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Des environs d'Hassan où
nous logions, nous effectuons un circuit matinal de 100 km au nord-ouest,
vers deux sites remarquables du XIIe s. de la dynastie des Hoysalas (cf.
le temple de Somnathpur vu deux jours plus tôt).
BELUR
BELUR était l'ancienne capitale de la dynastie Hoysala au XIe s.
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La
visite permet de découvrir le Temple de Chennakeshava
(cf. CHRONOLOGIE),
merveille de l'art Hoysala (XIIe s.), dédié à un
avatar de Vishnu.
En effet, la dynastie a adopté cette
croyance depuis la conversion du roi Bittideva qui était né jain.
La découverte du site doit se faire dans le sens des aiguilles
d'une montre. Ce temple à plan en étoile est un hymne de pierre
à la musique et à la danse!
Il faut observer les consoles
du toit présentant de gracieuses jeunes filles. Voir aussi les dvarapala,
gardiens, les makara, monstres chimères aquatiques, et les piliers
tournés du mandapa (salle hypostyle).
On
admire des statues de danseuses, de femmes à leur toilette, des scènes
de guerre, de chasse, de cour... et des couples amoureux.
Représentation effrayante
de celui qui est pourtant vénéré comme protecteur de la famille, Vishnu Narasimha,
mi-lion, mi-homme, arrachant les entrailles du démon!
BELUR - temple de Chennakeshava.
Un haut gopuram fut élevé au XIVe s. par un souverain de la dynastie
des Vijayanagar comme ils l'ont également fait sur d'autres sites antérieurs.
En revanche, le mur d'enceinte a disparu.
Sur
la route en direction d'Halebid, étape dans un atelier de fabrication de
sucre de canne. Une fois extrait, le jus par pressage doit bouillir pendant 3
heures avec du bicarbonate de soude (ou de sodium). Après enlèvement
de l'écume, on le laisse refroidir avant de le verser dans des moules en
forme de grille à "nids d'abeilles". Une fois solidifié, le jus
prend l'aspect d'une pâte jaunâtre.
Les restes des tiges de canne
à sucre pressées servent de fourrage pour les animaux...
HALEBID est devenue la capitale des Hoysala après Bélur.
HALEBID - temple de Hoysaleshwara.
Nous
en visitons le temple inachevé de Hoysaleswara
(cf. CHRONOLOGIE)
dédié à Shiva et à son épouse
Parvati. Il s'agit d'un double sanctuaire, chacun avec leur lingam et leur taureau Nandi...
C'est le temple le plus orné
de la période des Hoysalas.
Cette fois le sens de visite recommandé
est l'inverse du sens des aiguilles d'une montre.
Admirer, lingams, taureaux Nandi, scènes de jeunes filles, processions
d'éléphants et d'oie, plafonds
finement ouvragés, bataille finale
du Mahabharata voyant la victoire d'Arjuna (l'un des cinq fils de
Pându et de Kuntî)... et toujours les piliers tournés.
De superbes gardiens, dvarapalas, encadrent la porte sud, la plus richement
décorée. Frise érotique...
Dans ce temple shivaiste,
une sculpture effrayante de Vishnu Narasimha, mi-lion, mi-homme étripant le démon...
Deux temples jains sont édifiés non loin de là. Il faut
se rappeler que les Hoysalas ont eu des ancêtres jains... c'est aussi pourquoi
ils ont souvent fait cohabiter Vishnu et Shiva.
Après le déjeuner,
pris à Hassan, il faut songer au retour et gagner BANGALORE, à 200 km
plus à l'est.
Paysage rural avec ses élevages industriels de volailles,
transports problématiques, vieux tracteurs, replantation de riz dans des
zones humides, temples villageois.
Arrêt dans un village pour un dernier
thé indien. C'est l'occasion de constater que la marque de tuiles mécaniques
(industrielles) sont de marque Albuquerque, un nom bien portugais (comme
celui du conquérant de Goa).
Sur le bord des routes, les banians sont
souvent amputés tandis que les bidonvilles apparaissent. C'est encore un
spectacle très rural que celui où l'on voit une vache transportée dans la nacelle
d'un scooter trois roues Bajaj!
A l'entrée même de la
grande technopole qu'est Bangalore s'étale un vaste campement de nomades
avec leurs dromadaires...
BANGALORE, ville de
près de 6 000 000 habitants (2 millions en 1990), est
la capitale excentrée (sud-est) de l'Etat du Karnataka. Sa situation
à 1700 m. d'altitude lui procure un climat assez tempéré
ce qui en a fait un lieu de résidence recherché (par exemple pour
les princes de Mysore, les retraités et les industries et nouvelles technologies).
Outre sa croissance démographique fulgurante, c'est une grande métropole
économique des ''high-tech'', la ville "silicon"
très connue pour ses entreprises informatiques (et ses "Tata's
boys") et ses centres d'appel téléphonique. Mais on ne
sait pas assez que parmi les options choisies pour le développement de
cette ville, on trouve aussi la recherche appliquée en matière d'aéronautique
et de spatial (L'Inde appartient au club fermé des Etats spatiaux).
Il
faut savoir que la grande entreprise indienne d'informatique INFOSYS, ancrée
à Bangalore, employait 30 personnes il y a moins de deux décennies
et qu'elle en compte aujourd'hui plus de 67 000 dont une majorité
d'ingénieurs...
C'est aussi l'Inde qui envisage de produire des ordinateurs
à un prix dérisoire en se basant sur les travaux d'étudiants géniaux!
De grandes entreprises occidentales
(Unisys ex-Burroughs ou Cap Gemini par exemple) y
ont délocalisé des secteurs entiers de leur activité de R&D,
y compris des activités en sous-traitance sur un projet aussi prestigieux
que l'est (l'était?) l'Airbus A 380.
Ah!
Cette Inde, bureau d'études du monde...
Dernier dîner sur
le sol indien puis bousculade monstre pour accéder à l'aérogare.
On est stupéfait de voir le sous-équipement aéroportuaire
de cette ville hightech qui brasse tant d'affaires et de gens de part le monde.
Paradoxe d'autant plus grand que beaucoup d'activités dans cette ville sont liée
à l'aéronautique ...mais il faut savoir que les problèmes d'engorgement
sont accentués par la coutume indienne consistant à accompagner
en famille celui qui part en voyage... (d'autant plus que beaucoup d'habitants
de ces régions du Deccan s'en vont travailler pour de longues durées dans les
pays du Golfe Persique).
Le projet de grand aéroport à l'étude
n'est donc pas superflu.
En se retournant sur
ces deux semaines passées en Inde du sud, c'est incontestablement la première
partie qui nous a le plus séduits, notre périple au Tamil Nadu.
Vient en second le Karnataka dont on n'a découvert que la partie méridionale.
Le Kerala nous a nettement moins enthousiasmés même si l'on a apprécié
la journées sur les backwaters de la région d'Allepey.
Puis c'est un long voyage du retour en vol de nuit, avec une trop longue
escale à Francfort... où nous avons la surprise de voir décoller
l'Airbus A380, n°2 en vol de test à destination de New-York !
...et en se promettant de revenir en Inde pour en approfondir la connaissance,
tout en découvrant d'autres régions !
Le
lecteur qui m'aura accompagné tout au long de ce voyage initiatique pourra
penser que ce récit a des prétentions encyclopédiques.
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INDE du sud