MYSORE (1 et 3),
Somnathapur
(2).
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L'ART EROTIQUE HINDOU...

L'art érotique hindou (shringâra rasa) est divers dans son expression et ses supports : temples de Khajuraho ou de Konarak, ivoires sculptés et miniatures.

Le Kama Sutra (''sentences sur le désir/plaisir'' en sanskrit) est un traité philosophico-érotique indien sur l'art d'aimer dans le couple homme/femme. Ce texte composé en prose et en vers aux environs de 500 apr. J.-C et commenté au XIIIe s. a été longtemps considéré en Occident comme un texte obscène et immoral alors qu'il nous renseigne sur les mœurs de l'ancienne civilisation indienne. C'est d'ailleurs le seul livre ''sacré'' dont l'accès était autorisé aux femmes !

Il n'a rien d'occulte puisque ses thèmes sont repris dans la peinture ainsi qu'au travers des innombrables sculptures érotiques qui ornent certains des plus beaux temples de l'Inde.
Dans le sud de l'Inde, nous en voyons des exemples limités à quelques frises sur les temples des Hoysalas, aujourd'hui, sur celui de Somnathapur et, après-demain, sur celui de Halebid...
Ces expressions graphiques et plastiques évoquent parfois des relations autres que celles de couples homme/femme.

Le but des sept livres constituant ce traité est de prodiguer un enseignement pratique permettant l'accomplissement de la jouissance physique.

Le premier est consacré à l'amour et la recherche du plaisir sensuel, considéré comme l'une des trois ''finalités de l'homme'', la plus éloignée du renoncement, la plus basse (les deux autres étant, la satisfaction des désirs matériels, l'artha, d'une part et la dévotion et la morale, le dharma, d'autre part).
Les livres suivants renferment un exposé des techniques qui concourent au plaisir amoureux (art des préludes), une description des variantes de l'amour physique avec différents types de partenaires amoureux (jeune fille, épouse, femme d'autrui et courtisane) et des considérations sur leur juste assortiment en fonction de leurs caractéristiques physiques.
Le dernier livre s'intéresse aux breuvages aphrodisiaques et autres excitants.



Tantrisme : tradition inspirée du brahmanisme et présente dans certains courants du bouddhisme et de l'hindouisme qui repose sur un ensemble de textes et de rituels religieux valorisant les forces naturelles, le corps et la sexualité, et qui tentent d'articuler jouissance et délivrance, dans le but d'échapper à la ronde des renaissances.
Pour les yogis, l'énergie sexuelle est sublimée en pouvoir mental.


Nirvana : béatitude absolue obtenue par l'extinction des trois passions (désir, haine et erreur) libérant l'être humain du cycle des naissances.

 

Découverte de MYSORE

Notre matinée est consacré à la visite de monuments de MYSORE, "la ville des Parfums", peuplée de 800 000 habitants.

La nonchalante ville des parfums,
ancienne capitale du Karnataka (désormais c'est Bangalore), est marquée par les fastes kitsch des maharadjas.
La ville paisible, jolie et provinciale est célèbre pour son jasmin, ses soies, son encens, son bois de santal et ses peintures qui relèvent d'une école concurrente de celle de Tanjore.

Cependant le développement de Bangalore nécessite une déconcentration des activités dont Mysore (à 200 km) "bénéficie", c'est-à-dire supporte aussi les effets néfastes: restructuration urbaine plus ou moins sauvage, pollution....

Le Palais du Maharadja Amber Vilas:

On est immédiatement saisi par la magnificence des cours et jardins et l'immensité du palais (lequel comportait un harem).

MYSORE - palais du maharaja Amber Vilas   
MYSORE - palais du maharajah Amber Vilas.


Suite à un incendie de l'ancien palais en bois survenu en 1897, le palais fut reconstruit à partir de la fin du XIXe s. (1897-1912) sur les plans de l'architecte anglais H. Wilson.
Ce palais de style indo musulman à tours et clochetons fut construit à l'aide de matériaux offerts par les Anglais au descendant de la dynastie déchue des Odeyars (vassaux de l'ancien empire hindou de Vijaiyanagar), souverain fantoche rétabli sur le trône pour servir les intérêts britanniques, après l'échec de la rébellion de Tippu Sultan en 1799.
D'ailleurs une partie du palais appartient toujours aux descendants de la famille princière qui vit le plus souvent dans son autre palais (ancien palais d'été) à Bangalore.


De la large et fraîche galerie, on peut contempler par les les arcades les jardins écrasés de chaleur et de lumière vive, les pieds bien au frais sur le carreaux de marbre.

Parmi les cadeaux britanniques, on peut citer la verrière aux paons de Glasgow (pour l'Ecosse), les colonnes de fonte (pour le Pays de Galles), les céramiques (pour l'Angleterre). Certains matériaux venaient d'autre pays comme l'escalier en marbre (Italie).
La main d'oeuvre et les matériaux de construction furent fourni par le maharajah auquel cela coûta 40 millions de roupies de l'époque (un fortune quand on sait que le facteur d'inflation a été de 1000 entre 1960 et 2000).
La galerie entourant le vestibule d'honneur est décorée par une fresque peinte entre 1937 et 1940 (9 peintres y travaillèrent) représente les festivité de Dusserha de 1935. Peintes à l'huile, d'après photos, dans l'interminable défilé qui parcourt la ville, on peut reconnaître des personnages au milieu des fastes finissant de l'Inde ancienne mais aussi des automobiles, des enseignes de boutiques ou des réclames!
Le dernier maharajah a avoir vécu ici (le vingt cinquième), mourut en 1974, 3 ans après qu'Indira Gandhi eut dépossédé les maharajahs de leur derniers privilèges, ceux qui leurs assuraient encore de considérables revenus même après l'indépendance.

C'est un palais fastueux, aux portes d'or, d'argent, de bois de rose, de nacre et d'ivoire, son escalier de marbre, ses plafonds et dômes en acajou et en teck, son trône en or visible seulement lors de grandes cérémonies lors des fêtes de Durga (avatar de la déesse Parvati) en septembre-octobre…

On peut également admirer cinq portes anciennes récupérées de l'ancien palais en bois qui avait brûlé. Elles sont tout à fait repérable par leur moindre hauteur!


De nombreux touristes indiens se pressent ici car Sanjay nous indique que le Karnataka est plus visité par les Indiens que le Rajasthan, contrairement aux touristes étrangers! Nous faisons donc tache (claire, évidemment) au milieu d'eux pourtant c'est une période creuse pour le tourisme indien car nous sommes en pleine période d'examens scolaires.

Notre présence ne passe pas inaperçue à tel point qu'un groupe de jeunes femmes indiennes manifestent leur curiosité pour la consistance des bras de quelques unes de nos compagnes de voyage
(leurs habits n'ont pas de manches contrairement aux indiennes avec leur choli à manches courts). Autorisées à palper cela entraîne pas mal de rires de part et d'autre et, en retour, les indiennes invitent nos collègues à se livrer sur elles aux mêmes palpations. Cela valait des photos mais elles étaient interdites dans le palais. Dommage!

MYSORE - palais du maharaja Amber Vilas   
MYSORE - palais du maharajah Amber Vilas.

Petite échappée en direction de la colline qui domine la ville et au sommet de laquelle se dresse un temple. Aperçu sur l'église Sainte Philomène, cette cathédrale néo-gothique est une des plus grandes églises de l'Inde. Elle fut édifiée dans les années 1930 par des architectes français qui s'inspirèrent de la cathédrale Saint-Patrick de New-York et de la cathédrale de Cologne.


Chamundi Hill
(cf. CHRONOLOGIE)
:


Au sommet d'une colline granitique (1062 m.) qui domine Mysore, un temple a été construit au XVIIe s. (rebâti au XIXe s.). Il est dédié à la déesse Durga.

La colline est accessible par route, ce qui offre des points de vue sur la ville et notamment le Lalitmahal Palace, ancienne résidences des hôtes du maharajah devenu un hôtel et qui sert souvent de cadre à des tournages de films.
A ce propos, Sanjay évoque les films-fleuves indiens qui durent 3 heures. Il avoue qu'il est assez insupportable de les voir repasser à la télévision par contre la projection en salle est tout à fait autre chose car les spectateurs participent pleinement à "la romance", applaudissent, sifflent, pleurent ou rient

Compte tenu de notre programme, nous arrêterons au niveau du
Taureau Nandi, colossale monture mythique de Shiva.
C'est un monolithe de
5 m. de haut, taillé en 1659, luisant de la graisse dont les pèlerins l'enduisent généreusement.


Les pèlerins, quant à eux, doivent affronter 1100 marches pour arriver au temple de Chamundeswari dont ils peuvent admirer une porte monumentale en argent massif.




SOMNATHAPUR

Après le déjeuner, une excursion nous emmène à SOMNATHAPUR, site distant de 40 km, à l'est de Mysore.

MYSORE - Haras de la Police Montée   MYSORE - Banian sacré (250 ans)
MYSORE - Haras de la Police Montée et Banian sacré (250 ans).

En quittant Mysore nous passons devant les haras de la police montée de Mysore. Sanjay précise que les chevaux supportent bien le climat sec de cette région.
En route, courte pause pour admirer un banian sacré âgé de 250 ans, dont la particularité est que les racines adventices tombent toutes rassemblées autour de son tronc comme des colonnes délimitant un sanctuaire. Le banian (ficus bengali pour les scientifiques) est appelé localement gunta. Un comité pour la protection de 28 de ces arbres a été constitué dans la région. En contrepartie, un système d'indemnisation des propriétaires est proposé (cf. The Times of India du 26 mars 2007, distribué dans notre hôtel le lendemain matin!)

Nous y visitons le Temple-musée de Keshava
(cf. CHRONOLOGIE). Il comporte en fait trois temples ce qui est logique puisque l'ensemble est dédié à trois avatars de Vishnu.

SOMNATHPUR - Temple de Keshava   
SOMNATHPUR - Temple de Keshava.


Du XIe au XIIIe s., le Karnataka s'est couvert de temples dressés par les souverains Hoysalas (648 temples en trois siècles !).

Le premier souverain de cette dynastie, Bittideva né jain se convertit au vishnouisme.

Un style architectural inconnu ailleurs apparaît : des temples en étoile, hissés sur un podium.
Dans la sculpture revient le thème de l'homme aux prises avec un fauve. Les personnages sont représentés avec des visages potelés.

Les mandapas (salles hypostyles), sont remarquables par leurs piliers tournés.
Le travail de sculpture était facilité par l'utilisation d'un schiste tendre.

Le temple de Keshava fut construit au XIIIe s. (1268) par un général de la dynastie des Hoysalas. Il est un peu postérieur aux temples de Belur et d'Halebid que nous verrons le dernier jour du circuit.

Les Hoysalas ont régné sur une grande partie du Karnataka du XIe au XIIIe s. jusqu'à leur défaite devant le sultanat de Delhi, lui-même évincé de la région par le royaume hindou de Vijayanagara. Les Odeyars leur succédèrent du XVIIe au XVIIIes. avant d'être évincés par leur général Haidar Ali puis par son fils, le célèbre Tipu Sultan (dont nous reparlerons encore le jour suivant)...

Ce qui le distingue des temples du Tamil Nadu, c'est un volume plus restreint, une moindre élévation et surtout les curieux piliers annelés. Ils ont pu être tournés du fait qu'ils sont en pierre tendre, la pierre à savon, une sorte de schiste qui a la particularité de durcir ensuite à l'air. Un peu de lumière est apportée à l'intérieur du monument par des jours dans la façade.
L'entrée dans la cour du temple se fait par un corridor à piliers.

Ce monument représente un sommet de l'art indien médiéval par la préciosité de ses sculptures et par la perfection des frises ornant les façades des 64 chapelles disposées en étoile autour des trois sanctuaires.

Il faut admirer les plafonds avec leurs plafonds aux pendentifs, véritables dentelles. On peut également apprécier des statues d'un majestueux Vishnu ou d'un Krishna à la flûte...

L'extérieur présente de superbes frises à la base du monument: éléphants, chevaux... Plus en hauteur, on trouve évidemment des statues de divinité et notamment de Vishnu, Shiva ou Ganesh... et d'autres frises avec une diversité de thèmes qui inclut quelques scènes érotiques!
Remarquons au passage que c'est l'un des temples hindous où l'on voit le plus de femmes musulmanes dans leur longue robe noire et intégralement voilées!


Une fois de plus, nous avons le droit d'être photographiés par des Indiens!


Retour tranquille malgré une déviation qui nous fait passer par des chemins ruraux. Tombes dans les champs, tas d'amendement (?) ou de cendre pour fertiliser les champs après la récolte, temples de villages, maisons de pisé, meules de paille de riz surélevées sur des troncs d'arbres en prévision de la mousson, sarclage dans les rizières (toujours les femmes), élevages industriels de volailles...



De retour à MYSORE

Revenus à Mysore, petit moment shopping pour les un(e)s, exploration du quartier pour d'autres qui découvrent une forte présence bovine dans ce quartier en périphérie de Mysore, ce qui ne laisse pas de surprendre. Certains animaux ont même investi le portique d'une ancienne demeure de caractère. D'ailleurs pourquoi les vaches n'auraient-elles pas leur palais?.
Autre surprise, je croise un couple mixte, homme indien et femme occidentale à peau très claire et cheveux blonds vêtue d'un sari. Je n'ose pas faire la photo...


C'est dimanche, le soir venu, notre guide nous conduit à nouveau vers le palais en nous demandant de fermer les yeux !!! Certains ont deviné le secret... Pour d'autres, surprise! Au moment où nous arrivons nos yeux éblouis s'ouvrent sur

le Palais de Mysore illuminé.



Toujours dans l'esprit kitsch de ce palais, 3 millions de lampes soulignent ses contours. Rien à voir avec les éclairages softs de nos monuments.

Des milliers d'INDIENS sont venus là en famille. Une véritable kermesse s'installe dans les allées et sur les pelouses du palais tandis qu'une fanfare entonne valses et musiques pompeuses...



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INDE du sud