SANTIAGOCIENFUEGOSCienaga de Zapata




CIENFUEGOS** (1),
Cienaga de Zapata
(Baie des Cochons)
(2).






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L'embargo américain...

Le boeuf, le poisson, voire le poulet, ont quasiment disparu du panier de la ménagère cubaine. Ils sont réservés aux cuisines des hôtels à touristes. Pour expliquer la pénurie et les difficultés économiques, Fidel Castro continue inlassablement à accuser l'embargo américain qui sert de justification et de prétexte. Mais ce que les Cubains ne savent pas, faute d'information autre que celle des médias d'Etat, c'est que l'embargo ne s'applique plus depuis longtemps aux produits alimentaires, ni aux médicaments.

Politiquement, l'embargo ne sert à rien, il est même contre-productif puisqu'il justifie le discours de Castro. Ce n'est pas l'embargo qui est la cause profonde de la crise, c'est l'inefficacité du système économique. Si les Cubains doivent "inventer" c'est parce que l'économie cubaine est paralysée depuis bientôt un demi-siècle. "La dernière récolte de sucre est du niveau de celles du début du XXe siècle et le pays compte deux fois moins de vaches qu'avant 1959", explique l'économiste dissident Oscar Espinosa Chepe.
Dans les campagnes, les quelques petits paysans autorisés doivent vendre la plus grande part (70%) de leur récolte à l'Etat, au prix fixé par l'Etat.
Dans les villes, les rares entreprises sont unipersonnelles, elles ne permettent pas d'embaucher, elles consistent souvent à louer une chambre aux touristes, à monter un petit restaurant privé de trois tables. Il faut une autorisation de l'Etat, donc un rapport favorable du comité de défense de la révolution (CDR), l'organisation de base qui noyaute chaque bloc de maisons. Et payer à l'Etat jusqu'à la moitié du chiffre d'affaires... ou payer en nature (un travail pour l'Etat).

A l'embargo s'est ajoutée la chute de l'Union Soviétique qui a un un impact réel beaucoup plus important que l'embargo en mettant fin à la perfusion dont bénéficiait Cuba. Cette nouvelle époque est connue sous le nom de Période Spéciale "Periodo Especial". Cuba a perdu 80% de ses marchés d'exportation et ses importations ont chuté de 80%. Le PNB a diminué de plus d'un tiers.

En mars 2009, à notre retour et alors que je rédige ces lignes, les autorités américaines ont assoupli l'embargo: les citoyens américains d'origine cubaine sont autorisés à se rendre à Cuba une fois par an. Puis en avril 2009, le président Barack Obama, tout nouvellement élu (novembre 2008) et installé dans ses fonctions (janvier 2009), annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-Cubains vers l'île.



Marché noir et système D.

Toute initiative est tuée dans l'oeuf, puisque ce qui compte avant toute chose, c'est de ne pas apparaître comme contre-révolutionnaire, ne surtout pas donner l'impression que l'on est plus riche que son voisin.
Chauffeur de taxi est une place que l'on obtient par piston, une place enviée parce qu'elle donne un accès direct au fameux "chavito", l'accès aux pourboires des touristes. Tous les soirs, vingt jours par mois, il doit ramener 70 "dollars" à la compagnie, qui, à la fin du mois, lui reverse 300 pesos, soit... 12 dollars. Sa vraie recette, ce sont les pourboires, jusqu'à 10 "dollars" les meilleurs jours car les beaux discours sur la santé et l'éducation gratuites, ces "merveilleux succès" ressassés tous les soirs à la télé sont illusoires (on ne trouve presque jamais les médicaments).
L'invention principale des Cubains, c'est le marché noir. Tout est détourné des entreprises d'Etat. Jusqu'à des antennes télé paraboliques, réservées aux grands hôtels. Les Cubains les cachent, dans le coin d'une pièce, sous des cartons, pour ne pas être repérés par les CDR.
Si, par exemple, les autorités interdisent aux Cubains d'avoir leur propre téléphone portable, ils se débrouillent pour trouver un étranger qui en achète un en son nom pour le céder par la suite ou le louer.

Aux carrefours des rues défoncées de La Havane apparaissent parfois des panneaux avec la photo de Fidel Castro et ce slogan: "Vamos bien." Il suffit de s'en persuader!

Les Cubains ont dû remplacer leurs machines agricoles par la traction animale et les jardins installés en milieu urbain réduisent les transports. Il paraîtrait qu'aujourd'hui 50% des légumes consommés à La Havane sont produits à l'intérieur de la ville, tandis que les autres villes et villages cubains assureraient de la sorte entre 80 et 100% de leurs besoins.

Les Cubains ont aussi eu à affronter le problème des transports dans le cadre d'une pénurie d'énergie. Ici "la nécessité est la mère de toutes les inventions" (pour nous "Nécessité fait loi"). Avec peu d'argent et peu de pétrole, Cuba réussit à transporter de grandes masses de personnes aux heures de pointe. Faisant appel à l'esprit inventif, pratiquement toutes les formes de véhicules, petits ou grands, ont été employées pour faire fonctionner ce système de transport urbain. Les banlieusards se promènent dans des brouettes artisanales, des bus et autres véhicules motorisées ou à traction animale. Outre ces transports en communs, le covoiturage est la règle.

Après les sempiternels méfaits de l'embargo, ce sont aussi des préoccupations écologiques et de politique de développement durablequi sont invoquées comme justification à ces pratiques



Vers la fin des restrictions américaines ?

Le projet de loi sur le budget adopté par le Sénat américain le 11 mars 2009 permet la levée de certaines restrictions pesant sur Cuba. Il permet ainsi aux Américains d'origine cubaine de se rendre sur l'île une fois par an au lieu d'une fois tous les trois ans actuellement. Il autorise aussi les transferts d'argent de la part de Cubains travaillant aux Etats-Unis vers leurs familles résidant sur l'île communiste. Ils pourront dépenser jusqu'à 179 dollars par jour pendant leur séjour à Cuba, contre 50 dollars actuellement.

Le régime cubain va pouvoir importer de la nourriture et des médicaments sans avoir à payer à l'avance comme c'est le cas actuellement.

Depuis le 13 avril 2009, dans le contexte du 5ème Sommet des Amériques organisé à Trinidad y Tobago, Barack Obama est allé un peu plus loin en décidant que les Cubains vivant aux USA pourront se rendre à Cuba autant de fois qu'ils le veulent et d'y emporter de l'argent sans restrictions. Trois jours plus tard, Raul répond que tout peut se discuter, y compris la question des droits de l'Homme.

Mais ces mesures ne lèvent pas encore l'embargo américain ce qui aurait pourtant une haute valeur symbolique.


CIENFUEGOS**

Après avoir été déposés au bord de la route près du parc El Cubano, nous retrouvons notre bus et c'est le départ vers Cienfuegos par une route secondaire, un petit trajet d'environ 50 km.

Spectacle habituel au long de la route: des tracteurs ou des chevaux tirant des remorques remplies de voyageurs, aux arrêts de bus, les hommes en jaune, les fameux amarillos chargés d'arrêter les transports en communs afin de veiller à ce qu'ils roulent remplis au mieux, cimetières, ruchers, quelques maisons basses et récentes construites après les ouragans qui ont fortement sévi dans cette région.

Nous arrivons déjà à Cienfuegos, "la Perle du Sud" qui domine la magnifique Baie de Jagua. C'est une ville récente au plan parfaitement en damier, on la qualifie de "ville à la française". Son classement au Patrimoine Mondial de l'UNESCO remonte à 2005 .


CIENFUEGOS est une ville de 150 000 habitants, capitale provinciale au centre historique préservé. Son port bien protégé est construit sur un lac relié à la mer par une passe étroite. Christophe Colomb en découvrit le golfe peuplé par les indiens Jagua en 1494 lors de son second voyage aux Amériques.
Les Espagnols construisent une forteresse en 1745 et la ville fut fondée seulement en 1819. L'immigration européenne, française notamment, fut favorisée vers cette ville. C'est pourquoi cet ancien port sucrier aux maisons coloniales porte la marque de colons d'origine bordelaise ou venus de Louisiane comme Nicolas de Clouet son fondateur. L'année suivante elle prit le nom du gouverneur général de l'époque, José Cienfuegos (c'est aussi le patronyme d'un des principaux compagnons de Fidel et du Che). Ce fut la première ville à se soulever contre Batista dès septembre 1957.
Moins valorisants: le chantier de construction de l'unique centrale nucléaire cubaine a été laissé à l'abandon par les soviétiques, une raffinerie (une partie des hydrocarbures raffinés sont réexportés), des chantiers navals, une base de la marine...


Hôtel La Union Après avoir déposé nos bagages et nous être rafraîchis à l'hôtel situé en plein centre (Calle 33), nous gagnons El Boulevard (ou Avenida 54), axe piétonnier qui nous conduit au Parque Marti** (Parque Central), l'ancienne place d'Armes, on l'on peut admirer de nombreux édifices coloniaux des XVIIIe et XIXe s.
Les monuments qui entourent la place sont tous d'importance historique. Monument à José Marti édifié en 1906, Arc de Triomphe de 1902 commémorant l'instauration de la république, Antiguo Ayuntamento, le gouvernement local.

La cathédrale de l'Immaculée Conception (Purisima Concepcion) du milieu du XIXe s. est remarquable par ses clochers asymétriques (vitraux fabriqués en France).

En face, sur l'autre rive de la place, le Palacio Ferrer devenu Maison de la Culture ne passe pas inaperçu avec son belvédère bleu. Son voisin est unique à Cuba, il s'agit d'un Arc de Triomphe (1902) actuellement en restauration.

Le Teatro Tomas Terry occupe le nord de la place. C'est l'un des plus anciens théâtres d'Amérique Latine toujours en activité. Il fut construit en 1889 par un ancien planteur esclavagiste devenu maire de la ville (parti de rien ce personnage devint la troisième fortune de l'île!). C'est un théâtre à l'italienne à la façade austère mais dont la salle est décorée d'une immense fresque. Les céramiques ornant ses frontons sont d'origine vénitienne et représentent les Trois Grâces.
La visite que nous en faisons permet de voir son aménagement intérieur tout en bois dur et très aéré (claustras). On est sous les tropiques, ne l'oublions pas.
Grâce à un plancher monté sur vérins, il a pu servir de salle de spectacle polyvalente accueillant aussi bien combats de boxe ou combats de coqs que du théâtre ou de l'Opéra (la Française Sarah Bernhardt ou l'Italien Enrico Caruso s'y produisaient il y a un siècle). Parfois on y donne encore de grandes pièces ou de grands ballets.

Un grand panneau de propagande réclame le retour des cinq Cubains "injustement" emprisonnés aux USA comme terroristes alors qu'ils étaient en mission d'infiltration. Nous avions déjà vu cette protestation et nous verrons encore un peu partout ce genre d'affiche (y compris dans les classes).

Comme il n'est pas encore très tard, nous sommes quelques uns à entreprendre un petit tour au-delà du centre.

Nos pas se dirigent tout d'abord plein nord (Calle 25), en direction de Cayo Loco (l'Ile Folle ou l'Ile de la Folie,! tout un programme!). La qualité urbaine se détériore rapidement: immeubles dégradés, fortes odeurs d'égouts et nous arrivons au bord d'une rade qui sert aussi de dépôt d'ordures et d'où l'on peut voir le port militaire et la raffinerie sur son autre rive.

Virage à 90° vers l'est (par l'Avenida 62) en direction du quartier San Lazaro. La ville se fait à nouveau plus seyante
quand on a rejoint le Paseo del Prado que nous empruntons en direction du sud. Et nous terminons notre "carré" par l'Avenida 54, axe piétonnier et commerçant emprunté à notre arrivée.

Il n'est pas encore trop tard pour faire un autre tour dans la direction opposée, le quartier au sud du Parque Marti. Quartier populaire mais moins dégradé que le précédent. On peut y voir un écriteau sur une maison proposant un échange d'appartement (puisque la vente est prohibée) selon le système de la "permuta". Cela nous conduit au port quasiment vide de toute activité et aux chantiers navals, en passant à l'ombre d'énormes ficus banians. Un pêcheur improvisé s'éloigne dans la baie sur une barquette de fortune qui semble faite de morceaux de polystyrène.

Ce soir nous dînons dans un palais des Mille et Une Nuits, le Palacio del Valle**.
Il se situe à l'extrême pointe sud de la Punta Gorda et, en plein jour, on aurait une superbe vue sur la baie depuis
sa terrasse où un bar est installé.
Cette construction très originale, kitschissime, qui tient du gâteau à la crème ou de la meringue, mêle motifs gothiques, vénitiens et néomauresques. Le palais a été bâti par Acisclo des Calle Blanco, un riche négociant sucrier, il n'y a pas tout à fait un siècle (1913-17). C'était un casino jusqu'à la chute de Batista avec la révolution de 1959. C'est alors que la famille del Valle quitta Cuba pour l'Espagne, ne laissant qu'une gouvernante qui remit les clefs à Fidel Castro. L'établissement servit alors d'école hôtelière avant d'être repris par le tout proche hôtel Jagua.

Dommage qu'il fasse nuit ce qui empêche d'en apprécier totalement l'architecture mais l'éclairage met paradoxalement en valeur certains détails que la lumière crue du soleil cubain estomperait. Les trois tours qui surmontent sa façade à deux étages symbolisent, de gauche à droite, l'amour, la religion et le pouvoir.
Avant de dîner un petit tour sur la terrasse s'impose. Un vent bien froid s'y fait sentir et les visiteurs n'y restent qu'un bref instant.

Dans le restaurant du palais, on peut manger langouste et fruits de mer mais notre repas sera plus frugal. Régalons nous donc du décor. En fait la réputation de l'endroit n'est pas extraordinaire et on peut le confirmer par cette expérience: cuisine convenable mais le service pourrait être amélioré (il faut dire aussi que la disposition des salles en enfilade ne facilite pas le service).

Une autre petite touche de fantaisie avec la voix de la Joséphine Baker locale et les notes égrenées par le piano de cette Carmensita, une artiste âgée mais qui cultive toujours son élégance. Elle a cessé de compter les années passés ses 80 ans (mais depuis quand a-t-elle renoncé à compter les années?).

Hôtel La Union Retour à l'hôtel La Union **** (groupe hôtelier Cubanacan) où nous avions déposé nos bagages en milieu d'après-midi.


Il est constitué de bâtiments de quatre étages à l'architecture coloniale du XIXe s. disposés autour de grands patios. Fenêtres à vitraux et grilles en fer forgé avec toujours des jalousies en bois permettant de filtrer la lumière.
Luxe et modernité (ascenseur panoramique en verre) d'un petit hôtel
(49 ch.) à l'atmosphère Vieux Monde. Mais situé en centre ville et sans double vitrage, il est forcément un peu bruyant si l'on n'a pas la chance d'occuper une chambre donnant sur un patio. Salle de restaurant avec quelques touches de décoration (meubles d'époque coloniale).

 

Si nous avions eu un plus long séjour dans cette ville ou dans ses environs, on aurait pu voir aussi :
- la Punta Gorda
- le Cimetière municipal La Reina (statue de la Belle Endormie)
- le Castillo de Jagua (près du Palacio del Valle)
- le Jardin botanique Soledad

la vuelta ciclista a Cuba Nous quittons notre agréable hôtel pour gagner La Havane en fin de journée. Pas à vélo! pourtant cet engin va nous occasionner encore quelques soucis.

Notre guide avait prévu de nous faire passer dans le secteur de la Punta Gorda afin que nous ayons un aperçu en pleine lumière de l'Hotel Jagua et du Palacio del Valle. Mais démunie d'informations, elle ignore que précisément la vuelta est également arrivée ici et que pendant la matinée, en première partie de sa 18ème étape, elle fait dix fois un circuit montant et descendant le Paseo del Prado (au total 60 km), l'axe que nous devions emprunter.


Déception, une heure de perdue à chercher une issue. Il faut renoncer et s'échapper en passant tout au nord du Paseo.



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Cienaga de Zapata

Avant de nous diriger vers La Havane, nous faisons un crochet d'environ 120 km en prenant la direction de la Baie des Cochons (le nom provient du fait que des sangliers vivaient dans la forêt lorsque la région fut découverte).

Nous remontons un peu dans l'intérieur de l'île (par Yaguaramas), une région agricole prospère de maraîchage (notamment culture de malanga, un légume ressemblant au topinambour), horticulture, grande culture irriguée mais pourtant travail de la terre à l'araire tirée par des boeufs (justifications écologiques: moindre dégradation du sol qu'avec de lourds tracteurs, économies d'énergie) et aussi riziculture qui occupe une place importante dans cette région du sud (mais également dans les plaines de la région centrale). On voit aussi de vieux tracteurs russes, rouillés ou démontés...




Electricien au travailSpectacle habituel des moyens de transports en commun et des amarillos, de villages rivalisant d'ingéniosité dans le déploiement de la propagande, de temples baptistes mais aussi méthodistes. Spectacle moins ordinaire, d'électricien au travail sous son ombrelle sur une ligne. Elevages de volailles en batteries... "Arbres du touriste" et superbe baobabs...

Puis nous entrons dans une plaine basse, Llanura de Zapata, et des marécages (cienagas). La roche qui affleure, rend le sol imperméable et peu fertile, ce qui n'est pas sans faire penser à certaines parties du Yucatan. Une armée de bûcherons procède à la coupe des arbres maigres afin de les transformer en charbon de bois. Dans cette région sans relief et très exposée aux ouragans, les chaumières traditionnelles cèdent la place à des maisons basses de type préfabriqué.



CIENAGA DE ZAPATA et BAIE DES COCHONS.
Réserve naturelle classée au patrimoine de l'UNESCO
, c'est la plus importante des Caraïbes, formée de marécages, de tourbières, de marais salants… abritant en particulier des oiseaux (et aussi des crocodiles). L'ouest est formé par la Peninsula de Zapata du nom de son premier propriétaire (en 1636). Cette réserve enserre la fameuse Baie des Cochons.
C'est ici que le 17 avril 1961, un groupe de 1300 (ou 1400?) contre-révolutionnaires soutenus par la CIA et le gouvernement américain échoue dans sa tentative de débarquement qui faisait suite à des bombardements aériens des grandes villes les jours précédents à l'aide d'avions grimés aux couleurs de Cuba. Les combats sont finis dès le 19 avril et la plupart des envahisseurs seront fait prisonniers car finalement l'appui aérien sur lequel ils comptaient fit bizarrement défaut.

Evidemment après cela, la guerre froide se refroidit un peu plus.
Il y aura des suites. Toujours sous la menace, Cuba se rapproche un peu plus de l'URSS qui installe des rampes de lancement de fusées (des missiles à moyenne portée sachant que la Floride est à 150 km seulement) le 14 octobre 1962. Les USA ripostent par un blocus maritime de l'île et le monde frôle une troisième guerre mondiale qui cette fois aurait été une apocalypse nucléaire. Finalement les Russes démantèlent leurs installations en novembre 1962.


Nous arrivons en vue de la mer au sud de la Baie des Cochons, à Playa Giron où eut lieu le débarquement avorté des anticastristes mollement soutenus par les Etats-Unis. De nombreux monuments jalonnent le bord de la route, édifiés à la mémoire des soldats cubains morts pendant les affrontements qui eurent lieu du 17 au 19 avril 1961.
Nous longeons la baie sur une vingtaine de kilomètres jusqu'à la Cueva de los Pesces** ("Grotte des Poissons"), un sorte de gouffre (cenote) plutôt que grotte, situé à quelques centaines de mètres du rivage. La faille qui est à son origine a permis à l'eau de mer d'envahir cette piscine naturelle aux eaux sombres car elle est profonde de 70 mètres. Tant que des nageurs ou plutôt des plongeurs ne se mettent à l'eau, il est possible d'observer des poissons multicolores nageant près de la surface de l'eau.
Des sentiers s'enfoncent dans la maigre forêt sèche qui pousse sur un sol de roche blanche (anciens coraux) défoncée par l'érosion chimique.

Nous n'avons pas la chance d'être conviés par Fidel dans son île paradisiaque de Cayo Piedra située à seulement 15 kilomètre de la côte, luxueuse résidence (avec yacht et vedettes à l'avenant) protégée par l'armée (avec des missiles) dont les Cubains ignorent jusqu'à l'existence...

Il est temps de déjeuner dans le restaurant dont la terrasse donne sur cette merveilleuse piscine naturelle.

Nous reprenons la route en direction de La Havane (encore près de 300 km) après un court arrêt à Playa Larga, tout au fond de la baie. Nous passons près d'une ferme de crocodiles près de Guama, puis nous franchissons la porte de la réserve avant de rejoindre l'autopista. On retrouve des zones agricoles (culture de papaye que l'on appelle ici fruta bomba car le mot papaye sert à désigner le sexe féminin dans l'argot cubain!), villages avec la maison à étage(s) du médecin de famille, poste de police et, chose plus extraordinaire, camion transportant des voitures récentes mais, vérification faite, ce sont des voitures de location qui sont ainsi rapatriées...

 

Nous arrivons enfin dans les faubourgs de La Havane...



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