Passez la souris sur la carte...
TAIYUAN (1 et 2),
PINGYAO
(3 et 4).
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Taiyuan...

Cette ville est la capitale de la province du Shanxi, au nord de la grande plaine centrale qui formait "le Pays du Milieu", à l'origine de la Chine actuelle.. Coeur de la plus ancienne culture chinoise, la ville fut fortifiée dès le Ve s. av. J - C.

Bastion contre les nomades sous la dynastie des Han et devint une capitale d'un éphémère royaume Qi au Ve s. qui l'embellirent.
Les empereurs de la dynastie Tang poursuivirent son développement jusqu'à son déclin à partir du Xe s. où elle fut pratiquement détruite lors de l'écroulement de l'empire.

A l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, en 1949, elle fut le quartier général d'un dictateur qui essaya de faire du Shanxi un état indépendant.

C'est maintenant un centre industriel (métallurgie, mécanique et chimie).



Pingyao...

Au milieu d'un plateau de loess (limon très fertile) du Shanxi, Pingyao, à 600 km de Pékin, aujourd'hui simple bourgade, fut une ville prospère sous les Ming (1370).

La ville dotée par les Ming d'un quadrilatère de remparts (6 km de périmètre) parmi les plus beaux du pays, érigés en brique avec un noyau en terre damée sous le règne de Hongwu en 1 370. C'est la seule ville chinoise a les avoir conservés totalement.
Le bourg au plan orthogonal (2 km²) conserve de nombreux bâtiments civils d'une jolie architecture des XVIIIe et XIXe siècles. Son plan est sensé représenter la tortue, symbole de longévité (une école confucéenne y comptait 72 sages et plus de 3000 élèves).

Pingyao, centre commerçant très prospère sous les Ming et les Qing, fut le grand centre bancaire de la Chine au XIXe et jusqu'au début du XXe s.
Aux alentours de Pingyao, se trouvent encore des temples anciens et des demeures des clans jadis puissants.

La ville a également servi de décor au film "Epouses et concubines".
Chaque année, en septembre, elle accueille un festival international de la photo.

La ville est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1997
.

 

 

Pendant la nuit, notre train, parti de Pékin, a traversé une région de plateaux de loess et nous avons parcouru près de 500 km en 10 heures de voyage... La région du loess est presque aussi vaste que la France et ce limon fertile déposé par le Fleuve Jaune et aussi par les vents s'est accumulé parfois sur 150 mètres d'épaisseur!
C'est un paysage raviné au coeur de la province du Shanxi où, par le passé, s'étaient développés de puissants clans familiaux. Ici la langue ne comporte que 3 tons au lieu des 4 en mandarin.

TAIYUAN : (4 millions d'habitants)

Arrivée le matin à 7h30.
Nous sommes accueillis sur le quai par Monsieur Cheng (c'est l'usage d'appeler les chinois par leur patronyme, le prénom n'étant employé que dans la sphère familiale), un guide plus tout à fait jeune, typique et sympathique, même si l'on a parfois du mal à le comprendre... pourtant il a étudié le français 5 années et il a visité la France plusieurs fois (Est, Alpes, Aquitaine, Provence... et Paris, évidemment).
Compte tenu de son âge (supposé), Cheng a dû en voir de toutes les couleurs et a certainement vécu Grand Bond en Avant et Révolution Culturelle. Il ne s'épanchera pas sur le sujet mais on sent qu'il aurait beaucoup à dire. Sa seule critique appuyée vise "les grosses légumes". A ma demande de précision, il dit viser les fonctionnaires... J'y reviendrai dans un encart un peu plus bas et il en sera encore question dans les autres pages.

 

Comme il se doit, les VIP que nous sommes sortons rapidement de la gare en empruntant des raccourcis mais nous n'aurons droit qu'à un médiocre et bruyant minibus.
Changement de température, on prend presque 10 degré de plus, avec 25° dans la journée...

TAIYUAN est la capitale de la province du Shanxi, au nord de la grande plaine centrale qui formait "le Pays du Milieu", à l'origine de la Chine actuelle. L'ancienne ville (1000 ans avant J - C) a cédé la place à une ville moderne qui se développe le long d'une avenue à l'américaine de 7 km. L'immobilier y est cependant plus abordable qu'à Pékin, avec 800€/m² cela correspond à 50% du prix moyen dans la capitale. Le salaire moyen mensuel est ici de l'ordre de 300€.

La ville est devenue depuis les années 1960 un grand centre industriel (métallurgie, mécanique et chimie). La pollution est très forte dans la ville et dans les campagnes, loin à la ronde, en raison de l'exploitation de mines de fer et de mines de charbon à ciel ouvert. Partout dans le paysage se dressent des hautes cheminées qui crachent une fumée plus ou moins noire. On produit dans cette région 4 millions de tonnes de fonte et 3 millions de tonnes d'acier ainsi que du coke fabriqué à partir des résidus de distillation du charbon et qui sert au chauffage.


Transfert dans un hôtel pour un petit déjeuner sans relief.


 

Economie socialiste de marché...

Depuis le XVe Congrès du Parti Communiste chinois tenu à la fin de 1997, la politique économique s'est orientée dans une direction radicalement opposée à l'approche collectiviste, il s'agit de l’Economie Socialiste de Marché qui doit se déployer en trois étapes:

- Mettre en place des conditions favorables : infrastructures, liberté d’entreprendre.
- Permettre l’enrichissement d’une classe moyenne.
- Permettre aux masses populaires de s’enrichir.

Mais il semble que le projet se soit figé à la seconde phase car il est bien connu ici comme ailleurs que ''l'argent va à l'argent''...


...et corruption !

Le régime chinois est un subtil dosage, en perpétuel changement, d'oligarchie, d'autocratie et de népotisme! Parmi les communistes, il y a sans doute encore des purs mais il y a surtout des pourris et des opportunistes. Mais il semble que le peuple chinois s'accommode bien d'une certaine stabilité déplorable mais favorable aux affaires alors qu'un régime démocratique ne la garantit pas toujours.

 

Une autre forme de despotisme ou de dictature s'est donc glissée dans les habits républicains (parti unique, contrôle et censure, répressions sanglantes et emprisonnements arbitraires, spoliations diverses, corruption, non respect des droits de l'homme...).


C'est pourquoi sans doute, quatre de nos six guides seront souvent critiques en évoquant "les grosses légumes " ou "les nouveaux mandarins"...

 


On quitte la ville en traversant des faubourgs lépreux et l'on a nos premières surprises de rencontrer des véhicules (tracteurs rustiques et camionnettes) circulant à contresens sur une voie rapide (2x3 voies) et pas seulement sur la bande d'arrêt d'urgence, ce qui est presque banal sinon normal!
Il est vrai que les croisements à niveau, en utilisant des passages sur le terre-plein central constituent un facteur aggravant. Dans un pays où l'on roule normalement à droite, hé bien! la circulation se fait plutôt sur les voies de gauche, donc le plus souvent avec dépassements par la droite...
Dans un indescriptible slalom, c'est le règne de la loi de la jungle. Il faut céder au plus fort, qu'il change de file ou s'insère dans le trafic: le semi-remorque s'impose au camion ou au bus, qui s'impose à la camionnette, qui s'impose aux voitures, qui s'imposent aux engins agricoles, qui s'imposent aux deux roues, qui s'imposent aux piétons...
Philosophe, Cheng relativise les choses en attribuant ce genre de comportement aux paysans du coin qui en seraient coutumiers. Pourtant il pourrait leur en coûter une amende et la perte de (seulement) 3 points sur leur permis sur les 12 qu'il comporte...

Justement les paysans s'activent dans les champs comme on le voit au long des 25 km de notre trajet.
C'est le moment des semis de maïs. Les autres cultures de la région sont les blés (d'hiver et de printemps qui se récoltent respectivement en mai et en septembre), l'avoine, le sorgho (on en tire paraît-il une eau-de-vie remarquable titrant 65°, dans lequel on fait macérer des morceaux de bambous préalablement trempés dans un vinaigre), le coton, le tabac, le riz dont on fait deux récoltes (printemps et automne). On trouve aussi des vergers de jujubiers, pommiers et poiriers.

C'est donc un région d'agriculture intensive mais où les cheminées d'usines et de centrales thermiques ponctuent régulièrement les champs comme des épingles d'entomologiste piquées dans des papillons... C'est donc aussi l'une des grandes régions d'industrie lourde de Chine. A propos d'industrie, il paraît qu'au rythme de croissance actuel, dans 8 ans la Chine absorberait à elle seule la production mondiale d'acier...




Temple Jinci - porte neuve du site

Temple Jinsi*** ("temple du Ministre Jin" ou de la "Gardienne de l'Eau" ou des "Ancêtres" ???) ou Shuyusi -4€-, à une vingtaine de kilomètres au sud de Taiyuan, après avoir longé la rivière Fen. Jin est le nom anciennement donné à la province du Shanxi.
C'est un site étrange, occupé depuis l'Antiquité (plus d'un millénaire avant J-C) qui comprend
un imposant ensemble de temples aux toits cornus construits à partir du XIe siècle (sous les Song, puis agrandis par les Ming et les Qing) dans un féerique parc arboré. En effet, ce temple est célèbre pour son magnifique jardin typique du paysagisme classique de la Chine du Nord.

De grands travaux sont entrepris sur le site et une tour "pagodée" entièrement neuve est en voie d'achèvement à l'entrée du site. Des ouvriers y façonnent, à la meuleuse et sans protection d'aucune sorte, des balustrades en marbre blanc.

On accède au site proprement dit, à quelques centaines de mètres de là, par la Porte du Paysage Pur qui conduit à la Terrasse des Miroirs... En empruntant un petit pont, on arrive sur la Terrasse des Statues de Métal (ou de Fer mais il s'agit en réalité de fonte, métal qui ne fut connu en Europe que quelques siècles plus tard), statues de guerriers superbement conservées malgré presque un millénaire d'existence (elles furent fondues au cours du XIe s.). Le grand portique entre les tours de la Cloche (elle sonnait les heures après le crépuscule) et celle du Tambour (elle marquait les heures depuis l'aube) conduit à la Salle des Offrandes (XIIe s.).

  
  
TAIYUAN- Temple Jinci (XIe s.) Terrasse des Statues de Métal, Temple de la Sainte Mère avec les 42 statues féminines en terre cuite...

Au milieu du parc ponctué de plans d'eau, un autre pont conduit au temple le plus important, dit Temple de la Sainte Mère (shenmu dian) que l'on implorait pour obtenir de la pluie. Il est aussi plus ancien puisque bâti entre 1023 et 1031 (époque des Song).
C'est un édifice à double toiture couverte de tuiles, avec en façade huit colonnes en bois ornées de dragons qui furent dorés, dragons sculptés en haut relief et s'enroulant autour des colonnes. Il abrite l'une des merveilles de la Chine, 42 magnifiques statues féminines en terre cuite grandeur nature des servantes et dames de compagnie de la Sainte Mère. C'est un hommage à une princesse qui vivait deux millénaires plus tôt, à l'époque de la dynastie des Zhou.

Des travaux de restauration des colonnes du temple sont en cours. Ce sont les éléments de construction qui ont le plus à souffrir des intempéries malgré les généreuses avancées des toits. Après décapage, on leur applique en alternance un enduit fait de chaux et d'huile et deux couches de toile de lin, avant de procéder à un nouveau laquage.

A gauche du Temple de la Sainte-Mère, on voit l'un des deux plus vieux cyprès de Chine, tombé sur le temple principal et étayé. On l'appelle "le cyprès des Zhou". Ses branches couvrent une salle entière. Il a 3000 ans, tout comme son homologue de Taïwan (et non pas de Taiyuan). Les femmes en peine d'enfant viennent passer la main sur une fente du tronc (vestige d'une cicatrice) à la forme évocatrice...On trouve d'autres arbres ornementaux tels les sophoras du Japon âgé de plus de 1000 ans (dynastie Tang), sorte d'acacia sans épine, et les ginkos biloba, véritables fossiles vivants.

La visite se poursuit par les fontaines et le puits à la source bouillonnante (résurgence). Dominant le site, un temple est édifié sur la colline au sud tandis qu'à l'est s'est implanté un monastère bouddhiste signalé par sa pagode à 7 niveaux.

  
  
TAIYUAN- Temple Jinci (cyprès trois fois millénaire, sources, ginko biloba...)


Fiche Pingyao

Continuation de la route pour Pingyao, ville située à une centaine de  kilomètres plus au sud.

Impressionnante noria de semi-remorques (sur)chargés de charbon...
Traversée de bourgades de style far-west sinon que les grandes enseignes sont écrites en caractères chinois et que les chariots sont remplacés par des camions. On y trouve des rues poussiéreuses et défoncées et des magasins disparates avec logements à l'étage. Une curiosité aussi, une boutique vend des deux roues qui semblent être de maladroites copies de nos bons vieux Solex...

mais nous nous arrêtons bientôt pour déjeuner à Dongguan, à une trentaine (?) de kilomètres au nord de Pingyao, tout près du site de la Maison Qiao.
Particularités du menu (par ailleurs toujours gargantuesque): un légume vert bouilli qui serait du colza (je pense plutôt à une sorte de petit chou), une soupe jaune et sucrée à base de maïs, poisson (de rivière)..
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Dongguan, au nord de Pingyao...


Maison Qiao -3€-, c'est dans cette ancienne "ferme" de l'époque Qing que fut tourné en 1991 le film "Epouses et concubines" (Dahong Denglong Gaogao Gua du réalisateur chinois Zhang Yimou). Ce site est à haute fréquentation touristique, surtout chinoise !

En nous rendant sur le site, nous passons devant toutes sortes d'échoppes destinées aux locaux (riz, millet, fruits séchés de grosses jujubes et petites jujubes dites aigres) et d'autres, plus destinées aux touristes: moult versions du Petit Livre Rouge du Grand Timonier, fausses antiquités, bouliers, chaussures en paille de riz... On peut aussi y voir la curieuse façon de fabriquer une sorte de gâteau ressemblant à de la nougatine. A l'aide de deux maillets de bois, deux confiseurs écrasent sans ménagement un mélange fait de cacahuètes, graines de sésame, sucre et morceaux de gingembre... c'est tout à fait délicieux. Autre curiosité, cette fois pâtissière, la fabrication de crêpes gaufrées sur de petits galets noirs chauffés dans une sorte de wok.
Quelques mots sur le WOK, cet ustensile à fond hémisphérique est largement utilisé dans les cuisines en Extrême-Orient.. Son fond arrondi fait circuler la chaleur rapidement et uniformément, tout en permettant à l’utilisateur de remuer les ingrédients. Avec très peu de matière grasse et très rapidement on peut faire frire ou sauter des à la manière d'une poêle.Avec très peu de matière grasse et très rapidement on peut faire frire ou sauter des à la manière d'une poêle.
Mais dans le cas présent, il n'est pas utilisé pour cuire en sauté, technique permettant au jus naturel de se mélanger à de la graisse généralement située au fond de la poêle, enrobant le mets d’une légère sauce (alors que la friture produit une surface craquante en enfermant l’humidité naturelle à l’intérieur de l’aliment).
Dans la région de Shanghai, on le verra utilisé encore différemment, pour "torréfier" le thé vert...

  
A 20 km de Pingyao, aux abords de la Maison Qiao: confiseries et pâtisseries foraines...


La Maison Qiao est un ensemble de maisons à cours carrées, aux portes et fenêtres ornées de boiseries élaborées et de décors en briques sculptées qui fut édifié à partir de 1756. C'est l'oeuvre d'un paysan sans terre devenu marchand (négoce de soja) qui était parvenu à s'enrichir en commerçant avec la Mongolie Intérieure et qu'il étendit à la Chine entière. Dans les années 1930, cette maison hébergeait encore les 60 membres du clan: 3 épouses et 14 concubines ainsi que leur progéniture (les filles logeaient dans les étages) et 250 clercs et serviteurs. Le clan familial l'occupa pendant deux siècles, jusqu'à l'arrivée des communistes au pouvoir. Il fut par la suite occupé par des familles villageoises jusqu'à sa transformation en musée des traditions populaires.

Cette riche demeure protégée par un mur d'enceinte en brique grise de 9 m de haut comporte 313 pièces réparties dans 20 cours ayant chacune son caractère particulier. Dans ce village-musée, on peut voir les mobiliers utilisés autrefois (dans les chambres, un foyer chauffait le dessous du lit), un "carrosse", de minuscules chaussures (genre de chaussons pour des fillettes de 3-4 ans) de soie pour les pieds bandés des femmes chinoises (d'après Cheng, dans des contrées éloignées, des femmes très âgées supportent encore cet élégant supplice)...
Dans la tradition, les mariés étaient transportés en palanquins et la marée gardait le visage complètement voilé jusqu'à la nuit de noce... les fiancés ne se connaissant pas puisque les mariages étaient arrangés. Pour suppléer à l'absence de sentiments, tout un attirail était mis à disposition sur le grand lit nuptial afin d'expérimenter les quelque 108 positions (toujours la numérologie avec le 9) du kamasutra chinois...

Joli jardin avec bassin, pont, rochers et kiosque et où, sans autre forme de procès, ni demande préalable, ni merci, des Chinois viennent poser pour la photo aux côtés d'Occidentaux qui servent de potiches, d'alibis, de faire-valoir ou de je ne sais quoi. Mais en toute ingratitude, ils ne sont absolument pas gênés de passer devant votre objectif pendant que vous prenez une photo ou tournez une vidéo...

     
A 20 km de Pingyao, aperçus dela Maison Qiao.



...encore une vingtaine de kilomètres pour arriver à Pingyao en milieu d'après-midi, non sans avoir vécu, une fois encore, d'impensables slaloms sur les routes et voies rapides...


PINGYAO : (400 000 d'habitants dont 37 000 dans la ville close)

Fiche Pingyao
et sur mon blog favori...


Avant de passer les murs de PINGYAO

Une porte de PINGYAO

PINGYAO est établie au milieu du plateau de loess (limon très fertile) du Shanxi, à 600 km de Pékin. Aujourd'hui simple bourgade, ce fut une ville prospère sous les Ming (1370) mais ses origines remontent à un ancien fort qui existait déjà là il y a 2700 ans.

Chaque année, en septembre, la ville accueille un festival international de la photo.

La ville est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1997
notamment parce qu'elle possède parmi les plus beaux remparts de Chine et qu'elle les a conservés en très bon état.

 


Non loin de Pingyao se trouve l'un des plus célèbres vignobles de Chine, le Grace Vineyard qui produit des vins réputés à partir de cépages cabernet-sauvignon, chardonnay et muscat. Pour notre part, nous ne dégusterons plus tard (à Guilin) qu'un Dynasty "Great Wall Wine" rouge... acceptable.

Hors la ville close, la ville n'a pas l'air très resplendissante, qu'il s'agisse des rues, des constructions ou des véhicules notamment des sortes de tuck-tucks très laids, bricolés à partir de motos...

Coup d'oeil sur les remparts (XIVe s.)... On ne fait qu'y grimper un trop court moment.
La ville close est un carré d'environ 1,5 km de côté, d'une surface de 2 km² et dont le dessin, avec les déformations dues à ses portes, évoque la forme d'une tortue (symbole de la longévité). Tout comme la Grande Muraille, l'enceinte faite d'un noyau en terre est protégée par une maçonnerie de briques grises portant un chemin de ronde de 6 à 10 m de haut, 72 tours de guet et un parapet à 3000 créneaux (comme les 72 disciples et 3000 élèves que la tradition prête à Confucius). Comme il se doit, la cité possède sa tour de la cloche (à l'est pour l'aube) et sa tour du tambour (à l'ouest pour le crépuscule).
Depuis les remparts, on a une vue sur la ville également faite de briques et de tuiles grises, ses grandes rues (il y en a 4), rues secondaires (8) et ruelles (72). De là-haut, on voit déjà que les rues principales sont proprettes et prospères, entièrement dédiées au tourisme tandis que les rues secondaires ont un air beaucoup plus campagnard.

   
   PINGYAO, les remparts et vues depuis les remparts...

...court trajet de 6 km




Environs de PINGYAO: Temple de Shuang Lin Si

Environs de PINGYAO: Temple de Shuang Lin Si
Guanyin aux 1000 bras et 1000 yeux

Temple de Shuang Lin Si*** ("des Deux Forêts") -1,8€.
Il date du VIe s. (dynastie Wei du nord) et il est connu pour son art de la sculpture des Bouddhas dont il abrite de nombreuses (près de 2000 dont des bodhisattvas, arhats, juges des enfers et même divinités hindoues) et admirables statues anciennes surtout des périodes Song (Xe s.) et Yuan (XIIIe s.). Ces statues sont en argile (crue), modelée sur une armature en bois et sont peintes de couleurs qui devaient être vives à l'origine mais qui sont passablement décolorées maintenant.
Le temple a été classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO dès 1988
mais semble nécessiter quelques travaux de restauration (par exemple, pieds et jambes des gardiens sont fort endommagés).

On y voit notamment un Bouddha aux 1000 bras (en fait 25, 12 du côté droit et 13 du gauche) et 1000 yeux, également 4 bodhisattvas (êtres de compassion qui choisissent de ne pas être délivrés de la renaissance tant que tous leurs semblables ne seront pas sauvés) et 16 arhats (individus illuminés qui ne se réincarneront plus). A noter que selon les temples, le nombre de bodhisattvas et d'arhats peut varier.

Ce temple donne lieu à des pratiques syncrétiques puisqu'il comporte deux pavillons dédiés au culte taoïste, un temple de la prospérité (fréquenté par les commerçants) et un temple de la terre (fréquenté par les paysans comme il se doit). Quand on parle de fréquentation, il faut souligner qu'elle semble modeste dans ce temple, du moins en ce jour (samedi) et à cette heure du milieu d'après-midi.

Dans une cour, c'est encore l'occasion d'admirer un très vieil arbre, un sophora du Japon. Un vaste jardin semble quelque peu à l'abandon bien que sept ou huit jardiniers s'y affèrent ...lentement.

...retour à Pingyao. On aperçoit quelques tertres funéraires dans les champs ...

P
romenade dans la vieille ville.
Auparavant, nous empruntons une voiture électrique (1€) car les engins motorisés habituels plus ou moins pétaradants sont réservés aux résidents, afin de déposer nos bagages à notre guesthouse Chang yi feng, maison ancienne dans le style des époques Ming et Qing, transformée en hôtel. C'était un relais de poste réputé "si tu ne vas pas au relais postal Changyifeng, c'est comme si tu n'étais pas venu à Pingyao".

  
 
PINGYAO, la guesthouse Chang Yi Feng...


PINGYAO: dans les pas de Cheng...

PINGYAO: plafond aux huit hexagrammes du Yijing
du temple taoïste du Dieu de la ville...

Cheng nous conduit au Temple taoïste du Dieu de la ville (Cheng huang miao) à l'est de la ville. Il remonte au Xe s. (dynastie Song) mais a été restauré sous les Qing et les Ming (à partir du XIVe s.) avec des influences bouddhistes et confucéennes.


Détail à connaître, les temples bouddhistes sont souvent précédés de quatre gardiens plus ou moins grimaçants et effrayants (représentant les quatre saisons et munis d'attributs divers: glaive, serpent...) alors que l'on en a généralement deux dans les temples taoïstes.

Un premier bâtiment encadré par la tour de la cloche et par celle du tambour sert de théâtre pour la fête traditionnelle de la fin mai (des grandes urnes métalliques servent de caisse de résonance, système d'amplification le plus ancien qui soit). Puis viennent la salle de prière et le pavillon du dieu de la ville. Sans doute dans le but d'édifier le bon peuple, on ne peut pas échapper à ses statues très colorées et expressives de démons, de saints et de damnés (les peintres de la Renaissance italienne n'ont pas fait aussi réaliste).

Toitures magnifiquement restaurées avec de superbes tuiles et faîtières vernissées. Plafond représentant les huit hexagrammes (64 traits diversement combinés), base de la géomancie chinoise...

    
PINGYAO, au temple taoïste du Dieu de la ville...

Après cette visite, nous parcourons des rues et ruelles bordées de maisons en bois. On se croirait presque plongé dans Tintin et le Lotus Bleu si les Chinois avaient encore leur tresse! On y visite aussi la guesthouse Tian Yuan Yu, un ensemble hôtelier qui s'est constitué par annexion de plusieurs petites maisons et cours. Coup d'oeil dans une ancienne pharmacie avec ses multiples tiroirs. Dans une cour, meule à soja... Dans l'ensemble, bien que l'on approche du soir, la ville est propre. Il est vrai que l'on y manie beaucoup le balai de sorgho.

  
Dans PINGYAO...

Puis nos pas nous conduisent dans des rues plus ouvertes au commerce local, non loin de la Tour du Marché (Shilou) justement, un petit marché avec des étals de produits alimentaires sur les trottoirs. Ici, nous y voyons des oeufs de cane (à la coquille plus ou moins brisée) cuits dans du thé (excellent met paraît-il). Là, différentes qualités de riz sont présentées dans des sacs. Pour une qualité moyenne, le prix est de 4 yuans le kilo. Ailleurs, des grosses jujubes séchées (de la taille d'une noix) ou des petites jujubes aigres (de la taille d'une griotte) qui réduites en poudre rougeâtre sont un remède contre les maux d'estomac et l'insomnie. On peut aussi acheter du poulet rôti sur la rue (à 4€/kg) et, dans les boutiques de la viande séchée de boeuf, d'âne ou de chien (à 8€/kg). Evidemment Cheng ne résiste pas à l'envie de nous proposer de goûter à la viande de chien. Mais il faut patienter car ce produit cher est très apprécié des Chinois qui se pressent autour de l'étal. Ils emportent la précieuse marchandise dans de jolies barquettes enveloppées de papier aluminisé et décoré. Nous nous contenterons de nos petits doigts pour goûter de menus morceaux de chair canine. Pour certains, ça passerait tout à fait bien s'ils n'en savaient pas l'origine (on pourrait penser à du maigre de porc séché). Pour d'autres, c'est plus laborieux, une mastiquation prolongée en témoigne. Cheng nous met tout à fait dans l'ambiance, en précisant que lorsque les circonstances y conduisent, les Chinois peuvent manger aussi des rats, souris, chats ou serpents... bref tout ce qui rampe ou à 4 pattes sauf les tables et les chaises comme le dit la boutade qui a cours en Occident et que les Chinois assument sans le moindre complexe.

    
PINGYAO, au temple taoïste du Dieu de la ville...


Un regret, nous n'aurons pas visité ni la première banque ou maison de change de Chine, Ri Sheng Chang, qui vit le jour ici en 1823 dans une maison de brique et de bois, ni le Temple de Confucius...

 

PINGYAO: de nuit la Tour du Marché.

Dîner dans notre guesthouse Chang yi feng.
Parmi les nombreux mets au menu, beignets de citrouille, grosses nouilles de farine d'avoine, patates douces caramélisées et sésame, sauté de porc caramélisé à l'ananas et au concombre, sauté de boeuf séché et pommes de terre, poulet aux cacahuètes, raviolis chinois, tranches de nems frit aux légumes et ...frites!
...le tout dans l'ambiance la plus sympathique (de la part du personnel comme des convives chinois) que nous aurons l'occasion de connaître au cours du circuit.

Un petit moment d'Internet pour garder le contact avec le reste du monde et une petite balade by night, à la lueur des lanternes, lampions et ...néons.

"A Pingyao, le soir lorsque, au seuil des maisons, on allume les lanternes rouges, s'entrouvre une fenêtre sur la Chine ancienne".

 

Nuit au Chang yi feng Hotel**(102, Nan Dajie).

Cette guesthouse présente sa salle de restaurant en bord de rue puis donne sur une ancienne cour désormais couverte qui peut servir de salle de restaurant tandis qu'au pourtour, sur deux niveaux, sont aménagées des chambres (le second niveau est desservi par une coursive). Au fond, se trouvent une arrière-cour et d'autres maisons qui servent apparemment au logement (dela famille et du personnel?).
Le confort des chambres est limité: grand lit traditionnel (kang) avec sa table à servir le thé, ses couettes roulées et ses oreillers fermes remplis d'avoine.


Fiche Pingyao
Fiche Taiyuan

Petit-déjeuner (occidental, quelle surprise) un peu difficile à avaler après avoir pris l'air de notre jolie rue à touristes empuantie par les exhalaisons provenant du contenu des grands seaux de bois chargés dans la charrette d'un vidangeur matinal, tout droit venu d'un autre temps.

Contraste et raccourci saisissant...

 
 
PINGYAO, travaux de couverture et vidange matinale... Plus au sud, centrales themiques et nucléaires.

Temple Zishou.
Non il ne s'agit pas de commémorer ici le souvenir de quelque célèbre footballeur! Il s'agit d'un temple bouddhique datant de la dynastie des Tang (VIIe-Xe s.), situé à environ 50 km au sud de Pingyao et remarquable pour ses fresques.
Sur le trajet, spectacle insolite de quelques vaches sur le bord de la route et d'un porc tenu en laisse!

Ce Temple des Sources et de la Longévité auquel on accède par un long corridor en plein air, dallé et bordé de murs de briques rouges (oui, pas grises!), est remarquable par ses fresques et statues bouddhiques d'argile peinte très anciennes: gardiens et monstres grimaçant à qui mieux mieux. Dans d'autres pavillons, on trouve des bodhisattvas et arhats curieusement dorés et en particulier une salle où ils sont associés aux animaux du zodiaque chinois.
Ainsi, peu à peu, on glisse vers le taoïsme auquel une partie de ce vaste ensemble est dédié. A l'extérieur, une sorte de mur d'escalade sur lequel sont accrochées des chaînes nouées ou entrecroisées est l'objet de pratiques à visées matrimoniales.

   
 
  
Au sud de PINGYAO, Temple Zishou (des Sources et de la Longévité).


Maison du clan Wang -3,5€- à une trentaine de kilomètres encore plus au sud de Pingyao.
Au XIVe s, les ancêtres du clan, de paysans devinrent des commerçants prospères avant d'accéder à la prestigieuse carrière administrative à travers une dynastie mandarinale (27 générations en 680 ans). Ces mandarins avaient la responsabilité des taxes sur la soie, le thé et le sel, en quelque sorte c'étaient de grands gabelous. L'élégance du style Ming y côtoie l'exubérance du style Qing.

La maison fut construite entre le XVIIe et le XIXe s. Ressemblant à un village fortifié, c'est une succession de 123 cours carrées et de plus de 1000 bâtiments répartis en deux ensembles clos et reliés par un pont. Elle abritait outre le maître, ses trois épouses, 20 concubines et quelques 5000 personnes au service du clan. Le maître choisissait la compagne de sa nuit en faisant accrocher une lanterne devant sa demeure.
Les Wang l'abandonnèrent en 1937 face à l'invasion japonaise. Elle abrita alors jusqu'à 212 familles paysannes soit quelque 600 personnes (10000 selon Cheng ? là il y a un vrai problème de chiffres !).Cette immense demeure traditionnelle a conservé le plan et les ornements de demeures anciennes traditionnelles et notamment des fresques remarquables.

   
  
Au sud de PINGYAO, Maison du clan Wang.


Nous commençons par la partie orientale comportant 35 cours. Face à chaque portique d'entrée se dresse un mur-écran et un haut seuil dissuade les mauvais esprits (ils sont incapables de les enjamber car ils n'ont pas d'articulation au niveau des genoux) et oblige le visiteur plus ordinaire à prendre la posture humble qui sied.
Puis, après avoir franchi le pont, nous visitons la partie dite "du fort de la porte rouge" qui se développe sur 88 cours! En deux heures nous n'en aurons eu évidemment qu'un aperçu: grand lit à baldaquin du maître, lits kang de brique à chauffage par le dessous tandis que la fumée s'échappait par les conduits disposés sur les terrasses, reconstitution de salle de classe, salle de réception, carte ancienne de la Chine...

Il fait très chaud aussi Cheng nous fait-il goûter une boisson rafraîchissante typique vendue en petites bouteilles. Elle est obtenue par infusion de racines de théier et a un goût que certains trouvent légèrement anisé...
Les lieux sont propres malgré la présence de nombreux touristes chinois mais il est vrai que les autorités n'ont pas lésiné sur les panneaux rappelant aux bonnes manières par messages explicites et directs ou parfois plus métaphoriques...

 
Maison du clan Wang - rappels à la propreté et à ...l'hygiène!

Tout près de là, à l'ouest, un gigantesque complexe hôtelier reproduit l'architecture fortifiée de la maison Wang. Aux alentours, on peut apercevoir de nombreuses habitations troglodytes.

 
Troglodytes près de la Maison du clan Wang

Déjeuner.
Proche du site, le restaurant est vaste et pourrait profiter de la situation. Bien qu'il ne date que de quelques décennies, il est en piteux état: fissures dans le sols, les murs et les escaliers, toilettes modernes mais sales (il n'est pas nécessaire d'en demander le chemin, il suffit de se guider à l'odeur)...
Sur ces propos peu ragoûtants, bon appétit!
Nous y mangeons malgré tout, et correctement, avec au menu des tranches de nems panés frits, boulettes frites de riz gluant fourrées à la pâte de haricots rouges, sauté de boeuf séché en pierrade, oeufs sur le plat en sauce avec des aubergines...


Longue route de retour vers le nord, en direction de Taiyuan.


Temple Zhenguo Si (anciennement Jingcheng), étape au bout d'une centaine de kilomètres de route.

Le Temple du Gardien du Bien ou du Gardien du Pays est avant tout bouddhiste et accessoirement taoïste. Sa fondation remonte au début de la dynastie Song (Xe s.) et beaucoup de statues datent des Xe-XIIIe s.
Il comporte plusieurs pavillons dédiés au Roi du Paradis, le Temple à la fresque aux 10 000 Bouddhas, le Temple de 3 Bouddhas, le Temple de Kwanyin (ou Guanyin), le Temple du Dieu de la Terre, le Temple du Dieu de la Santé, avec des dizaines de grandes statues en argile peinte ou dorée... et des fresques évoquant la vie de Sakayamuni, autrement dit le Bouddha historique.

  
  
Entre Taiyuan et Pingyao - Temple Zhenghuo ("Gardien du Bien" ou "Gardien du Pays")


Encore une soixantaine de kilomètres pour remonter à Taiyuan.

Sur la voie rapide, trafic encombré d'engins et de chargements plus divers les uns que les autres: véhicules à trois roues plus ou moins rustiques (entre le motoculteur transformé et la camionnette) et camions chargés de sac de riz, longues files de semi-remorques bleus en surcharge mais arrêtés à des contrôles, tracteurs pétaradants (monocylindres à volant d'inertie me semble-t-il) , troupeau de moutons... sans oublier une superbe voiture rouge qui vient à contresens, droit sur nous, dans la voie centrale de notre chaussée. Notre chauffeur prend finalement le parti de l'esquiver par la droite. Ouf! Sauvés une fois de plus. Dans le rétroviseur, nous voyons le chauffard poursuivre imperturbablement sa route...

  
   
Retour à Taiyuan pour prendre le train en direction de Xi'An

L'horaire de notre train ayant été avancé, plus question de respecter le programme! Donc pas de flânerie dans la vieille ville de Taiyuan ni de dîner en ville comme prévu, avant d'embarquer.
C'est même au pas de course que nous gagnons les quais par quelques raccourcis et nous y rencontrons l'épouse de Cheng qui nous a préparé des paniers-repas, disons plutôt un pique-nique sommaire, et nous prenons congé de notre guide.



Train (couchette 1ère classe mais cette fois sans air conditionné, sans TV et sans que les prises électriques fonctionnent) pour Xi'an. Il quitte Taiyuan dès 18h15. Moins de charme et de couleur locale aussi que le précédent trajet car la voiture est occupée par d'autres groupes de touristes français...

Dîner pique-nique assez sommaire donc avec, entre autres, une sorte de saucisson peu appétissant et une sorte de vin (un cocktail étrange légèrement alcoolisé) guère plus engageant bien qu'étiqueté spécialement à notre intention avec l'animal du zodiaque correspondant à chacun d'entre nous. Comme on dit, c'est l'intention qui compte...
Très (trop) longue nuit à bord.



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CHINE TAIYUAN PINGYAO