| |||
|
Les
Omeyyades, dynastie sunnite originaire de Damas qu'elle dut fuir (révolte
menée par les chiites Abbassides) en passant par le Maghreb avant d'aboutir
en Espagne où ils fondèrent un émirat à Cordoue en
756, émirat qui se rattachait au califat chiite de Bagdad. Ces petits états, Los Reinos de Taifas, sont vulnérables face aux efforts chrétiens de reconquête. Losque Tolède tombe en 1085, les petits royaumes maures demandent l'aide des Berbères Almoravides d'Afrique du nord en 1086 qui parvinrent à stopper l'avancée d'Alphonse VI et à réunifier l'Espagne musulmane pour un temps. Leur fanatisme religieux suscita des révoltes qui affaiblirent leur pouvoir et ramenèrent des divisions. A
nouveau, un siècle plus tard, le pouvoir musulman dû faire appel
à l'aide extérieure, celle des Berbères Almohades. Les
réfugiés et notamment les Musulmans se replient dans le dernier
royaume musulman, celui des Nasrides de Grenade qui vit alors une véritable
renaissance économique et culturelle. Le royaume survivra deux siècles
sous l'égide des Nasrides (dynastie issue de Muhammad ibn Yusuf ibn Nasr)
qui durent reconnaître la suzeraineté de la Castille et payer un
tribut. Les dissensions internes au royaume sont mises à profit par les
Catholiques qui relancent la conquête à partir de 1407. Málaga
tombe en 1487 puis Almería en 1489 et c'est pour finir la prise de Grenade
par Isabelle de Castille en 1492. |
GRENADE
(250 000 habitants, 400 000 en considérant l'agglomération).
La vieille ville fondée par les Maures en 756 s'étend sur trois collines,
à 690 m. d'altitude, au pied de la Sierra Nevada. Sa richesse est
due aux travaux d'irrigation réalisés par les Maures et qui ont donné sa fertilité
à la plaine de la Vega.
On dit que tout y est calme et beauté... mais que
les habitants ont mauvais caractère, , celui du lait caillé! (ce
qui se confirmera par la suite avec un commerçant dans le quartier de la
cathédrale...).
D'abord capitale d'un petit état indépendant (Zirides),
les arabes chassés de Cordoue viendront s'y réfugier au XIIIe siècle.
Dernière
ville reconquise, elle resta la capitale du dernier royaume mauresque jusqu'à
la fin du XVe siècle (1492, année faste pour les souverains castillans puisque
c'est aussi celle de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, pour le
compte de l'Espagne).
Grenade a vu naître l'épouse de Napoléon III,
l'impératrice Eugénie de Montijo et également l'un des plus grands noms de la
littérature espagnole, Federico Garcia Lorca (1898-1936), fusillé par les
Franquistes dès le début de la Guerre Civile.
- Une partie de la matinée est destinée
à effectuer la visite du quartier de l'Albaicín en descendant
tranquillement les ruelles pentues en direction du centre ville établi
sur les rives du Darro.
Notre guide, Eric, en connaît tous les secrets puisqu'il
habite Grenade et a même failli habiter ce quartier.
Notre
parcours nous fait partir de l'ancienne ville, un peu au-dessus de l'Alcazaba
(forteresse) dont nous voyons des vestiges de fortifications derrières
lesquelles on aperçoit le Couvent Ste Isabelle et, en second plan
un vue imprenable sur l'Alhambra et enfin, dans le lontain, les neiges de la Sierra
Nevada.
| ||||
L'Albaicín
est le lieu où fut construite la première forteresse arabe et c'est
là que se réfugièrent les Maures lors de la conquête
de la ville par les chrétiens au XVe s.
Ils y furent tolérés jusqu'à leur révolte en 1568.
Certains descendants de ces familles qui s'exilèrent au Maroc conservent
encore la clef de la demeure que possédaient leurs ancêtres dans
ce quartier!
C'est un quartier de maisons blanches bâties le long
des rues pentues et de villas avec jardin aux voisinage des places.
Ce quartier
classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO
depuis 1984, qui était populaire à l'origine, s'embourgeoise ou
plus exactement devient le quartier des "bobos".
Belles propriétés
de la Plaza Larga ("Grande place"). En
passant par la place San Salvador
(avec l'église du même nom), descente
vers la place St Nicolas
(avec l'église du même nom) d'où
l'on a un extraordinaire panorama sur la ville basse et sur la colline de l'Alhambra,
avec sur la droite les fortifications de l'Alcazaba et sur la gauche, se découpant
sur le fond de la Sierra Nevada, les palais maures et le palais de Charles Quint..
En continuant de descendre doucement, nous pouvons admirer le portail gothique
du Couvent Ste Isabelle avant d'arriver sur la place St Michel
d'en bas (avec l'église du même nom). C'est un "mirador"
idéal sur l'Alhambra tandis que nous dominons encore la cathédrale
mais nous allons vite rejoindre le centre-ville
| ||||
- Arrivant dans le centre, nous longeons la Capilla Real (Chapelle Royale) de style gothique finissant (début XVIe s.) .
C'est là que les rois très catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon reposent après avoir parachevé l'oeuvre de reconquête et d'unification de l'Espagne.
Jouxtant la cathédrale, l'édifice du Sagrario ("Tabernacle") est de style rococo.
De la cathédrale (XVI-XVIIIe siècles) construite à partir de 1528, nous ne verrons que la façade (XVIIes.) ainsi que le cardinal archevêque venu saluer ses ouailles bourgeoises fort endimanchées: messieurs imposants en costumes sombres voire en en redingote et dames coiffées de mantilles noires! Comme la Chapelle Royale, elle mêle styles gothique et renaissance.
Nous allons déambuler quelque temps sur la place de las Pasiégas (devant la cathédrale) puis, près de là, sur la vaste place de Bibarrambla.
Puis nous allons pousser une petite reconnaissance dans les étroits passage de l'Alcaiceria, l'ancien souk qui a perdu tout son caractère du fait de sa reconstruction au XIXe s. et de son envahissement par des commerces de pacotilles (cuir, laiton...).
-
Visite guidée de l'ALHAMBRA ("forteresse rouge", de la couleur
des briques largement utilisées pour sa construction), l'un des plus prodigieux
édifices arabes.
Le
site est inscrit au Patrimoine
mondial de l'UNESCO depuis 1984 .
Cette cité fortifiée édifiée sur une colline est entourée de remparts ouvrant
sur les quatre points cardinaux.
On
y trouve
l'Alcazar (autrement dit le château) au centre et, sur l'avancée ouest,
les vestiges de la Alcazaba (la citadelle, on retrouve ici le mot arabe casbah).
Il furent construits du IXe au XIIIe siècle.
A Cordoue, c'est l'architecture religieuse de la grande mosquée
que les rois catholiques préservèrent, ici c'est ce grandiose palais...
Témoignage de l'art des Almohades (dynastie d'origine berbère régnant
au cours de la période XII-XVe siècles) l'Alhambra est un oeuvre au raffinement
sans égal.
|
L'Alhambra
de GRENADE - Galeries du patio del Muxuar |
Seul édifice important de la dynastie des Nasrides conservé en Espagne,
l'ancienne citadelle fortifiée des rois maures du sultanat de Grenade domine la
ville, au pied de la Sierra Nevada. L'Alhambra est un des plus beaux témoignages
de l'art hispano-mauresque.
Le palais de l'Alhambra se trouve
à l'intérieur d'une vaste enceinte édifiée sur une colline. Elle
renferme, outre la Alcazaba, le palais ou plutôt, devrait-on dire, LES palais:
celui de Yusuf Ier et celui de Muhammad V.
Les
pièces sont coiffées de coupoles étoilées et sont richement décorées (salles des
Deux Soeurs, des Abencérages, des Ambassadeurs). Les patios (des Lions, des Myrtes...)
sont décorés de stucs et d'azulejos.
Des fenêtres, le regard embrasse de
splendides jardins, évocateurs du Paradis du Coran...
Nous pénétrons dans l'enceinte
par la Porte de la Justice située au sud.
| ||||
Dans
le Palais de Yusuf Ier,
la visite commence par le Patio del Muxuar pavé de marbre et aux
étranges chapiteaux.
Muhammad V
fit construire, au nord, le cuarto Dorado ("la Chambre Dorée")
et, au sud, le cuarto de Comarés.
La façade d'azulejos
et de stuc sculpté en fine dentelle est percées
d'élégantes fenêtres. Les fines boiseries les garnissant (formant
moucharabieh) abritaient du regard des épouses (jusqu'à quatre
selon les normes du Coran) et les concubines qui y avaient leurs appartements.
Puis nous passons dans le Patio de las Arrayanes. La Cour des Myrtes
est toute en grâce avec son bassin bordé de haies de myrtes, sa galerie
sud portée par de fragiles colonnes alors que l'ensemble est surmonté
par l'austère et massive Torre de Comares qui se reflète
dans l'eau du bassin.
Par la galerie, nous pénétrons dans la
sala de la Barca, c'est-à-dire "de la barque" comme le laisserait
penser la forme de son plafond ou "de la chance" (baraka en arabe)?
En
arrière, sous la tour de Commares, le vaste salon des Ambassadeurs
("salon de los Embajadores") n'a rien à voir avec l'aspect extérieur
de la tour qui l'abrite. Sa coupole en cèdre est une marquetterie de 8000
pièces de cèdre évoquant la voûte céleste étoilée
tandis que les murs ornés d'azulejos portent des calligraphies de versets du Coran
en écriture coufique. Puis
nous pénétrons dans le Palais de Muhammad V.
Le Patio de los Leones doit son nom à la fontaine aux 12 lions qui
normalement en ornent le centre. Ce pation est momentanément défiguré
par des travaux, les lions sont absents pour travaux de restauration et remplacés
par d'inesthétiques échafaudages.
patio de las Arrayanes
Cependant la beauté du lieu réside surtout dans les arcades qui
bordent la cour et sont soutenues par 124 élégantes colonnettes
jumelées de marbre blanc. Beauté des arcs en plein cintre surélévés,
arcs brisé à stalactites... Les avancées de toit protègent
une superbe frise
sculptée, en bois de cèdre.
A chaque extrémité du patio s'avancent deux grâcieux pavillons
couverts de tuiles.
Puis nous traversons les salles, salle des Abencerrajes,
salle des Rois et salle de las Dos Hermanas ou "des Deux Soeurs"
(nous
nous sentons écrasés sous la blancheur de la coupole à stalactites,
creusée de plus de 5000 alvéoles, que la photographie est incapable de rendre).
Visite rapide de la cour du lourd Palais classique de Charles Quint
(XVIe s.), en rupture totale de style, plan carré à l'extérieur,
cour centrale circulaire à galerie. Rupture logique quand on sait qu'il
a été financé grâce à un impôt payé
par les morisques (musulmans et parfois juifs convertis au catholicisme)
jusqu'à ce qu'ils se révoltent en 1568 et soient expulsés.
Charles Quint laissa par ailleurs à Grenade une université (1531).
Les bâtiments de ce palais abritent des musées (les fameux lions
en cours de restauration y sont visibles).
| ||||
|
L'Alhambra
de GRENADE - jardins du Generalife patio de la Acequia |
Des jardins del Partal, tour d'horizon en
direction de la ville et des collines qui l'entourent : colline de l'Albaicín,
ancien Carmen de los Martires (musée Manuel de Falla), Palais d'été
du Generalife.
Coup d'oeil en direction des diverses autres constructions
qui sont érigées dans l'enceinte de l'Alhambra.
Le temps
semble se gâter. Nous allons éviter l'orage mais pas le coup de froid
qui l'accompagne à quelque distance.
Une
longue rue montante nous fait passer près de l'église Santa Maria
faite de brique et de pierre, de l'hôtel America (un ancien palais) et du Parador
(hôtel de luxe appartenant à la chaîne gérée
par l'Etat espagnol) ainsi que près de ruines de l'ancienne medina (fouilles).
Puis, en franchissant une enceinte et un pont surmontant un profond fossé,
nous nous rendons dans les Jardins
des Généralités ou Generalife (en arabe: "jardin
des Elevés" ou "jardin de l'Architecte").
Conçus au XIVe siècle, ces
jardins sont des trésors de l'architecture arabo-mauresque et étaient le
cadre de la résidence de campagne des rois de Grenade.
Massifs
de roses, grenadiers en fleurs, allée de cyprès et de lauriers-roses
conduisent au petit palais célèbre pour son Patio de la Acequia
ou Patio de los Surtidores dont l'étroit bassin reçoit l'eau
des jets qui s'entrecroisent.
Quelques 150 kilomètres à parcourir vers le sud-ouest pour revenirs à notre
premier "port d'attache", Torremolinos...
Pour cela, nous avons d'abord
suvi plein ouest l'autoroute jusqu'à Antequera (région de culture
d'asperges vertes) puis nous sommes allés plein sud, en direction de Málaga,
par un parcours sinueux empruntant de petites gorges au milieu de montagnes sèches
où l'on cultive oliviers et amandiers tandis qu'avocatiers et agrumes profitent
de petits vallons plus fertiles.
En revanche, si nous étions partis une centaine de kilomètres plein est de Grenade, au nord du Parc de la Sierra Nevada, nous aurions atteint la région désolée du Désert de Tabernas qui a servi de décors à beaucoup de westerns spaghettis (dont "Le bon, la brute et le truand") de Sergio Leone mais aussi à "Lawrence d'Arabie" ou à "Indian Jones".
ANDALOUSIE