BOUDDHISME
et RELIGION(s).
Le prince Siddharta Gautama, qui vivait dans le nord de l'Inde au VI-Ve s
avant J- C découvrit peu à peu la dureté du monde et s'engagea dans la voie
du renoncement. C'est ainsi qu'il parvint vers l'âge de 30 ans (ça fait penser
à J-C) "l'illuminé" ou "BOUDDHA" ou encore Sakyamuni, et décida d'en ouvrir
l'accès aux autres humains. C'est plus un sage qu'un dieu bien que le bouddhisme
soit considéré comme une religion monothéiste. Curieusement, une partie de
sa doctrine rappelle celle du philosophe grec Héraclite, contemporain du
Bouddha, affirmait que tout, à chaque instant, est soumis au changement:
"Vous ne pouvez jamais descendre deux fois dans la même rivière,
car de nouvelles eaux sécoulent toujours sur vous. Deux
siècles plus tard sa doctrine fut adoptée comme religion d'Etat par l'empereur
Ashoka qui envoya des missionnaires indiens dans les pays voisins. Des fortes
communautés naquirent notamment à Ceylan ou en Thaïlande, à Nakhon Pathom (50 km
à l'ouest de Bangkok). Ce n'est pas qu'une pensée religieuse (ou philosophique)
qui se répandit à partir de l'Inde mais aussi une influence culturelle (langue),
artistique (danse...) et scientifique.
L’enseignement du bouddhisme repose sur la vie et l’expérience de Bouddha.
Selon la tradition, après avoir passé plus de sept ans à fréquenter les
ascètes de son pays, il aurait réfuté les principes philosophiques essentiels
de l’hindouisme et aurait fondé une communauté monastique dans le but
de partager son expérience d’Éveil en empruntant "la Voie du Milieu",
entre ascèse et hédonisme. Le Dharma, l'enseignement
du Bouddha ou "Loi bouddhique" est pratiqué par la Sangha,
la communauté bouddhique faite des moines, nonnes et laïcs
de deux sexes.
Bouddha étant contemporain
de l'époque où le brahmanisme devenait l'hindouisme, sa doctrine en a partiellement
hérité. Comme les hindous, les bouddhistes croient en la réincarnation sous de
multiples formes d'êtres vivants, selon un cycle infini (samsara) dont
la nature dépend des actes accomplis au cours des vies antérieures (karma).
Mais à ce principe, Bouddha a ajouté que l’homme peut atteindre la sagesse et
la paix de son âme (appelée le nirvana) en méditant et en renonçant aux
biens matériels. Tout est soumis à la Loi dImpermanence. Les choses
et les êtres sont comme les eaux des rivières constamment changeantes.
Ils sont impermanents et donc différents lors de deux instants consécutifs
aussi rapprochés soient-ils.
A noter que dans cette culture, la
femme possède un statut dévalorisé du fait d'un karma défavorable résultant
d'une vie antérieure insuffisamment méritante. C'est pour cela que les moines
mendiant ne peuvent recevoir directement l'aumône des mains d'une femme...
Paradoxalement, le bouddhisme né en Inde en a pratiquement disparu 15
siècles plus tard, vers le XIe s. Il semble qu'il n'était jamais
parvenu à pénétrer en profondeur les classes populaires restées attachées
à l'hindouisme.
De nombreuses écoles
ont vu le jour, définissant au fil du temps trois courants bouddhiste essentiels.
"Le
Petit Véhicule" (ou Hinayana) est resté proche de l’une des plus anciennes
sectes bouddhiques, l'école Theravada ("la voie des anciens"). Autrement dit le
salut n'est qu'à la portée des moines et des dévots.
Le bouddhisme Theravada, ancré à CEYLAN dès
le IIIe s. av. J-C et avait déjà effleuré la Thaïlande. Il s'est
imposé en Thaïlande au XVe s. puisque c'est la religion
officielle, pratiquée par 94% des habitants de ce pays (1% de chrétiens
et 4% de musulmans -dans le sud).
Dans ce courant, "l'éveil"
n'est accessible que grâce à son mérite individuel lequel résulte de la stricte
observance des préceptes bouddhistes. Aujourd’hui, outre la Thaïlande, le
Sri Lanka, le Laos et la Birmanie sont des pays de religion bouddhiste, dans la
tradition du Petit Véhicule. On le rencontre aussi, mais à un moindre degré,
au Cambodge où se sont mêlés bouddhisme et brahmanisme. Cette influence a néanmoins
existé, comme en témoignent les vestiges du passé, dans les contrées de Thaïlande
(Lopburi, Phimai...) qui furent à certaines époques (XIIe s.) sous domination
khmère. Le
bouddhisme dit du "Grand Véhicule" (ou Mahayana) est apparu dès le IVe s.
av. J-C. Le bouddhisme originel que l'on pouvait à peine qualifier
de monothéisme glisse vers une sorte de polythéisme puisque le Bouddha
historique est lui-même déifié.
Dans ce courant, le Bouddha historique (Siddharta Gautama), n'est que
le quatrième des 5 bouddhas de la méditation, les bouddhas
incarnés qui font suite au Bouddha primitif Amitabha.
Le dernier bouddha, celui de l'avenir Maitreya est représenté
assis sur un siège et sous un aspect jovial et ventripotent qu'affectionnent
particulièrement les Chinois, sous son nom de Milefo ou
Ru-Lai-Fo (Miroku au Japon et Di-lac Bo Tát au Vietnam)...
Le bouddhisme Mahayana fait intervenir des médiateurs, "les Bodhisattvas"
(sortes de "saints") qui font l'objet d'une grande vénération puisque
avec leur aide le salut est accessible aux plus simples. C'est un bouddhisme
de la compassion dans lequel on peut recevoir une aide (et en
apporter). Les Bodhisattvas peuvent même être représentés sous la forme
féminine, comme Avalokitesvara, la déesse de la miséricorde, nommée
Kouan Yin en Chine, Quan An au Vietnam (ou Kannon au Japon).
La
statuaire représentant le BOUDDHA se développe pour focaliser la piété
des fidèles.
Ce courant du bouddhisme est pratiqué surtout dans le monde sinisé:
Chine, Corée, Vietnam, Japon. Il était présent au Cambodge ainsi
qu'en Thaïlande, au XIIe s., avant un retour au bouddhisme theravana.
Quant
au " Véhicule Tantrique" (ou Vajrayana) qui correspond à un bouddhisme
ésotérique élitiste qui se greffe au bouddhisme Mahayana à partir
VIIe au XIIe s., il accorde une grande place à une discipline mystique
exigeante. Un tel courant a peut être d'abord touché l'hindouisme. Dans
cette discipline le maître ("siddha" et "sadku") guide ses disciples
vers l’illumination grâce à des exercices physiques et mentaux rigoureux.
Adapté et adopté par le bouddhisme, on le rencontre au Népal, au Tibet
(le Dalaï Lama) et en Mongolie. C'est de à ce courant que s'apparente
le "zen" japonais, héritier du "chan" chinois aujourd'hui disparu.
Aujourd’hui, il y a environ
350 millions de bouddhistes dans le monde. Les communautés les plus importantes
vivent à Ceylan (actuel Sri Lanka), au Japon, en Thaïlande, en Birmanie,
en Corée du Sud.
Il était naguère très présent au Tibet, au Cambodge, au Laos, au Vietnam
ou en Chine..., avant que ces pays passent sous influence communiste où
l'athéisme s'impose face aux religions. Mais on assite à une renaissance
dans certains de ces pays...
En 1957, après 2500 ans d'existence, le monde bouddhiste a fêté le "mi-temps"
de l'ère bouddhique qui doit, selon la tradition, durer encore 2500 ans.
Dans la réalité des pratiques
du bouddhisme, un véritable syncrétisme "à géométrie variable" se rencontre
selon les lieux et les circonstances, du fait de l'absence de rites et
de culte organisés. On trouve un mélange des divers courants du bouddhisme
mais aussi de l'hindouisme (culte de Shiva, dieu de la conservation) ou
de l'animisme.
Les pratiques animistes se manifestent dans la croyance aux amulettes
magiques et dans le culte domestique rendu aux "esprits du lieu".
Ainsi, en Thaïlande, les maisons des esprits (chao thi) sont de
petits édicules (que les touristes pressés confondraient avec de jolis
nichoirs pour oiseaux) présents devant les habitations et magasins et
orientés de telle façon qu'ils soient face à la pièce la plus importante
et hors de l'ombre. L'esprit qui y habite, seigneur de la terre et du
bien, est honoré régulièrement par des offrandes quotidiennes (nourriture,
bombons, encens, fleurs). En Birmanie, les Esprits sont les 37 Nats.
Dans les pays sinisés (Chine, Corée, Vietnam), le syncrétisme associe
au bouddhisme deux autres doctrines ou philosophies apparues en Chine
à peu près à la même époque que le bouddhisme apparaissait en Inde, le
confucianisme et le taoïsme. Au Vietnam, on voit devant les commerces
un autel aux génies de la prospérité...
Au Japon, outre le bouddhisme et le confucianisme, s'ajoute la vieille
religion de la nature, le shintoisme...
La dévotion au culte bouddhiste des fidèles s'exerce de façon solitaire
et se manifeste face à divers "supports" matériels tels que les tours-reliquaires
"stûpas"
nommées chedis en Thaïlande et dagobas au Sri Lanka, les autels
domestiques, les temples de monastères voire les statues extérieures.
En guise d'offrande, sans les pays du Petit Véhicule, les fidèles collent
des feuilles d'or sur les statues (les plus fortunés offrent même des
statues en ex-votos), déposent de jolies couronnes à leurs pieds. Dans
l'ensemble du monde bouddhiste, les fidèles allument des battons d'encens
et se prosternent devant le Bouddha.
D'autres pratiques populaires sont moins religieuses et relèvent plutôt
de la superstition. Par exemple, pour connaître leur destin, certains
agitent des cornets remplis de baguettes devant la statue. La baguette
qui en tombera leur donnera des indications sur leur avenir.
Face à cela, le moine (que l'on nomme aussi bonze bien que le terme d'origine
japonaise ne devrait s'appliquer qu'aux moines du Japon, de Chine et du
Vietnam) qui n'exerce aucun sacerdoce, se borne à offrir sa vie pauvre
et chaste (sauf dans certaines sectes) en exemple.
Le moine adepte du "Petit véhicule" voyage seul ou en compagnie d’un disciple,
la tête rasée, vêtu d’une simple robe orangée découvrant l'épaule et ne
possède que son bol pour l’aumône de riz quotidienne. Du lever
du soleil à midi, il mendie sa nourriture en silence (ce qui n'est pourtant
plus le cas au Sri Lanka). Le jeûne bouddhique va du midi
(dernier repas du jour) à cinqu ou six heures le lendemain matin
(rupture du jeûne)
Respectant toute vie, le moine est végétarien. Il ne travaille pas mais
consacre son après-midi à l’étude et à la contemplation.
Peu à
peu les moines se sont sédentarisés et regroupés en communautés.
En Thaïlande, il est d'usage que les jeunes gens soit moines pendant
au moins pendant trois mois, en certaines circonstances tel un deuil
ou avant le mariage ou encore, de façon plus opportuniste, le temps
de la saison des pluies. Dans un pays comme la Thaïlande, on compte
250 000 moines et davantage en Birmanie avec un demi-million!
La vie monastique est accessible aux femmes qui deviennent nonnes (ou
bonzesses !). En Birmanie, elles n'accèdent pas à l'ordination.
Les monastères se recommandant du "Grand véhicule" exercent parfois
des activités de type commercial, "vendant" de l'hébergement touristique,
des stages divers (cours d'arts martiaux...).
Une notion qui résume assez bien les principes bouddhistes::
"Ce n'est pas au moine qui reçoit l'aumône de remercier mais c'est au
donateur à qui a été ainsi "offerte" l'occasion de faire la charité".
(à méditer)...
Sous forme d'UNE
ANECDOTE à propos du bouddhisme, on peut retenir l'image suivante
"le Petit Véhicule", c'est
comme un vélo dont chaque fidèle est seul responsable pour le conduire au but,
"le Grand Véhicule",
c'est comme un autobus avec chauffeur auquel on fait appel à plusieurs et à frais
partagés... ET
MAINTENANT QUELQUES PARADOXES... L'atteinte
du nirvana, le salut obtenu au terme d'une vie méritoire (principalement
vie ascétique et monacale) ou d'un cycle de réincarnations (samsara) aux
karma de plus en plus favorables, consiste à s’évader de la fatalité du
karma, en brisant le cycle des renaissances et selon certaines écoles, cette délivrance
n’est possible qu’à la mort, mais d’autres voient dans le saint, dès ici-bas,
dépouillé de tout besoin. Cette conception est issue du brahmanisme ancien
(le nirvana n'était alors accessible qu'à un fidèle méritant de sexe masculin!!!)
et a été reprise par les différents courants et sectes de l'hindouisme mais aussi
par le bouddhisme.
Notons, que le
salut pour les chrétiens est tout à l'opposé, puisque leur foi les
conduit après une vie terrestre unique suivie d'un intermède déesincarné
au paradis, à l'espoir de ressusciter avec un corps parfait, après la
fin du monde.
Ces
deux conceptions métaphysiques, hindo-bouddhistes d'une part et chrétiennes d'autre
part, révèlent chacune des paradoxes.
Comment les partisans de la réincarnation peuvent-ils expliquer qu'il
y ait un nombre suffisant d'âmes disponibles pour les réincarnations
du fait du tarissement consécutif aux âmes qui se dégagent du cycle
en parvenant au nirvana et surtout du fait de l'accroissement démographique
d'ailleurs souvent galopant dans les pays qui confessent cette foi?
Quant
aux chrétiens, on a peine à imaginer comment pourraient tenir sur notre bonne
vieille terre ces milliards de beaux et jeunes ressuscités dont les premières vies
terrestres se sont éparpillées sur des millénaires de l'histoire humaine.
Le
bouddhisle a été introduit en Insulinde à partir du Ve siècle dans le sillage
de l'hindouisme qui l'a peu à peu supplanté au cours de la période allant
jusqu'au XIIe siècle avant de disparaître à son tour dans la plus grande
partie de l'archipel sous la poussée de l'Islam à partir du XVe siècle.. |