De Cochin à Mysore,
par Calicut, Tellicherry et Bandipur.
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LES COSTUMES ...

Le costume traditionnel hindou se compose de pièces de tissu non cousues.

Pour les hommes, à la campagne : un pagne (dhoti) drapé, un châle ou une écharpe et un turban ( pagri ou safa) de 8 à 11m. !
En ville, un kurta-pyjama porté par-dessus un pantalon.

Dans le sud, le pagne s'appelle longhi. Descendant jusqu'aux pieds lorsqu'il fait frais, ses pans sont remontés et passés dans la ceinture lorsqu'il fait très chaud.




Pour les femmes, jusqu'à la fin du Moyen Âge, une bande d'étoffe (si transparente qu'on la distingue à peine sur les sculptures) couvrait la partie inférieure du corps et parfois, un large ruban comprimait la poitrine.

Plus tard est apparu le long sari (de 5 mètres à plus de 6 mètres de long sur près de 1,20 mètre de large) enroulé autour des hanches, dont le pan libre remonte sur l'épaule gauche, par dessus le corsage ajusté, le choli (lequel ne s'est généralisé que tardivement pour ménager la pruderie britannique). Dans les périodes les plus chaudes, l'enroulement est fait de telle sorte que la milieu du torse reste à l'air libre!
S'en vêtir est tout un art.
D'une infinité de couleurs et motifs, le sari est en coton ou en soie.

Le sari n'est en principe porté que par les femmes mariées tandis que les jeunes filles se vêtent d'un penjabi.

On rencontre donc beaucoup l'ensemble tunique-pantalon qui s'est propagé depuis le nord du pays, le salwar kameez ou penjabi (ou punjabi) dont l'origine doit aux échanges avec la Chine. Il n'est pas sans faire penser à l'ao dai des Vietnamiennes (celui-ci fut créé au XVIIIe s. en s'inspirant de costumes chinois).
Il est complété par une longue écharpe assortie et simplement passée par dessus l'épaule gauche ou bien avec les deux extrémités retombant sur le dos.
Il est porté par la certaines femmes et surtout par les jeunes filles. Dans la tradition, après le mariage, les femmes arrêtent de porter cette tenue, pour ne mettre exclusivement que des saris.

CALICUT

La ville tire son nom du calicot (toile de coton de qualité ordinaire).

CALICUT était connue des Grecs et des Romains puis des Arabes, bien avant l'Hégire (et donc l'Islam).
Cette côte fut reconnue par des navigateurs Portugais dès 1486 et surtout par Vasco de Gama en 1498 (peu de temps auparavant, Ch. Colomb découvre les "autres Indes", l'Amérique en 1492-93 !)
Là encore, les Hollandais s'appuyant sur les peuples indigènes Zamorins supplantent les Portugais au début du XVIIe s. avant de devoir, à leur tour, céder la place aux Anglais à la fin du XVIIe s.

Après un lever à 5 heures, départ tôt le matin pour prendre le train à 6h45 à Ernakulam.

Le trajet initialement prévu était de 150 km vers le nord jusqu'à CALICUT (Kozhikode) mais il y a un imprévu. Grève générale à Calicut!

Les fameuses grèves générales qui surviennent parfois dans le Kerala au sujet desquelles Sanjay nous avait prévenu.

Dans ces conditions, plus question d'arrêt dans cette ville.

Nous allons donc poursuivre une cinquantaine de kilomètres plus au nord, jusqu'à Tellicherry. A noter que la grève ne touche pas les chemins de fer qui sont de compétence fédérale.

Le chemin de fer suit un tracé parallèle à la Côte de Malabar.

Ce trajet sera donc toute une aventure...

Train Cochin-Tellicherry   
Train Cochin-Tellicherry.


Nous voyageons en première classe (climatisée avec couchettes) dans une voiture à compartiments (ouverts), en compagnie de familles indiennes. Dans ce train, il y a quatre classes (la dernière est sans couchettes et non climatisée), certains en ont cinq. Pour un même trajet, Cochin-Cannanore, l'écart tarifaire va de 1 à 30 (7 à 220 roupies)!!!
Nous sommes surpris par le confort du train dû en partie à la qualité de la voie qui est réalisée en rails soudés (comme on a dû le faire pour notre TGV) et la ligne est électrifiée. Mais la voie est unique, les gares nombreuses et les travaux également. Cela fait terriblement baisser la moyenne.
Aux arrêts dans les gares, nous en profitons pour nous ravitailler de petits amuse-gueules auprès des vendeurs ambulants.

Nous passons devant Calicut. La ville a vraiment l'air morte, totalement paralysée par la grève générale. Rues quasi désertes, boutiques aux rideaux baissés.

Par contre, à partir de là, nous trouvons en surréservation. Cela cause quelques quiproquos avec des nouveaux passagers soit qu'ils tentent de faire valoir leur droit à occuper nos place, soit, au contraire, qu'ils restent debout l'air gênés... Mais avec un peu de bonne volonté tout s'arrange car là où tiennent à l'aise 6 personnes on peut en mettre 8!

Après un temps d'observation, l'ambiance se détend également avec les petits enfants. certains leur apprennent à construire avec des pages de journaux des coquettes, des bateaux et, ce qui est plus amusant, des avions et des fusées qui finissent par se loger dans la chevelure d'autres passagers ou par plonger dans le décolleté de quelque touriste.

Finalement nous n'avons pas vu le temps passer. Nous arrivons à Tellicherry à 12h15, après 5 heures 30 de voyage. Notre bus nous cherche, finit par nous trouver et nous déjeunons dans un restaurant persan (que le guide à substitué à celui qui était prévu).
Dans le nord du Kerala, nous remarquons d'ailleurs que l'Islam est de plus en plus visible par ses mosquées et ses femmes voilées.


Après déjeuner, nous prenons la route pour un trajet de l'ordre de 250 km vers le nord-est, en direction de MYSORE.

Quelques jours plutôt, nous avions déjà franchi ces montagnes en sens inverse et plus au sud.

Ce trajet permet de découvrir le paysage spectaculaire de montagne des Western Ghats aux immenses plantations de caféiers, théiers, eucalyptus…


Trajet en direction de Mysore à travers les Ghâts   
Trajet en direction de Mysore
à travers les Ghâts- plantation de thé.



C'est dans le relatif inconfort dû à une route sinueuse et défoncée que nous profitons de notre faible allure pour jouir d'un paysage qui n'est jamais monotone.
Cette montée sur le plateau du Dekkan se fait à travers la jungle et les plantations.

Drapeaux communistes en pleine forêt vierge ici.
Femme cantonnière là.
Plantations de théiers, de
bananiers et de palmiers plus loin.
Petites rizières et quelques mûriers (pour l'élevage des vers à soie) ailleurs...
...bus local en panne (les passagers le poussent), mosquée
, procession catholique en pleine campagne ...


Mais nous approchons de la frontière entre les Etats du Kerala et du Karnataka. Dans une petite ville, Sanjay doit s'acquitter des formalités d'usage dans un bureau situé dans un de ces minuscules hôtels que l'on voit régulièrement.





Trajet en direction de Mysore à travers les Ghâts   Trajet en direction de Mysore à travers les Ghâts
Trajet en direction de Mysore à travers les Ghâts- avant de passer dans le Karnataka.

Etat du Karnataka

L'Etat du Karnataka couvre 190 000 km² et est peuplé de 55  M. d'habitants. Il correspond à l'ancien Etat de Mysore. Bangalore (6 millions d'habitants), ville située au sud de l'Etat, en est la capitale.

C'est dans cette région (Hampi) que s'épanouit, en marge de l'Empire Moghol, le grand empire hindou Vijayanagar (1336-1646).


Le Kannada ou Kannara, est l'une des plus anciennes langues Dravidiennes parlée par environ 45 millions de personnes. C'est la langue officielle du Karnataka, l'un des quatre états du sud de l'Inde. La première encyclopédie jamais rédigée le fut en Kannada.
Le Kannada est une langue possédant trois genres (masculin, féminin, neutre).

Le Kannada est parlé depuis environ 2500 ans, et une vingtaine de formes dialectales sont couramment utilisées.
En revanche, cette langue, même avec ses variations dialectales, dispose d'un système d'écriture unique depuis 1900 ans.

La population est hindoue à 90%. C'est un Etat riche où l'on trouve aussi bien la sériciculture que la haute technologie (le professeur Raman de l'université de Bangalore fut prix Nobel de physique en 1930).

Vaches sacrées,
buffles d'eau et zébus...


Suivant le principe de la non-violence, les Hindous pratiquants évitent de blesser les animaux, ne mangent pas de bœuf, et la plupart sont végétariens.

Depuis le Ve siècle avant J.-C., en Inde, la vache (en fait un zébu) est considérée comme la mère nourricière du peuple Hindou et à ce titre est "sacrée" (les singes et les serpents le sont également).
La vache mène donc une vie paisible, en pleine ville au milieu du trafic automobile ou à la campagne, achevant parfois sa vie dans une "maison de retraite pour déesse". La vache étant sacrée, la tuer ou même l'insulter est un crime.

Cependant comme on a pu le voir il y a quelques jours en pénétrant au Kerala, cela n'empêche pas un certain trafic avec vente d'animaux pour les abattoirs dans des Etats qui comptent des mangeurs de viande tels que les musulmans ou les chrétiens.

L'Inde possède plus de bétail que n'importe quel autre pays et les bœufs représentent une richesse appréciable pour l'économie indienne (animaux de trait, production de lait). Leur peau n'est utilisée qu'après leur mort naturelle.

Le mot vache viendrait du sanskrit vaç désignant une génisse.
En fait, quand on parle de vache en Inde, on confond sous un même vocable plusieurs espèces de bovins.

Il s'agit le plus souvent du ZÉBU (Bos indicus), bovin du sud de l'Asie, sauvage à l'origine puis domestiqué. On pense que le zébu descend du banteng, le bœuf sauvage de Java et de Bornéo.
Sa caractéristique principale est une grande bosse musculeuse sur le dos, entre les épaules.
Les zébus ont des oreilles pendantes et d'énormes fanons (grand pli cutané situé sous la gorge de certains bovidés). Si la plupart des zébus sont réputés avoir de courtes cornes, ce n'est pas vraiment le cas dans le sud de l'Inde où ils sont souvent bien pourvus...
Ces animaux sont utilisés en Asie et en Afrique comme bêtes de somme, pour leur lait (et leur viande! éventuellement) du fait qu'ils sont très résistants à la chaleur et aux maladies tropicales.


Autre bovin typique, l'arni ou BUFFLE D'EAU ou buffle indien (Bubalus bubalis). Il a l’aspect lourd (jusqu'à 1200kg) et massif et il possède un corps robuste qui ne présente ni bosse ni fanon. Mâles et femelles portent de puissantes cornes, souvent en forme de croissants.
Le buffle d'eau est la seule domestiquée des quatre espèces de buffles existantes.
Adapté aux milieux marécageux, c'est donc l'animal de trait idéal dans les rizières.

Mais d'autres espèces bovines plus communes ont été introduites, notamment les races de vaches laitières très productives sélectionnées en Europe ou en Amérique du nord (frisonnes, holsteins). Ces animaux sont-ils bien adaptés au climat et aux ressources du pays?
On peut également voir dans la campagne indienne certains produits de leur croisement avec les espèces indigènes.



Il est 17 heures et nous allons également pénétrer dans la Nilgiri Biosphère Reserve créée en 1973 dans le cadre du Tiger Project concernant 27 réserves dans tout le pays (1600 tigres sur les 4000 qui subsistent).

Sur le territoire de la réserve vivent cinq peuples tribaux .

L
a Nilgiri Biosphère Reserve est commune à trois Etats dont les parcs sont respectivement nommés Tudumalai au Tamil Nadu, Wyanad au Kerala et Bandipur au Karnataka où nous sommes maintenant.

C'est ce dernier que nous allons traverser, à une altitude d'environ 700 m., dans une forêt desséchée (c'est la fin de la saison sèche) de teck, santal et bois de rose.




Sur la piste traversant le Parc de Bandipur, que nous allons parcourir pendant deux heures à la vitesse de 10-15 km/h, nous sommes rapidement accueillis par des macaques à bonnet et des macaques à face rouge.





Puis c'est le spectacle désolant de bambouseraies en train de mourir. Mais Sanjay nous rassure. C'est parfaitement naturel. Cette espèce de bambou que l'on trouve dans de nombreux pays à la particularité de fleurir partout en même temps mais tous les 50 ans seulement, après quoi la graminée géante meurt, ses graines se ressèment et le cycle recommence. Or ces bambous ont fleuri partout dans le monde en 2006... Tout s'explique donc...

...puis ce sont des huttes des tribus, quelques cultures, des cabanes dans des arbres (?). Sanjay nous explique que les tribus vivent en dehors des circuits traditionnels. Elles sont autorisées à chasser et elles pratiquent le troc (gibier contre riz, par exemple).

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Nous allons apercevoir de jolis oiseaux: paons sauvages et une sorte de geai bleu.

Puis ce sera un cerf aboyeur et des petites hardes de daims sambars, au total une quinzaine d'animaux en trois ou quatre groupes. Selon Sanjay, cela signifie que nous n'aurons pas la chance de voir de tigres, bien que le parc de Bandipur en compte environ 80. C'est donc par ici qu'il faut penser à une indispensable "escale technique" après tant de chaos...

Mais nous aurons une autre veine, celle de voir une douzaine d'éléphants en trois groupes, dont des femelles avec leur éléphanteau et tout cela à moins de 20 m du bus! Mieux valait que les grands mâles ne soient pas dans les parages! Il est vrai que l'on dénombre quelques 3500 éléphants dans ce parc.

Le seul dommage dans l'affaire, c'est que le crépuscule arrivait.


Fin d'une journée qui aurait pu sembler interminable et qui pourtant ne l'a pas été !
Après 6h30 de bus, nous atteignons Mysore. Il est 20 heures 30
.
Au total, 12 heures de voyage dans la journée! Nuit de repos bien méritée...



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INDE du sud