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YUNNAN
YUNNAN
"Au sud des nuages"
25 mars au 8 avril 2015
cartes du voyage
début du récit...
aperçu historique
aperçu géographique
documentation et crédits
bon à savoir...
premières images...
votre avis...
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AUTRES VOYAGES...
Grandes étapes de notre circuit au YUNNAN :
KUNMING, "la ville de l'Eternel Printemps"
Quelques données sociales
Yunnan du sud, Forêt de Pierre, minorités, rizières en terrasses de Yuanyang,
Jianshui
Une mosaïque ethnique
Yunnan du nord, DALI et ses environs, LIJIANG et ses environs, Yangtsé et
ZHONGDIAN
A propos du Bouddhisme
Sites, paysages, villes ou monuments classés au Patrimoine Mondial de l'humanité
de l'UNESCO repérés par le logo .
Passez la souris sur la carte pour naviguer
APERÇU HISTORIQUE
Le Royaume de DIAN
(IVe-IIe s. avant J-C)
Au carrefour des routes commerciales entre la Chine, la Birmanie et l’Inde, le
Yunnan antique était occupé par le royaume de Dian, siégeant non loin du lac du
même nom. Le royaume de Dian (diān guó) est un État qui s'est constitué dans
l'actuelle partie nord de l'actuelle province du Yunnan, entre le quatrième
siècle et l'an 109 avant notre ère. Ce royaume situé autour du lac Dian
s'étendait également autour du lac Erhai (près de Dali) et de la région
du Fleuve Rouge (Yuan Jiang). Le général Zhuang Qiao de l'État de Chu (Etat de
Chine orientale fondé au VIIIe siècle av. J.-C.) serait le fondateur du royaume
de Dian. Zhuang aurait engagé la guerre pour conquérir cette région "barbare"
mais prévenu de ne pas revenir au Chu avec son armée, il y serait alors resté,
ainsi que ses soldats, et serait ainsi devenu le roi de ce nouveau royaume. Ce
royaume a existé durant une période correspondant, en Chine du Nord, à la fin de
la Période des Printemps et Automnes jusqu'à la dynastie Han de l'Ouest.
Principalement agricole, cette société bénéficiait d’une abondance de ressources
minières, habilement exploitées par ses habitants.
Nan-Chao, Royaume des Zhao du sud
(VIIIe-Xe s.)
Par la suite, plusieurs tribus Bai établies sur les terres environnant le lac
Erhai, non loin de la ville de Dali, avaient constitué des royaumes désignés en
chinois par le terme Zhao. En lutte avec les armées Han, ils s’unirent dans une
résistance. En 737, avec le soutien de la dynastie chinoise des Tang, Piluoge
unifia les six Zhao et établit le royaume Bai de Nan-Chao ou nánzhào ("des Zhao
du Sud") avec pour capitale Taihe (village au sud de Dali). Le royaume qui
durera deux siècles, sera tiraillé entre ses puissants voisins, les Chinois de
la dynastie Tang et les Tibétains mais sera puissant à son apogée.
Au IXe siècle, les Pyu installés en Birmanie (venus probablement du nord, aux
confins du Tibet, vers le IIIe millénaire av. J-C), après avoir refoulé les Môn
encore plus au sud, sont à leur tour écrasés par le royaume de Nan-Chao et
l'État Pyu devient vassal de Nan-Chao. Cet affaiblissement de Pyu va favoriser
l'immigration dans cette région des Bamar (un peuple d'origine tibétaine qui
avait commencé sa migration depuis deux millénaires) depuis le sud de la Chine.
L'établissement de l'empire Nan-Chao entraine également l'arrivée au Laos des
populations venant du sud de la Chine, entre le IXe et le XIIIe siècle. La
politique d'extension du royaume de Nan-Chao vise aussi des contrées au nord et
au sud-est. En 829, la ville de Chengdu est prise et pillée, ce qui permet au
Royaume de Nan-Chao d'annexer la province du Sichuan qu'il conservera jusqu'à ce
qu'il en soit chassé en 873. Plusieurs expéditions militaires ont également lieu
en direction de Hanoï (alors appelé Shenglong), et de durs combats opposent,
de 858 à 866, les troupes de Nan-Chao aux préfets chinois de cette région et le
roi de Nan-Chao demande à traiter sur un pied d'égalité avec la Chine.
Le Royaume de Dali
(Xe-XIIIe s.)
En 902, la dynastie qui régnait sur le royaume de Nan-Chao est renversée. Trois
autres brèves dynasties lui succèdent rapidement, jusqu'à la prise de pouvoir
par Duan Siping en 937, qui établit le Royaume de Dali. Ce nouveau royaume Bai
durera trois siècles, jusqu'au milieu du XIIIe siècle.
Après les conquêtes mongoles de la Chine du nord (dynastie Jin) en 1234, puis
celle d'Asie centrale, d'Europe orientale et centrale par Gengis Khan
(1155-1225) et ses premiers successeurs, les Mongols de Möngke attaquent le
Sichuan et le Tibet.
En 1253, le royaume de Dali passe sous la domination des Mongols de Kubilai
Khan, le frère de Möngke qui lui a succédé en 1260, qui mettent fin à cinq
siècles d'indépendance de cette région dominée par les Bai. Le royaume abandonne
se souveraineté contre la promesse que les vies des habitants seront épargnées.
Cette conquête entrainera à la fois, l'arrivée de populations dans le sillage
des Mongols et l'exode massif de populations venant du sud de la Chine vers le
Laos et se répercute jusqu'en Thaïlande.
En 1271, Kubilaï avait déjà pris un titre dynastique Yuan, à la manière
chinoise, et installé l'année suivante sa capitale à Pékin (alors appelé Dadu ,
la "grande capitale").
Cependant les Mongols échouent longtemps dans leur lutte contre la Chine du Sud
des Song jusqu'en février 1276, avec la victoire de Kubilaï. Cependant sa
dynastie ne durera qu'un siècle, jusqu'en 1368, lorsque les Han en chassant le
Grand Khan Toghan Temür reconquièrent le pouvoir et établissent la dynastie
Ming.
Le Yunnan, province de l'Empire chinois
(XIVe-XXe s.)
Concernant les siècles suivants, le Petit Futé ajoute:
«Si les Ming surent disposer des Mongols, il fallut attendre la dynastie
suivante des Qing pour imposer un semblant de contrôle sur la région et intégrer
le Yunnan à l’empire chinois. Eloignée du pouvoir central et composée d’une
mosaïque de peuples, la province ne se stabilisa réellement qu’à partir du XXe
siècle.
Entretemps, un soulèvement séparatiste musulman et anti-mandchou fut violemment
réprimé par l’empereur en 1873, tandis que les puissances étrangères, jouant des
dissensions locales, profitaient du commerce de l’opium dans la région.
Dès le milieu du XIXe siècle, les Français s’adjugèrent le contrôle de
l’Indochine, en espérant créer une zone d’influence plus large et s’ouvrir les
portes de la Chine du Sud. Ils parvinrent rapidement à ouvrir Kunming sur
l’extérieur: la ligne du chemin de fer entre Hanoi et Kunming, commencée en
1898, fut terminée en 1910. Mais les tensions en Europe à la même époque
incitèrent finalement la France à ménager l’Angleterre et à céder du terrain en
Chine, au profit de seigneurs de la guerre locaux.»
Le Yunnan, province de la Chine républicaine puis communiste
(XXe-XXIe s.)
Depuis 1925, une guerre civile a éclaté entre les nationalistes du Kuomintang
dont Tchang Kaï-chek vient de prendre la tête après la mort de Sun Yat-sen, et
les communistes à la tête desquels va peu à peu s'imposer Mao Zedong. Ces
derniers profitent de l'invasion japonaise en Mandchourie survenue fin 1931 pour
s'emparer de plusieurs régions. Mais avec un million d'hommes, l'armée
nationaliste va harceler les bastions communistes, en particulier au Jiangxi,
principal territoire de la "République soviétique chinoise". En 1934, environ
130 000 hommes de l'Armée Rouge parviennent à fuir et, poursuivis, entament "la
Longue Marche", un périple de 12 500km dans le sud-ouest de la Chine (où des Hui
et Tibétains soutiennent les nationalistes) pendant un peu plus d'un an. Ils ne
sont plus qu'une vingtaine de milles au début de 1935. En décembre 1936, les
nationalistes et les communistes finissent par conclure une alliance
(temporaire) pour lutter contre les envahisseurs japonais.
Concernant le XXe siècle, le Petit Futé ajoute:
«Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés fournirent aux nationalistes de
Tchang Kaï-shek du matériel militaire pour combattre l’ennemi japonais. Ce
matériel fut acheminé par une route de 1000km dans les montagnes, de Rangoon
jusqu’à Kunming: c’est la célèbre route de Birmanie.»
[
L'alliance entre nationalistes et communistes est brisée dès septembre 1945,
après la capitulation japonaise, et les communistes qui remportent victoire sur
victoire en 1949, avec notamment la conquête du sud (le 21 avril, l'Armée
populaire de libération franchit le Yangtsé). Les dirigeants nationalistes et
deux millions de leurs sympathisants "s'exilent" sur l'île de Taïwan. Les
combats cessent en août 1950.
Cette même année, on assiste à l'invasion définitive du Tibet par l'Armée de
Libération Nationale chinoise.
En 1965, des régions de la province tibétaine du Kham sont rattachées au Yunnan.
]
«Après les désastres humains du Grand Bond en Avant et de la Révolution
culturelle, la marche au développement du Yunnan s’est engagée depuis les années
1980. Le tourisme, et encore aujourd’hui le narcotrafic, comptent parmi les
principales ressources de cette province désormais bien ancrée en Chine.»
=> Pour des informations générales sur la chronologie et les dynasties
impériales.
AUTRESVOYAGES...
APERÇU GÉOGRAPHIQUE
RELIEFS ET PAYSAGES DU YUNNAN
Yunnan signifiant littéralement "le sud des nuages", la province du Yunnan se
situe à l’extrême sud-ouest de la Chine, s'étendant des forêts tropicales du
Xishuangbanna au sud, à la frontière avec le Viêt-Nam, le Laos, le Myanmar,
jusqu'aux plateaux arides des contreforts de l'Himalaya, au nord, par le col du
Hong-La (4220m.), zone qui appartient au Tibet historique.
Quatre fleuves importants traversent la région: le "fleuve aux vagues bleu
foncées" ou Mékong (Lancang Jiang), le "fleuve en fureur" ou Salouen (Nu Jiang),
le "fleuve bleu" ou Yangtse ou Giang-Tse (Jinsha Jiang) et le "fleuve rouge"
(Hong Jiang).
Bien que chevauché par le Tropique du Cancer (passant notamment au niveau de la
ville de Kaiyuan), des vallées du sud, à une centaine de mètres au-dessus du
niveau de la mer, jusqu'aux hauts-plateaux du nord, à plus de 3000 mètres, le
Yunnan possède donc forcément des paysages d’une extrême diversité et des
conditions naturelles (agriculture) bien différentes du fait de sa topographie.
Des plateaux du Tibet jusqu’aux forêts tropicales du Xishuangbanna, la province
surprend par la richesse de sa topographie. Le Nord se caractérise par des
régions montagneuses avec la gorge du Saut du Tigre, l’une des gorges les plus
profondes au monde, alors qu’au centre, on admire les vestiges calcaires de
Shilin. Au sud, ce sont les (plus?) belles cultures en terrasses de Chine, près
de Yuanyang. Plus au sud encore, à la frontière du Myanmar et du Laos, s’étirent
les forêts millénaires du Xishuangbanna, peuplées d’espèces animales et
végétales rares et menacées.
Sauf dans les montagnes, la Chine du Sud jouit d’un climat subtropical, assez
doux toute l’année: janvier (14,6°C) et juillet (28,2°C) en moyenne. Malgré
certaines nuances selon les régions, on remarque l’alternance d’une saison sèche
(de novembre à mars) et d’une saison chaude et pluvieuse (de mai à septembre).
Les régions montagneuses, notamment au Guizhou et plus encore au nord du Yunnan
(sur le plateau tibétain) offrent des climats de montagne, avec des étés chauds
et secs et des hivers froids et très enneigés.
POPULATION: CULTURES ET ETHNIES
A 92%, la Chine est peuplée par l'ethnie Han. Les 8% autres sont partagés entre
55 minorités ethniques dont 18 comptent plus d’un million de personnes.
Les Zhuang (vivant dans le Guangx) sont les plus nombreux avec environ 17
millions suivis par les Mandchous avec 11 millions.
Le Yunnan se distingue par une grande diversité ethnique et culturelle.
Au YUNNAN vivent 25 minorités ethniques (26 ethnies avec les Han) représentant
38 % de la population de la province, face au 62% de Han qui ici sont en maints
endroits minoritaires et bien éloignés par leurs traditions de leurs frères du
nord.
En jaune, les ethnies repérées pendant notre circuit.
1 - Les Yi sont les plus importants (4 millions au Yunnan sur un total de 8
millions en Chine), répartis en plus de 30 sous-groupes aux dialectes et
traditions vestimentaires souvent bien différents. Ils étaient les fondateurs au
8ème siècle, avec l’ethnie Bai de Dali, du puissant royaume de Nanzhao.
2 - les Bai (1,5 million),
3 - les Hani (1,4 million) ou Aini, ils sont appelés Akha en Thaïlande et en
Birmanie et Iko au Laos. Ils vivent dans une société matriarcale.
4 - les Zhuang (1 million),
5 - les Dai (1 million), une population de type Thaï utilisant une écriture
thaïe.
6 - les Miao (1 million sur un total de 9 millions en Chine), ils sont aussi
présents au Nord Vietnam, Nord Laos et jusqu'au Nord de la Thaïlande où ils sont
appelés Hmong.
7 - les Hui (500 000),
8 - les Lisu (500 000 ou 640 000?),
9 - les Lahu (400 000),
10 - les Wa (300 000),
11 - les Naxi (280 000 ou 320 000?) qui possèdent une langue et une écriture
propres, les pictogrammes dongba,
12 - les Yao (180 000 ou 200 000 sur un total de 2,7 millions en Chine),
13 - les Jingpo (135 000),
14 - les Tibétains (100 000 ou 120 000?) avec une langue et une écriture
particulières,
15 - les Bulang (80 000),
16 - les Buyi (35 000)
17 - les Achang (27 000 ou 34 000?),
18 - les Moso (30 000) ou Mosuo vivent dans une société matriarcale.
19 - les Nu (25 000),
20 - les De'ang (17 000),
21 - les Mongols (13 000),
22 - les Shui (7 000),
23 - les Dulong (7 000 ou 5 400?),
24 et 25 - les Pumi et les Mandchous
Malgré le folklore touristique, ces peuples minoritaires ont dans l’ensemble su
maintenir leurs structures sociales, leurs traditions et leurs modes
vestimentaires, voire leur langue et leur écriture.
Lors du rattachement du Tibet à la République populaire de Chine, une large
partie des plateaux tibétains (région du Kham) a été rattachée au Yunnan, et
avec eux une population de 120 000 Tibétains, la culture tibétaine est restée
vivace: monastères, écoles (produisant des thangka) et médecins bouddhistes
lamaïques, élevage du yak, langue et écriture...
De nombreuses chansons Zhuang se retrouvent dans les karakoés, connues et
appréciées par la majorité des Chinois.
Dans le district de Lijiang, la culture dongba des Naxi (écriture
pictographique, religion animiste et totémiste, mêlée de bouddhisme) est très
présente. La musique purement acoustique reste très importante dans la culture
Naxi, alors qu'elle est plus souvent mêlée à de la musique électrique ou
électronique dans les autres cultures chinoises. On peut entendre différentes
formations orchestrales composées d'une vingtaine d'instrumentistes.
Dans le district de Dali, les Bai majoritaires, sont vêtus de costumes composés
de blanc et d'autres couleurs selon les branches de la culture bai.
Dans le Sud du Yunnan, à Xishuangbanna, près de 75% de la population est de la
minorité Dai, d'origine thaïlandaise, le hulusi, instrument de musique dai, est
très répandu. La production d'argenterie et de bijoux ornés de pierres
précieuses est une spécialité des hommes dai qui doivent offrir des bijoux pour
leurs futures ou actuelles épouses.
Riche de traditions particulières, la population du Yunnan est en majorité assez
pauvre en termes de revenu. Si de plus en plus d’enfants sont aujourd’hui
scolarisés, de sérieux problèmes persistent. En Chine, le Yunnan détient ainsi
le triste record du plus grand nombre d’individus atteints du virus du Sida
malgré de nombreuses campagnes de dépistage menées par le gouvernement.
ECONOMIE ET RESSOURCES
Le Yunnan est une province essentiellement agricole disposant de terres très
fertiles (la "terre rouge") et d'un climat généralement clément lié à sa
position sous le Tropique du Cancer (passant notamment au niveau de la ville de
Kaiyuan).
Le Yunnan exporte une très grande variété de fruits et légumes. L'activité
agricole est très développée et très diversifiée du fait de ses climats très
contrastés, davantage par l'effet de l'altitude que de la latitude.
On peut citer la culture maraîchère que l'on retrouve un peu partout en Chine,
mais surtout la culture et la transformation du tabac sous forme de cigares
vendus principalement dans la province, et de cigarettes de marques "Hongmei", "Honghe"
et "Baisha" (le "Top Three") vendues dans l'ensemble de la Chine.
L'élevage tient lui aussi une place relativement importante. La production
laitière permet la commercialisation dans la province de produits tels le táozá
rǔbǐng, sorte de fromage qui se déguste frit à la poêle. Dans la région
tibétaine, au nord, on ne saurait oublier l'importance de l'élevage du yak pour
sa viande, son lait (utilisé avec le thé), ses poils (confections d'étoffes),
ses cornes (corne de musique, baguettes…)
L'activité horticole s'est développée et ce même pour des roses produites sous
licence.
Plus de 150 types de minéraux ont été découverts dans la province, à l'origine
d'un important commerce et trafic de rubis, de jade et autres pierres précieuses
(notamment avec la région du "Triangle d'Or" (frontières communes de la
Thaïlande, du Laos et de Birmanie et guère éloignées du Yunnan et du Vietnam).
Le Yunnan n'est pas dépourvu de ressources minières.
La L&L Energy Inc. exploite deux mines de charbon à Dapuan et Sutsong au Yunnan.
Il y a 112 types de métaux non ferreux dans le Yunnan, parmi lesquelles les
réserves de plomb, de zinc et de germanium prennent la tête en Chine.
La mine du nord-ouest du Yunnan Beiya, à mi-chemin entre Dali et Lijiang, est la
plus grande mine d'or à ciel ouvert dans la province. Elle a des réserves
prouvées de 151 tonnes d'or et de nouvelles découvertes ont été faites
récemment, en 2011
La China Polymetallic Mining Limited exploite des mines de métaux non-ferreux,
tels que le plomb, le zinc et l'argent.
Autres compagnies minières situées au Yunnan:
Yunnan Aluminum Co. Ltd.
Yunnan Metallurgical General Company
Kunming Iron & Steel (Group) Co. Ltd.
Yunnan Tin Groupe Yunnan Copper Group.
Le Yunnan est une province très touristique, du fait de sa grande diversité de
paysages et de cultures. Principalement chinois, les touristes rapportent des
milliards d'euros au Yunnan.
Le Petit Futé présente ainsi le Yunnan:
«Le Yunnan fait partie des provinces les plus appréciées des touristes en Chine.
Il suffit de prononcer son nom pour qu’un tas de couleurs, d’arômes, de paysages
et d’impressions viennent à l’esprit. Les rizières en terrasse, les forêts
tropicales, les festivals, les marchés locaux des minorités, l’architecture Bai,
les danses tibétaines, les villages reculés… autant d’images qui se bousculent
dans l’imaginaire et qui se vivent au Yunnan.
Autour de Kunming, la "Cité de l’Eternel Printemps", s’épanouissent hibiscus et
camélias, orangers et plants de tabac. Dans le nord, la province s’élance à
l’assaut de l’Himalaya et les températures se refroidissent sensiblement. Dans
le sud, la région autonome du Xishuangbanna est un paradis tropical abritant
quelques-unes des dernières grandes forêts pluviales de la planète. Quant à la
forêt de pierre de Shilin, elle est le prolongement en point d’orgue des
fabuleuses formations karstiques du Guangxi et du Guizhou.
Le Yunnan est l’une des provinces les plus agréables de Chine pour faire du
tourisme individuel. Le vélo reste le mode de transport privilégié pour explorer
campagnes et villages, parmi lesquels Dali et Lijiang méritent une mention
honorable. Au même titre que Yangshuo, près de Guilin, ces anciens villages
devenus villes demeurent des havres de routards. Souvent pris d’assaut par les
touristes, ils peuvent cependant très vite se transformer en véritables enfers!
Un conseil : allez-y mais ne restez pas trop longtemps, à moins que vous ayez
besoin de récupérer des forces après une longue immersion dans la campagne
profonde chinoise! Dirigez-vous plutôt vers le plateau tibétain au nord ou dans
la région tropicale du Xishuangbanna au sud, dont certains villages reculés sont
encore épargnés par le tourisme de masse. Pour combien de temps encore?
Dépêchez-vous de visiter ces terres pour une plongée dans une Chine protéiforme,
loin de l’uniformité des gratte-ciel et des galeries commerciales. De nombreux
voyageurs regrettent de ne pas avoir prévu assez de temps pour visiter le
Yunnan. La province est grande et mérite un long séjour. N’oubliez pas non plus
de vous équiper selon les régions dans lesquelles vous avez prévu d’aller.»
Mercredi 26 mars
A prendre l'avion à Roissy, nous sommes un groupe de 18 personnes, en majorité
dans la petite soixantaine, avec des âges allant de 58 à 78 ans. De grands
voyageurs le plus souvent. Le plus âgé a commencé à voyager à 50 ans, au rythme
soutenu de 5 voyages par an! Un peu toutes les régions sont représentées:
Bretagne, région parisienne, sud-ouest, Rhône-Alpes, Est... Pour certains comme
c'est notre cas, voyageant pour la première fois avec un T.O. associatif, c'est
la découverte d'un voyage en principe sécurisé au maximum, avec de bout en bout,
la présence d'une accompagnatrice, Elisabeth, la dix-neuvième "voyageuse" (il
est forcément tenu compte des frais liés à cette personne dans le tarif appliqué
aux voyageurs payants, soit environ 150€ par personne). Bref, ce doit être en
principe une formule de voyage "avec ceinture et bretelles"! En principe, en
effet. Car finalement, il y a eu plus d'incidents malheureux que dans bien
d'autres voyages moins encadrés comme vous le verrez au fil du récit, bien que
j'éviterai de rentrer trop dans les détails par égard pour les lecteurs. La
présence d'une accompagnatrice en sus d'une guide-accompagnatrice peut être
perturbante pour cette dernière qui peut y voir une sorte d'"oeil de Moscou" ou
plus exactement ici, d'"oeil de Pékin". Un sur-accompagnement qui n'a pas
empêché que des collègues s'égarent à trois reprises.
Les ennuis ont commencé avec un raté à Roissy où 6 voyageurs dont nous faisions
partie, avaient des cartes d'embarquement pour Canton seulement (alors que tous
les bagages partaient bien pour Kunming) et non jusqu'à Kunming. Il a fallu
s'énerver un peu et la personne qui avait apporté le visa collectif a finalement
pu faire rééditer des cartes d'embarquement conformes. Le visa collectif du
groupe est détenu par notre accompagnatrice. Avec cette formule de visa, pour
notre part, nos passeports tout neufs resteront vierges de tout cachet.
Le vol CZ348 de la compagnie China Southern décolle à 11H45, à l'heure prévue.
Nous volons sur un biréacteur Airbus A330 pouvant transporter 258 passagers. La
flotte de cette compagnie compte 600 avions dont principalement 240 Airbus A320
et 240 Boeing B377. Elle possède encore, entre autres, 32 A330 et 5 A380. China
Southern est une compagnie basée à Canton. Elle existe depuis 35 ans et c'est la
plus importante de Chine avec 92 millions de passagers transportés en
2013(suivies par China Eastern avec 63 millions de passagers).
Le vol s'effectuant pour une bonne partie de nuit, nous aurons le service d'un
déjeuner, d'un dîner et d'un petit-déjeuner à bord. Le plan de vol nous fait
survoler les environs des villes de Berlin, Varsovie, Minsk, Krasnoïarsk, puis
arrivés au-dessus de la Chine, Urumqi, Lanzhou, Chengdu et Guilin. Un vol de
10000km (6200 miles) effectué en 10 heures 50 minutes.
Nous atterrissons à Canton à 6H40 où il fait 17°, sous un ciel très gris et une
pluie fine qui noie le paysage. La piste où nous sommes posé est très éloignée
des bâtiments de l'aéroport et l'avion fait du taxi pendant un long moment, ce
qui permet de se rendre compte de l'existence d'un grand nombre de compagnies
aériennes chinoises dont les noms évoquent des provinces ou de grandes villes.
Pour atteindre la porte d'embarquement pour le vol suivant vers Kunming, nous
empruntons des navettes électriques transportant 10 passagers. Arrivés dans la
zone d'embarquement, la longue attente d'environ 4 heures et demie passe
agréablement dans un lounge où nous sommes admis, bien que ne volant qu'en
classe Eco. Nous pouvons nous y désaltérer ou grignoter gratuitement.
Embarqués pour un décollage prévu à 11H45, il est plus de midi et demi, lorsque
notre vol CZ3415 décolle de Canton avec une heure de retard.
Poursuivre la visite
Documentation et crédits
mes notes de voyage
les contributions photographiques de Michèle
"Chine, de Pékin à Hongkong" par divers auteurs aux Editions HACHETTE LIVRE
Coll. Guides Bleus - Paris 2007
"Chine" par Damian HARPER édité par NATIONAL GEOGRAPHIC Coll. Les guides de
voyage. Edition française 2003-2005
"Petit futé, CHINE 2008-2009" par divers auteurs aux Nlles Editions de
l'UNIVERSITE - Paris 2008
"Petit futé, Chine du Sud 2015-2016" par divers auteurs aux Nlles Editions de
l'UNIVERSITE - Paris 2014
"CHINE" par divers auteurs aux Edité par Lonely Planet et Place des Editeurs-
Paris 2013
"CHINE" par E. DEHAU aux Editions EDL Coll. GEO Partance - Paris 2003
"Chine" par Catherine GARNIER aux Editions MONDEOS Coll. Guides Mondeos,
L'essentiel du Voyage. - Paris 2007
"CHINE, vision d'un empire céleste" par Suzanne HELD et Hervé BEAUMONT aux
Éditions HERMÉ - Paris 2001
"CHINE, le réveil de l'empire" par T. MONNAT et J-Y BGUEGUENIAT aux Editions
Géorama 29000 - Brest 2001
"BOUDDHA, L'Eveillé" Gabriele MANDEL KHAN Editions Acropole - Paris 2001
"Tibet, hommage au peuple tibétain" de Raymond RENAUD
"ASIE" de Guido Gerosa aux Ed. du Carrousel-Media Serges - Paris 1998
"Les femmes chinoises qui entrent dans le nouveau siècle" Fédération nationale
des femmes de Chine Maison d'édition intercontinentale de Chine (publication du
PCC)
"Bouddhisme, les routes de la paix" publié par le magazine GEO N°236 d'octobre
1998
une autre approche sympathique consiste à lire quelques ouvrages sérieux ou
romanesques, plus ou moins historiques ayant ce pays pour cadre ou pour sujet :
"Vivre avec les Chinois" de Philippe ROCHOT. Coll. "Des hommes et des Pays" aux
Editions l'Archipel - Paris 2008
"Confucius, des mots en action" de Danielle Elisseeff aux Ed. GALLIMARD Coll.
Découvertes - Paris 2003
"Les chevaux célestes" (2002) suivis de
"Poisson d'Or" (2002) et de
"Les îles immortelles" (2003) de Josée Frèches aux Ed. PLON à Paris.
BON A SAVOIR
QUAND Y ALLER ?
Le début du Printemps, avril, et l'Automne, octobre, sont de bonnes périodes
pour visiter cette région, surtout si on la découvre du nord au sud, des basses
vallées tropicales, aux hauts-plateaux des contreforts du Tibet.
La première période permet de découvrir les miroirs d'eau des rizières en
terrasses encore en eau (juste avant le repiquage) avec des températures
agréables, la floraison des rosiers, azalées et camélias, même s'il fera encore
frais dans les régions montagneuses du nord.
La seconde, offrira au regard les teintes dorées du riz murissant sur les
terrasses et le chaud dégradé de couleurs des arbres dans les forêts..
Climat annuel à Kunming :
Mois
Jan
Fev
Mar
Avr
Mai
Juin
Jui
Aout
Sep
Oct
Nov
Dec
Temp. (°C)
Max
15
17
21
24
25
24
24
24
23
20
17
15
Mini
2
4
7
10
14
17
17
16
14
12
7
3
Pluie
mm
13
13
13
23
83
178
213
202
123
78
38
13
Climat annuel à Dali :
Mois
Jan
Fev
Mar
Avr
Mai
Juin
Jui
Aout
Sep
Oct
Nov
Dec
Temp. (°C)
Maxi
16
17
20
22
25
25
25
24
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Climat annuel à Shangri La :
Mois
Jan
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8
5
Météo pour KUNMING (Yunnan)
Voir prévisions Météo à 14 jours
TENUE VESTIMENTAIRE ET COMPORTEMENT :
A la période où nous avons fait ce circuit, nous avions un temps de "type
irlandais, avec toutes les saisons en une journée".
Donc prévoir un éventail vestimentaire adapté aussi bien à la fraîcheur des
soirées, surtout dans le nord (on a fait l'expérience) qu'à la moiteur dans le
sud voire à la pluie. Par ailleurs, lorsque le ciel se couvre, un vent fort se
lève, sans doute favorisé par un effet de couloir entre les chaînes de
montagnes.
PHOTOS :
Les Chinois, y compris ceux des minorités se prêtent volontiers à notre envie de
les photographier surtout lorsqu'ils revêtent les tenues traditionnelles de
leurs ethnies.
En revanche, contrairement à ce que l'on peut constater dans d'autres pays
d'Asie, ici les moines ne se semblent guère apprécier de se faire tirer le
portrait.
A noter que pratiquement dans tous les temples et monastères bouddhistes de
cette région, il est interdit de prendre des photos à l'intérieur des édifices,
même sans flash. C'est extrêmement frustrant alors que là aussi, généralement ce
n'est pas le cas ailleurs en Asie.
En revanche pas de problème dans les temples taôistes ou confucéens.
ACHATS ET SOUVENIRS :
Les guides étant souvent mal rémunérés par leurs employeurs et aimant l'argent,
comme tout Chinois qui se respecte, ont tendance à émailler le parcours
touristiques de nombreuses haltes dans les ateliers et boutiques d'artisanat
dont ils touchent des commissions.
Tableaux brodés en soie, articles en soie, batik, calligraphies, thés en
particulier l'onéreux thé Pu'er...
Marchander :
Le prix demandé est en général de 2 à 3 fois supérieur au prix qui serait décent
de payer. Il faut donc prendre le temps de discuter avec les vendeurs.
A propos de marchandage, notre guide Delphine nous a conté l'aimable historiette
suivante sur l'art du marchandage:
«Dans la boutique d'un Chinois on pouvait toujours voir un tableau qui, selon
l'humeur du ciel, montrait un homme dont le parapluie était ouvert ou fermé. Son
prix affiché était de 3000Y.
Un jour de beau temps, un client voulut en faire l'acquisition mais à moitié
prix. Marché fut conclu.
Le tableau étant installé dans sa maison, le client fut désappointé et perdit la
face lorsqu'il invita ses amis à voir son tableau magique un jour où la pluie se
mit à tomber. En effet, l'homme du tableau garda désespérément son parapluie
fermé.
Furieux le client retourna chez le marchand qui lui expliqua que pour 3000Y, il
aurait eu les deux versions du tableau: l'un sous le soleil et l'autre sous la
pluie...»
Pourboires :
Pas de pourboire dans les restaurants. En revanche il est attendu par les
chauffeurs...Dans notre formule de voyage, l'accompagnatrice remettait les
pourboires aux guides locales, cochers, bateliers et bagagistes...
MONNAIE ET CHANGE :
Au moment de ce voyage, le cours était d'environ 6,50 yuans -CNY- (ou renminbis
-RMB- ou encore kuais) pour 1 €uro.
Belle dégringolade de notre Euro depuis 2008 où il valait 10 Y !
Le yuan se divise en 10 jilaos ou maos ou encore en 100 fens dont les touristes
que nous sommes ne verrons pas la couleur car que pourrait-on bien nous vendre
pour moins de 1 yuan (10 cents d'€uro)?
Les cartes bancaires sont acceptées dans les hôtels et de nombreux commerces.
Les villes disposent de distributeurs de billets et le change peut s'effectuer
facilement dans les grands hôtels (pas de commission contrairement aux bureaux
de change des aéroports) et les banques.
Ne pas changer à l'aéroport: mauvais cours et commission...
TIMBRES :
- 4,80 Y pour carte postale
- 5,40 Y pour lettre
GRANDES FETES TRADITIONNELLES (fériées) :
Beaucoup de fêtes traditionnelles sont liées au calendrier lunaire donc avec des
variations de quelques semaines d'une année à l'autre.
Dans la période de notre voyage, ce sera la Fête des Morts célébrée le dimanche
5 avril. L'occasion d'apercevoir les nombreux Chinois Han rendant visite au
tombeau de leurs ancêtres sur lesquels ils déposent de la fausse monnaie et font
éclater des pétards (ce n'est pas pour rien que la Chine les a inventés!).
GUIDES :
Les tours operators honnêtes avertissent des médiocres compétences des guides
chinois. Les Chinois éprouvent de grandes difficultés à traduire les nombres
dans nos langues occidentales). On peut également émettre des doutes sur la
qualité des services du réceptif qui emploie notre guide sur ce circuit.
Apparemment, en dehors de l'hébergement, la restauration est laissée à
l'initiative de la guide amenée à improviser souvent et on ne lui a rien
"balisé" en ce qui concerne certaines "visites inédites" (elle ne trouvera pas
le village de Yunnanyi).
Au niveau de la langue, notre guide Delphine se débrouille bien (c'est LE
critère pour être guide en Chine). Il faut passer sur des erreurs de genre
(articles escamotés) et sur la conjugaison et l'emploi des temps (en fait les
Chinois qui parlent français ont tendance à transposent la grammaire chinoise
beaucoup moins sophistiquée que la nôtre).
Les deux guides locales que nous avons eues pour les régions de Lijiang et de
Zhongdian étaient anglophones et ne servaient à rien puisque doublonnant avec
notre guide-accompagnatrice. La seconde avait au moins le mérite d'avoir fait
son petit speech et d'être drôle...
GASTRONOMIE, NOURRITURE :
La table chinoise se distingue d'emblée par sa forme ronde et par le fait
qu'elle porte en son centre un vaste plateau tournant sur lequel les différents
plats servis sont posés et ce afin que chaque convive puisse les amener à sa
portée.
Sur les bord sont déposés à chaque place, bol, assiette et cuiller ainsi qu'une
paire de baguettes, lesquelles sont en usage depuis le IVe siècle av. J-C.
Afin de pouvoir commander une grande variété de plats différents, les Chinois
réunissent autant de personnes que possible. Laissez une seule personne passer
la commande. Elle fera face à l'entrée et on ne s'assoit que lorsqu'on nous y a
invité.
La cuisine chinoise est l'expression de véritables préceptes philosophiques. Le
but de l'alimentation est d'équilibrer les énergies du corps et donc d'assurer
une bonne santé. La règle d'or de la cuisine chinoise: varier couleurs, odeurs,
saveurs et formes. Un vrai repas chinois est un triomphe d’harmonies culinaires,
progressant du doux vers l’aigre, du croustillant vers le tendre, du jaune vers
le rouge.
Un repas bien équilibré comprend les cinq saveurs de base de la cuisine chinoise
sucré, acide, amer, pimenté et salé, correspondant aux 5 éléments naturels,
métal, eau, bois, feu et terre.
Une règle que notre guide Delphine a évoquée consiste à commander, outre le bol
de riz, un plat par personne et le repas se termine traditionnellement par un
bouillon clair qui peut être l'eau de cuisson des légumes. En fait, la tradition
voudrait que le nombre de plats soit d'ordinaire un nombre pair et seulement un
nombre impair lors de banquets comme au Nouvel An ( 9 ou un multiple de 9,
nombre impérial porte-bonheur et synonyme d'éternité) ou être précisément de 7
plats végétariens lors de funérailles.
Un repas chinois comporte autant de hors d'oeuvre que de plats principaux et on
ne devrait pas mange plus de viande que de riz. Le poisson est généralement
servi entier, il ne faut jamais le retourner pour ôter les arêtes car d’après
les croyances chinoises, la jonque du pêcheur risque de chavirer. Les plats
s'adaptent aux différentes occasions: aux anniversaires ou pour un banquet
d'accueil, on aime manger des nouilles qui symbolisent la longévité ou l'amitié
durable. Pour un banquet de départ, on peut servir des raviolis pou souhaiter un
bon voyage.
Au cours de notre circuit, nous avons souvent mangé dans de petits restaurants
ou en tout cas dans des restaurants pas spécialement dédiés aux touristes
occidentaux. Il en ressort que ces établissements sont sales si l'on considère
le sol (les Chinois jettent par terre) et parfois les tables ne le sont guère
plus. En revanche, souvent la vaisselle était apportée conditionnée sous
emballage scellé. Par contre, il est hors de question d'y trouver une ambiance
paisible. Vos voisins Chinois ne parlent pas fort, ils crient comme s'ils se
disputaient.
Sans doute pour des raisons de budget, nos plats étaient très chinois, plutôt
végétariens, avec peu de viande ou de poisson. Seule dérogation sans doute due à
notre guide, quelques desserts sous forme de gâteaux et, plus rarement, de
fruits.
Voici une liste (incomplète) des légumes que nous avons rencontrés dans les
plats servis: courgettes, poivrons (farcis), concombre amer, aubergine, potiron,
haricots verts, petites pois en grains et en pousse, mange-tout, fèves, choux et
autres légumes-feuilles bouillis, brocolis, choux-fleurs, cotes de blettes,
pousses de soja, pommes de terre en purées et en paillassons, navets, salsifis
frit, racines de lotus, tarot (y compris en dessert), haricots rouges en grains,
blé en grain (genre boulgour), maïs, nouilles et pâtes en rubans, rouleaux de
printemps, champignons divers, oignons, piments, gingembre, cacahuètes,
boulettes de tofu...
Outre les viandes, poissons et légumes bouillis ou sautés, on a également mangé
des omelettes, des beignets (de légumes ou de fromage de chèvre "táozá"). Sans
oublier les jiaozi, raviolis chinois, et les baozi, petits pains à la vapeur...
SANTE :
Un médicament contre le rhume et les angines pourrait être bienvenu compte tenu
des écarts de températures et des climatisations. Avoir aussi à sa portée un
"kit anti-diarrhéique et anti-constipation" surtout si vous voyagez en routard.
Traitement antipaludéen conseillé pour le Yunnan ainsi que répulsif contre les
moustiques.
Précautions habituelles dans les pays chauds en voie de développement: ne pas
boire l'eau du robinet et ne pas consommer de fruits et légumes crus, essuyer
bols et baguettes dans les restaurants populaires plutôt sales comme on le dira
souvent dans le récit..
220 V et les prises à fiches rondes sont plus répandues que celles à fiches
plates dans les hôtels fréquentés par les touristes en voyage organisé. Pour
parer à toute éventualité, prévoir un adaptateur pour prises électriques de type
américain sinon débrancher la télévision et neutraliser le point supérieur de la
prise trois fiches à l'aide d'un crayon.
Les hôtels dits de 3 à 5 étoiles sont confortables mais seraient souvent amputés
d'une étoile dans d'autres pays: chambres spacieuses, couchage confortable,
bonnes finitions des sols, faïences, équipements fonctionnant correctement en
général (notamment les clims), serrures à carte magnétique parfois sans contact,
éclairages de chevet à variateur...
La TV dispose d'une palanquée de chaînes chinoise dont CCTV9 International et
quelques chaînes de pays voisins: Japon, Corée) mais il sera exceptionnel que
nous captions es chaînes occidentales (comme TV5 Monde, CNN ou BBC Word).
Décalage horaire de 7h en hiver (6h en été).
et quelques images...
voir d'autres voyages...
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Récits de Voyages
_________________________________________________________________
KUNMING
1- Yuantong si, Temple de la Compréhension*
2- Marché aux Fleurs et aux Oiseaux*
3- Musée des Nationalités
4- Centre du thé (pu'erh)
5- Spectacle Dynamic Yunnan**
6- Jin Dian, le Temple d'Or*
Menu YUNNAN
Khiva sur Wikipédia
QUELQUES DONNEES SOCIALES
Delphine nous livre quelques informations sur les conditions de vie en Chine.
LA SCOLARITE ET LES ETUDES
Après le Jardin d'enfants, l'école est obligatoire à partir de 7 ans.
Un premier cycle d'études de 6 ans doit permettre de maîtriser 3000 sinogrammes.
Le second cycle qui dure 3 ans et est également obligatoire, permet
l'acquisition de 1000 sinogrammes supplémentaires ainsi que des connaissances en
mathématiques, histoire et géographie et anglais.
Les enfants des campagnes sont souvent contraints de faire ces études dans le
cadre de l'internat qu'ils rejoignent chaque dimanche soir.
Les classes peuvent comporter une cinquantaine d'élèves.
Après cela et sous condition de réussite aux examens, il est possible d'accéder
au lycée pour un autre cycle très intense de 3 ans destiné à approfondir toutes
les connaissances.
A la fin du lycée, le baccalauréat est très difficile et sert de sélection pour
l'accès aux Universités. Toutefois le redoublement est possible.
Les études universitaires durent généralement 4 années (niveau master).
Quasiment gratuites autrefois (300Y/an), elles sont aujourd'hui très onéreuses
pour les familles:5000/10000Y/an, voire davantage.
Elles peuvent se prolonger par un doctorat et souvent avec des spécialisations
en Occident mais les autorités sont devenues moins favorables à cette ouverture.
Avec cela, peut se combiner ou s'ajouter le service militaire dure 3 ans, qui
est ouvert aux filles et aux garçons volontaires puisqu'il ne serait plus
obligatoire selon Delphine.
SALAIRES, COUTS DE L'IMMOBILIER
Les disparités régionales de salaires sont importantes et s'ajoutent aux
disparités sociales.
Un jeune sortant de l'Université de Kunming percevra un salaire mensuel de 4000Y
alors que celui qui sortira de celle de Shenzhen aura 6000Y (et passera ensuite
à 8000Y sachant que le loyer moyen dans cette ville est de 2000Y).
Une infirmière en maternité (10 000Y) ou un jeune médecin auront plus que cette
moyenne et un ouvrier moins.
Un balayeur d'autoroute ne gagne pas plus de 2000Y. Le revenu mensuel des
paysans ne dépasse pas 1000Y par actif.
En Chine, il n'y a pas de Sécurité Sociale sauf pour les fonctionnaires ou pour
les employés des grandes sociétés.
En Chine, le sol est propriété de l’État qui gérait seul son utilisation depuis
les années 1950 jusqu'à ce qu'il commence à autoriser la cession des droits
d’utilisation du sol à des investisseurs privés à partir des années 1988 e
surtout depuis 1995. Mais l'Etat reste propriétaire du sol ce qui explique mais
ne justifie pas la brutalité des expulsions.
L'immobilier est très cher dans les villes. A Guangzhou (Canton), le prix moyen
du m² en appartement est de 10000Y/m2 (soit 1500€) mais peut atteindre le double
ou le triple pour un logement neuf.
Menu YUNNAN
Etape suivante: Sud du Yunnan
Jeudi 26 mars - Début de circuit à Kunming
Embarqués pour un décollage prévu à 11H45, il est plus de midi et demi, lorsque
notre vol CZ3415 décolle de Canton avec une heure de retard pour rejoindre notre
destination, Kunming. Si bien que le service du déjeuner s'est déroulé pendant
ce laps de temps où nous restions au sol. Longue, longue escale donc: environ 5
heures et demie... Dommage que le catalogue du TO ait été établi il y a
plusieurs mois et a donc prévu ce vol avec escale à Canton car depuis le début
de cette année, des vols directs Paris-Kunming ont été mis en place.
Nous volons sur un biréacteur Boeing 737 (185 places), le type d'avion le plus
représenté dans la flotte de la compagnie China Southern.
Nous sommes surpris par le grand nombre de jeunes Chinois dans l'avion alors que
le second semestre universitaire est commencé depuis près d'un mois.
Après 2 heures et demie de vol, nous arrivons au Changshui International Airport,
l'aéroport de Kunming, à 14H45, avec trois quarts d'heure de retard sur le
programme indicatif. Une satisfaction majeure, il fait une vingtaine de degrés
et surtout le soleil est là tandis que nous avons laissé le crachin et la brume
à Canton.
Notre réceptif: Yunnan Road Travel
Nous sommes accueillis par notre guide que nous nommerons par son pseudo
français Delphine (un pseudo est attribué aux étudiants lors des études de
langue française). Elle a étudié le français, qu'elle parle bien, à l'Université
de Langues Etrangères à Canton. Elle est guide francophone depuis 10 ans et
jusqu'à maintenant elle avait surtout accompagné de plus petits groupes ou des
familles sur des programmes privatisés ou à la carte de TO tels que Kuoni,
Maison de la Chine... Comme on le verra par la suite, cette expérience l'amènera
à renvoyer des décisions au groupe en allant jusqu'à mettre aux voix, par vote à
main levée. Un super moyen de casser toute cohésion de groupe naissante car,
dans une telle situation, les plus timorés ou ceux qui n'ont pas la parole
facile se taisent, ce qui aboutit à un faux consensus...
Pour elle, plusieurs nouveautés: première prestation pour notre TO, première
fois qu'elle fait ce grand circuit, première fois qu'elle intervient en présence
d'une accompagnatrice, un programme chargé selon son point de vue (pourtant les
départs ne seront pas très matinaux ni les arrivées tardives) avec des visites
inédites pour elle...
On peut également émettre des doutes sur la qualité des services du réceptif qui
l'emploie sur ce circuit. Apparemment, en dehors de l'hébergement, la
restauration est laissée à l'initiative de la guide amenée à improviser souvent
et on ne lui a rien "balisé" en ce qui concerne certaines "visites inédites"
(elle ne trouvera pas le village de Yunnanyi).
Une erreur à ne pas commettre: éviter de changer de l'argent à l'aéroport car le
taux de conversion est défavorable (6,24Y, ne pas confondre Y pour le yuan
chinois avec ¥ pour le yen japonais) ce à quoi il faut ajouter une retenue de
60Y de frais fixes.
Nous allons être à l'aise pour nos déplacements: 20 personnes (accompagnatrice
et guide incluses) dans un autocar de 37 places de la marque chinoise King Long.
Véhicule confortable si ce n'est une sono avec effet Larsen que le conducteur va
être amené à changer le lendemain. Une vingtaine de kilomètres depuis le
nord-ouest de la ville pour y rentrer et très vite un paysage urbain moderne
s'impose avec voies aériennes, échangeurs et gratte-ciel...
Dans la ville, le nombre de belles berlines nous rappelle notre étonnement
lorsque nous avions découvert Pékin en 2008. Quant aux motos et scooters, ils
bénéficient de voies séparées sur les axes principaux.
On distingue deux types de plaques minéralogiques les plus courants pour des
véhicules privés: fond bleus pour les véhicules transportant moins de 9
passagers et jaune, au-delà de ce nombre.
Le premier signe à gauche de la plaque est un sinogramme indiquant la province.
Tout à côté la lettre en alphabet latin sert à désigner la préfecture
(ci-dessous sur la plaque de notre autocar, le A pour Kunming). Les 5 caractères
alphanumériques situés à droite correspondent au numéro du véhicule.
A noter que pendant 15 jours, les véhicules neufs circulent sans plaque.
KUNMING (Yunnanfu jusqu'aux années 1920), à 1894 mètres d'altitude est la
capitale de la province du Yunnan et accueille 4 millions et demi d'habitants (6
millions selon le Petit Futé) dont un million et demi pour la ville centre.
La ville se situe sur la rive est du lac Dian lequel s'étend au pied des Monts
de l'Ouest (Xi shan) surmontés de temples et de pagodes. C'est la Cité de
l'Eternel Printemps puisque la ville jouit d’un climat agréable, avec une
température moyenne de 10° en janvier, de 21° en juillet. Cette année, le
printemps est en avance: la floraison des cerisiers se termine et les arbres se
couvrent de leurs premières feuilles. De ce fait, la mousson est attendue dans
un mois, vers la fin avril.
1 - Yuantong si, Temple de la Compréhension (VIIe-XIVe s.)*
Notre première visite est consacrée au Yuantong si, le temple de la
Compréhension de Toutes Choses. C'est le plus grand et plus ancien complexe
bouddhique de la ville. Il se rattache au courant du bouddhisme mahayana, dit du
Grand Véhicule.
Selon le Petit Futé:
«Le temple Yuantong est l’un des plus anciens temples bouddhiques de Kunming.
Initialement construit sous la dynastie Tang (618-907) sous le nom de Putuoluo,
il est agrandi par les Yuan (1276-1368) et prend alors son nom actuel : le
temple de la Compréhension de Toutes Choses. Yuantong est en fait l’une des 32
appellations de la déesse Guanyin, dont une statue aux mille bras repose dans un
petit pavillon au toit octogonal, au milieu d’un bassin d’eau.»
La curiosité de ce temple vient du site choisi, un relief en creux avec un étang
, contrairement aux sites habituels qui occupent plutôt des lieux élevés.
D'après Delphine, cela repose sur une légende selon laquelle l'endroit à été
choisi afin d'apaiser les 9 dragons qui s'y disputaient et dont l'agitation
avait pour conséquence d'engendrer un climat perturbé dans toute la région...
Un premier temple est dédié au Bouddha de Mile (ville où nous ferons étape le 27
avril), Milefo. En sanskrit, il est désigné sous le nom de Maitreya, un
Bodhisattva qui serait le prochain Bouddha à venir lorsque le Dharma,
l'enseignement du Bouddha Shakyamuni, aura disparu, d'où son nom populaire de
"Bouddha du Futur" ou "Bouddha de l'Avenir".
Le temple octogonal situé au milieu d'un bassin est celui dédié à Guanyin, le
seul bodhisattva incarné sous une forme féminine qui est parfois surnommée
Bouddha aux Mille Bras. En fait, ici, la statue en compte 24.
Delphine nous conte la légende qui s'attache à cette déité: «Le père de trois
jeunes filles ayant perdu l'usage d'un bras alla consulter un sage. Celui-ci lui
conseilla de demander à l'une de ses filles de lui donner un bras. L'ainée
refusa car elle allait se marier. La seconde opposa le même refus car elle
comptait bien se marier or cela ne serait pas possible si elle n'avait plus
qu'un bras. La troisième accepta sans opposer la moindre réserve. La chose
faite, le père s'en alla remercier le sage. Ce dernier lui fit comprendre que ce
n'était pas lui qu'il fallait remercier mais sa fille et sans plus tarder. De
retour chez lui, le père vit que sa benjamine n'avait pas qu'un seul bras mais
désormais mille bras...»
Par ailleurs Delphine nous donne une définition imagée des deux principaux
courants du Bouddhisme.
Dans l'Hinayana, le Bouddhisme du Petit Véhicule très présent en Asie du Sud-est
mais peu représenté en Chine, les hommes assurent leur salut individuellement.
L'image proposée est celle du "petit bateau" que l'on construit" en séjournant
au monastère. Les femmes en sont donc exclues sauf si elles épousent des hommes
qui ont été moines et qui donc peuvent les "emmener en bateau".
Dans le Mahayana, le Bouddhisme du Grand Véhicule largement présent en Chine
(mais aussi en Corée, au Japon et au Vietnam), le salut résulte de la compassion
et de la solidarité que permet l'usage d'un "grand bateau" qui peut même
transporter des femmes, d'ailleurs "le" Bodhisattva Guanyin n'est-il pas une
femme?
Tout au fond du parc, un temple récent de couleur blanche pour accueillir une
statue du Bouddha a été offert par des bouddhistes birmans, pratiquants du
bouddhisme hinayana dit du Petit Véhicule. Le temple étant fermé, nous ne la
verrons pas...
Il n'y a pas foule de fidèles. Nous apercevrons seulement trois moines mais
d'assez nombreux jeunes gens.
Un renouveau est perceptible par la présence de nombreux jeunes même si leur
pratique n'est pas toujours exécutée de manière parfaitement conforme au canon
bouddhique. En effet, la prosternation doit se faire en trois temps: d'abord on
joint les mains, puis on se met à genoux, on pose enfin le front à terre, les
coudes également posés sur le sol. Le geste est habituellement répété par séries
de trois (sampai, "trois prosternations").
Delphine précise que l'offrande de cierge correspond à une demande pour que
Bouddha éclaire la voie, guide dans les choix de la vie. Celle d'encens est
destinée à porter les voeux auprès des divinités.
2 - Quartier ancien et Marché aux Fleurs et aux Oiseaux*
Après cela, nous nous rendons dans la vieille ville où se situe le Marché aux
Fleurs et aux Oiseaux. Cette balade dans cet ancien quartier et ce marché est
l'occasion de voir des culottes fendues encore portées traditionnellement en
Chine par les jeunes enfants et même, plus curieusement, une culotte fende
portée par dessus une couche! Les décorations du Nouvel An chinois sont encore
en place et l'on peut voir ici que l'on célèbre l'Année du Mouton (celle de la
Chèvre au Japon).
Il est temps d'y arriver car l'activité s'y réduit après 18H30. Cette partie
ancienne de la ville est en pleine transformation: quelques restaurations et pas
mal de démolitions. Depuis plusieurs années, l'existence même de ce marché à cet
endroit est en question. Ce qui surprend, au sens propre des mots, ce sont les
motos électriques totalement silencieuses qui circulent dans les ruelles aux
abords du marché. De cet endroit, on aperçoit un clocher et non loin le dôme et
le minaret d'une mosquée car la ville compte des représentants d'une vingtaine
de minorités dont les musulmans Hui.
Selon le Petit Futé: «Autrefois, la ville possédait un grand quartier Hui;
désormais, il n’occupe qu’une infime partie de la ville. Cependant, cinq
mosquées sont encore actives à Kunming. La plus ancienne a été détruite et
reconstruite dans un style beaucoup plus moderne. Elles ne sont certes pas des
exemples de beauté architecturale comme celle de X’ian (province du Shaanxi),
mais certaines peuvent tout de même se visiter. N’oubliez pas de demander
l’autorisation avant de rentrer. Autour des lieux de culte se dresse un petit
quartier musulman avec de petits restaurants. Aujourd’hui, la communauté Hui
compte environ 10 millions d’individus en Chine. L’islam influence au quotidien
cette communauté respectueuse des préceptes du Coran. Les femmes portent le
voile et les hommes portent également une calotte blanche. Les musulmans
débarquèrent en Chine dès le Ve siècle av. J.-C., mais ce n’est qu’à partir du
VIIe siècle apr. J.-C. que des foyers de populations vinrent commercer et
s’établir dans le pays, notamment à Canton, Quanzhou ou bien encore Xi’an. On
retrouve une plus forte concentration de Hui sur l’ancienne Route de la soie,
dans les provinces du Nord-Ouest de la Chine. L’histoire montre que les Hui se
sont toujours bien intégrés à la population chinoise. Ils apportèrent de
nombreuses contributions au pays surtout dans le domaine des sciences et de la
médecine. De nombreux lettrés musulmans marquèrent l’histoire de Chine et
occupèrent des fonctions importantes en politique. Zheng He, l’amiral aux
commandes de sept grandes expéditions maritimes sous les Ming, était l’un
d’entre eux».
Certes il y a des fleurs et des oiseaux sur ce marché, notamment des oiseaux
colorés, chanteurs ou parleurs: perruches, canaris, menâtes. Mais on trouve
aussi des fossiles et surtout toute une Arche de Noé avec poissons multicolores,
tortues, escargots, lézards, écureuils rayés, hérissons blancs (!), lapins,
cochons d'Inde, souris, insectes noirs genre cafards, des poussins colorés en
rouge, jaune, vert fluo... pour offrir aux bambins, vers à soie et autres
larves, scorpions, serpents, grosses araignées velue genre mygale. Encore plus
étonnant, un secteur est consacré aux chatons et aux chiots (de compagnie).
Selon le Petit Futé:
«Difficile d’échapper à la foule, mais les cris des passants mêlés aux harangues
des marchands et aux piaillements des oiseaux donnent au marché une ambiance
très particulière. Il s’agit là de l’un des lieux de promenade les plus
agréables de Kunming. Plusieurs rues abritant les dernières vieilles maisons en
bois de la ville délimitent ce marché de plus en plus varié, où l’on trouve non
seulement des fleurs et des oiseaux, mais également des antiquités (ou
prétendues telles), des jouets, des cd-roms et objets en tout genre».
Pendant ce temps, des hommes jouent aux cartes ou devisent en mangeant sur le
pouce devant des cuisines de rue.
Nous retrouvons le bus sur le parking situé devant le lourd édifice du Palais du
Gouvernement Provincial qui n'est utilisé que lors de sa réunion annuelle. Le
bus a quelques difficultés à regagner les grands axes après être passé par des
ruelles.
Nous dînons au 7e étage de l'hôtel Long Way, le groupe se répartissant autour de
deux tables rondes munies de traditionnels plateaux tournants. Au menu, entre
autres, sorte de Parmentier, porc aux champignons, poisson (d'eau douce), purée
épicée, potiron, légumes feuilles bouillis, poulet aux noix de cajou, boulettes
faites d'un mélange de tofu et de viande, tranches de fruits et minis tomates et
enfin "gâteau" de sarrasin de couleur moutarde (mélange avec potiron ou
carotte?) fourré de lardons...
Nous découvrons que nous n'allons pas dormir au New Camellia Hotel,
établissement appartenant aux pouvoirs publics qui l'ont "réquisitionné" pour
une réunion officielle. Selon Delphine, nous n'allons pas perdre au change en
profitant des 4* du Jin Jiang Hotel situé au sud de la ville. Pourtant
l'établissement est quelque peu défraîchi: moquettes sales, mobiliers abimé,
nuisances sonores dues aux sanitaires. Il ne vaut guère plus de 2 ou 3*...
Ce qui est le plus appréciable dans cet hôtel, c'est de pouvoir y prendre le
petit-déjeuner au dernier étage dans la salle panoramique à 360°.
Vendredi 27 mars
Départ à 8H30.
Aujourd'hui le ciel semble un peu menaçant.
3 - Musée des Nationalités (les minorités ethniques)
Une quarantaine de minutes de trajet pour nous rendre au Musée des Minorités
ethniques de Haigeng, à une dizaines de kilomètres au sud de Kunming, près du
lac Dian. Un lac d'une vingtaine de kilomètres de longueur pour une dizaine de
mètres de profondeur et couvrant 340 km². Un lac pollué où l'on pratique
pourtant la pisciculture.
Nous avons tout loisir de voir les quartiers neufs périphériques avec des
publicités immobilières. Pendant un long moment nous roulons sur une file
parallèle à des dizaines d'autobus verts transportant des scolaires également en
uniformes verts. Ils se rendent en visite au Village des Nationalités, un parc
de 6000 ha où sont reconstitués des villages de minorités. Pour notre part, nous
allons visiter le musée des nationalités qui se trouve près de là, après un
rond-point orné de 3 cors himalayens géants et dorés.
Le musée construit sous la forme d'une étoile et sur deux niveaux constitue une
excellente introduction pour découvrir costumes et coiffes, arts populaires,
fêtes et traditions, outils, masques, tambours de bois (le secteurs des
instruments de musique est fermé pour cause de travaux), totems et statues
gardiennes, armes, poteries utilitaires et statuettes ...
Les costumes retiennent longuement notre attention puisque c'est un moyen de
reconnaissance et qu'ils font partie de l'identité d'un peuple, et ce musée
montre combien le Yunnan est une région composite en termes d'ethnies. D'après
Delphine, 52 des 55 minorités chinoises sont présentes au Yunnan dont 25
majeures car comptant plus de 150 000 individus, la principale étant celle des
Yi. A cela, il faut ajouter que les particularismes de chacune donnent naissance
à plusieurs centaines de groupes de populations différents.0% de la population
du Yunnan appartient à une minorité.
Vers 11H30, nous quittons la ville en direction du sud...
Pendant cinq jours, du 27 au 31 mars, notre circuit nous conduit vers le sud du
Yunnan avant que nous repassions à Kunming.
Mardi 31 mars - De passage à Kunming au milieu du circuit
En milieu d'après-midi, après quelques jours passés dans le sud de la province,
nous revoici à Kunming, juste pour y faire étape avant de monter vers le nord. A
nouveau les Monts de l'ouest, le lac Dian et les gratte-ciel en construction
noyés dans un smog de brume et de pollution.
4 - Luyu Tea Wholesale Centeralta, Centre du thé Luyu (thé Pu'erh)
Delphine a prévu de nous conduire dans une boutique de thé haut de gamme, le
Centre du Thé Luyu (Luyu Tea Wholesale Center), dans le quartier Panlong au nord
de la ville.
On nous y présente la spécialité de la maison, le fameux thé Pu'erh obtenu à
partir de feuilles d'une variété de théier poussant au Yunnan et nommé Camellia
sinensis type assamica ou "théier de l'Assam " ou "théier à grandes feuilles" de
10–15cm de long, dont les caractéristiques différent suivant que la cueillette
s'effectue au printemps, en été ou en automne. A l'état sauvage, ces théiers se
présentent sous forme d'arbres dépassant les 15 mètres de haut dans le sud-ouest
du Yunnan, dans les régions de Pu'er-Simao et de Xishunagbanna. C'est un thé
post-fermenté qui doit son nom à la ville de Pu'er Cette ville fut longtemps un
important centre commercial situé sur l'ancienne Route du Thé et des Chevaux
reliant le Yunnan au Tibet. Le thé produit dans la région était compressé pour
pouvoir être plus facilement transporté par des caravanes jusqu'au Tibet.
Les feuilles de thé Pu’erh se conservent plus d’un demi-siècle comme un grand
cru. On accorde à ce thé de nombreuses vertus médicales, comme celles de
faciliter la digestion, de perdre du poids, de réduire la tension, le mauvais
cholestérol et la glycémie (dans le diabète) et de lutter contre des maladies
par son caractère antioxydant. Bref, on pourrait s'étonner qu'il ne soit pas
encore remboursé par la Sécu!
Le thé vert compressé, sheng cha ("thé cru") suivant la méthode traditionnelle
de fabrication du pu'erh, est fabriqué comme un thé vert puis compressé en
briques, en galettes ou en nids (couronnes). Ce thé doit donc être râpé avant
d’être consommé.
Il peut être vendu immédiatement (thé sheng bing) ou après un temps de
vieillissement plus ou moins long (thé lao bing) au cours duquel se produit une
fermentation lente, les feuilles se bonifient, perdant leur astringence et
évoluent vers un bouquet subtil. Ces derniers sont rares et chers. Mais pour se
faire une opinion, il faut déguster.
Pour 2 personnes, il faut détacher un fragment de la brique de thé compressé,
"un demi doigt", soit environ 4 ou 5 grammes. Pour apprécier le thé Pu'erh, il
faut d'abord effectuer un rinçage avec une eau chaude non bouillante (80°).
Après ce rinçage, on verse de l'eau chaude que l'on laisse infuser pas plus de 2
minutes. On peut réinfuser à 5 ou 6 reprise voire davantage et le même thé peut
ainsi accompagner l'amateur tout au long de la journée. Une autre façon consiste
à prolonger l'infusion jusqu'à 10 ou 15 minutes mais avec une grande quantité
d'eau. Le thé ainsi obtenu pourra être emporté dans une bouteille thermos pour
la journée.
La dégustation de pu'erh de 3 ans, 8 ans ou 13 ans d'âge est édifiante:
amertume, saveur forestière puis douceur. La reine Elisabeth aurait qualifié ce
dernier de "Beauté orientale"... Nous goûterons également un thé vert au jasmin
(la saveur ne provient pas directement de l'incorporation de fleurs mais par
imprégnation), puis le "Dragon Noir", un thé wulong à l'osmanthus et enfin un
thé rouge aux litchis.
Evidemment, la brique de 250 grammes de thé de 13 ans (millésime 2002) n'est pas
donnée: 75€, ce qui donne droit en cadeau à un pot de thé wulong ou oolong (thé
partiellement oxydé, pauvre en théine qui se présenter sous forme de feuille
enroulées en "perles") et à une théière...
A noter le comble que pendant notre circuit nous n'aurons pas le loisir de
visiter une manufacture de thé et même pas de s'arrêter dans une plantation...
Dommage!
5 - Yunnan Art Theatre, spectacle de danse Yunnan Dynamic**
Nous dînons rapidement au restaurant Qingxiangyuan en périphérie nord de la
ville car il faut être arrivé avant 20H au Yunnan Art Theatre pour un spectacle
qui dure une heure et demie. Delphine nous fourre rapidement dans des taxis pour
se rendre à ce théâtre situé en pleine ville.
Le spectacle Dynamic Yunnan est dirigé par Yang Liping (née en 1958), une
ancienne danseuse de ballets classiques originaire du Yunnan. Elle a parcouru le
Yunnan à la recherche d'une soixantaine de jeunes danseuses talentueuses issues
de minorités qu'elle a ensuite formées.
Le spectacle dont certaines parties ont été produites lors de la cérémonie
d'ouverture des J.O. de 2008, fusionne la beauté des danses et chants
traditionnels des minorités ethniques du Yunnan (évoquant la vie quotidienne, le
bouddhisme tibétain) et des danses très modernes. On peut aussi y voir des
danseurs porteurs de masques traditionnels et entendre les battement d'une
soixantaine de tambours...
Un seul regret, les photos sont interdites sauf pendant le final et les
resquilleurs sont pourchassés... Les photos présentées ici ont donc pour la
plupart été récupérées sur le web...
Retour au New Camellia Hotel,en empruntant un bus urbain.
Pendant une semaine, du 1er au 7 avril, notre circuit nous conduit vers le nord
du Yunnan avant que nous repassions à Kunming.
Mardi 7 avril - Fin de circuit à Kunming
Le Boeing 737 de la compagnie Lucky Air venant de Zhongdian se pose à Kunming
vers 10H.
Un nouvel autocar est à notre disposition pour le bout de journée que nous
allons passer dans la ville.
6 - Jin Dian, le Temple d'Or (XVIIe s.)* et vol de retour en France
Nous allons visiter le Jin Dian, le Temple d'Or situé à une dizaine de
kilomètres au nord du centre de la ville au sommet de la colline de Mingfeng (du
"phoenix chantant"). Il est situé au milieu de magnifiques jardins qui
abritaient autrefois la maison du Général Wu Sangui, sous la dynastie Ming. Le
gouverneur du Yunnan, Chen Yongbing, décida d’utiliser pour cette construction
le bronze que la région du Yunnan devait envoyer en Chine centrale pour
fabriquer des pièces de monnaie lorsque ces échanges furent rendus impossibles
par les guerres.
C'est un temple dédié à Zishi, un héros qui est aussi un dieu taoïste. Des 5
"temple d'or" existant en Chine, avec ses 260 tonnes, c'est le plus important,
précédant le Pavillon Baoyun dans le Palais d'Eté de Pékin (207 tonnes).
A propos de ce monument, le Petit Futé nous dit:
«Datant de 1671, le temple actuel est en fait une reproduction du pavillon
principal d’un premier sanctuaire construit en 1602, sous la dynastie des Ming.
En 1637, ce temple original fut déménagé vers la montagne sacrée Jizu, près de
Dali. Il fallut attendre l’ordre du général Wu Sangui pour qu’une réplique du
Temple d’or ne revienne sur son site d’origine. Dans un premier temps appelé
palais de l’Harmonie Suprême (Taihe Dian), il fut plus tard nommé temple aux
Tuiles de bronze (Tongwa). Ses piliers en bronze et ses tuiles recouvertes de
feuilles d’or expliquent son nom actuel. A l’intérieur du temple, tout est en
bronze: les statues des dieux, les panneaux d’inscriptions, les charpentes, les
colonnes et les murs, soit en tout plus de 250 t de métal».
Un accès plus direct évite de grimper les centaines de marches conduisant au
sommet de la colline. Nous franchissons la Porte Lingxing au portail peint ave
ses poutres et chevrons sculptés.
À l'intérieur du temple sont exposés de nombreux objets anciens, parmi lesquels
une épée à double tranchant, d’un poids de 20kg ou encore un sabre pesant 12kg,
doté d’un manche en bois. Dans un pavillon, on peut voir la Grande Cloche de
l'ère Ming, qui était autrefois à Xuanhua (dans la province du Hubei, au
nord-est de la Chine). Ancienne de plus de 560 ans, elle a été fondue en 1424
sous l’ère Yongle. Elle pèse 14 tonnes et fait 2 mètres de haut et 7 mètres de
circonférence, ce qui en fait la quatrième de Chine en importance. Près de là,
on peut aussi admirer de superbes estampes notamment celle représentant le
général et sa jolie femme.
Delphine nous raconte leur histoire:
«Le général Wu Sangui qui était chargé de défendre la Grande Muraille contre les
Mandchous qui l'assiégeaient était tombé follement amoureux d'une femme qui
vivait hors de l'enceinte de la Grande Muraille. Sachant cela, les Mandchous
enlevèrent cette femme. Le général négocia sa délivrance contre l'ouverture des
portes permettant ainsi aux Mandchous de destituer l'empereur Ming. Mais les
Mandchous ne se contentèrent pas de cette destitution de l'Empereur Chongzhen et
s'emparèrent du trône impérial donnant naissance à la dynastie Qing en 1644.
Assez peu reconnaissant pour le traitre, l'Empereur Shunzhi l'exila dans le sud
de la Chine».
A proximité du temple, on peut profiter de la fraîcheur et de l'agrément d'un
parc qui s'étend sur 32 hectares avec ses fleurs, bonzaïs, arbres (palmiers,
ginkgos, camélias...), arbustes (azalées) et des pavillons se reflétant dans des
bassins. Près de la sortie, attirés par les coups de maillets frappant en
rythme, on peut se laisser tenter par la sorte de nougatine ainsi produite, à
base de farine d'orge, cacahuètes et de graines de sésame. On peut aussi être
tenté de se faire faire une calligraphie de fantaisie avec son prénom.
12H30, il est temps de songer à déjeuner. Au moment de quitter le site, on se
rend compte que l'on a perdu Simon. Coups de téléphones à droite et à gauche et
finalement on le retrouve nous attendant sagement au bas de la colline en train
de trier ses photos.
Les JIAOZI ou "raviolis chinois"
On connaît les JIAOZI (jiao: boule et zi: petite) sous le nom de raviolis
chinois. Les jiaozi sont une des principales nourritures de la Fête du printemps
ou Nouvel An chinois.
De petites boules de pâte sans levure sont aplaties en cercles de 5-6 cm qui,
une fois garnis d'une farce, sont repliés. Ils sont généralement bouillis mais
il existe des préparations à la vapeur ou même en friture. Au moment de les
déguster, on les trempe généralement dans du vinaigre ou un mélange vinaigre et
sauce soja.
Non loin du restaurant "Dengwen Western Restaurant" à l'allure de brasserie
bavaroise, nous déjeunons dans un petit restaurant dont la spécialité très
appréciée de Delphine est celle des raviolis à base de farine de froment comme
dans le nord de la Chine et non pas comme dans le sud, à base de farine de riz.
Ce repas remplace donc le déjeuner qui devait être libre, en compensation de
celui que nous avions "sauté" il y a quatre jours de cela. Nous nous rattrapons
puisque les 20 convives engloutissent 400 raviolis dont la farce est un mélange
de viande hachée et de légumes, au chou, aux oignons, à l'anis...
Après cela, comme il reste un peu de temps avant de se rendre à l'aéroport,
Delphine nous conduit dans un magasin d'articles vestimentaires en soie "Sylk
Country" où nous passons une demi-heure.
Puis c'est un court trajet d'une vingtaine de minutes que Delphine, qui s'est
bien promise de ne plus guider de groupes pour notre T.O. et sans doute tout à
la joie d'être débarrassée de nous, met à profit pour pousser la chansonnette,
bien jolie ma fois... mais le temps presse car il est déjà 15H30 et le décollage
prévu à 17H05.
Retour en France: vols Kunming/Canton puis Canton/Paris
Et c'est à l'aéroport que se produit un incident majeur dans la mesure où
seulement 9 passagers sur 19 (y compris l'accompagnatrice) sont enregistrés sur
le vol. Pour couronner le tout, Elisabeth, l'accompagnatrice munie du visa
collectif pour tout le groupe fait partie des 9 privilégiés qui abandonnent
leurs collègues aux seuls bons soins de Delphine qui, heureusement, était restée
jusqu'à l'enregistrement. Elle a dû maudire une nouvelle fois notre T.O. pour ce
"bouquet final". A la dernière minute, elle a pu leur obtenir des cartes
d'embarquement seulement pour le vol Kunming-Canton et les valises non
enregistrées ont dû être gérées comme des bagages de cabine, ce qui a fait
perdre (confiscation) à l'un cinq bouteilles de vin (150€), à l'autre un couteau
tibétain... Et il leur restait à parcourir pas loin d'un kilomètre de couloirs
avec leurs grosses valises car le vol était affecté à l'une des portes les plus
éloignées. Et pour finir, les places pour le groupe se situaient en queue de
l'avion et la plupart des valises ne pouvaient pas être logées dans les
coffres...
Après tous ces épisodes, le vol CZ3408 est effectué dans les temps (envol de
Kunming à 17H05 et arrivée à Canton à 19H20) avec un biréacteur Boeing 737-800
de la compagnie China Southern comme celui que nous avions eu pour le vol
Canton-Kunming au début du circuit.
Heureusement que l'escale de quatre heures et demie à Canton, laissait plus que
le temps nécessaires aux 10 "rescapés" pour se faire enregistrer correctement
sur le vol Canton-Paris.
Que ce serait-il passé si nos malheureux collègues n'avaient pas pu embarquer in
extremis et s'il n'y avait pas eu d'autre vol vers Canton durant notre temps
d'escale?
Avec un quart d'heure de retard, nous avons décollé un peu après minuit trente
sur le vol CZ347, avec un biréacteur Airbus A330-200 de la Compagnie China
Southern. Le plan de vol a curieusement fait monter l'avion vers le nord de la
Chine avant de se diriger logiquement vers l'ouest, ce qui a fait que nous avons
emprunté une route très au nord, passant par Saint-Pétersbourg et la Mer
Baltique.
Après 12H15 de vol et un parcours de 6200 miles (10 000km), nous arrivons à
Roissy à 7H15, avec un quart d'heure d'avance sur l'horaire théorique et avec un
curieux commentaire en français du chef de bord "l'atterrissage s'est déroulé
sans encombre" (!) comme s'il s'agissait d'une exception. Sans doute un trait
d'humour franco-chinois...
Toujours est-il qu'il fait bien beau en France en ce début d'avril, ce qui rend
le retour un peu moins nostalgique.
___________________________________________
SUD
Le sud du YUNNAN **
1- SHILIN: la Forêt de Pierres Noires de Naigu**
2- Villages de minorités sur la route vers le sud*
3- Rizières en terrasses de YUANYANG***
4- JIANSHUI, trajet et environs*
Menu YUNNAN
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LE YUNNAN,
une mosaïque ethnique.
A 92%, la Chine est peuplée par l'ethnie Han. Les 8% autres sont partagés entre
55 minorités ethniques dont 18 comptent plus d’un million de personnes.
Les Zhuang (vivant dans le Guangx) sont les plus nombreux avec environ 17
millions suivis par les Mandchous avec 11 millions.
Le Yunnan se distingue par une grande diversité ethnique et culturelle.
Au YUNNAN vivent 25 minorités ethniques (26 ethnies avec les Han) représentant
38 % de la population de la province, face au 62% de Han qui ici sont en maints
endroits minoritaires et bien éloignés par leurs traditions de leurs frères du
nord.
En jaune, les ethnies repérées pendant notre circuit.
1 - Les Yi sont les plus importants (4 millions au Yunnan sur un total de 8
millions en Chine), répartis en plus de 30 sous-groupes (dont les Sani) aux
dialectes et traditions vestimentaires souvent bien différents. Ils étaient les
fondateurs au 8ème siècle, avec l’ethnie Bai de Dali, du puissant royaume de
Nanzhao.
2 - les Bai (1,5 million),
3 - les Hani (1,4 million) ou Aini, ils sont appelés Akha en Thaïlande et en
Birmanie et Iko au Laos. Ils vivent dans une société matriarcale.
4 - les Zhuang (1 million),
5 - les Dai (1 million), une population de type Thaï utilisant une écriture
thaïe.
6 - les Miao (1 million sur un total de 9 millions en Chine), ils sont aussi
présents au Nord Vietnam, Nord Laos et jusqu'au Nord de la Thaïlande où ils sont
appelés Hmong.
7 - les Hui (500 000),
8 - les Lisu (500 000 ou 640 000?),
9 - les Lahu (400 000),
10 - les Wa (300 000),
11 - les Naxi (280 000 ou 320 000?) qui possèdent une langue et une écriture
propres, les pictogrammes dongba,
12 - les Yao (180 000 ou 200 000 sur un total de 2,7 millions en Chine),
13 - les Jingpo (135 000),
14 - les Tibétains (100 000 ou 120 000?) avec une langue et une écriture
particulières,
15 - les Bulang (80 000),
16 - les Buyi (35 000)
17 - les Achang (27 000 ou 34 000?),
18 - les Moso (30 000) ou Mosuo vivent dans une société matriarcale.
19 - les Nu (25 000),
20 - les De'ang (17 000),
21 - les Mongols (13 000),
22 - les Shui (7 000),
23 - les Dulong (7 000 ou 5 400?),
24 et 25 - les Pumi et les Mandchous
Malgré le folklore touristique, ces peuples minoritaires ont dans l’ensemble su
maintenir leurs structures sociales, leurs traditions et leurs modes
vestimentaires, voire leur langue et leur écriture.
Lors du rattachement du Tibet à la République populaire de Chine, une large
partie des plateaux tibétains (région du Kham) a été rattachée au Yunnan, et
avec eux une population de 120 000 Tibétains, la culture tibétaine est restée
vivace: monastères, écoles (produisant des thangka) et médecins bouddhistes
lamaïques, élevage du yak, langue et écriture...
De nombreuses chansons Zhuang se retrouvent dans les karakoés, connues et
appréciées par la majorité des Chinois.
Dans le district de Lijiang, la culture dongba des Naxi (écriture
pictographique, religion animiste et totémiste, mêlée de bouddhisme) est très
présente. La musique purement acoustique reste très importante dans la culture
Naxi, alors qu'elle est plus souvent mêlée à de la musique électrique ou
électronique dans les autres cultures chinoises. On peut entendre différentes
formations orchestrales composées d'une vingtaine d'instrumentistes.
Dans le district de Dali, les Bai majoritaires, sont vêtus de costumes composés
de blanc et d'autres couleurs selon les branches de la culture bai.
Dans le Sud du Yunnan, à Xishuangbanna, près de 75% de la population est de la
minorité Dai, d'origine thaïlandaise, le hulusi, instrument de musique dai, est
très répandu. La production d'argenterie et de bijoux ornés de pierres
précieuses est une spécialité des hommes dai qui doivent offrir des bijoux pour
leurs futures ou actuelles épouses.
Menu YUNNAN
Etape précédente: KUNMING
Etape suivante: Sud du Yunnan
Vendredi 27 mars - Départ vers le sud
Sous un ciel incertain, nous avons quitté le Musée des Nationalités de Kunming
vers 11H15 et nous allons emprunter environ 90 kilomètres d'autoroute. Delphine
frémit toujours à la vue des balayeurs travaillant sur les autoroutes avec pou
seule protection leur gilet fluorescent...
Nous partons en direction du sud-est, vers la forêt de Pierres (Shilin), via des
gorges où des ingénieurs français (début XXe s.) créèrent de nombreux ouvrages
d’art ferroviaire pour une voie métrique qui reliait Kunming à Hanoï,
c'est-à-dire le Yunnan et l'Indochine... Environ 60% de cette ligne, soit 460km,
se trouvant au Yunnan dont les Français exploitaient les ressources minières.
Sur cette ancienne voie, le "trafic voyageurs" a cessé dans les années 1980.
Nous la reverrons souvent en parallèle au réseau autoroutier. Par ailleurs cette
ligne va être doublée par une voie ferrée moderne. Bientôt nous apercevons les
premières formations rocheuses de type karstique. Les Chinois n'ont guère
d'égards pour elles, n'hésitant pas à les faire traverser par des routes tandis
que des entreprises en extraient des blocs sans doute destinés à orner le parc
des villas de nouveaux riches....
1 - La Forêt de Pierres Noires de Naigu**
Nous allons déjeuner à 13H non loin du site principal de la Forêt de Pierres au
restaurant Ashi Ma, un grand établissement sans charme, sale et bruyant, au
service rapide... Seule originalité: le táozá, un fromage de chèvre frais
délicieux.
Par contre, on peut trouver dans la boutique de délicieux gâteaux fourrés aux
pétales de roses. On en trouvera même par la suite dans les grands sites
touristiques du nord (Dali, Lijiang). Delphine nous précise qu'ici on peut
acheter les roses au kilo, lequel coûte moins cher qu'un kilo de brocolis!
Nous laissons de côté la Forêt de Pierres du site central de Shilin et ses
bruyantes meutes de touristes chinois pour nous rendre 10 kilomètres plus au
nord, à la Forêt de Pierres Noires de Naigu.
Mais avant d'y parvenir, nous sommes bloqués pendant une dizaine de minutes par
une cérémonie funéraire qui se déroule sur la route tandis qu'une petite pluie
se met à tomber. D'après Delphine, il s'agit de Yi dont les coutumes funéraires
sont différentes de celles de la majorité Han. Des couronnes faites de papiers
très colorés sont chargées dans un camion pour être brûlées avec le corps du
défunt. Bientôt c'est une longue série de pétards disposés sur la route qui
éclatent en dégageant une épaisse fumée. De la foule émerge la dépouille
couverte de fleurs, placée sur un brancard et portée à l'épaule. Une partie des
gens présents ont le front ceint d'un bandeau de couleur claire. Puis ces
membres proches de la famille s'agenouillent sur la route tandis que les
porteurs font passer la dépouille au-dessus de leur tête. Quel étrange
cérémonial...
La foule se disperse libérant le passage alors que la pluie à cesser. Nous
allons pouvoir jouir d'un spectacle plus riant sur le site où nous arrivons à
14H15. Nous allons y passer deux heures et demie.
La Forêt de Pierres qui s'étend sur 350km² comporte deux sites qui forment,
selon les guides, le plus haut paysage karstique du monde et l'un des plus
beaux. Le relief ruiniforme comporte de nombreux rochers verticaux d'où l'image
de la forêt. Pour nous, cela rappelle fortement une formation karstique encore
plus spectaculaire et en tout cas plus sauvage, située bien loin d'ici, le site
des grands Tsingy, à l'ouest de Madagascar.
La roche calcaire fut au fil du temps polie, sculptée, rongée par le temps et
l’érosion. Des grottes, des forêts de pierres, des falaises, des cavernes
semblent apparaître par magie. Delphine nous précise que la population de
l'ethnie Sani (comptant 100 000 individus) qui occupait le site a été déplacée
lors de sa mise en valeur touristique et en vue de son classement. Cette
population vit aujourd'hui largement du tourisme autour du site central de la
Forêt de Pierres. Les Sani sont un sous-groupe de la grande ethnie des Yi
(encore appelés Lolo, ce qui signifie "dénudé" dans les pays voisins du sud-est
asiatique) qui, elle compte environ 8 millions d'individus au Yunnan.
Extraits du Petit Futé:
«Ces paysages chinois surprenants sont aujourd’hui classés au Patrimoine Mondial
de l'Humanité de l'UNESCO [...] les formations karstiques du Sud de la Chine
s’étirent des célèbres pains de sucre de Guilin, à travers la province du
Guizhou jusqu’au Yunnan. Aux portes de Kunming, elles se transforment en un
relief ruiniforme des plus fascinants: la forêt de pierre, ou Shilin. Cette
forêt est un endroit magique, un véritable musée naturel, une sorte de chaos
fantastique de rochers aux formes plus étranges les unes que les autres. Vues de
loin, ces formations de pierre ressemblent bel et bien à une immense forêt. A
l'origine, ces éminences rocheuses étaient sous l'eau: une simple partie des
fonds sous-marins, formée de couches calcaires façonnées par une érosion vieille
de 270 millions d'années et subissant les déformations de la croûte terrestre
pour devenir ce grand ensemble de colonnes de pierres. Les étranges formations
de ce labyrinthe de rochers, parfois hautes de 30m, s’étendent sur 27000ha.
Seuls 80ha sont accessibles aux touristes, qui incluent la forêt de pierre
voisine de Naigu, plus petite mais aussi plus sauvage. Dans ce dédale pétrifié,
il est facile de se perdre si l'on sort des chemins aménagés dans le roc. Au
milieu de ces paysages singuliers de pics, de caves, d'étangs et de roches
parfois en équilibre instable, quelques pavillons chinois construits ici et là
sur des points relevés permettent d'embrasser une vision plus globale du site.
L'imagination chinoise trouve alors matière à vagabondage, et les noms poétiques
et évocateurs abondent : l'épouse attendant son mari, la cloche de pierre, les
deux oiseaux se donnant mutuellement à manger, les escaliers qui montent au
ciel, le phénix lissant son aile…
Près de la Forêt de pierre habite la minorité ethnique des Sani. Un grand nombre
d’entre eux viennent vendre leur artisanat fait de jolies broderies à l’entrée
de la forêt. Chaque 24e jour du 6e mois lunaire (fin juillet-début août), lors
de la fête des Torches, les jeunes gens Sani chantent et dansent au clair de
lune dans un amphithéâtre naturel [...] Si la forêt des pierres de Shilin est
incontestablement un site de toute beauté, l'exploitation touristique à
outrance, le prix très prohibitif, les voyages organisés, les installations qui
ne servent pas à grand chose, les navettes incessantes et la grande musique ont
pour effet de dénaturer l'ensemble, et en agaceront plus d’un. C’est
malheureusement une tendance qu’on retrouve trop souvent dans les sites les plus
attractifs du pays, avec exploitation sans aucun respect (pour la nature et,
plus encore, pour les habitants) par une grosse entreprise au mépris de la
beauté des lieux. On pourrait même, en toute franchise, se demander comment
Shilin peut rester au patrimoine mondial de l'UNESCO avec tous ces ajouts
superflus et monstrueux, et tout simplement si son inscription à cette liste
tant convoitée n'est pas finalement une malédiction. En clair, passez à Shilin
si vous êtes dans la région, mais si le tourisme à la chinoise et son côté
Disneyland n'est pas pour vous, passez votre chemin. Vous voila prévenus.»
Une définition également tirée du Petit Futé:
«Le mot "karst" vient de "kras", nom d’une région de Slovénie au modelé
caractéristique. Le terme fut germanisé et devint "Karst", lorsque le pays fut
absorbé par l’Empire austro-hongrois. Le karst est un paysage façonné dans des
roches solubles carbonatées. Ce n’est pas une roche mais bien un paysage qui
peut se développer dans le calcaire principalement, mais aussi dans le marbre,
la dolomie ou encore la craie. Les paysages karstiques sont caractérisés par des
formes de corrosion de surface, mais aussi par le développement de cavités dus
aux circulations d’eaux souterraines. »
La saison pour visiter le site est plaisante avec les superbes azalées
japonaises (avec leurs feuilles persistantes) et les azalées dites de Chine
fleuries avant que leur feuillage apparaisse. Une floraison en avance d'un mois
et demi par rapport à chez nous!
Autre plaisir floral avec l'immense terrain de plusieurs hectares qui précède
les premières formations du site de Naigu. C'est une mer de fleurs de couleur
mauve-lilas de ce qui me semble être de la Monnaie du Pape ou Lunaire (Lunaria
annua).
Et agréable surprise, il n'y a pratiquement personne sur ce site en dehors de
notre groupe. En fin de parcours nous rencontrerons seulement une dizaine de
Chinois.
En se promenant par les sentiers très aménagés, Delphine nous invite à découvrir
des formes humaines ou animales évocatrices comme adorent le faire les Chinois:
"la famille" (deux adultes de profil accompagnés de leurs deux enfants), "les
lions amoureux", "les deux cochons affrontés", "le Bouddha à quatre faces", "la
tortue"...
Par moment, le sentier se fait labyrinthique, passant sous de petites arches,
empruntant des marches, conduisant à des belvédères d'où la vue s'étend à des
kilomètres ou longeant de petits étangs formant de merveilleux miroirs....
Peu après avoir quitté le site, nous traversons un hameau où une foire un marché
semblent s'être tenus car on voit de nombreux paysans s'en allant en tenant un
buffle, corde à la main...
Nous reprenons la route vers le sud, en direction de Mile, ville distante
d'environ 80km, où nous ferons étape ce soir, la ville qui donne son nom au
Bouddha du Futur, Milefo...
C'est une région de culture de tabac mais on est encore trop tôt en saison pour
le voir planté. Comme les théiers (plantations que nous ne verrons pas), le
tabac apprécie les sols calcaires de cette région.
Nous allons dîner dans un petit restaurant populaire Jing Hua Shi Fu. Un bon
repas copieux (11 plats dont haricots rouges en panure épicée, fèves... et en
dessert de fines nouilles sucrées!) mais dans un environnement sale comme
souvent en Chine et dans une atmosphère très bruyante et enfumée de cigarette.
Nous logeons à l'hôtel Hong Yan ("Fleuve Rouge"), un 3-4* qui appartient au
riche manufacturier de tabacs et cigarettes Honhe. L'endroit est calme car
voisin d'un parc et d'une zone résidentielle pour une population aisée.
En revanche, la formule de petit-déjeuner sera exclusivement chinoise (divers
sautés, nouilles, riz, raviolis...). La confiture est chichement présentée et
Delphine assure le ravitaillement en pain brioché. En outre, il faut s'armer de
patience si l'on veut se faire servir du thé...
2 - Villages de minorités sur la route du sud vers Yuanyang
Samedi 28 mars
Nous quittons Mile à 8H45 et bientôt nous passons près d'un grand terrain que
l'on pourrait qualifié de cimetière en raison du grand nombre de tombeaux Han
qui y sont érigés. Puis ce sont des champs de vigne en plein vent ou sous voile
protecteur.
Nous passons bientôt aux abords de la ville de Kaiyuan (260 000 hab.) aux
industries chimiques et minières (manganèse, hydrocarbures, papier...).
Arrêt à Malipo, village de l'ethnie Miao *
Delphine nous conduit dans le village de Malipo habité par l'ethnie Miao. C'est
une ethnie importante avec plus de 10 millions d'individus (à laquelle
appartiennent les Hmong du Vietnam et du Laos) dont 9 millions dans diverses
provinces du sud de la Chine et plus précisément 1 million au Yunnan.
Nous allons consacrer une bonne demi-heure à visiter le village qui compte 220
familles.
Petit tour dans le village où l'on voit d'un coup d'oeil les différences de
richesse. Les maisons traditionnelles sont en terre sous forme de pisé et
couvertes de tuiles jolies rondes flammées qui s'effacent devant des tuiles
vernissées couleur bleu pervenche tandis que les murs de briques cuite et de
parpaing de ciment ne sont pas rares. Une "école de l'espoir" a été offerte au
village par la ville de Shanghai. Ecole fermée aujourd'hui samedi, dommage!
On y verra une vieille dame près de sa modeste masure mais fière de se présenter
dans on costume du tous les jours brodés de couleurs vives et avec sa jupe aux
mille plis et ses guêtres. Traditionnellement les femmes portent sur elle leur
fortune sous forme de bijoux pour parer à l'éventualité d'une catastrophe
naturelle provoquant la destruction de leur maison.
Non loin de là on trouve deux petites épiceries. Nous intéressons les enfants
plus ou moins dépenaillés et certains encore dotés de la culotte fendue. Là, une
femme rentre au village lourdement chargée d'une hotte remplie de fourrage.
Une cour a l'air particulièrement animée du fait que plusieurs villageois s'y
sont retrouvés pour les cochonnailles sous le regard du policier municipal. On a
sacrifié un cochon et une dizaine de volailles. Sous un abri, les femmes, dont
une partie porte le costume traditionnel, épluchent, hachent ou pilent les
légumes (force piments, oignons rouges, ail...) tandis que les hommes sont
répartis en deux groupes: les uns débitent la carcasse sous un hangar tandis que
les autres sont installés en plein air et occupés à hacher menu la viande. Sur
un foyer, deux grandes marmites chauffent tandis qu'un barbecue attend un peu
plus loin. Il s'agit de préparer les festivités pour l'anniversaire du père
selon les informations recueillies par Delphine. Sur la place les enfants jouent
et une fillette retient l'attention avec son costume de fête et sa coiffure.
Arrêt à Shadian, village de l'ethnie Hui
Il est 11H15 quand nous quittons Malipo avec devant nous une petite heure de
route pour arriver à notre étape suivante, le village de Shadian (8000 habitant)
habité par la minorité musulmane des Hui où Delphine a longuement hésité à nous
conduire.
Les Hui sont des musulmans sinisés. D'origine perse ou arabe, ils se sont mêlés
aux Han et en ont les caractères physiques. Dans la capitale des Tang, régnant
depuis Chang'an (actuelle Xi'an), des Arabes se sont installés au cours de la
seconde moitié du VIIe siècle: des mercenaires recrutés pour combattre dans
l'armée impériale et des marchands de la Route de la Soie. D'autres musulmans
sont arrivés sous les Song (Xe-XIIe) et sous la dynastie mongole de Yuan
(XIIe-XIVe). Le plus célèbre des Hui est l'amiral Zheng He qui, de 1405 à 1433,
mena 7 expéditions vers le Moyen-Orient et la côte est de l'Afrique.
A l'approche de la ville, nous passons plusieurs contrôles de police. Une fois,
l'agent procède au contrôle systématique de tous les passeports. Une autre fois,
seuls les passagers situés à l'avant y sont soumis et les autres fois, les
policiers se bornent à échanger avec le chauffeur et la guide. Enfin, en
arrivant en périphérie de la ville, on peut voir des dizaines de véhicules de
police sur un grand parking. Pourquoi toute cette agitation ? Delphine nous
indique que les autorités craignent l'infiltration de terroristes Ouighours
depuis la lointaine province musulmane du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine.
Cela en raison de l'exécution récente de trois terroristes qui avaient commis un
attentat à Kunming en 2013.
En outre, cette ville a un passé douloureux car la pratique religieuse y a été
réprimée lors de la Révolution Culturelle. La révolte populaire a été violemment
réprimée par l'armée en 1975. Le bombardement de la ville se traduisit par le
massacre d'un millier de personnes tandis que la ville se retrouvait en ruines,
ce qui explique l'aspect de ville nouvelle qu'elle présente aujourd'hui.
Nous nous bornerons à un arrêt devant la grande mosquée (de style arabe), la
plus grande du sud de la Chine puisqu'elle peut recevoir 10 000 fidèles (6 000
hommes et 4 000 femmes). On ne sens pas particulièrement d'hostilité de la part
des habitants qui passent dans notre voisinage. Il est vrai que nous n'y sommes
moins d'un quart d'heure.
Nous allons rouler pendant une vingtaine de minutes, toujours cap au sud, vers
la ville de Gejiu (200000 habitants, capitale mondiale de l'étain) directement
sur le tropique du Cancer. C'est à ses abords que nous allons déjeuner au
restaurant Yan Zhu. On appréciera les paillassons de pomme de terre et Delphine
saura s'en souvenir pour ses commandes futures. Nos tablées voisinent avec
celles de familles ou de groupes de Chinois. Tandis qu'un homme fume avec sa
pipe à eau, dans une ambiance bon enfant des gamins s'enhardissent à venir jouer
avec nous ou à nous photographier avec leur smartphone.
Arrêt à Abang, village de l'ethnie Dai
Route à nouveau vers le sud à travers vallées et montagnes, en franchissant de
nombreux tunnels de bonne facture. Nous allons nous arrêter dans le petit
village d'Abang peuplé par la minorité Dai. C'est un peuple d'origine Thaï qui
compte 1,2 millions d'individus au Yunnan. Les Dai très présents dans le
sud-ouest de cette province, dans la région du Xishuangbanna et ils pratiquent
le bouddhisme du Petit Véhicule.
Au petit marché forain de Long Bon, les vendeurs de fruits ont installé leur
étal au bord de la route.
Nous faisons d'abord honneur aux délicieux ananas, mangues, petites bananes...
En revanche nous évitons les malodorants durians. On y voit aussi du tamarin,
des racines de lotus... La présence de ces types de fruits s'explique par le
climat tropical qui règne dans cette région et par les échanges avec le Vietnam
tout proche.
Non loin de là quelques villageois s'affèrent à la construction d'un portail en
béton peint à l'entrée du village d'Abang où nous allons passer une demi-heure.
Dans le village, à cette heure chaude de la journée (15H30), plusieurs
villageois se reposent à l'ombre des litchis (les arbres dont les fruits ne sont
pas mûrs) sur la place du village. Certaines femmes portent encore le costume
traditionnel et une sorte de calot relativement, vêtements sombres sauf des
broderies colorées aux encolures et aux manches.... Ce qui n'est pas
incompatible avec l'usage du téléphone mobile! Un tour du village permet
d'observer l'utilisation de briques de terre crue (adobe) pour la construction
des murs. Une technique valable tant que les toitures protègent efficacement les
bâtiments. Ce n'est pas le cas partout à en juger par les ruines que l'on peut
voir. Dans les cours, on peut apercevoir quelques cochons noirs bien en chair.
Nous quittons le village pour retrouver la route au bord de laquelle des femmes
cantonnières reconstruisent le trottoir. On rejoint bientôt le rivage du fleuve
Yuan Jiang (le Fleuve Rouge qui rejoint la Baie d'Halong au Vietnam) sur lequel
est construit un petit barrage. Nous ne sommes plus qu'à 126 mètres d'altitude
et en ce début d'après-midi la température atteint les 30°. La frontière avec le
Vietnam est à une centaine de kilomètre au sud-est (ville vietnamienne de Lào
Cai).
3 - Les rizières en terrasse de YUANYANG**
On remonte le cours du fleuve jusqu'à Nansha, plus connue sous le nom de
Yuanyang, nouveau chef-lieu de la région, à 240 mètres d'altitude. La suite,
c'est une route de montagne en bon état mais sinueuse qui se dirige vers le sud,
sur les flancs de la crête Ailao (qui culmine à 3000 m.), aux environs de 1570
mètres d'altitude.
Les rizières le soir
Après une zone de cultures sèches en terrasses, un peu en dessous de 1000
mètres, apparaissent les premières rizières en terrasses qui vont devenir de
plus en plus spectaculaires comme nous allons pouvoir les contempler durant une
heure. La traversée la ville de Xinjie, l'ancien siège administratif de la
région, où nous viendront dormir est laborieuse. Enfin, nous arrivons dans le
secteur des terrasses de Qingkou après être passés au poste de contrôle où
Delphine a pris un billet valable jusqu'au lendemain.
Le Petit Futé parle de ce site dans les termes suivants:
«[...] Yuanyang est une petite bourgade entourée de paysages époustouflants. Le
petit bourg ne mérite pas en soi le déplacement dans ces contrées du Sud. Mais
les rizières valent bien à elles seules des dizaines d’heures de bus! Réputées
pour être les plus belles de Chine, les rizières de Yuanyang se dressent à moins
de 10km du petit bourg. Le spectacle est grandiose! Cet immense escalier se
dessine sur le relief escarpé, l’eau scintille sous la lumière du soleil et les
premières pousses pointent leur nez dès l’arrivée du printemps. Le paysage
semble avoir été sculpté comme par magie. La région de Yuanyang est marquée par
la forte présence de la minorité Hani. L’histoire raconte qu’ils furent les
premiers cultivateurs de riz de la région, on leur doit d’ailleurs les
magnifiques rizières en terrasse de Yuanyang. Au fil du temps, les Hani sont
devenus de véritables spécialistes en matière d’irrigation. Ils mirent au point
d’ingénieuses méthodes qui permettent d’évacuer le surplus d’eau ou bien de la
maintenir en cas de sécheresse. La récolte du riz se fait dès l’entrée de
l’automne. Tous les villageois sont alors mobilisés. On compte environ 1,25
million de Hani en Chine, ils sont pour la majorité installés dans des villages
dans le Sud du Yunnan. Pour ceux qui veulent découvrir un véritable village Hani
traditionnel, vous pourrez vous rendre à Qinkou (environ 7 km de Yuanyang).
[...]
Vision fantastique que ces rizières en terrasse s’étendant à perte de vue…
D’aucuns assurent que ce sont les plus belles rizières de Chine! Selon la
saison, le paysage peut être complètement différent. Entre les mois de mars et
d’avril, les rizières sont remplies d’eau et semblent briller comme des miroirs.
Au mois de mai, les petites pousses sortent la tête de l’eau. La récolte se fait
au mois d’août. On conseille cependant de vous y rendre assez tôt le matin afin
de profiter du soleil qui se lève sur ce magnifique paysage digne d’un film. Les
rizières se superposent les unes au-dessus des autres comme un véritable
escalier. Une fois au sommet, vous serez à près de 2000m d’altitude, et d’ici
vous verrez l’eau s’écouler à l’aide de canalisations en bambou le long des
sentiers. L’endroit est féerique. Les paysages que vous offrent les rizières de
Yuanyang ressemblent aux images que l’on imagine avant de partir en Chine.
L’espace d’un instant, le temps s’arrête. Vous pourrez vous imbiber des odeurs
et des couleurs… Elles vous rappelleront sans doute les peintures des plus
grands artistes chinois. »
C'est la bonne (la meilleure?) période sur le plan esthétique pour admirer les
terrasses mise en eau depuis la fin de l'année, formant des miroirs tortueux.
C'est aussi un moment de la journée très favorable car leur l'aspect change de
minute à la lumière du soleil déclinant: bleutés, argenté, opales, blancs,
rougeâtres (présence de micro algues). Sans oublier le vert tendre des zones de
semis car le repiquage va bientôt commencer. Elles épousent les courbes de
niveau en gros avec une différence de niveau d'un mètre qu'assurent les murs et
diguettes. Elles couvrent plus de 11000 hectares et sont alimentées par 4650
canaux. Les Hani sont à l'origine de la construction des terrasses, il y a de
cela 1200 an selon certaines sources (700 selon Wikipédia)... Leur exploitation
relève actuellement à parts égales de populations Yi et Hani.
S'agit-il des plus belles rizières en terrasses de Chine? En tout cas, elles
offrent un autre spectacle que celles de Longji ("l'Echine du Dragon") situées
dans la région du Guangxi, non loin de Guilin, que nous avions admirées lors de
notre voyage en 2008.
Evidemment, un tel site est classé au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO mais
seulement depuis 2013.
Près de là, on peut voir des hommes Hani rentrant quelques buffles tandis que
les femmes suivent portant sur le dos de gros fagots de bûches en s'aidant d'une
sangle passée sur le front. Delphine nous dira que les femmes Hani ont souvent
encore un statut très dévalorisé. Leur costume sombre, noir ou bleu nuit, en est
le reflet.
La ville de XINJIE
17H30, il est temps de gagner Xinjie et d'aller déposer nos bagages à l'hôtel
Yunti.
Dans une salle un banquet de mariage se termine. On peut voir que les ethnies se
brassent dans ses occasions comme on peut en juger par les costumes sombres de
femmes Hani et par les broderies colorées des Yi avec leurs étranges pans "en
cravates" qui couvrent le bas du dos. En revanche, les ados ont adopté des
tenues plus ou moins éclectiques de style occidental. Nous faisons les curieux,
ce qui n'est pas du tout mal vu ici, on nous offre même quelques confiseries et
les mariés nous invitent même à trinquer. L'heure des au revoir et donc des
remerciements étant venue, la mariée a quitté la robe blanche occidentale pour
revêtir la robe rouge traditionnelle.
Compte tenu de l'état de la salle après les agapes, Delphine n'a pas tenu à ce
que nous dînions à l'hôtel...
Justement, en attendant le dîner, c'est l'occasion de faire un tour en ville
puisque l'hôtel est parfaitement situé, en plein centre. Nous allons passer une
petite demi-heure sur la grande place voisine qui surplombe la vallée encore
baignée par les rayons du soleil couchant (il est 18H). L'ambiance est agréable:
des jeux sont installés sur des bâches et même des pataugeoires en structure
gonflable pour les jeunes enfants. Les culottes fendues sont présentes
évidemment. Des plus grands profitent d'un trampoline ou jouent avec des cordes.
Les adultes déambulent ou sont assis à prendre le soleil. Les ethnies Hani et Yi
de la région sont bien sûr mêlées sur cette place.
19H, l'heure où Delphine nous regroupe à l'hôtel pour aller dîner dans le tout
petit restaurant Lao si chuan situé au bord de la place. Cela pourrait être un
endroit sympathique mais un groupe d'hommes chinois (certains étant torse nu)
est vraiment trop bruyant, sans parler de la saleté sous leur table. Delphine
avait retenu que nous apprécions le paillasson de pomme de terre...
En sortant du restaurant, on profite de l'animation nocturne avec des
villageois, hommes et femmes, jeunes et vieux, Hani ou Yi, effectuant des sortes
de danses gymniques tout en tournant en rond à la queue leu leu sur plusieurs
cercles.
La nuit à l'hôtel Yunti ne sera pas dérangée par le voisinage mais par un orage
assez violent. Il ne restait qu'à espérer que le ciel retrouve sa couleur azur
pour le lendemain.
Dimanche 29 mars
Le marché de XINJIE
Chez nous, c'est le passage à l'heure d'été. Ici, c'est à 8H, heure locale, que
nous commençons nos visites. L'orage et la pluie ont cessé mais l'atmosphère est
remplie de brume. Un peu de brume peut donner une touche romantique au paysage
mais point trop n'en faut.
La journée commence par la visite du marché de Xinjie. Celui-ci est proche du
centre ce qui est commode pour s'y rendre à pied. C'est un marché couvert sur
deux niveaux. Après avoir gravi un raide escalier métallique fait avec des fers
à béton soudés, nous commençons par l'étage disposé en mezzanine périphérique
qui est affecté au commerce des fruits, légumes et céréales. C'est l'affaire des
femmes et on reste admiratif devant leur force quand on les voit emporter sur
leur dos des sacs de 50 kg de riz et ainsi chargées descendre le raide escalier
métallique.
Nous passons au rez-de-chaussée où sont installés les étals de viande ainsi que
les vendeurs de volaille. Ce n'est qu'à moitié rassurant quand on sait que cette
partie de l'Asie est l'incubateur des épidémies de grippe.
Pas d'équipements réfrigérés et cependant pas d'odeurs désagréables ni de
mouches en cette heure matinale.
Les rizières le matin***
La brume s'est estompée et le soleil est au rendez-vous!
Nous reprenons la route de montagne qui donne des points de vue sur les
terrasses qui s'étagent en contrebas. Nous allons nous arrêter à 5 ou 6 points
de vue à partir d'une route qui passe par les lieux-dits Bada, Luomadian, Sheng
et Duoyishu. Nous commençons nos visites à 9H45, un horaire encore favorable
avant que la lumière du soleil n'écrase trop les paysages.
Les plus motivés peuvent même s'aventurer dans les rizières. Certains sentiers
sont bien aménagés avec des pavés mais jouer aux équilibristes sur des diguettes
boueuses est plus risqué surtout avec les chaussures peu appropriées que l'on a
aux pieds. En fait, l'orage de la nuit a apporté pas mal de terre glaiseuse qui
rend glissants même les sentiers dallés. Lydie en fera la douloureuse expérience
en piquant la tête la première dans un canal. Plus de peur que de mal mais quand
même des bleus, un appareil photo inutilisable sans parler des vêtements
salis...
Comme perdue au milieu des rizières, on aperçoit une sorte de petite chaumière
au loin tandis que plus près de nous trois hirondelles viennent boire au bord
d'une rizière. En dehors du spectacle esthétique des rizières, on peut y voir
quelques paysans au travail. Les uns conduisent leur buffle paître ou travailler
la rizière, d'autres parcourent les diguette avec une hotte. Sur la route qui
surplombe les rizières, des femmes Hani effectuent un travail de forçat en
transportant sur le dos et avec une sangle au front, de lourds paquets de
briques.
Mais il est déjà midi et on ne peut pas s'attarder plus longtemps dans ce site
merveilleux. Dommage, il aurait sans doute été intéressant d'aller d'un autre
côté, aux terrasses de Laohuzui... de même que de visiter des villages typiques
comme le programme le mentionne. Par exemple le village Hani de Qingkou aux
maisons typiques fabriquées en pierre, en brique ou bien en bambou. L’habitat
des Hani comprend deux, voire trois étages, le toit des maisons est souvent
recouvert d’herbe... Mais il y a environ 100 km à pour rejoindre Jianshui, notre
prochaine étape.
Au lieu de cela, nous allons dans le village moderne de Shengcun où, comme elle
en est coutumière, Delphine se met à la recherche d'un restaurant. Une recherche
difficile, puisque en attendant nous avons une demi-heure pour nous balader.
Apparemment c'est un village majoritairement peuplé de Yi. Même des fillettes et
de jeunes enfants portent l'habit traditionnel (sans la coiffe toutefois). Nous
déjeunons au restaurant Wangdian, un petit restaurant tenu par les Yi. Pour
compléter la ribambelle de plats habituels, Delphine nous a apporté des gâteaux.
4 - JIANSHUI *
Trajet vers JIANSHUI
Nous reprenons la route vers 14H. Il faut d'abord redescendre à Nansha, au
niveau du Fleuve Rouge, longer sa rive gauche pendant un petit moment
(extraction de sable et gravier) puis reprendre de l'altitude. Cap au nord cette
fois. Un plein s'impose. Le litre de l'essence indice 92 coûte environ 6,50Y
soit 1€, l'essence indice 97 ainsi que le gasoil coûtent 5,50Y soit 0,85€.
Peu à peu le paysage s'aplanit et devient plus cultivé avec des cultures
maraîchères, oignons rouges notamment. Il est vrai que nous approchons d'une
ville.
Afin d'éviter des allées et venues et compte tenu du programme chargé pour le
jour suivant, Delphine avait envisagé que nous effectuions la visite de la
Grotte aux Martinets en anticipation. Dommage, il est presque 18H et les
employés nous en refusent l'accès.
A JIANSHUI, un hôtel de charme, Zhu Family Garden Hotel, dans la Maison de la
Famille Zhu (XIXe s.)**
Nous arrivons à Jianshui après 4 heures de route puisqu'il est 18H.
Malgré sa ceinture d'immeubles modernes, Jianshui est l'une des plus belles et
plus anciennes villes du Sud du Yunnan avec de nombreuses constructions
anciennes: des maisons traditionnelles, sa mosquée, ses multiples monastères
bouddhiques et un temple de Confucius (temple de la littérature) datant de 1285.
Présentation de la ville par le Petit Futé:
«Jianshui est située à un peu moins de 220km de la grande ville de Kunming, et
pourtant la bourgade est encore peu connue des touristes occidentaux. Voici
peut-être une ville dans le Yunnan où vous ne croiserez pas un "grand nez" à
chaque coin de rue! Malgré son urbanisation croissante, Jianshui a su intimement
conserver de magnifiques vestiges qui témoignent de son riche passé. Située sur
la Route de la soie, l’ancienne région de Butou fut le théâtre de nombreux
affrontements. Eloignée du pouvoir central, elle devient très vite un centre
politique et militaire. Au XVIe siècle, des soldats musulmans arrivèrent et
s’installèrent dans la petite ville. Très vite, Jianshui fut également
influencée par la dynastie mongole Yuan qui firent édifier le superbe temple de
Confucius. Au XIXe siècle, les autorités décidèrent de faire passer à Jianshui
la ligne de chemin de fer entre Kunming et Haiphong. Au départ réticents, les
villageois n’eurent finalement pas le choix. Mise en service en 1936, la voie de
chemin de fer (étroite de moins d’un mètre!) attire les curieux et les amateurs
de trains. Même si aujourd’hui, la ville vit à l’heure du nouveau millénaire,
elle conserve néanmoins une ambiance particulière qu’il serait dommage de
manquer. Depuis 1994, Jianshui est reconnue comme "ville historique".
[...]
La tour face au soleil marque l’entrée de la vieille ville de Jianshui. La
vieille ville s’organise autour du temple de Confucius. Vous pouvez vous balader
à pied dans les ruelles pavées de Jinli Nanjie. Les jardins de la famille Zhu se
situent à l’est du centre-ville, l’accès se fait par Jianxin Jie. Nous vous
conseillons de découvrir la ville à pied ou à bicyclette. Vous ne manquerez pas
de croiser sur votre chemin de petites maisons traditionnelles, de vieux temples
et plein d’autres curiosités.»
Wikipédia donne une population de 485 000 habitants pour le district mais le
chiffre se réfère à l'année 1999! Delphine nous donne le chiffre de 650 000...
Nous faisons connaissance avec les trésors de la ville en commençant par la
résidence de la Famille Zhu (sur Jianxin Jie) transformée en hôtel de charme où
nous avons la chance d'être hébergés pendant deux nuitées. L'autocar ne pouvant
accéder à cette partie de la ville, c'est avec une mini camionnette que nos
valises sont convoyées.
Après que la Famille Zhu eut été dépossédée de ce patrimoine, il servit d'école
et d'hôpital notamment lors du conflit armé entre la Chine et le Vietnam lors de
la guerre civile au Cambodge. A la fin des années1970, le Viêt Nam soutenu par
l'URSS luttait contre les Khmers rouges tandis que ces derniers étaient soutenus
par la Chine qui attaqua le territoire vietnamien en représailles pour son
invasion du Cambodge. Le conflit avec la Chine n'a duré que quelques semaines et
s'est achevé par le retrait des troupes chinoises, chacun des deux camps
revendiquant la victoire.
En dehors des résidents, l'endroit est ouvert aux visiteurs entre 8H et 22H
(tarif 50Y). C'est un plaisir de passer de passer d'une cour à l'autre (il y en
a 40 disposées sur 2ha), d'y revenir et de s'y perdre, en empruntant des
galeries et des passages circulaires typiques. Des lieux agrémentés de
sculptures dorées, d'estampes, de bonzaïs, de fenêtres paysagères...
Nous en complèterons la découverte le lendemain matin avec Delphine qui nous
donnera des explications historiques.
Mais déjà voici ce que le Petit Futé en dit:
«Après le temple de Confucius, il s’agit de la deuxième attraction principale de
Jianshui. La résidence fut construite par Zhu Weiqing et ses frères, la 31e
année de la dynastie de l’empereur Guangxu sous la dynastie des Qing (fin XIXe
siècle). L’ensemble s’étend sur près de 2ha et se compose de pavillons de
différentes tailles, de jardins et de kiosques… Chaque pavillon incarne
l’architecture typique de Jianshui. Même si les jardins de la famille Zhu
subirent quelques dégradations lors de la Révolution culturelle, ils conservent
toute leur authenticité de l’époque. Le dernier pavillon au fond du jardin
possède une très jolie exposition de photographies qui racontent l’histoire
extraordinaire de la famille Zhu (traduction en anglais). La famille Zhu était
originaire de la province du Hunan, elle s’est enrichie grâce à l’industrie et
au commerce en ouvrant des boutiques dans le Yunnan, le Sichuan, le Guangdong,
le Guangxi ainsi qu’à Hong Kong. Les Zhu étaient de grands notables très connus
dans le Sud du Yunnan. Les deux frères, Zhu Chengzhang et Zhu Chengzao,
achetèrent avec leurs enfants plusieurs hectares dans la ville de Jianshui, où
ils commencèrent à construire leur résidence. Cela leur prit trente ans pour la
finir intégralement. Les frères Zhu décidèrent par la suite d’investir dans les
mines. En quelques années, ils devinrent les capitalistes les plus connus dans
l’industrie minière du Sud de la Chine et leur fortune ne cessa de croître. A
partir de 1903, le destin glorieux de la famille Zhu commença à faillir. En
1903, leurs mines furent confisquées, et une dizaine d’années plus tard les deux
frères durent prendre la fuite, leurs boutiques étant successivement pillées par
des bandits. En 1916, leurs biens furent saisis en raison de leur soutien au
général Yuan Shikai. La ville de Jianshui tomba alors aux mains de l’armée, et
la propriété des Zhu fut confisquée. En 1927, les deux frères furent
emprisonnés. Le destin tragique de cette famille suscita de nombreuses
polémiques. Depuis 1999, les jardins de la famille Zhu sont ouverts à la visite:
une balade qui vous plongera dans l’histoire de la Chine et vous fera découvrir
l’une des résidences traditionnelles les mieux préservées du pays. Un hôtel a
été aménagé au coeur de la résidence.»
A 19H, nous partons dîner en ville, au restaurant Xiangmanglou situé dans une
rue voisine. Nous sommes installés à l'étage dans de petits boxes qui n'isolent
pas de l'ambiance bruyante qui se dégage des tablées chinoises. Une cuisine un
peu trop épicée et grasse.
Retour à l'hôtel Zhu Family Garden. Les 120 chambres de l'hôtel sont aménagées
dans les bâtiments traditionnels disposés autour des cours. Ces chambres ont
beaucoup de charme avec un mobilier à l'avenant de l'architecture. Le détail a
été poussé jusqu'à mettre dans les penderies des vêtements chinois qui peuvent
servir de robes de chambre...
Lundi 30 mars
Kǒng miào, le Temple de Confucius ou Temple de la Culture (XIIIe s.)
Après la visite de la Maison Zhu, notre hôtel, Delphine nous conduit au Temple
de Confucius situé un peu au sud de la vielle ville, distant d'à peine un
kilomètre soit 10 minutes de marche dans le centre ville.
Arrivés sur les lieux, c'est par les installations kitchs restées en place après
le Nouvel An chinois que les regards sont détournés au détriment des
monuments...
Le Temple de Confucius fut construit vers 1285 pendant l'occupation mongole. Il
est le deuxième plus grand lieu dédié à Confucius en Chine après le temple de
Qufu, la ville natale du grand maître Confucius, dans la province du Shandong.
C’est à cet endroit que la famille impériale de la dynastie Jin déchue dû
s’exiler en abandonnant le trône à la nouvelle dynastie mongole des Yuan qui
voulait s'assurer que l'ancienne famille régnante ne troublerait pas leur règne.
Les membres de cette famille, lettrés et cultivés, tenaient à conserver leur
identité face à l'occupant. C’est la raison pour laquelle le temple qu'elle
avait construit a gardé cette vocation culturelle.
On entre dans le temple par le sud, qui donne directement sur un étang, "la mer
des Etudes", symbole de l’immensité du savoir confucéen. Un ensemble de cours
intérieures comporte de superbes portiques et pavillons. Les portes du temple
telles que celles de l’Etoile du talent littéraire ou de la Grande Perfection
sont très importantes dans l’architecture chinoise. Cette dernière, décorée de
couleurs éclatantes, est le temple principal et a donc été construite à l’époque
mongole.
Les temples de Confucius avaient deux objectifs: rendre hommage à Confucius et
fournir aux enfants un enseignement de qualité afin d'en faire des
fonctionnaires intègres et compétents. A Jianshui, ce temple a également servi à
représenter le pouvoir impérial et à organiser les examens mandarinaux.
Aujourd’hui s’y trouve encore un ensemble scolaire à proximité du temple. Le
site est très prisé des personnes âgées qui s’y retrouvent pour faire de la
gymnastique, bavarder ou jouer au Mah-jong.
Shiqikong qiao, le Pont du Double Dragon ou Pont aux Dix-sept Arches (XVIIe s.)*
Ce site se trouve à moins de 5 km du centre-ville où notre chauffeur a vite fait
de nous conduire.
La partie la plus ancienne de cet ouvrage aux noms poétiques, si typiquement
chinois, date du XVIIe siècle, pendant la dynastie Qing. Le Pont du Double
Dragon ainsi nommé à cause des deux rivières asséchées Tachong et Lujiang qui
ondulent comme 2 dragons qu'il enjambe. Il est également appelé le pont aux
Dix-Sept Arches. A l’origine, la structure possédait seulement 3 arches. Plus
tard, furent rajoutées 14 arches à cause du changement de trajectoire de la
rivière Tachong. Avec ses 17 arches, le pont mesure 148 mètres de long et il est
surmonté de deux tours à étages. Ce pont est considéré comme un chef-d’oeuvre
d’architecture autant pour ses qualités de structure que pour ses qualités
esthétiques. Comme un pont antique, un des plus vieux ponts de Chine, il a une
place très importante dans l'histoire des ponts de Chine.
Village de TUANSHAN (XIVe-XIXe s.)**
A nouveau un trajet de quelques kilomètres...
La visite du superbe village de Tuanshan qui semble s’être arrêté dans le temps
s'impose. Il occupe le site d'une petite colline entourée de montagnes (à une
bonne douzaine de kilomètres de Jianshui), ce qui est à l'origine de son nom
donné: Tuan signifie "rondes", "circulaire" et Shan "montagne".
L’architecture et l’ambiance qui règnent dans ce village sont dignes d’un film.
C'est un trésor architectural du Yunnan, un rare exemple des villages
traditionnels du Yunnan, entourés d'un mur d'enceinte. Comme figées dans le
temps, les bâtisses traditionnelles de Tuanshan et leurs toits gris n'ont pas
changé. L'abondance et la richesse des lieux se fait encore sentir dans le
dédale de ruelles. Rare exemple de village fortifiée au Yunnan, Tuanshan a été
fondée comme un centre minier à la fin du XIVe siècle avec l'arrivée en 1382 de
la famille du Chinois Zhang Fu, de Poyan, de l'ethnie majoritaire Han (entre
1392 et 1398, 300 000 migrants chinois Han venus des provinces de l'Est de la
Chine se sont installés dans différentes parties du Yunnan).
Le village qui était à l'origine un village de la minorité Yi a été renommé
Tuanshan en chinois de "Tushou", un mot de la langue ethnique Yi qui signifie
"un bel endroit avec de l'or et de l'argent". Mais il ne devint réellement
prospère que cinq siècles plus tard, avec le développement du commerce. La
plupart de ses résidences bien conservées, ses passerelles, ses temples datent
du XIXe siècle et au début du XXe siècle, quand le village a prospéré du
commerce avec l'Asie du sud, rendu possible par le chemin de fer reliant le
Yunnan au Vietnam lorsque le traité sino-français de 1887 a permis la création
de liens d'affaires avec les colonies françaises en Indochine à proximité.
Bien que Tuanshan ait survécu au tumulte de la Révolution culturelle en raison
de ses liens politiques avec le Parti communiste, la ville est aujourd'hui
menacée par le réaménagement incontrôlé de cette destination touristique avec
des programmes de conservation et de réparation envahissants qui ont beaucoup
fait pour endommager le tissu historique existant. 80% des familles, qui vivent
en bonne harmonie avec les Yi, portent le nom de "Zhang" et 26 résidences de
l'ancienne famille Zhang sont habitées tant par des Han que par des Yi.
Le village est souvent désigné comme "le jardin de la famille Zhang", car cette
famille originaire de la province du Jiangxi avait immigré ici depuis la période
Hongwu de la dynastie des Ming et ses affaires avaient prospéré dans le commerce
du sel avec Hong Kong et le Vietnam. Avec cet argent, Zhang Fu fit construire un
temple et améliorer les maisons du village, dont on admire encore aujourd’hui
les somptueux ornements malgré l’usure du temps. On en retrouve encore trace de
sa descendance dans ces anciennes demeures. Depuis 2006, la résidence de la
famille Zhang est un monument préservé et certains bâtiments accueillent même
aujourd’hui une école primaire.
L'impression est encore plus forte, une fois passée la porte de la résidence de
la famille Zhang, véritable village au sein du village de Tuanshan. L'ensemble,
entouré d'une enceinte, s'étend sur 1 hectare! La résidence de la famille Zhang
de Tuanshan est constituée de plusieurs bâtisses auxquelles le visiteur accède
par un réseau de ruelles. Les demeures sont reliées entre elles par des cours
intérieures, le tout donnant vraiment un sentiment de richesse et d'abondance.
Cette résidence de la famille Zhang est un grand trésor architectural
traditionnel. Cette riche famille marchande vouait en effet à l'époque une
grande fascination pour la sculpture sur bois. Il est donc encore possible
d'admirer de somptueuses gravures sur les piliers et les frontons des bâtisses.
Le culte prenant également une très grande place dans la vie de cette famille,
la résidence contient un magnifique hall des ancêtres ainsi qu'un temple
bouddhiste privé. Cependant certaines cours sont occupées depuis la Révolution
Culturelle par des familles pauvres ce qui favorise la dégradation des édifices.
Avec ces constructions faites largement de bois, le risque d'incendie est grand.
Pendant une bonne heure, nous aurons le loisir de le parcourir et de visiter
quelques cours carrées. Une est occupée par des familles modestes installées ici
depuis la Révolution Culturelle, ce qui ne favorise pas l'entretien de
constructions largement édifiées en bois (risque d'incendie). La suivante,
organisée autour d'un bassin, est en revanche parfaitement entretenue. Une autre
résidence convertie en boutique de souvenirs est habitée par des descendants de
Zhang.
Delphine se désole de ne pas pouvoir nous faire rencontrer la dernière vielle
"dame aux petits pieds" qui, comme le lui indiquent les villageois, est "partie
dans la montagne". Métaphore pour dire qu'elle n'est plus de ce monde.
Il est 13H donc bien temps de déjeuner. Un trajet de quelques minutes pour nous
rendre au restaurant Huang Lory Yuan, dans un grand bâtiment fonctionnel et
propre (y compris les toilettes). Pour les voyageurs ne parlant pas le mandarin,
une immense carte illustrée est affichée présentant pas loin de 50 plats! Nous,
on se contentera d'une dizaine de plats, outre le riz. A noter en dessert, un
délicieux gâteau à l'apparence d'un épais palais. Les faces vertes sont faites à
base de farine de haricot vert (!), le fourrage est à base de tarot et la
tranche est parsemée de graines de sésame. Un délice que nous retrouverons
parfois dans la suite du circuit.
Finalement, nous aurons tout loisir de visiter la Grotte aux Martinets ratée la
soirée de la veille. Elle se trouve à une vingtaine de kilomètres à l'est de
Jianshui, dans la vallée de la rivière de Lujianghe ou Lu Jiang.
La Grotte aux Martinets
Nous passerons même deux heures et demie sur ce site de la Grotte aux Martinets,
y compris l'agréable petite marche d'approche.
C'est une des plus grandes cavités karstiques qui existent en Chine. Elle est
exploitée et développées en 1986, et a été ouverte au public l’année suivante.
En janvier 1989, la grotte a été explorée par un groupe de spéléologues chinois
et bulgares..
Du fait que beaucoup de martinet vivent dans cette grotte, elle est surnommée
"la grotte aux martinets". La grotte a plus de 4000 mètres de long, 50 mères de
haut et 30 mètres de large et elle est parcourue par la rivière souterraine
surmontée de jolies stalactites. Les formes surréalistes issues de l'érosion
karstique et des concrétions de calcite invitent l’imagination poétique: "le
Pilier de Jade soutenant le ciel", une colonne de 40 mètres de hauteur et "le
Monde de Rêve", dont les reliefs sont éclairés de couleurs lui donnant un air
féerique selon les uns mais vraiment trop kitchs à mon humble avis.
Mais son attrait pour les visiteurs de voyageurs tient aux martinets qui y font
leur nid. Chaque jour, de jeunes grimpeurs sont capables de faire une escalade
de démonstration de récolte de nids sans aucune sécurité. Au début du printemps,
plusieurs milliers de martinets élisent domicile dans cette grotte pour y
construire leurs nids. Lorsqu'ils repartent en été a lieu le Festival du Nid
d’Oiseau, le 8 août. C’est le seul jour où les hommes de toute la région sont
autorisés à grimper dans la grotte pour récupérer ces nids très convoités pour
leurs qualités nutritives.
On la visite sur deux niveaux. Après la démonstration, nous commencerons la
visite par la partie haute est sèche et effectuerons le retour en bateau dans la
partie basse.
En ressortant du site, on aperçoit un petit attroupement autour de deux moins,
d'une nonne et d'un villageois. L'animal a avalé un hameçon dans un piège sans
doute placé à cet effet et les moines ont demandé au villageois de lui retirer
l'hameçon et de libérer l'animal. Mais l'opération est vaine car l'hameçon est
trop loin...
De retour à Jianshui, Delphine nous donne la possibilité d'être déposés près de
l'imposante "Tour Face au Soleil" (Chao Yang Lou), autrement dit la Tour de
l'Est et de retourner à l'hôtel au gré d'une balade dans la ville. Edifiée en
1389, cette ancienne porte fortifiée de couleur pourpre (cela rappelle la Cité
Interdite!) est la seule des quatre portes d'origine encore debout en raison des
nombreux séismes survenus dans la région.
Nous parcourons l'artère animée Jinliman à laquelle aboutissent des voies
transversales marquées par des portails monumentaux. On y rencontrera une fois
encore de jeunes mariés et l'on ne manquera pas de nous offrir quelques bonbons
ou cigarettes...
Nous dînons au restaurant Xianmon, non loin de l'hôtel.
Mardi 31 mars
Nous avons environ 200km de routes de montagne à parcourir en direction de
Kunming où nous ferons étape pour la nuit avant de notre commencer notre
découverte du nord du Yunnan. Le trajet sera émaillé de trois visites. Il faut
savoir que la vitesse des autocars est généralement limitée à 100km/h (120 pour
les voitures) et même à 80km/h en montagne. Des portiques très fréquents
assurent ces contrôles. Les Bonnets Rouges bretons auraient fort à faire par ici
mais les sanctions infligées aux fauteurs de troubles seraient aussi sans
rapport.
Le village de XINGMENG de la minorité mongole*
Première étape au bout de 75km dans le village de XINGMEN après une heure et
quart de trajet. Sur cet itinéraire de montagne, on peut apprécier les grands
travaux d'infrastructure qui sont réalisés: double chaussé la plupart du temps,
tunnels, viaducs... Traversée de petits hameaux. Quelques dômes de mosquées
aperçus çà et là... Puis c'est Xingmeng.
Le village de Xingmeng situé au pied de la montagne Fenghuang, dans le district
de Tonghai, est à 15km à l'ouest de la ville de Tonghai, à mi-chemin entre
Jianshui et Kunming distante de 129km plus au nord. Ce village est unique car il
est le seul village mongol préservé à l'intérieur du Yunnan. En effet, il est
habité par la minorité ethnique des Mongols qui représente 90% de la population
(5000 habitants en tout). Ce sont les descendants de la troupe de Kublai Khan
sous la Dynastie des Yuan. En 1253, après la conquête du Yunnan, des soldats s'y
fixèrent. Depuis plus de 750 ans, les Mongols vivent en harmonie avec les
ethnies locales et se sont métissés, tout en gardant leurs traditions, langage,
vêtement, danse, coutume et gastronomie. Ils parlent une langue qui s'apparente
au langage mongol. Les maisons sont en pisé, un mélange d'argile et de végétaux.
Les mongols de Xingmeng vivent grâce à la culture de légumes.
En 651 de notre ère un calife abbasside Ibn Affan vint présenter les bases de la
loi islamique à la dynastie Tang dans la capitale de l'époque (Xian). Les
Chinois étaient en contact avec les arabes et les perses déjà 500 ans avant J.C.
mais ce fut cette visite qui date officiellement les échanges commerciaux entre
les Chinois, le monde musulman et les Perses.
La dynastie mongole des Yuan se maintint entre 1279 et 1368 avec pour capitale
Pékin. A l'époque, les échanges étaient importants (voyages de Marco Polo
1275-1292). Les religions étaient toutes tolérées sauf quelques sectes. A la
mort de Kubilai Khan en 1294 (famines, sociétés secrètes, corruption etc), la
Chine était très agitée et fragile. Un moine Zhu Yuanzhang devenu soldat allait
mettre fin à ce régime. Il refoula hors de Chine le dernier prince mongol et
devint en 1361 le premier empereur de la dynastie Ming...
Nous arrivons sur une place située au sud du centre ancien. En bordure se dresse
un grand portail et une colonne, monuments surmontés de sorte de tridents et
ornés de têtes de chevaux, symboles mongols. Au fond de la place, un grand
édifice moderne que l'on pourrait prendre pour un lieu de culte est à usage de
salle polyvalente. Mais c'est vers un kiosque voisin d'une stèle que notre
curiosité nous pousse.
La stèle couverte d'inscription en chinois et en mongol commémore l'arrivée des
Mongols. Sur les marches du socle ainsi que sous le kiosque voisin, plusieurs
habitants se prélassent et se montrent particulièrement disposés à se prêter aux
photos. Les femmes, plutôt âgées, portent le costume traditionnel de tous les
jours, leur coiffe noire surmontée d'un chapeau de paille et certaines
s'occupent de leurs petits-enfants. Quant aux hommes, ils ont des tenues
hétéroclites, souvent coiffés d'une casquette Mao si ce n'est d'un chapeau de
paille.
Delphine nous conduit dans le centre ancien à travers des ruelles bordée de
modestes, mais naturellement tempérées, maisons en terre. Deux techniques ont
été mises en oeuvre, soit des murs édifiés avec des blocs de terre crue (adobe),
soit avec des levées de pisé (mélange de terre et de paille). Une maison
s'impose davantage au regard par le motif peint au-dessus de sa porte, une sorte
de yin yang entouré des huit (ba) trigrammes de divination (gua) du Yi Jing (ou
Yi King). Cela correspond à la profession de celui qui en est l'auteur, un
médecin pratiquant la médecine traditionnelle reposant sur le taôisme.
Retour sur la place puis petite marche jusqu'à un grand carrefour où l'on peut
voir un grand surmonté de six yourtes. Un petit air de Mongolie...
NAJIAYING, village musulman de la minorité Hui
Delphine consent à un petit détour d'une vingtaine de kilomètres pour aller voir
le village musulman de NAJIANYING habité par la minorité Hui. Avant d'y arriver,
on peut voir parallèlement à la route des villages au-dessus pointent des dômes
et des minarets de mosquées. Toujours des équipements étonnamment modernes comme
ces lampadaires hyper adapté au développement durable puisque alimentés par
panneaux voltaïques parfois doublés de mini éoliennes!
Dans le village, près d'un parking, l'oeil est attiré par un grand bâtiment
moderne à trois niveaux dont la façade revêtue de céramique blanche. C'est une
école musulmane dont l'arrière ouvre sur le parvis d'une mosquée tout aussi
neuve financée par un pays du Golfe Persique. Elle est fermée. Non loin de là,
l'ancienne mosquée désormais dévolue aux femmes voisine avec une crèche. La
présence des "longs nez" constitue pour les bambins un divertissement inattendu
et rare.
Le Musée de YUXI
Une cinquantaine de kilomètres nous séparent de la troisième étape, YUXI dont
nous allons visiter le Musée. C'est une ville de près de 2,5 millions
d'habitants dont l'activité repose en partie sur l'industrie du tabac. Sa
spécialité est la fabrication de cigarettes Hongtashan, "Pagode Rouge". Ce
groupe cigarettier a été longtemps leader (avant d'être dépassé par le groupe
Panda) dans toute l'Asie et troisième au monde.
La prospérité qu'apporte cette activité a permis à la firme de financer ce musée
aussi impressionnant que vide de visiteurs.
Pendant l'heure qu'on va y passer, on pourra pourtant y voir quantité de choses
intéressantes.
On commence logiquement par la section paléontologique avec de beaux fossiles
remontant à l'ère primaires (des trilobites entre autres). Chemin faisant, nous
arrivons évidemment aux aspects archéologiques de l'anthropologie. Les
différents âges au travers des vestiges laissés par les premiers occupants:
bronzes (un fameux buffle), armes, poteries... Avançant dans le temps, nous
arrivons aux fameuses porcelaines "blanches et bleues" apparues sous la dynastie
mongole des Yuan. Puis ce sont des calligraphies et des estampes, des
instruments de musique (orgue à bouche en bambou par exemple), des masques...
La soirée se termine à KUNMING, par une dégustation de thé et un spectacle,
avant que notre périple vers le nord reparte demain.
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NORD
Le nord du YUNNAN *
1- DALI et ses environs *
2- LIJIANGet ses environs *
3- Yangtsé
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BOUDDHISME ET
AUTRES RELIGIONS CHINOISES
Siddhārtha Gautama qui aurait vécu VIe siècle av. J.-C. est le fondateur du
bouddhisme. En se diffusant et sous l'influence des disciples et adeptes
ultérieur, la doctrine à évolué.
L'évolution du bouddhisme a donné lieu à trois grandes écoles: l'Hinayana, le
Mahayana et enfin le Vajrayana ou Bouddhisme tantrique.
Delphine nous donne une définition imagée des deux principaux courants du
Bouddhisme.
Dans l'Hinayana, le Bouddhisme du Petit Véhicule très présent en Asie du Sud-est
mais peu représenté en Chine, les hommes assurent leur salut individuellement.
L'image proposée est celle du "petit bateau que l'on construit" en séjournant au
monastère. Les femmes en sont donc exclues sauf si elles épousent des hommes qui
ont été moines et qui donc peuvent les "emmener en bateau".
Dans le Mahayana, le Bouddhisme du Grand Véhicule largement présent en Chine
(mais aussi en Corée, au Japon et au Vietnam), le salut résulte de la compassion
et de la solidarité que permet l'usage d'un "grand bateau" qui peut même
transporter des femmes, d'ailleurs "le" Bodhisattva Guanyin n'est-il pas une
femme?
LE BOUDDHISME LAMAISTE
Nous allons développer davantage au sujet du bouddhisme Vajrayana (yâna
"véhicule" et vajra diamant"), "le Véhicule du Diamant", une école moins connue
et moins répandue.
Le tantrisme intégré dans la pratique du bouddhisme lamaïste consiste en une
discipline regroupant un ensemble de techniques visant à canaliser l'énergie du
pratiquant afin de lui permettre de progresser plus rapidement sur la voie de
l'illumination.
Le but est de devenir un bodhisattva, ce qui signifie "être promis à l'Éveil".
Ayant atteint l'éveil, le bodhisattva n'entre pas en nirvāna mais reste dans le
samsara, afin d'aider tous les êtres à se libérer de la souffrance, dans une
démarche de libération collective.
Un bref historique de cette école:
Vers 750, Padmasambhava, aussi appelé Guru Rimpoche, chercha à 'unifier la
doctrine Vajrayana et les anciens cultes tibétains bonpos, ce qui donna
naissance à une nouvelle forme de bouddhisme: le bouddhisme tibétain ou
lamaïsme. Le grand maître du bouddhisme tibétain fonda l'ordre Nyingmapa, "la
Lignée des Anciens", et ses moines prirent la robe et la coiffe rouge pour se
distinguer des prêtres bonpos.
Pour lutter contre la domination de la religion bon, d'autres ordres virent le
jour au cours des siècles suivants, tous désignés par la dénomination de
"Bonnets rouges". Parfois on peut trouver mention de "secte" , sans aucun sens
péjoratif, pour désigner un "ordre" lamaïste.
Vers le XVe siècle, le réformateur Tsongkhapa rassembla en un canon unique, les
éléments essentiels de tous les enseignements bouddhiques et fonda l'ordre des
Gelugpas, "la Lignée des hommes vertueux", dont les moines prirent la coiffe
jaune et devinrent dans le langage populaire, les "Bonnets jaunes".
Le guide de ce dernier ordre devint le chef spirituel et temporel du Tibet. Le
troisième guide reçut d'un roi mongol, le titre de Dalaï-Lama (du mongol dalaï
"océan" et lama "maître insurpassable", parfois traduit par "Océan de
sagesse"), titre qui fut attribué rétroactivement à ses prédécesseurs. Chaque
Dalaï-Lama fut dès lors considéré comme la réincarnation de son prédécesseur.
Dans la tradition, le Dalaï-Lama est ainsi le dirigeant spirituel et politique
du Tibet. Issu également de l'ordre des Bonnets jaunes, l'abbé du monastère de Tashilhunpo,
dans la région de Shigatsé, le Panchen-Lama (du sanskrit pandita "érudit", du
tibétain chenpo "grand" et lama) est le deuxième plus haut chef spirituel
du bouddhisme tibétain, juste après le dalaï-lama.
Au XVIIe siècle, le 5e Dalaï-lama Sonam Gyatso (1617-1682) fut le premier des
dalaï-lamas à exercer un pouvoir théocratique intervenant dans le domaine
temporel en sus des affaires religieuses. Ce système de gouvernement appelé
Gaden Phodrang étati admis dans l'ancien système impérial chinois dans le cadre
d'une relation nommée traité de Chö-yon.
Ce traité qui existait avec les Mongols depuis 1247 définissait une répartition
des rôles, sans prévalence d’une autorité sur l’autre, s'est poursuivit avec
certains empereurs de la dynastie Ming, puis avec la dynastie mandchoue des Qing
jusqu'en 1910, date à laquelle les Chinois envahirent le Tibet. Cependant, lors
de la Révolution nationaliste puis pendant la Guerre Civile qui ont suivi la fin
de l'Empire, le Tibet réussit à conserver une indépendance de fait jusqu'à
l'invasion définitive du Tibet par l'Armée de Libération Nationale chinoise en
1950. Le régime communiste ne reconnaît pas le Dalaï-lama qui vit en exil en
Inde.
La succession du Xe Panchen-lama en 1995 a été également conflictuelle. Gedhun
Choekyi Nyima, né en 1989, l'enfant reconnu par le Dalaï-lama comme XIe
Panchen-lama a été emprisonné (il serait libre au Tibet) et le Parti Communiste
dans une parodie d'investiture a choisi un autre enfant, Gyancain Norbu, né en
1990, fils d’un membre du Parti Communiste Chinois...
Les coutumes matrimoniales et patrimoniales tibétaines sont encore très
particulières, du moins dans les campagnes.
En général, l'aîné(e), fille ou garçon reste avec ses parents et héritera de
leur maison. Il ou elle ne peut donc pas épouser un(e) autre aîné(e) d'une autre
famille.
Parfois, si la famille est pauvre, elle peut placer sa ou ses fille(s) dans une
ou l'autre forme d'union polygame afin de recevoir une plus grosse dot (4ou 5
yaks au lieu de 3 pour une seule fille): polygynie si 2 soeurs épousent un même
garçon ou, à l'opposé, polyandrie si une fille épousent deux frères. Dans ce
dernier cas, la situation est délicate car pendant l'été, le mari part nomadiser
avec les troupeaux or il y a deux maris. La solution consiste à ce que l'un des
maris part avec le troupeau une année sur deux, l'autre restant auprès de
l'épouse...
Les coutumes funéraires sont différenciées selon la qualité des personnes et les
circonstance du décès et vont vous sembler particulièrement macabres:
- "Funérailles de la Pagode" avec incinération pour les moines (le bois est rare
à ces altitudes).
- "Funérailles du Ciel" (Tiang Zan ou Jhator) pour les gens ordinaires: le corps
est découpé en 8 morceaux qui sont enduits de beurre de yak et déposés au sommet
d'une montagne pour être dévorés par les vautours et les corbeaux. Les os sont
ensuite broyés pour faciliter le travail des charognards. Cette pratique n'est
pas très éloignées des rites funéraires des zoroastriens ou parsis de Perse,
d'Ouzbékistan ou d'Inde avec les "Tours du silence" sur lesquels les cadavres
sont déposés afin que les oiseaux charognards le décharnent. Dans les années
1960 et 197070, les autorités chinoises ont tenté a été d'interdite une pratique
considérée comme barbare. Cependant, sous la pression populaire, elle est de
nouveau autorisée depuis les années 1980.
- "Funérailles de l'Eau" pour les personnes mortes pendant qu'elles font le
pèlerinage à Lhassa, les jeunes enfants, les mendiants, les veufs et veuves sans
enfant. Le corps est démembré puis jeté dans un fleuve. Ces funérailles sont un
peu équivalentes aux précédentes car les poissons sont également des créatures
divines. Cette pratique est maintenant formellement interdite.
- "Funérailles de la Terre" pour les criminels et les personnes décédées de
maladies contagieuses ou d'accident (mauvais karma). Leur âme ira en Enfer.
LE TAOISME
A côté du bouddhisme et souvent en même temps, beaucoup de Chinois sont aussi
adeptes de "la religion naturelle", le taôisme, "enseignement de la voie".*
Ses racines les plus anciennes remontent au VIIe siècle av. J-C avec le Yi Jing,
un système de divination. Mais son développement s'est fait du milieu du VIe
siècle av. J.-C.au milieu du Ve siècle av. J.-C.et on l'attribue à Lao Tseu, ou
Laozi, qui serait un contemporain de Confucius.
Le taôisme s'est développé parallèlement à l'avènement du confucianisme et du
bouddhisme.
Le taôisme repose sur un fond animiste dans un discours développant une vision
du monde. Il propose des exercices et un style de vie qui permettent de relier
ou d'harmoniser le yin et le yang, la terre et le ciel, c'est-à-dire le visible
et l'invisible.
L'astrologue tient compte du calendrier lunaire pour fixer les jours fastes pour
des évènements importants: un mariage ou des obsèques ou encore pour construire
une maison (la date est importante pour réaliser les fondations ou planter le
pilier central).
La médecine traditionnelle chinoise repose sur le taôisme, prenant en compte un
système global, basé sur l'harmonie et l'équilibre dynamique des forces
naturelles et la circulation de l'énergie (acupuncture).
Même les arts martiaux et l'alimentation répondent aux préceptes du taôisme.
Les aliments sont classés selon leur nature Yin Yang (froid, frais, neutre,
tiède ou chaud) et selon leur saveur, associée à un des cinq éléments (acide,
amer, doux, piquant ou salé). La recherche de l’équilibre impose donc une
alimentation variée.
LE CONFUCIANIISME
Et le confucianisme dans tout cela ?
Si la Chine est depuis plusieurs milliers d'années régie par un système de
pensée complet formé du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme, c'est le
confucianisme qui exerce la plus grande influence.
"L'enseignement des lettrés" est l'une des plus grandes écoles philosophiques,
morales, politiques. Il repose sur l'œuvre attribuée au philosophe Kongfuzi,
"Maître Kong" (551-479 av. J.-C.) contemporain de Lao Tseu et du Bouddha
historique.
La finalité de la morale confucéenne est la noblesse spirituelle, dont le
concept central est Ren, la bienveillance, qui se base sur Li, la moralité,
définissant les règles de vie en société ainsi que l'observation des rites
religieux gouvernementaux et familiaux.
Après avoir été confronté aux écoles de pensée concurrentes pendant la Période
des Royaumes combattants et violemment combattu sous le règne de Qin Shi Huang,
fondateur du premier empire, le confucianisme fut imposé par l'empereur Han Wudi
(-156 ~ -87) en tant que doctrine d'État et l'est restée jusqu'à la fondation de
la République de Chine (1911).
Cette doctrine qui a imprégné des générations de Chinois n'est plus étudiée
directement mais elle reste diffuse au travers de l'enseignement de la morale et
de l'instruction civique et par transmission familiale. On peut dire que les
Chinois d'aujourd'hui sont "confucéens sans le savoir".
Delphine nous a raconté une petite historiette à visée morale sur la modestie et
le respect dû au maître:
«Il était une fois un parvenu qui désirait que son fils apprenne à compter pour
gérer une fortune de nouveau riche qu'il était devenu. Il engagea un précepteur
qui commença à lui apprendre la numération:
_ : 1
= : 2
= : 3
A ce stade, le garçon renvoya son précepteur en disant qu'il avait parfaitement
compris le système et s'en fut se vanter de son génie auprès de son père.
Enthousiaste, celui-ci lui demanda le lendemain matin de numéroter les 1000
cartons d'invitation qu'il projetait d'envoyer à des convives.
Le soir venu, ne revoyant pas son fils, il s'en fut auprès de lui et le vit qui
au milieu de la pile de cartes les couvrait d'une multitude de traits.
S'il avait eu la modestie de garder son précepteur, il aurait dû s'astreindre à
l'apprentissage laborieux de l'écriture des nombres au-delà de 3.
Par exemple
四 pour 4
五 pour 5
...»
=> Pour des informations générales sur les philosophies et religions en Chine.
Menu YUNNAN
Etape précédente: le sud du YUNNAN
Mercredi 1er Avril - Départ vers le nord:
1 - D'abord DALI et ses environs *
Pour cette boucle dans le nord, changement d'autocar (marque chinoise Higer)
encore plus spacieux (41 places) et aussi de chauffeur.
8H30, après une nuit passée à Kunming à la fin de notre petite boucle dans le
sud, départ vers le nord, ou plus exactement le nord-ouest...
350km au menu. Pas très drôle...
Nos laissons derrière nous la banlieue de Kunming, le lac Dian, les Monts de
l'Ouest et ses autoroutes-ponts au bord desquels des travailleurs attendent leur
embauche. Pour notre distraction et notre culture, Delphine nous montre des
billets de très petite valeur que nous n'avons guère de chance de nous faire
remettre par les commerçants. Leur intérêt, c'est qu'ils sont à l'effigie
d'ethnies. La plus petite coupure de 1 Jiao vaut 1/10e de Yuan. La seconde de 5
Jiao vaut donc 1/2 Yuan. La plus petite monnaie est une pièce de 5 Fen (soit
0,005¥).
Des grandes zones d'industries chimiques voisinent avec des cultures maraichères
et des serres-tunnels. Puis ce sont des hameaux, des paysages de vallées et de
collines dont les terrasses portent des céréales dont le murissement est en
cours comme le révèle leur jaunissement. Dans certains endroits, seules les
vallées sont cultivées tandis que les collines sont boisées. Petits villages
avec parfois une mosquée. Bien sûr, l'infrastructure autoroutière est toujours
exceptionnelle bien que sinueuse surtout si l'on considère la maigreur du
trafic.
Nous roulons depuis deux heures et Delphine nous fait remarquer que dans la
région de Chuxiong (150 000 hab.) où nous sommes maintenant les maisons des Bai
et des Yi sont chaulées et ornées de dessins circulaires ou de diagrammes
animistes. A 11H, petite pause d'un quart d'heure dans une aire de service d'où
la vue porte sur un temple et une pagode (à 9 toits) construits au sommet d'une
colline. Plus nous progressons, plus les champs de céréales semblent proches de
la moisson, avec parfois un dégradé de couleurs allant du vert tendre au blond
doré dans un même vallon. Au bord des champs on peut voir d'étranges grosses
fleurs jaunes poussant au sommet d'un tronc bas. Ce sont des Lotus d'Or dits
aussi Bananiers des Neiges (ils résistent à -10°) ou Ananas du Yunnan (Musella
lasiocarpa). C'est une espèce de bananier semi nain qui ne dépasse pas 1,50
mètre de haut.
Après la fausse voiture de police, maintenant c'est un faux policier (cela nous
rappelle beaucoup l'Ouzbékistan) et, pour faire bonne mesure, au bord de l'autre
chaussée, érigée sur un socle de béton, ce n'est pas une compression de César
mais une épave de voiture accidentée, un monument pour réfréner la conduite
fantaisiste.
Puis vers Nanhua, la déco passe au thème des champignons car la ville est la
capitale des... champignons. Autoroute transversale en construction, fausse
voiture de police sur l'accotement...
Puis arrive l'un des ratages de notre voyage.
Nous quittons l'autoroute vers midi et quart pour partir à la quête du village
de Yunnanyi.
Ni Delphine, ni le chauffeur n'y sont encore allé. Le réceptif qui les emploie
ne leur a donné aucune indication. Les cartes routières à leur disposition
sont-elles à ce point déficientes? Pourtant avec GoogleMap ou avec OpenStreetMap
on arrive à le situer exactement (25° 26'0" N 100° 42'0" E), non loin de
Xiangyun qui figure sur la carte touristique que l'on nous a remise au début du
voyage... Nous avons bien quitté la G56 pour la G320 qui nous fait traverser une
zone de hameaux campagnards et au bout d'une douzaine de kilomètres, nous
aurions dû atteindre notre objectif. Nous passons près de tombes Han puis peu
après la localité de Laozhangying, nous passons au-dessus de l'autoroute et nous
trouvons en surplomb d'une batterie de séchoirs à céréales. Nous restons sur la
route G320 et au bout d'un moment, nous revenons sur nos pas, bredouilles, nous
nous bornons à participer avec notre autocar au battage de la moisson étalée sur
la route. Nous croisons une voiture transportant des jeunes mariés et, un
instant plus tard, des hommes transportant des couronnes funéraires. Delphine
n'arrive pas à se faire renseigner correctement par les villageois. Dommage!
Alors que le vieux village que nous cherchions se trouve à l'écart, au sud de la
route neuve.
A défaut de visite, voici quelques informations que l'on peut trouver en
fouinant sur le web.
Le village de Yunnanyi remonterait à la dynastie des Han (200 BC - 220 AD), sous
le règne de l'empereur Han Wud qui voulait savoir où les nuages se formaient
d'où ce nom qui signifie "la source au sud des nuages" qui se forment sur la
montagne Longxinghe. Ce village typique, peu connu des touristes, est un ancien
relais des caravanes qui se trouvait au carrefour d'une route rejoignant la
Birmanie et de la Route du Thé et des Chevaux entre le Yunnan et le Tibet, les
caravaniers musulmans étant relayés par les Tibétains à partir de Lijiang. Il a
conservé ses anciennes rues pavées, ses maisons ornées de lanternes et parfois à
triple toit, signe de richesse, et son écurie-relais. En outre son musée est
doublement intéressant. Il donne des informations sur cette route caravanière et
différents objets y sont exposés: pipes en bambou, sandales, cloches, mobilier.
En outre, une des salles est consacrée aux Tigres Volants, une escadrille
d'anciens pilotes américains qui participèrent à la guerre sino-japonaise et à
la campagne de Birmanie.
En 1939, les Alliés avaient établis le la Route de Birmanie qui reliait Yangoon
à Kunming, la capitale du Yunnan. C'était la bouée de sauvetage de la Chine. En
effet, les Britanniques transportaient des fournitures pour aider le
gouvernement de Chiang Kai Tchek dans sa contre-attaque contre le Japon. Mais en
1942, les forces japonaises avaient repris la Birmanie et donc coupé la Route de
Birmanie et le lien avec les Britanniques repliés en Inde. Pour les Alliés, il
n'y avait d'autre solution que d'établir un pont aérien de l'Assam, en l'Inde
britannique, au Yunnan. Des aérodromes militaires avaient donc été construits
dans la province du Yunnan occidental, notamment à Yunnanyi, Tengchong et
Baoshan. L'escadrille d'aviateurs américains qui devaient survoler l'Himalaya
pour éviter l'espace aérien birmane contrôlée par le Japon ont été surnommés les
"Tigres Volants".
Pour que le ratage de cette journée soit presque complet, Delphine nous fait
revenir sur l'autoroute et nous fait déjeuner dans un restoroute sur une aire de
service. Immense salle et sale, self-service mais comme il est déjà beaucoup de
plats ne sont plus ravitaillés... Trois quarts d'heure suffisent donc!
Arrivée à DALI: la ville, ses rues, le musée, l'église...
Nous n'étions plus qu'à 50km environ de Dali où nous arriverons peu après 15H30.
Un peu avant, une monumentale bouteille d'alcool He Qing Gan se dresse au bord
de la route avant d'arriver à Xiaguan, les faubourgs modernes au sud du Lac
Erhai. Au plus chaud de l ajournée d'aujourd'hui les prévisions donnaient 27°
mais la météo doit se dégrader et dès que le ciel se couvre, un vent bien frais
se lève. Certes nous sommes sous le tropique du Cancer mais en altitude! Les
tenues pelures d'oignons (dont une pelure imperméable) s'imposent ici.
La ville de Dali se trouve à 1984 mètres d'altitude, sur les rives du lac
Erhai, au pied des monts Diancangshan qui culminent à 4120 mètres. La région
bénéficie d’un climat subtropical tempéré. La population (légère majorité
chinoise Han et un tiers de Bai) est passé de 500 000 habitants en 1999 à
650 000 en 2010. La ville était jadis ceinte de murailles sur un périmètre de
6km, avec 7,50m. de haut et 6m. d'épaisseur, dont ne subsistent que les portes
situées au nord et au sud. La ville de Dali est aussi réputée pour les nombreux
marbres qu'elle produit et qui servent soit de matériau de construction soit
pour fabriquer des objets d'art. De fait, ces marbres sont si célèbres que le
mot marbre se dit littéralement en chinois pierre de Dali
La circulation automobile dans la ville ancienne est interdite. Nous allons y
pénétrer par la Porte Sud (précisément orientée au sud-sud-est) datant du XVe
siècle et restaurée en 1982. C’est un portail chinois percé dans la muraille
crénelée, surmonté d’un pavillon à double toiture recourbée. Nous constatons
rapidement que le plan de la ville est de type damier.
Présentation générale et historique de Dali par le Petit Futé:
«Dali est resté le sanctuaire des populations Bai, et les célèbres Trois Pagodes
à 1km plus au nord attestent de leur passé glorieux. C’est une "Chine
millénaire" qui semble figée dans le passé, les quelques hameaux avoisinants
semblent sortir tout droit du Moyen Age. Entre la ville et le lac s’étendent les
rizières où on laboure toujours à l’aide de buffles et où canards et oies
pataugent dans les mares. La ville elle-même, bien ramassée à l’intérieur de ses
murailles (qui l’entourent toujours sur trois côtés), se visite facilement à
pied. Comme toutes les vieilles villes fortifiées, Dali est divisée par des rues
qui se coupent à angle droit, et dont les principales sont la Fuxing Lu (qui va
de la porte sud à la porte nord) et la Huguo Lu (la rue des cafés). Il faut
juste une petite demi-heure pour aller de la porte sud à la porte nord à pied.
Il n’y a pratiquement pas de constructions modernes, seulement de vieilles
maisons basses avec des fenêtres à petits carreaux et des galeries en bois
couvertes au premier étage (avec un vague air tibétain mâtiné d’isba russe) ou
en pisé blanchi à la chaux avec un motif noir et blanc peint sur le faîtage sous
le toit cornu à la chinoise. Dans la partie sud, vers les rizières, quelques
anciennes maisons de maître sont regroupées autour d’une cour carrée et
enfermées derrière de hauts murs protecteurs percés d’un portail (sur la Xinmin
Lu). Partout dans la ville, on entend les grelots des clochettes des petits
chevaux qui trottinent en tirant de grosses charges ou des charrettes
transformées en sièges pour touristes. Des motoculteurs transportant des choux
dans leur remorque et crachant des fumées noirâtres passent sans cesse dans les
petites rues, même en centre-ville. L’air cristallin et pur de ces montagnes
serait si merveilleux, sans cela... Dali est peuplée d’une vingtaine de
minorités ethniques. Outre les Bai, qui constituent la communauté la plus
fournie, on recense aussi des Yi, Hui, Lisu, Naxi et Tibétains. Dans les rues,
on voit encore de nombreuses vieilles femmes en costume traditionnel Bai bleu et
noir, mais aussi de jeunes Yi habillées en blanc, rose et rouge, des femmes au
visage tanné descendues des montagnes environnantes avec de superbes corsages
rouges et verts, brodés et serrés dans de multiples ceintures en tissu retenant
de petits tabliers superposés sur leur pantalon. Sur le dos, elles portent soit
une hotte en bambou, soit leur bambin dans de superbes porte-bébés très
ouvragés.
Les premiers Bai se sont établis dans les régions du lac Erhai depuis 3000 ans.
L’actuelle petite ville de Dali fut jadis la capitale du puissant royaume de
Nanzhao, fondé au VIIIe siècle. Il fut suivi du royaume de Dali qui perdura de
938 à 1254. Au déclin de la dynastie Song du Nord et du Sud (960-1279), des
hordes barbares composées de Tartares et de Mongols déferlèrent sur la Chine.
Gengis Khan mit à sac Pékin en 1215. Les Mongols conquirent le Nord en 1234,
puis envahirent la Chine du Sud et le Yunnan, les derniers refuges des Song. Ils
imposèrent aussi leur suzeraineté au Tibet. En 1279, le petit-fils de Gengis
Khan, Kubilay Khan, fonda la dynastie Yuan (1279-1368) et prit pour capitale
Pékin. C’est également l’époque des voyages de Marco Polo en Chine (1271-1295).
Le royaume de Dali, défait par l’avancée des Mongols, éclata en une multitude de
petits groupes ethniques. »
[...]
Dali a également été le centre de la révolte du sultan Du Wenxiu contre la
dynastie Qing. Cette révolte, connue en chinois sous le nom de Du Wenxiu Qiyi, a
duré de 1856 à 1873.
[...]
Ces "minorités nationales", comme on les appelle aujourd’hui, furent
particulièrement brimées lors de la Révolution culturelle dans les années 1960.
Le développement touristique pose aujourd’hui la question de la préservation de
ces cultures ancestrales, mais largement menacées.
[...]
«Dali a l’honneur de figurer parmi les plus belles villes médiévales de Chine.
Visiter la cité fortifiée fait partie des incontournables pour les touristes
chinois depuis des années. Profitant de quelques jours de congés, certains
n’hésitent pas à traverser tout le pays pour rester même 48 heures au coeur des
remparts de Dali. En réalité, avec le développement soutenu du tourisme
domestique, la ville de Dali a de plus en plus la fâcheuse tendance à se
transformer en sorte de parc d’attractions. A l’image de Lijiang, les ruelles de
la ville sont prises d’assaut à toute heure de la journée par des hordes de
touristes bruyants qui s’entassent dans les boutiques de souvenirs. La rue
principale, charmante au demeurant, n’est guère plus qu’une longue galerie
commerçante où échoppes et restaurants se succèdent les uns après les autres.
Même si la ville est jolie et mérite d’être vue, elle risque cependant de faire
rapidement fuir les visiteurs en quête de sérénité et d’authenticité. Après une
rapide découverte, nous vous conseillons de sortir de la vieille Dali et de
visiter les environs du lac Erhai, qui ne manqueront pas de vous surprendre par
leur incroyable beauté. Enfin, si elle ne présente aucun intérêt particulier,
Xiaguan, la ville moderne autour des gares ferroviaire et routière traitée dans
ces pages, est étonnement agréable et très propre (pour une ville chinoise de
cette taille), et témoigne des dividendes de l’activité liée au tourisme.»
Nous sommes immergés dans une cohue de touristes chinois dans la rue Fuxing
bordées d'échoppes à souvenirs qui se sont installées dans les anciennes
maisons. Le tourisme a fait la fortune de leurs propriétaires qui vivent en
dehors dans des maisons confortables grâce aux rentes qu'ils perçoivent en
échange de la location aux commerçants.
Bientôt nous arrivons à la Tour Wuhua, le monument central de la vieille ville.
Nous arrivons bientôt devant un monument commémoratif de la guerre avec un
soldat tout doré avant d'entrer au Musée Bai installé dans l'ancienne résidence
du sultan Du Wenxiu et présentant de nombreux bronzes du royaume de Dali, datant
de l'époque des Song. Nous jouons de malchance, il y a des jours comme cela. En
effet, la salle principale est fermée non pas à cause de l'heure (il est 16H15)
mais pour travaux. Nous profiterons du jardin qui abrite une belle forêt de
stèles et quelques vieilles pierres tombales.
Nous revenons sur nos pas par la rue Fuxing et croisant les écoliers en
uniformes qui rentrent chez eux et aussi des femmes en costume traditionnel bleu
et portant une hotte de bambou sur le dos. Nous passons le carrefour avec la rue
Huguo surnommée rue des Etrangers (Yangren Jie) depuis l'afflux des routards
dans la ville. Tandis que sur la rue Fuxing nous avons en perspective la Tour
Wuhua, à son intersection avec le carrefour avec la rue Renmin (rue du Peuple),
nous tournons à gauche (direction est).
Le temps se fait très menaçant et nous perdons Chantal allée acheter un
parapluie car nous avons tourné rapidement dans une ruelle sur la droite pour
aller visiter l'église catholique. Dans la ruelle, on aperçoit un peu plus loin
dans la ruelle l'entrée d'un collège catholique. Personne ne reste au carrefour
pour l'orienter et le panonceau signalant l'église est peu visible. L’église
construite en 1927 témoigne du passé colonial de la ville en mêlant les styles
architecturaux avec une apparence extérieure. Ce sont d’anciens missionnaires
français qui ont érigé le bâtiment si l'on excepte une croix qui la surmonte. Ce
sont d’anciens missionnaires français qui ont érigé le bâtiment. L'intérieur de
l'édifice tout peint en bleu est très sobre. Quatre religieuses sont en prière.
Un coup d'oeil au Missel, tout en chinois, avec comme il se droit l'écriture en
colonne de haut en bas et de droite à gauche et donc un livre qui se lit "en
commençant par la fin" en se basant sur nos critères! Le presbytère et le
logement des religieuses se trouvent tout à côté de l'église.
La journée se termine par l'installation à notre hôtel 4* Lan Lin Ge au nom plus
connu des touristes, de Landscape. C'est un établissement assez joli et surtout
bien situé, au coeur de la vieille ville. Accueil en musique au son d'un
instrument traditionnel, zheng ou guzheng, de la famille des cithares, dont joue
une jeune femme en costume de fête Bai. Les jeunes femmes de la réception
portent le même costume tandis qu'un peu plus loin, un buste de Mao est érigé en
bonne place. L'hôtel se trouve au coeur d'un îlot entre les rues Yu'er (entrée
principale et parking privé un peu plus loin) et Huguo, par lesquelles on peut y
accéder. La partie de l'hôtel où nous logeons se trouve plutôt du coté Huguo,
proche d'une grande salle de restaurant. Des fillettes, sans doute celles
d'employés de l'hôtel font leur devoir de mathématiques à l'abri de la galerie
conduisant à nos chambres. Un coup d'oeil sur les cahiers... 20/20!
La critique du Petit Futé à propos de cet hôtel est particulièrement élogieuse:
«Sans doute le plus bel hôtel de la vieille ville de Dali. Idéalement situé en
plein centre mais donnant sur une rue calme, ce complexe de plusieurs bâtiments
qui appartient à un propriétaire local est décoré avec goût. Prestations et
confort excellents. Bon restaurant, café, bibliothèque (très réussie), espaces
extérieurs : l’endroit idéal où se reposer quelques jours. Les prix sont très
corrects pour le standing.»
En attendant le dîner, nous faisons un tour en ville en profitant du fait que
l'affluence a diminué, ce qui va de pair avec la fermeture de nombreuses
échoppes. Nous remontons la rue Huguo, autrement appelée rue des Etrangers en
passant sous les arches pareillement nommées avant de continuer l'exploration de
cette rue et des rues Renmin et Fuxing. Certaines activités continuent encore
comme les batteurs de nougatine" (farine d'orge, cacahuètes et sésame).
Exploration que nous poursuivrons le lendemain matin, avant le départ des
visites, et le soir, au retour.
Après avoir laissé percevoir une critique sur le restaurant de l'hôtel Landscape
, Delphine finit pourtant par nous y installer après avoir renoncé à nos emmener
dîner en ville. Grande salle d'assez belle apparence pour groupes de touristes
et pourtant au milieu du repas, certains ont la désagréable surprise de voir
trois rats dodus aller se réfugier sous l'une des nombreuses tables inoccupées
dont les nappes tombent jusqu'au sol... Et c'est un hôtel classé "luxe" mais ce
genre de scène a échappé aux testeurs du Petit Futé!
Jeudi 2 Avril - aux environs de DALI
Départ en autocar dès 8H car de nombreuses visites sont au programme. Le temps
est annoncé comme devant être changeant.
Village de XIZHOU: le marché et la Résidence du Clan Yan*
Xizhou se trouve à une quinzaine de kilomètres de Dali. Dans cette bourgade de
30 000 habitants principalement de l'ethnie Bai, on a peine à imaginer que ce
fut la capitale impériale du puissant royaume de Nanzhao. De son prestigieux
passé, elle a conservé une riche architecture, jusqu’à présent bien préservée.
Les étroites rues pavées sont bordées de maisons anciennes en bois, aux murs
extérieurs blancs et aux portes imposantes notamment sur la rue principale, dans
laquelle se tient le marché. 200 maisons privées cotées datent de la dynastie
des Qing. Cette petite ville a servi de refuge à de nombreux intellectuels
chinois lors de l’invasion japonaise.
Nous commençons par faire un tour dans le marché de Xizhou. Un marché vivant où
l'on trouve des produits alimentaires bruts, de la viande, des thés, du vin de
rose, de petits pains de sucre brun, des articles ménagers (balais)... mais où
l'on peut manger sur le pouce, des galettes garnies au choix en salé ou en
sucré. Les femmes Bai y circulent avec leur hotte. On peut aussi y voir de
grandes jarres contenant du "vin de roses". Les vins de fruits sont les boissons
alcoolisées fermentées faites à partir de fruits ou de végétaux autres que des
raisins comme les pétales de roses, ici au Yunnan. Il faut préciser que les
roses sont originaires de Chine et elles sont arrivées en Occident par la Perse
et par les échanges avec les Arabes.
Moins gai et néanmoins coloré, on peut voir des boutiques faisant le commerce
d'articles funéraires: couronnes, cercueils.
Sous la conduite de Delphine, nous gagnons un quartier plus calme où nous
rencontrons des jeunes très décontractés qui ont cour de dessin sur le thème de
l'architecture traditionnelle se sont ici pour croquer le portail d'entrée d'une
vieille demeure. Il s'agit de l'atelier de broderie sur soie Linden Center
(autrefois Yang Pinxiang). Au XIXe s. un fils de la riche famille Yan (dont nous
allons perler plus loin) qui prospérait dans le commerce du thé avait épousé une
fille de ces brodeurs. La maison est bien modeste par rapport à la résidence des
Yan que nous visiterons plus tard. Ici, on peut voir de curieux panneaux peints
il y a un siècle représentant les chemins de fer, un aéroplane ou une usine d'où
s'échappe un panache de fumée.
Le travail de broderie sur soie auquel se livrent de jeunes femmes penchées sur
leur ouvrage laisse toujours admiratif. Et que dire des extraordinaires
broderies double face. On croirait vraiment voir des tableaux peints tant les
point sont d'une grande finesse. Ce qui en explique le prix: 400 Yuans pour un
tout petit tableau simple face, 550 s'il est encadré...
De retour sur la place centrale où débute le marché, on peut voir un portail
imposant qui est celui de la maison du Clan ou de la Famille Yan construite
autour des années 1920. Nous allons consacrer trois petits quarts d'heure à sa
visite.
Le Petit Futé résume bien cette visite en ces termes:
«Cette grande bâtisse traditionnelle est composée d’une enfilade de quatre cours
richement décorées et ornées de bois sculptés. De la dernière cour, prenez le
passage au fond à gauche pour atteindre le "bâtiment occidental". Construit en
1936, il est un hommage du fils Yan à l’architecture européenne qu’il avait
découverte à Shanghai. La terrasse au dernier étage de ce bâtiment offre une
belle vue sur les toits de Xizhou, le lac Erhai et les monts Cang.[...].»
En parcourant les différentes cours disposées sur une superficie d'un peu plus
de 3000 mètres carrés (0,76 acres), les pièces du bas ou de l'étage, on découvre
toujours quelque chose ou bien l'on voit les cours sous de nouveaux angles.
Chacune des cours est entourée de quatre maisons avec quatre petites pièces
construites entre chacune des maisons. Ce style architectural unique est appelé
"wutianjing Sihe".
Au début du parcours, la statue d'un petit cheval sellé portant des sacoches de
cuir rappelle que c'était ainsi que de caravanes transportaient le thé vers le
Tibet.
En entrant, les yeux tomberont sur la maison principale avec son mur d'écran et
deux ailes. Selon la tradition de l'architecture de style Bai, le mur de l'écran
doit faire face à l'est afin de réfléchir la lumière du soleil dans les pièces
intérieures tôt le matin. En outre, le mur de l'écran, orné de peintures et de
calligraphie élaborée, est considéré comme un talisman qui donne la chance.
La maison de style occidental que l'on peut voir en fin de parcours est celle
qu'un fils du clan a fait bâtir pour son épouse occidentale mais pour l'isoler
du monde, un mur écran plus haut que de coutume masque la vue depuis les
fenêtres orientées à l'est.
On n'aura pas le temps d'y voir la cérémonie du thé, Sandaocha. Selon la
tradition régionale on y goûte trois saveurs de thé. On commence par présenter
un thé amer pour la jeunesse qui va affronter les difficultés dans la vie.
Ensuite, un thé sucré au sésame et aux noix qui symbolise le bonheur de la vie
adulte. Enfin, un thé amer, sucré, épicé qui symbolique la vieillesse et fait
réfléchir vie.
Il est 11H45 et des cochers avec leur carriole nous attendent sur la place.
Village de SHACUN: la pêche au cormoran sur le Lac Erhai *
Au trot, en un quart d'heure, les petits chevaux nous conduisent en carriole à
l'embarcadère sur le rivage du Lac Erhai distant de 3km, du côté du village de
Shacun. C'est une jolie promenade pendant laquelle nous croisons de jeunes
mariés (mariée en robe blanche), nous repassons devant l'atelier Linden Center
puis les derniers faubourgs cèdent la place aux champs.
Nous arrivons à l'embarcadère où nous sommes accueillis en musique par de jeunes
Bai en costumes de fête.
Delphine nous décrit la coiffe traditionnelle des femmes Bai de la région de
Dali qui symbolise les quatre beautés de la Nature (le vent, la fleur, la neige
et la lune), une coiffe poétiquement nommée "fleur dans le vent et lune de nuit
neigeuse". Elles le nouent en forme de croissant. La partie supérieure est
blanche comme la neige, la partie avant est ornée de broderies dont les motifs
représentent des fleurs et le reflet de la lune dans le lac. L’extrémité du
foulard tombe sur les épaules sous forme d'une queue blanche se balançant au gré
du vent. Lorsque les femmes sont mariées, cette queue est coupée au niveau du
cou.
Quant à nous, munis de gilets de sauvetage et sous un ciel très menaçant, nous
embarquons pour une petite croisière sur le Lac Erhai, magnifique plan d'eau de
250km² situé dans la vallée de Dali, au pied des monts Cangshan (4092 mètres
d'altitude) perdus dans les nuages gris sombre. Ce lac est le deuxième plus
grand lac du Yunnan après le lac Dian de Kunming (300km²).
Nous sommes répartis sur deux barques emmenant dix passagers et une rameuse pour
la nôtre, un rameur pour l'autre. Bientôt un bateau de pêcheur vient se placer
parallèlement à nous. Sur les bords de sa barque, une bonne douzaine de
cormorans sont prêts pour la démonstration de pêche aux cormorans, une technique
de pêche qui se pratique sur le lac Erhai dans la région de Dali depuis plus de
1000 ans. Seuls six pêcheurs du village sont autorisés à pratiquer cette pêche
tout au long de l'année, les autres ne pouvant la pratiquer que durant six mois.
Les pêcheurs lancent bientôt les oiseaux qui ont vite fait de plonger. Certains
ont pris de gros poissons et en s'aidant d'une épuisette les pêcheurs récupèrent
ces bons éléments qui tiennent toujours leur proie mais ne peuvent pas la gober
car une cordelette passée autour de leur cou les empêchent de déglutir. Les
pêcheurs récupèrent les prises et récompensent l'oiseau. Puis les cormorans
prennent leur posture bien connue, ailes déployées afin de sécher leur plumage
qui n'est pas imperméable. Nous pourrions tenter de faire la même chose car une
partie de la démonstration s'est déroulée sous la pluie.
Celle-ci cesse mas un vent bien frais persiste sur le lac. Pour se réchauffer,
c'est donc une bonne raison de répondre à l'invitation de notre rameuse afin de
l'aider en utilisant les rames que l'on trouve près de nous, ce qui nous permet
de remonter sur l'autre bateau qui nous précédait et de le dépasser....
Nous nous dirigeons vers un bateau-scène où un musicien et une chanteuse en
costumes bai nous gratifie de quelques airs.
Nous sommes de retour à l'embarcadère à 13H.
Chemin inverse avec nos carrioles pour revenir au centre de Xizhou afin de
déjeuner "chez l'habitant" sur la grande place, dans un tout petit restaurant ne
disposant pas de toilettes. Bien avec, outre le riz, seulement 8 plats dont des
galettes fourrées à la viande et des galettes sucrées fourrée à la rose et aux
haricots rouges. Tout cela arrosé d'un vin de roses meiguilujiu ("la rosée de la
rose"). Curieux...
Village de ZHOUCHENG: artisanat de batik
C'est en autocar que nous nous rendons au village de Zhoucheng, un endroit
encore épargné par le tourisme de masse. Zhoucheng se situe au-delà de Xizhou (à
environ 8km et donc à 23km au nord de Dali). Avec quelques 11000 habitants (90%
de Bai), c'est l’un des plus importants villages Bai de la région.
Le Petit Futé le décrit ainsi:
«Gardée par deux banians centenaires, la place principale possède un vieux décor
de théâtre traditionnel, où se tiennent quelques représentations en plein air.
Chaque jour, elle se remplit d’étals de fruits et légumes, de viandes et
d’artisanat local. Vous serez surpris de découvrir le stand d’un dentiste qui
s’occupe de vous soigner les dents au milieu des poules et des cochons. Remontez
dans le village vers la porte du temple de Longuan et vous verrez sur cette
seconde place, se retrouver tous les vieux du village qui discutent
tranquillement en attendant que le barbier s’occupe d’eux. Ce dernier installe
en fin de matinée sa chaise en bois et s’occupe de coiffer et tondre les
habitants du quartier. Les amateurs de batik pourront visiter quelques fabriques
disséminées un peu partout dans le village. Attention, on essayera bien
évidemment de vous faire partir avec de nombreux achats, donc n’oubliez pas de
négocier !»
Pour notre part, en ce milieu d'après-midi, Delphine a choisi de nous conduire
dans une famille qui se livre à l'artisanat du batik. Nous allons y passer une
bonne demi-heure. Nous passons près de tombes Han dans un terrain voisin de
l'autoroute puis devant un champ où un groupe de paysans est afféré à la récolte
de l'ail.
Pour les touristes, le souvenir typique de Dali c'est le batik, de grandes
étoles teintées en bleu sur tissu blanc.. Cette technique est répandue dans
toute l’Asie du Sud-Est et même en Asie du sud (Ceylan) mais elle diffère par
ses variantes pratiques.
Ici on n'emploie pas la cire pour masquer les parties qui ne doivent pas prendre
la teinture. Les motifs sont reportés sur une toile de coton grâce à une feuille
de plastique perforée. Comme une grand-mère septuagénaire le fait à longueur de
journée dans un coin de la cour, la toile est ensuite cousue très serrée en
fonction des motifs que l'on voudra préserver en couleur claire. Après cela, ce
bouchon de tissu apparemment informe est plongé dans un bain de teinture
d'indigo obtenue à partir des feuilles de l'indigotier (Indigofera tinctoria),
un arbuste des régions chaudes de la famille des Fabacées dont le nom fait
référence à l'Inde. Après rinçage, dénouage et séchage, le tissu révèle ses
jolis motifs aux contours naturellement un peu flous.
Les feuilles d'indigotier contiennent seulement environ petite quantité du
colorant (environ 2-4%). Un grand nombre de plantes sont donc nécessaires pour
produire une quantité significative de colorant. Comme dans cet atelier
artisanal, e procédé traditionnel pour l'obtention du colorant passe par
diverses étapes: fermentation et hydrolyse, puis oxydation. La demande de
l'indigo a considérablement augmenté au cours de la Révolution Industrielle, en
partie en raison de la popularité de bleu jeans Levi Strauss et facilité par la
mise au point d'un procédé industriel de fabrication de l'indigo synthétique dit
bleu d'indanthrone découvert par Bayer en 1880 et commercialisé après 1900 par
sa firme BASF.
La technique du batik de Dali décrite par le Petit Futé semble quelque peu
différer (toile de coton et feuille de plastique sont cousues ensemble):
«A Dali, dans l’une de ses nombreuses fabriques, les femmes prennent une toile
de coton, puis elles cousent sur celle-ci une toile en plastique qu’elles ont au
préalable perforée afin que l’encre passe et laisse des motifs. Une fois les
deux toiles cousues, le tissu est trempé dans un bain indigo. Le bain indigo est
un colorant naturel obtenu grâce aux feuilles de l’indigotier, un arbre que l’on
trouve dans les régions chaudes. Issu de la famille des fabacées, son nom
provient du grec indikon qui signifie « de l’Inde ». Cultivé depuis des
millénaires, lorsqu’il fut découvert par les Européens, il fut très vite importé
pour colorer des jeans par exemple. L’arbre n’excède guère les 2 m de haut. Afin
d’obtenir le bain indigo, il faut au préalable laisser tremper les feuilles
d’indigotier et attendre que le tout fermente. Une fois la toile bien imprégnée
de la teinture, elle est tendue sur un fil afin de sécher. On retire
délicatement la toile en plastique et le batik si réputé de Dali apparaît ! Vous
aurez le choix entre différents motifs. Certains vendeurs proposent également
des batiks d’autres couleurs, mais le bleu indigo simple est celui typique de la
région.
[...]
Les touristes se les arrachent ; attention, car certains vendeurs annoncent des
prix exorbitants. N’hésitez pas à diviser le prix par deux, voire trois ! »
Chongsheng Si ("le Temple de l'Admiration") et Santa si ("les Trois Pagodes") **
A environ 20 kilomètres au sud de Zhoucheng, en revenant vers Dali, depuis
l'autoroute, malgré le temps maussade, l'attention est captée par les trois
pagodes qui émergent au pied de la montagne Cang Shan dont les 19 sommets sont
perdus dans de nuages sombres.
Ces pagodes symbolisent la ville et témoignent de l'art séculaire du travail du
marbre blanc, couleur qui représente aussi les Bai (bai signifie "blanc"). Elles
ont été bâties lorsque les souverains du Nanzhao adoptèrent le bouddhisme du
Grand Véhicule (Mahayana). Outre le marbre des sculptures, la structure utilise
la brique recouverte d'un enduit blanc. Elles comptent parmi les plus anciens
édifices du sud-ouest de la Chine.
Qian Xun Ta, la plus haute pagode (70m. ou 79m.), à section carrée, avec 16
toits et la plus ancienne (IXe s.) est un bel exemple de style Tang et rappelle
l’art des maîtres constructeurs de la grande pagode de l’Oie sauvage de Xi’an
qui lui est antérieure d'un siècle. Les deux autres, de part et d'autre de la
grande, sont moins hautes (42m.) à section octogonale, avec 10 niveaux et ont
été construite au siècle suivant. La pagode la plus au sud penche vers le nord
depuis le tremblement de terre de 1997.
Contrairement à de nombreux autres sites religieux d'Asie (Vietnam, Japon,
Bali), elles se distinguent par leur nombre pair d'étages. Pour les croyants de
la religion bouddhiste dans le monde chinois, les pagodes sont des tours de
plusieurs étages circulaires, octogonales ou carrées, caractérisées par leur
toit évasé ou en épi transposant les stûpa ou zedi du monde indien.
Voici ce qu'en dit le Petit Futé:
«Les Trois Pagodes de Dali, les plus anciennes structures du Yunnan, ayant
résisté à plusieurs tremblements de terre, sont la preuve tangible d’une
brillante civilisation perdue. Ces trois tours à l’étrange architecture, qui
semble plus hindoue que chinoise, sont reconnaissables de loin. Les Trois
Pagodes ont été érigées sur l’emplacement de l’ancien temple Chongsheng, qui
était le temple des familles royales durant la période du royaume de Nanzhao et
du royaume de Dali. La construction de la pagode principale – la pagode des
Mille Eveils – fut entreprise en 836, durant la période Fengyou du royaume de
Nanzhao, pour se terminer quarante ans plus tard. A l’époque, elle comportait
11 400 statues en bronze du Bouddha. La pagode principale se présente comme une
tour de 16 étages de 69m. de haut. Son plan carré est caractéristique du style
de la dynastie des Tang, lors de laquelle le bouddhisme venu d’Inde était à son
apogée. Au milieu de la façade de chaque étage s’ouvre une niche où est
installée une statue de bouddha en marbre blanc. Pendant la période du royaume
de Dali, deux autres pagodes de dix étages furent construites, l’une légèrement
au nord de la principale, et l’autre au sud, afin de former les trois points
d’un triangle. Ces deux dernières pagodes mesurent toutes deux 42m. de haut.
Chaque étage est sculpté de niches, de bouddhas et de fleurs de lotus. Au moment
des travaux de restauration effectués en 1978-1980, près de 700 reliques furent
trouvées sous les pagodes et à l’intérieur des sommets.»
Une voiturette électrique nous permet d'arriver facilement au pavillon le plus
haut de la série de temples construits dans le joli parc, un parcours de plus de
2km mais montant avec des séries de marches (356) pour les fidèles ou les
touristes courageux. Evidemment, avec cette façon de faire, il sera moins
difficile pour nous de les descendre même si l'on ne suit pas du tout la
progression logique des fidèles.
Une frustration: en principe les photos sont interdites à l'intérieur des
temples. Pour ma part, je considère qu'il est possible de ne pas trop nuire à
son karma en n'utilisant pas le flash et/ou en ne faisant des photos qu'en
l'absence de fidèles.
Dans la partie haute, le Bouddha Gautama, "le parfait" est à l'honneur, entouré
de disciples devenus bodhisattvas. Plus bas, on rencontre le Bouddha aux Mille
Bras, Guanyin, la seule représentation féminine vénérée dans le Bouddhisme.
C'est un bodhisattva, c'est-à-dire qu'elle a obtenu l'éveil mais elle n'a pas
voulu accéder au rang de bouddha afin de faire bénéficier de son enseignement
les hommes. En Chine, même les taôistes la considèrent comme la déesse de la
miséricorde. En bas, les fidèles sont accueillis par le jovial Maitreya , "le
bouddha du futur" que les Chinois nomme Milefo ou Bouddha de Mile. Tant le
bouddhisme Mahāyāna que le Hīnayāna le considèrent comme le prochain bouddha.
Les gardiens célestes ont aussi une bonne place à ce niveau.
Les Gardiens Célestes, selon la croyance bouddhiste influencée par l'Hindouisme
où ils portent le nom de Lokapalas, veillent sur les quatre points cardinaux du
monde et protègent la Loi bouddhiste. Ils habitent le mythique mont Meru aux
portes du paradis d'Indra, le protecteur du bouddhisme. Les Gardiens célestes
sont les acolytes d’Avalokiteshvara ici connu comme Guanyin dont on vient de
parler. À l'origine, les gardiens étaient considérés bienveillants, mais au fil
du temps ils ont été représentés en guerriers menaçants vêtus d'une armure et
d'un heaume ou d'une couronne. Ils ont participé à la naissance de Bouddha
Gautama et soulevé les sabots de son cheval pour qu'il puisse quitter sans bruit
le palais de son père à son départ pour le monde extérieur.
Le chef des Gardiens Célestes, Vaisravana, veille sur le nord et l'hiver. Son
nom signifie "Celui qui sait". Il est le seigneur des Yakshas, des êtres divins
qui protègent et servent leur souverain. Le Gardien du sud, Virudhaka, "Le
puissant", combat l'ignorance et protège l'étincelle de bonté qui brille au
coeur des hommes et gouverne l'été. Au Tibet, il est souvent représenté avec un
heaume en forme de tête d'éléphant. Le Gardien de l'est, Dhritarashtra, " Celui
qui maintient le royaume de la Loi", règne sur le printemps et préserve l'Etat.
Enfin, le Gardien de l'ouest, Virupaksha, "Celui qui voit tout", généralement
représenté vêtu d'une armure et debout sur un rocher ou un tas de démons, règne
sur l'automne.
Après cela petite grimpette pour avoir une vue sur vue surplombant les pagodes
et pour finir, un petit tour au Juying Chi (étang de réflexion), l'étang à la
surface duquel se reflète l'image des Trois Pagodes.
Retour à l'hôtel Landscape à Dali.
Très bon dîner au Kai Yi’s Kitchen, un restaurant sur Huguo Lù, Rue des
Etrangers, près du carrefour avec la Fuxing Lù et tout près de notre hôtel
Landscape. On nous y servira entre autres des rouleaux de printemps. En
revanche, les tables rectangulaires, et donc sans plateaux tournants, montrent
tout à fait leur inadaptation au service des multiples mets chinois.
2 - LIJIANG et ses environs *
Vendredi 3 Avril - trajet de DALI à LIJIANG
Départ en autocar dès 8H15 car la route sera longue jusqu'à LIJIANG, avec un
détour non négligeable par la montagne de Shibao. Le temps devrait être
convenable.
Cap au nord par l'autoroute. Sans déplaisir, nous repassons près des Trois
Pagodes une nouvelle fois.
Plus loin, c'est l'hôpital de Dali. Ici les hôpitaux se distinguent des nôtres
par une croix blanche sur fond rouge! A l'ouest, sur notre gauche la vue est
bouchée par la chaîne de montagnes aux crêtes perdues dans les nuages mais elles
nous offrent un magnifique arc-en-ciel. Au bout d'une heure de route, nous
sommes à hauteur du lac Zibi. Peu à peu le ciel se dégage sur les montagnes qui
se font plus arides et plus rougeâtres, avec de rares terrasse, et laissant le
verts aux cultures sur la plaine de fond de vallée.
Les grottes bouddhiques du Shibao Shan, la Montagne du Trésor de Pierre **
Vers 10H20, nous quittons l'autoroute à Niujiexiang pour partir vers les
montagnes de l'ouest par une route parfois sinueuse, pentue et escarpée. Près de
40 minutes de trajet avant d'arriver à la zone d'accueil du site de ShibaoShan.
La terre brune des terres travaillée récemment semble fertile autour des hameaux
où nous passons. La route prend tout à fait un air de route de montagne ce qui
rend délicat le dépassement du poids lourd qui nous précède.
Arrivés à l'aire d'accueil, nous pouvoir voir deux norias et un rocher sculpté
de ce qui semble être des scènes de chasse et/ou de danse (par l'ethnie Bai?).
Nous devons laisser notre autocar (depuis cette année, ces véhicules ne sont
plus autorisés à circuler sur la route au-delà) pour emprunter des minibus
navettes tout neufs et pas encore immatriculés. C'est encore environ 20 minutes
de trajet par une route encore plus difficile d'où nous apercevons bientôt le
temple suspendu du Shibao Shan, la Montagne du Trésor de Pierre, située dans la
région de Jiangchuan, vers les 2600 mètres d'altitude
.
Nous commençons en descente par un sentier et des marches dallées, un peu de
trajet plat puis une remontée et c'est l'arrivée aux grottes creusées dans une
sorte de grès rouge-brun où il fait frais (14°). La montagne est parsemée de
grottes et rochers dans lesquels les Bai ont gravé de somptueuses et nombreuses
sculptures qui pour certaines ont 1300 ans. Les plus anciennes, d’époque Tang,
illustrent la pénétration du bouddhisme mahayana du Tibet en royaume Nanzhao.
Certaines représentent les rois de la période historique du royaume Nanzhao
(scènes de vie, comme dans la grotte n°1 et n°2 montrant les coutumes à la cours
du roi) ainsi que des Bouddhas et autres représentation bouddhistes (moines, les
huit "Rois Célestes" de la grotte N°6 où l’on peut observer les influences
tibéto-indiennes ou encore la bodhisattva Guanyin de la grotte N°7). Sur
certaines statues, on peut voir des traces de couleurs. Delphine nous précise
que certaines statues ont été endommagées par les Gardes Rouges lors de la
Révolution Culturelle (1966-1969). Sans oublier en fin de parcours, la grotte
N°8 avec une sculpture unique au monde représentant un sexe féminin, auquel la
population rend un culte de la fécondité et de la fertilité.
Delphine évoque une coutume particulière des Bai. A la fin de l'année (selon le
calendrier lunaire), alors que la tradition est que les mariages soient arrangés
par les parents, une journée de fête permet à d'anciens amoureux de se retrouver
"en tout bien tout honneur". Sauf si une femme n'arrive pas à avoir d'enfant
avec son mari, alors, malgré la règle de la monogamie, elle peut faire appel à
son ancien amoureux qui devient amant d'un jour pour suppléer à la déficience de
l'époux.
De nombreux autres parcours s'offrent aux vrais randonneurs comme le temple
Baoxiang que nous n'irons pas voir. Il date de la dynastie Yuan et a été
reconstruit en 1876. Ce temple accroché à la falaise est constitué de pavillons
suspendus qui renferment de jolies statues de bouddhas en couleur. Du site, on a
également une vue des aménagements existant sur l'autre versant.
C'est le plus bel ensemble de temples rupestres du Yunnan mais une fois de plus
il est frustrant de se voir interdire la prise de photos alors qu'il n'y a pas
un chat sur ce site en dehors de nous. Doublement frustrant puisque la petite
boutique du site ne vend même pas de cartes postales (mais une notice mal
photocopiée en noir et blanc). J'ai donc un peu resquillé comme à l'accoutumée
et emprunté...
Retour par le même chemin. Donc cette fois, descente puis remontée... Nous
croisons des muletiers avec leurs animaux lourdement chargés de huit gros blocs
de pierres de taille, sans doute destinées à des restaurations ou à des
aménagements. De retour sur le parking, nous attendons une navette jusqu'à
13H30. Vingt minutes plus tard, nous sommes au parking de notre autocar.
Delphine, compte tenu de l'heure tardive et de l'endroit suggère que nous
sautions carrément le déjeuner et en compensation, un déjeuner serait pris en
charge le dernier jour, en lieu et place du déjeuner libre prévu au programme.
Dans un pays où la démocratie n'a pas cours, elle prend la décision scabreuse de
renvoyer des décisions au groupe en allant jusqu'à mettre aux voix, par vote à
main levée. Un super moyen de casser toute cohésion de groupe naissante car,
dans une telle situation, les plus timorés ou ceux qui n'ont pas la parole
facile se taisent, ce qui aboutit à un faux consensus... Pas de déjeuner
aujourd'hui!
On va donc gagné du temps. En un peu plus de deux heures, on sera à Lijiang, à
16H15, après avoir rejoint l'autoroute, longé le lac Jianhu et un arrêt dans une
aire de services ornées de statues de yaks du côté de Jianchuan.
LIJIANG: premier aperçu de la vieille ville et visite du Palais de la Famille Mu
A Lijiang, il fait 28° mais l'atmosphère est bien venteuse. Nous avons pris de
l'altitude depuis Dali puisque Lijiang est à 2400 mètres.
La ville qui ne comportait ni boutiques de souvenirs ni restaurants touristiques
en 1995 doit sa renommée au classement UNESCO qu'elle a obtenu dès 1997, un an
après le tremblement de terre, comme une sorte d'encouragement à se relever...
Mais depuis, l'authenticité de la ville s'est bien perdue! Avec les quartiers
neufs, c'est une ville qui compte 250 000 habitants (155 000 selon Wikipedia en
anglais). Le chemin de fer de Kunming à Lijiang a été mis en service depuis
2010.
Comme l'autocar ne peut pas enter dans la vielle ville, c'est une fois encore
avec des moyens de transports artisanaux, sur la remorque de tricycles (sans
moteur), que nos valises arrivent à l'hôtel Wang Fu aussi appelé du nom plus
occidental de Lijiang Palace.
Avec le temps qui a été gagné en sautant le déjeuner, Delphine décide
d'anticiper la visite du Palais de la Famille Mu qui était au programme du
lendemain. Comme l'hôtel est au nord de la vieille ville, il nous faut gagner le
sud par la rue de l'est, la place carrée puis un labyrinthe de ruelles sans
perdre de temps cat il presque 17H.
Le Petit Futé fait un dithyrambe sur la ville:
«La petite ville de Lijiang est située sur le plateau nord-ouest du Yunnan
bordant le Tibet. Les paysages y sont époustouflants: Lijiang est ainsi cernée
de montagnes verdoyantes dont les sommets de glaces éternelles dominent le site.
Quand le temps n’est pas à la pluie et au brouillard, on a une belle vue sur les
monts enneigés du Dragon de Jade (Yulong Xueshan) qui culminent à 5596 m,
annonciateurs de l’Himalaya et du Tibet. C’est aussi dans cette région que se
trouve le premier méandre du fleuve Yangtse. La préfecture de Lijiang dominait
autrefois la principauté de Mexiezhao, et la région garde de son passé
prestigieux un certain nombre de palais et de temples bouddhiques de périodes
Ming et Qing.
La vieille ville de Lijiang, nommée Dayan, prit son aspect actuel 800 ans en
arrière, durant la dynastie des Song du Sud. Elle fut construite autour de
ruisseaux provenant de la source du Dragon noir (Heilongtan), au pied de la
colline du Lion. Ces canaux à onde claire passent toujours devant le pas des
portes. Les ruelles aux pavés inégaux sont bordées de maisons traditionnelles,
faites d’une structure en bois et de murs en pisé. Recouvertes d’un toit cornu,
elles sont en général spacieuses, avec des balcons qui protègent du soleil comme
de la pluie. La cour carrée fermée par les différents corps de bâtiments est
souvent agrémentée de fleurs et de petits arbres. Vue des collines alentour, la
cité médiévale fait penser à une immense pierre d’encre, d’où son nom de Dayan,
qui signifie "grand encrier". La population de Lijiang est composée pour un peu
plus de 50% de minorités ethniques, dont les plus nombreux sont les Naxi. On
recense aussi des Yi, Lisu, Pumi, Dai, Miao et Tibétains.
Les Naxi (ou Nakhi) sont des descendants de nomades tibétains. D’anciens écrits
dongba rédigés il y a plus de 1000 ans font ainsi allusion au mont Kailash, au
Tibet. Cette civilisation méconnue en Occident a été décrite par Joseph Rock
dans The Ancient Nakhi Kingdom of Southwest China, en 1947, et par l’écrivain
russe Peter Goullart dans son livre de 1955, Forgotten Kingdom. En 1913, Lijiang
était encore loin d’être une destination touristique, mais le géographe
austroaméricain Joseph Rock vint s’y installer pour 28 ans. Il quitta Lijiang en
léguant ses magnifiques photos et sa passion pour les montagnes et les rivières
à l’Occident – sans savoir qu’il éveillerait par là-même la curiosité de
millions de personnes. Lijiang est aujourd’hui divisée en deux parties bien
distinctes: la nouvelle et l’ancienne ville. La nouvelle ville ressemble à
n’importe quelle bourgade sans intérêt du reste de la Chine.
La vieille ville vaut bien sûr le détour, mais il n’est pas nécessaire de s’y
attarder de trop. Classée au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco depuis
1997 après avoir été rénovée suite à un lourd tremblement de terre en 1996,
Lijiang est aujourd’hui inondée de touristes. Les Naxi, dont beaucoup sont
obligés de quitter la vieille ville, tentent tant bien que mal d’y préserver
leur langue et leurs traditions, et les touristes à la recherche d’authenticité
et de quiétude risquent fort d’être un peu déçus. Cela dit, le lieu n’en demeure
pas moins magique, et sa visite est indispensable si vous passez au Yunnan. »
Nous allons donc faire la visite du Palais des Mu en suivant le fanion de Jenny,
la guide anglophone locale obligatoire mais inutile du fait de la présence de
Delphine.
L'histoire de la ville de Lijiang se confond avec celle de la Famille Mu.
Cela remonte au XIIIe siècle, sous la dynastie des Song du Sud, lorsque les
ancêtres de la famille régnante Mu s'installent dans la nouvelle cité de
Dayechang, qui prendra ensuite le nom de Dayan. De 1288 à 1730, Ljiang fut la
capitale du royaume de Mu fondé par les Naxi. Cette minorité se considère comme
intermédiaire entre les Tibétains et les Bai.
Au XIVe siècle, il avait fallu plus de 60 ans pour construire cet immense
complexe de 100 bâtiments couvrant 6 hectares. Les édifices sont inspirés des
différentes architectures Naxi, Bai, Tibétaines et Han. La ville devient le
siège d'une préfecture en 1382 lors de la prise de contrôle par la dynastie Ming
qui gardera la lignée héréditaire des Mu comme préfets jusqu'en 1723. Pa la
suite, le déclin de la famille Mu a entraîné l’abandon de la résidence. Il fut
en partie détruit en 1800 et peu à peu remplacé par des habitations tandis que
le tremblement de terre de 1996 acheva la destruction de ce qui restait du
palais. Avec une efficacité toute chinoise et grâce aux subventions de la banque
mondiale, le Palais a été reconstruit et ouvert au public en février 1999 mais
n'est sans doute pas conforme à l’oeuvre originale que l'on comparait à la Cité
Interdite... d'ailleurs la surface du parc a été réduite de moitié.
Nous allons y passer une heure et quart car le site mérite la visite et offre,
depuis sa partie haute, de belle vues sur la vieille ville. Passé l'entrée sur
la place, nous voyons une jeune fille habillée du costume de fête des Moso:
tunique rouge et jupe blanche à mille plis.
Delphine nous livre quelques informations sur cette ethnie Moso qui est un
sous-groupe des Naxi, utilisant d'ailleurs une écriture dérivée du dongba des
Naxis. Ils vivent à la frontière des provinces du Yunnan et du Sichuan, sur les
contreforts de l'Himalaya. Environ 50 000 habitants se rattachent à ce groupe.
C’est un peuple matriarcal dont les coutumes sont restées quasi intactes au
point que les ethnologues le surnomment "le peuple fossile". Jusqu’à récemment,
les enfants ignoraient l’identité de leur père. Vers l'âge de 14 ans, la mère
révèle à sa fille le nom de son père afin d'éviter non pas l'inceste mais une
union consanguine avec des demi-frères.
C'est une société matrilinéaire (les enfants sont rattachés au groupe parental
maternel, qui les élève, leur transmet le nom et l'héritage), matrilocale (les
femmes sont au centre de leur famille et ne la quittent pas pour rejoindre leur
conjoint après une union) et avunculaire (la paternité des enfants est exercée
par leur oncle maternel). Les Moso présentent également dans leurs traditions
certaines particularités, ce qui leur a valu l'intérêt de nombreux ethnologues:
le mariage n'existe pas et les amants ne résident pas ensemble. Ces spécificités
ont été bousculées sous la Révolution Culturelle quia tenté d'imposer le mariage
et la monogamie. Mais de nombreux Moso sont restés fidèles à leur modèle
traditionnel ou y sont retournés par la suite.
Quelques pas plus loin, c'est une femme en costume Naxi.
La société Naxi étant traditionnellement une société matriarcale, les hommes
avaient tout loisir de pratiquer la calligraphie et la musique, tandis que les
femmes s’occupaient des tâches quotidiennes à la maison et des travaux aux
champs. Delphine précise que le costume porté par les femmes résume bien leur
condition: une cape en peau de yack avec des bretelles croisées blanches sur la
poitrine et le dos avec deux couleurs symbolisant la force: blanche pour
symboliser le jour et noire avec les 7 étoiles de la grande ourse, pour
signifier que les femmes naxi sont toujours à la tâche, le jour et même la nuit.
Pendant ce temps, leurs hommes s'adonnent aux arts (calligraphie, musique,
peinture) ou moins noblement aux échecs, au thé, à la pipe à eau ou à l'alcool!
Selon les sources, l'effectif de la population de l'ethnie des Naxi varie ente
300 000 et 500 000 personnes dont plus de 250 000 dans la région de Lijiang.
L’ensemble du palais actuel s’adosse à une colline et se trouve au coeur de la
vieille ville de Lijiang. Orienté du côté est, il connaît l’ensoleillement le
matin. Par la sortie arrière du palais des Mu, il est possible de rejoindre
l'entrée sud du parc de la colline du Lion et, à proximité, la pagode Wangulou,
haute de 33 mètres.
Retour au centre ville à une allure plus tranquille si l'on peut dire car nous
sommes immergé dans la foule qui grouille de touristes chinois qui se pressent
dans les boutiques de souvenirs, de thé pu'erh... Passage Porte Guangmen puis
devant les comptoirs des restaurants de rue disposés en enfilade et surmontés de
décors des plus kitchs qui soient. Sur la pittoresque Rue ou Place Carrée (Sifang
Jie qui sert de place du marché), on peut voir un montreur d'aigle pour la photo
souvenir.
Après la traversée du centre, nous voici tout au nord de la vieille ville, à son
entrée principale, au pied de la colline du Lion et près de l'étang du Dragon
Noir. Deux roues à aubes reconstituées ornent un côté de la grande place Yuhe.
Les jeunes filles la surnomment "la Place de Voeux" car elles viennent y faire
graver leurs souhaits Xuyuanpai. D'autres jeunes femmes en costume d'apparat et
munies d'une carte essaient de vous convaincre d'aller dîner dans tel
restaurant. Profitons des dernières lumières du jour qui éclairent les sommets
de la Yulong Xueshan, la Montagne du Dragon de Jade (5596 mètre) à une trentaine
de kilomètres plus au nord.
Il est 18H45, pour dîner, Delphine jette son dévolu sur le Alequi Fish
Restaurant. Rien de remarquable: poisson, évidemment avec une telle enesigne,
nouilles froides, pommes de terre pas cuites, légumes insipides et même pas de
riz!
En ressortant du restaurant, c'est l'occasion de jeter un oeil à la concurrence
beaucoup plus portée sur la viande à en juger par les carcasses de porcelet
laqué ou de chevreau. Il ya même un MacDo sur la place Yuhe, toujours animée et
dominée à l'est par une superbe pleine lune.
LIJIANG: Concert de Musique Naxi
A deux pas le là, nous arrivons à la salle Na-Xi Concert Hall où l'on anticipe
d'une journée la soirée prévue pour assister à un concert de musique Naxi. Un
quart d'heure d'attente car le concert débute à 20H. Cette salle vieillotte,
haute de plafond et parcourue de courants d'air ne présage pas d'une grande
partie de plaisir. On peut noter qu'en dehors de notre groupe, il n'y
pratiquement pas d'autres spectateurs dans cette grande salle. Delphine nous a
raconté l'origine de cet ensemble. M. Xuan Ke, son directeur, a eu un passé peu
banal. Né en 1930, dans les années 1970, il a été condamné à 20 ans de prison
pour adultère avec la femme d'un militaire. A sa sortie de prison à 65 ans, il a
épousé une jeune femme de 25 ans. Il a fondé cet orchestre en 1981.
La musique traditionnelle Naxi Culture Show (ou Naxi Ancient Music ou encore
Dongba Ancient Music) interprétée par un orchestre d'une petite vingtaine de
musiciens (et parfois chanteurs solistes) comprend quelques vieux messieurs à
barbiche âgés de 70 à 90 ans et quelques uns plus jeunes ainsi qu'une femme. La
musique elle-même est une combinaison de la musique traditionnelle chinoise
datant de la dynastie des Tang et un répertoire plus local. L'audition des
morceaux est précédée de longues explications en mandarin.
Considérée comme un "fossile vivant", les spécialistes débattent des origines de
cette musique, mais l’on pense que c’est un mélange de musiques des dynasties
Tang (618-907) et Song, à l'origine de la musique taoïste. Les Naxi ont conservé
la coutume de chanter et de danser autour d'un feu de joie pour pleurer les
morts. Un autre genre musical ancien, puisque né il ya plus de 700 ou 1000 ans,
est conservé sous forme de musique d'orchestre qui évoque l'épopée du peuple
Naxi au travers des guerres.
L'orchestre est surtout composé d’instruments à cordes: luth (pipa), orgue à
bouche (sheng), cithare (erhu), flûte traversière (dizi) produisant un son
fragile et étrange. Les percussions donnent le rythme avec un gong, des cymbales
et des plaques de fonte suspendues. Ces percussions n'arrivent même pas à tirer
de leur apparente sieste certains vénérables musiciens entre les parties où ils
sont oisifs. Il est vrai que jouer devant une salle quasiment vide n'est guère
motivant. Une jeune femme en costume Naxi fournit des explications en anglais et
en chinois durant le spectacle.
Le directeur bedonnant de la troupe, M. Xuan Ke, fagoté comme l'as de pique,
monte sur la scène à la fin du spectacle. Il tient un long discours
d'autopromotion en chinois et en anglais. Transis de froid, nous le plantons là
avant qu'il eût fini de pérorer. Il est 21H15 et il y a bientôt 2 heures que
nous grelottons...
Retour à l'hôtel Lijiang Palace, un 4* qui en a perdu au moins une. Donc de
Place, il y a surtout le nom car l'établissement est défraîchi, sale, avec un
service de petit-déjeuner assez lamentable car le thé est servi à dose
homéopathique sur des tables qui ne sont même pas débarrassées...
Samedi 4 Avril - aux environs de LIJIANG
A propos de l'hostilité es Chinois à l'égard des Japonais
L'hostilité des Chinois à l'égard des Japonais est bien palpable.
La notion de Seconde Guerre Mondiale telle que nous la situons
chronologiquement, 1939-1945, n'a pas de plein sens pour eux qui prennent en
considération le début de l'invasion japonaise en Mandchourie se situe en 1931,
suivie à partir de l'été 1937, par l'invasion massive de la partie orientale de
la Chine (seconde guerre sino-japonaise) suivie du Massacre de Nankin (de 40 000
à 300 000 victimes selon les sources, japonaises ou chinoises). A ce propos,
Delphine emploie systématiquement l'expression "la Guerre Antijaponaise". De son
côté, Linda, notre guide locale tibétaine en fin de circuit nous a montré
clairement qu'elle exécrait les Japonais.
Nous avons pu voir un bar de Lijiang qui n'hésite pas à placarder un avis
indiquant que l'établissement est "interdit aux Japonais".
Et les Chinois aiment bien faire sentir que le Japon est quelque part redevable
de beaucoup à la Chine alors qu'au début de l'ère chrétienne il sortait tout
juste du paléolithique.
De la Chine, lui sont parvenues des techniques nouvelles, des arts, l'écriture,
une philosophie (confucianisme) et une religion (bouddhisme). Une histoire ou
une légende illustrent ce dernier aspect des choses.
A ce sujet, Delphine a évoqué des faits anciens, mi-légendaires,
mi-historiques...
Plusieurs souverains de l'antiquité chinoise ont tenté d'obtenir une "panacée
de jeunesse et de longue vie", sous forme d’élixir ou de pilule.
Pendant la dynastie Qin, le célèbre Empereur Qin Shi Huang (auquel on doit la
fabuleuse Armée Enterrée de Terre Cuite de Xi'an) parcourut les côtes de Chine
orientale afin de trouver ces remèdes et il envoya vers l'Orient et ses
mythiques "îles des immortels" une vaste expédition menée par Xu Fu accompagné
de 3000 (1000 selon d'autre sources) filles et garçons vierges, de gardes et de
vivres, à la recherche de l'élixir de vie éternelle.
Mais l'envoyé ne revint jamais ni aucun membre de l'expédition. Disparurent-ils
en Mer Jaune, au-delà de la péninsule du Shandong ou, comme on le raconte,
parvinrent-ils Shingu au Japon mais n'y ayant pas trouvé l'élixir, y restèrent
et y firent souche? Au lieu de rentrer en Chine, Xu Fu aurait passé le restant
de sa vie à Kumano, auprès de Tokugawa Yorinobu, seigneur de Kishu, transmettant
culture et technologie chinoises, notamment dans les domaines des travaux
publics et de l'agriculture.
A défaut d'avoir trouvé le fameux élixir, les recherches de la médecine chinoise
et du taoïsme de cette époque croyaient qu'ingérer des matériaux précieux connus
pour ne pas s'abîmer, comme l'or, le jade, le cinabre (sulfure de mercure) ou
l'hématite pouvaient conférer la longévité. L'Empereur Qin Shi Huang Di mourut
d'une intoxication au cinabre en 210 av. J.-C.
Départ en autocar 8H30 pour le village de Yuhu, à une quinzaine de kilomètres au
nord de Lijiang. Un peu frais encore: 14°.
En quittant Lijiang, on peut voir un marché aux légumes sur le trottoir avec
nombreuses femmes Naxi en costume traditionnel, si l'on fait exception de leur
casquette mao, mais après tout elle fait désormais partie de la tradition. Nous
passons devant la statue d'un énorme lion, sans doute une évocation de la
Colline du Lion proche. Sur notre gauche (ouest), magnifique panorama de la
Montagne de Dragon de Jade éclairée par le soleil du matin qui fait étinceler
ses glaciers. Nous traversons une zone parfaitement plate qui avait été utilisée
par l'escadrille des 137 avions américains des Tigres Volants venus d'Inde et de
Birmanie en 1941 pour appuyer les forces chinoises lors de la "guerre
anti-japonaise" comme on dit ici pour évoquer la Seconde Guerre Mondiale.
En 1939, les Alliés avaient établis le la Route de Birmanie qui reliait Yangoon
à Kunming, la capitale du Yunnan. C'était la bouée de sauvetage de la Chine. En
effet, les Britanniques transportaient des fournitures pour aider le
gouvernement de Chiang Kai Tchek dans sa contre-attaque contre le Japon. Mais en
1942, les forces japonaises avaient repris la Birmanie et donc coupé la Route de
Birmanie et le lien avec les Britanniques repliés en Inde. Pour les Alliés, il
n'y avait d'autre solution que d'établir un pont aérien de l'Assam en l'Inde
britannique au Yunnan. Des aérodromes militaires avaient donc été construits
dans la province du Yunnan occidental, notamment à Yunnanyi, Tengchong et
Baoshan. L'escadrille d'aviateurs américains qui devaient survoler l'Himalaya
pour éviter l'espace aérien birmane contrôlé par le Japon ont été surnommés les
"Tigres Volants".
Nous quittons la plaine pour monter vers le village en passant près d'une sorte
de campement où sont érigés des mâts auxquels sont accrochées des cordelettes
munies de drapeaux de prières.
Village de YUHU et maison du Dr J. Rock*
Nous arrivons au village naxi de Yuhu, trois quarts d'heures après avoir quitté
l'hôtel. La guide locale Jenny est toujours là, pour le décor...
Yuhu est le dernier village de la vallée de Lijiang, situé au pied de la
Montagne du Dragon de Jade. Les maisons sont faites avec des pierres appelées
"tête de singe" dont l'apparence est intermédiaire entre celle d'une pierre
grossière et celle de la terre séchée. Le village a conservé l'aspect qu'il
avait au début du XXème siècle lorsque Joseph Rock choisit cet endroit comme
lieu de résidence.
La place poussiéreuse à l'entrée du village est l'occasion de voir des Naxi,
hommes comme femmes, portant la casquette Mao bleue. Certaines femmes plus
jeunes la remplacent par une casquette de base-ball. Le point de vue sur la
montagne serait superbe s'il ne fallait pas s'ingénier pour trouver des angles
sans les fils électriques. La pipe à eau est toujours appréciée des hommes du
village.
Nous allons visiter la maison du géographe américain Joseph Rock, d'origine
autrichienne, tandis que des ouvriers révisent la toiture de tuiles rondes. La
maison, plus exactement la résidence disposée autour d'une traditionnelle cour
carrée, est transformée en une sorte de musée miteux. Botanise de métier, le Dr.
Rock venu ici en mission pour étudier les plantes de la Montagne du Dragon de
Jade, tomba amoureux de la région, de ses habitants et de sa culture, et décida
de s’y établir. Il habitera au village de Yuhu pendant 27 ans. A partir de 1922,
il commença un énorme travail de recherche sur la minorité Naxi locale, pris de
nombreuses photos et rédigeât des articles pour le magazine National Geographic
et que l'on peut voir exposées ici. Il a écrit à ses amis, juste avant sa mort
en 1962 qu'il préférait mourir dans les fleurs de la Montagne du Dragon de Jade
plutôt sur un lit de malade à Hawaï. Plus loin, on évoquera son nom au sujet du
mythe de Shangri-La.
Retour pour un tour dans le village. C'est l'heure où des Chinois peu courageux
mais argentés s'en vont en caravane vers la montagne à dos de mulets. Rien ne
doit se perdre aussi une femme récupère le crottin lâché par les montures.
Après trois quarts d'heure de visite au village de Yuhu, nous reprenons
l'autocar pour un très court trajet de moins de 10 minutes pour nous rendre dans
le village voisin. La température a bien grimpé: 27° à 10H30!
Village de BAISHA: monastère Yufeng
Yufeng Si est l’une des sept lamaseries construites durant le règne de
l’empereur Qing. Sa célébrité actuelle tient surtout à son "camélia aux dix
mille fleurs". L’arbre fut planté durant la dynastie Ming (1465-1487) et l’on
dit que la lamaserie fut construite ici à cause de lui. Cet arbre (en fait ce
sont deux arbres qui ont poussé ensemble) vieux de plus de 550 ans fleurit à
plusieurs reprises, se couvrant chaque fois d’une vingtaine de groupes d’environ
cent fleurs. En cette saison qui est pourtant celui où ces arbres fleurissent,
il semble un peu piteux. Tout comme le très vieux moine assis à ses pieds et se
réchauffant au soleil. Son press-book est affiché près de lui... Les monastères
de la région de Lijiang sont tous rattachés au bouddhisme lamaïste tibétain et
appartiennent à l'un des deux grands ordres du bouddhisme lamaïste, l’ordre des
Bonnets Rouges comme en témoigne la couleur du bonnet du vieux moine. Notez que
parfois on peut trouver mention de "secte" pour désigner un "ordre" lamaïste.
L'évolution du bouddhisme a donné lieu à trois grandes écoles: l'Hinayana, le
Mahayana et enfin le Vajrayana (yâna "véhicule" et vajra diamant") ou Bouddhisme
tantrique. Le tantrisme consiste en une discipline regroupant un ensemble de
techniques visant à canaliser l'énergie du pratiquant afin de lui permettre de
progresser plus rapidement sur la voie de l'illumination. Le but est de devenir
un bodhisattva qui signifie "être promis à l'Éveil". Ayant atteint l'éveil, le
bodhisattva n'entre pas en nirvāna mais reste dans le samsara, afin d'aider tous
les êtres à se libérer de la souffrance, dans une démarche de libération
collective.
Attardons nous un peu sur l'école du bouddhisme lamaïste tibétain.
Vers 750, Padmasambhava, aussi appelé Guru Rimpoche, chercha à unifier la
doctrine Vajrayana et les anciens cultes tibétains bonpos, ce qui donna
naissance à une nouvelle forme de bouddhisme: le bouddhisme tibétain ou
lamaïsme. Le grand maître du bouddhisme tibétain fonda l'ordre Nyingmapa, "la
Lignée des Anciens", et ses moines prirent la robe et la coiffe rouges pour se
distinguer des prêtres bonpos. Pour lutter contre la domination de la
religion bon, d'autres ordres virent le jour au cours des siècles suivants, tous
désignés par la dénomination de "Bonnets rouges".
Vers le XVe siècle, le réformateur Tsongkhapa rassembla en un canon unique les
éléments essentiels de tous les enseignements bouddhiques et fonda l'ordre des
Gelugpas, "la Lignée des hommes vertueux", dont les moines prirent la coiffe
jaune et devinrent dans le langage populaire, les "Bonnets jaunes". Le guide de
ce dernier ordre devint le chef spirituel et temporel du Tibet. Le troisième
guide reçut d'un roi mongol, le titre de Dalaï-Lama (du mongol dalaï "océan" et
lama "maître insurpassable", parfois traduit par "Océan de sagesse"), titre qui
fut attribué rétroactivement à ses prédécesseurs. Chaque Dalaï-Lama fut dès lors
considéré comme la réincarnation de son prédécesseur. Dans la tradition, le
Dalaï-Lama est le dirigeant spirituel et politique du Tibet.
Issu également de l'ordre des Bonnets jaunes, l'abbé du monastère de Tashilhunpo,
dans la région de Shigatsé, le Panchen-Lama (du sanskrit pandita "érudit", du
tibétain chenpo "grand" et lama) est le deuxième plus haut chef spirituel
du bouddhisme tibétain, juste après le dalaï-lama.
Nous descendons vers le complexe monastique et le temple situés un peu en
contrebas.
Quelques fidèles viennent y brûler de l'encens et faire tourner les moulins à
prières puisque l'on est ici dans un univers lamaïste. Des fresques modernes
comme la Roue de la Vie présentent des scènes hyper réalistes.
BAISHA: le Palais Dabaoji et visite du village
Très court trajet pour descendre au village de Baisha proprement dit, pour voir
les fresques du Palais Dabaoji. Il y avait jadis beaucoup de fresques autour de
Lijiang. Malheureusement, la plupart furent détériorées ou détruites durant la
Révolution Culturelle.
La vieille de Baisha est le premier établissement du peuple Naxi et le berceau
du clan Mu puisque c'est le lieu de naissance de "Tusi", le chef du clan. Au
début de la dynastie des Tang, pendant le Royaume Nanzhao, les ancêtres des Mu
clan ont commencé à construire Baisha et ses temples. Pendant la dynastie des
Song, la petite ville prospère est devenue le centre économique, politique et
culturelle de Lijiang. Pendant les dynasties Ming et Qing la famille Mu s'est
progressivement déplacée vers la ville de Dayan. Le quartier central de la ville
est caractérisé par un groupe de temples appelé "Mudu" dans un grand carré qui
symbolise les droits politiques de la famille Mu.
La couleur blanche du sable est à l'origine du nom de la ville. Dans la langue
Naxi, le sable blanc est appelé "bengshi" qui a évolué en "Baisha".
Le mur d'enceinte du Palais Dabaoji donnant sur le parking donne l'occasion à
Delphine de nous confronter à la fameuse écriture pictographique des Dongba.
C'est sans doute la seule écriture majoritairement pictographique utilisée de
nos jours. Cependant certains caractères y sont cependant utilisés comme
caractères syllabiques. La culture Dongba ne se réduit pas à la seule écriture.
Elle comporte aussi une ancienne religion totémiste proche de la religion
tibétaine prébouddhique bonpo ou bön. Cette religion vieille de plus de mille
ans, est une sorte de paganisme lamaïsé. Le Dongba, possède beaucoup de
caractéristiques de la religion tibétaine. Comme les Tibétains et les Bai, les
Naxi descendent d'un même couple formé par un homme et une déesse.
Pour nous, le jeu consiste à déchiffrer ce qui ressemble à des rébus: une femme,
une famille, un mariage, parler, se disputer, manger, semer, faire l'amour (avec
un "détail" martelé), accoucher...
Dans le palais, face de l’entrée, dans le premier édifice du temple des Tuiles
Vernissées (Liuli Dian ou Liuli Gong), la fresque principale représente l’unité
des différentes religions: le groupe de personnages du haut figure le bouddhisme
tibétain, celui du milieu incarne le taoïsme et celui du bas, le bouddhisme Han.
L’ensemble est centré autour d’une représentation de Sakyamuni. Aure fresque
célèbre, celle représentant Kwan-yin.
Les 44 morceaux de fresques, peintes au début de la dynastie Ming (1368-1644),
avec leurs lignes fines, leurs riches couleurs, forment un modèle vivant et
harmonieux de composition des contes religieux inspirée du taoïsme, du
bouddhisme et du bouddhisme tibétain. Ce sont de précieux trésors de l'histoire
de la peinture chinoise. Les fresques ont été créées par des artistes Han en
collaboration avec des artistes Naxi, Tibétains et Bai.
La partie du village située aux abords immédiats du temple est envahie par les
marchands de souvenirs et est appelée "pengshizhi". Les rues sont toutes
orientées du sud au nord. Au centre de la vieille ville, il ya une place où se
croisent trois voies qui sont bordées sur les deux côtés de maisons et de
boutiques donnant au village une ambiance authentique par son architecture et
son atmosphère.
On ne peut manquer l'échoppe ou faudrait-il plutôt dire le cabinet du célèbre
Docteur Ho. Un médecin qui a fait ses études aux USA et est revenu dans son
Yunnan natal. Il a une renommée internationale reposant sur sa pratique de la
médecine traditionnelle chinoise. Cette médecine avec laquelle Delphine se
soigne repose sur le taôisme au travers duquel est recherché un équilibre entre
l'Homme et la Nature. Il y a plusieurs années de cela, Le Dr Ho aurait vaincu
son propre cancer avec des plantes de la Montagne de Jade. Des gens du monde
entier viennent le consulter et se faire prescrire ses décoctions. Le vieil
homme de plus de 90 ans reçoit en anglais, avec sa grande barbe blanche et son
bonnet sur la tête. Sur le seuil de sa maison, il fait son autopromotion en
affichant des découpures de journaux du monde entier ainsi que des photos de
célébrités qui sont venues le rencontrer. Après son diagnostic, en quelques
minutes il rassemble les herbes à utiliser en tisane. Désormais, il paraît que
ses consultation coûtent fort cher alors qu'il y a quelques années, elles
étaient gratuites et ses herbes également.
Nous déjeunons d'ailleurs dans l'une de ces rues, au restaurant Yingxiang, un
endroit très sympa, avec des plats très variés principalement de légumes.
LIJIANG: le Parc de l'Etang du Dragon Noir et le Musée Dongba
Il est un peu plus de 13H40 lorsque nous repartons ave c l'autocar en direction
de Lijiang, pour un balade dans le Parc de l'Etang du Dragon Noir, situé
immédiatement au nord de la ville, au bout de la Xin Dajie. Son nom est dû au
fait que ses eaux paraissent noires à cause des herbes aquatiques qui poussent
au fond.
L’eau du lac est si calme que tout ce qui l’entoure s’y reflète. Des anciens
bâtiments typiques de l’architecture lamaïste de la minorité Naxi, avec de
magnifique structure en bois, plus ou moins en ruines, ramenés des environs de
la ville ont été rebâtis dans le parc pour pouvoir être protégés et entretenus
.
Au bout de l’étang, un joli pont arqué blanc à cinq arches en marbre appelé
"Pont de la Ceinture du Mandarin" et un pavillon chinois sur l’eau composent un
beau tableau sur fond de montagnes enneigées, tel un tableau de peinture
typiquement chinois. Sur le web, on peut trouver quelques unes de ces photos que
des chanceux ont pu saisir.
Dommage pour nous, les jolies perspectives seront gâchées par les bâches sombres
qui recouvrent la Tour des 5 Phoénix du temple Fuguo qui provient d’un ancien
monastère bouddhiste lamaïste de Lijiang car elle est en travaux. Dommage aussi
que les nuages masquent les 13 sommets de la Montagne de Jade. En poursuivant
notre parcours autour de l'étang, on voit le ciel s'assombrir de plus en plus et
une pluie fine mais persistante finit par tomber. Cela ne perturbe pas les
joueurs et joueuses de cartes à l'abri ni même de jeunes mariés en train de
faire des clichés romantiques.
A l’entrée nord ce parc se trouve également un Musée Dongba et institut de
Recherche sur la culture Dongba. Un musée intéressant sur la culture Naxi, avec
notamment des costumes. Des tableaux pédagogiques aident à comprendre l'écriture
des Dongba. On y trouve aussi des témoignages de leur artisanat: calligraphies,
masques, paravents. A l'aide d'une maquette du nord du Yunnan, Delphine nous
montre l'itinéraire du lendemain et nous localise notamment la première courbe
du Yangtse, entre les monts Yulong et Haba.
Retour en ville, en passant devant la seule statue monumentale de Mao conservée
dans le pays, érigée au centre de la Place du Peuple. De retour au nord de la
vieille ville, Chantal me signale un bar dont l'accès est interdit aux Japonais
(Ah! cette sacrée guerre anti-japonaise a laissé des traces).
Comme il n'est que 16H, nous en profitons pour aller refaire un tour au centre
de la vieille ville. On en profite pur s'écarter parfois un peu des axes les
plus animés. Parfois, entre les boutiques spacieuses, de petites échoppes guère
plus larges d'un mètre ont comme réussi à s'infiltrer, sans doute dans un ancien
passage entre des maisons. Sur la place, le marché s'achève.
De retour à l'hôtel, nous prenons l'autocar qui doit effectuer un détour par le
nord de la ville, près de la Place Yuhe (entre le KFC et la muraille Dongba en
travaux) et de la Place du Peuple (Mao). Non loin de la rue Xianghe, dans un
quartier moderne mais sans charme où des dizaines d'autocars sont garés,
s'alignent des restaurants-usines à touristes.
Nous dînons dans le restaurant Mishixiang: A nouveau, comme ce midi, des pousses
de soja et, en dessert, des gâteaux déjà appréciés au début de notre circuit (du
côté de Jianshui) à base de farine de haricot vert, avec fourrage est à base de
tarot et tranche parsemée de graines de sésame. A lieu de thé, on nous sert une
infusion de graines de sarrasin...
Retour à l'hôtel Lijiang Palace.
3 - Le Yangtsé, ZHONGDIAN (Shangila) et ses environs *
Dimanche 5 Avril - trajet de LIJIANG à ZHONGDIAN
Départ en autocar à 8H30 car la route est longue (près de 200 km) et surtout on
va devoir grimper 1200 mètres pour passer un col à 3600 mètres d'altitude avant
d'arriver à Zhongdian. Delphine nous donne les prévisions de températures à
destination: de 1° le matin à 10°...
Ce matin, en quittant Lijiang, on a de superbes vues sur les glaciers de la
Montagne du Dragon de Jade coiffée d'un nuage en "bonnet d'âne", montagne en
direction de laquelle nous allons rouler. Sur notre droite, nous laissons le
grand plan d'eau Lashihai et des zones de maraîchage et de cultures intensives.
La première courbe du Yang-Tse * et le village de Shigu
Nous quittons l'autoroute pour une route de montagne sinueuse passant près de
jolis hameaux, avec des cultures de blé, colza, pommes de terre, ail, fèves et
fraises. Puis le trajet devient descendant et permet bientôt d'apercevoir à
nouveau les cimes enneigées.
Cette première partie de notre itinéraire, une cinquantaine de kilomètres, va
nous amener sur la rive droite du Yangsté (ou Yangzi Jiang et baptisé "Fleuve
Bleu" en français), appelé ici Jinsha ("Rivière au Sable d'Or"). Nous allons le
suivre sur une dizaine de kilomètres jusqu'au niveau de la première courbe,
venant du plateau tibétain (à 6620 m.), donc du nord, le fleuve fait ici un
virage de 130°, avant de repartir vers le nord-est. Plus qu'une courbe, c'est un
vrai coude que les géographes appellent plus savamment un méandre. Avec une
longueur totale de 6380km, c'est le troisième plus long fleuve du monde après le
Nil et l'Amazone et le cinquième pour son débit (30000m3/s). Il effectue trois
premiers grands virages au Yunnan avant de poursuivre un chemin un peu plus
linéaire vers la mer de Chine orientale, au nord de Shanghai. En basses eaux, le
fleuve aux reflets verts est tranquille et de nombreux bancs de sable émergent.
Comme il n'a pas plu, Delphine propose aux plus téméraires ou aux plus sportifs
de grimper par un mauvais sentier sur le versant raide de la vallée jusqu'à
atteindre des points de vue plus larges sur la courbe. Une demi-heure pour un
panorama qui vaut la peine. Nous sommes dans la région des Trois Fleuves
Parallèles, région qui a fait l'objet d'un classement au Patrimoine Mondial de
l'Humanité par l'UNESCO en 2003. Le Parc national des trois fleuves parallèles,
dans le nord-ouest montagneux de la province du Yunnan, est un site de 1,7
million d’hectares qui comprend des secteurs du cours supérieur de trois des
grands fleuves d’Asie: le Jinsha (Yangtze), Lancang (Mékong) et Nu Jiang
(Salouen au Tibet et Thanlwin Myit en Birmanie où s'effectue la seconde moitié
de son cours).
Tout près de là, nous allons visiter le petit village de SHIGU (qui signifie
"Tambour de Pierre") aux environs de 200 mètres d'altitude. Durant la dynastie
des Han (206 av. J.-C. à 220), Shigu était un point stratégique sur la Route de
la soie.
Justement, nous commençons par le monument du Tambour de Pierre abrité par un
pavillon. Cela n'a rien d'un tambour, autre que d'apparence, car c'est une stèle
ronde de marbre blanc de 1,50m de diamètre datant de la dynastie des Ming (1368-
1644) sur les deux faces de laquelle sont gravés des idéogrammes relatant les
exploits du clan des Mu, l'aristocratique des Naxi. Bien plus tard, Kubilay Khan
et son armée traversèrent ici le Yangtse avec l'aide des villageois. En effet,
la troupe se présenta lorsque le Yangtsé était en crue et c'est avec des peaux
d'animaux cousues et gonflées fournies par les villageois que ce prestigieuxe
guerrier parvint à faire franchir l'obstacle à ses chevaux et à ses hommes. Les
Mongols établirent un bureau administratif à Shigu. Au cours de l’histoire
récente, la seconde et la sixième Armée rouge traversèrent aussi la rivière ici
durant leur Longue Marche vers le nord pour combattre l’envahisseur japonais. Un
monument aux martyrs de la guerre a été érigé sur une colline dans la ville.
Au pied de la colline coiffée d'une pagode qui domine la bourgade, la visite se
poursuit par le petit Pont Suspendu avec ses petits pavillons aux extrémités.
Dans le village, une paysanne en costume Naxi vend des légumes. Comme on le
verra par la suite, la population est vraiment multiethnique.
Après quoi, ne pouvant utiliser le sentier menant à la pagode, nous grimpons dan
le vieux village par une rue pentue et parfois transformée en escalier, dont le
ciment du pavage refait par endroit est encore tout frais. Nous arrivons devant
le Monument commémorant le passage de l'Armée Rouge lors de la Longue Marche en
1936. Il montre les soldats sur des barques que les Naxi, hommes et femmes,
aident à franchir le fleuve. Près du monument, une dame pipi très âgée semble
plongée dans un profond sommeil sous l'ardeur du soleil de fin de matinée.
Peut-être ne dort-elle finalement que d'un oeil?
Lorsque nous sommes à nouveau au bas du village, dans la partie récente, il est
bientôt midi et Delphine qui, comme à l'habitude, ne s'est pas soucier d'un
endroit pour le déjeuner se met en quête. Mais en ce dimanche 5 avril, jour de
Pâques chez nous, c'est ici le jour de la Fête des Morts, fixée au 15e jour du
7e mois lunaire. Donc de nombreux habitants Han, y compris ceux qui tiennent un
restaurant, sont partis honorer leurs ancêtres sur les tombes dans la montagne.
Souvent, ils vont sacrifier un poulet et pique-niquer en famille près de la
tombe et y déposer des billets de fausse monnaie qu'ils n'ont plus le droit de
brûler à cause du risque d'incendie.
Tout espoir n'est pas perdu pour cette fois. Le restaurant Laojunshan qui
semblait fermé ouvre pour nous et aussi pour une tablée de Chinois. Face à cette
aubaine, la grand-mère en costume tibétain se met à astiquer les tables
fébrilement. Certains curieux qui jettent un oeil dans la cuisine trouvent que
celle-ci mériterait quant à elle plus qu'un brin de ménage. Comme il n'y a pas
de toilettes pour les convives, un petit tour aux toilettes publiques, propres,
du grand parking. C'est l'occasion de voir quel parc automobile on trouve dans
cet endroit perdu. Eh bien ! Des berlines récentes aux vitres teintées et même
une Peugeot 307 et une Peugeot 408 de fabrication chinoise (PSA est bien
implanté en Chine, ce qui n'est pas le cas de Renault). Et ? Une Porsche Cayenne
noire, un bijou fort prisé des Chinois riches. En Europe, selon les modèles et
les équipements, le prix varie entre 60 000 et 170 000€, un prix qu'il faut
doubler ici puisque c'est un véhicule d'importation lourdement taxé comme
l'indique Delphine. Plus communes sont les petites berlines Volkswagen des taxis
chinois, modèle Santana surtout introduit en 1981 et produit jusqu'en 2013 et
modèle Jetta introduit 10 ans plus tard.
Dans le petit marché en bord de rue, on peut voir une femme Yi noire (ou Lolo,
les Yi noirs étaient puissants, au sommet d'une société organisée en castes,
possédant propriétés et esclaves) en costume avec sa grande coiffe noire carrée
fixée à l'arrière de la tête, des rubans de couleurs vives agrémentant celles
des jeunes femmes célibataires. Une autre femme vue de dos en costume bleu clair
et grenat appartient à une ethnie que je n'ai pas pu identifier.
Un déjeuner simple et très bien servit par la grand-mère en costume tandis qu'en
cuisine la fille ne le porte plus. La grand-mère fume en laissant voir ses
avant-bras tatoués de cercles foncés.
Les Gorges du Saut du Tigre
En quittant le village, Delphine nous indique que non loin de Shigu, dans une
vallée affluente du Yangtsé, un village connaît trois aurores, le soleil passant
devant des pics.
Sur une soixantaine de kilomètres, par moment la route coupe en montagne avec
des ponts et viaducs. Du bus, nous apercevons des tombeaux Han sur lesquels ont
été déposées de offrandes; d'ailleurs les files de belles voitures arrêtées sur
le bord de la route au milieu de nulle part sont un indice de la visite des
familles à leurs défunts.
Nous ne pouvons pas résister devant les paniers de belles fraises que les
paysans vendent au bord de la route. En guise de Chantilly pour les accompagner,
nous avons la vue sur les glaciers et les neiges des montagnes qui sont
maintenant face à nous. Bientôt celle-ci longer le fleuve Yang-tse que nous
descendons en rive gauche dans une vallée qui prend l'allure d'un canyon.
Quelque temps avant la billetterie du site aménagé Hutiào Xiá, le Saut du
Tigre, des statues kitchs de yaks géants nous signalent que nous sommes dans un
environnement tibétain. A la billetterie, nous embarquons Linda, une guide
locale tibétaine que nous aurons ici et à Zhongdian d'où elle est originaire.
Après nous avoir salués d'un "tashi delek", elle s'exprime en anglais mais est
beaucoup plus volubile que sa collègue de Lijiang, et drôle de surcroît!
Tandis que la route prend de la hauteur au-dessus des gorges, Linda nous redit
en anglais l'origine de la mythique Shangri-La.
Tout part de l'explorateur et géographie Joseph Rock évoquant dans ses récits
ces régions orientales pré-himalayennes de l’ancien Kham tibétain, récits qu'il
publiait dans le National Geographic. Cela mêlé au mythe indo-bouddhiste de de
Shambhala ("lieux du bonheur paisible") a été à l'origine de l'inspiration de
l'écrivain britannique James Hilton pour son roman Lost Horizon ("Les Horizons
Perdus") publié en 1933 où il évoque l'histoire de rescapés d'un accident
d'avion qui réussissent à atteindre une lamaserie nommée Shangri-La, aux confins
de l’Himalaya et du Tibet.
Il n'en faut pas plus pour créer un engouement touristique et de nombreuses
villes et régions tentent de s'accaparer le nom mythique. La ville de Zhongdian
vers laquelle nous allons n'y échappe pas puisque c’est de ce nom que fut
rebaptisé le comté de Zhongdian en 2001. Un groupe d'hôtels de luxe singapourien
s'en est même emparé en 1971 et a prospéré depuis puisque maintenant présent un
peu partout dans le monde avec 90 établissements de prestige et de nombreux
autres projets.
Ici, sur une bonne quinzaine de kilomètres, les gorges livrent passage au fleuve
entre les deux sommets du Yulong Xue Shan (5596m) et du Haba Xue Shan (5396m),
par une série de rapides sur un dénivelé de près de 200 mètres au pied
d'escarpements abrupts de 2000 mètres de hauteur, et prétendent au titre du
canyon le plus profond au monde. Delphine évoque la légende à l'origine du nom:
un tigre pourchassé était parvenu à franchir le fleuve à cet endroit où il est
impossible de nager mais où il est étroit (tout de même large de 25 à 30m.) et
un gros rocher se trouve judicieusement tombé au milieu du lit du fleuve. Bien
sûr, on n'a pas manqué d'ériger d'évocatrices mais superflues statues du tigre
mimant ce saut.
Depuis les points de vue aménagés de notre "station d'observation VIP" aux
quelques 700 marches confortables (750 selon Delphine, 698 selon Jack), soit un
dénivelé d'environ 120 mètres, on a de belles vues sur les rapides mais aussi
sur les sentiers de randonnée beaucoup plus sportifs et dangereux de l'autre
rive, taillés au-dessus du précipice surplombant d’une trentaine de mètres les
eaux en furie. Des VIP encore moins courageux que nous font appel aux chaises à
porteurs pour ne pas affronter les marches, surtout à la montée du retour (tarif
de 200 yuans pour AR ou 150 pour le retour seulement). Des images du Bouddha et
des drapeaux de prières au bord du sentier sont là pour compatir à notre peine.
Nous remontons accompagnés de Linda, qui malgré notre manque d'aisance en
anglais, en bonne Chinoise qu'elle est, insiste beaucoup pour tout savoir sur
nous: âges, métiers, nombre d'enfants et petits-enfants... En retour, elle nous
livre son âge, 25 ans, et précise qu'elle se marie en octobre prochain.
Nous avons passé un peu plus d'une heure sur le site.
Route de haute montagne pour ZHONGDIAN (Shangri-la)
Il reste une bonne centaine de kilomètres pour arriver à Zhongdian. Sur un peu
moins de 10km, nous revenons jusqu'à la confluence du fleuve avec une rivière
affluente sur sa rive droite au niveau de Dong Huan puis nous prenons une route
de montagne (nationale 214) qui suit cette rivière. Le paysage est assez
austère, la vallée étroite et par moment des barrages ont été construits pour la
production hydro-électrique. La route est éprouvante pour les moteurs comme on
le voit avec un camion immobilisé et signalé par des blocs de pierre. Quelques
traversées de tunnels, quelques maigres hameaux en contrebas, puis sur notre
droite (Est), de nouveaux aperçus sur les glaciers de sommets de la montagne
Haba Xue culminant à plus de 5000 mètres. Par endroit, le boisement en pins des
montagnes cède la place à des cultures en terrasses mais les cultures n'ont pas
encore poussé car du fait de l'altitude, l'hiver se prolonge longuement ici.
L'orge est la seule céréale à pousser car elle se sème au printemps. Le sarrasin
qui est une culture d'été pour terres pauvres, convient aussi mais et sa culture
est surtout pratiquée par les Han.
Un peu avant le haut col que nous allons bientôt franchir, un vaste panorama
s'offre à nous, l'occasion d'une agréable pause puisqu'il y a une heure que nous
avons repris la route. 17H, un moment favorable pour la lumière puisque le
paysage se trouve à l'est.
Un superbe paysage de haute montagne, sans que nous ayons eu le moindre effort à
faire pour y accéder. Un belvédère en bois est installé ici, sans doute par le
marchand de produits régionaux typiques qui y tient boutique: champignons, une
sorte de noix, des sortes de navets confits, de la viande séchée de yak, des
pénis séchés de......
L'air fraîchit et après une vingtaine de minutes, nous reprenons la route car
il y a encore une heure de trajet avant notre arrivée à Zhongdian. Marqué par
des mâts et quantité de drapeaux de prières, nous passons le col à 3600 mètres
d'altitude puis commence une longue descente vers la zone de plateau où se
trouve la ville. C'est l'occasion d'apercevoir les premiers yaks qui paissent
une herbe rase et desséchée et aussi les premières maisons tibétaines trapues.
Ici, des parcs à bétail et là, des sortes d'échafaudages ou de grandes échelles
qui sont en fait des séchoirs à céréales. La modernité apparaît aussi sous forme
d'armatures de serres qui vont servir pendant l'été. De petits tas de fumiers
dans les champs annoncent un prochain labour.
Delphine nous décode l'usage des drapeaux hissés au fait des toits: un drapeau
c'est l'usage courant pour signaler les maisons tibétaines mais trois drapeaux,
cela signifie qu'il y a un moine issu de la famille dans un monastère. Delphine
ajoute que les Tibétains consacrent la moitié de leur revenu à la religion.
Bientôt, on aperçoit également des stupas blancs puis, sur la droite, un
lotissement de petites maisons blanches au milieu de nulle part. Des troupeaux
rentrent placidement dans les fermes et nous coupent la route. Nous voici dans
une sorte de Far West chinois, proche de la frontière avec le Sichuan et l'une
des portes d’entrée au Tibet. La région est essentiellement habitée par des
Tibétains.
Delphine nous livre quelques autres informations sur les Tibétains.
1 - On dit que traditionnellement les Tibétains ne se lavaient (ou n'étaient
lavés) que 3 fois au cours de leur existence: quand ils naissent, quand ils se
marient, quand ils sont morts. Ils ne sont pas familiers de l'eau en raison
moins sans doute de sa rareté que de leur vie nomade et de la rigueur du climat.
L'extrait suivant d'une publication de 1898 est édifiant:
«[...]Ils conservent fort longtemps leurs vêtements sans les changer, les
brosser, ni les secouer, les gardant même la nuit, s'en servant comme de
torchons et d'essuie-mains, ne les quittant que lorsqu'ils s'en vont
d'eux-mêmes. Ils ne se lavent jamais le corps, et ce n'est que dans les
circonstances tout à fait exceptionnelles qu'ils se lavent le visage et les
mains. Toutefois, pour se préserver des morsures du vent ils s'enduisent tout le
corps de beurre, rance autant que possible, préférant manger l'autre.[...]»
extrait de "Le TIBET et ses habitants" de Jean GRENARD (édit.
www.chineancienne.fr Août 2011)
Le gouvernement a tenté de remédier au manque d'hygiène en faisant la promotion
de capteurs solaires dans ces contrées où le soleil ne manque pas. Cet
équipement devait permettre de produire de l'eau chaude à bon compte. La
première tentative a été un fiasco car sitôt la subvention versée elle a été bue
(de l'eau-de-vie). La seconde a été tout autant un échec car sitôt installés les
équipements ont été revendus. Il a fallu un long travail de sensibilisation et
d'éducation pour que la population intègre ce progrès lors d'une troisième
campagne.
2 - Les coutumes matrimoniales et patrimoniales tibétaines sont encore très
particulières, du moins dans les campagnes.
En général, l'aîné(e), fille ou garçon? reste avec ses parents et héritera de
leur maison. Il ou elle ne peut donc pas épouser un(e) aîné(e) d'une autre
famille.
Parfois, si la famille est pauvre, elle peut placer sa ou ses fille(s) dans une
ou l'autre forme d'union polygame afin de recevoir une plus grosse dot (4ou 5
yaks au lieu de 3): polygynie si 2 soeurs épousent un même garçon ou, à
l'opposé, polyandrie si une fille épouse deux frères. Dans ce dernier cas, la
situation est délicate car pendant l'été, le mari part nomadiser avec les
troupeaux or il y a deux maris. La solution consiste à ce que l'un des maris
parte avec le troupeau une année sur deux, l'autre restant auprès de l'épouse...
3 - Les coutumes funéraires qui vont vous sembler particulièrement macabres,
sont différenciées selon la qualité des personnes et les circonstances du décès:
- "Funérailles de la Pagode" avec incinération pour les moines (le bois est rare
à ces altitudes).
- "Funérailles du Ciel" (Tiang Zan ou Jhator) pour les gens ordinaires: le corps
est découpé en 8 morceaux qui sont enduits de beurre de yak et déposés au sommet
d'une montagne pour être dévorés par les vautours et les corbeaux. Les os sont
ensuite broyés pour faciliter le travail des charognards. Cette pratique n'est
pas très éloignées des rites funéraires des zoroastriens ou parsis de Perse,
d'Ouzbékistan ou d'Inde, avec les "Tours du silence" sur lesquels les cadavres
sont déposés afin que les oiseaux charognards le décharnent. Dans les années
1960 et 197070, les autorités chinoises ont tenté a été d'interdite une pratique
considérée comme barbare. Cependant, sous la pression populaire, elle est de
nouveau autorisée depuis les années 1980.
- "Funérailles de l'Eau" pour les personnes mortes pendant qu'elles font le
pèlerinage à Lhassa, les jeunes enfants, les mendiants, les veufs et veuves sans
enfant. Le corps est démembré puis jeté dans un fleuve. Ces funérailles sont un
peu équivalentes aux précédentes car les poissons sont également des créatures
divines. Cette pratique est maintenant formellement interdite.
- "Funérailles de la Terre" pour les criminels et les personnes décédées de
maladies contagieuses ou d'accident (mauvais karma). Leur âme ira en Enfer.
Nous arrivons à la périphérie de Zongdian, avec sur notre droite les bâtiments
de l'Université construits dans un style tibétain singeant le Potala. Puis c'est
un rond-point à l'entrée de la ville, avec un gros stupa au milieu. Une
tibétaine prie en en faisant religieusement le tour dans le sens des aiguilles
d'une montre comme il se doit. Nous passons près de tombes Han puis c'est
directement le centre de la petite ville de Zhongdian que dans leur langue les
Tibétains préfèrent appellent Gyalthang (qui signifie "Plaines Royales) et
absolument pas Shangrila qu'ils honnissent. La population du district de a ville
était estimée à 130 000 habitants en 1999.
Il fait très frais et c'est sans se faire prier que nous gagnons le restaurant
Sakurakim, à deux pas de l'hôtel. Un endroit agréable mais pour touristes qui
ferait penser à nos stations touristiques de montagne avec un style chalet ou
refuge. Un joli cadre mais mains de plats que d'habitude dont petit sauté à la
viande de yak et, pour se réchauffer, les alcools d'orge ou de blé distribués
par Delphine qui, elle ne boit que de l'eau.
L'hôtel Shangrila Old Town est également bien venu. Il est récent, très
fonctionnel et on est bien chauffé par le sol car n'oublions pas qu'il va geler
cette nuit.
Lundi 6 Avril - découverte de ZHONGDIAN
Départ en autocar à 9H seulement car les distances seront courtes aujourd'hui.
Au petit matin, il faisait -1° et les montagnes voisines sont saupoudrées de
neige fraîche. Médiocres prévisions pour la journée, avec au mieux à peine 10°
(sous abri) et risque de pluie.
La montagne de Meili dite "Prince de la Montagne des Neiges" que nous avons vue
sur de grandes affiches à l'entrée de la ville hier soir se situe loin d'ici (à
200km de Zhongdian par route et à 10km à vol d'oiseau au nord-ouest de Deqin)
entre la rivière Nujiang et le Mékong, aux portes de la province du Sichuan.
Cette montagne enneigée est la plus imposante et mystérieuse du Yunnan avec ses
13 sommets qui culminent à 6000m. d’altitude en moyenne et sont surnommés "les
13 sommets du Prince". Le plus haut d’entre eux, Kawagebo, atteint 6740m. et se
trouve être la plus haute montagne de la province du Yunnan.
En traversant des quartiers neufs et tranquilles, nous partons en direction du
nord. Encore peu de Tibétains dans les rues, quelques femmes en costume et un
homme aux cheveux longs conduisant un yak blanc. On reverra celui-ci... On
s'arrête à un grand parking près d'un imposant bâtiment où se trouve une
billetterie et une maquette de la zone touristique du monastère. De là, il faut
utiliser les navettes locales qui conduisent au pied du monastère. En tout, il y
a environ 6km depuis le centre de la vieille ville.
Le Monastère Sumtseling (XVIIe s.)***
Le Monastère Sumtseling (ou Dongzhulin ou encore Songzanlin) a été construit en
1667 (1679 selon quelques sources) par le 5e Dalaï-lama Sonam Gyatso (1617-1682)
qui fut le premier des dalaï-lamas à exercer un pouvoir théocratique intervenant
dans le domaine temporel en sus des affaires religieuses, dans un système de
gouvernement appelé Gaden Phodrang que l'ancien système impérial chinois
admettait dans le cadre d'une relation nommé de Chö-yon. Ce traité qui existait
avec les Mongols depuis 1247 définissait une répartition des rôles sans
prévalence d’une autorité sur l’autre. Il s'est poursuivit avec certains
empereurs de la dynastie Ming, puis avec la dynastie mandchoue des Qing jusqu'en
1910, date à laquelle ils envahirent le Tibet. Cependant pendant la Révolution
nationaliste puis la Guerre Civile qui ont suivi la fin de l'Empire, le Tibet
réussit à conserver une indépendance de fait jusqu'à l'invasion de son
territoire par l'Armée de Libération Nationale chinoise en 1950. Le régime
communiste ne reconnaît pas le Dalaï-lama qui vit en exil en Inde. La succession
du Xe Panchen-lama en 1995 a été également conflictuelle. Gedhun Choekyi Nyima,
né en 1989, l'enfant reconnu par le Dalaï-lama comme XIe Panchen-lama a été
emprisonné (il serait libre au Tibet) et le Parti Communiste dans une parodie
d'investiture a choisi un autre enfant, Gyancain Norbu, né en 1990, fils d’un
membre du Parti Communiste Chinois...
Jusqu'au XVIIe siècle, le monastère de cet endroit était nommé Chongchonggang
qui, en tibétain, signifie "un temple au bord du lac avec des grues". Au début,
Chongchonggang était un temple de la secte Kagyupa (Bonnets blancs) et avait
seulement 16 lamas. Plus tard, à la suite de conflits avec la secte Gulugpa
(Bonnets Jaunes) fondée par Tsongkhapa, il a donc été converti au Gelupa et a
fusionné en 1667 avec 7 autres petits temples Gongba comme il vient d'être dit.
A la fin de la dynastie Qing, il y avait plus de 700 lamas et 10 bouddhas
vivants dans le monastère. Déjà reconstruite une première fois en 1982, la
structure n’était pas assez solide et menaçait de s’écrouler, c'est pourquoi en
1985 une rénovation à grande échelle a commencé et a duré 7 ans. Delphine
précise que le pavillon central n'est rouvert que depuis 6 mois. En 1986, le 10e
Panchen Lama-Chosgyi Gyantsen est passé au monastère lors d'une tournée
d'inspection et a parrainé sa rénovation.
Situé à une altitude de 3000 mètres au-dessus du niveau de la mer, au pied de la
montagne enneigée Baimang, c'est le plus grand monastère tibétain du Yunnan et
il héberge 500 ou 600 moines (le chiffre varie selon les sources).
A l'approche du monastère, la vue est saisissante, avec un petit lac au pied de
la colline où est érigé le monastère. L'ensemble, reflété dans ce lac, serait
encore plus extraordinaire sous un grand ciel bleu.
Un grand escalier central mène jusqu’au temple principal, le temple Dratsang.
Delphine a la hantise que nous fassions un malaise par l'effet combiné de
l'altitude et de l'effort. Elle connaît un de ces collègues guides qui a été
confronté au décès d'un de ses clients. Le risque est-il grand? En voyant
certains Chinois munis de petites bouteilles à oxygène, on pourrait le croire...
A fur et à mesure de notre ascension, nous découvrons une quinzaine de temples.
Nous allons d'édifice en édifice, descendant et remontant de petits escaliers
dans cet ensemble complexe d'édifices enchevêtrés. Nous croisons très peu de
Chinois.
On a pu voir de grandes salles servant à des assemblées pour l'étude de la
religion ou de sanctuaires. On y voit les statues de grands lamas: Tsongkhapa,
fondateur des Gulugpa, et ses deux disciples Damarenqing, son premier disciple,
et Kezhujie, le premièr Panchen-Lama. Ailleurs on voit des représentations de
Bouddha Sakyamuni, évidemment, et de Bhodisattva comme Avalokiteçvara (déesse de
la Miséricorde) ou encore Samantabhadra, Drolma, Manjusri (Wenshu)... Sans
oublier une statue assise de 6,80 mètres de haut du Bouddha Qingba (Maitreya),
le Bouddha a du Futur, ou encore Yama (le Seigneur l'Enfer).
Les murs de la salle de prière sont ornés de thangkas monumentaux, peinture sur
toile caractéristique de la culture tibétaine aux scènes plus étonnantes les
unes que les autres. Pour les fidèles ou comme souvenir pour les touristes, il
existe aussi des thangkas portatifs que l'on peut enrouler et dérouler grâce à
deux baguettes passées dans leurs ourlets.
Deux chose frustrantes à signaler:
- interdiction de faire des photos intérieures, même sans flash. Un panneau
ajoute d'autres prohibitions moins gênantes lorsque l'on est dans les édifices :
tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, pas de lunette de soleil, pas
de couvre-chef et ne pas faire de bruit...
- au moment de notre visite, entre 9H30 et 10H30 (il faudrait pour bien faire y
consacre au moins le double), où pouvaient être passés les 600 moines (400 ou
500 selon certaines sources)? Pas vus en salle d'études ou de prières...
Etaient-ils dans d'autres salles ou bien dans leurs chambres? J'en ai tout juste
vu une dizaine, de 1 à 5, en quatre endroits du site... et quelques uns au
marché un peu plus tard.
Ici de petits moulins à prières en laiton, ailleurs un gros moulin.
Plus en s'élève et plus la vue s'élargit, sur le lac et ses stupas ainsi que sur
le village voisin et les montagnes enneigées et ennuagées. Les toits dorés sont
ornés de pinacles et ornements de faitages également dorés et sur les côtés de
makaras dorés, sortes de gargouilles chimériques monstrueuse. Il faut ajouter,
les lions dorés sur leurs quatre pattes ou dressés, gueule ouverte... Sans
oublier au-dessus de l'entrée des édifices un ensemble doré: le cerf symbolisant
l'expérience de la grande félicité, la biche symbolisant la réalisation de la
vacuité, ils sont de part et d'autre de la roue du dharma qu'ils regardent et
qui, elle, symbolise l’union des deux. On les retrouve peints en blanc sur les
grandes tentures, genre catafalques, qui habillent les entrées.
Un mot au sujet des cuisines avec à l'entrée un avertissement d'interdiction
d'accès aux femmes (et accessoirement aux fumeurs)!
Peu à peu le ciel se dégage et devient plus lumineux. Dans le monastère ou au
pied, on croise beaucoup de Tibétains avec un masque sur la bouche. On ne peut
pas parler de pollution par ici. Alors, pour protéger les voies respiratoires de
l'air froid ou de maladies que l'on ne veut pas attraper ou transmettre?
Le village tibétain voisin du monastère et l'accueil par une famille
Après que nous soyons redescendus, nouveaux regards tournés vers la colline
coiffée du monastère.
La piété se pratique aussi en dehors des sanctuaires: ici, une femme égrène son
mâlâ, le chapelet bouddhique aux 108 grains (somme numérologique =9, nombre
bénéfique!) utilisé pour la récitation des mantras et, là, un camion dont la
calandre est ornée de ruban or et vert e le parechoc de deux croix gammées ou
svastikas dextrogyres (bras supérieur tourné vers la droite) symbolisant la
renonciation et la course visuelle du soleil chez les bouddhistes tibétains de
la secte des Bonnets Jaunes. Non loin de là, on peut voir des "cochons-yaks"
noirs à longs poils qui en toute liberté fouinent dans les gravats des bâtiments
en démolition.
Derniers regards vers le monastère dont les ors scintillent avec la dissipation
des nuages tandis que nous marchons dans les ruelles poussiéreuses du petit
village installé au pied du monastère. Le haut des murs de pignons des grosses
maisons tibétaines est orné de peintures figuratives (yaks, personnages,
symboles religieux).
Manifestement, on ne connaît ni plan d'urbanisme, ni contraintes
architecturales. Les maisons neuves poussent parmi les anciennes, les toits en
tôle voisinent avec les toits couverts de dalles de schiste, genre lauzes. Les
belles maisons à deux niveaux sont pourvues d'une terrasse en rez-de-chaussée,
et d'un balcon équivalent à l'étage, ce qui laisse apparaître en façade une
structure avec quatre gros piliers faits de troncs d'arbres. En face d'une
maison pourvue de trois drapeaux tibétains et du drapeau rouge chinois, nous
arrivons chez une famille où l'on doit goûter au thé au beurre de yak. C'est
manifestement une famille d'agriculteurs aisés et la maîtresse de maison a
trouvé un job avec l'accueil des touristes et ainsi elle peut "mettre du beurre
de yak dans son thé".
Nous ne visitons pas l'étable qui traditionnellement se trouve au
rez-de-chaussée des maisons à étage, comme dans les vieux chalets de nos
montagnes. Même type d'interrogation qu'au monastère, non pas à propos de moines
mais de yaks. Dans cette ferme, où sont donc ces animaux? L'hiver étant passé,
les troupeaux nomadisent sur les pâturages dans la montagne.
Nous sommes reçus par les femmes dans une grande salle à l'étage, au centre de
laquelle on voit un énorme pilier destiné à limiter les effets des tremblements
de terre qui sont fréquents sur le plateau du Tibet. Il ne faut pas toucher ce
pilier considéré comme sacré. Dans un angle de la pièce, quatre marmites de
cuivre sont réunies au-dessus d'un feu, près d'un poêle, sur un large socle
incombustible recouvert de beaux carreaux de céramique afin de protéger le
plancher du risque d'incendie. Les maisons tibétaines n'ayant pas de cheminées,
le feu brûle au milieu de la pièce principale et la fumée s'échappe par les
portes, les fenêtres et parfois un trou dans la toiture. Un dispositif efficace
car on ne sent pas la fumée. Les murs sont recouverts de gravures très colorées
aux décors traditionnels (fleurs), de portraits (dont celui de Mao) et de photos
de famille. On peut aussi voir les fameuses mottes de beurre...
Le moment de la dégustation du thé au beurre de yak, tant redouté par les uns,
attendu par les autres, arrive. Les uns, dont je fais partie, ont eu de
redoutable expériences antérieures où la "rancitude" du beurre restait en bouche
aussi longtemps que la brûlure des pires piments. Mais, on voit que sur la table
sont disposés également des pâtisseries (beignets, gâteau fourré à la rose,
croquette de riz soufflé) permettant de contourner l'obstacle ou d'aider à faire
passer. Le moment de l'épreuve est venu: dans une sorte de petit bol, on verse
un thé au lait qui aurait plutôt l'aspect d'un lait au thé et du beurre de yak y
aurait été ajouté. Après un temps d'hésitation je goûte et ne trouve aucun goût
rance au breuvage. Je suppose qu'il y a une formule spéciale pour touristes, au
beurre frais... Il faut garder un peu de thé au fond de bol et ajouter une
cuillérée de farine d'orge que l'on délaye pour faire une pâte qui n'est pas du
tout mauvaise ma foi. Séance photo avec nos hôtesses que nous quittons à midi et
demi.
Pour rejoindre la route bitumée et attraper une navette, nous continuons notre
traversée du village. Encore de "cochons-yaks", un vaste terrain avec d'énormes
troncs d'arbres destinés à servir de piliers de maisons et des séchoirs à gerbes
de céréales. Près de là, une famille est en train de labourer avec une araire
tirée par deux yaks. Enfin, une dernière vue sur le monastère qui scintille au
soleil enfin apparu.
Il est 13H15 lorsque nous sommes revenus en ville, après avoir traversé des
quartiers modernes au nord de la ville, afin de faire un tour au marché.
Zhongdian: un tour au marché
Les Tibétaines pourtant habituées au froid de leurs montagnes ont l'air
frigorifiées, engoncées dans leurs vestes matelassée, les écharpes rabattues sur
le visage, les cheveux couverts de leur coiffe-turban traditionnelle ou d'une
caquette.
Delphine nous signale que beaucoup de boutiques et une bonne partie du marché
sont tenus par des Bai venus de Dali où ils retournent habiter pendant l'hiver.
Dans le marché couvert où nous passons une vingtaine de minutes, nous sommes
protégés du vent. On y voit des produits locaux comme le beurre de yak, l'orge
ou le sarrasin mais aussi beaucoup de légumes et fruits venus des contrées plus
basses du centre ou du sud du pays (tomates, piments, oranges, mangues, nèfles
du Japon...). Les choux chinois et les salades s'amoncellent en tas ou en bottes
énormes. Les carcasses de porcs sont bizarrement équeutées et voisinent avec des
bassines remplies d'abats: coeurs par ici, foies avec vésicules par là, poumons
plus loin... On trouve aussi des saucisses et jambons séchés. Une femme fait
l'épilation au chalumeau de pieds de cochons tandis que, près de là, un homme
passe la viande au hachoir mécanique. Dans un secteur du marché, les étals
présentent tout un assortiment d'ustensiles en cuivre, de woks en acier et
d'outils en fer forgé pour les paysans (serpes, hachettes, tenailles).
On rencontre aussi quelques moines et nonnes que les photos indisposent. Les
costumes Bai très colorés tranchent avec ceux plus austères des Tibétains.
L'autocar nous conduit un autre quartier moderne pour déjeuner au restaurant de
l'hôtel Zhaxidele ("Bonjour"). Nous nous sentons un peu perdus dans une grande
salle de spectacle décorée kitschement à la chinoise. Pendant le repas, un
couple installé à un bureau devant une série d'estampes tente de nous convaincre
d'en acheter.
Des plats assez originaux : légumes emmaillotés dans une tranche de poitrine
fumée, omelette aux herbes, petits galettes aux gruaux d'orge, des frites, une
soupe aux herbes, et en dessert une salade de fruits avec un curieux nappage. Le
tout accompagné d'une infusion de sarrasin.
Zhongdian: colline Daguishan*: Guishan si et Zhuangjing Tong (le moulin à
prières géant)
Après le déjeuner, l'autocar nous reconduit dans la vieille ville. Nous devions
visiter le Baiji Si ("le Temple du Coq Blanc" ou "aux Cent Poulets") mais au
lieu de cela, on nous conduit au pied de la colline Daguishan sous un ciel
redevenu bien gris. Sur la pente et au sommet se dressent les pavillons du
Guishan Si, un temple reconstruit en 2002, et le Zhuangjing Tong, un gigantesque
moulin à prières tout doré mis en service en juin 2005. Entre le parking et la
place, on emprunte un pont arqué pour franchir un petit canal. Au centre de la
place, yak blanc est là pour les photos-souvenirs.
Nous commençons à gravir la pente en direction du temple. Un premier temple est
taoïste donc photographiable, ce qui n'est pas le cas avec le temple bouddhiste
suivant. Sur la gauche, un grand temple au toit complexe n'est pas accessible
car en travaux. En revanche, sur la droite il y a pas mal de Chinois attirés par
l'attraction qu'est le moulin à prière géant, haut de 20 mètres (de 21 à 32
selon certaines sources) et pesant 60 tonnes. Il contient 100 000 petits moulins
à prières selon Lonely Planet. En bois, il est revêtu d'un parement doré sur
lequel différentes figures ont été martelées. Dans la partie basse, au-dessus de
bandeaux de svastikas et de symboles divers, les différentes ethnies sont
représentées. Plus haut, c'est la place du Bouddha, au-dessus de montagnes...
Pour le mettre en mouvement sur son axe, il faut au moins être une demi-douzaine
de personnes costaudes et motivées.
L'autre intérêt du site est le panorama qu'il offre sur la vieille ville dont
une partie a échappé à l'incendie survenu il n'y a guère plus d'un an (11
janvier 2014) tandis que pour le reste, les maisons incendiées sont en phase
d'être remplacées par de nouvelles constructions.
Nous redescendons sur la place. Près du musée révolutionnaire, petit coup d'oeil
dans le temple voisin dédié au Bhodisattva androgyne Avalokiteçvara ou, si l'on
préfère Guanyin (déesse de la Miséricorde) dit aussi "Bouddha aux Mille Bras".
Quant au Musée Révolutionnaire de la Longue Marche, il n'aurait pas été
inintéressant de disposer de temps pour en faire une visite sérieuse. On y voit
Mao jeune et les troupes de l'Armée Populaire de Libération.
Depuis 1925, une guerre civile a éclaté entre les nationalistes du Kuomintang
dont Tchang Kaï-chek vient de prendre la tête après la mort de Sun Yat-sen, et
les communistes à la tête desquels va peu à peu s'imposer Mao Zedong. Ces
derniers profitent de l'invasion japonaise en Mandchourie survenue fin 1931 pour
s'emparer de plusieurs régions. Avec un million d'hommes, l'armée nationaliste
va harceler les bastions communistes, en particulier au Jiangxi, principal
territoire de la "République soviétique chinoise".
En 1934, environ 130 000 hommes de l'Armée Rouge parviennent à fuir et,
poursuivis, entament un périple de 12 500km dans le sud-ouest de la Chine (où
des Hui et Tibétains soutiennent les nationalistes) pendant un peu plus d'un an.
Ils ne sont plus qu'une vingtaine de milles au début de 1935. En décembre 1936,
les nationalistes et les communistes finissent par conclure une alliance
(temporaire) pour lutter contre les envahisseurs japonais. Une alliance brisée
dès septembre 1945, après la capitulation japonaise, et les communistes qui
remportent victoire sur victoire en 1949, avec notamment la conquête du sud (le
21 avril, l'Armée populaire de libération franchit le Yangtsé). Les dirigeants
nationalistes et deux millions de leurs sympathisants "s'exilent" sur l'île de
Taïwan. Les combats cessent en août 1950.
Sous un ciel de plus en plus gris, nous traversons à pied la vieille ville pour
regagner notre hôtel. Cette vieille ville nommée Dukezong ("village de la Lune"
en tibétain) s'étendant sur 16km², a été construite il y a 1300 ans, ville-étape
sur la Route de la Soie et sur la Route du Thé et des Chevaux..
Le samedi 11 janvier 2014, à 1h27, ici un incendie d'origine accidentelle a
détruit 340 maisons (sur 700), des thangkas tibétains précieux et d'autres
objets d'art tibétains mais n'a fait aucune victime. 2 600 personnes ont été
évacuées. Le précédent incendie de Shangri-La remontait au XVIIIe siècle, sous
l’empereur Qianlong.
En reconstruction, la vieille ville prend donc un sérieux coup de jeune. Dans
les ruelles pavées bordées de maisons en bois traditionnelles on verra de plus
en plus de pubs enfumés et d'échoppes d’artisanat bouddhique. On ne s'y bouscule
pas encore mais il faut s'attendre à de grands changements avec un tourisme de
masse quand la ligne de chemin de fer qui relie Kunming à Lijiang depuis 2010
sera prolongée jusqu'ici.
Non loin d'un stupa sur une place, outre des maisons en bois, on peut voir
quelques très vieilles maisons aux murs fait de bloc de brique crue (adobe) à
l'enduit plus ou moins dégradé. Deux jeunes hommes chinois déambulent en se
tenant familièrement par dessus les épaules. Attitude surprenante en Chine où il
mal vu pour un couple de se tenir par la main (ou pire de s'embraser en public).
Puis ce sont des vitrines de souvenirs pour touristes. Seriez-vous tenté par un
couteau tibétain? à moins que vous sachiez lire les annonces placardées sur les
murs, avec des numéros de téléphone bien en évidence... Plus loin nous passons
près d'une brasserie artisanale où une femme est justement en train de
travailler le malt dans une grande cuve en bois. La pluie se met à tomber
sérieusement et nous devons presser le pas sous la pluie très froide. Nous
sommes bien au chaud dans nos chambres à 18H.
A 19H, nous partons dîner dans un restaurant au pied de la colline Daguishan où
nous avions passé l'après-midi. Un restaurant voisin de la place où l'on nous
sert, en dehors de quelques sautés et potage aux herbes, une sorte d'omelette
provençale et un plat en sauce avec des os de yak à peine recouverts de lambeaux
de viande...
Il est un peu plus de 20H quand nous quittons le restaurant et il fait bien
froid sur la place. Seuls les temples et le moulin à prières géant donnent un
peu de chaleur par la couleur dorée qui les illuminent. En revanche, les
villageois assemblés sur la place ont la bonne recette pour se réchauffer, en
pratiquant une danse gymnique dans une belle ronde... Mais les regarder pendant
une dizaine de minutes nous suffit pour être frigorifiés.
La chambre bien chauffée que nous retrouvons à l'hôtel Shangrila est appréciée.
Mardi 7 Avril - sur le trajet de retour: vol de ZHONGDIAN à KUNMING
Départ en autocar à 7H15 seulement alors que nous avons pourtant un avion qui
décolle à 8H40. Mais l'aéroport est tout proche, à moins de 6km, et il ne s'agit
que d'un vol intérieur.
Décollage effectif vers 9H et un vol de cinquante minutes sur un Airbus 319/320
de la compagnie chinoise Lucky Air qui nous ramène pour quelques heures dans la
Ville de l'Eternel Printemps, après un survol du Lac Erhai et de Dali vers les
9H25...
Les visites effectuées le 7 avril pendant l'escale à Kunming sont traitées dans
le premier volet de ce récit.
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