LA
CHINE N'ETAIT PAS MURE L'erreur
fondamentale a été de ''donner'' les J.O. à la Chine en 2001
(année où par ailleurs on l'accueillait dans l'Organisation Mondiale
du Commerce). C'était laisser trop peu de temps à la Chine d'évoluer
sur le chemin des Droits de l'Homme comme elle s'y
était engagée. Qui en est coupable ? C'est le fait du Comité
Olympique International, instance supranationale, sans aucun fondement démocratique.
En quelque sorte, une institution et un régime faits pour s'entendre dans
l'optique de briller face au monde. L'évocation
du Tibet a tendance à masquer le problème général
des Droits de l'Homme et devient en quelque sorte
l'arbre qui cache la forêt. D'ailleurs pendant que se déroulent ces
évènements tibétains, les autorités chinoises continuent
de réprimer et de condamner des opposants politiques chinois. Il
faut aussi s'interroger sur nous-même. Devons-nous nous ériger
en donneurs de leçons et en procureurs implacables. Malgré nos siècles
passés éclairés par les Lumières, cela ne nous a pas
empêchés de commettre encore trop longtemps l'esclavage puis de persister
dans la colonisation. Comment dans la réalité se traduisent nos
grands idéaux (Liberté : voir le comportement de nos policiers lors
du passage de la flamme olympique à Paris, Egalité : voir le nombre
croissant de laissé-pour-compte dans nos sociétés, Fraternité
: voir les condamnation à une double peine ou les conditions d'emprisonnement
indignes)
Et qu'en est-il de notre respect des cultures et langues régionales
au sein de l'Hexagone ? Des internautes chinois nous mettent en demeure de donner
l'indépendance à la Corse
PETIT
RAPPEL HEXAGONAL L'Etat
jacobin n'a eu de cesse depuis la Révolution de persécuter les cultures
régionales et les tendances girondines qui caractérise aussi la
France. Pays schizophrène et pétri de contradictions... Une
Charte européenne des langues régionales et minoritaires a été
adoptée par le Conseil de l'Europe, le 25 juin 1992, à Strasbourg
(!), et à l'aube du XIXe s. la France est toujours à la traîne,
la Charte restant lettre morte sur son territoire. L'objectif de cette charte
est de protéger et de promouvoir (rendre accessible leur apprentissage,
non-discrimination dans l'utilisation) ces langues en tant qu'éléments
menacés du patrimoine culturel européen. Or l'Etat en France ne
protège pas ces langues, il les tolère... La Convention sur
les langues régionales que la France s'est enfin résolue à
signer à Budapest, le 7 mai 1999, n'est qu'un coup d'épée
dans l'eau car la prise en compte de la Charte imposerait de modifier la Constitution,
vaste chantier que peu d'hommes politiques ont eu le courage d'affronter... jusqu'à
tout récemment. En matière d'ouverture linguistique, la France
apparaît donc comme un bien mauvais élève de la Communauté
Européenne et même sur la scène mondiale (cf. l'article "The
Sounds of Silence" du magazine américain "Newsweek"
du 19 juin 2000).
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MALADRESSES ET MALENTENDUS Qui
manipule qui (Chinois casseurs mêlés aux manifestants tibétains,
contre manifestants chinois à la solde de leur ambassade ou consulat dans
les villes occidentales)? Quels sont les vrais enjeux ? L'Occident
appuie une revendication d'autonomie que les Chinois traduisent en revendication
d'indépendance. Le dalaï-lama proclame qu'il est prêt à
démissionner pour apaiser les tensions alors que Pékin l'accuse
d'être à la tête d'une "clique" fomentant
ces troubles. La
Chine reproche à l'occident son impérialisme mais pendant ce temps
elle se livre à une mise en coupe réglée de type colonial
en Afrique et en Amérique latine.
Un service d'ordre chinois accompagne le parcours de la flamme olympique à
l'étranger en ajoutant un peu plus de pagaille aux manifestations de soutien
organisées en faveur du Tibet. Ici, on parle de boycott symbolique
des cérémonies officielles des JO, là-bas on riposte avec
des menaces de boycott de nos produits, boycott symbolique puisque Carrefour en
Chine c'est au moins 90% de produits de personnels chinois... ce type de boycott
ne peut faire que long feu. Ici, on surenchérit sur le même registre
commercial. Pourquoi cet acharnement à l'égard de la France? Notre
pays serait paraît-il "le maillon faible"... Au final,
il paraît que nous aurions moins à y perdre (centrales nucléaires,
Airbus ou TGV) que la Chine (textiles, jouets, électroménager, matériels
électroniques : TV, ordinateurs, téléphones
) dont nous
ne saurions plus nous passer. Sauf que d'un côté ce serait un boycott
institutionnel solide tandis que nous ne saurions y opposer qu'un boycott désordonné
et bien friable. En représailles, les Chinois pensent aussi au boycott
touristique de la France. Là on y perd car ils sont 600 000 à
venir nous visiter chaque année alors qu'il n'y a que 400 000 Français
à se rendre en Chine. Et
attention au décalage entre les opinions publiques occidentales et leurs
gouvernements. Attention aussi à l'absence, une fois de plus, de cohérence
au sein de la Communauté Européenne... |
RACCOURCIS
HISTORIQUES SUR LE TIBET L'ancien
royaume du Tibet (organisé vers le VIe s.), après être
passé sous le contrôle des Mongols au XIIIe s., retrouve un
siècle plus tard une indépendance troublée de querelles intestines
(même entre monastères) qu'il préservera jusqu'au début
du XVIIIe s. tandis qu'émerge un régime politique de plus en
plus théocratique aux mains du dalaï-lama. Dès lors, le
pays passe sous le contrôle de la dynastie chinoise des Qing, sous une sorte
de protectorat (1720-1911). Le pays est en conflit avec ses voisins du Népal
et du Ladakh.
A partir de 1904, les Anglais interviennent au Tibet afin
de faire barrage à l'expansionnisme russe. Un régime d'autonomie
est mis en place mais sera contesté tant par les derniers souverains Qing
que par la République de Chine que par la République Populaire,
qui aussitôt après sa mise en place, envahit le Tibet en 1950 sans
que la Grande Bretagne ou l'Inde ne bronchent. Une certaine autonomie est maintenue
avec des compromis tels que l'abolition de pratiques féodales (servage)
et l'adoption d'une constitution tibétaine assortie de la désignation
du dalaï-lama comme président du pays et comme vice-président
du Congrès national du peuple.
Mais c'est trop de bouleversement
pour les communautés monastiques qui soulèvent les paysans (crainte
de l'établissement de communes populaires) et fomentent des troubles et
des actions de guérilla à partir de 1956 et jusqu'à la grande
révolte de Lhassa du 10 mars 1959. Lors de ces évènements,
quelque 87 000 Tibétains sont morts tandis que le dalaï-lama
et 200 000 Tibétains s'exilent en Inde. Le pays est démembré
(parties rattachées aux provinces voisines) par les autorités chinoises,
tandis que la Révolution Culturelle lancée avec le retour aux affaires
(après
une éclipse depuis 1959) de
Mao Zedong de 1965 à 1972, s'acharnera sur sa culture du Tibet et sur ses
habitants (destruction des temples, stérilisation des femmes). Bien avant
Mao, K. Marx ne considérait-il pas que "[les peuples minoritaires]
...sont un défi à la Révolution (et qu'ils devront) disparaître
de la surface de la terre lors de la prochaine guerre mondiale. Ce sera un progrès".
Un
assouplissement au début des années 80 fera long feu en raison de
nouvelles manifestations durement réprimées. La main mise chinoise
s'est encore accrue depuis les années 90 avec la colonisation de peuplement
Han, les Chinois sont aujourd'hui plus nombreux au Tibet que les Tibétains
(8 millions contre 6 millions) tandis que le pays est mis en coupe réglée
afin d'en accaparer les ressources (or, cuivre, plomb et tout simplement l'eau,
denrée précieuse qui fait tellement défaut en Chine).
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LE
POIDS D'UNE CULTURE
Comme
un leitmotiv, les Chinois disent tous spontanément que la démocratie
est difficile à envisager dans leur pays car ''[ils]
sont
trop nombreux''. Même s'il existe une cohérence ethnique dans
une telle masse, la reconnaissance de l'individu amènerait fatalement à
un certain désordre voire à l'apparition de forces centrifuges.
Il
faut considérer que la Chine vit depuis 4000 ans
sous des régimes autoritaires. Le communisme n'est qu'une nouvelle
forme d'empire autocratique mâtiné d'oligarchie (en évolution
vers une ploutocratie). Il
ne faut pas oublier également le poids du confucianisme dans la culture
chinoise. Par une éducation normative, il prône le respect de l'autorité
et d'un ordre hiérarchique (des parents, des maîtres, des monarques)
sage et vertueux (qualificatif que lesdits souverains oublient en général).
Son avatar, le légisme (qui fut en vigueur sous la dynastie Qin au
IIIe s. av. JC) allait plus loin en prônant l'absolutisme et l'exercice
du pouvoir autoritaire indépendamment de toute considération morale
en s'appuyant sur la paysannerie, l'armée et des fonctionnaires rigoureusement
sélectionnés et ...sanctionnés. On a l'impression que le
maoïsme a su l'intégrer aux doctrines marxistes-léninistes.
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CONSIDERATIONS
TACTIQUES
Pour gérer la crise, il faudrait prendre en compte quelques aspects
tactiques particuliers. Serait-il possible de s'appuyer sur la technique
de certains arts martiaux orientaux dans lesquels il faut savoir utiliser la force
de l'adversaire pour le mettre à terre ? Comment aller vers un compromis
sans faire perdre la si précieuse face collective de tout un peuple qui
a tant idéalisé ces jeux ? Sur quoi faudrait-il être
intransigeant ? La liberté totale de circulation des journalistes en Chine
? La retransmission des cérémonies et épreuves des JO en
direct absolu (évocation chinoise de recours au différé)
?
Au
final, une fois la fièvre olympique passée que restera-t-il de toute
cette agitation politique et géopolitique ? Un tour de vis supplémentaire
pour les Tibétains ou un assouplissement dans quelque temps (pour préserver
la face chinoise) ? Une ouverture démocratique des institutions politiques
chinoises ou un durcissement avec un repli dans l'autoritarisme ? Pour ma
part, je me risque à pronostiquer une éviction de Hu Jintao (Président
de la République, secrétaire général du parti communiste
et chef des armées) et de sa "clique" pour ne pas avoir
su prévenir et contenir les évènements tibétains ce
d'autant plus qu'il a été gouverneur de cette province il y a quelques
années. Dans les mois qui vont suivre les JO, il faut s'attendre à
des purges comme on s'y entend dans les partis communistes de ces dictatures. La
CHINE redeviendra-t-elle "le Pays du Milieu", nouveau centre
du monde... (comme sur cette carte centrée sur les Océans Indien
et Pacifique) ? ...et si la Chine n'était qu'un ''colosse aux pied
d'argile'' ? Au fond, la grande peur des dirigeants chinois ne vient-elle
pas du précédent qu'a constitué l'effondrement du bloc soviétique
et, deux ans plus tard, l'éclatement de l'URSS (21 décembre 1991)
qui se sont produit après la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.
Si après un Tibet (réunifié dans ses frontières historiques)
qui s'émanciperait de la Chine en devenant vraiment autonome sinon indépendant,
c'était au tour du Xinjiang (région autonome peuplée surtout
de Ouïgours et de Huis musulmans), de la Mongolie intérieure (autre
région autonome), de la Mandchourie (provinces de Heilongjiang et Jilin)
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