Temples d'Abou Simbel.


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Le barrage d'Assouan.

Le lac Nasser, baptisé ainsi en l'honneur du président égyptien Gamal Abdel Nasser, est l'un des plus grands réservoirs d'eau du monde, avec une double finalité: l'irrigation et la production hydro-électrique.

Pour le réaliser, la construction d'un barrage gigantesque commença en 1960. Ce projet fut subventionné pour un tiers par l'URSS qui fournit aussi quelques 400 techniciens.

La construction du barrage lui-même s'acheva en 1968. La dernière des 12 turbines construites par les Soviétiques fut installée en 1970 (production électrique d'un million de MWh). Ce barrage a une digue de 111 m de haut et environ 3,6 km de longueur et 1 km de largeur à sa base. Le lac artificiel couvre une surface d'environ 480 km de long et une largeur moyenne de 16 km. Sa profondeur peut atteindre 100 m.

En engloutissant
de nombreux villages lors de sa création, ce lac artificiel a conduit en pratique à la disparition du territoire nubien humanisé, c'est-à-dire les rives fertiles (inondables) du Nil, en faisant remonter l'eau au niveau de falaises rocheuses incultes. Les Nubiens ont été déplacés loin de leurs villages, perdant leurs ressources et leur organisation sociale. Plus d'une génération a été sacrifiée et ce n'est que plus de 30 ans après la création du barrage, que des travaux d'irrigation (projet allemand) vont permettre une certaine renaissance de la société nubienne dans les sables du désert...
De même, du fait de la remontée des eaux du Nil, c'était aussi 24 temples nubiens qui étaient menacés de submersion. La générosité internationale permit à l'Unesco de sauver 14 de ces sites en les déplaçant
.
C'EST LE CAS DU SITE D'ABOU SIMBEL.


En fait ce projet entraîne peut être plus d'inconvénients qu'il ne produit d'avantages: 15% de l'eau s'évapore à sa surface, baisse des nappes phréatiques en aval, il se remplit d'alluvions (150 millions de tonnes par an) qui ne fertilisent plus le bas Nil (le Delta notamment qui s'amaigrit et recule de 30 m par an par endroit) puisque les crues ne se produisent plus, salinisation des eaux du Delta, diffusion des vers parasites de la bilharziose... Le plancton se trouve également privé d'éléments nutritifs et la réduction de l'apport d'eau douce à la Méditerranée contribue à l'accroissement de sa salinité (4% contre 3 à 3,5% pour l'Atlantique nord).

Sous le soleil de plomb des tropiques (nous sommes fin avril) du désert nubien, nous effectuons émerveillés la découverte de ce site splendide...

L'histoire du site d'Abou Simbel est très particulière à plusieurs titres.
C'est d'abord un temple rupestre. Il fut construit (ainsi que 6 autres temples nubiens) vers 1200 av. JC, à la demande de Ramsès II, grand pharaon guerrier face aux Hittites puis aux Assyriens. C'était aussi un moyen d'affirmer son pouvoir sur cette lointaine Nubie, pourvoyeuse depuis toujours de richesses pour l'Egypte (or, esclaves...).
Ce temple construit à la base d'une colline d'environ 100 m de haut comportait une façade haute d'environ 30 m avec des statues monumentales de 20 m, en position assise ! Le temple s'enfonçait dans la roche (un grès) sur une profondeur d'environ 55 m.

Après le déclin de l'ancienne Egypte, il fut oublié (et protégé des injures du temps et des vandales) d'autant plus facilement qu'il fut ensablé sur les rives du Nil. Ce n'est que fortuitement qu'il fut découvert au début du XIXe s.

Puis vint le coup d'état militaire de 1952 qui mit fin à la monarchie du roi Farouk et qui mit Gamal Abdel NASSER à la tête de la "république".
Celui-ci avait des ambitions de développement pour son pays et, dès 1956, un projet de barrage sur le haut Nil vit le jour à Assouan. Les pays occidentaux refusant d'y apporter leur aide, cela conduisit à la nationalisation du canal de Suez et à un conflit dont l'issue lui fut malgré tout favorable, grâce à l'intervention des Etats-Unis et de l'ONU.
Ayant retourné son alliance vers l'Union Soviétique (subventionnant le tiers du projet), il put enfin lancer son projet de barrage au début de années 1960.

Face à la menace d'engloutissement du patrimoine archéologique de 14 temples nubiens, la communauté internationale se mobilisa, sous l'égide de l'UNESCO
et procéda alors à leur démontage et à leur remontage au cours de la période 1964-68.
De nouveaux travaux pharaoniques ! (notamment avec le concours d'entreprises et d'archéologues allemands).
Dans l'urgence, pour parer à l'inéluctable engloutissement, le site fut maintenu au sec grâce à la construction d'une digue provisoire (un batardeau réalisé à l'aide de palplanches) puis, à l'aide de scies actionnées par deux hommes, on procéda au découpage dans la colline de quelques 1000 blocs (plus de 2000 selon d'autres sources) dont certains pesant jusqu'à 30 T.

Le site est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979 .

ABOU SIMBEL - Le Grand Temple

Pour reconstituer les temples rupestres, taillés à même la roche (comme les églises de Pétra en Jordanie ou les statues géantes de Bouddha à Bamiyan en Afghanistan), les archéologues ont fait scier méticuleusement en gros blocs les falaises qui allaient être noyées et les ont fait remonter sur une terrasse supérieure (65 m plus haut), au niveau du lac, sous forme d'une colline artificielle (son intérieur est creux et formé d'une armature-support faite de coques en béton précontraint).
On notera que l'on perçoit les traits de coupe (6 mm).




Le grand temple dédié à Rê semble tout autant destiné à la glorification de Ramsès II soi même comme le montrent les 4 statues colossales (20 m de haut, visages de 4 m de large) qui ornent la façade et ont à leurs pieds de petites statues représentant des membres de la famille du pharaon.
Ramsès II, souverain au règne exceptionnellement long (1279-1213 av. J-C), a "bâti" son image de souverain-modèle notamment grâce au gigantisme des édifices qu'il a laissés à sa gloire, tels les colosses d'Abou Simbel ou la fameuse salles hypostyle du temple de Karnak que l'on découvrira dans quelques jours. Sa puissance a aussi reposé sur une forte armée, celle qui lui permit au début de son règne de battre les Hittites (basés dans l'actuelle Turquie).

On pénètre d'abord dans un couloir bordé de 8 grandes statues osiriaques de Pharaon portant, croisés sur la poitrine, les insignes du pouvoir terrestre, la crosse pastorale et le fléau d'Osiris. Il conduit à une première salle hypostyle à quatre piliers carrés, le pronaos, sorte de vestibule, décorés de fresques très colorées et d'inscriptions hiéroglyphiques. Il ouvre sur des pièces latérales.

Encore plus profondément, à 65 m de l'entrée, se trouvent trois chapelles ; celle du milieu constitue le saint des saints. On accède au naos (ou cella) , le sanctuaire où seuls les prêtres et le pharaon pouvaient pénétrer. Derrière l'autel se tiennent 4 statues de divinités ou de divinisés dont Ramsès évidemment.
Ce qui est extraordinaire, c'est que le temple est orienté de sorte que lors des deux périodes d'équinoxes, les rayons du soleil levant pénètrent jusqu'au fond du sanctuaire (seul Ptah, représentation du chaos originel reste dans l'obscurité!).

ABOU SIMBEL - Façade du temple de Ramsès. ABOU SIMBEL - Façade du temple de Ramsès. ABOU SIMBEL - Couloir du temple de Ramsès.

Détail de la façade du temple de Ramsès.
ABOU SIMBEL
Façade du temple de Ramsès.

Couloir du temple de Ramsès.




Une autre grande originalité de ce site, c'est que Pharaon avait également fait édifier un temple en l'honneur de son épouse. Ce qui est tout à fait exceptionnel. En effet, à proximité du grand temple, se dresse un autre temple rupestre, dédié à la déesse Isis-Hathor et accessoirement à la reine Néfertari dont la statue, aussi grande que celle de Ramsès, orne la façade de ce temple.

ABOU SIMBEL - Temple d'Hathor et Néfertari
ABOU SIMBEL - Le temple de Néfertari dédié à à la déesse Isis-Hathor.


Nous quittons le site écrasé de chaleur vers la fin de la matinée pour traverser sur plus de 250 km cette partie nubienne du Désert de Libye. Paysage aride où se manifestent de temps à autre quelques mirages de lacs et où d'autres zones bénéficient de l'eau apportée par des grands canaux d'irrigation depuis le Lac Nasser.


Pour des raisons de sécurité, en raison de problèmes d'infiltrations islamistes depuis le Soudan voisin, nous formons une colonne de bus escortés par des véhicules militaires et accompagnés dans chaque bus par un militaire en civil mais armé d'une kalachnikov!



Enfin, nous franchissons le pont sur ne Nil, au niveau du barrage d'Assouan...

ASSOUAN - Monument du barrage


Après toute l'aridité et la chaleur de cette contrée, c'est avec grand plaisir que nous envisageons la croisière qui va nous permettre de descendre tranquillement le Nil sur 250 km...



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