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ARCHITECTURE ISLAMIQUE

LA MOSQUÉE

Les premières églises chrétiennes présentes au Moyen-Orient lors de la naissance de l'Islam s'inspiraient de l'architecture romaine de la basilique, édifice de plan rectangulaire, subdivisé ou non en plusieurs nefs. A leur tour, les musulmans en reprirent le concept pour les premières mosquées (la Grande Mosquée de Damas ou celle de Cordoue datant du VIIIe s.).

Avec le style roman, également issu d'une technique parfaitement maîtrisée par les Romains, les églises chrétiennes vont peu à peu abandonner, dès le Xe s., les toits plats reposant sur les "forêts" de piliers (salle hipostyle) délimitant des nefs, pour agrandir l'espace grâce à des voûtes (portant des toits pentus) et en reportant les poussées sur les murs périphériques.
Les mosquées explorent une autre voie, en se basant sur un plan carré plutôt que basilical et la voûte devient alors dôme (si l'on parle de l'aspect extérieur) ou coupole (vu de l'intérieur). Le passage du plan carré de la pièce à celui de la coupole s’effectue par des pendentifs ou par des trompes.
Cette forme née en Mésopotamie mais perfectionnée par les Romains, utilisée par les Perses et dans certaines églises du Moyen-Orient, fut employée pour la construction de la Mosquée du Dôme du Rocher de Jérusalem dès la fin du VIIe s.
Les Chrétiens byzantins poussent très loin la maîtrise du dôme avec Ste Sophie à Constantinople et, après la prise de cette ville par les turco-ottomans en 1453, les nouvelles mosquées construites dans le nouvel empire seront du type à dôme

La mosquée primitive est une salle hypostyle très large et peu profonde, que borde une vaste cour. Progressivement, lui sont ajoutées une enceinte (ziyada) séparant le lieu saint du monde profane, une cour bordée de galeries couvertes, et deux annexes caractéristiques de la mosquée : un minaret, la tour du haut de laquelle le muezzin - le crieur - lance son appel cinq fois par jour ; la midha - latrines et salle d'ablutions - où les fidèles se purifient avant d'entrer dans la mosquée.

Les passages, portes, portails et galeries, sont caractérisés par différents types d'arcs spécifiques de l'architecture islamique.
Les Omeyades espagnols dès le VIIIe s. et les berbères Almoravides au XIe s. plutôt que d'adopter purement et simplement l'arc en plein cintre vulgarisé par les Romains, vont l'adapter pour créer l'arc outrepassé (ou en fer à cheval) dont ils ont découvert une préfiguration chez les Wisigoths d'Espagne. De là, cette forme passe au Maroc puis dans le Maghreb avant de se rependre dans tout l'Orient. Des variations conduiront à l'arc brisé outrepassé, à l'arc en accolade, à l'arc surélévé et en y ajoutant des décorations tels que des lobes (arcs polylobés) ou des stalactites.
On en trouve l'emploi en dehors des mosquées, dans les palais, medersas (écoles coraniques), hammams, caravansérails…

Le minaret

Dans les mosquées primitives telle celle de Médine, l'appel à la prière est lancé depuis le toit de la mosquée par le muezzin. Le minaret - manara, semble à l'origine avoir servi de balise pour guider les voyageurs et devient par la suite la tour depuis laquelle le muezzin officie.

L'adjonction à l'édifice cultuel d'une haute tour (le minaret) est tardive. Les berbères Almohades construisent de hautes tours carrées au Maroc et en Espagne au XIIes.

D'un point de vue architectural, il semble que le minaret soit une adaptation des tours carrées des premières églises chrétiennes de la Syrie préislamique. Située à l'angle de la cour, ou isolée, la tour sert invariablement à l'appel à la prière. Progressivement, le nombre de tours se multiplie et celles-ci deviennent plus décoratives que fonctionnelles. Qu'ils soient à fût cylindrique, carrés, en spirale ou octogonaux, petits et massifs ou bien hauts et élancés, les minarets sont une constante de presque toutes les mosquées.


La cour

L'édifice cultuel est souvent précédé d'une cour (sahn) fermée à arcades dans laquelle on accède par un (ou plusieurs) portail. Dans la cour, des fontaines à ablutions sont accolées à l'édifice.
D'origine sassanide (dynastie qui dirigea la Perse de 226 jusqu'à la conquête islamique en 641), l'iwan est une galerie ouverte voûtée, ajoutée à la cour de chaque côté des arcades.


Le mihrab et la qibla

A l'origine, le Prophète se tournait vers Jérusalem. Depuis, c'est vers la cité sainte de La Mecque que les musulmans prient. Situé sur le mur qibla des mosquées, le mihrab (qui apparaît au VIIIe s.) est une niche indiquant la direction de La Mecque vers laquelle sont dirigées les prières. La qibla détermine l'organisation et l'orientation de l'espace de toutes les mosquées du monde.


Le minbar

À l'époque de Mahomet, le minbar sert de trône au chef de la communauté. Il est depuis devenu une chaire à degrés monumentale d'où l'imam guide la grande prière et fait le sermon du vendredi (khutba). Il est situé à côté du mihrab. Installé sur une estrade (la dikka), un assistant de l'imam permet aux fidèles de suivre les prosternations rituelles de la prière.

La maqsura

Dans certaines mosquées, une grille en bois signale l'emplacement de la loge du souverain, la maqsura, et de son entourage. D'abord paravent placé autour du mihrab pour protéger les chefs d'attentats éventuels, la maqsura devient une enceinte composée d'un bâti, d'un couronnement et de moucharabiehs en bois sculpté et tourné ; elle est réservée à la prière du souverain pour le séparer des simples croyants.

La décoration intérieure

L'intérieur d'une mosquée, vaste et dénué de tout aménagement, est conçu de manière à accueillir les fidèles pour la prière collective. Sur différents lutrins (kursi) sont disposés les livres du Coran, et de nombreux tapis jonchent le sol. Les tapis sont utilisés pour couvrir le pavé en signe de respect, indiquant par là-même que le sol est dédié à Allah. Les motifs dont ils se parent sont orientés en direction de La Mecque.

La décoration intérieure consiste en sculptures, en incrustations, en mosaïques et en peintures. L'islam interdisant toute représentation des formes humaines ou animales, cette décoration consiste en une savante calligraphie des paroles de Mahomet et multiplie les motifs géométriques (symboles, feuillage, arabesques, entrelacs).