MYSORE (1), Srirangapatnam (2),
Sravan Belagola
(3).
Page précédente    Page suivante


LES CASTES et JATIS...

Ce mot est d'origine portugaise (casta="pure").

Du fait de son souci de préserver l'image de l'Inde et d'une histoire personnelle complexe, Sanjay semble un peu mal à l'aise pour évoquer ce sujet très controversé...

Le principe des castes découle de l'ancienne Loi de Manou bien que celle-ci permît une certaine ouverture (contacts, mariages) mais il a été durci sous l'influence des brahmanes.
Ceux-ci n'ont étendu leur influence dans le sud de l'Inde qu'à partir du Xe s.


Il faut ajouter que le système a encore été exacerbé par les Britanniques avec leur méthode de "diviser pour régner"...


La notion de castes issue de l'hindouisme
(auquel s'est opposé le bouddhisme) est théoriquement prohibée par la constitution de 1947 (rédigée en bonne part par l'intouchable B.R. Ambedkar) mais elle reste malheureusement solidement ancrée dans les mœurs où elle est subie sans grandes révoltes.


Le terme caste recouvre en réalité deux notions différentes.


Issu des mythes anciens, le système des VARNA (signifiant couleur) en distingue quatre, trois ''pures'' au sommet (ceux nés de la parole, ceux nés des bras et ceux nés des jambes) et une ''impure'' au bas de l'échelle (ceux nés des pieds).
Généralement on distingue l'appartenance à telle varna par les noms de famille. Il ne concerne vraiment que les Hindous.
Vu d'Occident, c'est souvent à cette seule notion que l'on réduit les mécanismes de ségrégation sociale particuliers à l'Inde.


Dans le système des castes, quelque soit la langue, la couleur (et pourrait-on dire la religion !), on distingue donc quatre varna
- Les Brahmanes (à l'origine des prêtres mais aujourd'hui on en trouve dans des tas d'activités). Plus que les autres, ils sont souvent végétariens car manger du vivant est acte impur.
- Les Kshastriyas (à l'origine des guerriers et nobles), caste souvent confuse ce qui permet certaines tricheries (des personnes des castes inférieures s'inventent parfois des ancêtres Kshastriyas).
Dans le nord de l'Inde, des Rajpoutes et beaucoup de Shiks se sont rattachés à cette caste.
-  Les Vaisays (commerçants)
- Puis viennent les serviteur ''impurs'', les Soudras (artisans et paysans), les plus nombreux (52% ?) qui sont au contact direct de la matière brute (la terre, le bois, les métaux…) et qui parfois consomment même de la viande de porc.

On distingue encore deux catégories encore inférieures.

L'avant-dernière est constituée par les hors castes, les dalits dit ''Intouchables'' (les parias).
Représentant 16% de la population, ils sont placés au plus bas de l'échelle statutaire des castes.
Impurs, ils sont souvent encore méprisés et relégués aux tâches dégradantes (contact avec les déchets : vidangeurs, tanneurs… soins du corps : barbiers… et soins aux morts : employés des crémations…) et en pratique sont écartés de l'accès aux biens publics. En théorie, leur lente reconnaissance remonte à la Constitution de 1951 qui doit au juriste Ambedkar qui interdit les discriminations.

A ceux-ci s'ajoutent enfin les populations tribales qui représentent 8,5% de la population.

L'Etat a mis en place divers moyens de revalorisation de ces ''autres classes arriérées'' qui se désignent elles-mêmes sous le terme de dalit, les opprimés. Parmi ces mesures, on trouve la discrimination positive par quotas. A noter qu'un intouchable a pu accéder à la présidence de la république en 1997 (K.R. Narayanan).

Mais, moins connues, aux varna se superposent quelques 200 à 300 JATI qui concernent toutes les populations rurales indiennes, hindoues ou non, y compris dans les tribus. Cette notion emprunte à celle de confrérie, avec une idée de compétence ou de mérite.

Lorsqu'il se superpose aux varna, ce système conduit à des subdivisions supplémentaires dont le critère n'est pas la notion de pureté mais de richesse terrienne.
Ainsi des intouchables peuvent appartenir à un jati dominante et des brahmanes à celle des pauvres.
En général, le mariage est endogame (au sein de chaque jati) mais une forme de fluidité sociale existe. Par exemple, une femme d'une jati pauvre et d'une varna élevée peut épouser un homme d'une jati riche mais de varna inférieure.

Avec la diversification des métiers, l'alphabétisation et l'urbanisation, on assiste donc à une dilution progressive du système...

 


Marché Devaraja de MYSORE


Avant de quitter Mysore, nous effectuons une promenade matinale sur le Devaraja, son marché animé et coloré.

Des étals de fruits à n'en pas finir. A qui les mieux échafaudés? A qui les plus colorés? Des légumes communs ou plus exotiques ("pieds d'éléphants" qui entrent dans la composition de potages un peu gluants). Poudres à teintures vives, fleurs en tous genre. Ici on trouve les oeillets (d'Inde, évidemment) débités au (kilo)mètre (!) ou au kilo...
Tout le groupe est enthousiaste, du moins, jusqu'au marché de la viande qui, pourtant, n'a rien de repoussant. Pas trop d'odeurs, pas trop de mouches mais quand même pas de vitrines réfrigérées.

Petit tour dans le quartier où l'on croise des moines Tibétains car le premier camp qui leur fut ouvert, avant celui de Dharamsala (au nord de l'Inde), se trouvait ici.
Arrêt devant une boutique où l'on vend du bétel aromatisé avec diverses épices. Un peu plus loin, Sanjay, qui reste un gros fumeur, nous fait la démonstration des allume-cigarettes originaux du pays disponibles aux portes de certaines boutiques: ici une simple mèche (une ficelle de fibre de coco) qui se consume lentement, là un système électrique rustique (sécurité?)

Dans le flot de la circulation, on peut voir un couple de jeunes occidentaux à moto. C'est rare.
De même que sont toujours rares et même inexistantes les voitures des marques françaises...



SRIRANGAPATNAM

Sanjay nous conduit faire une courte excursion à une trentaine de kilomètres de Mysore pour visiter le Palais d'été de Tipu Sultan.


C'est depuis cette forteresse bâtie sur une île de la rivière Kaveri, que Haidar Ali, le général rebelle des souverains Odeyars déchus, puis son fils Tipu Sultan ont tenu tête aux Britanniques à la fin du XVIIIe s. avec l'aide d'officiers français qui tentaient là une seconde chance en Inde après leur défaite en 1761.

Bonaparte, lors de sa visite en Egypte, était disposé à renforcer le contingent français et à cette fin, il transmit une missive à Tipu Sultan, le Tigre de Mysore, mais celle-ci, interceptée en Perse, ne lui parvint jamais.
Comme le suppute Sanjay, si cet incident n'était pas survenu, tout le destin de l'Inde, de la France et du monde aurait pu en être changé. La langue française serait peut être ainsi devenue la langue la plus parlée au monde (
avec le Chinois?) puisqu'elle serait ainsi celle de plus d'un milliard d'Indiens !
mais avec des si...

Toujours est-il que Tipu eut la malchance supplémentaire d'être trahi ce qui permit aux Britanniques d'investir la place par un passage secret (le Watergate qui servait à l'alimentation en eau) et il périt dans ce dernier combat en 1799.

Il ne reste pratiquement rien des installations militaires de la forteresse ni du palais qui furent détruits. La ville actuelle conserve un temple et une mosquée (Jama Masjid).

En revanche, près de là, le Palais d'été de Tipu Sultan, bien qu'en bois de teck, a été préservé au milieu d'un vaste jardin. Le palais est agrémenté de nombreuses fresques relatant les exploits de Haidar Ali et de Tipu Sultan.
On ne peut pas faire de photos d'intérieur et on n'y vend même pas de cartes postales pourtant ces petits bénéfices ne seraient pas superflus pour assurer l'entretien d'un monument qui en a besoin...



SRIRANGAPATNAM - palais d'été de Tipu Sultan   
SRIRANGAPATNAM - palais d'été de Tipu Sultan.

  Retour sur Mysore avec aperçus d'un parc d'attractions, genre château fort européen, tombes musulmanes en plein champ, flamboyants rouges et jaunes, jacarandas, ancienne construction coloniale à l'abandon, temple de village, épouvantail (tel qu'on en voit souvent depuis le début du circuit sur les maisons en cours d'achèvement), préparatifs d'un char de procession de divinité dans un village...





SRAVAN BELAGOLA


Après déjeuner, nous nous dirigeons vers Hassan, au nord-ouest, avec un visite de SRAVAN BELAGOLA ou SHARAVANABELAGOLA, ''l'Ermite Blanc'' (cf. CHRONOLOGIE) , site distant de 90 km de Mysore.

C'est l'un des plus anciens et plus importants sanctuaires jains en Inde.

RAPPEL A PROPOS DES JAINS

Les jaïns sont les adeptes du jaïnisme, religion de l'Inde fondée sur la croyance en l'éternité du monde matériel et prônant la non-violence.

Leur religion contemporaine du bouddhisme fut fondée par Mahavira.

Les jains accompagnent la recherche du salut spirituel d'un respect absolu de toute vie.
Ils veillent même à ne pas tuer d'insectes par des gestes aussi anodins que le fait de respirer ou de s'asseoir!
C'est d'ailleurs à leur contact que l'hindouisme adopta le mode végétarien.

A l'austérité ascétique de leur vie s'oppose la luxuriance de leurs édifices religieux.

Sans rejeter les divinités de l'hindouisme, le jainisme les placent en-dessous des jinas ("conquérants de soi-même").



Notre visite commence par l'un des temples jains construits dans le village. Devant celui-ci, "stationnent" des chars de procession.

SRAVAN BELAGOLA - temples jains au village   
SRAVAN BELAGOLA - temples jains au village.



Le Jain Matha date du XVIIIe s. On peut y admirer les statues des 24 tirthankaras (ou jinas) et des gravures du XIXes. relatant leur légende.
Parmi ces gravures, un mandala qui évoque la difficulté de franchir les 8 cercles avant d'atteindre le nirvana (sans tomber dans les écueils de la fortune ou du pouvoir).

A proximité se trouve un autre temple, le Bhandari Basti (XIIe s.).


La seconde étape de notre visite est pour la Statue de Gomasteswara ou de Bahubali dans le village de Mahamastakabhishekhra.

Elle date du Xe s. et est érigée au sommet de la colline Indragiri,
la plus haute, dont l'on grimpe pieds nus les 614 (640 selon certains) marches de granit brûlant (sans emporter d'objets en cuir donc impurs).

Les pèlerins indiens ont tout autant de difficultés que nous à effectuer cette ascension hormis un couple qui, arrivé sous bonne escorte au pied des escaliers, se fait transporter au sommet de la colline sur des chaises à porteurs.
La statue est entourée d'édifices cultuels du XIIe s.

 

SRAVAN BELAGOLA - statue de Gomasteswara 
SRAVAN BELAGOLA - statue de Gomasteswara
(Xe s., 18 m. de haut).

Gomasteswara est l'un des fils d'Adinatha (premier des 24 tirthankaras ou jinas, sortes de saints jains mythiques) devenu ascète.
Haute de 18 m. (20 pour d'autres), c'est la plus grande statue monolithe d'Inde (du monde ? après celle de Ramsès II ?). Il se confond avec l'univers comme en témoignent les branches qui s'enroulent autour de ses bras et de ses cuisses (sans dissimuler sa nudité!).


Le culte est assuré, paraît-il, par un brahmane hindou ! mais nous n'avons pas été en mesure de le vérifier. Toujours est-il qu'il n'était pas nu et même un peu trop habillé pour un hindou! Alors?


Un pèlerinage se déroule ici tous les 12 ans (le dernier remonte à 2000 ou à 2006?). A cette occasion, un échafaudage est installé derrière la statue afin que l'on puisse déverser sur elles diverses offrandes: beurre clarifié, miel, monnaie, fleurs... Avec ce "baptême", la statue passe par toutes les couleurs: blanc du lait, jaune du curcuma, rouge du curcuma additionné de chaux, lait de coco, jus de canne... Lors de notre passage, l'échafaudage n'était pas encore ôté.

Du haut de la colline, la vue embrasse la ville, le bassin et les pavillons l'entourant et, en face, la colline Chandragiri sur laquelle sont également bâtis des temples jains.

Certaines personnes de notre groupe qui n'étaient pas très motivées par cette escalade sont restées flâner dans la ville. Cela a permis à l'une de nos collègues de rencontrer un jain nu comme un ver de la secte des ascètes Digambaras, ceux "vêtus de ciel", qui vénèrent particulièrement ces lieux.


Puis nous reprenons la route pour un court trajet vers Hassan, petite ville de 120 000 habitants...

Nous logeons dans les bungalows du Hoysal Village Resort, un peu défraîchis et un peu trop proches de la grande route.



 

Page précédente    Page suivante

INDE du sud