "Pa «Piong Babi» (porc mélangé avec "mayana", un légume traditionnel et épices), et "Pa'piong Kerbau" (viande de buffle mélangé avec mayana). A côté Pa'piong, il ya aussi "Pamarasan", la façon locale de faire cuire la nourriture dans leurs épices noires spéciales Toraja. Il ya "Babi Pamarasan" (porc cuit dans Toraja épices noires), "Kerbau Pamarassan" (viande de bison cuit dans Toraja épices noir), "Tollo Bale Pamarrasan" (eau carpe fraîche cuite dans Toraja noir épice). Un autre aliment traditionnel est "Babi Kecap" (porc cuit dans une sauce soja sucrée épicée), "Lawo" (poulet cuit avec de la fougère et le jeune tige de banane pour être ensuite grillé), "Masak Katapi" (poisson frais cuit avec des fruits »kecapi ')
pa'piong - qui est la viande farcie dans des tubes de bambou avec la noix de coco et légumes et très lentement cuit sur ??un feu.
Pa'piong Manouk est appelé ainsi «Ayam masak di Buluh» => faire cuire le poulet dansle bambou
nasi goreng, ou mia goreng
type de viande noir A'la Torajan peut être utilisé de la viande de poulet, de porc ou poisson d'or. L'utilisation d'épices tamarin et plusieurs ensuite ajouté avec quelque chose d'épices noir appelé «keluak 'dans mon jargon [javanais] et ils sont dit de tamressan« quelque chose => Pamarasan
A VOIR absolument: http://fr.wikipedia.org/wiki/Toraja
On commence par le grand marche hebdomadaire. Aux alentours du marche, des artisans fabriquenrt des couteaux destines a la decoupe de la viande (tres importante ici...). Les 'etals' de fruits sont composes de bananes, tamarins, fruits de la passion, melons blancs, pasteques, et pommes. Il y a eglament beaucoup de vendeurs de cafe, de tabac, de pate epicee, de coq de combat, de riz (il existe du riz noir, si c'est pas dingue ca !!!)...
On passe ensuite au marche des betes. Ici les buffles sont importants non pas pour pour la viande, mais pour les sacrifices...Les buffles accompagnent les ames des defunts au Paradis. Un buffle coute de 45 millions a 300 millions de roupies selon la couleur. Les blancs aux yeux bleus sont plus chers que les noirs car grace a leur sacrifie, on garde son rend au pays des morts. Vu leur prix, seuls les tres riches defunts peuvent se le payer !
Un cochon (2.5 millions pour un gros) glande tranquillement a l'ombre avec ses collegues en attendant d'etre attache par les pieds, puis attache a un de bambou pour etre facilement transporte.
On finit la visite par les stands de viande sechee (miam miam le bon steak de buffle qui traine sur le sol de puis trois semaines) et les stands de poissons avec leurs anguilles de rizieres.
On part ensuite voir une ceremonie funeraire.
(Sur la route on croise une procession chretienne (les Chretiens sont majoritaire ici). Les autos suivent les camions qui suivent les motos. Dans les bennes des camions, les gens chantent et font de la musique. Tout le monde est joyeux, ca change pas mal des processions de chez nous !!!)
Beaucoup de personnes assistent a la ceremonie, tous vetus de noir. A notre arrivee, 6 buffles sont au milieu du site, trois deja decoupes,les tetes gisant au sol et trois attendant leur sacrifice.
Le site est constitue de la maison du defunt, de huttes provisoires qui accueillent les invites et de greniers a riz magnifiquement decores (on dirait des maisons). les decorations des greniers sont a l'effigie du coq (utilise pour les fetes gaies), l'effigie de buffle (fetes funeraires) et du porc (faut bien manger..). La femme, l'homme, les maisons y sont aussi representees. Le corps du defunt est expose en hauteur dans un. corbillard en bois. Les petites enfants, en costumes traditionnels accompagnent les invites. La famille distribue cigarettes et the aux invites. Les voisins pilonnent le riz en cadence. Certains membres de la famille jouent de la flute...
L'organisation d'une grande ceremonie (nombreux greniers a riz, nombre eleve de buffles sacrifies et presence de buffles blancs) est tres importante pour garder le rang de la famille. Une ceremonie funeraire coute extremement cheres. Parfois la famille attend plus de cinq ans avant de faire la ceremonie. En attendant la ceremonie funeraire, le corps du defunt est conserve dans sa maison...
je recois un accueil des plus chaleureux. Deux buffles sont en train d'etre decoupes. Les 'bouchers' picolent pas mal d'alcool local. Les enfants aident a nettoyer les peaux qui sechent ensuite au soleil (avant d'etre vendues pour la confection de porte monnaie, sacs et autres produits en cuir).
Tout autour du site des participants preparent les porcs. Tout d'abord, ils les tuent d'un coup de couteau dans le coeur. Ils reccueillent ensuite le sang dans des bambous avant de le cuire. Puis ils brulent la peau afin d'eliminer les poils avant de decouper la bete. Vient ensuite l'heure du partage de la viande selon l'importance des invites.
Moi, je mange du poisson grille, du porc, legumes, riz... Les gens veulent me faire gouter a tous les plats mais j'en peux plus moi ! (saya kenang !)
Apres toutes ces emotions, on reprend la route au milieu de la jungle, des rizieres et des villages traditionnels afin de visiter les sites toraja du coin. On commence par la visite d'un arbre abritant des corps de bebes. Puis une grottes avec des cercueils vieux de 400 ans. Ils ont la forme de bateaux (comme les maisons) et sont tous superbement graves. Beaucoup sont detruits, leur contenu etant entasse dans un coin. Un peu plus loin on visite une falaise abritant des tombes famililaes creusees dans la roche. Au pied de la falaise, des corbillards (d'usage unique) pourrissent.
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Sulawesi (celebes) située entre Bornéo et les Moluques, Célèbes, ou Sulawesi, possède la particularité d'être une île originelle qu'aucune langue de terre ne relia jamais à l'Asie ou à l'Australie. Essentiellement montagneuse, elle est couverte de forêts pluviales en grande partie inexplorées, qui cèdent la place, dans les régions côtières, à de fertiles plaines alluviales. Sur les hauts plateaux, faiblement peuplés, on trouve de beaux lacs comme le Poso ou le Towuti. Les volcans de la presqu'île septentrionale, ,, aux alentours de Manado, restent actifs, contrairement à ceux du sud, près d'Ujung Pandang, tous éteints. Sur 189 035 km2vivent 9 millions de personnes d'ascendance variée. A côté de peuples proto et deutéro-malais, il existe des tribus weddide, comme les Saluans de l'est ou les Toalas du sudouest, ces derniers n'étant connus que depuis 80 ans à peine. Dans le sud, Buginais et Macassars donnent le ton. Ils parlent des langues différentes mais partagent la même foi dans l'islam et peignent souvent leurs maisons en vert, en l'honneur du Prophète. Ce sont des marins qui autrefois comptaient parmi les pirates les plus redoutables de l'archipel. Au nord, quelque 500 000 Minhasas, majoritairement chrétiens, parlent une langue proche du tagalog. Le sud mis à part, l'infrastructure de l'île reste rudimentaire et le tourisme se limite à Ujung Pandang (autrefois Macassar), la capitale, Manado et le pays toraja, où existent les seuls hôtels conformes aux critères européens. Dans les localités de quelque importance, on trouve aussi quelques losmen assez rudimentaires. Ujung pandang (macassar) Macassar fut, dès le Moyen Age, un important centre de commerce entre Java et Bornéo. Les goélettesà voiles noires du port de Paotere et des fortifications rappellent l'âge d'or du royaume de Goa. Portugais et Anglais disputèrent la place aux Hollandais, qui débarquèrent en 1625 et mirent 40 ans pour soumettre Sulawesi. On voit toujours leurs entrepôts et l'architecture néerlandaise marque la vieille ville de son empreinte. Plusieurs marchés de produits agricoles se signalent par la beauté des fleurs. Curiosités Port Rotterdam, au centre de la ville, fut construit en 1545 par le roi de Goa. Il héberge un petit musée nostalgique, ouvert de 8 h 30 à 12 h (sauf lun.). Musée des Coquillages, sur Jalan Mochtar, avec des pièces rares et précieuses, ainsi qu'un jardin d'orchidées. Dans les environs, on devrait visiter aussi le village de Malino,les chutes de Bantimurung, les petites fies comme Boletambu ; baignade sur les plages très belles de Borombong et surtout PasanggroMn. Tana toraja, le pays des torajas Dans les montagnes centrales, à 340 km d'Ujung Pandang, quelque 700 000 Torajas vivent sur un territoire de 3 597 km occupant trois larges vallées fluviales. Le voyage en autocar sans suspension, sur des routes défoncées, dure plus de dix heures, aussi peut-on préférer une jeep ou une land-rover, même si cela coûte 14 fois plus cher. De somptueux paysages font oublier l'inconfort du trajet : mangroves et rizières travaillées à l'aide de buffles d'eau, villages pittoresques, cours d'eau sillonnés de pirogues et de radeaux de bambou. Derrière la petite ville côtière de Pare Pare, la route gagne les collines couvertes de forêts et de pâturages. Les petits villages des Torajas s'élèvent sur des éminences. Les principaux centres sont Rantepao et Makale. Vie et moeurs des Torajas Comme les Dayaks de Kalimantan et les Batacres du nord de Sumatra, les Torajas appartiennent aux plu anciens peuples d'Indonésie. O. pense qu'ils vinrent de Chine vei 2000 av. J.-C. et furent refoulé vers l'intérieur par de nouveau arrivants. Le village le plus anciei s'appelle Enrekang (- le premie pas). Comme leurs voisins Posos au nord, ils étaient encore chasseur de têtes voici quelques décennies Les Torajas sont fiers, avenants e gais, et s'adaptent facilement. ILoccupent fréquemment des poste gouvernementaux à Jakarta. Pa rieurs acharnés, ils engageaient vo lontiers fermes et esclaves sur ur coup de dé avant que l'État ne l'interdise. Basée sur l'opposition entre possédants et non-possédants, la structure sociale établit une hiérarchie assez compliquée, mais où l'on peut essentiellement distinguer 5 % de nobles, Tokapua, 25% de bourgeois aisés, Tomakaka et 70 % de travailleurs, Tobuda. Jusqu'aux années vingt de ce siècle, l'esclavage était à l'ordre du jour. Les anciens esclaves (Tanakuakua) n'ont toujours pas beaucoup de droits, et doivent se placer pour gagner les quelques rupiahs nécessaires à leur vie. Femmes et hommes sont égaux et aucune tâche n'est rigoureusement assignée à un sexe ou à l'autre. L'autorité est assumée par le conseil du village, dirigé par le plus ancien, l'Ambe Tonduk, le sorcier ou guérisseur, Tominaa, étant maftre des cérémonies. L'ordre successoral est assez étrange : l'héritage n'échoit pas aux descendants, mais au parent qui assura au mieux le bien-être du défunt, ou qui sacrifia le plus de taureaux lors des funérailles. Les maisons sur pilotis, aux toits de bambou arqués, ressembleraient aux bateaux sur lesquels les Torajas arrivèrent à Sulawesi. Leur riche décoration reflète la position sociale des propriétaires. Sur la façade, on cloue les cornes des bêtes abattues. Les plus belles se voient à Palawa. Environ 45 % des Torajas confessent le christianisme, 5 % l'islâm, mais 50 % pratiquent toujours l'antique animisme de l'Aluk Todolo, basé sur le culte des ancêtres. Le créateur de toute chose tolère l'activité des âmes des morts, c'est-à-dire d'esprits dont l'influence peut être désagréable et qu'il s'agit d'amadouer à l'aide d'offrandes nombreuses. Les rites funéraires des Torajas Les croyances diffèrent de village en village, mais on admet généralement que si le cérémonial s'est déroulé selon les règles, l'âme, Anitu, se rend à Puya, la « région de la félicité », accompagnée de celle des animaux sacrifiés, dont l'importance détermine le bien-être dans l'au-delà. On célèbre les funérailles en deux temps. La première cérémonie est une sorte de reconnaissance officielle du décès. Pour la deuxième, que le mort embaumé attend parfois des mois ou des années en fonction des oracles, on construit un village destiné à accueillir les invités autour des pierres sur lesquelles sont sacrifiés les taureaux. Vraiment mort à présent, le défunt peut être enterré. Les plus pauvres sont simplement enterrés, les plus riches portés dans une niche tailléedans une paroi rocheuse. lis sont accompagnés du Tau-Tau,statue en bois revêtue des habitsdu mort, qui fera fonction de gardiendu tombeau. Près du village de Lemo, on peut en voir des groupes entiers, qui fixent l'éternité de leurs yeux de coquillages. Dans d'autres lieux, on place les morts dans des maisons en miniature, comme on le constate près de Marante. Curiosités du pays des Torajas Sigundu, Mendoe et Maranta : villages caractéristiques aux maisons superbes. Kaburan Batu : impressionnants tombeaux taillés dans le roc. Londa : Tau-Tauinstallés sur des balcons ;on peut visiter les cryptes. Lemo : tombes du XVIIe s. Manggala : la maison de l'ancien est particulièrement belle, ainsi que les greniers à riz. Visite possible d'un intérieur. Tobarana : village de tisserands. Tondon : belles tombes, dont l'une remonterait à 7 siècles. Tambolang : également de superbes tombes. Pangli, Palawa : deux beaux villages distants de 2 lun. Pierres levées dans les bois proches. To Karau et Rantepao : marchés fréquentés par les habitants de la jungle. Marante : village de morts près de Rantepao. Droit d'entrée. Batutumonga : on rejoint ce village d'altitude, au-dessus de Rantepao, à pied ou en jeep. Panorama superbe sur le pays des Torajas. Pana : vieilles tombes dans un bois de bambous, sur le chemin pédestre de Rantepao à Batutumonga. L'hospitalité en pays toraja Il existe une série d'hôtels séduisants et relativement confortables à Rantepao (22 000 hab.), notamment Toraja Cottage,etMakale (hôtel Batupapan) et une douzaine de losmen et de wisma, simples mais propres. Ils servent une cuisine mieuropéenne, mi-indonésienne, mais on trouve des plats plus typiques dans les petits restaurants. Une ou deux fois par semaine, on peut voir des spectacles de danses torajas organisés dans les hôtels pour les visiteurs.
raga takraw chinlone sipa kator da cau
Récit de voyage à Sulawesi
Récit de voyage à Célèbes
MORAUTHELI