RELIGIONS ET DOCTRINES
EN CHINE...


I - Un vieux fond de cultes antiques.

I-1 - L'animisme était une façon de chercher à se concilier les forces naturelles supérieures (ciel) et inférieures (terre) entre lesquelles l'homme doit vivre (la Triade chinoise primitive). Ces forces sont autant de divinités (lacs,pierres... animaux mythiques ou aux pouvoirs surnaturels). On les vénère dans des autels privés ou des temples. C'est en se fondant sur ces croyances anciennes qu'il est parfois encore fait appel aux astrologues et géomanciens...
Depuis les origines, la religion chinoise a adoré un panthéon de dieux à la tête duquel siégeait Shang di (le Seigneur d’en haut) et a rendu un culte aux ancêtres, essentiellement sous la forme d’offrandes rituelles de nourriture et de vin.



I-2 -Le culte des ancêtres s'il n'est pas à proprement parler une religion, c'est une pratique sociale fondamentale depuis des millénaires. Il repose sur la croyance que pendant plusieurs générations (5), les ancêtres influent sur la vie de leurs descendants, leur apportant leur protection dans la mesure où ils sont honorés (tablette funéraire, offrandes par exemple lors de la fête du Nouvel An Lunaire ou "Nouvel An chinois" selon un calendrier traditionnel qui perdure parallèlement au calendrier officiel occidental) et où leur tombe est entretenue. Ces obligations reviennent au descendant mâle le plus âgés de la branche aînée. Ce culte n'a été que renforcé par le confucianisme (respect dû aux ascendants) et le bouddhisme (cérémonies particulières ayant pour but d’assurer le salut des parents défunts).


II - Trois ou quatre grandes religions historiques.

S'ajoutant aux croyances anciennes, le monde sinisé a hérité progressivement à partir du Ier s. av. JC de trois grandes philosophies religieuses qui se mêlent le plus souvent en une pratique syncrétique (surtout dans les milieux populaires): code éthique confucéen dans la vie sociale, pratique de rites bouddhistes et célébration de cultes taoistes... Parfois les lieux de culte mêlent les dévotions de façon plus ou moins syncrétiques (statue de Confucius dans une pagode). A partir des Ming (XIVes.,), on prône l'unité des 3 religons essentielles (confucianisme, taoïsme et boufddhisme)

II-1 - Le confucianisme est né en Chine au VI-Ve s. av. J-C avec Confucius, dont la doctrine est formalisée et approfondie par ses disciples (notamment Mencius) seulement deux xiècles plus tard. Au IIe s. av. J-C, la doctrine est adoptée par la dynastie Han.
Par une éducation normative, il prône le respect de l'autorité et de l'ordre hiérarchique (des parents, des maîtres, des monarques). Mais cette doctrine ne défend pas la dictature ou le pouvoir absolu car elle donne une responsabilité au monarque envers ses sujets (bien-être du peuple). Le "mandat du Ciel" (le Ciel était considéré comme l’autorité impersonnelle gouvernant l’univers) dont se prévalait le souverain n'a de valeur que par l’approbation du peuple. Le confucianisme tend à rechercher l'équilibre et l'harmonie.
La doctrine a par la suite (VIe s.) donné naissance à une véritable administration basée sur les concours mandarinaux.
Il faut rappeler ici que "nos philosophes des Lumières" (Voltaire notamment) se sont inspirés de cette doctrine pour bâtir leur idéal politique du "despote éclairé", prémice des idées révolutionnaires.

II-2 - Le taoismené en Chine au IVe s. av. JC s'attache au nom de Lao Tseu, auquel on prête les maximes que tout le monde connaît... Il fut organisé en tant que système vers les IIIe et IIe s. av. J-C.
Alors que le confucianisme recherchait l’épanouissement de l’être humain par l’éducation morale et l’établissement d’une société ordonnée hiérarchiquement, le taoïsme, plus individualiste, cherchait à préserver la vie humaine en suivant la "Voie de la Nature" (Tao): retour aux communautés agraires primitives et à un gouvernement qui n’empiète pas sur la vie individuelle. Le taoïsme prône l’harmonie parfaite avec la nature permettant d’atteindre l’immortalité. Dans sa pratique populaire, il intégre l'animisme ancien dans un panthéon foisonnant peuplé de génies et de divinités autour de "l'Empereur de Jade".
Le naturalisme, un courant voisin, se développant également au IVe siècle av. J.-C., expliquait les mécanismes de l’univers sur la base de certains principes cosmiques, le tai-ji plus plus connu sous la forme du couple antinomique "yin et yang", qui représente les dualismes en interaction dans la nature: passivité et virilité, froid et chaleur, eau et feu, femelle et mâle, versant de lumière et versant d’ombre, hiver et été. Ainsi, la maladie résulterait d’un déséquilibre énergétique (l’acupuncture est utilisée afin de rétablir l'équilbre des énergies).
Le taoïsme échappa à l'ostracisme des Qin et fut intégré par les Han.
Un taoïsme religieux apparut alors s’appropriant bon nombre des cultes polytéistes et des rituels populaires, et se dota d’une organisation religieuse cléricale inspirée du bouddhisme à partir du IIe siècle apr. J.-C.
D'une certaine façon, on pourrait dire que le taoïsme religieux s'apparente au shintoïsme japonais (le Japon est par ailleurs sous l'influence des deux autres religions ou philosophies évoquées ici).


II-2 - Le légismeest né en Chine au IIIe s. av. J-C mais est purement une doctrine sur l'exercice du pouvoir politique préconisant l'absolutisme et l'exercice du pouvoir autoritaire indépendamment de toute considération morale. Ce pouvoir s'appuie sur la paysannerie, l'armée et des fonctionnaires rigoureusement sélectionnés et ...sanctionnés.
Cette philosophie politique est due à Han Fei et elle devient la seule doctrine admise par la dynastie des Qin qui banissent le confucianisme ou le bouddhisme.


II-4 - Le bouddhisme originaire du nord de l'Inde au VIe s. av. JC s'est diffusé en Chine entre le Ier et le VIe s., diffusion ponctuée de phases conflictuelles avec les cultes autochtones.

Il devient religion d'Etat sous la dynastie Tang à partir du VIIe s.



L'ENCADRÉ VOISIN DÉVELOPPE CE DERNIER POINT.
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L'Islam est apparu en Chine au VIIe siècle. Touchant 2% de la population, il est pratiqué ouvertement par dix minorités nationales (Huis, Ouïgours, Kazakhs, Kirghiz, Tatars, Ouzbeks, Tadjiks, Dongxiangs, Salars, Bao’ans) et compte une vingtaine de millions d’adeptes.
Sa diffusion depuis l'ouest se fit à la faveur des échanges commerciaux liés à la Route de la Soie et aussi par les invasions.
Désormais, à la faveur du développement industriel (exode rural), cette religion n'est pas absente des grandes métropole de la côte.



Quant au christianisme apparu au XVIes. par l'intermédiaire des missionnaires jésuites, il n'a eu qu'un influence marginale (1% de la population) et a été plus fortement réprimé que toutes les autres philosophies et religions par le pouvoir communiste. Cela visait surtout les catholiques en raison de leur hiérarchie rattachée au monde extérieur, le Vatican.
Des assouplissements ont favorisé l'arrivée récente d'églises évangéliques (origine américaine).