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Pendant la nuit, notre train, parti de Pékin, a traversé une région
de plateaux de loess et nous avons parcouru près de 500 km en 10 heures
de voyage... La région du loess est presque aussi vaste que la France et
ce limon fertile déposé par le Fleuve Jaune et aussi par les vents
s'est accumulé parfois sur 150 mètres d'épaisseur!
C'est
un paysage raviné au coeur de la province du Shanxi où, par le passé,
s'étaient développés de puissants clans familiaux. Ici la
langue ne comporte que 3 tons au lieu des 4 en mandarin.
TAIYUAN : (4 millions d'habitants)
Arrivée le matin à 7h30.
Nous sommes accueillis sur le quai par Monsieur Cheng (c'est l'usage
d'appeler les chinois par leur patronyme, le prénom n'étant employé
que dans la sphère familiale), un guide plus tout à fait jeune,
typique et sympathique, même si l'on a parfois du mal à le comprendre...
pourtant il a étudié le français 5 années et il a
visité la France plusieurs fois (Est, Alpes, Aquitaine, Provence... et
Paris, évidemment).
Compte tenu de son âge (supposé),
Cheng a dû en voir de toutes les couleurs et a certainement vécu
Grand Bond en Avant et Révolution Culturelle. Il ne s'épanchera
pas sur le sujet mais on sent qu'il aurait beaucoup à dire. Sa seule critique
appuyée vise "les grosses légumes". A ma demande
de précision, il dit viser les fonctionnaires... J'y reviendrai dans un
encart un peu plus bas et il en sera encore question dans les autres pages.
Comme
il se doit, les VIP que nous sommes sortons rapidement de la gare en empruntant
des raccourcis mais nous n'aurons droit qu'à un médiocre et bruyant
minibus.
Changement de température, on prend presque 10 degré
de plus, avec 25° dans la journée...
TAIYUAN
est la capitale de la province du Shanxi, au nord de la grande plaine centrale
qui formait "le Pays du Milieu", à l'origine de la Chine actuelle.
L'ancienne ville (1000 ans avant J - C) a cédé la place
à une ville moderne qui se développe le long d'une avenue à
l'américaine de 7 km. L'immobilier y est cependant plus abordable
qu'à Pékin, avec 800€/m² cela correspond à 50%
du prix moyen dans la capitale. Le salaire moyen mensuel est ici de l'ordre de
300€.
La ville est devenue depuis les
années 1960 un grand centre industriel (métallurgie, mécanique
et chimie). La pollution est très forte dans
la ville et dans les campagnes, loin à la ronde, en raison de l'exploitation
de mines de fer et de mines de charbon à ciel ouvert. Partout dans le paysage
se dressent des hautes cheminées qui crachent une fumée plus ou
moins noire. On produit dans cette région 4 millions de tonnes de fonte
et 3 millions de tonnes d'acier ainsi que du coke fabriqué à partir
des résidus de distillation du charbon et qui sert au chauffage.
Transfert dans un hôtel
pour un petit déjeuner sans relief.
Economie
socialiste de marché... Depuis le XVe Congrès du Parti Communiste chinois tenu à la fin de 1997, la politique économique s'est orientée dans une direction radicalement opposée à l'approche collectiviste, il s'agit de lEconomie Socialiste de Marché qui doit se déployer en trois étapes: -
Mettre en place des conditions favorables : infrastructures, liberté dentreprendre. Mais il semble que le projet se soit figé à la seconde phase car il est bien connu ici comme ailleurs que ''l'argent va à l'argent''... ...et corruption ! Le
régime chinois est un subtil dosage, en perpétuel changement, d'oligarchie,
d'autocratie et de népotisme! Parmi les communistes, il y a sans doute
encore des purs mais il y a surtout des pourris et des opportunistes. Mais il
semble que le peuple chinois s'accommode bien d'une certaine stabilité
déplorable mais favorable aux affaires alors qu'un régime démocratique
ne la garantit pas toujours.
Une autre forme de despotisme ou de dictature s'est donc glissée dans les habits républicains (parti unique, contrôle et censure, répressions sanglantes et emprisonnements arbitraires, spoliations diverses, corruption, non respect des droits de l'homme...). C'est pourquoi sans doute, quatre de nos six guides seront souvent critiques en évoquant "les grosses légumes " ou "les nouveaux mandarins"...
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On quitte la ville en traversant des faubourgs lépreux et l'on a nos premières
surprises de rencontrer des véhicules (tracteurs rustiques et camionnettes)
circulant à contresens
sur une voie rapide (2x3 voies) et pas seulement sur la bande d'arrêt d'urgence,
ce qui est presque banal sinon normal!
Il est vrai que les croisements à
niveau, en utilisant des passages sur le terre-plein central constituent un facteur
aggravant. Dans un pays où l'on roule normalement à droite, hé
bien! la circulation se fait plutôt sur les voies de gauche, donc le plus
souvent avec dépassements par la droite...
Dans un indescriptible slalom,
c'est le règne de la loi de la jungle. Il faut céder au plus fort,
qu'il change de file ou s'insère dans le trafic: le semi-remorque s'impose
au camion ou au bus, qui s'impose à la camionnette, qui s'impose aux voitures,
qui s'imposent aux engins agricoles, qui s'imposent aux deux roues, qui s'imposent
aux piétons...
Philosophe, Cheng relativise les choses en attribuant
ce genre de comportement aux paysans du coin qui en seraient coutumiers. Pourtant
il pourrait leur en coûter une amende et la perte de (seulement) 3 points
sur leur permis sur les 12 qu'il comporte...
Justement
les paysans s'activent dans les champs comme on le voit au long des 25 km
de notre trajet.
C'est le moment des semis de maïs. Les autres cultures
de la région sont les blés (d'hiver et de printemps qui se récoltent
respectivement en mai et en septembre), l'avoine, le sorgho (on en tire paraît-il
une eau-de-vie remarquable titrant 65°, dans lequel on fait macérer
des morceaux de bambous préalablement trempés dans un vinaigre),
le coton, le tabac, le riz dont on fait deux récoltes (printemps et automne).
On trouve aussi des vergers de jujubiers, pommiers et poiriers.
C'est donc
un région d'agriculture intensive mais où les cheminées d'usines
et de centrales thermiques ponctuent régulièrement les champs comme
des épingles d'entomologiste piquées dans des papillons... C'est
donc aussi l'une des grandes régions d'industrie lourde de Chine. A propos
d'industrie, il paraît qu'au rythme de croissance actuel, dans 8 ans la
Chine absorberait à elle seule la production mondiale d'acier...
Temple Jinci - porte neuve du site |
Temple
Jinsi*** ("temple du Ministre Jin" ou de la "Gardienne
de l'Eau" ou des "Ancêtres" ???) ou Shuyusi
-4€-,
à une vingtaine de kilomètres au sud de Taiyuan, après
avoir longé la rivière Fen.
Jin est le nom anciennement donné à la province du Shanxi.
C'est
un site étrange, occupé depuis l'Antiquité (plus d'un millénaire
avant J-C) qui comprend un imposant
ensemble de temples aux toits cornus construits à partir du XIe siècle
(sous les Song, puis agrandis par les Ming
et les Qing) dans un féerique parc arboré. En effet, ce temple est
célèbre pour son magnifique jardin typique du paysagisme classique
de la Chine du Nord.
De
grands travaux sont entrepris sur le site et une tour "pagodée"
entièrement neuve est en voie d'achèvement à l'entrée
du site. Des ouvriers y façonnent, à la meuleuse et sans protection
d'aucune sorte, des balustrades en marbre blanc.
On
accède au site proprement dit, à quelques centaines de mètres
de là, par la Porte du Paysage Pur qui conduit à la Terrasse des
Miroirs... En empruntant un petit pont, on arrive sur la Terrasse des Statues
de Métal (ou de Fer mais il s'agit en réalité de fonte,
métal qui ne fut connu en Europe que quelques siècles plus tard),
statues de guerriers superbement conservées malgré presque un millénaire
d'existence (elles furent fondues au cours du XIe s.). Le grand portique
entre les tours de la Cloche (elle sonnait les heures après le crépuscule)
et celle du Tambour (elle marquait les heures depuis l'aube) conduit à
la Salle des Offrandes (XIIe s.).
TAIYUAN-
Temple Jinci (XIe s.) Terrasse des Statues de Métal, Temple de la
Sainte Mère avec les 42 statues féminines en terre cuite...
Au
milieu du parc ponctué de plans d'eau, un autre pont conduit au temple
le plus important, dit Temple de la Sainte Mère (shenmu dian)
que l'on implorait pour obtenir de la pluie. Il est aussi plus ancien puisque
bâti entre 1023 et 1031 (époque des Song).
C'est un édifice à double toiture couverte de tuiles, avec
en façade huit colonnes en bois ornées de dragons qui furent dorés,
dragons sculptés en haut relief et s'enroulant autour des colonnes. Il
abrite l'une des merveilles de la Chine, 42 magnifiques statues féminines
en terre cuite grandeur nature des servantes et dames de compagnie de la Sainte
Mère. C'est un hommage à une princesse qui vivait deux millénaires
plus tôt, à l'époque de la dynastie des Zhou.
Des travaux de restauration des colonnes du temple sont en cours. Ce
sont les éléments de construction
qui ont le plus à souffrir des intempéries malgré les généreuses
avancées des toits. Après décapage, on leur applique en alternance
un enduit fait de chaux et d'huile et deux couches de toile de lin, avant de procéder
à un nouveau laquage.
A
gauche du Temple de la Sainte-Mère, on voit l'un des deux plus vieux cyprès
de Chine, tombé sur le temple principal et étayé.
On l'appelle "le cyprès des Zhou".
Ses branches couvrent une salle entière. Il
a 3000 ans, tout comme son homologue de Taïwan (et non pas de Taiyuan). Les
femmes en peine d'enfant viennent passer la main sur une fente du tronc (vestige
d'une cicatrice) à la forme évocatrice...On trouve d'autres arbres
ornementaux tels les sophoras du Japon âgé de plus de 1000
ans (dynastie Tang), sorte d'acacia sans épine,
et les ginkos biloba, véritables fossiles vivants.
La visite se poursuit par les fontaines et le puits à la source bouillonnante (résurgence). Dominant le site, un temple est édifié sur la colline au sud tandis qu'à l'est s'est implanté un monastère bouddhiste signalé par sa pagode à 7 niveaux.
TAIYUAN- Temple
Jinci (cyprès trois fois millénaire, sources, ginko biloba...)
Continuation
de la route pour Pingyao, ville située
à une centaine de kilomètres plus au sud.
Impressionnante
noria de semi-remorques (sur)chargés de charbon...
Traversée
de bourgades de style far-west sinon que les grandes enseignes sont écrites
en caractères chinois et que les chariots sont remplacés par des
camions. On y trouve des rues poussiéreuses et défoncées
et des magasins disparates avec logements à l'étage. Une curiosité
aussi, une boutique vend des deux roues qui semblent être de maladroites
copies de nos bons vieux Solex...
mais nous nous arrêtons
bientôt pour déjeuner à Dongguan, à une trentaine (?)
de kilomètres au nord de Pingyao, tout près du site de la Maison
Qiao.
Particularités du menu (par ailleurs toujours gargantuesque):
un légume vert bouilli qui serait du colza (je pense plutôt à
une sorte de petit chou), une soupe jaune et sucrée à base de maïs,
poisson (de rivière)...
Dongguan, au
nord de Pingyao...
Maison
Qiao -3€-, c'est dans cette ancienne "ferme" de l'époque
Qing que fut tourné en 1991 le film
"Epouses et concubines" (Dahong Denglong Gaogao Gua du
réalisateur chinois Zhang Yimou). Ce site est à haute fréquentation
touristique, surtout chinoise !
En
nous rendant sur le site, nous passons devant toutes sortes d'échoppes
destinées aux locaux (riz, millet, fruits séchés de grosses
jujubes et petites jujubes dites aigres) et d'autres, plus destinées aux
touristes: moult versions du Petit Livre Rouge du Grand Timonier, fausses
antiquités, bouliers, chaussures en paille de riz... On peut aussi y voir
la curieuse façon de fabriquer une sorte de gâteau ressemblant à
de la nougatine. A l'aide de deux maillets de bois, deux confiseurs écrasent
sans ménagement un mélange fait de cacahuètes, graines de
sésame, sucre et morceaux de gingembre... c'est tout à fait délicieux.
Autre curiosité, cette fois pâtissière, la fabrication de
crêpes gaufrées sur de petits galets noirs chauffés dans une
sorte de wok.
Quelques
mots sur le WOK, cet ustensile à fond hémisphérique
est largement utilisé dans les cuisines en Extrême-Orient.. Son fond
arrondi fait circuler la chaleur rapidement et uniformément, tout en permettant
à lutilisateur de remuer les ingrédients. Avec très
peu de matière grasse et très rapidement on peut faire frire ou
sauter des à la manière d'une poêle.Avec très peu de
matière grasse et très rapidement on peut faire frire ou sauter
des à la manière d'une poêle.
Mais dans le cas présent,
il n'est pas utilisé pour cuire en sauté, technique permettant au
jus naturel de se mélanger à de la graisse généralement
située au fond de la poêle, enrobant le mets dune légère
sauce (alors que la friture produit une surface craquante en enfermant lhumidité
naturelle à lintérieur de laliment).
Dans la région
de Shanghai, on le verra utilisé encore différemment, pour "torréfier"
le thé vert...
A 20 km
de Pingyao, aux abords de la Maison Qiao: confiseries et pâtisseries foraines...
La
Maison Qiao est un ensemble de maisons à cours carrées, aux portes
et fenêtres ornées de boiseries élaborées et de décors
en briques sculptées qui fut édifié à partir de 1756.
C'est l'oeuvre d'un paysan sans terre devenu marchand (négoce de soja)
qui était parvenu à s'enrichir en commerçant avec la Mongolie
Intérieure et qu'il étendit à la Chine entière. Dans
les années 1930, cette maison hébergeait encore les 60 membres du
clan: 3 épouses et 14 concubines ainsi que leur progéniture (les
filles logeaient dans les étages) et 250 clercs et serviteurs. Le clan
familial l'occupa pendant deux siècles, jusqu'à l'arrivée
des communistes au pouvoir. Il fut par la suite occupé par des familles
villageoises jusqu'à sa transformation en musée des traditions populaires.
Cette riche demeure protégée par un mur d'enceinte en brique
grise de 9 m de haut comporte 313 pièces réparties dans 20
cours ayant chacune son caractère particulier. Dans ce village-musée,
on peut voir les mobiliers utilisés autrefois (dans les chambres, un
foyer chauffait le dessous du lit), un "carrosse", de minuscules chaussures
(genre de chaussons pour des fillettes de 3-4 ans) de soie pour les pieds bandés
des femmes chinoises (d'après Cheng, dans des contrées éloignées,
des femmes très âgées supportent encore cet élégant
supplice)...
Dans la tradition, les mariés étaient
transportés en palanquins et la marée gardait le visage complètement
voilé jusqu'à la nuit de noce... les fiancés ne se connaissant
pas puisque les mariages étaient arrangés. Pour suppléer
à l'absence de sentiments, tout un attirail était mis à disposition
sur le grand lit nuptial afin d'expérimenter les quelque 108 positions
(toujours la numérologie avec le 9) du kamasutra chinois...
Joli
jardin avec bassin, pont, rochers et kiosque et où, sans autre forme de
procès, ni demande préalable, ni merci, des Chinois viennent poser
pour la photo aux côtés d'Occidentaux qui servent de potiches, d'alibis,
de faire-valoir ou de je ne sais quoi. Mais en toute ingratitude, ils ne sont
absolument pas gênés de passer devant votre objectif pendant que
vous prenez une photo ou tournez une vidéo...
A 20 km
de Pingyao, aperçus dela Maison Qiao.
...encore une vingtaine de kilomètres
pour arriver à Pingyao en milieu d'après-midi, non sans avoir
vécu, une fois encore, d'impensables slaloms sur les routes et voies rapides...
PINGYAO : (400 000 d'habitants dont 37 000 dans la ville close)
Fiche
Pingyao
et
sur mon blog favori...
Avant de passer les murs de PINGYAO |
Une porte de PINGYAO |
PINGYAO est établie au milieu du plateau de loess (limon très fertile) du Shanxi, à 600 km de Pékin. Aujourd'hui simple bourgade, ce fut une ville prospère sous les Ming (1370) mais ses origines remontent à un ancien fort qui existait déjà là il y a 2700 ans.
Chaque
année, en septembre, la ville accueille un festival international de la
photo.
La ville est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1997 notamment
parce qu'elle possède parmi les plus beaux remparts de Chine et qu'elle
les a conservés en très bon état.
Non loin de Pingyao se trouve l'un des plus célèbres
vignobles de Chine, le Grace Vineyard qui produit des vins réputés
à partir de cépages cabernet-sauvignon, chardonnay et muscat. Pour
notre part, nous ne dégusterons plus tard (à Guilin) qu'un Dynasty
"Great Wall Wine" rouge... acceptable.
Hors la ville close, la ville n'a pas l'air très resplendissante, qu'il s'agisse des rues, des constructions ou des véhicules notamment des sortes de tuck-tucks très laids, bricolés à partir de motos...
Coup
d'oeil sur les remparts (XIVe s.)... On ne fait qu'y grimper un trop court
moment.
La ville close est un carré d'environ 1,5 km de côté,
d'une surface de 2 km² et dont le dessin, avec les déformations
dues à ses portes, évoque la forme d'une tortue (symbole de la longévité).
Tout comme la Grande Muraille, l'enceinte faite d'un noyau en terre est protégée
par une maçonnerie de briques grises portant un chemin de ronde de 6 à
10 m de haut, 72 tours de guet et un parapet à 3000 créneaux
(comme les 72 disciples et 3000 élèves que la tradition prête
à Confucius). Comme il se doit, la cité possède sa tour de
la cloche (à l'est pour l'aube) et sa tour du tambour (à l'ouest
pour le crépuscule).
Depuis les remparts, on a une vue sur la ville
également faite de briques et de tuiles grises, ses grandes rues (il y
en a 4), rues secondaires (8) et ruelles (72). De là-haut, on voit déjà
que les rues principales sont proprettes et prospères, entièrement
dédiées au tourisme tandis que les rues secondaires ont un air beaucoup
plus campagnard.
PINGYAO, les
remparts et vues depuis les remparts...
...court trajet de 6 km
Environs de PINGYAO: Temple de Shuang Lin Si |
Environs de PINGYAO: Temple de Shuang Lin Si Guanyin aux 1000 bras et 1000 yeux |
Temple
de Shuang Lin Si*** ("des Deux Forêts") -1,8€.
Il date du VIe s. (dynastie Wei du nord) et il est connu pour son art
de la sculpture des Bouddhas dont il abrite de nombreuses (près de 2000
dont des bodhisattvas, arhats, juges des enfers et même divinités
hindoues) et admirables statues anciennes surtout des périodes Song
(Xe s.) et Yuan (XIIIe s.). Ces
statues sont en argile (crue), modelée sur une armature en bois et
sont peintes de couleurs qui devaient être vives à l'origine mais
qui sont passablement décolorées maintenant.
Le temple a été
classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO dès 1988
mais semble nécessiter
quelques travaux de restauration (par exemple, pieds et jambes des gardiens sont
fort endommagés).
On y voit notamment un Bouddha aux 1000 bras (en
fait 25, 12 du côté droit et 13 du gauche) et 1000 yeux, également
4 bodhisattvas (êtres de compassion qui choisissent de ne pas être
délivrés de la renaissance tant que tous leurs semblables ne seront
pas sauvés) et 16 arhats (individus illuminés qui ne se réincarneront
plus). A noter que selon les temples, le nombre de bodhisattvas et d'arhats peut
varier.
Ce temple donne lieu à des pratiques syncrétiques
puisqu'il comporte deux pavillons dédiés au culte taoïste,
un temple de la prospérité (fréquenté par les commerçants)
et un temple de la terre (fréquenté par les paysans comme il se
doit). Quand on parle de fréquentation, il faut souligner qu'elle semble
modeste dans ce temple, du moins en ce jour (samedi) et à cette heure du
milieu d'après-midi.
Dans une cour, c'est encore l'occasion d'admirer
un très vieil arbre, un sophora du Japon. Un vaste jardin semble quelque
peu à l'abandon bien que sept ou huit jardiniers s'y affèrent ...lentement.
...retour à Pingyao. On aperçoit
quelques tertres funéraires dans les champs ...
Promenade
dans la vieille ville.
Auparavant, nous empruntons une voiture électrique
(1€) car les engins motorisés habituels plus ou moins pétaradants
sont réservés aux résidents, afin de déposer nos bagages
à notre guesthouse Chang yi feng, maison ancienne
dans le style des époques Ming et Qing, transformée en hôtel.
C'était un relais de poste réputé "si tu ne vas pas
au relais postal Changyifeng, c'est comme si tu n'étais pas venu à
Pingyao".
PINGYAO,
la guesthouse Chang Yi Feng...
PINGYAO: dans les pas de Cheng... |
PINGYAO: plafond aux huit hexagrammes du Yijing du temple taoïste du Dieu de la ville... |
Cheng nous conduit au Temple taoïste du Dieu de la ville (Cheng huang miao) à l'est de la ville. Il remonte au Xe s. (dynastie Song) mais a été restauré sous les Qing et les Ming (à partir du XIVe s.) avec des influences bouddhistes et confucéennes.
Détail
à connaître, les temples bouddhistes sont souvent précédés
de quatre gardiens plus ou moins grimaçants et effrayants (représentant
les quatre saisons et munis d'attributs divers: glaive, serpent...) alors que
l'on en a généralement deux dans les temples taoïstes.
Un
premier bâtiment encadré par la tour de la cloche et par celle du
tambour sert de théâtre pour la fête traditionnelle de la fin
mai (des grandes urnes métalliques servent de caisse de résonance,
système d'amplification le plus ancien qui soit). Puis viennent la salle
de prière et le pavillon du dieu de la ville. Sans doute dans le but d'édifier
le bon peuple, on ne peut pas échapper à ses statues très
colorées et expressives de démons, de saints et de damnés
(les peintres de la Renaissance italienne n'ont pas fait aussi réaliste).
Toitures
magnifiquement restaurées avec de superbes tuiles et faîtières
vernissées. Plafond représentant les huit hexagrammes (64 traits
diversement combinés), base de la géomancie chinoise...
PINGYAO,
au temple taoïste du Dieu de la ville...
Après
cette visite, nous parcourons des rues et ruelles bordées de maisons en
bois. On se croirait presque plongé dans Tintin et le Lotus Bleu
si les Chinois avaient encore leur tresse! On y visite aussi la guesthouse
Tian Yuan Yu, un ensemble hôtelier qui s'est constitué
par annexion de plusieurs petites maisons et cours. Coup d'oeil dans une ancienne
pharmacie avec ses multiples tiroirs. Dans une cour, meule à soja... Dans
l'ensemble, bien que l'on approche du soir, la ville est propre. Il est vrai que
l'on y manie beaucoup le balai de sorgho.