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Départ
matinal pour un aller-retour pour Trichy, ville distante d'une cinquantaine
de kilomètres.
Scènes classiques de maisons avec une hutte
en surélévation, des branchements éclectiques, excusez le
lapsus calami, des branchements électriques problématique avec des
isolants en osselets séparant les fils et un raccordement sur une crosse
(cela empêche la pluie d'y pénétrer) et l'arrivée dans
une ville avec sa transition campagnarde (matériel agricole en pied d'immeuble!)...
TRICHY
est une ville de 800 000 habitants (1,5 million en considérant
l'agglomération). C'est la capitale religieuse du Tamil Nadu.
De
Madurai, les Nayaks transférèrent ici leur capitale au début
du XVIIe s.
La ville est dominée par Rock Fort (443
marches) où sont édifiés des temples rupestres ainsi
que des grottes gardés par un énorme taureau Nandi.
Ce nom associé à des grottes incite les Français à
se livrer à un lourd jeu de mots...
TRICHY
- Rock Fort.
C'est une véritable ville-temple de 63 ha,
le plus grand de toute l'Inde. Dans la troisième enceinte, on rencontre des pèlerins
qui prient ou font des offrandes. La face extérieure de la quatrième
enceinte offre le spectacle de sculptures représentant des jeunes filles
à leur toilette.
Visite
d'un temple dédié à Vishnu, le Temple de Ranganath Swami
(autre nom de Vishnu) sur une île de la Kaveri, l'île de Srirangam
(cf. CHRONOLOGIE).
Ce temple fut mentionné dès le VIIe s. mais trouve plus probablement
son origine à la grande époque des Cholas au Xe s.
(nous en reparlerons plus loin à propos de Tanjore).
Dans sa forme actuelle, il remonte aux XVe-XVIe s., époque de la
grande dynastie de Vijayanagars qui dominaient alors l'Inde du sud.
TRICHY - Temple de Ranganath Swami.
Dans un labyrinthe de ruelles et de sanctuaires aux incroyables sculptures
bariolées où sont installés des marchands et où
vont pèlerins, mendiants et infirmes, pauvres vendant leurs cheveux
et quelques touristes.
C'est un temple qui a de grandes ressources (notre guide signale qu'en guise
d'offrandes on y a trouvé des lingots d'or!) qui permettent son entretien
et le financement d'école et d'hôpitaux et la distribution de
nourriture aux indigents.
La
fonction de prêtre nécessite d'appartenir à la caste des
brahmanes (mais tous les brahmanes ne sont pas prêtres, il y
en a même qui sont agriculteurs), n'impose pas le célibat mais
exige des études particulières: maîtrise de trois langues
indiennes, mathématiques, astronomie et astrologie. Ces brahmanes exercent
dans les grands temples publics.
Dans leur fonction d'astrologues, ils sont consultés lors du choix
du prénom qui n'est donné que 40 jours après la naissance,
pour le choix de fiancés, l'emplacement d'une construction ou des dates
importantes (mariage). Ils utilisent diverses techniques dont la lecture des
lignes de la main.
Dans les temples plus modestes ou de village, les fonctions rituelles appartiennent
souvent à un lignage et est dévolue à l'aîné
de la famille qui est possédé par la divinité tutélaire.
Il est protégé par 7 enceintes rectangulaires percées
de 21 gopurams (portes d'enceinte) dont le plus élevé, au sud
de l'enceinte extérieure, atteint 71 m de haut et qui est recouvert de
plus de 1000 statues polychromes. A noter qu'il n'a été achevé qu'en 1987 !...
Les non Hindous n'accèdent pas au-delà de la troisième
enceinte.
La vue est impressionnante depuis une terrasse d'un bâtiment du temple
(avec des fils électriques très accessibles!). Au milieu des
gopurams, on aperçoit plus modeste mais néanmoins recouvert
d'or le vimana du sanctuaire. Quant au sanctuaire, il abrite une représentation
du dieu couché sur son serpent de 6 m de long.
Outre la particularité du fait qu'il soit dédié à
Vishnu, les sculptures de ses gopurams sont polychromes (sauf celui de l'est qui doit rester blanc),
ce qui nécessite qu'ils soient repeints tous les cinq ans!
Dans
une partie accessible de la quatrième enceinte, se situe le Sheshiyar
mandapa aux piliers en forme de chevaux cabrés. De même, on peut
admirer une série de piliers représentants les différents
avatars, autrement dit incarnations
de Vishnu
Avant de passer la dernière
enceinte du temple, arrêt dans une boutique de bibelots pour Indiens. Achats
typiques de tampons en bois pour étaler l'huile sur les tuiles à
galettes ou les crêpières... ou encore des fameux dés indiens
qui ont la forme de courtes tiges à section carrée. A propos de
ceux-ci, il faut préciser que l'on se sert de 2 dés, chacun n'ayant
que 4 faces (les extrémités ne comptent pas) avec des valeurs de
3 à ...0!.
TRICHY - Temple de Ranganath Swami: cercle à 3 acrobates, chevaux cabrés du
Sheshiyar mandapa.
En effet, souvenons nous que les Indiens sont les inventeurs
du zéro que nous ont ensuite transmis les Arabes! Ils sont aussi à
l'origine du jeu d'échecs.
Les Indiens ont en effet la réputation
d'être des génies mathématiques (d'où leur "production"
d'ingénieurs et d'informaticiens!)...
TRICHY - dans les boutiques du Temple de Ranganath Swami:
petit nécessaire
pour la cuisine
dés indiens, on a fait le double zéro!
Dans cette île de Srinagam, nous n'aurons pas le temps de visiter le grand temple consacré à Vishnu dont les points d'intérêt sont le Mandapa aux 1000 Piliers et la Cour des Chevaux.
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Nouveau point de vue sur Rock Fort. Promenade matinale
d'éléphant. Chapelle chrétienne. Cet itinéraire est
un axe important entre les deux ville et c'est pourquoi de nombreux chantiers
de mise à 4 voies ralentissent le trafic.
Des femmes participent activement
au terrassement ou au concassage des cailloux destinés à l'empierrement.
Parfois même, au milieu des terrassements, subsistent des tombes de chrétiens
ou de musulmans...
Le long de la route, nous sommes intrigués
par des vastes terrains où sont entreposés d'énormes tuyaux.
Il s'agit des chantiers de très nombreux ateliers de construction d'éoliennes
(mâts et hélices) dans le cadre d'un consortium sino-indien (les
Chinois fournissent les alternateurs) dont la production est largement exportée
dans le monde entier.
De nombreux lycées et universités
techniques, centres de recherche et instituts de management émaillent le
trajet. La région se développe fortement dans le secteur informatique,
entre les pôles de Chennai (Madras) et Madurai.
Tanjore
est l'ancienne capitale
de l'empire Cola située
dans le delta de la Kaveri.
Elle fut
fondée par Vijayalaya
vers l'an 860. Le royaume Colas disparut au milieu du XIIIe s. et la ville
fut dévastée par les Musulmans au siècle suivant.
Ils ont formé
un royaume hindou qui domina la majeure partie de l'Inde au milieu du XVIIIe siècle.
Le royaume des Marathes, nom donné à la population du Maharashtra
(Etat situé au nord de celui de Karnataka soit à plus de 1000 km
de Tanjore!), fut fondé par Shivaji au milieu du XVIIe siècle.
- Vimana
: tour-sanctuaire de forme pyramidale équivalente au shikhara, évocation
du Mont Meru (séjour mythique des dieux et axe de l'univers) au sommet
duquel Shiva a médité
Les
Marathes
Temporairement assujettie par l'empereur moghol Aurangzeb dans les années
1680, la puissance des Marathes fut rétablie après la mort d'Aurangzeb
(en 1707). L'influence des Marathes s'étendit alors jusqu'à Mysore
et Tanjore (Thanjavur), au sud, et Delhi, Agra et Rohilkhand (Bareilly), au nord,
transformant les possessions de l'Empire moghol déclinant, en protectorats.
En 1758, les forces marâthes occupèrent la ville de Lahore (aujourd'hui
au Pakistan), éveillant la crainte des musulmans du nord de l'Inde. Ceux-ci
demandèrent l'aide du roi d'Afghanistan, qui mena une expédition
victorieuse contre les Marathes en 1761.
La défaite divisa la confédération
des Marathes en cinq États indépendants qui se battaient fréquemment
entre eux et qui finirent ainsi par perdre leur indépendance à l'issue
de trois conflits avec les Britanniques à la fin du XVIIIe s.
C'est aujourd'hui une ville de 220 000 habitants et qui compte 70 temples
! Ville artistique d'une richesse exceptionnelle notamment rendue célèbre
par son artisanat de peinture sur verre... C'est aussi une capitale de la danse
et de la musique traditionnelles.
Le temple de Brihadishvara
(cf. CHRONOLOGIE)
en granit doré qui date du tout début du XIe s. possède une architecture
équilibrée marquant l'apogée de l'art Cola classique
avec son impressionnant vimana, bâti autour d'un lingam géant. C'est une chef d'oeuvre de l'art indien.
C'est
un monument classé au patrimoine mondial de l'UNESCO
depuis 1987.
TANJORE - Temple de Brihadishwara.
Ce fut l'oeuvre extraordinaire
du Roi des rois, Rajaraja Ier, le véritable fondateur de
l'empire Chola (qui s'étendait même sur Ceylan). Ce temple du
Xe s. fut restauré au 16ème siècle. Quelque 1 800 taureaux
Nandi décorent la muraille de lenceinte. Au mât de cuivre,
on attache un tissu blanc lors des fêtes de septembre. En bas du temple,
des inscriptions racontent lhistoire de sa construction, en vingt ans par
10 000 ouvriers comme celui de Gangakocholapuram vu hier.
Quantité
de problèmes techniques durent être résolus.
Le granit utilisé provenait de carrières
situées à plus de 90 km!
Par ailleurs, le vimana
de 14 étages et de 70 m de haut est surmonté d'une coupole
monolithe de 81 tonnes (selon certains il s'agit de deux blocs) de 9 m
de haut et 12 m de diamètre, qui aurait été hissée
grâce à une rampe de 6 km selon les uns, de 2 selon les autres.
Mais quand même! Ces gros blocs ne pouvaient être acheminés
par voie d'eau sur les petites embarcations circulaires faite en lattes tressées.
Il y a quelques années, un passage secret a été découvert
dans le temple. Ses murs sont recouverts de fresques illustrant la vie de Rajaraja Ier.
La finesse de certaines sculptures est époustouflante. Le granit est
travaillé comme une véritable dentelle avec des jours même
dans des parties cachées.
Une
des fresques, à lentrée du temple raconte que Krishna (9ème
réincarnation de Vishnou, marié à Lakshmi) avait 18 000
femmes (on comprend mieux le fait en se basant sur la taille du lingam). Coquin,
il avait piqué les vêtements de celles qui se baignaient. C'est pourquoi,
depuis, méfiantes, les Indiennes se baignent tout habillées.
En
effet, le sanctuaire dédié à Vishnou renferme un lingam de 4 m de haut, 1,5 m de diamètre dressé sur
un yoni de 15 m de diamètre. Quelles mensurations!
Autrefois,
le temple abritait 400 danseuses (ou de prostituées) sacrées appelées
devadasis. En fait il s'agissait de femmes lettrées pratiquant
de nombreux arts (peinture, poésie, musique, danse...).
Définitions...
- Linga ou lingam : pierre dressée symbolisant Shiva, dieu destructeur
et régénérateur qui est souvent adoré sous la forme
d'un pilier phallique reposant sur une base qui représente les organes
génitaux féminins (yoni). A l'origine ce symbole était associé
à l'érotisme et à la fertilité.
On peut
aussi admirer un Taureau Nandi, monolithe de 25 Tonnes, en granit
noir, ainsi que 250 lingams disposés dans de petites chapelles dont le fond est décorés
de fresques très abimées
et une collection
de bronzes. 20 000 manuscrits sanskrits sont par ailleurs conservés
dans le temple.
Dans l'enceinte du temple, des femmes se livrent
à des cultes plus populaires au pied d'un arbre déifié dans
l'espoir d'enfants (berceaux naïfs accrochés aux branches).
TANJORE - l'arbre aux berceaux (temple de Brihadishwara).
La journée s'achève par la visite du musée gouvernemental
des bronzes, l'Art Gallery, qui se trouve dans le Palais des Nayaks
(XVI-XVIIe s.) dont les descendants vivent encore dans une partie du palais.
Nous ne nous intéressons pas à la Bibliothèque Saraswati
Mahal rassamblant une collection de quelque 20 000 manuscrits sur papier
et feuilles de palmier, rédigés en plusieurs langues.
En revanche,
nous visitons la galerie d'art indien. Les bronzes admirables qui y sont présentés
pour la plupart ont été créés entre le VIIIe et
le XIIe s. On peut y observer de près des détails curieux
telle la déformation des lobes des oreilles, de Shiva en particulier, due
au port de lourdes boucles d'oreilles (on retrouve cela dans la représentation
classique du Bouddha) et on voit même un Shiva à "plateaux"
d'oreilles tels qu'en portent encore des femmes des tribus karens de Birmanie
(influence de l'Inde ancienne).
Si
nous en avions eu le temps, de la tour voisine, nous aurions pu jouir d'un superbe
panorama .
A noter que lors des invasions musulmanes, beaucoup de bronzes furent dissimulés
dans des cachettes ménagées dans ou sous les temples. Les bronzes
recouverts de sable ne furent découverts su'en 1965.
Petite
indication pratique, pour téléphoner il est très avantageux
de se rendre dans les petites boutiques STD-ISD que l'on trouve à tous
les coins de rue dans les villes (et même certains villages)
d'où l'on peut avoir l'international pour environ 20 Roupies la minutes
(35cts d'€).
La soirée se termine par un dîner-spectacle
de danses Bharatya-Natyam dont l'origine est millénaire et évoque
les mythes fondateurs de l'hindouisme. Avec l'accompagnement musical de quelques
instruments ces danses sacrées sont aussi exécutées lors
des cérémonies dans les temples. La gestuelle et les regards y sont
essentiels.
INDE du sud