LES HIEROGLYPHES.
L'Egyptien antique est une langue
afro-asiatique dont sont également issues la plupart des langues du Moyen-Orient
(Arabe, Hébreu) et d'Afrique du Nord (jusqu'en Mauritanie). Cette langue
n'a pas eu de continuation hormis le Copte qui n'est plus aujourd'hui qu'une langue
liturgique...
L'écriture sacrée des Anciens Egyptiens
qui remonte à 3200 av. JC est constituée d'inscriptions hiéroglyphiques.
Elle fut précédée de peu par un autre système apparu en Mésopotamie,
l'écriture cunéiforme du sumérien puis de l'assyrien. L'écriture cunéiforme
a comporté jusqu'à 600 signes. De pictographique à l'origine, elle évolua en partie
vers une représentation phonétique des syllabe (le sumérien était une langue monosyllabique).
Elle était utilisée dans les correspondances diplomatiques (notamment avec l'Egypte).
Au fil du temps, la langue mésopotamienne influença les régions s'étendant
de la Perse à l'Asie Mineure, en passant par la Syrie et son écriture devint de
type alphabétique vers 1300 avant J-C.
Les hiéroglyphes
ont plusieurs significations. Avec valeur d'idéogrammes, ils renvoient
à l'objet spécifique dessiné. Par exemple, un dessin du soleil
(un cercle avec un centre) peut signifier aussi lumière, temps... celui
du vent (une voile) peut signifier également air, respiration...celui de
l'oeil, voir ou pleurer... Avec
valeur de phonogrammes,
ces signes représentant des sons sans relation avec le mot qu'ils permettaient
d'épeler. L'écriture de noms propres, d'idées abstraites
et d'éléments grammaticaux était possible parce que l'image
d'un objet pouvait représenter non seulement cet objet mais aussi un mot
de sonorité identique et de sens différent. Les phonogrammes pouvaient
représenter une consonne (la colline par "K", le lion pour "L"
...) ou la combinaison de deux ou trois consonnes dans un ordre spécifique.
Les voyelles n'étaient pas écrites. Un signe pouvait servir d'idéogramme
dans un mot et de phonogramme dans un autre. La plupart des mots étaient
écrits avec une combinaison de signes phonétiques et idéographiques.
Une image représentant le plan d'une maison suivi d'un complément
phonétique et d'une image représentant deux jambes en position de
marche (aller), était utilisé pour écrire le verbe signifiant
sortir. Certains
idéogrammes sont appelés déterminatifs; placés
à la fin d'un mot, ils indiquent la catégorie à laquelle
le mot appartient et donnent ainsi le sens voulu par le scripteur (sens que le
contexte n'éclairait pas toujours). Dans ce cas, ils n'ont aucune valeur
phonétique. Par exemple, le signe de la femme permet de déterminer
le genre féminin d'un nom. Les
inscriptions hiéroglyphiques pouvaient être écrites verticalement
(par exemple sur le parois des tombeaux de la Vallée des Rois) ou horizontalement
(voir linteaux de la salle hypostyle de Karnak), habituellement de droite à
gauche. Le sens de la lecture d'une inscription est indiqué par les signes
représentant des êtres animés : ceux-ci sont en principe tournés
vers le début de l'inscription. Les inscriptions se composent de noms,
de verbes, de prépositions et d'autres parties du discours organisées
selon des règles strictes régissant l'ordre des mots. Les signes
correspondant à des mots distincts étaient disposés en groupe.
Les noms des souverains sont inscrits à l'intérieur de cartouches,
rectangles délimités aux extrémités arrondies.
Pour une raison
de rapidité, l'écriture sur papyrus amena une représentation plus schématique
des signes que ceux qui étaient gravés sur les monuments, c'est l'écriture "hiératique".
La simplification de l'écriture se poursuivit à l'approche de l'ère chrétienne
avec l'emploi de nouveaux signes formant des sortes d'abréviations ou de sténographie,
c'est l'écriture "démotique".
Malgré sa complexité tant de structure
que d'exécution graphique, l'écriture hiéroglyphique n'a pas eu qu'une fonction
utilitaire aux mains les prêtres et des scribes retraçant les dynasties et généalogies
pharaoniques, inventoriant le patrimoine, traitant de la momification ou de rites
(Livre des Morts...)... Au travers de cette écriture s'exprimait aussi toute
une véritable littérature poétique, empreinte d'un grand lyrisme."Mon aimée,
ma seule et la plus belle parmi toutes les femmes, tu es ma bonne étoile qui vient
briller au seuil de la nouvelle année, si parfaite et lumineuse, resplendissante
de mille éclats..."
S'il y a eu une relative continuité de la langue
"sacrée", celle des hiéroglyphes, maîtrisée par les lettrés, celle-ci a pris au
fil du temps (3000 ans, ce qui est énorme), le caractère d'une langue morte en
raison de l'écart de plus en plus accentué avec la langue populaire et les nouvelles
formes d'écriture...
En revanche, il y a eu une forme de
transmission de l'écriture. Des populations sémitiques du Moyen-Orient présentes
dans le Sinaï vers -1400 s'inspirèrent des hiéroglyphes pour bâtir une écriture
alphabétique en ne retenant que quelques signes qu'ils simplifièrent et stylisèrent.
Ainsi pour symboliser le "A", ils firent référence au mot Alef qui
dans leur langue signifie "tête de taureau" et empruntèrent le hiéroglyphe correspondant.
D'ailleurs ne retrouve-t-on pas une trace symbolique dans la graphie du "alpha"
minuscule α (tête couchée à droite) et de l'alpha majuscule, autrement dit
de notre "A" (tête de taureau renversée)? De ce nouvel alphabet ont découlé
les écritures phénicienne, puis grecque
et enfin romaine.
Le
déchiffrage des hiéroglyphes a été facilité
grâce à la découverte de leur transcription parallèle,
en grec, en copte ancien (démotique) et en écriture hiératique sur la pierre de
Rosette et d'autres monuments tardifs, notamment par Jean-François Champollion,
à partir de 1821. Ceci a également permis d'en connaître la
prononciation (de même que c'est grâce à la transcription en grec
et en latin que l'on connaît les rare textes gaulois et leur prononciation).
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