L'art érotique hindou
(shringâra rasa) est divers dans son expression et ses supports :
temples de Khajuraho ou de Konarak, ivoires sculptés et miniatures.
Le
Kama Sutra (''sentences sur le désir/plaisir'' en sanskrit)
est un traité philosophico-érotique indien sur l'art d'aimer dans
le couple homme/femme. Ce texte composé en prose et en vers aux environs
de 500 apr. J.-C et commenté au XIIIe s. a été longtemps
considéré en Occident comme un texte obscène et immoral alors
qu'il nous renseigne sur les murs de l'ancienne civilisation indienne. C'est
d'ailleurs le seul livre ''sacré'' dont l'accès était autorisé
aux femmes !
Il n'a rien d'occulte puisque ses thèmes sont repris
dans la peinture ainsi qu'au travers des innombrables sculptures érotiques
qui ornent certains des plus beaux temples de l'Inde. Dans le sud de l'Inde,
nous en voyons des exemples limités à quelques frises sur les temples des Hoysalas,
aujourd'hui, sur celui de Somnathapur et, après-demain, sur celui de Halebid...
Ces expressions graphiques et plastiques évoquent parfois des relations
autres que celles de couples homme/femme.
Le but des sept livres constituant
ce traité est de prodiguer un enseignement pratique permettant l'accomplissement
de la jouissance physique.
Le premier est consacré
à l'amour et la recherche du plaisir sensuel, considéré comme
l'une des trois ''finalités de l'homme'', la plus éloignée
du renoncement, la plus basse (les deux autres étant, la satisfaction des
désirs matériels, l'artha, d'une part et la dévotion
et la morale, le dharma, d'autre part). Les livres suivants renferment
un exposé des techniques qui concourent au plaisir amoureux (art des préludes),
une description des variantes de l'amour physique avec différents types
de partenaires amoureux (jeune fille, épouse, femme d'autrui et courtisane)
et des considérations sur leur juste assortiment en fonction de leurs caractéristiques
physiques. Le dernier livre s'intéresse aux breuvages aphrodisiaques
et autres excitants.
Tantrisme : tradition inspirée du brahmanisme et
présente dans certains courants du bouddhisme et de l'hindouisme qui repose
sur un ensemble de textes et de rituels religieux valorisant les forces naturelles,
le corps et la sexualité, et qui tentent d'articuler jouissance et délivrance,
dans le but d'échapper à la ronde des renaissances. Pour les
yogis, l'énergie sexuelle est sublimée en pouvoir mental.
Nirvana : béatitude absolue obtenue par l'extinction
des trois passions (désir, haine et erreur) libérant l'être
humain du cycle des naissances.
Notre
matinée est consacré à la visite de monuments de MYSORE,
"la ville des Parfums", peuplée de 800 000 habitants.
La nonchalante ville des parfums, ancienne
capitale du Karnataka (désormais
c'est Bangalore), est marquée
par les fastes kitsch des maharadjas. La ville paisible, jolie et provinciale
est célèbre pour son jasmin, ses soies, son encens, son bois de
santalet ses peintures qui relèvent d'une école concurrente
de celle de Tanjore.
Cependant le développement de Bangalore
nécessite une déconcentration des activités dont Mysore (à
200 km) "bénéficie", c'est-à-dire supporte
aussi les effets néfastes: restructuration urbaine plus ou moins sauvage,
pollution....
Le
Palais du Maharadja Amber Vilas:
On
est immédiatement saisi par la magnificence des cours et jardins et l'immensité
du palais (lequel comportait un harem).
MYSORE - palais du maharajah Amber Vilas.
Suite à un incendie de l'ancien palais en bois survenu
en 1897, le palais fut reconstruit à partir de la fin du XIXe s. (1897-1912)
sur les plans de l'architecte anglais H. Wilson. Ce
palais de style indo musulman à tours et clochetons fut construit à
l'aide de matériaux offerts par les Anglais au descendant de la dynastie
déchue des Odeyars (vassaux de l'ancien empire hindou de Vijaiyanagar),
souverain fantoche rétabli sur le trône pour servir les intérêts
britanniques, après l'échec de la rébellion de Tippu Sultan
en 1799. D'ailleurs une partie du palais appartient toujours aux descendants
de la famille princière qui vit le plus souvent dans son autre palais (ancien
palais d'été) à Bangalore.
De la large et fraîche galerie, on peut contempler par les les
arcades les jardins écrasés de chaleur et de lumière vive,
les pieds bien au frais sur le carreaux de marbre.
Parmi les cadeaux
britanniques, on peut citer la verrière aux paons de Glasgow (pour l'Ecosse),
les colonnes de fonte (pour le Pays de Galles), les céramiques (pour l'Angleterre).
Certains matériaux venaient d'autre pays comme l'escalier en marbre (Italie). La main d'oeuvre et les matériaux de construction furent fourni par
le maharajah auquel cela coûta 40 millions de roupies de l'époque
(un fortune quand on sait que le facteur d'inflation a été de 1000
entre 1960 et 2000). La galerie entourant le vestibule d'honneur est
décorée par une fresque peinte entre 1937 et 1940 (9 peintres y
travaillèrent) représente les festivité de Dusserha de 1935.
Peintes à l'huile, d'après photos, dans l'interminable défilé
qui parcourt la ville, on peut reconnaître des personnages au milieu des
fastes finissant de l'Inde ancienne mais aussi des automobiles, des enseignes
de boutiques ou des réclames! Le dernier maharajah a avoir vécu
ici (le vingt cinquième), mourut en 1974, 3 ans après qu'Indira
Gandhi eut dépossédé les maharajahs de leur derniers privilèges,
ceux qui leurs assuraient encore de considérables revenus même après
l'indépendance.
C'est
un palais fastueux, aux portes d'or, d'argent, de bois de rose, de nacre et
d'ivoire,
son escalier de marbre, ses plafonds et dômes en acajou et en teck, son
trône en or visible seulement lors de grandes cérémonies lors
des fêtes de Durga (avatar de la déesse Parvati) en septembre-octobre
On peut également admirer cinq portes anciennes récupérées
de l'ancien palais en bois qui avait brûlé. Elles sont tout à
fait repérable par leur moindre hauteur!
De nombreux touristes indiens se pressent ici car Sanjay nous indique que
le Karnataka est plus visité par les Indiens que le Rajasthan, contrairement
aux touristes étrangers! Nous faisons donc tache (claire, évidemment)
au milieu d'eux pourtant c'est une période creuse pour le tourisme indien
car nous sommes en pleine période d'examens scolaires.
Notre
présence ne passe pas inaperçue à tel point qu'un groupe
de jeunes femmes indiennes manifestent leur curiosité pour la consistance
des bras de quelques unes de nos compagnes de voyage
(leurs habits n'ont pas de manches contrairement aux indiennes avec leur choli
à manches courts). Autorisées
à palper cela entraîne pas mal de rires de part et d'autre et, en
retour, les indiennes invitent nos collègues à se livrer sur elles
aux mêmes palpations. Cela valait des photos mais elles étaient interdites
dans le palais. Dommage!
MYSORE - palais du maharajah Amber Vilas.
Petite
échappée en direction de la colline qui domine la ville et au sommet
de laquelle se dresse un temple. Aperçu sur
l'église Sainte Philomène, cette cathédrale néo-gothique
est une des plus grandes églises de l'Inde. Elle fut édifiée
dans les années 1930 par des architectes français qui s'inspirèrent
de la cathédrale Saint-Patrick de New-York et de la cathédrale de
Cologne.
Au sommet d'une colline granitique
(1062 m.) qui domine Mysore,
un temple a été construit au XVIIe s. (rebâti au XIXe s.).
Il est dédié à la déesse Durga.
La
colline est accessible par route, ce qui offre des points de vue sur la ville
et notamment le Lalitmahal Palace, ancienne résidences des hôtes
du maharajah devenu un hôtel et qui sert souvent de cadre à des tournages
de films. A ce propos, Sanjay évoque les films-fleuves indiens qui
durent 3 heures. Il avoue qu'il est assez insupportable de les voir repasser à
la télévision par contre la projection en salle est tout à
fait autre chose car les spectateurs participent pleinement à "la
romance", applaudissent, sifflent, pleurent ou rient
Compte
tenu de notre programme, nous arrêterons au niveau du Taureau
Nandi, colossale monture mythique de Shiva. C'est un monolithe de
5 m. de haut, taillé en 1659, luisant de la graisse dont
les pèlerins l'enduisent généreusement.
Les pèlerins, quant à eux, doivent affronter 1100 marches pour
arriver au temple de Chamundeswari dont ils peuvent admirer une porte
monumentale en argent massif.
SOMNATHAPUR
Après
le déjeuner, une excursion nous emmène à SOMNATHAPUR,
site distant de 40 km, à l'est de Mysore.
MYSORE - Haras de la Police Montée et Banian sacré (250 ans).
En quittant Mysore nous passons devant les haras de la police montée de
Mysore. Sanjay précise que les chevaux supportent bien le climat sec de
cette région. En route, courte pause pour admirer un banian sacré
âgé de 250 ans, dont la particularité est que les racines
adventices tombent toutes rassemblées autour de son tronc comme des colonnes
délimitant un sanctuaire. Le banian (ficus bengali pour les scientifiques)
est appelé localement gunta. Un comité pour la protection
de 28 de ces arbres a été constitué dans la région.
En contrepartie, un système d'indemnisation des propriétaires est
proposé (cf. The Times of India du 26 mars 2007, distribué
dans notre hôtel le lendemain matin!)
Nous y visitons le Temple-musée de Keshava
(cf. CHRONOLOGIE).
Il comporte en fait trois temples ce qui est logique puisque l'ensemble
est dédié
à trois avatars de Vishnu.
SOMNATHPUR - Temple de Keshava.
Du XIe au XIIIe s.,
le Karnataka s'est couvert de temples dressés par les souverains Hoysalas
(648 temples en trois siècles !).
Le premier souverain
de cette dynastie, Bittideva né jain se convertit
au vishnouisme.
Un style architectural inconnu ailleurs apparaît :
des temples en étoile, hissés sur un podium. Dans la sculpture
revient le thème de l'homme aux prises avec un fauve. Les personnages sont
représentés avec des visages potelés.
Les
mandapas (salles hypostyles), sont remarquables par leurs piliers
tournés. Le
travail de sculpture était facilité par l'utilisation d'un schiste
tendre.
Le temple de Keshava
fut construit au XIIIe s. (1268) par un général de la dynastie
des Hoysalas. Il est un peu postérieur aux temples de Belur et d'Halebid
que nous verrons le dernier jour du circuit.
Les Hoysalas ont régné sur une grande partie du Karnataka du XIe
au XIIIe s. jusqu'à leur défaite devant le sultanat de Delhi,
lui-même évincé de la région par le royaume hindou
de Vijayanagara. Les Odeyars leur succédèrent du XVIIe au XVIIIes.
avant d'être évincés par leur général Haidar
Ali puis par son fils, le célèbre Tipu Sultan (dont nous reparlerons
encore le jour suivant)...
Ce
qui le distingue des temples du Tamil Nadu, c'est un volume plus restreint, une
moindre élévation et surtout les curieux piliers annelés.
Ils ont pu être tournés du fait qu'ils sont en pierre tendre, la
pierre à savon, une sorte de schiste qui a la particularité
de durcir ensuite à l'air. Un peu de lumière est apportée
à l'intérieur du monument par des jours dans la façade.
L'entrée dans la cour du temple se
fait par un corridor à piliers.
Ce monument représente
un sommet de l'art indien médiéval par la préciosité
de ses sculptures et par la perfection des frises ornant les façades des
64 chapelles disposées en étoile autour des trois sanctuaires.
Il faut admirer les plafonds avec leurs plafonds aux pendentifs, véritables
dentelles. On peut également apprécier des statues d'un majestueux
Vishnu ou d'un Krishna à la flûte...
L'extérieur
présente de superbes frises à la base du monument: éléphants,
chevaux... Plus en hauteur, on trouve évidemment des statues de divinité
et notamment de Vishnu, Shiva ou Ganesh... et d'autres frises avec une diversité
de thèmes qui inclut quelques scènes érotiques!
Remarquons au passage que c'est l'un des temples hindous où l'on voit le
plus de femmes musulmanes dans leur longue robe noire et intégralement
voilées!
Une fois de plus, nous avons le droit d'être photographiés par des
Indiens!
Retour
tranquille malgré une déviation qui nous fait passer par des chemins
ruraux. Tombes dans les champs, tas d'amendement (?) ou de cendre pour fertiliser
les champs après la récolte, temples de villages, maisons de pisé,
meules de paille de riz surélevées sur des troncs d'arbres en prévision
de la mousson, sarclage dans les rizières (toujours les femmes), élevages
industriels de volailles...
De
retour à MYSORE
Revenus
à Mysore, petit moment shopping pour les un(e)s, exploration du quartier
pour d'autres qui découvrent une forte présence bovine dans ce quartier
en périphérie de Mysore, ce qui ne laisse pas de surprendre. Certains
animaux ont même investi le portique d'une ancienne demeure de caractère.
D'ailleurs pourquoi les vaches n'auraient-elles pas leur palais?. Autre surprise,
je croise un couple mixte, homme indien et femme occidentale à peau très
claire et cheveux blonds vêtue d'un sari. Je n'ose pas faire la photo...
C'est
dimanche, le soir venu, notre guide nous conduit à nouveau vers le palais
en nous demandant de fermer les yeux !!! Certains ont deviné le secret...
Pour d'autres, surprise! Au moment où nous arrivons nos yeux éblouis
s'ouvrent sur
le
Palais de Mysore illuminé.
Toujours dans
l'esprit kitsch de ce palais, 3 millions de lampes soulignent ses contours. Rien
à voir avec les éclairages softs de nos monuments.
Des
milliers d'INDIENS sont venus là en famille. Une véritable kermesse
s'installe dans les allées et sur les pelouses du palais tandis qu'une
fanfare entonne valses et musiques pompeuses...