|
|
PEKIN
ou BEIJING
("la capitale du nord"),
premier jour en Chine.
Accueil
par notre guide qui se présente sous le pseudo de Marc (prénom
français utilisé lors de ses études de français pour
simplifier car son nom chinois est difficile à prononcer et à retenir).
Il a étudié le français à Pékin pendant 3 années.
Son expérience de 14 années est surtout liée à
l'interprétariat ce qui lui a permis de voyager en Europe,
en France en particulier, avec des délégations officielles. Ses
positions sur le système semblent "orthodoxes".
De
l'aéroport de Lantinagchang, près du 6ème
périphérique, au centre de Pékin, il faut compter une bonne douzaine de
kilomètres...
PREMIER
CHOC AUTOMOBILE
Finie, l'image d'Epinal de
marées de vélos...
Pour entrer dans Pékin, il faut affronter
la circulation dense puisque le district compte 3 millions de voitures (pour 13
à 17 millions d'habitants). Ce ne sont que des grandes berlines rutilantes
aux vitres teintées (et quelques coupés sport rouges bien voyants
pilotés par d'élégantes jeunes femmes) de grandes marques
européennes, coréennes ou japonaises, véhicules souvent occupés
par une seule personne: Volkswagen en tête (5 usines en Chine), puis sans
ordre cette fois, BMW, Audi, Mercedes, Volvo, Ford, Buick, Jeep, Toyota,
Nissan (mais aucune Renault),
Honda, Suzuki, Hyundai, Daewoo, Kia, Samsung... quelques Citroën et de rares
voitures chinoises. Pour l'essentiel, toutes ses voitures de modèles récents
sont fabriquées par des usines implantées en Chine, à Pékin,
Shanghai, Wuhan... D'importation sans doute, quelques Rolls, Jaguar, Alfa Romeo
et même une limousine seront croisées dans la ville les jours suivants...
Les
berlines familiales coûtent de 8000 à 15000€ (par exemple 10000€
pour une VW modèle "Jetta"). Les petites voitures (du
gabarit de la Clio, de la 206 ou même de la 307), rares dans la capitale
sont accessibles à partir de 4000€).
Avec un revenu mensuel de 2800 yuans (280€) pour une profession
intermédiaire ou indépendante, complété par le revenu
d'une autre activité ou par le salaire d'une seconde personne, l'acquisition
d'une voiture est tout à fait possible... Le litre de carburant coûte
un peu plus de 5 yuans (0,5€) pour l'essence et de 6 yuans pour le diesel
mais il est vrai qu'au lieu d'être taxé comme chez nous, le carburant
est encore subventionné ici (tout comme en Inde d'ailleurs) mais cela ne
va peut être pas durer avec le renchérissement du pétrole...
Les
taxis reconnaissables de loin à leur peinture bicolore sont souvent de
marque Volkswagen, les fameuses Santana. Ce modèle remonte à l'implantation
de Volkswagen en Chine dès 1985, d'abord produit dans des usines d'assemblage
avant d'être intégralement fabriqué à Shanghai. C'est
encore la voiture la plus vendue en Chine même si les nouveaux riches de
Pékin lui préfèrent d'autres modèles et marques...
La Chine compterait aujourd'hui environ 75 millions de voitures (15 fois
plus qu'en 1990) et son parc se serait accru d'environ 5 millions par an.
De
la sorte, la Chine sera vite le premier producteur d'automobiles (prespective
de production en progression annuelle de l'ordre de 10% soit 10 à 15 millions
de véhicules supplémentaires par an à très court terme),
devançant les Etats-Unis (10 millions d'immatriculations par an)! Mais
avec la crise économique mondiale qui se dessine, ce sera peut être
le cas avant 2010, compte tenu de son important marché intérieur
en plein développement. Songeons que seulement 10% des ménages chinois
disposent d'une automobile! En une dizaines d'années, le parc automobile chinois
pourrait atteindre les 200 millions de véhicules!
Dans
ce grouillement motorisé, on est surpris par un usage modéré
du klaxon (par rapport au Vietnam par exemple) qui lorsqu'il est utilisé
n'est pas employé sur un mode agressif mais simplement pour se signaler.
On fera à peu près le même constat dans les autres régions.
Afin
de limiter la pollution par les motos et les risques liés au mélange
des genres, le district de Pékin n'attribue plus de plaques d'immatriculation
aux motos et scooters (d'ailleurs on n'en voit pratiquement pas). Quant aux autobus,
ils sont récents et confortables.
Sur les grands axes urbains, de confortables
pistes cyclables occupent de spacieuses contre-allées et on y voit beaucoup
de vélos électriques.
Donc rien de commun avec les moyens de
transports rustiques et vétustes que l'on peut observer en Inde, au Sri
Lanka ou encore au Vietnam ou en Thaïlande...
Et
quelles infrastructures ! En incluant, l'enceinte de la Cité Interdite
qualifiée de premier périphérique, Pékin est doté
de six périphériques ceinturant la ville (au moins 2x4 voies), un
septième est en projet. De grandes pénétrantes à
8 ou 10 voies (!) avec force tunnels et échangeurs suspendus
éventrent l'ancienne voirie en s'enfonçant
jusqu'au coeur historique de la ville, bordées de grands immeubles récents
ou encore en construction comme en témoignent les grues qui grignotent
les derniers vieux quartiers, ""les
hutongs"", abritant
les fameuses maisons basses
à cour carrée (siheyuan),
aux murs de brique et aux toits de tuiles grises. Des quartiers anciens aujourd'hui
éventrés subsistent au sud de Tien Anmen et dans le secteur de la
Tour du Tambour.
Il est bon de savoir que la Chine se dote de 5 000 km
d'autoroutes nouvelles chaque année (soit le total de ce dont dispose la
France). Ainsi le réseau autoroutier chinois s'étend sur 65 000 km (celui
des Etats-Unis est de 100 000 km, sachant que le territoire chinois,
avec 9,5 millions de km², n'est guère supérieur à celui des Etats-Unis).
Mais
toutes ces infrastructures montrent déjà des signes de saturation
et ce n'est pas fini car le parc automobile chinois s'accroît quotidiennement
de 13 000 véhicules (3 000 à Pékin et 4 000
à Shanghai)... à moins
qu'une profonde crise de l'énergie ne vienne s'y opposer!
L'entrée
nord de la ville est défendue par la statue martiale du général
Li, célèbre combattant de la Chine impériale. Le long des
grandes avenues, la série de grands immeubles résidentiels et de
bureaux est rythmée par des centres commerciaux urbains sur plusieurs niveaux,
baptisés à l'américaine, malls. Des enseignes familières
à nos yeux fleurissent ici, Mac Do, IKEA...
Au premier regard,
on peut dire que l'urbanisme et l'architecture du nouveau Pékin sont d'une
grande banalité. Banalité de ces quartiers d'immeubles-tours denses,
de type grands ensembles comme il en fut tant commis chez nous. Ces bâtiments
comptent de 28 à 30 étages (une centaine de mètres de haut).
Seuls
quelques bâtiments phares émergent çà et là
comme l'arche
en
forme de pince tordue de la télévision
CCTV (architecture par le cabinet OMA) en
voie d'achèvement ...
L'immobilier pékinois est très
cher. Un appartement coûte 1500€/m² (3000€ dans le centre)
soit quand même 60% du prix pratiqué dans une ville de province française
!
On réalise immédiatement que "la Chine est un
immense chantier".
Bien
que le ciel soit dégagé, nous sommes accueillis par un air bien
frais (15°) pour la saison et surtout par un vent soutenu et soufflant parfois
en violentes bourrasques, ce qui est classique au printemps dans le nord-est du
pays.
Pour déjeuner, grâce aux périphériques et pénétrantes,
nous
nous rendons directement au centre de Pékin, dans un restaurant tout proche
de la place Tian An Men.
Accueil beaucoup
moins chaleureux qu'au Vietnam et surtout qu'en Thaïlande ou en Inde du sud,
malgré l'abondance de mets (une dizaine de plats, ce sera le régime
habituel!)...
Une particularité des voyages organisés en Chine,
un verre de boisson est compris dans la prestation, outre le thé qui lui
est toujours à disposition (thé vert en général).
A noter que les Chinois se contentent le plus souvent d'eau chaude.
Il nous
faut nous familiariser ou nous remettre dans le bain de l'utilisation des baguettes.
Mais il ne faut pas en faire tout un plat puisque dès l'âge de 4
ans, les petits Chinois savent s'en servir à ce qu'il paraît.
Pékin fut longtemps une ville de garnison installée par les Han près de la Grande Muraille.
Toutefois
les hordes mongoles de Gengis Khan franchirent la Grande Muraille en 1215
et détruisirent la ville ...avant de la reconstruire et d'en faire la capitale
de la dynastie Yuan!
Les Ming,
un temps établis à Nankin, en firent aussi leur capitale à
partir du XIVe s. avant d'être remplacés par les Qing
au XVIIe s. qui, fait exceptionnel et heureux pour la préservation
d'un tel patrimoine, conservèrent le même palais.
La ville
au plan orthogonal est aujourd'hui encerclée par six enceintes modernes
que sont de larges périphériques autoroutiers! A la pollution automobile
due à quelque 3 millions de véhicules, s'ajoute celle de l'industrie,
en particulier celle due à un immense complexe sidérurgique (8 km²
et près de 80 000 employés) dont le déménagement
sera complètement terminé seulement en 2010.
La ville abrite
13 millions de résidents officiels auxquels s'ajoutent 4 millions d'habitants
"flottants", les "mingong", des ouvriers-paysans en
quelque sorte hors statut (ils n'ont pas accès aux logements, ni à
l'école gratuite). A ces déracinés manque le fameux hukou,
ce document à la fois passeport intérieur et livret de famille mis
en place il y a plus d'un demi siècle pour contrôler les déplacements
rattache les citoyens à leur seule zone de naissance. Pour avoir accès
aux sevices publics et sociaux (école, soins médicaux, aides au
logement, indemnités de licenciement...). A moins d'être dimplômé,
le mariage avec un citadin est l'un des seuls moyens de l'acquérir... Mais
supprimer le hukou, ce serait encore accroître le flux de l'exode
rural et rendrait problématique l'intégration de ces nouveaux habitants.
Pour visiter la Place Tian an Men, le Temple du Ciel et la Cité Interdite
en une journée, le coût en individuel est de l'ordre de 40€
par tête de pipe, déjeuner compris.
A PROPOS DES J.O. Pékin
fut choisie par le CIO en 2001 comme ville d'accueil des JO de 2008 en contrepartie
des engagements du gouvernement chinois de respecter les Droits de l'Homme. Nul
n'envisageait alors que le périple de la flamme des Jeux Olympiques coïnciderait
avec des mouvements
de révolte au Tibet, soutenus par les opinions publiques occidentales
et réprimés par la Chine puis avec les diverses rumeurs
de boycotts... |
Premiers pas dans la capitale chinoise sur la place Tian An Men (parfois orthographiée Tien par les Français), nom qui signifie "la Paix Céleste" mais n'est guère mérité notamment après que les manifestants y furent massacrés le 1er octobre 1989.
En ce jour anniversaire (le 19ème), 22 avril, précisément date du début des évènements de la place Tian An Men de 1989 , il n'y a pas foule, ni de nostagiques en pélerinage ni de forces de l'ordre.
C'est la plus grande place du monde avec ses 40 hectares (800mx500m), d'où "Mao Tsé Toung" (comme on avait tradition de l'écrire il y a quelques années) ou plutôt Mao Zedong proclama la République populaire de Chine le 1er octobre 1949, et place où peuvent se tenir un million de personnes! L'espace est si vaste que l'on a l'impression de vide même lorsque 30 000 personnes y sont présentes.
Ce gigantesque parvis face à la Cité Interdite est encadré
au sud par la Porte Qianmen (ou Porte Antérieure) précédée
par le Mausolée de Mao, à l'est par le Musée d'Histoire et
de la Révolution (1959), à l'ouest par l'immense Palais de l'Assemblée
et du Peuple (1959 également) et, au nord, par la célèbre
porte Tian An Men qui conduit à la Cité Interdite que nous visiterons
dans quelques jours.
On croise ici de nombreux groupes de Français.
Evidemment il y a aussi des groupes de Chinois (dont des scolaires) dûment
"encasquettés" et embrigadés derrière les fanions
de guides braillant dans des mégaphones.
PEKIN
- Porte Qian Men, place et porte Tian An Men, Assemblée du Peuple et Monument
au Héros.
Sur
cette place, l'une des (ou la ?) plus grandes du monde, s'il n'y avait pas tout
ce vent, on pourrait admirer des dizaines de cerfs-volants virevoltant dans le
ciel. C'est l'heure d'une relève de la garde...
Au nord, se dresse
désormais le mausolée de Mao dont la dépouille embaumée
reçoit la visite de milliers de visiteurs. Au centre , se dresse le Monument
aux Héros de la Révolution.
De la place, en arrière plan
par rapport au Palais
de
l'Assemblée, on peut apercevoir,
une sorte de grosse bulle aplatie ou de soucoupe volante de verre et de titane,
c'est le nouvel Opéra conçu par l'architecte Français Paul
Andreu, édifice qui a mis une décennie à voir le jour (on
lui doit le terminal E de CDG ...qui s'était effondré il y a quelque
années).
Découverte
du Temple du Ciel ("tian tan") -3€-,
bâti au XVe s. (entre 1406 et 1420, comme la Cité Interdite)
sous les Ming lorsqu'ils firent
de Pékin leur nouvelle capitale. Cet ensemble est considéré
comme le plus bel édifice de Chine (? mais le plus original par son architecture,
certes...).
Pour faire bonne mesure, au nord de la Cité Interdite, on trouve un
Temple de la Terre, à l'est, un Temple du Soleil et, à l'ouest,
un Temple de la Lune...
Nous sommes accueillis dans le parc qui précède
le site par des présentations florales des mascottes des JO...
Son
classement au Patrimoine mondial de l'UNESCO date de 1998 .
Sur
ce site comme sur Tian An Men, on retrouve encore des groupes de Français.
Curieusement, nous sommes environnés aussi par une troupe de militaires
...indonésiens (!).
Autrefois
s'y déroulaient des rites solennels taoïstes célébrés
par le Fils du Ciel (l'Empereur) afin de favoriser les moissons et d'obtenir la
clémence divine lors au printemps. C'est la seule occasion où les
augustes genoux de l'Empereur touchaient le sol.
Les dynasties
impériales chinoises se donnent une légitimité divine tout
comme nos anciens monarques (ou comme la
lignée impériale japonaise issue
d'une ancêtre légendaire
Amaterasu Omikami, divinité consacrée au Soleil et à la lumière
dans la religion shinto).
PEKIN
- Temple du Ciel
Cet ensemble qui s'étend sur 270 ha, présente quelques traits originaux majeurs liés au symbolisme impérial: la forme circulaire des édifices (le ciel), la couleur bleue des tuiles (couleur céleste), l'omniprésence de la symbolique des chiffres 3 et 9 et de leurs multiples (81, 360)...
|
Au nord, reposant sur une terrasse carrée (symbolisant la Terre), la majestueuse rotonde (le cercle symbolise le Ciel) de la Salle des Prières pour de Bonnes Moissons, édifiée sur une triple terrasse et couverte d'un triple toit de tuiles bleues vernissées s'impose au regard.
En
contrebas, des temples annexes sont dédiés à des divinités
secondaires (on
y trouve un temple dédié à la Terre, un à la Lune
et un autre au Soleil).
Le complexe dédié
au Ciel fut complété au siècle suivant.
Une
allée de 360 mètres (chiffre symbolique correspondant à
la durée de l'année lunaire) conduit d'abord au plus modeste Temple
de la Voûte Céleste Impériale où est abritée
la tablette de la divinité céleste tandis qu'une enceinte circulaire
est une curiosité en raison de ses propriétés de transmission
acoustique... s'il n'y avait pas un fort bruit ambiant. De même, les trois
premières dalles au pied de l'édifice ont des propriétés
d'écho particulières.
Au sud, le troisième lieu dédié
au ciel est l'Autel (rebâti au XVIIIe s.). Dans
un enclos carré (symbolisant la terre) se dresse
un tertre circulaire (symbolisant le ciel) formé de trois terrasses de
marbre, ceintes par 360 balustres de marbre ouvragé. Au centre, un petit
dôme marque l'emplacement où se tenait l'empereur présentant
les tablettes sacrées des divinités en automne. Cette pierre est
entourée d'un premier cercle formé de 9 dalles, tandis que 8 autres
cercles concentriques s'ajoutent jusqu'au plus grand comportant 81 dalles (9x9,
chiffre impérial). Lors de la cérémonie, les brûle-parfums
étaient allumés et des offrandes étaient déposées
sur le tertre, tandis que des animaux étaient sacrifiés près
de là...
PEKIN
- Temple du Ciel, Temple de la Voûte Impériale et Autel
PROPOS GASTRONOMIQUES... En
Chine, un bon repas doit offrir des aliments divers donc un équilibre (on
retrouve le yin et le yang) avec des mets croquants, fondants, onctueux et secs,
des goûts frais et fermentés, des saveurs sucrées, aigres,
amères et épicées, du frais et du chaud...
A
PROPOS DE GASTRONOMIE PEKINOISE... Le
fameux canard laqué (kaoya), héritage de la cuisine impériale,
est la spécialité de Pékin. ...ET,
PLUS LARGEMENT, CHINOISE Quelques rubriques basées sur notre courte expérience, de plus limitée territorialement... -
salades
:à base de cerneaux de noix, d'abricot (saveur kirschée), salade
de fines tranches de lard ( !) de bambou et de champignons, émincé
de jeunes pousses (les pandas ont bon goût), salade à base de tofu... -
farce de porc et riz cuits à l'étouffée à l'intérieur
de gros morceaux de bambou... un délice! En
moyenne, une
dizaine de plats sont présentés car ce sont des repas de fête
comme ceux qui sont servis à des invités de marque, non compris
le riz auquel, dans ce cas, on touche à peine... PAINS CHINOIS ET RAVIOLIS CHINOIS ou BAOZI et JIAOZI Ce que les touristes néophytes confondent... Parlons d'abord des baozi... Les
baozi (bao: sac, paquet, enveloppe et zi: petit) sont
de petits pains farcis cuits à la vapeur et très appréciés
dans la cuisine chinoise. On
les connaît souvent sous le nom de raviolis chinois. Les jiaozi
(jiao: boule et zi: petite) sont une des principales nourritures
de la Fête du Printemps ou Nouvel An chinois. |
Dîner
de canard laqué de Pékin dit "Beijing Kaoya" (coût en individuel de l'ordre de 35€ par
tête de pipe) mais peut être plus dans le restaurant où
l'on nous conduit car c'est le plus réputé de Pékin
pour cette grande spécialité (info donnée quelques mois après
ce voyage par des Chinois séjournant en France).
Nous gagnons le
sud de la ville, non loin de l'ancienne porte Dahongmen.
Le restaurant
se trouve très exactement en face d'un bureau de poste (Southern
District Post Office) et de l'un des trois magasins Carrefour
de la ville (la ville est dotée d'autres chaînes internationales
de grande distribution comme l'allemande Metro ou l'américaine Wal
Mart). Il n'y a pas de manifestation hostile devant l'établissement
comme on pouvait s'y attendre mais le boycott semble efficace car les chalands
ne se bousculent pas.
PEKIN
- Repas de canard laqué
Le
canard laqué, héritage
de la cuisine impériale, est la spécialité de Pékin.
Les volatiles sont élévés
dans la région de Pékin (car se sont les meilleurs paraît-il)
avec le l'orge, du maïs ou du soja. Ils sont sacrifiés vers l'âge
de 6 mois et ils pèsent alors de 2 à 2,5 kg.
Il se
passe 24 heures entre l'abattage du volatile et sa présentation aux convives.
Après plusieurs heures au frigo afin que la peau perde de son eau,
son abdomen éviscéré est recousu à l'aide d'une paille
de maïs afin d'être rempli d'eau bouillante et il est ligaturé
au niveau du cou tel une outre, en vue de la cuisson. (D'autres versions font
état du décollement de la peau obtenu par insufllation d'air entre
peau et chair, à partir du cou de l'animal puis d'un ébouillantage
externe avec de l'eau parfumée au gingembre).
Celle-ci est réalisée
immédiatement après, au four, sur une broche verticale, pendant
une heure et demie et à une température de 180°. Le
canard est en quelque sorte bouilli de l'intérieur et rôti de l'extérieur.
Le volatile est enduit d'une sauce aigre-douce à base d'huile et de miel
(d'autres mentionnent vin de riz et sauce de soja) avant cuisson puis badigeonné
à plusieurs reprises avec son propre jus pendant la cuisson qui se fait
avec des bois de fruitiers: jujubier (arbre dont nous reparlerons car ses fruits
sont très largement utilisés en Chine), pommier ou poirier.
Le découpage est un autre art: le découpeur armé d'un couteau
très tranchant ressemblant à un spatule doit en tirer 108 morceaux
(le total des chiffres fait bien 9, le fameux chiffre magique ou plutôt
impérial), tous devant comporter une petite parcelle de la si délicieuse
peau.
Il ne nous reste plus, après
les avoir trempées dans
une sauce à base de purée de haricots rouges fermentés, sucre
et huile sésame (d'autres versions parlent de sauce épaisse de soja
ou encore de sauce d'huître), qu'à
nous escrimer avec nos baguettes pour placer ces fines tranches sur une fine crêpe
(de lotus? de riz ?) à y ajouter quelques émincés et fins
bâtonnets de légumes (poireau et concombre), à enrouler le
tout, et à faire en sorte que l'ensemble atteigne sans encombre nos bouches
avides...
SECOND
CHOC AUTOMOBILE
Sur
le trajet de retour
à l'hôtel, notre chauffeur est surpris par un automobiliste (jeune
chauffeur) qui roulant sur la voie de gauche d'une autoroute urbaine s'avise qu'il
a manqué la sortie et nous fait une queue de poisson. Freinage énergique
qui projette l'une des passagères presque sur le tableau de bord mais freinage
qui n'empêche pas de percuter le flanc droit de la voiture fautive. Plus
de peur que de mal. Mais dans les secondes suivantes, un suraccident survient
sur l'autre chaussée et nous sommes à l'arrêt dans une position
bien dangereuse en attendant l'arrivée de la police (elle arrivera effectivement
très vite). Pour se tirer de là, on enjambe les glissières
de sécurité, on hèle des taxis qui s'arrêtent n'importe
comment sur la chaussée, nous exposant à un nouvel accident et ils
repartent dans le flot de circulation sans plus de précaution... A partir
de maintenant, ceux d'entre nous qui se trouvent à occuper les places les
plus exposées auront tendance à attacher leur ceinture de sécurité
car les véhicules en sont équipés.
Comment un tel chaos
peut-il être aussi général alors que le permis de conduire
en Chine est une chose sérieuse puisqu'il comporte quatre épreuves
pratiques, qu'il est doté de 12 points comme chez nous ? Mais de grosses
fautes n'entraînent pas de grosses pertes de points (2 points enlevés
pour circulation à contre-sens, paraît-il! à vérifier
quand même). Mais surtout la police est plus laxiste ici et de plus éminemment
corruptible. En outre la mort ne fait pas plus peur que le gendarme puisque l'on
compte 300 décès quotidiens (donc environ 100 000 par an!)
en Chine du fait des accidents de la route (face à cela rappelons que le
parc automobile chinois s'accroît de 1300 véhicules par jour). Rapporté
à la population des régions urbanisées de l'est du pays,
cela représente une mortalité routière 5 ou 6 fois supérieure
à celle de la France (13 morts par jour sur les routes françaises).
Sinon,
quelles que soient les manoeuvres gênantes voire dangereuses des autres
conducteurs, les Chinois comme de nombreux autres asiatiques (thaïlandais,
vietnamiens...) restent parfaitement calmes, du moins en apparence (est-ce
la souci de la "face", l'attitude compassionnelle bouddhique ou l'empreinte
confucéenne du respect du plus fort?) alors que les Occidentaux se perdraient
en invectives et gestes insultants.
Pour compléter le tableau, sachez encore que le plus souvent on ne s'embarasse pas de précaution pour signaler les pannes ou accidents: pas de triangle de présignalisation ni de gilet réfléchissant, de même aucun panneau pour signaler les chantiers sur les axes de circulation. Comme on le verra souvent au cours des jours suivants, on se borne à poser quelques gros cailloux sur la chaussée sur quelques dizaines de mètres en amont du problème, dans le meilleurs des cas les cantonniers sont munis d'un gilet à bandes réléchissantes.
Nuit au Rainbow Hotel***
ou ***** ? avant de partir pour Chengde, hôtel rénové en 2006
(57€ la nuitée). Emplacement idéal au centre de Pékin,
près de la rue des Antiquités, du Temple du Ciel et le Tian an Men.
Pour
oublier nos émotions fortes, nous sommes accueillis royalement dans nos
chambres spacieuses avec magnifiques bouquets offerts par notre agence.
L'hôtel,
un haut bâtiment, est situé au sud de la ville dans un quartier en
plein bouleversement comme le reste de la ville d'ailleurs. Sous nos fenêtres
subsiste encore un lambeau de quartier traditionnel condamné à brève
échéance, d'ailleurs toute la nuit nous entendrons des ouvriers
afférés à déblayer des gravats. Si les chantiers avancent
aussi vite en Chine, c'est parce qu'ils tournent 24 heures sur 24... La destruction
atteint 70 à 90% des quartiers anciens!
PEKIN
- au Rainbow Hotel
PEKIN
(suite)
,quatrième jour en Chine (après 2 jours passés
à la Grande Muraille et à Chengde).
Petit déjeuner pékinois (après
deux jours passés à Chengde).
La
Cité Pourpre Interdite ("zijin cheng" ou
Vieux Palais
"gu gong") -6€.
C'est Mao qui nous accueille dans cet extraordinaire ensemble
monumental de Pékin au coeur de la Cité Impériale dû
au troisième empereur Ming,
Yongle, qui décida en 1403 de transférer la capitale
de Nankin (Nanjing "capitale du sud, précédemment appelée
Jianging)
à Pékin (Beijing ou "capitale du nord"). L'ensemble monumental
fut édifié à la place d'anciens palais mongols selon les
plans de l'architecte eunuque d'origine vietnamienne Joan Han (ce qui ne fut pas
apprécié des fonctionnaires traditionnels).
L'ensemble
fut donc bâti par 100 000 ou 200 000 ouvriers, prisonniers pour
la plupart, à l'époque des Ming,
entre 1406 et 1420 (ou entre 1404 et 1421? voire même entre 1417 et 1420
seulement mais après une préparation de chantier d'une bonne vingtaine
d'années!!!).
Elle fut réalisée à l'initiative de l'empereur Yongle
comme un moyen de légitimer son règne après
qu'il eut dépossédé du pouvoir impérial son frère
qui régnait depuis Nankin.
Pour
faciliter sa réalisation, l'empereur Yongle fit restaurer le Grand Canal
Impérial par lequel plus de 2 millions de tonnes de briques auraient été
transportées. Le marbre provenait de carrières situées à
une centaine de kilomètres de là tandis que les bois précieux
venaient des provinces des montagnes et du sud (par la mer puis par le Grand Canal).
Cette folie des grandeurs, qui n'est pas sans rappeler celle de notre Roi
Soleil, plongea le pays dans de grandes difficultés économiques
même si sous son règne une politique d'ouverture dont le pays n'était
pas coutumier conduisit la flotte chinoise de l'amiral Zheng He, un eunuque, jusque
sur les côte orientales de l'Afrique, avant une nouvelle politique de repli.
La Cité Interdite fut pendant 5 siècles (1421 à 1911)
le lieu de résidence de 24 empereurs des dynasties Ming
puis des Qing,
cette dernière d'origine mandchoue, et le centre de leur pouvoir politique.
Cette
succession dynastique dans un même ensemble palatial est un fait exceptionnel
car, habituellement, la cité impériale précédente
était détruite par la nouvelle dynastie. Ce ne fut donc pas le cas
avec les Qing, qui eurent l'adresse d'endosser
les fastes de l'ancienne Chine...
Avec
ses 72 hectares (960x750 m.), c'est l'ensemble palatial le plus vaste et
le mieux conservé du monde.
Son classement au Patrimoine mondial
de l'UNESCO date de 1987 .
L'important chantier de restauration dont la Cité est l'objet ne sera complètement
achevé qu'en 2010.
L'entrée monumentale de la Cité Impériale ("zijin
cheng") par le sud (direction cardinale privilégiée) correspond
à la Porte de la Paix Céleste, Tian
An Men donnant sur la
place du même nom.
L'entrée de la Cité Interdite proprement
dite se fait par la Porte du Midi ou du Méridien ("wu men"),
porte impressionnante avec ses 92 m de large et 40 m de hauteur et ses
deux ailes qui servait aux proclamations et aux revues militaires.
La cité interdite a servi de modèle aux souverains d'anciennes colonies
ou pays vassaux. A Séoul, le palais de Kyongbok de la dynastie coréenne
Yi (établie en 1392), fut construit à l'image de la Cité
interdite de Pékin à l'époque des Ming. De même, au
Vietnam (nommé alors Dai Viet), une Cité Impériale et une
Cité Interdite existaient à Hanoï (alors nommée Thang
Long). Elles furent déplacées à Hué,
nouvelle capitale du Vietnam des empereurs Nguyen à partir
du XIXe s.
La
Cité Interdite est comme retranchée du monde car entourée
de douves de 52 mètres de large (alimentées artificiellement,
tout comme la "Rivière aux Eaux d'Or", par un ingénieux
système de canalisations) et ceinte d'un haut mur pourpre (10 m de
haut, fait de briques lisses pour le rendre infranchissable) couronné par
un chemin de ronde de 4 km, ponctué par quatre tours d'enceinte. Sa
couleur rouge, symbole du ciel, est réservée à l'empereur.
Orientée selon un axe nord-sud et voulue comme étant le centre de
l'Univers, elle est entourée par la ville impériale protégée
par des remparts tandis que la vieille ville "chinoise" la jouxte au
sud.
Immense avec ses 720 000 m², on dit que la cité
comporte 9 999 pièces (en réalité 8 886! ou bien
8 700? réparties entre quelque 800 bâtiments) car seul le Palais Céleste
peut en avoir 10 000, tout cela pour symboliser la puissance impériale
auquel le chiffre neuf est réservé (c'est le plus grand chiffre
impair et il est le symbole masculin extrême). On voit aussi des portes
à 9 rangées de 9 clous.
Pendant 500 ans, il fut interdit
au commun des mortels de franchir ses douves et ses enceintes pourpres (qu'il
était même interdit de regarder sous peine de mort!).
Selon
les principes du fengshui, la cité est orientée selon un
axe nord-sud afin de profiter des énergies et courants cosmiques. Orientée
vers le yang, principe masculin, au sud représentant le ciel, pour
capter la chaleur et la prospérité, elle tourne le dos au yin,
principe féminin, au nord représentant la terre, d'où viennent
le froid sibérien et les envahisseurs. Cette protection est accrue par
le relief, en l'occurrence la Colline du Charbon qui est une création artificielle
tout comme l'est, à l'opposé, la Rivière aux Eaux d'Or.
Seule une partie de la Cité Interdite est ouverte à
la visite. En outre, comme sur nos cathédrales gothiques, des chantiers
permanents de restauration tournent sur le site. En effet, certains parties du
site ne sont jamais ouvertes et d'autres sont temporairement fermées (ni
même visibles pour certains dissimulés par les échafaudages),
même
lors des JO au mois d'août (il
y a me semble-t-il, entre autres, le prestigieux pavillon de l'Harmonie Suprême
et le Palais de la Tranquillité Compatissante) .
Une fois passée
la Porte du Midi (wu men), on peut admirer une vaste cour (4 ha)
traversée par la Rivière aux Eaux d'Or que l'on franchit
par 5 ponts de marbre, il faut alors passer la Porte de l'Harmonie Suprême
(taihe men), après quoi s'ouvre une autre vaste cour au fond de
laquelle, sur une triple esplanade de marbre blanc surélevée (7 m),
se dresse un très vaste pavillon (2360 m² à la
charpente soutenue par 9 imposantes colonnes) portant ce même nom
taihe dian, ce "centre du monde", hélas dissimulé
par des échafaudages. Il abrite la salle du trône d'où l'empereur
gérait les affaires du monde (on
y intronisait l'empereur, procédait aux mariage, célébrait
les anniversaires et le Nouvel An lunaire, proclamait les résultats des
concours mandarinaux...). C'était le plus haut bâtiment (35 m)
de Pékin et nul ne devait l'oublier sous peine de mort. Ses trois terrasses
de marbre blanc supportent sur vingt-quatre colonnes la double toiture
de tuiles vernissées jaunes. Les guides évoquent les colonnes centrales,
à lintérieur, qui sont dorées, tandis que les colonnes
latérales sont laquées de rouge. Le plafond à caissons présente
un riche décor peint en bleu et vert. Sur
une estrade, le trône en palissandre doré et orné de dragons
est gardé par 9 dragons. Dommage
que l'on n'ait pas pu voir cela. En Chine, comme dans les pays voisins plus ou
moins sinisés (Vietnam, Corée et Japon), on vénère le dragon, être mythique
aquatique puissant que l'on associe aux phénomènes climatiques, aux fleuves et à
l'autorité. On peut y voir une similitude avec le fabuleux serpent nâga à
plusieurs têtes vénéré dans la mythologie hindoue (temples d'Angkor)
et dans le bouddhisme (Laos, Thaïlande).
Ce pavillon est suivi par ceux de l'Harmonie
du Milieu ou Harmonie Parfaite
(zhonghe dian), salle de réception,
et de l'Harmonie Préservée
(baohe dian) où avait lieu la Fête du Printemps,
salle de banquet et d'examens et de réception des diplomates étrangers.
A l'arrière de ce bâtiment, la
rampe centrale de l'escalier, une imposante dalle de marbre sculptée de
près de 17 m de long pour un poids de près de 300 tonnes, provient
d'une carrière située à 80 km (elle fut traînée
ici au froid de l'hiver sur des chemins au sol rendu volontairemeent verglaçant).
Ces trois pavillons principaux furent détruits par la foudre lors d'un
violent orage à la fin du règne de Yongle.
PEKIN
- la Cité Interdite, les palais du devant
On
peut être surpris par la relative pauvreté du mobilier et des décors
mais il faut savoir que cette partie antérieure de la Cité Interdite
fut pillée en 1900 lors
de lintervention des détachements militaires envoyés par les
différentes puissances étrangères
pour mettre fin à la rébellion menée par les
Boxers soutenus par l'impératrice Cixi, Boxers qui assiégèrent
les légations étrangères à Pékin pendant près
de deux mois (18 juin-14 août 1900). Les sortes de grands chaudrons en bronze
(c'étaient des réserves d'eau pour parer au risque d'incendies)
placés devant les palais en gardent la trace car le plaquage d'or qui les
revêtait fut gratté par les soldats étrangers (alors que les
récipients de la partie privée sont restés en leur état
original).
Les palais latéraux qui servaient à héberger
les visiteurs de marque et leur suite servent de salles de MUSEE où l'on
peut voir des collections d'armes et armures anciennes, vêtements impériaux,
monnaies, céramiques...
Un ingénieux système de chauffage
par le sol, au charbon, existait sous ces palais qui en hiver auraient été
de vraies chambres froides. Sur les terrasses accueillant les bâtiments,
Marc nous fait remarquer les trappes qui permettaient d'alimenter le système.
Le
sol des cours est robuste car formé de 5 couches de briques grises.
PEKIN
- la Cité Interdite,
rampe arrière du Palais de l'Harmonie Préservée
et Porte de la Pureté Céleste
La
Porte de la Pureté Céleste
(qianqing men) sépare
la partie officielle de la partie privée. Aucun homme, hormis l'Empereur
(et les eunuques) n'avait accès à cette partie de la cité
et les femmes ne pouvaient se rendre dans l'autre partie.
Derrière
cette porte, faisant pendant aux trois palais précédents, toujours
par souci d'équilibre et d'harmonie, se trouvent trois autres palais d'apparat,
plus petits cependant: le Palais de la Pureté Céleste
(qianqing gong) était
encore un espace de réception: audience, banquet (les 108 bols des repas
impériaux!), salle funéraire...). Le Palais de la Puissante Fertilité
(jiaotai dian)
ou Palais de l'Union, palais nuptial au magnifique plafond, servit de salle du
trône de l'impératrice et enfin le Palais de la Tranquillité
Terrestre (kunning
gong) servait,
à l'origine, de résidence
aux impératrices et de lieu de sacrifices chamaniques. Plus tard, la chambre
nuptiale y fut aménagée (parure de lit brodée de suggestifs
dessins d'enfants).
PEKIN
- la Cité Interdite, des parties de la "Cour intérieure"
Au-delà s'étend le jardin impérial (yuhua yuan ) qui s'efforce de donner une représentation microcosmique de la nature: arbres centenaires, rochers tourmentés évocateurs de pics érodés, jardin néanmoins agrémenté de kiosques. Nous profitons de la floraison des pivoines. A l'ouest se dresse le kiosque des Mille Automnes (l'ouest, direction symboliquement terminale) et à l'est celui des Dix Mille Printemps (l'est, direction de l'éternel renouveau).
En
dehors de l'axe des grandes cours et palais se trouvent d'autres palais, temples
et sanctuaires... L'un de ces palais, est un musée des clepsydres, pendules
(souvent d'origine étrangères:
cadeaux des missionnaires jésuites) et des automates qui passionnaient
énormément la cour des Qing
(XVIIIe s.). On peut y voir les 99 bols qui
servaient aux repas de l'empereur
Yongle (il ne touchait
qu'à quelques uns, après son goûteur, évidemment!)...
Dans
cette partie, se trouve le Palais de la Longévité Tranquille.
Qianlong y organisa à l'occasion de ses 60 ans, un banquet
pour 6 000 vieillards de toutes provenances et de tous milieux...
Les concubines vivaient dans le Palais de la Tranquillité Compatissante.
Les
portes des édifices sont gardées par des animaux de bronze: mythiques
dragons symboles du pouvoir spirituel suprême, celui de
l'empereur, l'oiseau phénix également mythique, symbole de l'impératrice,
tortues, symboles de longévité et de sagesse,
grues symboles de longévité,
lions, symboles de puissance et de prestige (leur représentation
fantaisiste repose sur le témoignage d'ambassadeurs ayant voyagé
vers l'ouest, en Afghanistan notamment, à la recherche d'alliances pour
lutter contre les Huns)... Vu face à l'entrée, le lion se trouve
toujours à droite, patte droite posée sur une sphère et la
lionne à gauche, patte gauche affectueusement posée sur un lionceau...
Les
dragons qui se font face sur l'arrête des toits sont là pour protéger
les édifices des incendies... De même dans le jardin, le pavage fait
de galets dessinant une chauve-souris et un porte-bonheur.
Sur les toits,
toute une ménagerie de chi wen occupe aussi les tuiles d'arrête,
toujours en nombre impair (9 figures marquent un édifice impérial
puisque ce nombre est réservé à l'empereur), afin d'écarter
les mauvais esprits.
La fabrication de tuiles et figurines pour les toits
de la Cité Interdite relève exclusivement de deux ateliers aux techniques
traditionnelles (secret au sujet du fameux émaillage jaune impérial).
PEKIN
- la Cité Interdite dans la "Cour intérieure"
Au
lieu de l'harmonie et de la tranquillité qu'évoquent les noms des
palais de la Cité Interdite, on est confronté tout au long de la
visite au flot de touristes chinois munis de casquettes (souvent rouges) voire
de vestes, précédés par leur guide portant haut un fanion
de reconnaissance et surtout un détestable mégaphone ce qui aboutit
à une complète cacophonie entre les divers groupes de visiteurs...
En moyenne, on compte quotidiennement 50 000 visiteurs mais en période
estivale il faut en compter trois fois plus! On n'a donc pas trop à se
plaindre...
Conformément à
la tradition chinoise, les palais sont en bois de cèdre (colonnes, poutres,
encorbellements et charpente), construits de plain-pied sur une terrasse en maçonnerie.
Les chapiteaux complexes qui assurent la liaison entre colonnes
et toitures sont des éléments essentiels. Tout
est assemblé par emboîtement sans clous ou chevilles et ces savants
assemblages de charpente résistent aux intempéries et séismes.
Ce type d'assemblage est pratiqué en Chine
depuis 2000 ans... Quant aux murs, ils sont de simples parements de remplissage.
Pour protéger le bois, on utilise LE laque
(en effet, dans ce sens, le mot est du genre masculin!). C'est
une sorte d'enduit ou de vernis
végétal fabriqué à partir de la sève ou gomme
résineuse de certains arbres extrême-orientaux tel le laquier (arbre
de la famille des sumacs, originaire de Chine). Cette matière a une double
fonction: protection (contre le pourrissement et les insectes notamment) et décoration.
La technique du laque artistique de qualité nécessite de passer
jusqu'à 20 couches de laque, avec ponçage entre chaque application.
Dans les bâtiments, pour la réfection des poteaux qui ont le plus à
souffrir des intempéries malgré les généreuses avancées
des toits, après décapage, on applique en alternance un enduit fait
de chaux et d'huile et deux couches de tissu avant de procéder à
un nouveau laquage.
L'époque
de la puissante dynastie Ming favorisa aussi
les arts (ainsi les célèbres porcelaines "Bleu et Blanc"
apparues sous les Yuan deviennent vraiment
célèbres avant de céder du terrain face aux nouvelles porcelaines
polychromes à double cuisson, la "famille rose").
Aixinjueluo Puyi (7 février 1906-17 octobre 1967), appelé également Xuantong, fut le douzième et dernier empereur de la dynastie Qing, qui régnait alors sur la Chine. Il est le fils d'un prince de la lignée impériale des Ming. Il fut couronné à seulement trois ans (1909), selon le souhait de l'impératrice douairière Cixi, alors que la cour impériale est en plein désordre. Les révoltes d'octobre 1911 le conduisirent à abdiquer le 12 février 1912. Malgré la proclamation de la République de Chine, il put continuer à résider quelques années supplémentaires dans la Cité interdite, en n'exerçant aucun pouvoir, avant d'en être expulsé en novembre 1924. Il vécut alors quelque temps une vie mondaine dans les milieux occidentaux des concessions où il fut approché par les services secrets japonais. Ces derniers en firent un fantoche qu'ils mirent à la tête du Manzhouguo (la Mandchourie d'où la dynastie Ming était originaire), sous le nom d'empereur Kangde, en 1934. En
1945, il fut capturé par les Soviétiques et déporté
en Sibérie puis livré en 1949 aux communistes chinois qui l'interneront
dans le "camp de rééducation pour criminels de guerre"
de Fushun Pendant 10 ans. De
son histoire a été tiré le film italo-britannique "le
Dernier Empereur" |
Dans
cet univers vivait une
cour impressionnante, outre les épouses, il y avait une foule de concubines
et favorites (jusqu'à 3 000 mais ce chiffre est sans doute exagéré),
sans oublier les dames de compagnie et les 3 000 eunuques qui étaient
à leur disposition 24h/24. Les eunuques étaient souvent des prisonniers
soumis à la castration (opération qui coûtait la vie à
2% de ceux qui y étaient soumis) et le pire autre malheur qui pouvait leur
arriver était de voir détruits ou perdus les organes de la génération
dont ils avaient été amputés car ils n'avaient plus alors
l'espoir d'une réincarnation avec leur virilité recouvrée...
L'empereur, le seul mâle habilité
à procréer entre les quatre murs de la Cité Interdite, exprimait
son choix de courtisanes au cours du déjeuner et un eunuque servait de
messager pour la convier au rendez-vous galant qui lui était fixé
en soirée dans l'un des palais... La
plupart des femmes admises dans le gynécée de ce palais ne pouvaient
plus jamais en sortir et nombre d'entre elles ne furent jamais invitées
à rencontrer l'empereur. C'était néanmoins un privilège
de compter dans sa famille une courtisane et même un eunuque (on réduisait
parfois à cet état un petit garçon avec l'espoir de le voir
admettre au service de l'empereur). Au décès
de l'empereur, en dehors des femmes qui lui avaient donné un enfant, certaines
femmes étaient enterrées vivantes en sa compagnie tandis que les
autres terminaient leur vie dans un monastère.
C'était
aussi un lieu d'intrigues diverses pouvant donner lieu à des empoisonnements
(malgré les goûteurs). En effet, les beaux principes moraux confucéens
d'harmonie à tous niveaux de la société et présentant
le devoir comme contrepartie du pouvoir n'étaient pas toujours respectés.
C'est ainsi que l'ancienne concubine devenue l'impératrice
douairière Cixi fit jeter dans un puits la concubine Perle qui la défiait.
Cette plongée dans la Chine ancienne ne passionne pas
que les touristes occidentaux. Dans la Chine moderne en plein bouleversement,
certains sont en recherche d'identité et de racines. Des feuilletons sur
l'époque impériale réussissent à avoir une audience
de 300 millions de téléspectateurs (presque un Chinois sur quatre!)...
Ascension de la colline de (ou du) Charbon, nommée aussi Colline des Perspectives ou encore Parc Jingshan ("jingshan gongyuan") -0,5€- qui se présente à nous dès que l'on a franchi la porte du Génie Militaire, au nord de la Cité Interdite.
Après
la montée au milieu des cyprès et autres essences, on découvre
un très beau panorama de la Cité Interdite aux toits dorés
fait de 150 000 tuiles jaunes et, au fond, la sphère argentée
et aplatie du nouvel Opéra. Rappelons que la couleur jaune des tuiles de
la Cité, symbole de la terre, est réservée à l'empereur,
dont l'habit brodé est de cette couleur... que son propre fils n'est pas
autorisé à porter!
De l'autre côté, au nord, la
vue porte en direction du Parc Beihai, avec un grand stupa blanc, non loin du
lac Beihai.
L'agréable
rejoignait l'utile car selon les principes du fengshui, les palais de la
Cité Interdite devaient être protégés des influences
néfastes du nord par une colline, fut-elle symbolique et en partie artificielle
puisque constituée en partie
avec la terre tirée des douve de la Cité Interdite.
Son nom vient du fait qu'à son pied on stockait le charbon nécessaire
au chauffage. Elle fut aménagée en 1420 et couronnée bien
plus tard par le pavillon Wanchun, en 1751. Des kiosques sont disposés
sur les sentiers qui descendent sur les côtés ouest et est de la
colline.
Dans une empire en décomposition, c'est
au sommet de cette colline que le dernier empereur Ming
se pendit face à la menace de ses voisins manchous (futurs
Qing) et à une jacquerie paysanne.
PEKIN - la Colline
du Charbon
Il
paraît qu'en ce lieu beaucoup de Pékinois s'adonnent à la
danse, au chant ou à la calligraphie éphémère (à
même le sol) mais nous n'aurons pas la chance d'assister à ces types
de manifestation en cette fin de matinée. Descente en direction des kiosques
de l'ouest mais pour "certain", quelques instants d'égarement...
Les
meilleurs moments pour la visite de ce site sont le matin et le soir, pour la
qualité de lumière dans laquelle baigne alors la Cité Interdite.
environ 20 km de route
vers les
faubourgs au nord-ouest de Pékin,
pour se rendre au Palais d'Eté.
En quittant le centre, nous
apercevons d'anciens quartiers de hutongs derrière des palissades.
La plupart sont destinés à la démolition afin de céder
la place à des opérations immobilières. Marc nous signale
qu'un quartier sera toutefois préservé et restauré mais,
on le comprend vite, il s'agit d'une démarche muséographique. En
revanche, on peut se demander quel sort est réservé aux populations
modestes qui habitaient ces quartiers. Comment vont-elles pouvoir financièrement
accéder aux grands ensembles périphériques récents
? Comment vont-elles pouvoir s'y adapter après que leur réseau social
aura disparu ? Mais ne jetons pas trop vite la pierre aux Chinois à ce
sujet. Le géographe-urbaniste que je fus, se souvient qu'il y a tout juste
une quarantaine d'années, on a fait exactement la même chose chez
nous avec les politiques de rénovation urbaine et de restauration dans
les secteurs sauvegardés (lois Malraux et autres...).
Palais
d'Été (Yihe yuan, "jardin où l'on
cultive la concorde") -3€
l'entrée (coût en individuel de l'ordre de 30€ par tête
de pipe sur une demi-journée avec guide).
Son
classement au Patrimoine mondial de l'UNESCO date de 1998 .
Toujours par grand vent, découverte d'un ensemble architectural
d'exception qui longe le lac Kunming (lac artificiel), lieu de villégiature
de la cour impériale afin d'échapper aux chaleurs étouffantes
de la Cité Interdite et qui témoigne du raffinement artistique chinois
à la fin du XIXe s.
Etrangement le nom du lac est celui de la ville capitale de la province du Yunnan...
L'explication vient du fait que lors d'un voyage de l'empereur dans cette lointaine
province méridionale (jouxtant le Laos et la Birmanie), il avait été
séduit par la beauté d'un lac qu'il voulait retrouver près
de sa capitale.
Remplaçant le
palais des Jin qui avait été
édifié ici au XIIe s.,
les jardins voulus par l'empereur Qianlong (empereur Qing
du XVIIIe s. qui, bien que d'origine mandchoue,
était passionné de culture chinoise), s'inspirent de ceux de la
Chine méridionale.
Lieu
de villégiature, c'est aussi un lieu de représentation politique.
Concession aux vaincus du Tibet (1750), Qianlong fit construire
en leur honneur une lamasserie au nord du parc.
Pour
remplacer les Palais d'Eté de Yiheyuan et de Yuanmingyuan incendiés
en 1860 par les troupes franco-britanniques (seconde guerre de l'opium) et dont
subsistent des ruines, l'impératrice Ci Xi fit reconstruire près
de là, en 1888 (ou 1886), le nouveau Palais d'Eté.
Celui-ci
fut endommagé en 1900
(tout
comme la Cité Interdite) lors de lintervention des détachements
militaires envoyés par les différentes puissances étrangères
pour mettre fin à la rébellion menée par les Boxers soutenus
par l'impératrice Cixi, Boxers qui assiégèrent les légations
étrangères à Pékin pendant près de deux mois
(18 juin -14 août 1900). A la suite de cela, l'impératrice
entreprit de nouveaux travaux de reconstruction en 1902.
Intelligente
et belle, la
concubine Yehenala
était entrée à la cour
à l'âge de 15 ans.
Fait unique dans l'histoire chinoise, cette ancienne concubine
de cinquième et dernier rang, devint impératrice douairière
de la dynastie Ming après avoir intrigué avec l'aide d'eunuques
pour accéder à la couche de l'empereur
dont elle fut la favorite pendant trois mois.
Ci Xi (plus connue sous le nom de Ts'eu-hi)
détint la réalité du pouvoir pendant 48 ans (1861-1908).
De cette union naquit en 1856 un fils ce qui lui ouvrit la porte du pouvoir dans
la mesure où l'impératrice n'était pas parvenue à
engendrer.
Influençant déjà la politique du vivant de
l'empereur, après son décès en 1861, elle assura la régence
de son propre fils Tongzhi âgé de 6 ans (même devenu majeur,
ce personnage falot ne fut qu'un pantin aux mains de sa mère) puis, après
le décès de ce dernier en 1875, celle de son neveu Guangxu qu'elle
imposa sans attendre que sa bru, l'impératrice, ait accouché! C'est
encore elle qui détint la réalité du pouvoir, allant même
jusqu'à emprisonner le jeune empereur au Palais d'Eté.
Les
affaires de la Chine allaient de mal en pis (famines, présence étrangère
à Nankin, Shanghai, Ningpo, Canton, Hong Kong, Xiamen, Fuzhou, Tianjin
et Pékin et aussi révoltes notamment celle des Boxers en 1900).
Après le sac de la Cité Interdite par les troupes des corps expéditionnaires
étrangers et le décès de Ci Xi en 1908, le trône revint
à son petit-neveu de 3 ans, Xuantong,
qu'elle avait désigné
comme héritier. Ce dernier empereur de Chine, qui prit le nom impérial
de Puyi dut abdiquer 4 ans plus tard!
Les
290 hectares du parc du Palais d'Eté qui s'étend au pied du Monts
de l'Ouest sont occupés aux 3/4 (220 ha) par le lac Kunming au pied
de la Colline de la Longévité Millénaire.
La succession de pavillons et de palais ne dégage pas
un sentiment de désordre mais d'harmonie. On y trouve une flore arborée
de pêchers (arbre du bonheur), de grenadiers (fécondité),
de pins et de cyprès (longévité)...
Le Lac de l'Eternel Printemps est divisé en trois
parties et une trentaine de ponts l'enjambent (dont le Pont aux 17 Arches et le
Pont de la Ceinture de Jade, à l'arche en demi-lune ou pont cambré).
Ci
Xi commença la reconstruction
par le bateau de marbre, long de 36 mètres (pour cela elle puisa dans les
crédits destinés à la Marine Impériale!).
On accède au site au niveau des boutiques et restaurants (ancien théâtre et résidence des concubines), tout près du fameux Bateau de Marbre.
PEKIN - le
Palais d'Eté
|
Déjeuner dans un restaurant du Palais d'Eté avec serveuses en costumes de cour.
Parmi les plats, signalons une salade à base de cerneaux de noix, un sauté de méduse ! (en fines lanières), un sauté de jujubes (fruits rouges séchés et dénoyautés) et châtaignes d'eau, une omelette genre provençale (avec tomate)...
Restaurés, nous
commençons la visite.
On
ne grimpera pas la Colline de la Longévité Millénaire couronnée
par la pagode du Parfum de Bouddha, dite
aussi pavillon des Fragrances Bouddhiques ou du Bouddha Parfumé, Foxiang
ge.
Dominant
le lac, cette pagode basse, héberge un "Bodhisattva aux 1000 mains"
(un bodhisattva est une sorte de saint dans certains courants du bouddhisme) et
est fréquentée par des fidèles.
En revanche, on empruntera une longue galerie couverte de 728 m. qui longe le lac, construction unique au monde. Elle est décorée de quelques 14 000 (8 000 selon d'autres sources?) peintures et dessins (scènes paysagères, scènes de vie intérieure et évocations historiques).
PEKIN - le Palais
d'Eté
|
Des noms poétiques émaillent le parcours parmi les pavillons laqués: Nuages Ordonnés, Vagues de Jade, Vertu et Harmonie, Joie et Longévité... tout un programme!
Jardin
de l'Harmonie Vertueuse avec ses rochers dont celui récupéré
par l'empereur à la suite de la faillite d'un marchand trop prétentieux,
ses allées aux pavages faits
de petits galets créant des motifs (fruits...) et ses pivoines en fleur.
Le
Palais de la Longévité Bienveillante est précédé
d'animaux de bronze: Chimère, Dragon (symbole de l'empereur) et Phénix
(symbole de l'impératrice). Non loin de là, elle avait transformé
le Palais des Vagues de Jade en prison où elle séquestrait son neveu,
l'empereur
Guangxu, qu'elle avait
pourtant mis sur le trône. Elle résidait dans le palais de "la
Joie dans la Longévité", vu un peu plus tôt, où
elle se faisait servir 128 plats!
On peut admirer la
minutieuse maçonnerie de briques grises, posées presque sans joint
car elles ont été polies afin d'en éliminer toute irrégularité
et elles sont assemblées avec un mortier fait de chaux, de sable très
fin et du bouillon de cuisson de ...riz gluant (!).
PEKIN
- le Palais d'Eté
Après
être passés près de la vache de bronze, nous irons jusqu'à
l'île du lac du sud à laquelle on accède par les
150 m du Pont
aux 17 Arches dont les garde-corps sont sculptés de lions de marbre blanc,
tous différents.
Les
promenades en bateau ou en pédalo sur le lac ne sont pas au menu du jour
car la forte brise qui souffle du nord depuis plusieurs jours à presque
mis le lac en tempête (les vagues moutonnent près de la berge sud).
PEKIN
- le Palais d'Eté
Tout
à l'opposé, au-delà du jardin mais donnant l'illusion d'en
faire partie, se dresse une haute pagode à 7 niveaux sur une colline surplombant
le lac.
Retour à Pékin.
Si notre séjour pékinois s'était prolongé, on aurait pu envisager bien d'autres découvertes...
Par exemple, une heure et demie en cyclo-pousse à travers les hutongs (25€ la demi-journée avec guide en individuel)... qui sont peu à peu rasées pour faire place à des magasins, hôtels et grands immeubles en béton...
...ou le quartier de Shishahai que domine la Tour du Tambour...
...ou la fameuse rue des antiquaires...
...ou encore, au nord de la ville, le Temple des Lamas -3€- ("yonghe gong") du XVIIIe s., ancien palais princier où résidaient les autorités tibétaines de passage à Pékin et demeure d'un prince des Qing, qui abrite une magnifique statue de Bouddha Maytreya de 18 m de haut sculptée dans un seul morceau de santal blanc et du Temple de Confucius -1€- ("kong miao") et sa forêt de stèles. La tradition de respect de la hiérarchie introduite par cette véritable idole perdure et les pouvoirs successifs ont su s'en servir...
...ou le seul temple taoïste de Pékin, le temple des Nuages Blancs...
...ou encore le parc Beihai -1€-, au nord de la Cité Interdite, ancien coeur de la ville au temps des Yuan. Au milieu du lac, sur une île, fut construit en 1651 un temple bouddhiste dans le style tibétain. Sa couleur blanche tranche avec les couleurs des monuments impériaux de la ville
...ou soirée d'Opéra de Pékin (25€ la demi-journée avec guide en individuel).
Visite d'un magasin de perles d'eau douce.
Chaque
huître "ensemencée" par des greffons va peu à peu
les enrober de nacre et produire jusqu'à une vingtaine de perles mais rien
que pour obtenir les plus petites, il faut patienter au moins 5 ans. Avec les
perles impropres à une utilisation en bijouterie, on fait une poudre utilisée
dans la fabrication d'une crème à usage cosmétique. En fait
les perles n'ont pas toutes la couleur laiteuse commune, certaines sont dorées,
rosées voire presque noire avec un éclat métallique.
Certains
colliers valent des petites fortunes (dizaines de milliers d'euros).
Dîner à
Pékin.
En attendant
l'ouverture du restaurant situé près d'un ancien quartier traditionnel,
nous faisons une courte incursion dans un autre monde fait de vieux vélos
et tricycles dont le plateau est chargé de matériaux hétéroclites
(cartons ou plastiques récupérés), de trottoirs encombrés,
de rues sales, de petites maisons basse en briques grises... Nous hasardons même
dans une impasse tout aussi peu reluisante et où les seuls éléments
colorés rouges et or sont les décorations apposées sur les
maisons il y a deux mois à l'occasion de la Fête du Printemps (le
nouvel an lunaire)...
PEKIN
- dans un hutong dégradé
Nous aurions aimé visiter
des hutongs,
ces anciennes rues pékinoises et, par extension abusive, ces maisons à
cour carrée (siheyuan) et aux toits de tuiles vernissées
mais le temps passé à Pékin
est compté...
Ces quartiers étaient organisés sur une
trame de rues ou ruelles perpendiculaires, les axes nord-sud étant généralement
destinés aux boutiques et commerces et les axes transversaux, ouest-est,
aux résidences. A l'origine, une hutong était une vaste maison familiale
(pour trois générations cependant) composée de cinq éléments.
Un pavillon en bord de rue donne sur une cour intérieure et lui fait face
un autre pavillon. Ces deux bâtiments étaient des pièces de
réception ou de séjour mais le pavillon ouvert au sud était
le logement des vieux parents du maître des lieux. Sur les deux autres côtés
de la cour se dressaient les deux autres pavillons (chambres, espaces privatifs
de repos). Chaque maison dispose d'un mur-écran situé face au portail
donnant accès à la cour intérieure.
Ce beau schéma
a volé en éclat au XXe s. avec la paupérisation de l'ancienne
bougeoisie liée à la chute de l'empire puis avec les flux migratoires
qui ont déferlé sur la capitale de sorte que plusieurs familles
se sont partagé chaque hutong, ce qui a contribué à la dégradation
de ces constructions.
Gare
de Pékin. Pour nous
y rendre, notre minibus passe dans le quartier des ambassades repérables
par les forces de police qui en assurent la sécurité. Puis pendant
un long moment, on traverse tout un quartier russe.
Arrivés à
destination, nous nous retrouvons sur un immense parvis, doté d'un tout
aussi immense panneau à affichage vidéo. Encombrés de nos
gros bagages de voyageurs occidentaux, il faut faire face aux bousculades pour
faire la queue car, comme dans un aéroport international, ici pour prendre
le train, il faut subir des contrôles de sécurité. Mais nous
commençons à savoir faire respecter notre place face à ces
Chinois sans gêne.
Même notre guide doit ressentir un certain
stress. Un fait révélateur, déjà constaté lors
des jours précédents, alors qu'il me précède, il lâche
un gros pet, pas un hypocrite
et bien retenu pet de bonne soeur,
non, un gros pet, bien appuyé. Sans doute encore un exemple d'application
de précepte de la médecine populaire comme quoi il ne faut rien
retenir des humeurs corporelles... Toujours est-il que lui-même a du mal
à s'orienter dans la gare et doit demander plusieurs fois des renseignements.
Salle d'attente des premières classes puis embarquement dans notre
compartiment doté de couchettes molles 1ère classe (ruanwo,
pour 4 personnes par compartiment avec air conditionné, télévision
et prise électrique pour recharger les batteries de nos appareils) et départ
pour Taiyuan à 20h30. Nos passeports ne sont pas contrôlés
comme on s'y attendait (d'après ce qu'on nous avait dit) pourtant ce genre
de train est doté d'escouades de "stewardesses" en grand uniforme!
Encore
u n peu de couleur locale car les passagers sont majoritairement chinois.
Nuit à bord.
CHINE