Passez la souris sur la carte... SANJIANG (Ping'an)CHENGYANG WUTONG YANGSHUO GUILIN
GUILIN (1) et environs de Sanjiang:
Pays Dong:
Chengyang (2),
Rizières en terrasses de Longji
(3),
Rivière LI (4).
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Au coeur des paysages féériques du QUANXI...

Véritables "images d'Epinal", les paysages de cette région symbolisent la beauté de la nature dans l'Empire du Milieu à nos yeux de touristes mais qui ont aussi inspirés poètes et peintres calligraphes ("Le fleuve est un vert ruban de soie. Les montagnes s'élancent telles des aiguilles de jade.")...

Il y a 300 millions d'années les sédiments calcaires émergèrent puis furent soumis à une intense érosion karstique dont les pitons résiduels témoignent (même type de formation que la baie d'Halong ou que la région d'Hoa Lu au Vietnam).

Des centaines de pitons jouent souvent à cache-cache dans la brume et les nuages créant une ambiance mystérieuse et irréelle. On comprend que tant de poètes et de peintres y aient trouvé la source de leur inspiration.



Guilin...

Le nom de cette ville signifie "Forêt des Osmanthes". la ville fut fondée par les Qin en 214 av. J-C.

En automne, la ville est baignée par l'entêtant parfum d'un arbre, l'osmanthus. En fait, son odeur est si puissante parce qu'il y en a quelques 400 000 dans la ville, soit presque autant que d'habitants. On se sert de ses fleurs pour parfumer le thé et le vin de la région..

Son essor reposa sur l'existence du canal Ling reliant Chine du nord (au-delà du Yangtze) et Chine du sud (Rivière des Perles).
Elle fut fortifiée par les Ming au XVIIe s.

Cette ville se situe à seulement une centaine de kilomètres au nord du Tropique du Cancer.
Elle jouit d'un climat de mousson subtropical. En janvier, le mois le plus froid, la température moyenne y est de 8°.

 

Petit-déjeuner.

Dans la salle du restaurant, nous bavardons avec un couple de Français. Il s'agit de parents d'une jeune enseignante de français (tient donc? une de plus!) à l'université de Chengdu, dans la province du Sichuan. Après avoir visité la région de Quilin avec notre guide Jean, ils partent pour une quinzaine de jours rejoindre leur fille. Rétrospectivement, nous pensons à eux et à leur fille qui ont dû être confrontés de très près au tremblement de terre survenu le 12 mai, moins de 15 jours après notre rencontre.

 

Après Xi'an, nous voici au coeur de la région autonome Zhuang (nom de l'ethnie), dans la province du Guangxi.

Véritables "images d'Epinal", les paysages de cette région symbolisent la beauté de la nature dans l'Empire du Milieu à nos yeux de touristes mais ils ont aussi inspiré poètes et peintres calligraphes ("Le fleuve est un vert ruban de soie. Les montagnes s'élancent telles des aiguilles de jade.")...
Verdure des monts, limpidité des eaux, pitons rocheux et grottes ouvragés par l'érosion karstique contribuent à son charme.

Déception, il pleut, le ciel est complètement bouché et l'on n'aperçoit même plus les pics sur l'autre rive de la rivière Lijiang.

Le spectacle du rituel de la gymnastique (tai-chi-chuan ou taijiquan) sur les bords de la rivière Li auquel nous aurions pu assister tôt le matin (même depuis les fenêtres de nos chambres) n'aura pas lieu. En revanche une chorale encapuchonnée vient donner une aubade.

Le tai-chi-chuan ou "boxe taoïste" chinoise (l'observateur a l'impression que le pratiquant se bat avec une ombre ce qui explique le nom donné aux révoltés de 1900, les "Boxers", adeptes de cet art) est un art martial vieux de 2500 ans (et couramment pratiqué en Chine depuis un millier d'années sous l'influence de la secte bouddhiste chan, autrement dit zen, qui a intégré cet art martial) intégrant le Kung Fu qui était autrefois utilisé pour repousser les assaillants. Le tai-chi est un art martial dit interne, développant une force souple et dynamique par opposition à la force physique pure, c'est un combat avec un adversaire absent, c'est agir sans agir... subtilités! Réprimé pendant la Révolution Culturelle ("pratiques féodales et superstitieuses"), cett pratique traditionnelle est revenue en grâce dès la fin des années 1980.
C'est aujourd'hui une gymnastique matinale
visant à améliorer la santé en faisant mieux circuler l'énergie (déblocage des tensions musculaires, tonification des muscles, coordination, canalisation des émotions... donc favorable au bien-être, à la concentration et au sommeil), très en vogue dans ce pays où l'on aspire à l'éternelle jeunesse. Différentes écoles et traditions existent (Sun, Yang, Wudang, Wu, Chen, Li..). Les exercices très lents du départ relevant de la technique du qi gong font ressentir l'énergie vitale (qi).
Gestes lents (bras et jambes) et parfois avec maniement de bâtons (voire épées, lances...), mouvements parfaitement enchaînés et coordonnés entre les membres du groupe de pratiquants qui semblent s'adresser aux quatre points cardinaux. Même grâce et perfection de mouvement que dans celui du pinceau du calligraphe.



GUILIN :  (1 650 000 habitants)

Le nom de cette ville signifie "Forêt des Osmanthes". Les fleurs parfumées de ces arbres appelés également cassias embaument en septembre-octobre, au moment de la Fête de la Lune. Ces fleurs sont utilisées dans la fabrication d'alcool, de parfums, de pâtisseries (gâteaux de lune) et de thé...
La ville fut fondée par les Qin en 214 av. J-C. (encore et toujours ce premier grand empereur!). Son essor reposa sur l'existence du canal Ling reliant Chine du nord (Yangtze) et Chine du sud (Rivière des Perles). Un parc royal inspiré par la Cité Interdite de Pékin y fut créé en 1321
par un neveu de l'empereur. La ville fut fortifiée sous les Ming, au XVIIe s. En 1938, la ville fut largement détruite par les troupes japonaises lors de trois jours de bombardements.


Cette ville se situe à seulement une centaine de kilomètres au nord du Tropique du Cancer. C'est donc dans un climat subtropical avec 30° et 100% d'humidité que nous nous immergeons car les effets de la mousson commencent à se manifester ici dès avril. C'est sans doute cet air saturé d'humidité qui sera fatal à mon appareil photo ce jour-là...


POUR LES TOURISTES QUI SEJOURNENT PLUS LONGTEMPS A GUILIN.

Découverte de la Grotte de la Flûte de Roseau (ludi yan) au nord-ouest de la ville (fascinante découverte des jeux de lumières qui mettent en valeur les stalactites et stalagmites), et du Pic de la Beauté Solitaire ou Unique (duxiu feng), colline qui culmine à 152 m de hauteur en plein centre-ville ou encore parc de la Colline des Couleurs Accumulées qui, de ses 4 pics, offre une vue panoramique sur la ville de Guilin. On y voit des inscriptions rupestres des époques Tang et Song...

Vue magnifique sur la ville également depuis la colline Fubo shan (Colline des Vagues Ondulantes) ou de la Colline de la Trompe d'Eléphant typique avec son arche située au confluent des rivière Yangjiang et Lijiang.

On peut acheter ici la "liqueur des trois fleurs", du thé (atelier de conditionnement), du fromage de soja, des peintures de paysages et des céramiques...

 

Quelques mots sur les paysans...

Il ne faut oublier que la paysannerie représente 80% de la population chinoise, chiffre qui inclus les paysans sans terre, de plus en plus nombreux. Dans notre périple, nous n'aurons qu'entraperçu cette Chine paysanne...

Depuis les réformes économiques entreprises dans les années 1980, l'Etat a mis à la disposition des familles paysannes des rizières sur la base de 5 "mus" (mesure chinoise de 650 m² environ). En outre, depuis 2003, les paysans ne sont plus soumis aux impôts et, au contraire, ils sont sensés recevoir une subvention de 5€ par "mu" (soit 25€ par exploitation et par an) afin de limiter l'exode rural ...lorsque l'aide n'est pas détournée par quelque cacique ! Les habitants d'autres villages ont également fait les frais de ce genre de détournement au profit de leur chef de village et de "grosses légumes" lorsque, par exemple, des aides avaient été octroyées à la suite de graves inondations.

Dans cette région du sud de la Chine, on fait 2 récoltes de riz par an, juillet et octobre (la seconde étant de meilleure qualité car effectuée en période sèche). L'intéressement des paysans et l'amélioration des techniques ont entraîné une augmentation des rendements de 60% en 20 ans (en passant de 80 quintaux à l'hectare à 130 (!) en poids non décortiqué ...mais il faut rester prudent sur ces chiffres qui semblent bien importants en raison des maladresses des Chinois dans l'énonciation de nos nombres). La récolte ne peut pas être conservée dans de bonnes conditions au-delà d'une année.

Un changement spectaculaire est en cours dans la riziculture mais il est encore loin d'avoir été adopté par tous les paysans, c'est l'abandon du repiquage, tâche particulièrement pénible. Le semis ne se fait plus en pleine terre par être arraché puis repiqué mais dans des godets et c'est sans avoir à se pencher qu'il suffit de laisser tomber dans l'eau de la rizière chaque motte et le plant qui s'y est développé. Au simple regard, on reconnaît ces rizières "à la nouvelle mode" par leur aspect plus désordonné.
Quant au maïs et aux cultures maraîchères, le climat leur est très favorable puisque l'on peut faire jusqu'à 3 et parfois 4 récoltes par an. Ici on cultive arachide, pastèques, châtaignes d'eau, pamplemousses et autres agrumes (oranges, mandarines), ananas, tarots, kakis et litchis... Aux environs de Guilin, des serres-tunnels en plastique abritent en ce moment des cultures de pastèques.

Dans ces conditions, certains paysans de cette région se sont enrichis et ont pu se faire construire de véritables petites villas dans un style voyant près de leur ancienne maison (comme c'était le cas chez nous dans les années 70). L'énergie nécessaire pour la cuisson est fournie par une installation produisant du méthane à partir des divers déchets organiques, installation subventionnée à 50% par l'Etat. Ce genre d'équipement présente d'autres avantages encore comme celui de limiter divers types de pollutions (air, sol, eau) tout en laissant des résidus toujours utilisables comme engrais... Les villas des paysans riches sont souvent laides (cubes habillés de faîence claire) ou, au mieux, kitsch.

Mais attention, le monde paysans connaît des paradoxes! Alors que l'Etat voudrait développer la production agricole, dans de nombreux endroits les paysans sont dépossédés de leur terre en raison de projets industriels et immobiliers ou de création d'infrastructures. Comme le petit peuple des quartiers populaires des villes, leur éviction se fait dans des conditions matérielles déplorables. Le plus souvent, une subvention (ce qu'il en reste après ponctions diverses) leur est parcimonieusement allouée chaque année par le chef du village à titre d'indemnité, parfois sous forme de denrées...
La pauvreté pousse 200 millions de paysans à travailler périodiquement dans les villes, ce sont les mingong. La moitié sont des femmes qui sont ouvriers du bâtiment, bonnes ou serveuses. Mal payées, elles gagnent cependant en un jour ce qu'elles gagent en un mois à la campagne!

CHEZ LES MINORITES: Dong, Zhuang et Yao

Sous une pluie battante, nous prenons la route pour Sanjiang (165 km) pour trois heures de trajet, vers le pays des Dong.

Une région unique que les Chinois appellent "la Mer des Chansons" avec ses vallées perdues (Sanjiang, Chengyang, Baxie...) et villages hors du temps (Linliu, Tangchao, Fulu...).

 

Pour tenir compte du mauvais temps qui ne devrait pas durer, Jean modifie l'ordre du programme.

Pendant le trajet, Jean nous confie quelques éléments de sa biographie. Ses parents paysans ayant voulu qu'il bénéficie d'études, ont joué de malchance.
Depuis les années 80, neuf années d'enseignement étaient obligatoires. Avant 1996, écoles primaires et collèges étaient payants lorsqu'il les fréquentait et à partir de cette année là, il y a eu basculement, ce sont les lycées et les universités qui sont devenus payants alors qu'ils ne l'étaient pas auparavant! Appartenant à une minorité, sa famille recevait toutefois une "subvention" de 50€ par trimestre lors de ses études secondaires et supérieures, loin de son village.
Il est le cadet d'une famille de trois enfants (le régime de l'enfant unique ne s'applique pas aux paysans et encore moins aux minorités) qui sont tous partis dans les villes. De ce fait, ses parents âgés ont de plus en plus de difficultés pour pratiquer les cultures traditionnelles telle que celle du riz qui requiert une bonne forme physique et ils reboisent les terrains dont ils disposent.

Etrange et inexplicable spectacle de fines planchettes de bois fraîchement débité, disposées sur les accotements et dans les cours de petits établissements de scierie. A quoi peuvent servir ces petits éléments (placages ?) et pourquoi sont-ils là, comme disposés pou sécher à l'air libre, alors qu'il pleut des cordes ?

En remontant des vallées, nous nous dirigeons vers les montagnes au nord-ouest de la province, région frontalière avec les provinces du Hunan au nord et du Guizhou à l'ouest. Excellente route en béton ce qui présage d'une haute fréquentation touristique, présente ou à venir... Seules des traversées de villages sont restées non aménagées en raison de conflits fonciers avec les villageois. Dans la traversée de ces bourgades, on peut voir des femmes transportant de lourds paniers de riz (30-40 kg dans chaque) suspendus à une palanche.

Circulation apparemment plus prudente que dans les plaines du centre de la Chine. Toutefois les motocyclistes se dispensent du port du caque pourtant obligatoire. Ces engins portent assez souvent 3 ou 4 personnes, bref, la famille au complet...

A travers la grisaille, on aperçoit les paysans qui s'activent sous la pluie dans les rizières en eau en cours de plantation ou encore en préparation: travail manuel de la boue à la houe ou avec une sorte de "râteau rotatif", travail avec le buffle et plus rarement avec un motoculteur. Régions plus sauvages et plus pentues avec des forêts de bambous géants.
Elevages de canards blancs au bord de mares ou de cours d'eau... Maisons anciennes avec de toutes petites tuiles canal et grosses maisons de nouveaux riches aux façades entièrement revêtues de carrelage de couleur claire. Quelques collines sont couvertes de plantations de théiers.

Des bateaux et des installations semi mobiles de dragage s'activent dans le lit de la rivière au mépris de la législation qui l'interdit pourtant mais les autorités compétentes ont dû être soudoyées selon les propos de Jean.

Des passerelles himalayennes suspendues sont jetées au-dessus de la rivière, avis aux amateurs de vertige mais nous passons notre chemin sans jamais nous arrêter sous cette pluie continue. Plus rassurants, on peut voir plusieurs ponts en béton (à deux ou trois arches) en cours de construction mais avec des moyens tout à fait artisanaux. Les arches sont coffrées à l'aide de bouts de planches et étayées avec des bambous. Tout cela aura-t-il résisté au séisme du 12 mai dont l'épicentre ne se situe qu'à quelque 600-700 km de là ?

 

 

  
  
  
De GUILIN à SANJIANG, sous une pluie de mousson...

"Arrêt technique" en station-service pour le carburant et les toilettes. C'est l'occasion de découvrir une variante moderne des toilettes traditionnelles à la chinoise, le fameux caniveau sans séparation. Ici tout est recouvert de mosaïque, caniveau compris, et concession à la pudeur, on a ajouté des stalles et un petit retour qui permet de dissimuler l'essentiel aux regards. Bref, il manque juste une porte! C'est propre malgré tout (de l'eau est à disposition pour rincer)...

 

Dans les petits hameaux de la vallée, nous commençons à apercevoir des Ponts du Vent et de la Pluie ainsi que des Tours du Tambour mais sans doute en raison de la pluie, les arrêts prévus sont supprimés.

Nous ne faisons pas étape à Sanjiang où nous viendrons dormir. On aperçoit sa Tour du Tambour et soudain mon appareil photo a la mauvaise idée de tomber en panne ...DEFINITIVEMENT! Pourtant la pluie a cessé...

En principe, nous devions faire un déjeuner de cuisine épicée... et bien présentée, à base de produits des montagnes, poissons à la plancha, pousses de bambous, vermicelles de riz...
Rien de tout cela.
La pension campagnarde "Dowg Family Restaurant" a commencé par nous servir de l'eau en bouteille décapsulée. Face aux remontrances du guide, l'aubergiste s'est contentée de vider l'eau dans la pente dominant la rivière puis d'y balancer tout simplement la bouteille en plastique. Nouvelles remontrances. Voilà ce qu'il en coûte de se frotter aux Occidentaux, à leurs produits industriels et à leurs exigences écologiques et hygiéniques!
Sur une terrasse agréable dominant la rivière
, repas frugal (on prend des habitudes de riches) avec notamment un peu de viande mêlée à des légumes... mais des frites en prime
.

Fin des mauvaises nouvelles! La pluie a donc eu la bonne idée de cesser alors que l'on va faire des visites intéressantes.

CHENGYANG, découverte d'un village Dong à 20 kilomètres de Sanjiang, près d'une rivière et au milieu de rizières. Dans cette région on cultive surtout des variétés de riz gluant.

Les Dong vivent au sud-ouest du Guizhou mais aussi au sud du Hunan et ici, au nord du Guangxi, dans des villages nichés au bord des cours d'eau et au pied des montagnes.
L'intérêt de leurs villages réside dans l'architecture de leurs maisons en bois, leurs Tours du Tambour symbolisant l'unité de la communauté, leurs Ponts du Vent et de la Pluie ou encore leurs colonnes totémiques... Ces villages sont édifiés selon les normes géomantiques.

Le peuple Dong, coupé du monde pendant 14 siècles, a pu préserver sa culture réputée pour sa créativité exprimée au travers de l'architecture en bois de ses villages, de ses costumes et chants traditionnels exprimant de beaux sentiments: mélopées rituelles, rythme enjoué et concerts de Lusheng, orgues à bouche...

Chengyang est un village minuscule à l'échelle de la Chine puisqu'il compte 500 âmes et qu'il est divisé en quartiers (8) autour de la rivière équipées de nombreuses norias qui puisent l'eau de la rivière. On y admire des constructions en bois très typiques, outre les habitations: ponts ouvragés, tours du tambour ornées de fresques et de sculptures. Comme chez les Chinois Han, dans les minorités on compte un nombre réduit de patronymes. Dans les villages des Dong, il existe autant de tours du tambour que de lignées patronymiques. Avec leur empilement de toits en pagodes, elles évoquent la forme du sapin, arbre sacré dans la culture des Dong. Les plus jolies sont édifiées selon un plan hexagonal mais à Chengyang, elles sont simplement à plan carré.

Nous arrivons sur une place face à la Tour du Tambour, la plus ancienne du village qui s'impose par son toit en pagode à 7 décrochements. C'est par des sentiers bien dallés que nous sommes arrivés au centre du village.
Traditionnellement dans ces villages, les tours du tambour n'ont absolument pas le même usage que dans les temples ou les villes anciennes de la Chine du nord. Ils ne sont pas là pour marquer la fin de la journée (d'ailleurs il n'y a pas de tour de la cloche pour annoncer le matin) mais les tambours servaient de moyens pour alerter le village en cas d'évènements graves (voleurs, incendies...) ou, au contraire, festifs. En pratique, ce local est aujourd'hui un lieu de rassemblement communautaire très prisé des vieillards qui y discutent sous le regard tutélaires des anciens dirigeants du parti communiste ou bien jouent à des jeux de société auxquels ils tentent de nous intéresser.

  
CHENGYANG, village de la minorité Dong - Tour du Tambour
(photos empruntées)

Cérémonie d'accueil. C'est sur la place de ce village que va nous être donné un spectacle de chants, musiques et danses Dong pendant environ trois quarts d'heure.
En attendant la mise en place des interprètes, on remarque qu'on voit peu d'hommes dans la force de l'âge et également peu de jeunes femmes. En revanche, les personnes âgées sont nombreuses ainsi que les jeunes enfants qui ont été confiés à leur garde. Les nourrissons, munis de leur culotte toujours fendue, afin de faire face à toute situation d'urgence, sont portés sur le dos, retenus par une sangle. Les petits garçons se distinguent par leur coupe de cheveux, une touffe plus drue est conservée sur l'avant du crâne comme on a pu le voir sur des gravures ou dans les musées de cire montrant la vie de l'ancienne Chine.
S'il y a des touristes, ils sont majoritairement asiatiques (et sans doute chinois). La troupe de jeunes amateurs est formée de garçons et filles en costumes traditionnels, avec des instruments de musique (lusheng) faits de bambous aussi divers qu'étranges, des sortes de flûtes. Parmi les étrangetés, certains instruments sont dotés de plusieurs tuyaux ("orgue à bouche"), un autre est un gros tube de bambou aux deux extrémités duquel s'affèrent deux interprètes et un autre, au milieu et transversalement! Certaines sonorités puissantes et décoiffantes ne sont pas sans rappeler celle de nos bombardes bretonnes. (dans les villages, la fête des flûtes à lieu vers la fin septembre).

  
CHENGYANG, village de la minorité Dong - Cérémonie d'accueil
(photos empruntées)

Les jeunes filles vêtues d'une tunique bleue, d'une jupe noire portent des colliers et de larges pectoraux à trois rangs en métal blanc (argent?) et sont coiffées d'une sorte d'arbre de Noël en métal également, garni des boules en lainages multicolores. Leur jambes sont prises dans des molletières noires auxquelles sont accrochés des sortes de pompons...
Au milieu du spectacle, les jeunes filles avec leur habit bleu passent autour de la place pour une curieuse pratique: elles offrent une rasade d'alcool local en tordant le lobe de l'oreille droite des hommes et en leur marchant sur un pied (le gauche me souvient-il), en échange de quoi, elles attendent que des ...yuans tombent dans leur panier.

Certains spectacles se font en play-back sur de la musique enregistrée -la régie technique n'est pas tout à fait au point- et les interprètes font semblant de jouer sur des instruments à cordes factices (genre pipa ou huqin), à l'imitation très grossière. Mais tout cela est plaisant et se fait dans la bonne humeur. Pour finir le spectacle sur une note drôle voire comique, les spectateurs les plus téméraires sont conviés à la fameuse "danse des bambous" (comme c'est curieux que l'on trouve également cette danse dans les îles perdues d'Océanie, au Vietnam...). Le tout se termine en joyeuse farandole mêlant danseurs et touristes.

Les vieilles villageoises, vêtues d'habits traditionnels noirs, fripées par le soleil, littéralement cassées par le labeur des champs (le repiquage entre autre) essaient de nous vendre des sortes de balles ou boules multicolores (en tricot?) et notre guide essaie manifestement d'en marchander. Mais vainement. Est-ce l'obstacle de la langue car il ne parle pas celle des Dong? Par contre, il nous explique que lors des fêtes villageoises, en particulier à la Fête de la Lune de septembre-octobre, la jeune fille qui veut exprimer son intérêt pour un garçon lui lance une telle boule. Si le garçon partage son intérêt, il conserve la balle ou il la renvoie en y nouant son foulard. Comme quoi les coutumes matrimoniales des ethnies étaient beaucoup plus modernes (civilisées?) que celle de la bonne société chinoise. Mais au fait, comment se fait-il que Jean n'ait pas encore reçu une balle fatale ou comment se fait-il qu'il ait repoussé celles qu'il a pu recevoir ? C'est son mystère...

Le village comporte deux autres tours du tambour, dont une en cours d'achèvement mais qui n'est qu'un élément pastiche prétentieux annexé à un hôtel en construction et montrant une quinzaine de niveaux de décrochements de toit.

Pendant une petite heure, nous partons à la découverte du village, en particulier le Pont Yongji, le fameux Pont du Vent et de la Pluie de Chengyang, l'un des plus beaux du pays avec ses cinq tourelles.
Ce pont couvert est coiffé de 5 toits en pagodes à 4 niveaux. Il date de 1920. Un autel bouddho/taoïste est aménagé dans une niche à l'une des entrées du pont. Les marchandes de souvenirs ont trouvé dans ce Pont du Vent et de la Pluie un abri idéal pour s'y livrer au commerce qui na rien à voir avec "le jeu des nuages et de la pluie", autre expression poétique chinoise...

  
  
CHENGYANG, village de la minorité Dong - Pont du Vent et de la Pluie
(photos empruntées)

Nous continuons notre chemin, passons d'autres (2 ou 3) ponts couverts moins importants et plus récents. Sur une digue, nous traversons les rizières où une couvée de canetons, sans la cane, s'en vont nageant. Nous croisons un groupe de femmes en costumes traditionnel bleu, chacune portant sous le bras un panier au fond duquel est jetée une poignée de riz blanc. Elles se rendent dans une famille pour fêter la naissance d'un enfant. Peu après, énorme pétarade à l'autre bout du village... Que se passe-t-il ? Pas un feu d'artifice en plein jour tout de même!
Sur la rivière de nombreuses norias tournent indéfiniment, puisant sans relâche de l'eau pour irriguer les rizières grâce à la force de l'eau, énergie propre, gratuite et inépuisable. Pour changer de rive, nous franchissons la rivière peu profonde par "le Pont du Soleil", une série de trois ou quatre troncs d'arbres grossièrement équarris et juxtaposés, reposant de place en place sur quelques pierres. Au coeur du village, nous passons tout près d'un minuscule et misérable temple de village, plutôt un oratoire probablement pour des pratiques animistes. Non loin de là se trouve une source avec une louche de bambou pour y puiser. Dans la salle d'une modeste Tour du Tambour, on voit des retraités initiant des enfants à sorte de jeu d'échecs et nous y convient par gestes et mimiques. Près de là se dresse une sorte de petit totem (1 m de haut environ) couvert de caractères chinois. Nous approchons alors de l'entrée du village que l'on devine par la présence de petits restaurants, hôtels, guesthouse et boutiques qui se font plus nombreux. Dans quelques années, ce village aura viré complètement dans la muséographie et dans l'industrie du tourisme (comme c'est déjà le cas pour celui que nous visiterons demain).

    
CHENGYANG, village de la minorité Dong - autres Ponts du Vent et de la Pluie et Tours du Tambour
(photos empruntées)

Soudain nous arrivons dans une ambiance de kermesse villageoise sur le chantier d'une maison dont on vient de terminer le squelette tout neuf. C'était la raison du fameux tir de pétards entendu un peu avant, tir destiné à éloigner les mauvais esprits lorsque les charpentiers posaient la panne faîtière peinte en rouge (couleur porte-bonheur). Tout autour de la famille des propriétaires, les villageois ont apporté des cadeaux emballés (sommairement) dans des paniers tandis qu'en retour on leur distribue des bonbons.
Coup d'oeil sur le chantier pour essayer d'en apprécier la technique. Tout d'abord pour hisser les éléments de charpente les ouvriers utilisent des cordes faites de paille de riz! Les pièces de charpente sont assemblées par tenons et mortaise, sans clous mais avec des chevilles de bois. Comme au Moyen Age chez nous, pour gagner de la surface dans les étages, on construit en encorbellement. Les poutres du premier niveau dépassent des murs du rez-de-chaussée de 50-60cm et supportent des poteaux excentrés de l'étage supérieur.

Etape dans des jardins de thé.
Des cueilleuses s'y affèrent. Bien sûr, ces pentes couvertes de théiers n'ont pas l'ampleur des "montagnes de thé" que l'on peut voir au Sri Lanka où nous voyagions il y a peu.

  
Théiers non loin de SANJIANG
(photos empruntées)

Une demi-heure de route pour rentrer sur Sanjiang.
Le temps d'apercevoir à nouveau des hameaux avec des maisons traditionnelles sur trois niveaux (le niveau inférieur pour les animaux, celui du milieu pour les hommes et le supérieur à usage de grenier). Une structure de maisons de montagnards que l'on retrouve un peu partout dans le monde. Des tas de paille de riz de l'an passé sont dressés autour d'un mât soutenu par un trépied (pour la stabilité). On tire la paille à la base et ainsi le tas descend peu à peu. Selon Jean, les petits chevaux que l'on voit dans cette région appartiennent à une race locale qui n'aurait rien à voir avec les petits chevaux mongols. Troupeaux divers sur la route et porteur de charges avec la palanche...

 
Sur le chemin du retour à SANJIANG
(photos empruntées)

Arrivée à Sanjiang ("les trois rivières"), "bourgade" sans grand intérêt où vivent néanmoins 30 000 âmes.
C'est une ville d'apparence peu attrayante et sale, aux façades en carrelage ou protégées contre les voleurs par des grilles. Véhicules petits, parfois sales et vieux: nombreux mini-minibus pour conduire les touristes dans les villages de montagne, grossiers moto-rickchaws à la chinoise...

Dîner au Sanjiang Hotel**.
Repas sans relief particulier sinon le voisinage de Chinois bruyants et qui crachent sur le carrelage de la salle de restaurant.
Jean nous décourage de nous balader en ville après le dîner en raison des pickpockets et autres personnages indésirables.

Nuit au Sanjiang Hotel**.


Petit-déjeuner.

Il fait beau. Nous aurons de la chance pour admirer les fabuleuses rizières en terrasses de Longji, l'Echine du Dragon ("long" signifie "dragon" en chinois), l'un des plus beaux paysages de Chine, "sur le chemin du paradis"...
Nous traversons Longsheng (100 000 habitants ??? je doute de mon chiffre.. peut être 10 fois moins!) avec son usine de talc (poudre tendre et grasse, bien connue des fesses des bébés, tirée d'un silicate de magnésium).

Les rizières en terrasses de Longji, sont un site en accès payant (3€ hors usage des bus locaux).
Le site avait été repéré dès les années 1960 par un riche touriste chinois de Taïwan, à l'initiative de son développement touristique actuel. Celui-ci est bien engagé depuis qu'une bonne route (en béton comme je l'ai déjà signalé) a été aménagée depuis les années 1980.

C'est depuis plus de 650 ans, époque des Yuan (XIIIe s.) que des rizières en terrasses couvrent les collines de cette région sur 800 mètres, entre 380 et 1180 m d'altitude. Les sommets s'élèvent au-dessus des rizières, jusqu'à 1916 m. d'altitude. La forme ondulante du relief justifie pleinement la comparaison avec le dragon.
Trois ethnies occupent la région: zhuang, yao et miao.

Le paysage des terrasses est partagé en deux secteurs.

Le plus éloigné, où nous n'aurons pas la chance de nous rendre, est le secteur Jinkeng dont le panorama le plus élevé se situe à 1180 m. et qui comporte 6 villages dont certains rattachés à l'ethnie des Yaos rouges, villages dominés par 3 points de vue ("la grande échelle du ciel", "le sommet du Bouddha d'or" et "la musique du paradis").

Pour notre part, nous ne visitons que le secteur du village zhuang de Ping'An (qui signifie "Sécurité") qui culmine à 950 m. (ce secteur est dit "9 dragons et 5 tigres") mais pour notre part nous n'irons pas plus loin que le point de vue situé à 880 m, juste au-dessus du village, avec le panorama des "7 étoiles accompagnant la lune".


L'idéal serait bien sûr de disposer d'une journée entière pour relier les deux secteurs dans un trek parcourant les crêtes, à condition d'aimer la marche...


Pour accéder au village de Ping'An, nous devons d'abord acquitter un droit d'entrée au village de Jin Zhu puis prendre un minibus spécial dès le fond de la vallée. Après 9 km de route de montagne, on nous dépose sur un parking situé au pied du village. Il reste quelques centaines de mètres pour y pénétrer.

  PING'AN, enfin !

Encore un peu d'énergie pour gravir tranquillement les ruelles pentues mais bien aménagées, avec un confortable dallage de schiste gris clair (comme à Chengyang) pour accéder aux points de vue sur les rizières. Un petit air de Mont Saint Michel avec cette rue pentue et ces boutiques tout le long du parcours.

On distingue les ethnies présentent par les costumes différents des femmes qui vendent des objets d'artisanat (notamment des pièces d'étoffe en batik me semble-t-il) et des souvenirs ou autres babioles. D'après Jean, les zhuangs aux vêtements clairs et aux cheveux couverts par un tissu éponge occupent généralement les collines, tandis que, venus d'un village voisin, les yaos rouges aux vêtements évidemment rouges et portant un imposant chignon (en partie postiche comme on le verra) recouvert par un fichu noir, occupent plutôt les vallées. On peu voir aussi des femmes miaos au costume très chargé (coiffe de breloques) et coloré. Bref, le tourisme provoque un méli-mélo de tout un microcosme ethnique de la région.



PING'AN - Femmes yaos rouges



Nous arrêtons près d'une fontaine où une jeune fille fait son shampoing. Un groupe de femmes yaos, en représentation chez leurs voisins zhuangs, en profite alors pour nous proposer de dévoiler non pas leurs charmes mais leur coiffure moyennant 2 yuans par figurantes (elles sont quatre d'abord puis cinq). Leur fichu ôté, elles dénouent alors leurs cheveux. En fait, une partie est postiche car elles nouent à leur longue chevelure ébène, une natte faite de leurs cheveux coupés à l'âge de 18 ans. Les femmes mariées se distinguent par un port du chignon beaucoup plus en avant sur la tête. Plus loin nous verrons quelques jeunes filles en costume miao particulièrement kitsch...

 

 
 
PING'AN, coiffure des femmes yaos rouges
(photos empruntées)

Les revenus apportés par le tourisme (restaurants, guesthouses, ventes de souvenirs...) modifient déjà profondément les pratiques traditionnelles villageoises. Par exemple, on ne fait plus qu'une seule récolte de riz. Planté en juillet, il sera récolté à l'automne. Du coup, les rizières sont oisives en cette période et on a l'impression que certaines sont en eau juste pour le coup d'oeil, pour faire joli. Tandis que le riz d'été présente l'avantage d'être de meilleure qualité et d'offrir un joli décor au grand nombre de touristes estivaux même si le temps est alors un peu plus chagrin. En ce moment quelques terrasses proches du village sont occupées par des cultures de pommes de terre.

Les plus grandes parcelles, n'atteignent pas la surface d'un "mu" (660 m² environ) alors que les plus petites sont minuscules et ne couvrent parfois que la surface d'une pièce d'habitation et, de plus, ont une forme biscornue. Bref, on comprend que toute mécanisation de la culture est impensable dans ces montagnes. Ces rizières en terrasses ont été créées il y a plus de 700 ans (celles de Yuanyang dans le Yunnan sont encore plus anciennes: 1 300 ans), sachant   que les Chinois cultivent le riz  depuis 8 000 ans !

  
  

PING'AN, rizières en terrasses de Lonji.
Village de la minorité Zhuang
"Les sept étoiles accompagnant la Lune"
(photos empruntées)

Du point de vue situé en haut du village, le spectacle est quand même magique, avec ces courbes argentées et tortueuses qui épousent les collines en suivant les courbes de niveau. Malheureusement aucune activité agricole ne s'y manifeste en cette période (pour la raison évoquée plus haut). La série de sommets de collines en terrasses que nous avons sous les yeux (ces dernières terrasses plus sèches sont occupées par du maïs en été) est appelée "les 7 étoiles accompagnant la lune". Il y a bien 7 éminences mais où est la lune ? Dans le ciel, pardi! Où voulez-vous qu'elle soit ? En réalité, l'une des sept terrasses supérieures, la plus proche au milieu du paysage, reste en eau et c'est là que la lune peut se refléter la nuit...
Pour avoir une autre vue, il faudrait avoir un peu de temps et prendre un sentier qui conduit sur la colline la plus élevée, au-dessus du village, sur le trajet du sentier qui conduit à l'autre secteur de rizières, celui de Jinkeng.

  
  
PING'AN, dans le village de la minorité Zhuang
(photos empruntées)

Le spectacle est aussi dans les ruelles du village qu'il faut songer à redescendre. Pour s'éviter toute fatigue, certains riches touristes (chinois?) se font transporter par deux porteurs sur une sorte de palanquin, de brancard ou de civière en bambou. Plus tranquillement, se faufilant au pied d'une marche un long serpent se glisse vers une terrasse en friche tandis qu'un peu plus loin une couvée de canetons apprécie de se rafraîchir dans le caniveau.
Midi approche et nous voyons des marchands utiliser de drôles d'appareil pour travailler le tofu en feuilles. L'appétit ne vient pas seulement en mangeant mais aussi en voyant les restaurants et popotes présenter des épis de maïs grillé ou bouilli et surtout des tuyaux de bambous noircis par la flamme de braseros et d'où se dégagent des effluves stimulantes pour les papilles. Jean explique que l'intérieur est rempli d'une farce à base de porc et de riz gluant.

 
PING'AN, l'heure du déjeuner
(photos empruntées)

Le bus local nous conduit au parking dans la vallée. C'est l'heure du déjeuner.

Jean nous a parlé d'un déjeuner chez un paysan à Ping'An (en fait, près du parking de la vallée). Et en fait de paysan, c'est sans doute un paysan enrichi ou opportuniste qui a installé là un restaurant moderne.
Nous aurons droit aussi à nos tuyaux de bambous. Mais ils sont petits et réutilisables car les deux demi-cylindres sont maintenus par des élastiques et la cuisson n'est pas à la flamme mais à la vapeur. C'est néanmoins délicieux. Pour rester dans le bambou, nous aurons droit aussi à un émincé de jeunes pousses (décidément les pandas ont bon goût), à un oeuf poché frit, à une salade à base de tofu et légumes émincés et à du poisson chat. Se servir du poisson en Chine (ce n'est pas le premier poisson que nous mangeons dans ce pays) est toujours un art difficile car il faut arriver à dégager les filets de dessous sans retourner l'animal sinon on ferait également se retourner la barque du pêcheur...

 

Nous reprenons notre minibus car nous avons près de 100 km et 2h30 de route pour rentrer sur Guilin.
Des artisans carriers-marbriers travaillent des dalles de schiste clair pour en faire du dallage ou des stèles funéraires. A ce propos, on continue de voir, ici comme ailleurs en Chine, des tombes dispersées en pleine nature, avec leur petit monticule de terre, leur stèle et un piquet auquel ont été accrochés les papiers brillants un mois plutôt (5 avril, fête des Morts).
Au bord des routes, on peut voir des femmes portant de lourds paniers sur le dos.
Contrairement à la région de Pékin ou au centre, ici la malédiction du chiffre 4 ne semble pas sévir. Les grands panneaux publicitaires n'hésitent pas à afficher des numéros de téléphone comportant des 4. L'explication en est simple. Les langues de la région s'apparentent au cantonnais et la prononciation du chiffre 4 n'est pas homophone du mot "mort" comme elle l'est en mandarin!

Une surprise aussi par rapport à la veille, une présence policière avec force barrages et contrôles routiers... ne nous concernant pas, évidemment! C'est vrai que dans ce pays qui est pourtant une dictature, on ne voit pratiquement pas la gent armée ou policière si ce n'est à la parade comme sur la place Tien An Men. Mais nous sommes le 1er mai nous fait remarquer Jean! Et alors? C'est jour de fête et pour pouvoir festoyer (et s'enivrer) en soirée, il faut collecter des fonds. Ça se produit donc également pour la fête du Printemps et pour celle de l'Automne...
Autre sujet d'étonnement. Le minibus doit souvent s'arrêter faire le plein. Certes non avons fait de la montagne mais pas tant que ça et rien de très difficile. En ces temps de crise pétrolière, on pratique ici (car ailleurs on ne s'en est pas rendu compte) une forme particulière d'incitation aux économies, qui a été en vigueur chez nous lors de précédentes crises, et consistant à imposer aux stations-service de ne distribuer du carburant que pour la somme de 100 yuans (soit à peine la valeur de 20 litres), ce qui n'empêcherait pas de s'arrêter en reprendre à la station suivante, si toutefois elle ne se trouvait pas à cours comme on peut le constater.

 


Wutong, petit village à une trentaine de kilomètres de Guilin.


Nous faisons un petit arrêt dans ce village triste et sale que nous n'avions pas pu visiter la veille en raison de la pluie. En ce milieu d'après-midi, il n'y a plus grand chose à y voir. Nous parcourons une rue centrale où s'était tenu le marché. Il reste encore du lard tout noir! avis aux amateurs... pour notre part, nous pourrons apprécier ultérieurement cette denrée. Aux étals, on voit aussi des poissons encore vivants dans une bassine, des nouilles de toutes sortes, des feuilles de soja séché et des commerçantes qui jouent aux cartes en attendant le chaland...

 

 
 
Dans le village de Wutong


En arrivant à Guilin, Jean considère qu'il est encore tôt et que nous serons certainement intéressés par la visite d'un magasin de perles MAIS d'eau de mer cette fois. Alors que nous n'avons qu'une hâte, nous rendre à l'hôtel pour retrouver "notre" petite prof de français dont nous sommes séparés depuis près de 9 mois et qui, profitant de congés, vient nous rejoindre pour la fin du circuit.
Ce magasin travaille en collaboration avec des éleveurs de la côte. La visite se solde par un aussi piètre bilan commercial que celle de Pékin.

Pas découragé par cet échec, Jean qui veut à tout prix faire tourner l'industrie touristique locale nous propose pour la soirée une série d'activités optionnelles dispendieuses: croisière nocturne sur la rivière Lijiang (18€ !!!), spectacle de danses des minorités (12€), massages... mais il n'a pas de succès là-dessus non plus!

Arrivés à l'Universal Hotel où nous devons passer une nouvelle nuit, pas de fille à nous attendre! Arrivée plus tôt, en bonne routarde qu'elle est, elle n'a pas pu résister à l'appel de la découverte et de l'aventure qui l'a déjà entraînée dans cette ville qu'elle ne connaît pas encore.
A son retour à l'hôtel, nous découvrons que nous avons une chambre triple comme prévu mais sans vue intéressante cette fois.



Dîner.
Parmi les mets, plateau de fruits avec une présentation élaborée, ce qui est inhabituel.
Bernard nous permet d'arroser le repas d'un vin chinois Dynasty, "Great Wall Wine" rouge. Alors c'est le moment ou jamais de trinquer en disant "tchin-tchin" puisque les Français qui découvraient la Chine ont intégré cette expression en voyant des Chinois s'inviter réciproquement à boire par le mot "qin" (prononcé [tchin]) qui signifie «je vous en prie».
C'est une vieille tradition... Jadis l’empoisonnement étant courant, trinquer se faisait donc en deux temps: l’un des buveurs frappait son verre contre celui de l’autre en y versant un peu de son breuvage, puis le second faisant de même.
 

 

 

Forts des repérages déjà effectués par notre routarde, nous nous laissons entraîner pour une petite promenade dans les parcs qui longent la rivière et pouvons admirer les pagodes illuminées comme des sapins de Noël se reflétant dans l'eau, l'une d'or, l'autre d'argent.
Il y a foule en ce jour férié du 1er mai dans ces jardins publics, tout comme dans une large rue piétonne et marchande qui se trouve non loin de là, entre la place de Hong Kong et la place Guilin Wangcheng, rue qui nous ramène à l'hôtel. Si nous avions faim, nous pourrions acheter aux étals de certaines boutiques des brochettes, des coquillages... de toutes sortes...

Nouvelle nuit à l'Universal Hotel*** de Guilin.


BREF, NOUS AVONS PASSE DEUX MERVEILLEUSES JOURNEES CHEZ LES PEUPLES DES MONTAGNES...


Petit-déjeuner.

Toujours pas de tai-chi ce matin et Jean nous prévient que la visite au marché de bonsaïs et d'oiseaux mentionnée dans notre programme et prévue tôt le matin ne peut pas avoir lieu pour la bonne raison que, depuis deux ans, cet espace a été pris par une opération immobilière.


Croisière sur la rivière LI: de GUILIN à YANGSHUO (45€) :


Il faut partir assez tôt pour rejoindre l'embarcadère à quelque distance de la ville.


Embarquement pour une croisière d'environ quatre heures (il y a 83 km entre Guilin et Yangshuo mais nous embarquons à 28 km plus en aval, à Zhujiang, du côté de Daxu). La durée varie en fonction du niveau de l'eau.

Au milieu d'extraordinaires paysages d'estampes nous descendons le cours de la rivière Li (ou Lijiang longue de 440 km et affluent de la Zhujiang, "la rivière des Perles", avec laquelle elle conflue à Wuzhou, à 250 km en aval de Guillin) en direction de Yangshuo.
Le paysage est émaillé d'une cinquantaine de pains de sucre remarquables, plus insolites les uns que les autres et aux noms toujours pittoresques d'où jaillissent des bosquets de bambous en éventail.
L'eau limpide du Lijiang et les pics majestueux aux roches étranges qui la bordent donnent au site une fausse impression de tableau figé.
La rivière aux eaux d'émeraude serpente au milieu de centaines de pitons qui jouent souvent à cache-cache dans la brume tandis que les nuages créent une ambiance mystérieuse et irréelle. On comprend que tant de poètes et de peintres y aient trouvé la source de leur inspiration.

Pour les touristes qui font la croisière sur la durée d'une journée, une formule offre la possibilité de visiter les grottes de Crown Cave (6€, durée 2 heures).

Des paysages de plus en plus féeriques (entre Yangdi et Xinping) se révèlent au cours de cette excursion qui permet aussi d'admirer les villages (Fuli, Guanyang...) aux toits de tuiles, tapis au bord de la rivière où se baignent de placides buffles.

Bienheureux les imaginatifs pour décrypter les formes des pics et collines: "les coqs de combat", "la bouteille à la mer", "pic du père et du fils", "cinq tigres attrapant un mouton", "tortues qui grimpent", "colline gratte-ciel", "colline aux cinq doigts"... signalés dans les guides mais je n'ai pas su les identifier.
Quant à "la femme qui attend" et "la falaise peinte aux neuf chevaux" ou "la colline en escargot", Jean nous a aidés à les repérer...

Ce jour et à cette heure, nous n'avons pas l'occasion d'approcher de paysans dans les rizières mais l'on croise les pittoresques embarcations de vendeurs ou de pêcheurs locaux. Leurs frêles radeaux de bambou, utilisés notamment par les pêcheurs pratiquant la nuit la pêche traditionnelle au cormoran, sont souvent faits de seulement cinq troncs de bambou attachés ensemble. Certains sont transformés en embarcation de promenade pour touriste(s).

Les cormorans ne pêchent que la nuit. Chaque pêcheur au cormoran mène à la voix 5 ou 6 oiseaux pêcheurs, privés de nourriture et captifs au bout de leur laisse qu'ils serrent sur la gorge de l'animal dès que celui-ci a plongé et s'est saisi d'un poisson.
Les Chinois ne font souvent guère de sentiment à l'égard des animaux mais après tout, s'ils gavent
désormais aussi des oies, c'est qu'ils nous ont emprunté cette pratique barbare!

Dans une région au relief aussi tourmenté, chaque mètre carré de sol cultivable est précieux: cultures de châtaignes d'eau, pamplemousses en forme de poire, agrumes divers (oranges, mandarines), mangues, kakis... La moitié de la population appartient à des minorités ethniques (Miao, Yi, Dong, Zhuang).

 

 

Question piège adressée à ceux qui ont visité le Vietnam: est-ce mieux que la Baie d'Halong ? Réponse bateau: c'est différent!

Ici l'environnement est moins aquatique puisque l'on se cantonne au ruban de la rivière et du coup on ne ressent pas une forme de liberté d'aller ici ou là, de contourner tel rocher, liberté que l'on a dans une baie mais les rochers d'ici sont de vrais pics, collines et petites montagnes.
Une autre comparaison est possible avec la "Baie d'Halong Terrestre", toujours au Vietnam, dans la région d'Hoa Lu. Ici, il y a beaucoup plus de pics (le trajet est d'ailleurs bien plus long) mais la rivière Lijiang est beaucoup plus importante et du coup moins pittoresque (à Hoa Lu, on ne peut emprunter que des barques pour 3 ou 4 personnes, rameuse comprise)...

 

  
De Guilin à Yangshuo, sur la Rivière Li
(photos empruntées)

Contrairement aux indications du programme, nous déjeunons à bord du bateau, un repas banal...

Dans le dernier tiers du parcours, le paysage devient plus banal également, les pics moins élancés et plus lointains. Déjà l'embarcadère de Yangshuo est en vue avec ses cormorans prêts à prendre ...la pose!

Pour les touristes qui disposent de leur après-midi à Yangshuo diverses possibilités se présentent: découverte de la bourgade au milieu des rizières, en flânant dans les ruelles bordées d'échoppes, exploration de ses marchés colorés ou excursion dans la campagne environnante pour découvrir à vélo (option) les villages et rizières lovés aux pieds des monts karstiques aux formes étranges.

Visite du parc crée en 1915 et agrandi en 1934. Il est planté de camphriers, lauriers, pruniers et bambous. Les pics de la beauté Solitaire, de la Splendeur Concentrée et le ruisseau de la Double Lune lui servent d'écrin.
Et, la nuit venue, possibilité de démonstration de pêche au cormoran...


Débarquement à Yangshuo où nous n'avons pas le temps d'être importunés par les pêcheurs qui prennent la pose moyennant finances avec des cormorans perchés sur un bâton de bambou qu'ils tiennent horizontalement sur les épaules. Non! Nous, c'est au pas de course que nous allons prendre une voiture électrique (supplément imprévu de 10 yuans) pour nous conduire rapidement au parking où notre minibus nous attend.
Pourquoi tant de précipitation ? Hé bien, cette fois notre avion pour Hangzhou n'est pas retardé mais, au contraire, avancé ! Je crois que nous faisons une fois de plus les frais du fort trafic lié à cette période de congés en Chine.

Certes, il n'y a que 55 km pour gagner l'aéroport mais c'est un axe très surveillé sur le plan du respect des vitesses et donc truffé de radars (on a vu quelques uns dans les autres régions visitées). Pour gagner du temps, nos bagages ont déjà été acheminés à l'aéroport et pré-enregistrés.
Pendant un long moment, en remontant vers Guilin, le paysage reste ponctué de pics émergeant au-dessus de la plaine cultivée.


Le vol de Xi'an à Guilin s'étant passé sans encombre, ici comme nos bagages étaient pré-enregistrés, les formalités deraient être particulièrement simples. Que nenni !
En entrant dans le hall de l'aéroport, la présence d'un vieille chinoise proposant des sacs poubelles nous laisse un peu perplexe. Puis un jeune policier, contrôleur ou vigile, fort de l'autorité que lui confère le port d'un uniforme chamaré s'avise que nous ne respectons pas la consigne placardées en gros caractères rouges et en anglais sur une banderole et dont la traduction est la suivante: "UN SEUL BAGAGE DE CABINE DE 5 KG PAR PERSONNE". Il ne tient aucun compte du fait que pour ceux d'entre nous qui en ont deux, il ne s'agit que de minuscules sacs. Jean tente de s'expliquer ...en vain. Mais comme il y en a de fourré dans nos petites cervelles occidentale, l'idée jaillit, lumineuse, de mettre les plus petits sacs dans les plus grands. Ainsi, le tour est joué... sans même avoir besoin de marchander l'achat des fameux sacs poubelles!
Reste à passer les portiques de détection qui ont la manie d'être plus sensibles ici qu'ailleurs.
Comment peut-on être aussi pointilleux et désagréable dans une ville aussi touristique. Au fond, peut-être est-ce justement la cause. Et si ici l'on n'aimait pas tant que ça ces touristes ?
A notre tour de dire ce qui nous déplaît encore: par-dessus le marché l'aéroport de Guilin est vraiment moche!

Dès 16h30, envol pour Hangzhou, dans la région de Shanghai (à quelques 1200 km au nord-est), vol avec quelques turbulences, une fois de plus...
A l'approche de Hangzhou, nous avons le spectacle d'un paysage traversé par des bras de rivières, avec des champs alignés au cordeau et des villes dont les maisons et immeubles récents aux toits de tuiles rouges respirent l'aisance. Ça nous change du gris des tuiles et briques du centre et du nord de la Chine.
Arrivée à 18h10 après environ 2h20 de vol...

Arrivés à HANGZHOU, nous sommes accueillis par Philippe (un pseudo de son temps d'étudiant en français) qui sera notre guide pour la seule journée suivante. La trentaine, guide n'est pas son vrai métier, il est fonctionnaire de la ville de Hangzhou où il travaille au service des affaires étrangères. Demain étant samedi, il pouvait donc nous accompagner. Tout comme Mademoiselle Li (à XI'an), il a étudié le français pendant 4 ans, également à l'université de Wuhan, capitale de la province voisine.

Le trajet qui dure une bonne demi-heure pour gagner la ville de Hangzhou permet d'avoir confirmation de l'opulence de la région. Les maisons qui s'alignent le long des routes, au milieu de grands terrains sont de villas plus ou moins kitschs et prétentieuses, mimant des palais de la Belle au Bois Dormant, des châteaux à tourelles... Ce sont les maisons des riches paysans du coin!
Hangzhou est une ville prospère et ultramoderne avec les tours de bureaux de son quartier d'affaires.

Dîner dans un restaurant en étage de l'un de ces immeubles du centre.
Peu appétissantes et peu savoureuses racines marrons à l'aspect de déjections canines. En revanche, on apprécie davantage la possibilité de rouler quelques brick remplies de légumes émincés et de fins vermicelles rissolés...

Après le dîner, nous gagnons les quartiers résidentiels. La ville que l'on devine est bien proprette et coquette. Dans son écrin de verdure, elle se mire dans les eaux de la rivière non polluée Qiantang venant des Monts Jaunes (plus au sud), rivière qui n'a donc rien à voir avec le Yang-tseu-kiang qui coule un peu plus au nord.
Et le lac de l'Ouest où se reflètent les lampadaires et les illuminations... Chouette ! notre hôtel en est tout proche.

Nuit au Lily Hotel*** (150 chambres). Situation extra sur la rue Shuguang , au nord-ouest du lac, près du parc Zhongshan. C'est une rue où se trouvent de nombreux salons de thé et qui est toute proche de l'université de la province.

Cette fois, nous découvrons que notre réservation en chambre triple avait carrément été oubliée (notre fille aura droit à un lit d'appoint au bout d'une petite demi-heure).

 



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