L'HINDOUISME
Dans
sa pratique populaire, cette religion polythéiste introduite par les Aryens
est pratiquée par 80% de la population et remonte au XVe s.
avant J-C. Les écrits concernant cette période relatent de manière
symbolique des faits historiques. Rédigés en sanskrit, il
s'agit de longs écrits poétiques, les Védas
: le Ramayana (48 000 vers), plus philosophique que religieux, le
Mahabharata (200 000 vers, sorte d'Iliade indienne) influencés
des Upanishad. Ce n'est pas une religion révélée
mais le résultat d'une tradition qui n'a été écrite
qu'entre 800 et 300 avant J-C. Le panthéon hindouiste est très
fourni et principalement constitué de divinités mâles.
Parmi les divinités originelles : - INDRA, roi-dieu guerrier
et agraire, dieu du temps qu'il fait (sa monture sacrée est l'éléphant)
- AGNI, dieu du feu (terme repris par le latin ignis et que l'on retrouve dans
le mot ignifuger) - SOMA, le fluide naturel (pensez à notre adjectif
psychosomatique tellement galvaudé !) -
Entre le
VIe et le IIe s. avant J-C, est apparue la triade divine (trimûrtî)
plus puissante et plus proche de l'humanité. Ils sont cités par
ordre croissant de dévotion. - BRAHMA, créateur de l'univers
et dieu incestueux. Ce dieu à quatre têtes est la seule divinité à
posséder quatre visages en plus des quatre bras dont sont traditionnellement
pourvus les dieux hindous. Il est souvent assis sur une feuille de lotus qui symbolise
la connaissance. Sa monture sacrée (vahana) est le cygne (ou l'oie
sauvage?) et ses attributs sont: l'aiguière, le sceptre, le chapelet et
le livre des Veda. Il est peu vénéré. - VISHNU, conservateur dieu de
la compassion et de l'équilibre du monde. Monté sur l'aigle Garuda,
il déploie ses attributs qui sont la conque, la massue, le trident, la
fleur de lotus et la roue du destin (dharma). Il est parfois représenté
couché dans les plis du serpent avec Brahmâ naissant de son nombril.
Il doit s'incarner en dix avatars pour contrer les déséquilibres
du cosmos. Ses deux plus célèbres incarnations humaines sont :
o
KRISHNA, dieu enfant très populaire dont la ''bible'' est le Mahabharata
(avec le long poème de la Bhagavad) datant du début de l'ère
chrétienne. o RAMA, héros aux amours légendaires évoquées
dans le Ramayana (même époque que le texte précédent).
- SHIVA, fils de Brahma, dieu destructeur (paricide, il décapita son père incestueux
d'où l'existence de sectes où l'on porte un crane) et régénérateur.
Selon la tradition, il fut castré et certains de ses adorateurs vouent un culte
à son phallus désincarné, le lingam, ce que contestent nombre d'Hindous (pourtant les représentations
très réaliste de lingams notamment au Vietnam valident la première interprétation).
Shiva est donc le destructeur du mal. En fait il s'impose comme le dieu principal
(souvent figuré au centre de la trilogie) et est d'ailleurs le plus vénéré.
Il se distingue par son troisième il et par son chignon (jata)
auquel s'accroche un croissant de lune. Il porte un collier de serpent et tient
un tambour de la main droite et la flamme de la connaissance de la main gauche.
Il est souvent représenté dansant au milieu des flammes (Shiva
Nataraja) la danse cosmique (tandava), terrassant le nain de l'ignorance.
Sa monture, le taureau Nandi, comme lui doté d'un troième oeil l'attend
placidement couché devant le sanctuaire. Shiva peut avoir des représentations
composites. Avec Vishnu, il forme Harihara, Avec sa moitié féminine
et épouse Parvati, il est l'androgyne Ardhanishwara..
Il ne faut surtout pas oublier les divinités féminines qui représentent
à la fois la partie féminine des dieux et leurs épouses.
C'est par leur énergie féminine qu'ils agissent. Plus paisibles
sont les épouses des dieux mâles. - SARASVATI, déesse de la Musique
et de la Littérature, est la femme de Brahma. Sa monture est le canard. -
LAKSMI, la Douce, l'épouse de Vishnou est la déesse de la prospérité
et de la Fertilité. Elle monte un paon. - PARVATI, fille de l’Himalaya,
est la femme de Shiva. Lequel a aussi épousé le fleuve GANGE, considéré comme
une divinité Parmi ses avatars, il faut citer DURGA, divinité de la Guerre
aux dix bras. Autre avatar, KALI, la Noire, déesse malfaisante associée à
tous les interdits. Elle a épousé Shiva et a été l'amante de Rama. Depuis le Moyen
Age, Kali est à l'origine des pratiques tantriques (vénération des forces naturelles,
du corps et de la sexualité avec l'objectif de concilier jouissance et délivrance,
afin d'échapper à la ronde des renaissances). Elle est souvent représentée
assis avec une jambe repliée, elle porte un collier de crânes et
tire la langue.. parfois, elle danse sur des corps inanimés!
Cela
renvoie à des cultes de DEVI, la Déesse-Mère qui pousse les dieux masculins à
créer et à détruire.
Par ailleurs, il existe des divinités féminines célibataires
aux pouvoirs maléfiques. Rarement représentés aussi dépourvu
que le commun des mortels avec une seule paire de bras (surtout dans les représentations
anciennes), les dieux en possèdent souvent deux mais ce nombre peut aller
jusqu'à huit paires ! Ces couples
divins eurent évidemment des enfants tels que le très populaire
GANESH, le dieu à tête d'éléphant, fils de SHIVA et
de PARVATI. Citons aussi HANUMAN, le dieu singe et GARUDA, le dieu oiseau, qui
selon la légende aidèrent Rama à ramener dans le nord de
l'Inde son épouse Sita que le dieu Ravana séquestrait au Sri Lanka.
Ajoutons y divers avatars empruntant au monde du réel. Ainsi Vishnu
peut être représenté par le poisson, la tortue, le sanglier, un nain (Vamana),
un homme-lion (Narashima)... Déjà marqué par
les divers clivages sociaux et identitaires (âge, sexe, caste, région,
langue, situation matrimoniale et familiale), chaque hindou a une totale liberté
de choix de pratiques et de dévotions dans ce panthéon protéiforme
(Bouddha en tant qu'avatar de Vishnu y trouve même place parfois!).
Beaucoup de divintés ont des appellations locales (c'est le cas notamment
en Inde du sud) et dans les villages, des divinités locales ne sont rien
d'autres que des transpositions d'anciens cultes animistes. Bref, il y aurait
108 dieux (somme des chiffres=9!) mais il faudrait en multi^lier le nombre par
dix pour tenir compte des variations locales dans leur dénomination...
On dit aussi qu’il y aurait 300 millions de cultes hindouistes différents, issus
de toutes ces combinaisons ! Dans une conception plus hautement spirituelle,
certains spiritualistes Hindous ramènent pourtant leur croyance vers l'unicité
divine... Ajoutons que les prêtres, les brahmanes, sont
aussi des astrologues (jyotishi). très consultés.
Les
Hindous se lèvent tôt. Vers 5 heures, certains se livrent déjà à leurs dévotions
au temple lors du "lever" de la divinité qui y est vénérée.
Les
diverses pratiques de l'hindouisme comportent quelques notions essentielles guidant
la vie des êtres humains : - l'ordre du monde, le dharma,
- le cycle des réincarnations, le samsara, - le devoir individuel
(agir justement), le karma, - et l'espoir d'atteindre l'état
de béatitude absolue, le nirvana, obtenu par l'extinction des trois
passions (désir, haine et erreur) délivrant l'être humain
du cycle des naissances, le moksha. Les hindouistes,
tout comme les bouddhistes à leur suite, croient en la réincarnation.
Celle-ci dépend de l'accumulation de bons et de mauvais karma dans ses
différentes vies. Le but ultime est d'échapper au cycle des réincarnations
grâce à l'ascèse (dépassement de soi et des vanités
terrestres par l'austérité et les privations volontaires) qui permet
d'atteindre le Nirvana (la paix éternelle) ou état de béatitude
absolue obtenu par l'extinction des trois passions (désir, haine et erreur).
Les vaches sacrées méritent quelques propos liminaires. Depuis
les temps védiques, la vache est l'animal auquel on accorde le plus d'importance.
Les brahmanes offrent son beurre fondu aux divinités et tous les produits
de cet animal providentiel étaient utilisés : lait, lait caillé,
beurre, bouse (chauffage) et même urine (en médecine) ! S'occuper
de vaches était un acte de dévotion et l'animal a fini par être
considéré comme une personnification des dieux. Tôt le matin,
à l'ouverture des portes des temples, on vient présenter une vache
au dieu qui y est vénéré.
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Les sadhu ou sanyasin sont des ''renonçants''
(souvent shivaïtes) qui ont trouvé la sagesse dans l'ascèse, libres,
errant sur les routes et faisant de temps à autre étape dans des
ashrams (ermitages et lieux de retraite) lors de la mousson. Ainsi vivent
ils dans l'attente de leur délivrance du monde. Ils expriment leur détachement
de ce monde par la cendre dont ils se couvent le corps, ce corps qui se consume
à petit feu et qui exceptionnellement ne sera porté au bûcher
mais enterré à leur mort. Guru
: maître à penser dans l'hindouisme aidant à franchir les
différents degrés vers la sagesse. Le vrai guru est un maître dont
le but n'est pas de modeler des copies conformes et encore moins des disciples
serviles mais de faire en sorte que l'élève devienne indépendant et que sa "science"
dépasse même celle du maître. Il y a aussi de faux gourous prêts à
escroquer de naïfs Occidentaux... Le yoga est l'un des moyens d'arriver
à une totale maîtrise du corps permettant un détachement des
biens matériels et des passions. Les yogis ont leur correspondance dans
les fakirs musulmans qui sont plutôt des magiciens. Sutra
: texte qui sert de précepte et qui peut se trouver sous forme d'aphorismes
dans les doctrines religieuses ou philosophiques de l'Inde. Mantra
(''instrument de pensée'' en sanskrit): expression sacrée (à
usage spirituel ou magique) du brahmanisme et repris par le bouddhisme. Les fidèles
s'y adonnant croient au pouvoir des paroles rituelles. Mandala
(''cercle'' en sanskrit): figure géométrique souvent limitée
par des cercles concentriques (surtout au Tibet) dessinée sur le sol ou
peinte sur toile symbolisant l'univers et servant de support à la méditation
dans le tantrisme hindou et bouddhiste (ce dernier doit beaucoup à un gourou
hindou de Lahore qui fit des emrpunts à trois religions). Il en existe
aussi sous forme de sculptures ou d'objets plus ou moins sophistiqués ou
imposants, de la petite pyramide en pâte de riz au grand sanctuaire, en
passant par des objets de bronze doré. | On
n'est hindouiste que parce que l'on est né dans une caste hindoue.
On ne peut pas se convertir à cette religion. C'est en quelque sorte un
droit du sang. |